Crac ~ !
Un bruit vous réveille. C'est difficile... Votre tête est lourde, votre esprit s'embourbe et peine à revenir à lui. Que s'est-il passé ? Où êtes-vous... ? Vos doigts commencent à réagir, et quelque chose de chaud et de poisseux vous démange la joue. Vous sentez que votre corps est étendu sur une sorte de moquette, que l'univers tout entier est silence autour de vous. Pas un silence agréable. L'un de ceux qui n'augurent rien de bon... Quelque chose veille. Quelque chose est là, tout près de vous. Vous pouvez sentir son haleine, un léger, très léger souffle sur votre cheville...
Et puis plus rien. La chose, quelle qu'elle fut, est partie.
Alors vous ouvrez les yeux.
Le premier détail que vous remarquez est la disposition de la pièce dans laquelle vous vous trouvez. Et que vous n'êtes pas seul. En effet, un groupe d'inconnus semble émerger lentement à vos côtés, visiblement dans le même état de perdition que le vôtre. Vous ne les connaissez pas. Ou peut-être que si... ?

La salle, pour sa part, est vaste. Le plafond est lambrissé, sculpté d'une main d'orfèvre avec un soin de toute évidence méticuleux. Il surplombe l'espace d'un réseau de fines nervures boisées, et ça et là de fastueux chandeliers éteints témoignent d'une grandeur passée. Car le plafond est devenu le territoire des araignées, immense piège de filaments mortels et blancs, qui pendent, décharnés, vers le sol et ses occupants... Vous baissez les yeux. Alors s'offre à votre vue une pièce dévastée.

Les quelques tables ont été renversées sur le sol, éclatées en une kyrielle de copeaux dangereusement pointus. Une lettre décachetée a été oubliée au milieu des débris de l'une d'entre elles. Des vestiges de statues trônent ici et là, tronquées d'un bras, d'une jambe et parfois d'une moitié de visage. Leurs membres pendent dans le vide, et leurs ombres paraissent se mouvoir à la lisière de votre regard, se riant de vous... Des murmures leur répondent. Ou est-ce votre imagination ? Les mille tableaux qui couvrent la surface des murs sont oppressants, des millions de visages au regard fixe, fixe sur vous. Les couleurs sont passées, fades et ternes, et certains tableaux sont déchirés sur leur surface... C'est particulièrement le cas de l'un d'entre eux.
Vous pouvez en effet constater que quelqu'un ici a prêté une grande attention à mettre en évidence trois tableaux. Ils surplombent tous les autres, accrochés à un unique mur nu. Les deux premiers représentent un homme d'âge mûr, ainsi qu'une femme un peu plus jeune. Il porte la moustache, possède un air noble, empreint de fierté. Elle est jolie, sans plus, un châtain doux et la mine tout autant. Le troisième et dernier tableau est illisible. Une trace de griffures monstrueuse en a arraché la toile, de part et d'autre, comme une immense plaie béante.

L'atmosphère n'est pas saine. Il fait sombre. Vous étouffez. Vous avez du mal à respirer au fur et à mesure que se déroule votre découverte macabre...
Car à vos pieds, s'étend toute l'horreur de cet endroit. Une longue traînée de sang imbibe la moquette, file droit vers l'autre bout de la pièce et disparaît aux alentours des escaliers menant au second étage. Cela noie la salle d'un rouge sombre, encore presque chaud, des gerbes gagnant parfois jusqu'aux murs et les œuvres mortes entreposées là. Vous étiez inconscient sur tout ce sang. Charmant.

Si par hasard l'envie de fuir vous prenait, vous remarqueriez alors les trois portes de la pièce ainsi que plusieurs fenêtres. Vous n'arrivez pas à distinguer grand chose à l'extérieur, si ce n'est peut-être deux bâtiments annexes et un grand jardin. Vous ne savez pas l'heure qu'il est, tout simplement parce que le ciel est gris, sombre, presque effacé. Il n'a plus de limite avec le sol. Vous vous dîtes que c'est probablement bientôt la nuit. Pas d'horizon. Il est bouché par une chape de brume aussi dense que du plomb... Elle glisse sur le sol comme un serpent mutilé, gonfle ses écailles invisibles au fur et à mesure que la morsure du froid s'intensifie, et vous la sentez sous vos vêtements, même à l'intérieur. La brume est omniprésente. Hostile. Peut-être qu'en la traversant vous pourriez retrouver le monde civilisé... ?

Mais n'ayez crainte cher enfant, car cet endroit ne compte pas vous laisser partir...

HRP:

Aaaaïe...ma pauvre tête. Qu'est-ce que j'ai sur la joue...C'est comme si j'étais blessée. Mais je n'ai rien...Où suis-je ? Qu'est-ce qui m'est arrivée ? Oh, je n'y vois rien...c'est quoi ce truc visqueux au sol. Et ça sent si mauvais.

Il y a quelqu'un ? Ouououh ! Vous m'entendez !

Elle se leva doucement et tenta de rester debout en équilibre.

Pourquoi il fait si sombre ? Et où est-ce que j'ai bien pu tomber ? C'est pas croyable ! Je me souviens de rien ! Ah ! Je commence à y voir...mais c'est quoi c'est trucs...Oh ! Mais quelle horreur !

AAAAAaaaaaaaaaaaah ! A l'aide !

Des statues brisées, des sons étranges et du SANG !

Sa respiration devint plus saccadées. Elle se sentait oppressée et ne parvenait pas à se calmer. Elle était comme paralysée, elle avait hurlé, mais elle ne pouvait bouger tandis qu'elle regardait avec horreur ce qui l'effrayait. Elle n'arrivait pas à quitter les yeux d'un si sinistre spectacle. Sa pensée était fixée à détailler ce spectacle terrifiant.

Je deviens folle ! Des voix ! Ce n'est pas possible !

Que dit....qu'est-ce....que vous dites ?

NON ! J'AI JAMAIS TUÉ ! JAMAIS JE LE PROMETS

Réalisant enfin ce qui lui arrivait, elle prit ses jambes à son cou et courant tout droit devant elle. Par chance, une porte s'ouvrit et elle tomba dans une autre pièce.

S'il vous plaît ! Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

Elle continua à regarder à droite et à gauche mais la pièce était encore plus sombre. Elle mit les mains en avant et les bougeant dans l'espace. Elle tomba sur une porte et l'ouvrit...Quel autre chose maléfique allait-il lui arrivé ?

Certains réveils sont plus difficiles que d'autres, et parfois il eut mieux valu ne pas se réveiller du tout. La première chose que Leuffa sentit en ouvrant les paupières fut l'odeur du sang. Fraîchement versé, celui-ci dégorgeait littéralement du tapis sur lequel elle repos... attendez voir, un tapis ?
La tête lourde, elle tenta de se redresser, les mains et les pattes posées à plat sur le tissu humide... mais son corps, aussi faible que si elle émergeait d'une nuit de cuvée, refusait d'entendre raison. Pire, les spasmes de ses muscles contractés conjugués à l'odeur acre du fluide vital eut pour effet de déclencher un irrésistible haut-le-cœur, puis une remontée de bile qui lui fit rendre tripes et boyaux.
Ce ne fut qu'une fois qu'elle eut fini de hoqueter qu'elle parvint à se secouer et à profiter d'une décharge d'adrénaline pour se lever sur ses pattes arquées en un seul mouvement.
Titubante, elle jeta des regards à droite et à gauche sans comprendre où elle se trouvait : une salle de château sinistre, des araignées au plafond, du sang partout, des corps étendus et... une forme qui s'enfuyait en criant par une des portes du fond ? Par les ancêtres, mais à quoi rimaient toutes ses foutaises ?
L'avait-on faite prisonnière ? Pourquoi ne l'avait-on pas attachée, dans ce cas ?
Trop de questions. Personne pour lui apporter de réponse. Le seul point positif dans tout cela est qu'elle portait toujours la robe de lin brune rehaussée de fourrures et les guêtres qu'elle se souvenait avoir porté la veille. Au moins une chose familière dans tout ce bordel.
Par défaut, Leuffa se livra alors à l'activité favorite des gnolls en de telles occasions : piller les gisants. Et voir si l'un d'entre eux respirait encore suffisamment pour répondre à ses questions sur cet endroit lugubre.

Crac ~ !
Un spasme soudain agite son corps, cherchant à se redresser pour chercher la cause de se dérangement. Son corps ne veut pas, ses muscles refusent de répondre, légère vague de panique et d'incompréhension. En y mettant le temps et les efforts nécessaires les doigts s’agitent. Peu à peu tout le corps répond et parvient à bouger.

Les sens d'Ezaria lui reviennent lentement mais sûrement, sauf que son esprit et complètement embrouillé. Tant bien que mal, elle se hisse sur ses coudes, puis de redresse. Son équilibre déjà précaire au naturel semble avoir oublié de la suivre dans cet étrange endroit. Étrange parce qu'elle ignore où elle est aussi bien que comment, quand ou pourquoi elle a atterrit dans un tel endroit.

L'inquiétude s'empare d'elle quand elle remarque qu'elle n'est pas seule, autour d'elle il y a d'autres gens et tous semblent aussi mal en point. Quel pouvait bien être cet endroit sombre et lugubre? Pourquoi tous ces gens étaient-ils avec elle? Une femme crie, dans son esprit embrouillé le cri paraît lointain, résonant, mais cette dernière passe à ses côtés en trombe, disparaissant dans une autre pièce.

-Pourquoi? Que ce passe-il?

En se retournant, elle mit le pied sur quelque chose de visqueux, malodorant et glissant!
« Boum! »
C'est la chute sur la moquette imbibée d'un sang dont elle se retrouve couverte.

-Aie! C'est dégouttant! Qu'est-ce qui ce passe? Où on est?

Tant bien que mal elle se redresse et sa robe blanche est couverte de sang. Elle ne comprend rien, cet endroit est si horrible, comment avait elle put se retrouver ici.

Ne désirant pas céder à la panique comme cette demoiselle qui avait disparue dans la noirceur des autres pièces elle essaya de prendre le temps d'analyser son environnement. La pièce dans laquelle elle se trouvait était oppressante, dans un désordre terrible, comme si une tempête avait frappé l'endroit. Un long frisson de terreur lui parcours le dos, cet endroit est horrible, peut-être que la bonne solution finalement était de faire comme l'autre damoiselle et se fuir au plus vite ce lieu macabre.

Il ne faut pas grand chose pour avoir peur...

Le noir... Lulya se sentait flotter, dans les ténèbres absolus. Mais ce délicat état second commençait peu à peu à devenir pesant. Elle ne se sentait pas comme dans un profond sommeil, non... Elle se sentait plutôt prisonnière de son propre corps, de son propre repos.
Quand soudainement, elle sentit le long de son corps, jusqu'au bout des pieds , un souffle chaud, humide l'effleurer. La petite femme émergea alors de son profond coma, mais n'osa ouvrir les yeux. Elle avait peur de ce que cela pouvait-être, et préférait paraître pour morte, plutôt que pour potentiel gibier. Son souffle commençait à devenir irrégulier, s'étouffant dans ses propres angoisses. On pouvait aussi remarquer une petite perle de sueur perler le long de son front.
Et, quand sa tension fut à son comble, un cris effrayamment strident retentis dans la salle, résonant comme un coup de tonnerre dan le cœur de la jeune femme. Alors, la demoiselle, d'un seul coup, d'un seul, ouvrit grand les yeux, et poussa en même temps un cris d'effroi.
Elle tenta de se relever précipitamment , sans même prendre le temps de voir ce qui l'entourait, et glissa sur une étrange substance. Alors, elle tomba sur le côté sur celle-ci. Son odeur était pestilentielle. Alors, un peu plus posément -mais toujours aussi angoissée-, la demoiselle releva son buste lourd à la seule force de ses bras tremblants, et observa sur quoi elle était tombée.

"D... du... du du dududu SANG ?!!"

Alors, la demoiselle, épouvantée, se sentant encore incapable de se relever, rampa de toutes ses forces, n'importe où , tant qu'elle pouvait sortir de ce liquide visqueux, entachant sa belle chevelure immaculée. Ses yeux étaient humides et injectés de sang, son souffle étouffé, totalement entachée de sang, bref, elle faisait elle même froid dans le dos !
Puis, essayant de se calmer, elle observa les environs... Quel chaos...
Et dans ce tohu-bohu, la demoiselle eu un premier réflexe de prendre un long bout de table déchiqueté (les bouts de statues étant trop lourdes pour ses petits bras...), et le garda bien précieusement, au cas où il fallait se défendre. Et vu tous ces corps jonchés au sol, il va falloir même bien se défendre !
Puis, elle tomba nez-a-nez avec une femme-chien. Elle sursauta, laissa échapper un glapissement et pointa son pieux vers elle, tout en demandant, tremblante:

"Qu... qui êtes vous...?"

Oh Andromaque, comme je t'aime mon très cher Elu ! Tu es mon préféré d'entre tous. Oh oui, comme je t'aime, si tu savais comme les autres m'ennuient ... Comme ma vie est fade comparée à la tienne ... Oh mais ne t'en fais pas, je prend soin de ta soeur, mais j'aurais préféré que ce soit toi qui me rejoigne .. Tiens, c'est quoi ça ? SBAM

Que ...?

Pourquoi ce rêve s'est-il finit ainsi alors que nous étions dans les bras nus de notre Déesse ? Pourquoi nous avons mal au crâne ? Pourquoi sommes-nous allongé au sol hors de notre magnifique lit à baldaquins ? Et pourquoi nous avons si mal au crâne ? Et c'est quoi cette odeur de renfermé et de poussière ? Ce n'est pas chez nous, c'est certain ... Mais POURQUOI AVONS-NOUS MAL PARTOUT ENFIN ! Tiens, un cri. Nous ne serions point seul dans ce chaos ? Hum ... Tiens, ça sent le chien mouillé ... Oh bon sang ! Par l'opulente poitrine de notre mère, nous sommes étendu au sol dans un endroit sale et poussiéreux !!!! Vite, levons-nous, quand bien même nous peinons et que nous souffrons, nous ne pouvons rester dans cette décrépitude, à tous les coups nous allons choper le typhus ... Nous ne sommes même pas à jour dans nos vaccins ... Mais attendez, que'est-ce que c'est que ...

AAAAAAAAAAAAAH crénom de crénom de bon sang de bois ! Qui a osé nous mettre là ? Et qu'est-ce que .... oh, du sang. Mince, ça fait beaucoup quand même ... Oh ... Non ... notre belle toilette immaculée ... Nous sommes souillé ! Jamais ça ne partira, jamais ... Quelle misère, quelle tristesse ... Tout de même, sacrée quantité de sang ... C'est frais en plus ... Chaud même. Hum ...

Nous prenons une pose théâtrale, main sous le menton en guise de réflexion - et bien sûr on se met du sang partout, et ba voilà, c'est le pompom ! - et observons les lieux. Nous faisons quelques pas pour mieux voir, enjambant les débris en faisant bien attention à ne point nous salir davantage.

Oh bon sang, que c'est sale. Répugnant. SVIIIIIIIIIIIKEEEEEEE !

Tiens, il n'est pas là cet imbécile ... Mais où diantre sommes-nous. Bon sang mais que ces sale. Nous allons mourir ici, étouffé dans les toiles d'araignées, c'est horrible ! Nous allons ... Oh ! Une lettre ouverte. Prenons-là et soyons curieux, oui oui oui. Et ... Oh, mais serions-nous dans un musée ? Il nous faut voir ces toiles ! Mouais ... Pas folichon tout ça ... Surtout la femme ...

Quel laideron ... Astarté est tellement plus belle.

Oh, Astarté ... comme tu nous manques ... Oh non, ne pleurons pas, allons allons, ce n'est pas le moment, ressaisissons-nous ! Bien. Bon. Parfait. Ah mais quelle crasse ! Et puis il vient d'où, tout ce sang enfin ? Et puis où est Svike ? Il devait nous apporter notre thé ! Et puis c'est quoi cet endroit et qu'est-ce que nous faisons-là ? Et ces dames, qui sont-elles ? Oh, ne me dîtes pas que nous avons été nous fourrer dans un bordel peu scrupuleux sur l'hygiène ... C'est un coup à attraper une saleté avec un nom alambiqué nous rappelant notre vieille tantine Sylphisis ... Oh, la lettre, nous ne l'avons pas lue ! Voyons voir ...

Nul n'aurait pu dire ce que le hurlement d'Aricie venait d'éveiller. A ce cri déchirant, cette manifestation presque physique d'une angoisse intolérable, répondit l'exclamation terrifiée de Lulya. L'horreur était bien souvent une sorte de jeu de dominos machiavélique, c'était la chute des premiers qui entraînait celle des seconds... Et c'est probablement à cause de tout ce tintamarre, qu'aucun des protagonistes sur scène ne put sentir la subtile différence d'atmosphère qui s'opéra. Quelque chose d'innommable venait de remuer dans les tréfonds du manoir, arraché des limbes de son sommeil par la présence indésirable de ces intrus... Il ne fit aucun bruit bien sûr. La réalité même répugnait à reconnaître son existence sous la forme de sens olfactifs ou sonores.
Une chose était sûre néanmoins. La traque était lancée...

La nymphe dont l'esprit était en proie à la plus terrible des hystéries disparut de la vision même de ses compagnons d'infortune. La première porte qu'elle franchit se referma dans un grincement lugubre, comme si, mue par une main invisible, elle venait tout bonnement d'engloutir la silhouette gracile de la jeune femme... Dans une dernière vision de ce mince filet d'espace que laissaient encore les battants, ils purent la voir franchir une seconde pair de portes. Puis le silence implacable et pesant reprit ses droits, et les cris d'Aricie se turent, brusquement coupés dans une envolée de notes aiguës.
Du côté de cette dernière, les brouhahas de la salle d'exposition s'éteignirent telle une bougie soudainement soufflée. La malédiction qui semblait peser sur l'endroit engloutissait la plupart des bruits sous une couche de silence insurmontable, insonorisant d'une perfection sans faille certaines pièces... Le noir l'environnait. Un noir d'encre qui collait à la peau comme du pétrole. La seconde porte derrière elle venait en effet de se refermer à son tour sur les dernières bribes de lumière qui tentaient vaillamment de percer la salle d'exposition...
Rien ne bougeait autour d'elle. Pour le moment.

Alors retentit un son de cloche grave et funèbre, et le son fit vibrer la pièce, se répercuta dans le manoir entier en un long séisme modulé. Une kyrielle de bougies s'allumèrent d'elles seules dans le vaste salon, et leur lumière blafarde et tremblante donnèrent à l'endroit une nouvelle atmosphère. Guère plus rassurante que la précédente, cela dit. Car si la salle d'exposition rayonnait par ses allures de tempête et de désastre intérieur, le salon, lui, était tiré à quatre épingles, d'un ordre presque dérangeant. Quelqu'un avait pris soin de nettoyer l'endroit récemment, d'y placer les meubles et d'y nettoyer toute trace éventuelle de lutte... Nulle couche de poussière à quelque endroit que puisse se poser le regard.
Une imposante table en bois massif occupait le centre de l'espace. Face à Aricie se dressait les splendeurs disparues d'une cheminée en marbre, que venait couronner la tête tranchée d'un cerf. Ou du moins ce qu'il en restait... Des tapisseries somptueuses ornaient les murs, et faisaient échos au lustre du tapis. Détail morbide, la table était dressée pour quatre personnes, une cuillère en équilibre sur le coin d'une assiette, une serviette abandonnée là... Tout était comme si les habitants avaient tout à coup suspendu leur repas, sans aucune trace de violence cependant.
Et, objet notable, une grande horloge ancienne se tenait sur la gauche d'Aricie. C'était d'elle que sourdait ce bruit de basse, ce tintement de cloche morbide qui devait probablement s'entendre à des kilomètres, brisant l'insonorité des lieux... Elle venait précisément de se mettre en route au moment même où la nymphe avait pénétré dans la pièce. Ses aiguilles effilées avaient commencé leur long décompte imperturbable, et indiquaient pour le moment dix-huit heures pétantes. Le passage à la nuit était marqué d'un trait de peinture rouge fébrile qui barrait le cadran comme une cicatrice... Prévue aux alentours de dix-neuf heures trente. Bientôt.

Andromaque pour sa part, eut tout loisir de tâter les multiples microbes et infections qui devaient probablement traîner sur le papier abîmé de la missive. Elle/il put néanmoins lire les lignes suivantes :

Spoiler:

[Hrp : Les portes ne sont pas verrouillées, Aricie, si tu souhaites te déplacer de nouveau. J'interviens simplement pour permettre aux choses d'évoluer, mais avis aux éventuels nouveaux joueurs, vous pouvez toujours entrer dans l'event jusqu'à jeudi prochain ! =D]

Un bruit d'horloge régulier. Aricie se calmait peu à peu. Elle contempla la salle. Aucun bruit. Les chandelles s'étaient allumées au moment où elle était entrée.

Bonsoir, je me nomme Aricie. Je ne sais pas comment...

C'est idiot ! Il n'y a personne....L'autre salle...on avait l'impression qu'elle était abandonnée depuis des lustres... et ici c'est tout propre. Même la table, se dit-elle alors qu'elle y passait un doigt,est nickel. Ce n'est pas possible. Et cette horloge...pourquoi cette ligne ? A croire... un message ?

Aricie s'assit tranquillement sur une des chaises.

J'aurais du demander comment ça marche. On m'avait dit : "ça permet de lire l'heure" mais comment ?....Pourquoi ne pas se servir du soleil... ah mais c'est la nuit dehors...

Elle souffla et fit une moue.

Mais oui ! Suis-je sotte ! L'horloge indique une heure et ce trait une autre. Maintenant il faudrait savoir pourquoi ?

Elle se leva et s'assit à la place où était la cuillère mise sur l'assiette.

Pourquoi cette assiette est moisie ? Tout est si propre et là cette assiette est moisie enfin l'intérieur. Ce n'est pas logique...

Elle continua sa réflexion qui la mena à :

La personne qui était là aurait entendu ce qui se passait dans l'autre salle et il serait parti...mais ça n'explique pas pourquoi cette salle n'est pas sans dessus-dessous comme l'autre.... Je le saurais peut-être en continuant la visite... 5 portes. Celle-ci est celle que j'ai prise et je n'ai pas envie d'y retourner pour le moment. Plus tard, si les autres ne mènent à rien. Prenons celle de droite.

Et c'est ainsi que quittant cette pièce, elle rentra dans une autre.. Son instinct lui disait que sa curiosité pourrait l'y aider, d'où ses diverses recherches pour comprendre ce qui avait bien pu se passer.

hrp:

Crac~!

Lentement, Lucius revenait à lui, sa conscience reprenant le dessus et chassant inexorablement l'épais voile de confusion et de trouble qui alourdissait son esprit dans un fardeau des plus désagréables. Sa respiration se fit lente , sifflante , comme si l'air qu'il respirait le répugnait et le poussait à consommer le moins d'oxygène possible. Mais qu'elle était donc que cette forte odeur métallique qui émanait autour de lui ? Une sensation des plus étouffantes l'accabla, comprimant ses poumons d'une étreinte d'angoisse. Lentement, il articula un geste : son index se mit à bouger lentement, de peur que ce simple mouvement n'attire l'intention de quelque chose ... Un hurlement sonore se fit entendre alors et son sang se figea brusquement dans ses veines. Électrisé par ce bruit de peur brute, il ouvrit les yeux ... et le regretta amèrement. Il découvrit avec horreur qu'il se trouvait dans une salle en piètre état , comme à la suite d'un violent orage de violence et de destruction.

Tentant de se relever, sa main entra en contact avec une substance humide et collante. Il releva sa main et y découvrit une large tache grenat sous le faible éclairage qu'offrait les fenêtres de la salle. Du sang imbibait le sol en quantité suffisante pour témoigner qu'un odieux massacre eut lieu dans ce bâtiment morbide. Des tableaux malsains semblaient suivre l'homme du regard tandis que des murmures aussi insidieux qu'un poison s'infiltraient dans sa tête, lui soutirant des frissons glacés qui se répandaient dans son corps en vagues sournoises.

Il remarquât aussi la présence d'un petit groupe de femmes qui semblaient en piteux état ... tout comme lui. Ses vêtements étaient souillés par le sang omniprésent , et la sueur perlait sur son front tandis que son regard hagard se déplaçait à grande vitesse, comme un dément poursuivant des yeux une chimère.

Poussé par son instinct de survie et dopé par l'adrénaline qui faisait battre à tout rompre son coeur, il se déplaça tant bien que mal dans la pièce et se saisit d'une arme de fortune : un débris de statue assez long et pointu , qui pourrait à la fois servir de massue ou de lance , malgré son poids important et sa forme peu ergonomique. Ainsi armé et ayant reprit un peu de calme malgré le malaise qui s'insinuait dans son corps, il rejoignit la dame qui inspectait la lettre. Puis sans dire un mot , il fit signe aux femmes de l'attendre tandis qu'il allait vers le sens opposé où est allée Aricie et ouvrit doucement la porte, l'arme de pierre à la main. Peut-être allait-il trouver un objet intéressant ou des indices ?

Pourquoi ne parlait-il pas ? Pourquoi respirait-il très lentement ? De peur d'attirer l'intention des occupants des lieux qui semblaient avoir des loisirs bien effrayants ...

Spoiler:

Aricie devait avoir un don tout particulier. Outre son aptitude semblait-il inné à courir à l'aveuglette, elle réussissait l'exploit d'esquiver jusqu'à présent tous les pièges mortels de ce manoir, qu'une bien mystérieuse puissance divine tentait désespérément de jeter sur son chemin... Peine perdue. Si la jeune nymphe avait eu quelque amant de par le monde, nul doute qu'elle aurait illustré à la perfection ce que l'on appelait couramment « avoir une chance de cocu ». Mais pardonnez-moi, la narration s'égare...

Une toute nouvelle pièce s'offrit donc à ses yeux. Elle était longée sur tout un mur par une kyrielle de fenêtres qu'accompagnait une élégante porte de verre. A travers la vitre étrangement couverte de buée, Aricie pouvait apercevoir l'esquisse de ce qui avait été autrefois un jardin d'apparat... Et de ce qui était aujourd'hui une terre morte. L'herbe y était sombre, brûlée, et la brume engloutissait l'univers à quelques mètres à peine du manoir. Ces quelques mètres étaient néanmoins suffisant pour apercevoir les vagues contours d'un puits isolé, ainsi qu'une rangée de barrières caractéristiques d'un champ de plantations.
Le plus troublant de ce décor était sans doute la porte de verre elle-même. Car la salle de détente était vide de tout meuble, et ladite porte était sensiblement entrouverte comme une invitation silencieuse à sortir... Un air glacial s'exhalait par cette fente de quelques centimètres. Humide. Puant. Des traces de pas étonnamment longues commençaient brusquement au sortir de cette pièce, dans la terre noire, et se perdaient bientôt dans le brouillard des plantations.
Quelque chose s'était trouvé là, une poignée de secondes avant que la nymphe ne fasse son entrée. Et cela l'invitait visiblement à la suivre...

Lucius, de son côté, n'était pas en reste de phénomènes étranges. Et tandis que le petit groupe d'aventuriers se remettaient péniblement de ses émotions, il fit l'erreur bien humaine d'ouvrir la porte de la cuisine.
La pièce était sombre. De légers rayons grisâtres luisaient à sa droite et dessinaient ce qui étaient probablement la silhouette d'une ou deux fenêtres. Toutefois, quelqu'un les avait recouvertes de planches de bois, cloutées sans l'once d'un sens logique, comme mû par une rage pressante... On avait tenu à ce que la lumière n'entre pas ici. Et l'espace, sombre et lourd, ne laissait dévoiler que les contours troubles d'un attirail de cuisine. Mis à part... Peut-être... Mais que voyait-il là, était-ce un effet d'optique... ? Une silhouette obscure semblait être recroquevillée sous une table contre le mur du fond...
Cela ne bougeait pas.
Cela ne respirait pas.
Peut-être que l'obscurité était devenue oppressante. Notre esprit aime à s'inventer des formes étranges lorsque nos yeux fouillent le noir. Notre imagination nous joue des tours.

Puis cela bougea.

Un lent, très lent mouvement, un bruit de vieux tissus froissés. Et cela déplia un long, très long corps... Cela tenta de faire un pas, tangua comme un ivrogne. Et entra dans le faible carré de lumière tamisée que la porte ouverte avait tracé dans la pièce.

Lucius eut juste le temps de réaliser à quoi il avait affaire.

Puis la Momie Hurlante déplia sa mâchoire désaxée et poussa son premier cri strident.

[Hrp : Mon cadeau de bienvenue à notre présence masculine ! 8D
Sentez-vous libre de prendre des initiatives, même s'il faut jouer un peu la momie, tant que c'est crédible !]

En ce qui concernait Leuffa, la situation n'allait pas en s'éclaircissant : non seulement elle n'avait rien trouvé d'intéressant sur les gisants (qu'il s'agisse d'armes, d'armures ou d'informations sur sa déroutante situation présente), son malaise ne passait pas... et voilà qu'à présent une demie-douzaine de ceux qu'elle comptait fouiller s'étaient relevés et avaient commencé à vaquer comme des poulets sans tête dans la pièce. L'un d'entre eux avait eu la présence de s'armer, deux autres s'étaient lancés dans l'examen d'un morceau de papier, et une dernière n'avait rien trouvé de mieux que de la menacer avec un morceau de bois dont elle aurait aisément pu se servir comme cure-dent.
Constatant que son opposante tremblait de la tête aux pieds, elle se contenta de lui asséner une gifle sur la main pour lui faire lâcher sa pseudo-arme avant de lui en allonger une autre en plein sur la joue droite pour lui apprendre le respect.

- Je ne sais pas qui tu es, gamine, dit-elle avec un reniflement méprisant, mais sache qu'on ne menace pas une gnolle impunément ! Maintenant, dis-moi ce que tu s...

Son intimation fut brusquement interrompu par un hurlement provenant de la porte située dans son dos. Un hurlement inhumain qui n'augurait rien de bon et qui la fit pivoter sur elle-même avant qu'elle ne s'approche de l'humain aux cheveux blancs qui avait fait l'erreur d'ouvrir ladite porte. Elle sentait qu'elle allait amèrement regretter de ne pas avoir d'arme à disposition... mais depuis quand les gnolles en avaient besoin ?

- Par les loches de la grande prêtresse, c'est quoi ce bordel ?

La jeune femme, face à la gnolle, commença à paniquer, la psychose s'emparant de son être et mental fragile. Ses jambes furent de plus en plus tremblantes, son regard en pouvait plus tenir en place, ses dents claquaient, le fond de son iris se divisait entre le rouge et le bleu, ses pupilles se dilatèrent sous l'effet de toute cette peur emmagasiné, dont elle ne se souvenait même plus la source...

Quand soudainement, la demoiselle prit une gifle de plein fouet, si forte que cela lui fit tourner la face vers la gauche. Alors, son regard redevint normal, ses pupilles se rétractèrent, et son esprit redevint blanc come neige, comme si on l'avait tiré d'un profond cauchemar. Alors, au lieu de reprendre son "cure-dent", qui ne servirait définitivement à rien, elle amorça un pied furtivement, prêt à partir dans le visage de la femme au moindre geste brusque supplémentaire; et cette fois-ci, gnoll ou pas gnoll, elle savait qu'il allait faire plus de dégâts que la simple baffe précédente...
Puis, celle-ci répliqua d'un ton grinçant:

"Je ne sais pas qui tu es, gamine, mais sache qu'on ne menace pas une gnolle impunément ! Maintenant, dis-moi ce que tu s..."

Le regard de la petite élémental était radicalement différent que celui qu'elle avait en se réveillant. Celui-ci était froid, implacablement calme. Alors, en même temps que la gnolle terminait de parler, Lulya tenta de dire en même temps:

"Ca ne m'apprend pas vôtre n..."

Quand soudainement, un cri d'outre-tombe interrompit les deux femmes au conflit naissant. La demoiselle se tourna vers le bruit en question, et fit usage de sa vision développé -bien que l'obscurité immergeant la pièce de cette ambiance lugubre la gênait un peu-... Alors, elle vit avec stupéfaction une momie s'élançant vers un inconnu.

"Attention !!"

Elle courut alors vers l'homme aux cheveux de neige, réagissant visiblement plus lentement qu'elle, et l'aida à esquiver le monstre, qui ne semblait pas être apte à la parlotte, avant d'atterrir en une roulade dans la pièce obscur. Puis, elle vit une lueur, refléter la lumière passant par la porte entrouverte, d'une lame fichée dans un plan de travail. Elle ôta le couteau de cuisine, et le tint bien en main, sure d'elle.

Maintenant, la partie peut commencer !

Aricie observa la pièce avec une attention particulière.

Pas de meuble ! C'est comme si quelqu'un avait tout enlevé. Oh! une fenêtre, allons voir. Il fait froid dehors et l'air est humide. Un ancien jardin ? Il est pas très beau. C'est étrange pourquoi une belle salle puis après une vide et avant une pleine de sang ? Ce n'est pas très logique. Il faudra que je le dise au propriétaire,un petit rire lui donna du baume au cœur. Et qu'est-ce...une porte !? Un porte de verre ? Décidément cette maison est étrange...Voyons voir, et des traces de pas !

Elle se pencha et prit un peu de terre dans a main

C'est frais. C'est très récent...

Elle allait continuer sa réflexion quand un cri horrible de bête démente lui parvinrent comme un lointain écho. Cela semblait venir de la maison plus que de l'extérieur.

Qu'est-ce que cela peut-être ? D'où...ça vient ? Je ne comprends rien...

Un bref courant d'air froid lui ramena l'esprit vers la porte et la possibilité de s'éloigner de cet horrible cri.

Oui, si elles sont fraîches ça veut dire que quelqu'un est passé par là récemment. Donc, cette personne pourrait m'expliquer ce qui s'est passé. Mais j'aimerais tellement pouvoir voir mieux...j'aurais du prendre des chandelles dans l'autre pièce...mais vu le cri...mais oui. en me transformant...

Alors la fatigue, sourde mais présente depuis le début, se fit ressentir plus intensément. Elle abandonna l'idée de se transformer en chouette et ouvrit la porte. A demi accroupi. elle suivait tant bien que mal les traces de pas, grâce au toucher.

HRP sur la "présence masculine":

Étrange lettre ... Au moins à présent nous savons pourquoi nous sommes ici, avec ces gens, et comment - plus ou moins - nous y sommes arrivés ... Cela ne nous dit rien qui vaille. Pourquoi nous ? Pourquoi eux ? Comment avons-nous été choisis ? Nous ne nous connaissons point, aucun de nous visiblement, alors ... C'est vraiment étrange. Quoiqu'il en soit ...

Que dit ce bout de papier ?

Que ? Oh, quelle jolie brin de femme ! Diantre, il faut croire que le malheur n'est pas toujours malheureux, le destin fait parfois bien les choses même dans le pire des cas. Au moins, si nous mourons ici, nous serons en charmante compagnie jusqu'à la fin ! Ha !

Que nous sommes dans la merde jusqu'au cou, ma Damoiselle ! Tenez, regardez.

Nous tendons la lettre pour qu'elle puisse voir, sans la lâcher, tout en déclarant à voix assez haute pour qu'elle entende.

Apparemment, nous sommes réunis ici à cause d'un sortilège, et notre mission, que nous l'acceptions ou non, serait de trouver comment mettre fin à une malédiction qui ternirait ce lieu. Regardez, là ça parle d'une chose qui rôde, et ici de plusieurs choses ... Cela ne nous dit rien de bien agréable pour nous ... Oh et là, l'auteur dit qu'une chambre au second serait à même de nous protéger ... Que diriez-vous que nous faisions en sorte que tout le monde s'y repli ? Si ce qu'il y a ici ne peut aller dans cette pièce, nous pensons judicieux de la trouver et de voir ce que ... Oh mais bon sang, qu'ont-ils donc tous à crier ?

Nous replions vivement la lettre que nous glissons dans les plis de nos habits, en sécurité, sait-on jamais. Puis nous faisons volte face. Deux donzelles, dont la poilue, se disputent. Celle qui a disparue n'est point revenue. Et l'homme ... tiens, lui aussi est parti ... Et puis c'est quoi ce bruit ? Une des choses ?

Oh Nayris, puisses-tu mettre du temps à nous trouver ici ...

Nous préférons sans aucun doute la protection que cette lettre décrit plutôt que le danger qui semble être bien proche ... Nous allons donc vers un des escaliers, en prenant soin au passage d'imiter les autres et de prendre un pieu de fortune, sait-on jamais, et allons entamer notre ascension. Nous nous retournons et faisons signe aux autres :

Dites, nous croyons que là-haut on pourrait être en sécurité, et les bruits qui viennent d'en-bas nous indiquent que ce sera sans doute bien plus judicieux que de rester ici ... Vous venez ?

Oui, nous ne les connaissons point, mais quitte à devoir résoudre ce mystère et survivre, autant avoir de l'aide pour ça ... Nous montons donc, advienne que pourra !

HRP pour Malice:

Autour de la jeune élémentale les gens semblaient peu à peu reprendre conscience. Aucun d'entre eux ne semblait en meilleur état qu'elle ou savoir où ils se trouvaient, ce qui rendait la situation d'autant plus inquiétante. Les gens semblaient improviser, se débrouiller du mieux qu'ils pouvaient dans cette terrible situation, mais Ezaria ne savait pas quoi faire, sinon se faire toute petite et espérer que personne ne veuille lui faire de mal.

Ça s'agitait, les gens parlaient entre eux, certains semblaient presque savoir quoi faire, mais Ezaria gardait ses distances, se dirigeant lentement mais sûrement vers la seule porte qui n'avait pas été encore approchée par qui que ce soit ici. Elle faisait de petits pas, observant chaque endroit où elle posait le pied pour ne pas risquer de se blesser ou de tomber à nouveau. Cet endroit était un véritable champ d’obstacle et l'ambiance qui y régnait était terriblement oppressante.

La porte vers laquelle Ezaria se dirigeait semblait mener vers l'extérieur, pas que la vue soit particulièrement attrayante, mais elle ressentait le vif besoin d'une bonne bouffée d'air frais, se disant qu'il ne pouvait pas y avoir pire que cette pièce.

Soudainement, un horrible cri retentit, pas du tout le cri d'horreur de plus tôt, avec cette jeune femme qui fuyait. Plutôt un cri terrifiant à vous en glacer le sang et celui-ci résonna un moment dans la tête d'Ezaria, la figeant sur place, d'horreur.

Après un bref instant paralysée par la peur, elle bondit vers la porte, oubliant la prudence dans un cri de panique, l'ouvrant et s'élançant à l'extérieur. Heureusement qu'elle n'était pas elle qui avait du faire face au monstre qui avait poussé ce cri, elle n'aurait sans doute pas su quoi faire...

Une fois à l'extérieur, tremblant sous le coup de l'adrénaline, elle prit un moment pour reprendre son souffle, se penchant, les mains sur les genoux, essayent de reprendre ses esprits maintenant qu'elle avait quitté cette pièce de l'horreur. Pendant un moment, elle se demanda si c'était le bon choix, car elle se retrouvait toute seule maintenant, isolée et vulnérable, mais au moins pas face à un monstre qui vous glace le sang.

-Han... mais c’est quoi cet endroit...

Terrifiée, mais ce sentant un peu mieux, elle se redressa lentement, se demandant où elle allait se retrouver...

La Momie Hurlante était face au plus terrible dilemme de sa non vie. Un peu hagarde, elle sautilla sur un bon mètre encore avant qu'un semblant d'équilibre ne revienne se manifester dans ses membres racornis. Devant elle, une gnolle fort alléchante. Même avec toute la mauvaise volonté du monde il fallait bien reconnaître que ses courbes généreuses éveillaient en elle un appétit qu'elle n'avait plus ressenti depuis trois centaines d'années. Mais derrière... Oh oui, deux proies faciles. Dont l'une possédait cette jeunesse autrement plus délicieuse sous les dents que de toute façon, la Momie n'avait plus ! Elle resta donc plantée là, vaguement incertaine, dodelinant parfois de sa grosse tête incongrue.

Les Momies sont redoutables. Mais pas vraiment pour leurs capacités intellectuelles... Aussi lentes à prendre des décisions qu'à se mouvoir, tout se faisait chez elles dans une longueur et une ténacité exaspérante. N'eut été leurs cris, il n'y aurait rien eu de plus aisé que d'échapper aux griffes d'une Momie Hurlante... Lucius devait probablement sa vie à l'intervention intempestive de Lulya, qui l'avait arraché par la force des choses à la paralysie qu'entraînait inévitablement l'écoute d'un cri à proximité dangereuse. A présent, la Momie les observait de ses deux petits yeux noirs concupiscents, abandonnant Andromaque, Gwandyr et Leuffa à leur sort, trop hors de portée à son goût. Pourquoi s'embêter à chasser la marmaille lorsque deux gigots appétissants s'ébattaient dans une pièce close dont ils ne pouvaient s'enfuir sans lui passer sur le corps... ?
La Momie reprit son souffle. D'ici moins d'une minute, elle pourrait relancer une nouvelle salve de cris. Les deux morceaux de viande sur pattes seraient à elle !

~~~

L'escalier en colimaçon était en bois, recouvert d'un mince tapis rouge. Cette infime couche de tissu aurait dû absorber les bruits, mais il n'en était rien : chaque marche qu'Andromaque entamait produisait un horrible craquement grinçant qui se répercutait à des mètres à la ronde, aux étages plus haut. De lointains échos lui parvenaient, signe que la maison était grande et qu'il y avait probablement encore un troisième étage secret à découvrir...
Alors que notre héros maniaque s'apprêtait à poser une semelle sur l'une des dernières marches, un bruit de pas précipité se fit entendre et disparut quelque part à sa gauche. Un « badadam » qui n'augurait rien de bon, un son de plantes de pieds qui n'aurait certainement pas dû se trouver là. Silence. Une porte grinça et se ferma, lentement, très lentement, avant que le « clic » de la serrure ne se fasse entendre. Tout était presque plongé dans le noir.

La pièce était à vrai dire semblable à celle du rez-de-chaussée si ce n'était que les œuvres d'art présentées étaient assez différentes. Une autre galerie de portraits glauques s'étalait sur les murs, et leurs regards inquisiteurs et morts se posaient tous sur l'intrus par un étrange jeu de peinture... Ici le décors avait été travaillé de façon plus intime. Cet étage n'était pas destiné aux invités, mais bien aux affres du sommeil et de la toilette personnelle...
C'est à cet instant qu'Andromaque put poser les yeux sur l'escalier droit, jumeau du sien. La longue traînée de sang répandue dans la pièce du bas grimpait les escaliers à toute allure et disparaissait vers le troisième étage sans daigner s'approcher du second. Quoi que ce fut, cela ne s'était pas aventuré par ici. C'était comme... Comme si l'on avait lâché un cadavre frais du haut du troisième et que celui-ci avait dévalé les escaliers tel un poids mort, jusqu'au tapis du premier. Ou que quelque chose de sanguinolent était monté.
Toujours était-il qu'à présent Andromaque n'avait que l'embarras du choix quant à la prochaine direction à prendre !

[Hrp à destination d'Andromaque : Le bruit de pas et de porte qui se ferme se trouve en direction de la chambre réservée aux invités.]

~~~

Il faisait froid, dehors. Ezaria put en faire les frais. Aucun vent ne soufflait, mais la brume, insidieuse, recouvrait chaque empan de territoire avec cette espèce de possessivité qu'ont seuls les rapaces et les prédateurs... Les pavés de la cour extérieure étaient pourtant clairement visibles. Les coquilles vides de plusieurs calèches abandonnées s'y trouvaient échouées comme un spectacle de marionnettes lugubres. Ni cheval ni cocher, rien d'autre que ces carcasses métalliques, parfois renversées sur le dallage... Et à quelques mètres de là se trouvait le grand portail qui ceinturait la propriété, un arceau rouillé ouvert sur le vide. Car là où aurait normalement dû se trouver un chemin, se tenait un mur opaque et dense de brume.
Le regard de la jeune fille put alors saisir l'éclat blanc d'un escalier, droit devant elle. Celui-ci ne se composait que de quelques marches un peu défraichies, et se perdaient presque aussitôt dans un semblant de jardin broussailleux. Une deuxième petite cour annexe à la première, aménagée en jardin exotique... ? Les plantes y étaient paradoxalement vertes et tendres, en comparaison de la vivacité des couleurs alentours. Par Yehadiel, que c'était bizarre !

~~~

Seul le bruit des pas d'Aricie dans la terre tendre se faisait entendre. « Croutch, croutch ». Dans la brume ambiante, elle put bientôt saisir la forme fantomatique et sombre de silhouettes se balançant lentement dans le vent. Enfin... Quel vent ? Tout était plat, calme. Et pourtant... Pourtant ces longues tiges de maïs plus grandes qu'hauteur d'homme étaient saisies de cet éternel mouvement de balancier que leur imposait une force invisible...
Une clôture cerclait ce champ dont les confins se perdaient hors de vue. L'un de ses côtés s'était affaissé, comme renversé, éventré par un animal monstrueux. Les empreintes de pas inconnues étaient passées par là et allaient ensuite se perdre dans la végétation... Des tiges de maïs écrasées témoignaient de son passage et dessinaient un long chemin sinueux dont la fin n'était pas visible non plus.

Néanmoins, si Aricie s'approchait suffisamment et qu'elle s'aventurait sur quelques mètres dans ce fameux champ, elle pouvait apercevoir au loin une étrange silhouette... L'être était de dos. Ses bras... Ses bras paraissaient beaucoup plus longs que le reste de son corps et pendaient jusqu'à ses tibias, eux-mêmes bizarrement recourbés à la manière de pattes lupines... D'immenses cornes de cervidé s'élevaient sur son crâne en d'obscures courbes menaçantes.
Il se mouvait d'un gracieux mouvement souple de couleuvre.
Approcher, ne pas approcher ? Encore une fraction de seconde et il sentirait sa présence...

~~~

Dans le salon, l'horloge en bois avançait inexorablement vers l'heure fatidique. Les aventuriers avaient omis un détail... Ici, le temps était détraqué. Il s'écoulait un tantinet plus vite...
Et il leur restait à présent moins d'une heure avant la nuit.

Elle avançait lentement.

Un clôture et les traces de pas qui continue...Peut-être y a-t-il une raison ? Voyons voir...ouououch ! C'est étrange de se tenir debout...Une silhouette ou je rêve ? ...

EH ! EH OH! Vous m'entendez ? N'ayez pas peur, je viens en amie.

Elle regarda la silhouette qui bougeait comme si elle flottait dans la vent. Aricie longea la clôture. Sa curiosité la poussait à entrer mais le noir et l'obscurité lui faisait peur. La partie éventrée lui apparut alors en touchant un bout de clôture encore debout.

Quelle créature pourrait faire ça ? Je n'en connais aucune qui puisse être assez large...sauf les orcs ? Mais ce n'est pas la silhouette d'un orc... Elle ne m'a pas entendu quand j'ai crié... Peut-être est-elle morte ?

Cette réflexion lui fit faire un pas en arrière, en entendant un "crouich" elle eu peur. N'entend rien d'autre et faisant un pas sur le côté et en réentendant le "crouich" elle comprit, soulagée:

Ce n'est que moi. Ce n'est que moi. Donc cette chose est morte. Il ne peut pas y avoir de doute...mais qui l'a tué ? Les traces de pas sont fraîches...Elle est encore la ! Encore là!!!

Il n'y avait pas d'autre explication et Aricie marcha de plus en vite, en courant par intermittence (trop fatiguée pour supporter plus de quelques foulées). Elle finit par buttée contre quelque chose et s'écraser tout son long.

Une silhouette noire se releva , lentement , comme si chaque geste lui coûtait un immense effort. Dans la noirceur environnante , il ne put distinguer clairement la "personne" qui se relevait devant lui , aussi restât-il interdit. La forme obscure , aux contours vaguement humanoïdes , s'approcha d'un pas incertain vers le jeune homme. Ce dernier crut alors qu'il avait affaire à une autre victime du manoir, emprisonnée et mise à mal dans cette obscure pièce. N'écoutant que son courage, il se décidât de venir en aide à cette triste personne. Qu'elle ne fut sa surprise lorsque la faible lumière révéla sous ses yeux horrifiées une créature sortie de ses pires cauchemars. Il n'eut pas même le temps d'esquisser un geste que la momie ouvra les vestiges de ses mâchoires et poussa un long hurlement strident.
Durant quelques secondes , le chasseur de primes ne pipa mot , foudroyé par le terrible cri de la momie. Ses membres tremblaient et pourtant refusaient d'obéir à ses stimulus mentaux. Tout son corps était pétrifié par l'attaque sonore du mort-vivant qui traînait son corps desséché vers lui, avide de déguster sa tendre chaire.
Il fixait ainsi la main tendue de la momie , désireuse de le serrer dans une étreinte mortelle , incapable de se défendre ni même de fuir. Il n'était plus que le spectateur privilégié d'une scène macabre dont il sera l'acteur principal. La distance qui séparait les deux adversaires s'amenuisait inexorablement , avec une lenteur des plus terrifiantes. Oh oui la peur augmentait à mesure que le temps passait ... Quand nous sommes agressés , on ne prend pas automatiquement peur, on agit par instinct. Mais quand vous savez qu'une sombre menace approche pour VOUS , et que vous n'avez aucun moyen d'y échapper ... la terreur atteint un paroxysme des plus inimaginables.

Et c'est ce que ressentait Lucius, les yeux écarquillés , presque en larmes devant autant de décadence affamée. Heureusement la brave Lulya le poussa juste à temps pour éviter d'être happé par les ongles sales de l'odieuse horreur. Aide salvatrice , qui sauva ainsi son âme d'un terrible supplice. Il roula par terre et s'écroula , tel un pantin sans fil. L'effet de la paralysie commençait à s'estomper lentement ... trop lentement au goût de Lucius , qui voyait sans rien pouvoir faire la jeune fille essayer d'intimider la momie avec un couteau. Heureusement la créature aux capacités intellectuelles limitées hésitât un moment , attirée par la gnolle aux délicieuses courbes , par la belle rousse et l'homme au style particulier. Ce court laps de temps permit à notre héros de reprendre le contrôle de son corps. Stimulé par la peur panique de tout à l'heure, il agit comme un automate en furie : sans crier gare, il s'empare de l'arme de pierre qu'il tenait tout à l'heure et s'en prend à la paresseuse créature avant qu'elle n'ait recours à son arme auditive.

Dans un craquement sonore, l'arme de fortune de Lucius entra en contact avec le hideux faciès de la bête, enfonçant ses dents jaunis dans sa mâchoire. La momie, déséquilibrée, tomba à la renverse dans un bruit mou. Elle n'eut pas le temps de relever un membre que déjà sa victime s'acharnait sur elle avec une frénésie de désespoir sanguinaire. Par trois fois, la massue frappa , et par trois fois un effroyable craquement s'en suivi. Son arme s'entachait toujours un peu plus de sang séché à mesure qu'elle s'abattait sur la prédatrice devenue victime à son tour. Quand enfin, à bout de souffle, l'homme aux cheveux immaculés laissa tomber sa masse, il ne restait plus du cadavre embaumé qu'un tas de bandelettes et des vestiges de crâne et de poitrine brisées, réduites en un tas sanguinolent.

Lucius n'était plus vraiment le même : des mèches de cheveux cachaient son visage ruisselant de sueur, ses vêtements humides étaient collés à son corps tremblotant , ses doigts mouvaient dans un geste frénétique comme si la sourde colère qui l'avait saisie l'influençait encore. Il put à peine murmurer, d'une voix faible et essoufflée , un "merci" à Lulya , avant de marcher tel une marionnette vers les ustensiles de cuisine. Il se saisit de ce que ses yeux fatigués discernaient comme étant un hachoir, ou peut-être un large couteau , qu'importe. Mieux armé mais l'esprit blessé par cette violente rencontre, il resta un moment immobile, fixant le plafond comme à la recherche d'une réponse divine. Puis il poussa d'un mouvement sans douceur la porte qui sortait de la salle ...

Spoiler:

[HRP: je vais donc dans la chambre d'invités. Ou essayer du moins]

La demoiselle leva son couteau, en quête de terrasser le monstre, mais fut violement interrompue par l'inconnu aux cheveux blancs. Celui-ci brandit son bout de statue, le fit retomber avec rage sur le crâne de la momie, dont la jeune fille eut presque pitié. Cet acharnement, tirée du désespoir et d la peur... Cette psychose dans ses yeux fit frissonner la petite élémentale, qui mit son bras devant les yeux, pour ne plus voir le massacre, ainsi que pour éviter toutes giclures sur la peau de porcelaine.
Puis, soudainement, plus rien. Plus de bruits de coups. Juste une forte respiration, et une silhouette à travers les quelques rayons du jour. Une silhouette impressionnante, mais vite inquiétante vue de près...
Puis, elle s'approcha un peu, à petits pas, contemplant le dérangeant spectacle. son regard vira vers le visage chamboulé de l'homme, dont seul un mot échappa de ses lèvres:

"Merci"

Les yeux de la filles s'ouvrirent légèrement, tandis que son nouveau compagnon de galère se dirigea vers les divers ustensiles, et en retira un hachoir.
Puis, elle s'approcha de lui, et lui tint la main avec une extrême douceur, pour l'apaiser, et l'accompagna dehors.

"On va s'en sortir..." murmura-t-elle, le pas léger, mais néanmoins nerveux.

Le paysage était pour le moins... brumeux. Elle pouvait distinguer au loin une installation. Elle pouvait vaguement distinguer ce qui pouvait distinguer à des box pour chevaux. Alors, elle se tourna vers le monsieur, et lui suggéra, avant de le tirer par la main:

"On dirait une écurie. Si nous voulons partir d'ici au plus vite, nous devons au moins avoir un cheval. Je ne veux pas perdre plus mon temps dans cet endroit lugubre..!"

Spoiler:

Lorsque Leuffa vit l'humain aux cheveux argentés se tétaniser puis faire convulsivement quelques pas en arrière lorsque le cri de l'une des occupantes de la salle l'atteignit, elle sut aussitôt qu'elle allait regretter d'avoir posé la question. Lorsqu'elle vit une chose desséchée et recouverte de lanières de cuir à moitié pourries passer l'encadrement de la porte en titubant avant de se figer comme en proie à un grand trouble, elle en eut la confirmation.
Un frisson d'effroi suivis d'un autre de rage pure lui traversa l'échine tandis qu'un grondement sourd naissait dans le fond de sa gorge. Un mort-vivant ? Alors qu'elle n'avait pas d'arme à portée de mains et qu'elle se sentait aussi faible que durant un lendemain de cuite ? Qu'importe, elle allait se faire cette sal...
Elle en était encore à contracter ses muscles douloureux lorsque l'humain se jeta brusquement sur la créature et la réduisit à l'état de pulpe racornie à coups redoublés à l'aide d'un gourdin redoublés, avant de s'en aller la tête haute. Qui était le plus monstrueux des deux, du coups ?
Peu importait. Il fallait se concentrer sur le principal : elle se trouvait dans un lieu inconnu, entourée d'individus aussi perdus qu'elle... et il y avait des mort-vivants en maraude. Oui, car elle ne se faisait aucune illusion, sachant pertinemment que là où il y avait une de ces abominations on en trouvait généralement une dizaine dans les placards. Il lui fallait trouver un moyen efficace de se défendre et de fuir au plus vite !
Aussi emboita-t-elle rapidement le pas à l'humain et à la jeune femme qui l'avait menacée et arriva-t-elle dans une sorte de cuisine. Faisant un inventaire succinct des lieux avec la même célérité, elle dédaigna les rares couteaux rouillés et mal équilibrés ayant réchappé à l'inquisition de ses prédecesseurs mais parvint à mettre la main sur du silex, de l'amadou, une lanterne métallique et une quantité appréciable de combustible pour l'alimenter. Autrement plus pratique, d'autant plus que cela pourrait servir à faire brûler les chairs mortes.
Elle alluma aussitôt l'ustensile et rattrapa les deux comparses alors qu'ils se dirigeaient au milieu du jardin brumeux en direction de ce qui ressemblait à des écuries. Les grands esprits se rencontraient !

- Olà, moi c'est Leuffa, dit-elle d'une voix essouflée en les rejoignant. Je demande sûrement cela en pure perte, mais est-ce que vous avez la moindre idée de l'endroit où on se trouve ?

En fait de fragrances champêtres, d'air vrombissant du ronron des insectes et de petites pâquerettes aux multiples couleurs, le singulier trio put pleinement savourer la substance presque compacte du brouillard. Cela collait à la peau et avait la tangibilité de l'ouate, avec ce froid caractéristique des cimetières à minuit... Ne manquait plus que le croassement lugubre du corbeau et ils étaient probablement bons pour un aller direct chez Nayris. Trajet offert.
Mais le Manoir hanté de DitchHook n'en avait certes pas fini avec ses louables invités. Ici, tout était mort, et il n'y avait pas plus de corbeau que d'insectes... C'était probablement pour cela que l'odeur qui leur parvint leur parut incongrue. Trop naturelle. Et en effet, à la périphérie des écuries dont ils ne pouvaient percevoir pour le moment qu'un vague carré noir découpé par une fenêtre, une odeur lourde et âcre d'animaux trônait dans l'air, horriblement familière. Celle des chevaux après l'effort, du fourrage et du mors, presque épicée... N'eut été l'absence totale de son, l'on aurait pu croire ces braves bêtes piaffant calmement dans leurs stalles, attendant la main caressante du maître.
Hallucination collective... ?
Un bout de sabot dépassait sous les portes grinçantes de l'écurie à la manière d'un joyeux saloon. Un sabot seul, unique, placé là comme une absurdité même. Outre le fait bien sûr que ce sabot était tâché de sang, la cheville rongée jusqu'à l'os. Et ces débris de cadavre témoignaient à eux seuls de l'état du reste de la carcasse, de l'autre côté des battants... Le trio aurait-il envie de mener leur inspection plus avant ?
Des empreintes de pas étonnamment longues pour le genre humain s'en éloignaient et disparaissaient sitôt dans la brume. S'ils avaient su la disposition des lieux, ils auraient compris que celles-ci partaient se perdre quelque part dans les champs de plantation... L'auteur du massacre qui avait eu lieu ici s'en était allé à la recherche de quelque chose de plus goûteux sous la dent.
Une nymphe, par exemple.

~~~

Il n'y avait pas beaucoup de créatures plus cauchemardesques qu'une Momie Hurlante. Pourtant, ce qui faisait face à Aricie en cet instant aurait fait fuir jusqu'à sa tombe le plus terrifiant des morts-vivants...
Étalée de tout son long contre la terre noire et froide, la jeune nymphe ne disposait que d'une vision périphérique limitée. Ce fut d'abord un frôlement, une impression d'irréalité. Et une immense patte garnie de cinq longues griffes effilées se posa avec une lenteur morbide à quelques centimètres à peine de son visage, sans l'ombre d'un bruit. Sa jumelle vint à son tour, avec la grâce souple d'un fauve. Ou d'un fantôme. Cela attendit. Sans un bruit, sans bouger. La fourrure qui garnissait ces pattes assurément taillées pour la course et la traque était noire de suie.

Puis le Wendigo pencha son immense silhouette, inclina sa large tête de cervidé jusqu'à sa proie dans une posture qui n'aurait normalement pas été permise à un être doté d'un squelette. Ses orbites étaient évidés. Son sourire, large, trop large pour un vivant, étirait sa face d'une longue plaie béante et cauchemardesque, dévoilant l'éclat d'une rangée de crocs effilés comme des rasoirs. Quel sourire terrible que celui-ci. Un sourire fou, dérangé.


Sa voix n'était qu'un sourd grondement, une suite de notes désaccordées et crissantes contre l'oreille.


Et son sourire fixe brûlait d'une certaine hystérie, cousu par une main invisible de sorte que c'était là la seule expression qu'il ne pourrait jamais posséder. Mais il ne fit pas un geste envers Aricie. Pas encore. Ce n'était pas encore l'heure. Oh oui, bientôt...

~~~

La porte de la chambre réservée aux invités était difficile à ouvrir. Le bois était usé sur ses côtés, et la serrure était striée de rainures... On avait maintes fois tenté de la forcer. Et pas seulement de l'extérieur. La courbure de la porte témoignait d'une pression incroyable venant des entrailles de la pièce qu'elle cachait, et le bois avait ployé sans jamais rompre jusqu'ici... Elle s'ouvrit pourtant après quelques secondes de suspens, matée par l'habileté de la guerrière rousse. Une odeur rance de cadavre et de pourriture s'infiltra presque immédiatement à travers la fine ouverture. Si la salle d'exposition du second étage était à peu près grisâtre, il faisait un noir d'encre à l'intérieur de la chambre d'amis. Soit il y avait un rat mort quelque part entre les lattes du plancher, soit un humain avait agonisé ici durant au moins plusieurs mois. Restait à voir quelle alternative était la meilleure pour Gwandyr et Andromaque !
L'odeur caractéristique de la maladie était omniprésente. De ces cachots d'asile où l'oxygène ne pénétrait jamais, fermés à double tour sur une nuit éternelle, tant pour protéger l'aliéné que l'arracher à la vue des vivants.

Puis, au fur et à mesure que la porte se dérobait sur un grincement de fin du monde, un fin liseré de lumière grisâtre pénétra ses contrées vierges de tout élément extérieur. Les ombres se firent plus nettes, les silhouettes de meubles dans un état effroyable se découpèrent dans la pièce. Et, tout au fond contre un mur, se tenait un petit lit... Et quelqu'un sur ce lit.
Elle était recroquevillée dans un coin, ses bras entourant ses genoux. Ses membres étaient squelettiques, propres aux gens qui n'avaient rien mangé depuis plusieurs semaines, toute une vite peut-être. Les os saillaient sur sa maigre silhouette recouverte d'une robe qui avait autrefois était blanche, mais arborait aujourd'hui un jaune marron extrêmement sale. Ses longs cheveux tombaient en une broussaille inextricable sur son visage, pleins de nœuds et livrés à eux-mêmes depuis une éternité. Ils rendaient impossibles toute identification de sa face.
Mais ils étaient châtains. Un châtain doux. Cela ne rappelait-il rien aux deux aventuriers... ?


Visiblement, elle n'avait cure du duo. Une part de son esprit était déjà de l'autre côté, gangrené par la mort...

Je dois... Retrouver Papa... Manger Papa... Il m'a laissé... Seul dans le puits, tout seul dans le puiits...

Est-ce une voix ? Oui. Je rêve. Pourtant cette odeur...

Elle ouvrit les yeux et bougea extrêmement lentement la tête... Elle finit par se relever lentement, effrayée par ce qu'elle avait devant elle

C'est quoi cette chose ?! Et son regard ...Mais où suis-je ? On dirait qu'il va me manger...C'est lui ! La barrière ! C'est lui qui l'a...

Veuillez m'excusez d'avance mais.... AAAAAAAAAAAAAAAAh ! AAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Ah ! ça fait du bien. Bon maintenant, voyons voir. Une horrible bête, une maison sans dessus-dessous et à la fois très bien tenu, un cri horrible...c'est pas très logique tout ça...

Elle était à présent debout et avait reculé de quelques pas tandis qu'elle réfléchissez.

Et c'est pas lui qui a pu manger à la cuillère, il est plutôt du genre à manger...une nymphe tout cru...oui...euh

Je vous prie de m'excuser mais je crois qu'il est temps pour moi de fuir en courant

Ce qu'elle fit, du mieux qu'elle pouvait. Elle était partie dans la direction inverse du monstre. Elle était partie en diagonale et retournait vers la maison sans le savoir. Lorsqu'elle vit un mur, elle prit appuie et marchant rapidement tout en se guidant. Elle continua ainsi jusqu'à ne plus sentir le mur. Elle sentait que c'était dur au sol. L'avait-il suivit ? Elle l'ignorait. Repensant alors à la scène, elle fut prise d'un rire nerveux qu'elle ne parvint pas à calmer.

Son cerveau tellement engourdi avait besoin de réfléchir pour des réflexes de base. Hurler, fuir...besoin de réfléchir pour ça ! C'était fou ! Complètement fou !

Ses yeux continuaient à regarder ce qu'elle avait autour d'elle...et elle s'arrêta de rire.

hrp:

Ah, la jeune femme aux cheveux flamboyants nous suit. Parfait, c'est peut être la meilleure compagnie dont nous pouvions rêver ici. En plus, elle a l'air forte, et même si comme nous elle se sent faiblarde, ce sera toujours mieux que de nous retrouver seul. Cet endroit est vraiment dégoûtant. Par Nayris, espérons que nous en sortirons rapidement, cette maison est vraiment si sale ... Un coup à attraper une maladie grave rien qu'en regardant les murs ! Et puis tout ce sang ... Beuuuuh.

Bien, nous voilà à l'étage supérieur. Hum, ce n'est pas plus glorieux ... Avons-nous bien fait ? Mais l'heure n'est plus aux doutes, il est trop tard et ... oh quoi encore ? Ah, mais cette maison va nous rendre fou ! Du bruit, toujours du bruit ...

Vous croyez que c'est le maître des lieux ? Si le truc s'est barré en nous voyant et s'est placardé dans cette chambre, c'est qu'il ne doit pas être bien dangereux... non ?

Nous ne savons que dire ... Que pourrions-nous ajouter alors même qu'elle va déjà regarder vers cette pièce ? Peut être ce que nous voyons, malgré la pénombre, en face. Le sang, tout ce sang ... il ... grimpe ? Pourrait-on donc croire la lettre en penser cet étage plus sûr ? Nous en doutons tout de même légèrement, l'auteur de la lettre ne parlait que d'une chambre et ... Ah, elle a ouvert la porte et ... DIANTRE !

Quelles effluves nauséabondes ! On se croirait dans un charnier ...

Ou dans la fosse commune de K'Tharn l’Épineuse, pensons-nous alors. Nous nous approchons, en restant toutefois assez loin, et en gardant bien cette donzelle entre nous et la chambre. Il y a quelqu'un de vivant - ou pas loin - là-dedans ... Cette maigreur ... Cette saleté ... Ce visage ... Ce visage ! Oui oui oui ... Se pourrait-il que ? Mais ... Si c'est cela, nous ferions peut être mieux de nous en éloigner ... vite ! Nous devons chuchoter à notre compagne, ne pas effrayer la chose, ne pas l'ennuyer ...

Elle ressemble à la jeune femme des tableaux en bas, arrivons-nous à articuler dans un murmure, au près de l'oreille cachée sous la masse de boucle orangées. la lettre dit que la femme du maître des lieux a été prise par la chose qui rôde, si c'est bien elle, rien ne peut plus la sauver.

Nous enserrons délicatement de notre main le bras gauche de la jeune femme.

Venez, chuchotons-nous encore, Essayons en face, la chambre sûre doit être de l'autre côté. il faut tenter notre chance, ma Dame.

Et sans attendre de réponse nous exerçons une légère pression pour la faire venir vers nous, alors que nous faisons déjà quelques pas vers la porte à l'autre bout de la pièce, en prenant soin de faire abstraction du sang dans l'autre colimaçon. Un problème à la fois ...

HRP: