L’homme encapuchonné se tenait devant lui, droit. Cela faisait un an jour pour jour qu’ils s’étaient rencontrés, alors que celui-ci avait engagé un proche de Léandre afin de l’assassiner sans se salir les mains. L’ancien grand Gladiateur avait déjà dégainé son arme : une lame simple mais très tranchante, déjà usée par plusieurs combats. En repensant à son ami, il serra le manche de son épée si fortement que du sang coula de sa main, tombant à terre sous la forme de goulettes pour finir sur le sol humide du cachot. Il aurait voulu tuer cet individu sur le champ, mais il avait des informations capitales à lui fournir.
« Tu m’as bien entendu. Je ne vais pas te combattre. Je n’ai plus aucune raison de le faire, d’ailleurs ! »
Etait-ce une façon pour lui de déclarer forfait ? Ou bien lui jouait-il un mauvais tour, afin de le poignarder dans le dos et en finir facilement ? Cette dernière solution ne semblait pas envisageable… Oui, pourquoi n’aurait-il pas mit fin à la vie de Léandre plus tôt s’il comptait le tuer sans défi ? C’était insensé !
« Tu dois sans doute te demander pourquoi cette décision ? Je ne vais pas te faire attendre plus longtemps. Le nom de celui qui m’a engagé est Kerns, tu dois connaître vaguement ce nom si je ne me trompes ? »
« Continues. »
« Il est mort, il y a peu. Mon contrat ne tiens donc plus désormais, je n’ai aucune raison de l’honorer. Cependant, j’ai tout de même influencé ta vie, et j’ai beau être une personne fourbe et cruelle, je reconnais avoir commit une faute professionnelle et j’ai envie de t’aider pour rattraper cette faute. »
« Et comment tu comptes t’y prendre ? »
« C’est très simple. Je suppose que tu n’as qu’une envie désormais : savoir pourquoi mon employeur souhaitait t’assassiner ? Tu n’as pas trouvé ca étrange de te réveiller sans savoir qui tu étais, pourquoi tu étais enfermé et surtout, pourquoi tu avais de tels talents pour manier les armes ? L’explication va te paraître tirée par les cheveux, mais tu es mort puis revenu à la vie après avoir sombré pendant de longues années dans le néant. Comment je le sais ? Kerns s’était renseigné préalablement auprès de nécromanciens, et m’a fournit une explication détaillée … »
L’assassin se déplaça lentement autours de Léandre, ne le quittant du regard ne serait-ce l’espace d’une seconde… Il était effrayant, magnifiquement effrayant ! Le mercenaire en tremblait d’excitation … Même après un an, ce type semblait toujours aussi distant de lui, inaccessible !
« C’est beaucoup d’informations à assimiler d’un seul coup, je te l’avoue. Tout est vrai, cependant. »
« Un gars normal ne te croirait pas... » Il remit son épée au fourreau, puis se tourna vers son interlocuteur, le fixant droit dans les yeux. « Si ce que tu dis est vrai, tu dois savoir pourquoi il souhaitait tant ma mort ? J’aimerais savoir qui j’étais dans mon autre vie, pourquoi je suis mort, pourquoi tu m’as laissé la vie sauve il y a un an de cela ? »
« Tu poses beaucoup de questions ! Comme je t’ai dis à l’instant, je vais rattraper mon erreur. La seule chose que je peux faire pour toi est de t’indiquer le chemin à prendre pour obtenir des réponses… Kerns était proche de l’impératrice de Selian, Issendra. Tu pourras sans aucun doutes obtenir des réponses directement de sa personne, mais elle est plutôt difficile à approcher… Il y a un ambassadeur à Selian, si tu parviens à le rencontrer et à le mettre de ton coté, tu pourras approcher l’impératrice. Mais une fois devant cette dernière, tu ne pourras pas reculer… Elle est protégée, très bien protégée. Tu obtiendras ce que tu souhaites, mais tu perdras sans aucun doute la vie. Tu es libre de tes choix, je ne peux pas t’empêcher de faire des erreurs… »
L’ouverture de la porte en fer derrière Léandre vint interrompre la discussion. Plusieurs gardes entrèrent alors subitement, et un autre approcha, deux parchemins à la main. Il les déplia entièrement et on pu apercevoir distinctement deux portraits portant respectivement le nom des deux assassins, ainsi qu’une prime élevée pour les deux têtes. Les deux hommes se croisèrent du regard et, bien avant que le garde n’ait le temps de prononcer un mot, se jetèrent sur lui afin de le projeter au sol et laisser une ouverture vers la sortie. Léandre sortit en premier, mais son compagnon fut arrêté net par un des gorilles en armure qui le retenait fermement par le pied. Il ne se retourna pas, et fonça tête baissée en dehors de l’arène, vers le premier chemin qui s’offrait à lui …
(…)
Plus question de courir. Il leur faisait face désormais, sa meilleure amie à la main, prête à tuer pour lui ! Les gens dans la rue s’étaient réfugiés chez eux, par crainte d’être mêlés à la bataille. La pluie tombait à flots, le sol était boueux, la vision était mauvaise… Quelques petits avantages que Léandre saurait largement exploiter ! Le premier adversaire s’élança sur lui : une attaque frontale aussi stupide qu’inutile, puisque la cible n’eut qu’à se décaler sur le coté et passer sa lame sous son aisselle pour le mettre à terre … Le second eut rapidement rejoint son compagnon, la poitrine ensanglantée, puis un troisième, et un quatrième… La force avec laquelle Léandre frappait ses adversaires lui provoquait des douleurs dans le bras, tandis que des questions trottaient dans sa tête à vive allure…
Il n’arrivait pas à retenir ses coups ! Du sang se mélangeait à la pluie continuellement, la terre en était imbibée peu importe ou l’on posait son regard ! Il fallait partir maintenant, avant que d’autres n’arrivent ! Mais alors qu’il se retournait pour s’enfuir, un couteau passa à quelques centimètres de son œil, laissant une balafre sanglante sur son beau visage … Il leva la tête et aperçut un énième Garde perché sur un toit.
« J’en peux plus… J’en peux vraiment plus ! Foutez … Moi la paix, bande de cons ! »
Dans un mouvement précis et rapide, il ramassa à terre le couteau jeté quelques secondes auparavant, le lança habilement sur son dernier adversaire qui chuta d’une hauteur mortelle, et trancha littéralement celui-ci en vol, éclaboussant à plusieurs mètres les pavés au sol ainsi que la dernière personne présente dans ces lieux excepté lui-même … Son arme tomba à terre dans un bruit sourd et ses muscles se relâchèrent complètement, tandis que ses cheveux venait cacher légèrement ses yeux. La pluie continuait à tomber, mais la femme devant lui n'en semblait pas gênée...
[HrP : Excuses moi si le début n'est pas passionnant, mais je devais caser cette rencontre dans un RP ! =)]