L'hiver éternel débutait à peine que la fureur de la nature faisait déjà trembler les corps et l'esprit des plus puissants de cette vaste Terre. Les volcans grondant et explosant de milles feux illuminaient les prunelles de populations paniquées et paralysées par la vision de flammes, d'explosions et de coulées de lave capable de franchir, d'engloutir et de brûler les plus belles citadelles aussi bien gardées que les cachots habités par les plus vils brigands. En très peu de temps, le ciel azur illuminé anciennement par un astre de lumière et de chaleur, se trouvait noircit et tâché non pas de nuages inoffensifs, mais bien de fumées irrespirables par les peuples. La Terre brûlée, les habitations allant des petites campagnes aux duchés n'étaient plus que des masses sombres couvertes de cendres et de cris terrorisés par l'apocalypse qui s’abattait de plein fouet.
L'hiver était plus présent que jamais, le soleil n'arrivant malheureusement pas à pénétrer les nuages noirs de cendre et de colère qui guettaient les hommes. Des les régions de Glace, l'hiver était une épreuve bien plus délicate, bien que les peuples de ces régions étaient de nature à être protégés contre le froid, les vents, la nourriture manquante ou encore les guerres de barbares, l'apocalypse n'avait apporté pas seulement une aire glacière, mais également une destruction massive de la population. La survie avait transformé les habitants de Silena en une horde d'animaux affamés et prêt à tout pour pouvoir se nourrir, boire ou tout simplement se reposer en paix. L'anarchie régnait alors que la famille Jörd était reclus dans un sous-sol autre fois servant de cave à vin, aujourd'hui, cette cave servait de refuge aux militaires et leurs familles. Ne disposant que de quelques haillons pour supporter le corps de la mère de famille, fatiguée et qui ne cessait de tousser depuis le début de l'apocalypse. Les guérisseurs et les prêtres disaient que la mère Jörd, fière croyante en la Nature, se sentait désormais complètement délaissée, que la Nature puisait dans les forces et les ressources de la pauvre femme qui n'ouvrait même plus les yeux. Peut-être qu'en cette heure, personne ne devrait rouvrir les yeux le matin, car il n'y avait rien d'autre à voir que des ruines, du sang si toutefois vous arrivez à trouver du feu pour vous éclairez en pleine journée assombrie par les cendres du ciel.
La petite Eyja, sage, écoutant ses parents et les ordres du chef de groupe, rationnant nourriture et eau en évitant de faire du bruit pour laisser les autres personnes dormir, voyait petit à petit sa mère mourir. Au début il ne s'agissait que d'une toux et d'une fatigue sévères, mais très vite, la mère Jörd perdait régulièrement connaissance, régurgitait tout ce qu'elle mangeait et n'avait donc plus le droit à une miette de nourriture malgré les protestations agressives de sa famille. La mort de sa mère provoqua chez la petite Elfe une certaine antipathie envers les habitants qui n'avaient rien pu faire pour aider la femme malade. Cette présence manquante se reflétait chez l’adolescente par cette antipathie et une certaine arrogance naissante vis-à-vis des autres personnes présentes autour d’elle. Quelques petites années plus tard à peine, son père, célèbre dans la région de part son poste de chef de guerre dût s’en aller aider et secourir les autres nations qui avaient déclaré une paix générale pour la survie des êtres toujours vivants mais dont l’espoir de survie s’amenuisait au fil d’une catastrophe qui brisait petit à petit l’humanité de par la peur et la terreur emplissant l’âme des meilleurs combattants démunis face à la nature.
Sans père, sans mère, l’adolescente était le désir des regards pervers et voraces des hommes trop forts pour elle, observant de bas en haut la frêle personne solitaire reclus dans un coin de cette cave. Elle s’en était d’ailleurs rapidement fait jetée comme la dernière des bons à rien, seul son nom de famille lui servait encore de protection face aux gens ne pensant qu’à abuser d’une gamine. Mais la plupart d’entre eux ne voyait que le sexe en elle et ne faisaient pas attention à sa race, race qui au final lui permettait certes d’être plus jeune physiquement, mais plus vieille également. Ayant à ce moment une centaine d’années de vie derrière elle pour une bonne vingtaine d’entrainement à l’épée avec son père, bien que jeune, elle n’en restait pas moins une prédatrice. Déambulant dans les rues de la ville en ruine, seuls les fous, les affamés et les pauvres rodaient dans les ruines de la cité. Bien de ces gens ne connaissaient pas le titre de l’Elfe, et bien d’entre eux essayaient de charmer la petite sans néanmoins la traîner de force. Il n’y a qu’un soir, une nuit pourtant calme bien que légèrement pluvieuse où une troupe de brigands tomba sur la jeune blonde. Ricanant de leurs pensées perverses et fourbes, les quatre voleurs agrippèrent Eyja d’une force et d’une agressivité nettement supérieur à la petite qui ne pouvait ni crier, ni se battre, ni voir. Trainée de force dans un vieux cachot tel un objet répugnant qui servirait à plus tard. Les journées passaient dans la recherche du moindre confort sur ce sol de pierres qui commençait à déchirer la peau pâle et fragile de la blonde. Quelques jours passèrent sans nouvelles, affamée et déshydratée, cette dernière tomba de plein fouet après une dernière et vaine tentative de briser les barreaux qui la séparaient de la liberté.
Tirée de force de son sommeil par les mains géantes et fortes des voleurs, Eyja se réveilla dans une salle, attachée à une chaise par des liens solides qui brûlaient et marquaient la peau écorchée de l’Elfe. Seule dans la salle, il n’y avait qu’à prier pour un miracle, et ce dernier apparût. Une présence irréelle semblait avoir apparu derrière la prisonnière, Leineichte dénouait ses liens jusqu’à les laisser tomber au sol. Depuis cet instant fort, Eyja ne cessera plus de croire en cet être qui lui a sauvé la vie. Grâce à lui, elle eu la chance de se cacher, dénichant un poignard sur un bureau, elle attendit sagement l’ennemi approcher. Son être tout entier ne désirait qu’une vengeance, ses prunelles bleutés étaient maculées d’un sang désireux d’une boucherie sans nom, et se glissant dans le dos de son adversaire, la petite enfonça de toutes ses forces sa lame dans la nuque de ce dernier, insistant à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus entendre les craquements d’os réduits en charpie par la rage et sauvagerie qui régnaient désormais en elle. Récoltant alors de quoi survivre quelques jours dans le froid et dans la faim, la petite s’enfuyait de Silena pour se perdre dans la nature sauvage, hostile et ravagée.
Seule pendant près de quarante longues années, Eyja avait grandi. Sa vie d’ermite était arrivée à son terme, la jeune adolescente était devenue une jeune femme cruelle, profiteuse et qui ne réfléchissait pas lorsque sa survie était en jeu. Affrontant des créatures, s’entrainant du mieux possible pour se nourrir dans des endroits ou l’air manquait et qui étaient remplacés par des cendres encore chaudes. Les animaux mourraient à la suite, tombaient de souffrance et de fatigue pour se laisser achever et dévorer par une jeune femme avide de puissance. La blonde était finalement décidée à revenir à la civilisation qui se portait de mieux en mieux grâce à l’aide de toutes les nations. Il était temps de socialiser à nouveau, de récupérer son nom, ses prestiges et son pouvoir oubliés. Intégrant alors à nouveau Silena qui s’était bien reconstruit, la fille Jörd qui était portée disparue et réputée morte franchit alors finalement les portes de sa ville natale. Ville bien plus chaleureuse que lors de sa fuite passée, les gens avaient retrouvé le respect et la sagesse d’avant le début de l’apocalypse, bien que les temps étaient encore dur, l’entre-aide de chacun avait porté ses fruits et tout le monde semblait se rétablir de cette épreuve qui déclinait déjà de sa force.
Dix années plus tard, son père revint finalement de l’entre-aide générale, cet homme autant admiré que réputé dans la région était sorti grandi de cette épreuve. Devenant quelqu’un proche de la vieillesse et ayant gagné une puissante sagesse, il n’arrivait plus à reconnaitre sa fille qui elle, était devenue une femme froide, hautaine, manipulatrice, calculatrice et perverse. L’agression vécue n’était connue que d’elle, et c’est sans aucun doute ce qui lui avait totalement ouvert les yeux sur la nature des êtres vivants peuplant cette terre. Désormais, elle serait aussi perfide qu’eux.