- Citation :
- "Il est devenu un jeune homme aux capacités développées par sa vie à la dur, ne craignant rien ni personne."
Raconte nous l'évolution de ton personnage au fil des âges, et comment il a su résister seul dans un environnement aussi hostile.
« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps. »
Lorsque Neriel arriva en ville, accompagné de son Frère, il avait triste allure. Débraillé par sa course, gelé et transit de fatigue. Il ne comprenait pas. Il était incapable de mettre un mot sur ce qui venait d’arriver. La veille, à la même heure, il était en train de manger une soupe chaude au coin du feu. Aujourd’hui, il se retrouvait seul dans le froid avec Filin, sans argent et dans une ville qu’il ne connaissait pas. Pourtant, ces soucis paraissaient bien maigres à côté de ce qui revenait sans cesse défiler devant ses yeux. Sa mère, agenouillée devant lui, lui parlant d’une voix douce et mélodieuse. Lui intimant de partir. La larme qui avait roulé sur sa joue lorsqu’elle avait refermé la porte. Les éclats de voix, et les meubles renversés. Et puis la course avec Filin et Elion, et la silhouette de ce dernier qui disparaissait dans le noir pour ne plus jamais réapparaître. Comment était-ce possible ? Comment tout cela avait-il pu changer aussi brutalement ? Neriel priait de toutes ses forces pour que ce ne soit qu’un cauchemar. Un horrible cauchemar, dont il sortirait au réveil.
La dure réalité le rappela à l’ordre le lendemain matin, lorsqu’une crampe vrilla son estomac désespérément vide. Avec Filin, ils avaient dormi à l’abri de quelques marches de pierres, qui n’avaient rien de comparables avec leurs lits douillets. Mais désormais, le jour était levé, et Neriel n’avait pas à se rendormir tant il avait faim. Mais il réalisa bien vite qu’il n’avait pas de quoi manger. Quand son frère fut réveillé, ils se mirent donc en quête d’un petit quelque chose à se mettre sous la dent, suivant les quelques passants qu’ils croisèrent pour se rendre sur les places les plus populaires. Là, ils s’assirent contre un mur, et attendirent. Quelques pièces leur furent donné, mais pas de quoi se nourrir. Une larme roula sur la joue du petit garçon, qui l’effaça bien vite. Il avait promis d’être fort. Mais c’était difficile.
« Tout est changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n'est pas encore. »
Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il remarqua la petite silhouette crasseuse qui les observait, caché à l’angle d’un mur. Quand elle vit que Neriel l’avait vu, elle lui fit un petit signe de la main. Le petit garçon hésita un instant, sa mère lui ayant appris à ne jamais se fier aux inconnus, mais son estomac tiraillé par la faim et la curiosité finirent par l’emporter. Donnant un coup de coude à Filin, il se leva et rejoignit discrètement l’enfant qui les attendait. Celui-ci les mena un peu plus loin, avant de s’arrêter. Il commença par se présenter – il s’appelait Galaad – avant de leur tendre à chacun à morceau de pain. Ce n’était pas grand-chose, mais Neriel et Filin avaient tellement faim qu’ils auraient pu avaler n’importe quoi. Galaad leur expliqua ensuite qui il était, et ce qu’il faisait, leur parlant d’un petit groupe d’enfant orphelins ou maltraités qui s’étaient regroupés pour se soutenir dans la misère. Filin, qui ne supportait pas la solitude, supplia son frère, qui ne fut pas long à accepter, lui non plus
Ce fut ainsi que les deux petits garçons commencèrent leur vie miséreuse dans les ruelles sombres de Him'néa. Ils apprirent les rudiments d’une survie nécessaire, apprenant à mendier, à arborer des mines déconfites et attristées pour attendrir les passants. Petit à petit, les vestiges de leur vie – qui paraissait bien luxueuse désormais – s’effacèrent, laissant place à une vie rythmée par les évènements quotidiens. Une vie au jour le jour, sans prévoir le lendemain. Une vie où Neriel apprit à subir la faim et le froid sans broncher, à s’endurcir, et à cacher ses émotions. Les pleurs et les chagrins n’avaient pas leurs places ici, dans ce monde où chacun avaient des soucis. Les autres enfants n’étaient pas plus chanceux qu’eux. Certains avaient même connus bien pire. Pourtant, aucun d’eux ne se plaignaient. Ils se soutenaient, c’était suffisant. Pas besoin d’alourdir le fardeau des autres avec ses soucis personnels. Filin et Neriel avaient, eux, la chance d’avoir un frère à qui parler, avec qui partager, mais ce n’était pas le cas de tout le monde, et voulant renforcer leurs liens avec les autres, ils apprirent à ne plus se confier l’un à l’autre. Ils se refermèrent dans leurs coquilles, Neriel plus que Filin. Il était plus jeune, mais l’âge n’avait pas non plus d’importance dans ce milieu hostile, et son jeune âge ne lui donnait aucun avantage. Il devait gagner sa survie, comme les autres.
Il apprit à voler. Non par désir, mais par nécessité. Il se refusa à le faire, jusqu’à ne plus avoir le choix. C’était ça, ou mourir de faim. Même Filin avait déjà commencé à voler. C’était dangereux et terriblement risqué, mais c’était sa dernière chance de s’en sortir. Il apprit les ficelles auprès des quelques jeunes plus âgés et plus expérimentés. Sa première rapine eut lieu dans un quartier désert, auprès d’un étal crasseux tenu par un marchand peu vigilant. La satisfaction d’avoir obtenu sa nourriture par ses propres moyens fut telle que son met lui parut délicieux. Alors il recommença le lendemain, et le surlendemain. Puis tous les jours, allant même jusqu’à laisser Filin mendier tandis que lui s’en allait voler quelques menus butins. Ce fut d’abord uniquement ce qui était vital. De quoi se nourrir, et parfois un vêtement quelconque. Et puis, au fur et à mesure, il prit de l’assurance, se faisant plus agile et plus doué, développant des techniques ingénieuse pour arriver à ses fins lorsqu’il était face à une impasse. En grandissant, il acquit un sens de l’observation et une vivacité d’esprit que Filin ne développa pas, se contentant de voler de maigres choses. Neriel, lui, visait de plus en plus haut. Il commença même à voler des choses accessoires, de petits couteaux, une nouvelle ceinture, des mets bien plus savoureux… Chacun de ses vols était réfléchi et parfaitement préparé. Il ne brusquait jamais les choses. De ce fait, les échecs se faisaient rares. Et lorsque que – par malheur – il se faisait attraper, il jouait la comédie comme on le lui avait appris, gémissant qu’il volait pour son frère malade ou que ses parents n’avaient pas de quoi les nourrir, lui et son frère. Et alors, Filin apparaissait, tantôt recroquevillé dans un coin en sanglotant, tantôt à moitié mort appuyé contre un mur. Cela marchait le plus souvent. Parfois, un passant compréhensif et généreux acceptait de payer sa rapine. Et parfois, il devait s’enfuir à toutes jambes pour semer le commerçant furieux ou les passants témoins du vol. Il avait comme avantage une parfaite connaissance des ruelles, ce qui lui permettait de semer ses poursuivants. Il développa ainsi une agilité plus que nécessaire dans ses courses poursuites, allant jusqu’à grimper sur des toits ou à sauter de mur en mur pour s’échapper.
« Quand la perte est vengée, on n'a plus rien perdu. »
Neriel grandit ainsi, errant dans les rues. Cependant, ses rapines de plus en plus osées lui permettaient de s’offrir, à lui et Filin, de quoi vivre à peu près convenablement. Le marché noir, plutôt répandu dans la cité, lui offrait la possibilité de revendre le butin de ses vols en échange de quelques pièces, qui lui permettaient alors de s’acheter tout à fait légalement de quoi se vêtir et dormir au chaud. Néanmoins, petit à petit, devant les vols de plus en plus fructueux de Neriel, les autres enfants commencèrent à être un peu jaloux, le laissant un peu à l’écart. Le garçon, qui devenait peu à peu un adolescent rôdé à la dure, n’en tint pas compte. Seul comptait Filin. Ce dernier, d’ailleurs, avait tendance à s’éloigner peu à peu, lui aussi. Il avait beau avoir une vie bien plus convenable que dans leurs débuts à Him'néa, il ne s’adaptait pas bien à la vie dans les rues. Neriel le vit peu à peu prendre le large par rapport à lui. Les disparitions au sein de leur petite communauté n’étaient pas rares, et lorsque Filin disparut à son tour, Neriel ne pleura pas. Il était trop endurcit pour cela. Il avait perdu son frère depuis longtemps, ce dernier se murant dans un silence perpétuel, et refusant d’en sortir. Bien sur, ce fut un coup dur, et le cœur du jeune homme se serra un peu plus, mais son deuil fut vite fait. Seulement, maintenant que Filin n’était plus là, il n’avait plus de raison de rester avec les autres, qui ne l’appréciaient plus beaucoup. Alors il quitta leur quartier, s’éloignant une fois encore de tout ce qui avait construit sa vie.
Mais désormais, Neriel était tout à fait capable de se débrouiller seul. Il était passé maître dans l’Art du Vol, et connaissait la ville comme sa poche. Il commença à se construire sa propre vie, mettant chaque semaines quelques sous de côté, devenant peu à peu un Homme. Grâce à ses réserves, il pu recouvrir une apparence à peu près décente qui lui permis de déambuler un peu partout dans la ville comme n’importe quel habitant. Il ne regrettait plus rien, se contentant de vivre au jour le jour en faisant taire son passé. Lui-même n’avait plus grand-chose à voir avec l’enfant qu’il avait été. Peu à peu, il découvrit une autre facette de cette vie ; la concurrence. Car, enfants, il n’avait guère eu de concurrence dans les bas quartiers, mais désormais, il n’était plus le seul à vouloir obtenir quelques richesses. Et il y eut ses premières véritables bagarres, bien différentes de celles qu’il avait déjà eues avec les autres enfants. Celles-ci étaient violentes et brutales. Elles n’étaient pas « pour de faux ». Ses premières défaites furent rudes et douloureuses. Alors il entreprit de s’entraîner pour ne plus se laisser marcher sur les pieds, et se faire une réputation. Avec sa maigre richesse, il paya un Maître d’Arme assez louche, mais néanmoins doué, pour l’aider. Et il apprit. Soir après soir, semaine après semaine. Il se serrait la ceinture pour pouvoir continuer à payer son sombre professeur. Jusqu’à devenir aussi bon que celui-ci. Cela pris des mois, voir même des années, mais il devînt un excellent bretteur. Les raclées et les défaites ne furent plus pour lui.
« Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel. »
Son expérience et ses capacités au combat se développèrent peu à peu, forgeant son corps et son caractère, le modelant peu à peu. Le jeune homme ne craignait plus rien ni personne. Il se fit peu à peu une réputation dans les bas fonds de la ville, sous le regard envieux de certains malfrats qui tentèrent de le supprimer pour s’accaparer sa réputation et ses richesse. Il commit ses premiers meurtres. Ce fut d’abord un choc, et il se dégoûta. Puis, peu à peu, il comprit que c’était le seul moyen de survivre. Il comprit que c’était lui ou les autres. Il découvrit aussi que les meurtres étaient bien plus intéressants que les vols, qu’ils rapportaient bien plus. Neriel se fit des Ennemis, mais il se fit aussi des Amis. Amis sur lequel il pu compter pour intégrer un vaste réseau. Réseau de malfrats, bien entendu, mais qui recevaient des demandes de nobles ou d’habitants peu scrupuleux, pour diverses missions. Parfois, il s’agissait de dérober un objet de valeur, parfois d’effacer une preuve. Parfois aussi, il s’agissait de supprimer quelqu’un, un témoin ou un rival. Petit à petit, les missions se firent plus nombreuses pour le jeune Homme, chaque succès lui faisant gravir une marche au sein de la hiérarchie. C’est ainsi que sa vie d’enfant fut définitivement enterrée, tandis qu’il se dirigeait à grand pas vers une vie de Vagabond, une vie secrète et cachée.