16 de Dennarès 114

Me voilà l'océan ! Je cours vers toi ! Prête à t'enlacer totalement ! Je vais enfin quitter cette ville de malheur pour devenir enfin libre sur tes eaux. Je frappe tout ceux qui me séparent de toi. Les poussant simplement au sol ou les dégageant vigoureusement à coups de poings, de coudes ou même avec le manche de ma lance. Rien ! Absolument rien ne m'empêchera de t'atteindre ! D'une main, j'essuyais une larme solitaire avant de nettoyer le filet de sang au coin de mes lèvres. Quel enfoiré de père ! C'était la dernière fois que je l'appelais comme ça.

Traversant les innombrables ruelles malfamées du quartier, j'arrivais finalement près du port, et ça ce voyait. Les maisons était un peu moins délabrés mais paradoxalement elles n'abritaient pas que des gens, certaines servaient d'entrepôtsd de fortune pour les jeunes commerçants ou les pêcheurs. De multiples odeurs émanaient de ces bâtisses. Allant du poisson grillé au parfums entêtants des teintures de vêtements. C'était le quartier aux milles saveurs que je parcourais depuis mon enfance pour y prendre de quoi me vêtir et, plus souvent, de quoi manger. Mais aujourd'hui, je lui faisais mes adieux ! Je faisais mes adieux à tout ça, toute cette vie de misère, de souffrances. La liberté me tend les bras et je vais l'enlacer le plus tendrement du monde comme un amant.

Emergeant de ce quartier aux senteurs exquises, je courais le long d'une rue large qui montait, montait, c'était une colline mais la ville s'étendait quand même dessus. Arrivée en haut, ça descendait très logiquement. Mais ça descendait vers ce que je voulais voir depuis le début. L'océan ! L'immensité bleu qui se prolongeait à n'en plus finir ! Sa puissance était infinie, ainsi que son charme. Tant de choses à découvrir par delà ses eaux ! La liberté me tant les bras !!!

Mais revenons sur Terre quelques minutes... Il me faut un bateau pour quitter cet endroit de malheur... Je balaye le quai du regard, à la recherche d'un navire sur lequel je pourrais voguer sans avoir honte. Je comptais bien en prendre un par la force, ça serait pas compliqué...

Sur le quai, je remarquais finalement un petit navire. Un seul mât, frêle mais discret et puis il devait pas être compliqué à dirigé.

C'est ce navire que j'allais prendre ! Je courais vite car la route était une légère pente. Continuant d'écarter tout ce qui pouvait me séparer du bateau. Je crois même qu'un enfant s'est dévié de ma route sous la puissance de mon coude. Je devrais pas être fier... Mais je m'en fiche ! Ce navire serait mien, je l'avais décidé !

Finalement arrivée sur le quai, devant lui, je pouvais voir son équipage s'affairer à charger une grande cargaison, sûrement des provisions. Rapidement, ils passèrent tous la passerelle et celle-ci fut ramener à bord.

- Merde ! Je peux pas louper une occasion pareille !

Je pris mon élan avant de courir vers le quai et de bondir sur la passerelle. Mon poids soudain devait surprendre les marins qui la retiraient parce qu'elle commença à plier et à tomber.

- Merde !!

Affichant une grimace de concentration, je pris appuie sur l'un des barreaux avant de bondir une nouvelle fois. J'étais presque en haut de la passerelle qui se dérobait et tombait peu à peu dans l'eau. Un dernier bond et j'atterris sur le bateau. Reprenant bruyamment mon souffle, je relevais ensuite la tête pour voir les deux idiots qui avaient lâchés la passerelle.

- Mais z'êtes complètement dingue ou quoi ?! J'ai failli tomber dans l'eau par vot'faute !!

L'un d'eux répliqua.

- Mais t'as pas à être sur le bateau ! Dégage d'ici !

En un instant, la pointe de ma lance vint titiller son cou.

- Je dégage si j'veux d'abord !

Cependant, j'entendis les innombrables crissements qui signifiaient que tous les hommes présents sur le pont avaient pris les armes et étaient prêts à me sauter dessus pour m'éventrer. Je balayais le pont du regard. Effectivement, j'étais dans la mouise... Que faire.

- Attrapez-là !!!

Je me défendis comme j'ai pus mais bien vite, le nombre me submergea. Je fis quand même quelques blessés, j'étais satisfaite. Quelques minutes plus tard, me voilà attachée au mat avec des liens tellement serrés que le sang ne circulait presque plus dans mes doigts. Je me débattais et leur criais dessus pour qu'il me libère. L'un d'eux dardait sur moi son regard fier et hautain.

- Attends toi ! le capitaine sera ravi de t'éventrer lui-même ! Hahaha !

Tout ces porcs riaient ensemble... je ne pouvais pas en supporter davantage. Je crachais au visage du coq. Cela ne lui a pas plus visiblement, et il me frappa le visage de toute sa force. Je crachais du sang mais ce n'était pas grave, ça passerait. Au bout de quelques minutes, l'équipage indiqua que leur navire amiral était en vue. Je ne pouvais pas le voir mais je profitais de ce petit moment de répit pour insister sur mes liens afin de les détacher. Mission accomplie ! Je comptais bien faire passer tout ces gueux par dessus la rambarde mais je fus stopper en voyant le navire qu'ils désignaient.

Un trois-mâts des plus imposants, des plus beaux et des plus effrayants ! Ses voiles couleur de sang qui étendaient leurs ombres immense sur l'eau, la privant ainsi de soleil et d'espoir. Sa coque peinte et repeinte montrait le grand âge du navire ainsi que sa résistance. La chape de brouillard qui l'entourait lui donnait un aire d'outre-tombe. Devant ce colosse se tenait une femme en or, au sens propre ! La proue du navire était une femme magnifique qui sonnait un clairon qui devait être des plus macabres. Des rangées de canons menaçants trônaient sur ses flancs. J'avais devant moi le navire le plus fringuant sur lequel je pouvais aller ! Il y avait là mon futur bateau ! C'est lui que j'allais voler !

L'équipage était toujours en train de regarder l'imposante frégate tandis que moi je rapprochais, sans faire de bruit, ma lance du mat et je me remis en place comme si j'étais attachée. Enfin arrivé au niveau du navire, l'équipage plaça la passerelle et c'est là que j'intervins. Je bondis pour me relever et je bousculais les marins qui se trouvaient sur la passerelle avant de me jeter sur le pont de l'autre bateau. L'homme qui m'avait craché dessus quelques minutes avant montait la passerelle pour m'étriper d'un coup d'épée. Avec rapidité, je me retournais pour lui donner un coup de manche en métal sur les côtes et le faire ainsi tomber dans l'eau.

- Ça c'est pour m'avoir craché dessus !

Malheureusement, je me trouvais maintenant dans la même situation que tout à l'heure. Des dizaines de lames étaient pointés sur moi... Quelle brève vie... et bien pourrie avec ça ! Mais je ne mourrais pas sans combattre !

Du rhum, des femmes et d'la bière nom de dieu
Un accordéon pour valser tant qu'on veut
Du rhum des femmes c'est ça qui rend heureux
Qu'la mort nous emporte on n'a rien trouvé d'mieux
Oh oh oh oh on n'a rien trouvé d'mieux !

Malgré les chants tonitruants qui s’enchaînaient sur le pont, le capitaine restait ancré profondément dans ses pensées, à l'intérieur de sa vaste cabine. Balayant les cendres qui tombaient depuis le bout de son cigare sur la carte qu'il étudiait, Feygor se remit à chercher la route maritime la plus directe pour Sen'tsura où l'attendait une mission de la plus haute importance. Une dizaine de jours seraient nécessaires pour réaliser ce voyage et récupérer un « colis » assez particulier qu'il lui faudrait par la suite amener jusqu'en Adhès en espérant que la récompense soit à la hauteur, même pour Nayris ses services ne sont pas gratuits bien que son navire soit baptisé en son honneur.

Caffran -son cartographe- avait déjà établi deux trajets possibles selon l'approche de la capitale qu'il choisirait, mais quoi qu'il arrive, il s'en suivrait de plusieurs dizaines d'heures à cheval qui agaçaient déjà le capitaine. Loin des océans, de la bénédiction d'Azuria et de son navire, tout cela dans la gueule de l'empire, au nez et à la barbe des démons qui vivent sur ce maudit continent. Il abordait en général ce genre de service avec joie et beaucoup d'envie mais quelque chose lui disait que ça ne pouvait que mal tourner, et que ça allait mal tourner. Qu'importait, il avait accepté, et il accomplirait sa tâche coûte que coûte et que cela l'enchante ou non. Ils partiraient d'ici quelques heures, dès que les hommes envoyés à bord du canot à voile reviendraient avec les vivres indispensables à la traversée, céréales, eau potable, rhum et quelques poules ne seraient pas de refus pour un tel périple à travers le détroit.

Jouant négligemment avec les quelques perles qui pendaient accrochées à une des mèches de ses cheveux brun en tintant mélodieusement, le capitaine convint que la meilleure approche s'opérerait par le sud quand un cri suivi d'un bref « plouf » venant du pont le tira de ses songes. Visiblement irrité par tout type d’événements imprévus, Feygor lâcha un profond soupir en saisissant son tricorne qu'il coiffa par dessus son bandana écarlate qui couvrait en partie sa chevelure.

Émergeant de sa cabine par la double porte qui se trouvait sur le balcon intermédiaire, juste sous la barre qui trônait au sommet du gaillard arrière, Statch resta inaperçu jusqu'à ce que d'un geste du dos de la main, il pousse l'arbalète que tenait une des femmes de l'équipage dont le tir se perdit dans l'océan, juste au-dessus de la tête de l'intruse à bord. S'apprêtant à corriger l'abruti qui lui avait fait rater son tir, la pirate se ravisa en notant que l'homme en question se trouvait être le capitaine. Lorsque l'équipage nota sa présence, les armes se baissèrent, les injures qui fusaient à l'encontre de Sophiane se turent et chacun tourna la tête vers la sombre silhouette sans relâcher leurs intentions meurtrières envers la femme aux cheveux roses.

Du haut de son mètre quatre-vingt dix, le capitaine avait de quoi être intimidant. Son manteau sombre balancé allègrement par la brise au même rythme que les lambeaux de tissu qui pendaient à l'arrière de son foulard vermeil lui donnait presque un air de souverain tout puissant alors qu'il se penchait sur la barrière qui séparait le gaillard du reste du navire. Il parcourait l'assemblé s'étendant à ses pieds de son regard sombre et glaçant qui s'arrêta sur un visage qui lui était inconnu. Un visage jeune et vif bien que visiblement abîmé par quelques coups, encadré par une chevelure rosâtre étrange au milieu duquel trônait un sourire incongru que Feygor lui rendit sans perdre de sa contenance. C'était une attitude bien prétentieuse au vu de sa situation périlleuse, à bord d'un navire dont l'équipage tout entier voulait sa peau. Le sursis dont elle profitait n'était dû qu'à l'arrivée inattendue de l'unique maître à bord dont la curiosité avait été piquée à vif pour une raison quelconque. Son visage fut éclairé l'espace d'un instant alors qu'il portait à incandescence le cigare qui pendait à ses lèvres dont la fumé fut dispersée par la brise lorsqu'il prit la parole de sa voix rauque et si singulière :

« Depuis quand on embroche aussi sauvagement les bêtes sauvages qui se présentent à nous ? » Demanda t-il à la porteuse de l'arbalète, laquelle se faisait toute petite afin d'échapper aux remontrances de Statch.

« Capitaine ! L’interpella un gnoll parmi la masse que l'intéressé reconnu comme le maître d'abordage. Je réclame la tête de cette garce. »

Irrité par l'intervention de l'opportun, Feygor afficha un rictus agacé avant de reprendre la parole :

« Chaque chose en son temps. Laisse d'abord mademoiselle se présenter, veux-tu ? »

La façon dont Statch avait annoncé cela indiquait qu'il ne s'agissait pas d'une véritable question et que le contredire n'était pas la meilleur des choses à faire, un sous-entendu que le gnoll comprit aisément, retournant comme chacun des pirates de l'assemblée son attention sur la jeune femme qui se trouvait être le centre de la discussion.

Tenant mon arme des deux mains, j'étais prête à me sortir du pétrin en éventrant, frappant, tuant tous ceux qui auraient la bêtise de m'attaquer ! Mon sourire carnassié ne me quittait plus désormais. Le sang allait couler et je jubilais à cette idée. Devant moi, des tas d'abrutis, des humains et.... et d'autres trucs, se préparaient à me sauter dessus et un carreau d'arbalète frôla même ma tête. L'adrénaline monta d'un coup et je levais les yeux vers le lâche qui avait essayer de m'abattre. L'impudent se trouvait être une femme, mais elle sortit bien vite de mon esprit lorsque je vis l'homme qui se tenait à ses côtés. Prêt de la rambarde à quelques mètres au-dessus de nous, sa stature naturellement massive était renforcée par son long manteau couleur ébène, son cache œil aussi pourpre que les voiles du navire et sa coiffe assez étrange. Son ombre se mouvait au sol, près de nous, comme un esprit funeste. Pas de doutes, c'était lui le capitaine de ce fringuant navire, c'était lui que j'allais devoir tuer pour devenir libre.

- Depuis quand on embroche aussi sauvagement les bêtes sauvages qui se présentent à nous ?

Bêtes sauvages ! Mais il s'est vu ce sanglier ! Remarque... il fait pas trop mâle virile avec tous ses bijoux clinquants, une vraie gonzesse ! C'est alors qu'un... gneugneuhumain prit la parole.

- Capitaine ! Je réclame la tête de cette garce.

Mais c'est quoi ce ramassis d'abrutis ! Je vais éventrer le prochain qui me traite de garce ! Je dardais sur lui un regard des plus explosifs. Prêt à l'étriper de mes mains si il ouvrait encore sa gueule ! Parce que oui ! C'est pas une bouche qu'il avait c'te drôle d'animal ! Heureusement, quand le capitaine reprit le flambeau de la conversation, ça me calma un peu. Ça voix ne me faisait pas saigner les oreilles au moins.

- Chaque chose en son temps. Laisse d'abord mademoiselle se présenter, veux-tu ?

Quelle galanterie ! Il veut quoi, que je le remercie ? Enfin... autant lui répondre. Je pointais ma lance dans sa direction avant de pouvoir enfin l'ouvrir.

- Moi c'est Sophiane. C'est toi le capitaine de c'bateau ?! Je te tire mon chapeau, c'est un fringuant navire ! Et c'est pour ça que...

Je marquais une légère pause pour bien savourer mes prochains mots qui, je le savais au fond de moi, pouvaient très bien être mes derniers.

- ... C'est pour ça que tu vas m'le donner !

Mieux qu'un ordre, ces mots déclenchèrent une vague de cris, d'injures, de projectiles lancés sur ma personne. Je m'étais mis dans une belle merde en montant sur ce bateau, autant y aller franchement. De mes bras, je me défendais contre les différents projectiles que l'équipage me lançait. On entendait certains sortir leur sabre et se préparer à se jeter sur moi. Mais malgré toute cette agitation, mon regard ne quittait pas les yeux du capitaine. On avait le même sourire. Quel bel imitateur !

Les réactions suite aux déclarations de celle qui se prénommait Sophiane furent partagées et diversifiées. Il y avait les membres plutôt récents, les bleus, ceux qui n'étaient pas encore accoutumé à l'esprit de l'équipage. Ces dernier pestaient, huaient et lançaient ce qui leur passait sous la mains vers l'aventurière qui allait certainement passer un sale quart d'heure. Et puis il y avait les vétérans, ceux qui suivaient l'attitude du capitaine qui riait aux éclats en prenant cette déclaration comme une vaine plaisanterie d'une condamnée. Ceux qui s'étaient fait un nom dans le clan des Varounds n'avaient en général à peine la prétention de se voir offrir un duel, croiser le fer avec Feygor pour prendre sa place et y laisser sa tête, et se présentait alors cette arriviste qui se croyait capable de défier l'homme qui dirigeait ce clan depuis près d'un siècle ?

« Je te trouve bien prétentieuse Sophiane, n'aurais-tu pas les yeux plus gros que le ventre ? » lui demanda t-il en reprenant ce même ton bienveillant contrasté par ce sourire qu'il calquait sur son interlocutrice.

Malgré sa position des plus défavorables, le jeune femme ne perdait aucunement son aplomb et restait sûr d'elle, ça ne faisait que renforcer l'intérêt que Statch lui accordait. Intrigante et sauvage, il avait envie de savoir ce qui la rendait si orgueilleuse, voir ce qu'elle valait avec cette arme qu'elle brandissait si fièrement.

« Bien, bien... coupa le capitaine, interrompant toute discussion sur le navire à bord duquel régna donc un silence mortel. Maître d'abordage, tu voulais te mesurer à elle ? Faites place ! » ordonna t-il alors.

Rapidement tout les pirates s'écartèrent, laissant un long et large couloir traversant le Clairon de Nayris d'un bord à l'autre à la disposition du gnoll et de Sophiane qui devait s'apprêter à un combat à mort. Le maître d'abordage du navire était une créature au diapason de la race à laquelle il appartenait, massif, élancé et cruel à souhait. Il magnait une imposante hache pouvant être aussi bien utilisée à deux mains qu'avec une seule et dont le tranchant n'était plus à prouver. Il montrait ses canines acéré à s'approchant d'une démarche dont l’orgueil ne trouvait d'égale que dans son adversaire.

« Les règles sont claires, énonça Statch pour la conquérante qui ne les connaissait pas encore. Seule la mort met fin au duel et le gagnant remporte les possessions ainsi que le poste du perdant. »

Le maître des lieux allait observer le combat avec intérêt, il n'avait aucune sympathie pour le gnoll, et ce duel pouvait être l'occasion de s'en débarrasser sans évoquer les protestations des autres matelots de son espèce. Il pourrait toujours éliminer la prétentieuse lui même par la suite. Si la-dite Sophiane venait à perdre, soit, il se débarrasserait du gêneur lui même.

Après vérification, tous n'étaient pas en colère contre moi. Y'en avait certains qui... riaient ! Attends... il se fiche de moi ! Attendez un peu que j'vous étripe... là on verra qui rigole ! En attendant, le capitaine est des leurs, à rire comme une baleine sur son piédestal.

- Je te trouve bien prétentieuse Sophiane, n'aurais-tu pas les yeux plus gros que le ventre ?

- Mes yeux j'en fais c'que j'veux !

- Bien, bien... Maître d'abordage, tu voulais te mesurer à elle ? Faites place !

Même pas le temps de dire quoi que ce soit, en quelques minutes, l'équipage avait dessiné un couloir qui traversait le pont du navire horizontalement. Le crétin pas humain se plaça de l'autre côté alors que moi, je ne bougeais pas de là où j'étais. Un sourire qui mêlait l'envie de sang et la satisfaction apparut sur mon visage pour ne plus en bouger.

- Les règles sont claires, seule la mort met fin au duel et le gagnant remporte les possessions ainsi que le poste du perdant.

Mon sourire s'élargissait, j'avais l'occasion de m'en sortir vivante en étripant une seule de ces lopettes poilues. Malgré son gros gabarit, il ne m'intimidait aucunement. J'étais plutôt concentrée sur la hache qu'il maniait. Je devais à tout prix éviter le contact direct entre nos deux armes. La sienne détruirait ma lance en deux temps trois mouvement. Il fallait la jouer rapidité et adresse. Heureusement pour moi, le mastodonte n'avait pas l'air d'être quelqu'un de très malin ni de très rapide.

Dans un grognement bestial, il lança le premier assaut. Me chargeant rapidement, le tranchant de sa hache en bas de son corps, prêt à le remonter en diagonale pour me couper en deux et briser mon éventuelle garde. Une technique qui privilégiait la force et la sécurité. De mon côté, je le chargeais aussi mais ma position était bien différente. J'avais les jambes fléchies, de sorte que j'étais presque au ras du sol. Ma lance pointée vers l'avant. S'attendant peut-être à assaut frontal, la bestiole ne changea pas de position et quand nous fûmes assez près l'un de l'autre, il essaya de me trancher en deux à l'horizontal. D'une vive roulade, je passais entre ses jambes et arrivais dans son dos. Pas le temps qu'il se retourne que ma lance s'était déjà abattue sur son épaule droite. Dans un rugissement, son coude vint rencontrer ma tête et je fut projetée presque au bout du couloir, mais encore debout. Les marins criaient autour, nombreux étaient pour l'animal, mais certains se contentaient de regarder sans dire mot, le capitaine y comprit.

Mon adversaire ne pouvait plus tenir sa hache correctement désormais. Il dégaina donc un sabre qu'il portait à sa ceinture. Une arme qu'il pouvait manier de sa main gauche. Avec ça, je pouvais me laisser aller à une attaque de front. Une seconde charge et la lame de son arme vint rencontrer le manche de la mienne. C'était un combat de force que je n'étais pas sûr de gagner. Je commençais à reculer sous sa vigueur, je devais rompre le contact au plus vite. Dans un gracieux mouvement, je laissais sa lame glisser rapidement sur le manche de la lance dans une gerbe d'étincelle. Surpris, mon adversaire manqua de trébucher en passant derrière moi. C'était l'occasion de terminer ce duel. Un immense sourire plus inquiétant que jamais traversa mon visage quand je fis tourner ma lance dans les airs pour, au passage, sectionner la gorge de mon adversaire qui se retournait. Il écarquilla les yeux et aucun son ne sortit de sa gorge tranchée avant de s'écrouler dans une flaque de sang.

Un silence de mort s'en suivit. J'avais gagner le duel et donc toutes les possessions du vaincu. Je regardais d'un air hautain le corps de mon adversaire.

- Voilà ce qu'elle te dit la garce. Les faibles doivent se taire.

Mon regard se porta à nouveau sur la capitaine, mon éternel sourire plaqué sur la face. Si j'avais bien compris, le truc que je venais de tuer était le Maître d'abordage. Maintenant qu'il était mort, je prenais sa place... Et si je m'amusait un peu...

- Si c'était ça ton Maître d'abordage je te plains ! Ça doit pas être facile d'avoir des incompétents dans son équipage ! Si tu veux, je veux bien remonter le niveau en prenant sa place ! C'était bien ça le deal non ?

Entrer dans son équipage n'était pas une mauvaise chose. Il me semblait que c'était loin d'être un abruti. Et puis... évitons d'essayer de mourir pour une fois...

Sophiane était véritablement une combattante admirable. Statch savait déceler ce genre de chose après avoir vu des dizaines de dizaine de combattants défiler sous son sabre. Ses appuis -bien que maladroits et indubitablement terrestres- avaient cette assurance que l'on retrouvait dans l'attitude de la jeune femme. Elle maniait son arme avec aisance, tirant profit de son allonge phénoménal qu'elle alliait à une agilité impressionnante à laquelle il fallait s'attendre d'après la silhouette de la combattante. Elle glissait sans peine entre les passes d'arme malhabiles du gnoll qui était pourtant reconnu comme l'un des meilleurs combattants de l'équipage. Sa force brute et ses attaques d'une puissance phénoménale capables de trancher un orc en deux n'avaient pas la même efficacité lors qu'elles ne fendaient que l'air.

Le capitaine gardait une attitude neutre face au combat, majoritairement imité par ses officiers et les orcs de l'équipage qui n’appréciaient pas du tout le gnoll prétentieux qui combattait, et nombreux espéraient sa chute, qu'importe qui le remplacerait. Le combat semblait bien parti pour la compétitrice dont l’orgueil bouillonnait sans se cacher. L'ultime passe d'arme entre les deux combattant fut un coup de poker d'une précision chirurgical qui s'acheva dans le sang et le silence complet qui fut brisé par celle qui était victorieuse. D'une attaque magistrale elle avait mit fin à la misérable insistance du perturbateur qui commençait à devenir gênant, et c'était un service que Feygor était prêt à récompenser. Empruntant l'escalier de droite qui menait sur le pont, le pirate se débarrassa de son cigare par dessus bord avant d'adresser la parole à Sophiane, en gardant le même sourire sur les lèvres.

« C'était le Deal en effet, félicitation Maître d'abordage. J'espère que tu seras plus compétant que le dernier, ou tu sais ce qui t'attends. »

Se dirigeant alors vers l'autre accès qui menait à sa cabine situé entre les deux escalier menant vers les balcons du gaillard, il se retourna quand il arriva à l'arche pour s'adresser à l'équipage.

« Malakai, Caffran, à la barre. Vous connaissez notre destination. Sophiane, un verre pour célébrer votre victoire ? » l'invita t-il en pénétrant dans sa cabine, laissant les portes ouvertes derrière lui.

Il fallait descendre deux petite marche après l'entrée pour arriver sur le planché de la pièce époustouflante. Extrêmement vaste et richement décorée, la première chose attirant le regard était cet imposant vitrail à demi transparent qui tapissait le mur du fond, représentant clairement toute la beauté mortelle d'une sirène trônant sur un rocher sombre armée d'un trident et dont le regard malicieux pouvait laisser perplexe. Juste devant cette œuvre, un imposant bureau en bois sombre et le fauteuil du capitaine juste derrière, faisant face à une paire de chaises de l'autre coté du meuble. Sur les parois latérales on pouvait admirer divers armoires, bibliothèques et peintures resplendissantes ainsi qu'un fin colimaçon d'acier qui menait quelques deux mètres plus haut sur un entresol occupant la moitié de la surface du bureau et abritant les quartier privés du capitaine.

Sophiane devra se contenter de l'étage inférieur car le maître des lieux s’affala dans son précieux fauteuil depuis lequel il remplit deux verres tempêtes d'un alcool fort au goût mentholé en l'invitant à s’asseoir à son tour.

« Je ne me suis pas présenté maintenant que j'y pense. Tu dois te douter que tu n'es pas à bord d'un navire marchand, pas vrai ? Plaisanta t-il en entrechoquant son verre avec celui de son interlocutrice. Feygor Statch, seigneur pirate, chef des Varounds. »

Un présentation brève, concise et sans artifice, à l'image du pirate en bref. Il avait passé l'age de se venter et de chanter ses exploits.

« Mais assez à propos de moi, parlons de toi. D'où tu viens... ce genre de chose quoi. Et le plus important, penses-tu être capable de recevoir des ordres de ton capitaine ? »

Son regard, son assurance... Décidément cet homme était différent. Il y avais quelque chose en lui d'immortel, d'intemporel. Même si son corps s'éteindra un jour... j'avais le sentiment que la personne que j'avais en face de moi resterait dans ce monde à jamais, même morte.

- C'était le Deal en effet, félicitation Maître d'abordage. J'espère que tu seras plus compétant que le dernier, ou tu sais ce qui t'attends.


Mon sourire de défi perpétuel se transforma en un rictus de sympathie. Le combat était fini pour le moment...

- Malakai, Caffran, à la barre. Vous connaissez notre destination. Sophiane, un verre pour célébrer votre victoire ?

Enfin un peu de réconfort ! Un bon verre, c'est ça qu'il me fallait ! Enfin, espérons qu'il connaisse le vrai sens du mot "boire", mais je ne me faisais pas trop de soucis là-dessus. Il devait avoir le foie solide !

- Va pour un verre mon...

Comment je devais l'appeler déjà.... ah oui ça me revient !

- ... mon capitaine !

Je devais encore me familiariser avec ce titre. Je n'avais encore jamais été sous les ordres de personne et même si cet homme était mon nouveau capitaine il avait des intérêts à ne pas me priver de liberté. Auquel cas je le prive de mes mains de ce qui fait de lui un homme ! Je lui emboîtais le pas, montant les escaliers qui menaient à son balcon pour entrer dans ce qui devait être sa cabine... Et quelle cabine !!! J'étais déjà allée sur de nombreux navires pour discuter avec les marins ou simplement dormir à l'abri de mon père et je n'avais jamais vu de capitaine qui avait de tels quartiers ! Il y avait même un escalier en colimaçon qui menait à l'étage ! Sa cabine était plus vaste que la maison de mes parents ! Passons sur la décorations raffinée que je me serais fait un plaisir de voler il y a quelques mois de ça et concentrons-nous plutôt sur l'élément qui se voyait d’emblée dès l'entrée. L'immense vitrail au fond de la pièce représentant une sirène majestueuse sur son rocher. Mes yeux n'avaient jamais admirés une telle beauté ! Ce navire était vraiment exceptionnel et j'étais loin d'avoir vu tous ses secrets . Je fus rapidement redescendue sur Terra quand tous ce tas de métal qui constituait la décoration commençait à me rendre aveugle. Je secouais brièvement la tête avant de rejoindre le capitaine et de m'installer sur le siège à côté du sien. Il servit ensuite deux verres d'une gnôle que je ne connaissais pas et m'en tendit un.

- Je ne me suis pas présenté maintenant que j'y pense. Tu dois te douter que tu n'es pas à bord d'un navire marchand, pas vrai ? Feygor Statch, seigneur pirate, chef des Varounds.

Un demi-sourire décora mon visage quand j'entendis son nom et sa profession. Le seigneur pirate Statch était loin d'être un inconnu dans les bas-fonds. Son nom résonnait un peu partout comme beaucoup d'autres noms de célèbres pirates. Cependant, on qualifiait celui-ci de fantôme des mers... Intéressant. J'avais devant moi un des hommes les plus dangereux des océans. Finalement... j'ai bien fait de ne pas me battre contre lui... Et j'avais eu un bon pressentiment. Même mort, cet homme resterait dans les mémoires.

- Mais assez à propos de moi, parlons de toi. D'où tu viens... ce genre de chose quoi. Et le plus important, penses-tu être capable de recevoir des ordres de ton capitaine ?

Je pris le temps de boire une gorgée d'alcool.... mmh... pas mauvais, avant de me présenter à mon tour. Cependant, je n'allais pas tous lui dire, ce serait idiot.

- Pour de là d'où j'viens, c'est pas bien compliqué, c'est le port où tu mouillais tout à l'heure. Ensuite, je pense que j'pourrais t'obéir mais à une seule condition et elle est pas négociable.

J'élargissais mon sourire en plantant mon regard droit dans le sien. Cette promesse j'allais la tenir, même sur ce navire.

- Quand je vais rencontrer Nayris, je ne veux rien regretter de ma vie d'adulte. Penses-tu que je regretterais un jour mon choix de te suivre sur ces mers ?

Mon regard était des plus sérieux et montrait sans doute à quel point j'étais déterminé à tenir cette promesse. Alors le Seigneur Pirate, accepteras-tu cette unique condition ?

Regret ? Feygor ne s'était jamais posé la question. Il agissait en général comme sa raison et ses tripes lui disaient de faire, en général c'était en marchant vers la source la plus proche de bonheur et de satisfaction. De tels actes amenaient parfois leurs lots de malheur avec eux, mais le pirate n'était pas du genre à regarder en arrière, ce qui est fait est fait, et rien ne peut changer le passé. En réalité, peut-être fuyait-il le passé, ou peut-être avait-il peur de finir comme ces vieux sages ou rats de bibliothèques qui se lamentent sur une gloire périmé et une époque révolue.
« C'était mieux avant. » ne fait pas partie de sa philosophie.

Quel genre de regret pourrait-elle avoir après tout ? D'après ce qu'il voyait, Sophiane n'échappait pas à une vie de luxe ou de noblesse. Elle fuyait sans doute la misère et les fruits pourries qu'elle apportait dans ses paniers garnis par la violence, la pauvreté et la tristesse. Souligner cela aurait sans doute vexé la jeune femme qui aurait tout fait pour prouver qu'elle n'avait pas connu ce genre de choses, compréhensible après tout. Après toutes ces années, Feygor portait encore la marque au fer rouge de son ancien propriétaire en tant qu'esclave sur l'avant bras et malgré toutes ces décennies de liberté, le souvenir en est encore douloureux.

Statch savait se montrer persuasif et il comptait bien faire usage de ses promesses qu'il offrait à son équipage pour remonter le moral afin de persuader Sophiane qu'elle faisait la bonne décision. Vidant son vers d'une traite en montant son visage vers le plafond, il le fit claquer sur le bureau une fois vide avant de commencer sa dissertation :

« Tu as peur d'avoir des regrets, mais pour en avoir, c'est que tu vises un objectif que tu peux éventuellement manquer. Je ne sais pas ce que tu cherches en venant ici, mais je peux le deviner. »

Le capitaine observa la délinquante aux cheveux roses de haut en bas en ouvrant ses lèvres sur un sourire amusé et réfléchi à la fois :

« Tu aimes te battre, j'ai vu ça à l'instant,  affirma t-il en pointant du menton la lance dont la lame écarlate n'avait pas quitté sa propriétaire. Je saurais t'offrir des combats jusqu'à plus soif. Sur ce chemin, tu trouveras aussi richesses, festivités, et bien d'autres plaisirs...
Mais je pense avoir ce que tu désirs le plus. »

Ouvrant les bras dans un geste très théâtral comme pour embrasser toute l'air qui l'entourait il conclu :

« La liberté... Pas de souverain devant lequel on plie le genou ici, juste des ordres visant à tous nous rapprocher des richesses qui flottent sur les sept océans. L'océan à perte de vu et le choix de nous rejoindre, de rester et de te battre. Tout cela peut-être à toi. »

Mon désormais capitaine semblait songeur. Allait-il refuser mes conditions ? Pourtant y'en avais qu'une ! Soudain, il avala son verre d'un coup avant de le claquer contre la table. Je respecte les bons buveurs !

- Tu as peur d'avoir des regrets, mais pour en avoir, c'est que tu vises un objectif que tu peux éventuellement manquer. Je ne sais pas ce que tu cherches en venant ici, mais je peux le deviner.

Alors capitaine, est-tu aussi clairvoyant que tu le dis ? Est-ce que tu devineras réellement pourquoi j'ai accepter de prendre la mer aux côtés d'un pirate ? Est-ce que tu as su trouver ce que j'aimerais faire de ma vie ? Il me scruta de haut en bas avec un élégant sourire.

- Tu aimes te battre, j'ai vu ça à l'instant, je saurais t'offrir des combats jusqu'à plus soif. Sur ce chemin, tu trouveras aussi richesses, festivités, et bien d'autres plaisirs...
Mais je pense avoir ce que tu désirs le plus.

Oh ! Je suis impressionnée pour l'instant ! Et ce que tu dis m'intéresse mon p'tit brigand. Faire des combats ma profession... Toujours abreuver ma lance de sang... C'était vraiment un programme alléchant. Mais cependant tu sais que ce n'est pas tout. Quel est la chose que je désire le plus selon toi ? Mes lèvres s'étirèrent en un sourire malicieux. J'aimais jouer avec ce pirate, c'était un sympathique compagnon pour sûr ! Il ouvrit soudain ses bras comme pour montrer une vaste étendue symbolique.

- La liberté... Pas de souverain devant lequel on plie le genou ici, juste des ordres visant à tous nous rapprocher des richesses qui flottent sur les sept océans. L'océan à perte de vu et le choix de nous rejoindre, de rester et de te battre. Tout cela peut-être à toi.

Mes pupilles se dilatèrent sous ses mots et mon sourire s’élargit de sorte qu'il découvre mes dents. A mon tour, je levais mon verre avant de le boire d'une traite et de le claquer sur la table, manquant de le casser. Un léger "ouf !" survint dans ma tête à ce moment.

- Et bien Feygor, y'a qu'un seigneur pirate pour me susciter autant d'intérêt ! Tu me promet que je pourrais me battre autant que je voudrais sans avoir de problèmes ! Tu me promet la richesse ! Et enfin, tu me promet l'infini liberté que représente l'océan !

A ce moment je levais les bras et la tête pour rire à gorge déployée. Ma tête redescendit d'un coup pour que nos regards se croisent de nouveau. Cependant je ne cessa pas de m'esclaffer.

- Tu me promet absolument tout ce dont je pouvais rêver ! Serais-tu toi-même un rêve ?! Hahaha ! J'accepte ta proposition avec joie ! Je suis plus que ravi de t'appeler capitaine désormais !

Et je continuais à rire, lui aussi riait maintenant. Dieux qu'elle est forte c'te gnôle !

Feygor sourit de toutes ses dents face à la réaction enthousiaste de Sophiane. Une telle ardeur ne pouvait qu'être positive pour la nouvelle maître d'abordage qui allait bientôt prendre ses fonctions à bord. Il ne fallait pas qu'elle se méprenne en revanche, ces promesses étaient les mêmes pour tout les matelots sans la moindre exception, mais elle devait s'en douter.

« Je n'ai pas grand chose à ajouter, commença t-il. Peut être seras-tu intéressée par notre destination... Miraï, la cité sous-marine, tu en déjà entendu parler ? »

Si Statch lui demandait ça, c'est parce qu'il espérait que la recrue l'accompagne au rendez-vous qu'il avait prévu là-bas. Un indicateur lui avait faire parvenir un corbeau récemment, le message précisait qu'il avait connaissance de la position exacte d'une cargaison de l'empire. Quelle qu'elle fut, ils prenaient beaucoup de précautions pour stocker le fret et son contact ne voulait pas prendre le risque de divulguer ce qu'il savait sur un morceau de papier. Étrange, mais c'était une connaissance de longue date en laquelle le pirate avait une totale confiance, du moins c'est ce qu'il espérait.

« Et après cela, nous devrons mouiller l'ancre près de la capitale, une requête spéciale.. d'un client spécial, » affirma le capitaine qui ne voulait visiblement pas s’étendre sur le sujet.

Remplissant une dernière fois les deux verres tempêtes qui s'agitaient sous la houle qui faisait tanguer le bateau en mouvement vers le nord, il entrechoqua sa propre coupe avec celle de la nouvelle recrue avant de la vider d'une traite.

« À ta liberté fraîchement acquise, et à des décennies de piraterie, trinqua t-il avec un sourire franc.
Si tu n'as rien à ajouter, adresse toi au bosco, l'orc du nom de Snaglak, il te donnera un hamac et tout autres biens dont tu pourrais avoir besoin. »