Lun 24 Oct - 19:35 | | | | Si Albar postulait pour le poste de maréchal, cruellement abandonné par son ami Abraham il y a peu, suite à l'attaque du château par Kerns (le pauvre Abraham, ancien combattant d'une intelligence plus que vive, mais d'un assez important embonpoint et plus très jeune, avait décider d'épauler un de ses amis en difficulté, alors qu'il combattait sur la muraille. Il lui a sauvé la vie, mais l'a payé de la sienne. Quant à l'ami en question, vous l'aurez aisément deviné, il s'agissait d'Albar), si il demandait ce poste, disais-je, il ne fallait pas oublier que pour le moment il était encore garde du corps, poste qu'il serait contraint d'abandonner si il devenait maréchal. Mais au moins, avoir une audience avec l'Impératrice ne fut pas compliqué. Pour ne pas la déranger dans sa journée, il lui proposa de traiter cela le soir, avant qu'elle n'aille se coucher. Il dormait dans un espèce de grand placard, dont la porte donnait directement dans la chambre de l'impératrice, afin de mieux veiller sur elle et de pouvoir réagir très vite (la porte était bien évidemment dérobée). Lorsque l'impératrice Issendra fut couchée, il resta, pour la première fois, dans la pièce, et s'assit sur la chaise à côté d'elle. « Je tâcherai de ne pas vous empêcher de dormir trop longtemps majesté. En échange, je vous demanderai de ne pas faire comme à chaque fois que je vous parle plus de vingt minutes, c'est à dire, ne pas m'écouter, ou tout simplement, m'envoyer paître avec une superbe qui n'est plus à vanter. Ni dormir, d'ailleurs. Je vous remercie.
J'imagine que pour vous convaincre, je dois vous raconter un de mes fait d'armes en tant que commandant, puis je vous dirait pourquoi je tiens à ce poste. Quoique, l'inverse serait mieux. Ahlala, ce serait tellement plus simple si je pouvais juste vous faire un câlin et que vous, vous disiez oui... Excusez moi, ajouta-t-il en voyant son regard noir : elle détestait par dessus tout ce genre de plaisanterie. Bref, je disais... Euh... Oui, alors, pourquoi est-ce que je tiens à ce poste. Eh bien, ce n'est pas une question de salaire, ni de pouvoir. Le salaire que j'ai à présent, même si il est bien moindre, est amplement suffisant pour quelqu'un comme moi, dont la famille à été ruinée (par ses propres soins, je précise, quand je gérais le trésor tout allait bien) et qui a vécu plusieurs mois dans les rues. En ce qui concerne le pouvoir, si il n'y avait que ça en ligne de compte, que pensez vous que je choisirai ? Deviendrais-je quelqu'un qui a le pouvoir de faire prendre des dizaines de milliers de vies ou resterais-je celui qui met la sienne en jeu pour en sauver une bien plus importe ? La choix, si il ne reposait que sur le pouvoir, serait clair.
Alors pourquoi est-ce que je veux ce poste ? La gloire ? Ah, soyons honnête, elle n'y est pas pour rien. Ce n'est pas l'élément majeur, mais elle compte tout de même pas mal. J'ai toujours été un stratège vous savez. Attention, pas un bon, oh non, je n'ai pas toujours été bon, loin de là, je me suis planté un nombre incalculable de fois, mais je m'arrange avec le temps, et je suis persuadé avoir du talent, sinon il est bien évident que je ne postulerai pas. Et évidemment, j'ai envie que mon talent soit reconnu, apprécié, et puisse s'exprimer librement. Alors oui, la gloire compte, et je défie tout homme sur cette terre de dire le contraire. » Ce qu'il ne disait pas, c'est qu'il espérait briller un peu plus aux yeux de l'impératrice. Pour elle, il était un garde du corps. Depuis la guerre froide, parfois, il se mettait en tête de se dire qu'elle le considérait comme un ami, mais il n'aurait su le dire véritablement. Et un espoir un peu plus fou encore germait en lui... Quand il aurait le rang de maréchal – si il l'avait devrais-je dire – il pourrait peut-être lui dévoiler un peu ce qu'il ressentait. Peut-être que cela la choquerait moins, qu'elle envisagerai un peu plus la question. Mais il n'était point le moment de se laisser embarquer sur un tel bateau sur une mer déjà bien houleuse et à la recherche de contrées plus dangereuses encore, inconnus, pouvant peut-être même abriter des poupées en porcelaine ! C'est horrible ! « Je ne vois qu'une seule autre raison qui pousserai un homme normalement constitué à vouloir ce poste, et par pitié, ne faites pas de remarque là dessus. Par homme normalement constitué, même si je suis conscient d'être pas très très net par moment – mais c'est de votre faute : vous me rendez fou – mais ce que j'entends par homme normalement constitué, c'est un être qui n'est ni démon, ni un croyant, ni un sociopathe, et surtout, surtout, qui a le sens de l'honneur. La dernière raison, disais-je donc, est, pour moi, parce que je sens que je peux nous faire gagner. Ça va vous paraître très prétentieux, mais ce que je ressent à chaque fois que j'y pense c'est « je suis le meilleur ». Je suis persuadé que je pourrais mener nos armées et battre Aile Ténébreuse avec celles ci, je suis persuadé que je pourrais œuvrer de mon mieux pour les Glaces, et pour tout Terra Mystica. Si je veux ce poste, c'est parce que je sais que je peux nous apporter la victoire. Je ne le crois pas, je le sais. On est pas le meilleur quand on le crois, on est le meilleur quand on le sait.
Bien, il est donc temps, je crois, de vous raconter un de mes faits d'arme. Je vais peut-être vous surprendre, mais je ne vais pas parler de la Guerre Froide. J'ai supervisé les plans avec Abraham, certes, j'ai donné quelques directives pour continuer le combat après sa mort, mais celui qui avait tout fait, c'était lui. La victoire que nous avons remporté ce jour là est la sienne, et certainement pas la mienne. Je vais vous raconter quelque chose qui devrais bien vous plaire je pense, car cette bataille à eu lieu avant votre naissance, et le passé a toujours cette nostalgie envoûtante qui rend les choses plus belles et plus héroïques. Vous et moi sommes d'accord pour dire que la Guerre froide n'a été qu'un vaste et sanglant massacre, une tuerie affreuse, et une défaite des deux côtés, car des deux côtés, des fils et des filles des Glaces sont morts. Mais ce passé où j'ai vécu et que vous n'avez pas connu, si pour moi il est toujours auréolé de vérité parfois crue, pour vous, malgré tous vos efforts, il reste nimbé d'une beauté lointaine et presque exotique.
Vous rappelez vous de la bataille de Monulia ? C'était il y a 39 maintenant. Un groupe d'environ 500 pirates avait débarqué sur nos côtes pour un pillage en règle, accompagné d'environ 200 brigands bien armés, qui avaient été prévenus et avaient décidé de se réunir. Les pirates étaient organisés en 5 cohortes de 100 hommes, à peu près. Ils étaient équipés de plastrons de cuivre pour la plupart, certains avaient des armures complètes, mais ils étaient rares. Ils étaient armés de sabrés briquets, pour la plupart, sauf une des cohortes, qui avait des armes d'hast, principalement des haches. Tous, ou presque, avaient des boucliers. Quant aux brigands, ils se séparèrent en deux groupes de cavaliers de 50 hommes chacun et en un groupe de 100 archers, équipés d'arcs courts. Si vous permettez que j'utilise un de vos parchemins et votre plume, je vais vous faire un schéma." Il s'exécuta alors, et expliqua uns à uns les détails. - Spoiler:
« Tout à droite se trouve la mer. Je n'ai pas représenté la rose des vents, parce que je n'ai pas la moindre idée d'où tout cela peut se trouver. Mais voici leur disposition globale. Les cavaliers, comme le veut la coutume, sont placés sur les côtés, et les archers en arrière, bien épars, pour minimiser les impacts de tirs de flèche sur eux. C'est une tactique très courante, mais utile, indubitablement. C'était l'été, l'herbe avait bien poussé, car Monulia était alors une des régions les plus chaudes des Glaces. C'était une zone de rase campagne, sans champs, ne maison, ni exploitation. Nous avions décidé de les attendre à cet endroit pour éviter qu'ils n'attaquent ailleurs. Vous savez sans doute que je suis, encore aujourd'hui, le comte de Monulia. Depuis, vous le savez, ces terres ont été annexées au duché voisin si je ne m'abuse. Bref, à l'époque, ces terres étaient miennes, et je ne pouvait les laisser les ravager ainsi, et massacrer des gens impunément. Nous ne disposions que de 400 hommes, dont une cinquantaine de cavaliers seulement, et 50 archers. Nous n'étions pas riches, et encore, tous ces hommes, c'étaient bien au dessus de nos moyens. Certes, mes hommes étaient bien équipés, et une attaque classique, de front, aurait peut-être contribué à la victoire, mais je connaissait les noms et les familles de presque tous, et mon objectif, en plus de gagner, était de gagner en minimisant le nombre de pertes. Ah au fait, pardonnez moi de m'interrompre ainsi, mais si je cite ici une petite bataille, qui engage peu d'hommes, c'est parce qu'une grande se serait déroulé exactement de la même façon, et qu'au final, ce qui compte, c'est la ratio et la tactique. Par ratio, j'entends qu'ici nous nous battions à 4 contre 7, environ. J'aurais pu attendre des renforts, mais, vous comprenez pourquoi, c'était inenvisageable.
De mon côté, je disposais d'un groupe de 100 piquiers lourds, des phalangistes, mais qui avaient dissimulé leurs longues sarisses (environ 6 mètres) dans les hautes herbes autour d'eux (c'est en grande partie pour ça que j'ai choisis ce terrain), de deux groupes de 100 épéistes (de l'infanterie que je qualifierai de semi lourde : épées de longueur moyenne, à une main, côte de maille, bouclier rond d'un mètre de diamètre, et rarement des heaumes. Mes cavaliers, eux, en revanche, étaient bel et bien lourds : si les chevaux ne disposaient pas d'excellentes protections (trop coûteux) les hommes avaient des lourdes armures, presque toujours complètes, avec des boucliers longs, et des lances d'environ deux mètres de longueur, avec comme arme auxiliaire une épée bâtarde. Les archers, quant à eux, étaient en réalité des arbalétriers à pavois, un grand bouclier avec lequel ils se protégeaient entre deux volées de carreaux. Voici notre positionnement, je vous expliquerai après pourquoi je l'ai choisis ainsi.
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Pourquoi ai-je volontairement mis mes phalangistes en avant me direz vous? Eh bien parce que ce sont mes meilleurs hommes, et qu'ils sont capables de supporter un nombre conséquent d'adversaires pendant un temps. Mon but était celui ci : pousser l'adversaire à la faute. J'étais en sous nombre, et en plus, je mettais un groupe d'hommes en danger. Du point de vue du Captaine Mélov, mon opposant, c'était une erreur, faite pas un capitaine inexpérimenté. Mais, de peur que je ne le corrige, il a décidé de sauter sur l'occasion, et d'envoyer 300 hommes à l'assaut immédiatement, vous couvert de la cavalerie et des archers, qui suivaient derrière. Les 300 hommes couraient, ainsi que les archers et les cavaliers faisaient de même, tandis que les 200 hommes restant avançaient au petit trot : il voulait saisir l'occasion mais pas fatiguer ses troupes inutilement, on ne sait jamais. J'ai alors envoyé chacun de mes groupes de cavalerie directement à la rencontre de l'autre. Moi, j'étais parmi eux, je faisait partie du groupe des cavaliers de droite. J'avais laissé mes instructions quant à la suite, et au pire, si cela ne se passait pas comme prévu, j'avais quelques drapeaux sur moi, ce qui m'aurait permis de faire des signes et ainsi donner mes nouveaux ordres. Mais heureusement je n'en ai pas eu besoin. Les 300 hommes n'ont pas ralentit, mais les 200 sur les flancs, eux, ont accéléré, non pas pour combattre les cavaliers, mais pour s'en prendre aux deux groupes d'épéistes, qui n'avaient pas bougé. Voici le déroulement approximatif de cette première partie, les espèces d'éclairs symbolisant les combats.
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Notre cavalerie était indubitablement meilleure et vaincre leurs hommes n'a pas été un problème, mais une fois cela fait, nous nous sommes très vite repliés tandis car nous étions sur le passage des pirates armés de sabres, certes en retard par rapport aux autres, mais, même avec tout le talent du monde, à 25 contre 100 (ce que nous n'étions pas : nous avions perdu des hommes, environ 5 ou 6 par groupes), c'était infaisable. Nos arbalétriers, par contre, firent leur part : dès qu'ils furent à portée, ils tirent leurs carreaux le plus rapidement possible uniquement sur le groupe ennemi composés de combattants à arme d'hast, les plus dangereux. Lorsque les 300 hommes, qui avaient du alors perdre entre 20 et 50 des leurs, je ne saurais être plus précis, lorsque, disais-je, ils furent à environ 50 mètres de distances, mes hommes sortirent leurs piques et formèrent la phalange, comme je vous le montre ici, ignorant volontairement le reste du champ de bataille.
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Comme vous le voyez, bien que plus nombreux, ils durent se tasser, se compacter pour éviter de déborder sur les flancs de ma phalange, car ce faisant, ils auraient tournés le dos à mes deux groupes d'épéistes qui se mettaient alors en marche, et auraient été à coup sûr massacrés. Ils durent donc affronter la phalange de face, ce pour quoi elle est conçue, et nombreux furent ceux qui s'embrochèrent sur nos piques. Mais les archers ennemis criblaient de flèches nos épéistes en course, et ce fut une vingtaine qui tomba, et ce, malgré leurs boucliers et armures. Les 200 combattants ennemis eux aussi couraient, et les deux groupes d'environ 100 hommes chacun (je dis environ car pendant ce temps, c'est sur eux que nos arbalétriers tiraient) se rencontrèrent un peu plus haut que le lieu de bataille de la phalange, qui, malgré sa spécificité, avait déjà du mal à ne pas céder face à ce grand nombre d'ennemis. Les épéistes prenaient doucement le dessus, tandis que moi et les cavaliers contournions les combats pour fondre sur le petit groupe d'archer ennemi avant que celui ci ne puisse nous prendre pour cible. Pour nous couvrir, nos arbalétriers les criblaient du plus possible de carreaux, pour les empêcher de nous viser correctement. Le choc se fit assez rapidement, mais quelques hommes furent tout de même tués par des flèches scélérates. Heureusement, il est connu que les archers sont de piètres combattants au corps à corps, alors nous primes rapidement le dessus, et le groupe pris la fuite après quelques minutes de combat.
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La petite étoile, c'est moi, non pas que je sois prétentieux. Bref. Ensuite, nous retournant, nous, les cavaliers, nous avons vu que, bien malheureusement, la phalange avait cédé, et que les combats se déroulaient au corps à corps. Evidemment, les ennemis s'empêtraient un peu tant ils étaient serrés, mais ils avaient désormais un assez bon avantage, celui du nombre, mais pas forcément celui de la qualité, car une bonne partie des combattants d'hast furent tués par les pointes des sarisses. Nos épéistes, eux, se débrouillaient bien, et ils commençaient à former la poche qu'on leur avait demandé de former. Pour aider nos phalangistes, nous avons décidés une charge express sur l'arrière du groupe d'hast, suivi d'un très rapide repli. Notre but étaient de les soulager un peu, et également de s'en prendre au capitaine Mélov, qui était parmi les hommes d'hast, en arrière de ce groupe justement. Nous étions environ 30, en réunissant les deux groupes, et seul l'effet de surpris de la charge pourrait nous être utile, et après les premiers chocs, il nous faudrait vite repartir. C'est ce que nous avons fait. Nous avons chargé à corps perdu, et avons réussi à les prendre par surprise. Le choc fut d'une violence inouïe, et, en une trentaine de secondes, nous pûmes tuer environ une vingtaine d'ennemi, puis nous sommes repartis, laissant bien malgré nous 5 de nos compagnons, morts. En repartant, nous avons faillit être pris dans la fermeture de la poche, le but initial du plan, depuis le début, comme vous pouvez le voir ici majesté.
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La suite vous l'aurez deviné : ce fut un mouvement de tenaille qui se referma lentement sur l'ennemi tandis que moi et mes cavaliers nous l'empêchions de fuir. Par instants j'ai cru que les phalangistes, désormais en combat rapproché, céderaient, mais non, ils tinrent bon jusqu'au bout, et la victoire fut notre. Au total, ils perdirent définitivement 347 hommes, eurent 226 blessés que nous avons soignés, et 97 hommes se rendirent. Le reste, environ 30 hommes, avaient fui, principalement les archers. De notre côté nous avons perdu 117 hommes, dont tout de même 49 phalangistes, ainsi que plus de 200 blessés. Le Capitaine Mélov, que nous n'avions pas réussi à tuer lors de la bataille, fut capturé, puis rendu aux nations pirates en échange d'une rançon, de même que tous les hommes encore en vie, qui avaient patienté dans les prisons du pays. Nous avions besoin de cette rançon, car tout le monde sait que la guerre est une ruine, et les pirates, dieu merci, avaient les moyens et l'envie de récupérer leurs hommes. Quant aux brigands, ils furent condamnés à aider aux travaux de reconstructions de ce que les pirates avaient eu le temps d'endommager, furent emprisonnés quelques temps, avant d'être enrôlés dans d'armée, afin de les avoir à l'oeil. Votre grand mère m'avait personnellement félicité pour cela.
Bien, j'espère ne pas vous avoir trop ennuyé majesté, avec mes discours interminables. Il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne nuit, et à rêver d'autre chose que de guerres à cause de ce que je vous ai raconté."
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| | Albar
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