Quelle honte... Être forcé de demander l'aide de tierces personnes parce que ses recherches n'avançaient pas. Pire même, elles n'avaient jamais vraiment débutées. Cela faisait déjà plusieurs années que l'Incube s'était enfuis des Cabales, précédé par ses suivants, et qu'avait-il accomplis depuis ? Rien. Aucune piste quant à la localisation et l'état de ses disciples.

Pourtant Vaelh était quelqu'un de tenace. Il avait chercher partout à travers le monde, s'était mainte et mainte fois renseigné auprès des personnalités influentes des région explorées... Mais rien, rien, rien. Il avait alors pensé que ses suivants étaient tous mort, mais il chassa vide l'idée de son esprit. Il devait forcement en rester au moins une poignée de vivants !

Il ne lui restait alors plus qu'une option : demander de l'aide... Quelle ignoble possibilité ! Ça sous entendait que lui, l'Incube, représentant de la race la plus évoluée du monde, dusse reconnaître les limites de ses capacités pour s'en remettre à des races moins évoluées mais plus compétentes. Il avait beaucoup souffert de cette constatation -et c'est toujours le cas- ; c'est la mort dans l'âme qu'il s'était rendu au QG de la Confrérie des Brumes.

Quand le grand bâtiment fut en vue, chaque pas l'en approchant devenait une épreuve. "Demander de l'aide"... Était-il désespéré à ce point ? Il fallait croire que oui.

Il s'était adressé au personnel d’accueil à voix basse, leur narrant toute l'histoire. Quand on avait commencé à lui annoncer les tarifs, il avait fait taire la personne d'un geste dédaigneux de la main.

Trouvez moi juste ces informations. Quand vous aurez quelque chose, vous me préviendrez par courrier pour fixer un rendez vous à Sylfiria avec l'un de vos agents, leur avait-il craché avant de filer d'ici le plus vite possible.

Pistes:

__________________________________________



Bien plus tard, Vaelh avait reçu la lettre qu'il attendait tant. Il avait alors enfilé des atours discrets selon un point de vue Cabaliste... Donc riches et resplendissant, laissant pas mal de peau à nue. Il brûlait littéralement d'impatience...

La liberté avait été laissé à son contacte -encore inconnu- de choisir le lieu de rendez vous le plus approprié dans Sylfiria ; aussi s'était-il rendu, selon les instructions dans la lettre, à ...

L'arrière du théâtre.
Si le bâtiment était connu pour son architecture remarquable et les pièces qui s'y jouaient, l'arrière de la bâtisse donnait sur de superbes jardins dont la végétation luxuriante et merveilleusement entretenue était aussi belle à voir de jour que de nuit. Les petites allées se perdaient entre les haies et les buissons de fleurs, formant des coins et des recoins au charme enchanteur et propices aux escapades romantiques. Entre fontaines gazouillantes et sculptures enlacées par le lierre blanc, peu de monde s'aventurait trop profondément dans ce merveilleux labyrinthe, à la fois car le temps d'un entracte ne suffisait pas à tout voir et également parce qu'il était facile de se perdre quand on y prêtait pas attention. C'était pourtant là que Cathane avait choisit de donner rendez-vous à son client.

Elle avait apprit l'art du déguisement depuis qu'elle officiait en temps que messagère et à la disparition de Dyan, elle avait été promue chef des Messages de l'Ombre. Respectant à la lettre la volonté de son prédécesseur et souhaitant rester proche de la Confrérie des Brumes, la lycan mettait un point d'honneur à toujours s'améliorer dans ses livraisons et la récoltes d'informations. Elle avait dut apprendre à jouer des rôles et à se plier aux exigences de la discrétion. Ces disciplines l'amusaient follement et elle prenait un malin plaisir à se glisser dans la peau de n'importe qui. Cette nouvelle activité n'était pas des meilleure pour son porte-monnaie qui devait supporter les coûts qu'entraînait les nombreux costumes mais après tout, elle n'avait pas grand chose de plus à faire de cet argent. Et grâce à l'enseignement de sa mère, elle était tout à fait apte à se faire passer pour une dame de haute noblesse. Après tout, elle était sensée être une duchesse.

La nuit était tombée sur Sylfiria mais la ville grouillait encore d'activité. Les bourgeois et les nobles paradaient dans leurs plus beaux habits et chacun se rendait à son rythme au spectacle qui avait lieu le soir même à l'opéra. C'est à cette foule éparse et gloussante qu'elle se mêla, attirant quelques regards curieux ou charmés. Pour l'occasion, elle avait fait les choses en grand: elle portait une robe fluide de couleur rouge au col arrondi et donc le décolleté vertigineux se trouvait dans son dos, descendant à pic jusqu'au creux de sa taille et s'arrêtant juste avant de devenir indécent. Les fines attaches dorées des bretelles s’accordaient à merveille avec les broderies discrètes du bas de la robe et la chainette décorative qui lui cerclait la taille avant de retomber sur ses hanches. Une fois n'est pas coutume, elle avait troqué ses bijoux habituels par une parure légère en or avec de minuscules rubis. Comme toutes les dames, elle portait à la main une petite pochette, en satin noir et brodé de rouge. Elle pouvait tout retenir des informations qu'on lui demandait de transmettre mais pas son client. Dans la pochette se trouvait un tout petit rouleau de parchemin résumant les informations qu'elle allait lui donner et caché dans la doublure pour plus de sécurité. Enfin, la lycan avait enfilé une paire d'escarpins fins dont la lanière enserrait délicatement sa cheville. Pour les cheveux, elle n'avait malheureusement pas été en mesure de les coiffer comme elle aurait voulu, à cause de cette nouvelle coupe courte. C'était déstabilisant de se retrouver avec si peu de cheveux. Elle n'avait eut qu'à les coiffer rapidement et les agrémenter d'un bijou discret. Fini les heures passées à se tirer les mèches rebelles pour les faire rentrer dans le chignon !
Ainsi parée, elle passait parfaitement pour une noble de Terre. La tenue restait très discrète en comparaison avec l'étalage de pierres précieuses et de tissus rares dont faisaient preuve les autres femmes. Mais quand on est un loup dans la bergerie, même déguisé on se fait remarquer. Si ce n'était pas la tenue de la demoiselle qui la rendait remarquable, c'était sans doute cette démarche souple et gracieuse, pleine d'une assurance redoutable et ce regard de fauve, à peine voilé par une docilité toute feinte. Un sourire enjôleur et mystérieux aux lèvres, Cathane se faufila jusqu'aux jardins, très contente de son petit effet.

Elle attendit à l'entrée du jardin, sous une arche de glycine en fleur, dans l'ombre. Le labyrinthe végétal bruissait du chant des criquets et des mélodies des grenouilles vivant dans les nombreuses marres et vasques. Le ciel nocturne se déroulait comme un voile sombre au-dessus des arbres du jardin et comme pour ajouter un élément romantique de plus au tableau, d'innombrable lucioles flottaient dans l'air comme autant d'étoiles échouées sur terre. Même si elle était là pour le travail, la jeune femme s'accorda un moment pour rêvasser et apprécier la douceur du soir associée à l’atmosphère particulière de l'endroit.

Quand des pas discrets se firent entendre, elle tourna délicatement la tête, prête à recevoir son client. On lui avait donné une description rapide de l'homme qu'elle devait contacter et elle ne risquait pas de se tromper étant donné ce qu'on lui avait indiqué : des cheveux noir et blanc, les yeux dorés, le teint pâle. Et c'est une personne correspondant à cette description qui fit son entrée. Les pupilles de la demie louve se fendirent et elle sentit son cœur s’accélérer alors que ses sens se réveillaient soudain, mis en alerte par son esprit animal. Ce n'était vraiment pas le moment ! Pourtant c'était l'entrée en scène de cet étrange personnage qui avait provoqué cela et elle ne pouvait que brider ce soudain et violent élan. Quand il fut assez proche, Cathane put constater qu'on avait oublié de lui préciser que son client était d'une beauté exceptionnelle. Lui aussi semblait très à sa place dans ce monde de richesse et de luxe bien que sa tenue laisse voir une grande partie de son corps. Ce n'était pas vraiment pour déplaire à la lycan qui se gorgea de son odeur épicée et enivrante. Aah, les bonheurs d'un odorat développé...
Elle en aurait presque ronronné si elle avait été un chat mais elle se contenta d'un sourire charmeur. Elle ne pouvait pas s'empêcher de le dévorer du regard mais plutôt à la façon d'un loup devant un agneau. Lui prenant le bras en douceur, elle l'entraîna dans le jardin d'un pas mesuré. Sa voix n'était qu'un murmure chaud et sensuel mais dans l'ambiance feutré du jardin, c'était très approprié :

« Bonsoir messire. J'espère que votre voyage a été agréable. Je suis navrée d'avoir eut à vous donner rendez-vous dans un lieu si peu facile d'accès mais vous admettrez qu'il est difficile de résister aux charmes de cet endroit. »

Ils passèrent devant une fontaine qui chantait et laissèrent derrière eux un banc pour passer sous une nouvelle arche et s'engager dans une allée fleurie. L'entrée n'était déjà plus en vue. Cathane le menait où elle voulait, mieux valait rester en mouvement. Et c'était aussi une façon de garder le contrôle de la situation et de le faire sentir à son client.

« Je crois que nous avons quelques affaires à régler. Trouvons un endroit calme pour ne pas être dérangé, hum ? Nous parlerons autant que vous le désirez. »

Un sourire taquin naquit sur ses lèvres et ses prunelles dorées croisèrent celles de son interlocuteur sans cacher leur culpabilité dans ce petit jeu de séduction. Cath se refusait rarement quelque chose dont elle avait envie et ce n'était pas parce qu'elle était sous couverture qu'elle allait commencer. Se contrôler d'accord, se priver, certainement pas.

L'arrière du théâtre.

Le démon ne fut pas si surpris que ça quand à l'endroit de rendez-vous choisit. En fait à bien y réfléchir c'était très malin. On les verraient peut être, lui et son contacte, d'abord aux alentours du théâtre comme s'ils avaient dans l'optique de passer la soirée à assister à quelque pièce, et on les remarquerait dévier vers le jardin pour y avoir un peu d'intimité. C'est d'ailleurs à cet instant que Vaelh s'était douté que son contacte serait une femme puisque lorsqu'on parle de s'éloigner d'un groupe pour avoir de l'intimité, on le fait en charmante compagnie.

Depuis le départ de sa résidence, le démon n'avait pas cessé de se faire du soucis quant à ce qu'il allait apprendre. Pouvait-on lui annoncer qu'il n'y avait plus aucune piste à suivre ? Que ses suivants étaient tous morts et leur savoir perdu ? Qu'il n'y avait définitivement plus rien à faire ? Il était angoissé au point que chaque battement de cœur devienne douloureux.

Il n'arrivait pas à reprendre le contrôle de ses crainte et c'est le souffle heurté qu'il arriva devant une jeune femme tout à fait ravissante aux formes sublimées sous une élégante robe rouge. A la manière dont elle avait rivé son intense regard sur lui, il devina qu'elle l'attendait. Au moins, la discutions serait plaisante en pareil compagnie.

En s'approchant, le "parfum" -entre guillemet puisqu'il ne s'agit pas vraiment d'un parfum que l'Incube flaire, mais plutôt une identité- de la femme trahit sa nature même. Une Lycane... Une race à la saveur formidable ! Mais peu rentable à consommer si l'on considère le rapport temps passé à la consommation/quantité d'énergie gagnée. Faire d'une Lycane son repas revenait à faire plutôt preuve de gourmandise.
Et Vaelh était parfois gourmand.

Mais pour l'heure le plus important était surtout de savoir ce que la Confrérie des Brumes avait dégoté comme information. En approchant de la femelle il se rendit compte que son aura de charme la cajolait déjà. Il la fit vite refluer, ce n'était vraiment pas le moment pour ce genre de chose. Comme si le nuage avait été doué de conscience, il lutta pour pouvoir pleinement étreindre la femme pour la confronter à ses plus profonds désirs ; il fut cependant obliger de se rétracter devant la détermination de l'Incube.

Vaelh se savait dévoré des yeux par un regard typiquement Lycan : envieux mais prédateur. Il laissa la femme s'accrocher à son bras pour qu'elle puisse le guider à l'écart. Un contacte agréable qui l'aida vaguement à mettre un peu de ses tracas de côté.

« Bonsoir messire. J'espère que votre voyage a été agréable. Je suis navrée d'avoir eut à vous donner rendez-vous dans un lieu si peu facile d'accès mais vous admettrez qu'il est difficile de résister aux charmes de cet endroit. »

Non contente d'afficher un contraste saisissant entre la sauvagerie sous-jacente de la race Lycane et le raffinement de son allure, ce spécimen usait d'une prose délicate avec une facilité étonnante. Une femme intéressante, qui sortait du lot il fallait l'avouer.

Il aurait pu l'être plus, mais puisque le lieu choisit est tout à fait à ma convenance et comme ta compagnie me satisfait -pour l'instant-, je dirais que tout va bien jusque là.

Après qu'ils soient passés devant une fontaine diffusant un clapotis d'eau apaisant, ils débouchèrent dans une allée savamment fleurie. Nul doute que les paysagiste qui avait conçu cette endroit étaient des maîtres en la matière... Mais cela n'empêcha pas l'impatience de le gagner ; aussi s'apprêtait-il à prendre la parole lorsque ...

« Je crois que nous avons quelques affaires à régler. Trouvons un endroit calme pour ne pas être dérangé, hum ? Nous parlerons autant que vous le désirez. »

Hm. Toi qui travailles à la découverte, la transmission et la détention d'information, tu dois bien savoir quels genres d'endroits sont les plus adaptés pour la discutions qui va suivre. Aussi, si ce lieu dispose d'un tel endroit, tu m'y guideras. Sinon, je te guiderais jusqu'à mon atelier. Alors ?

Au passage, l'Incube avait noté le regard de la jeune femme. Si elle était joueuse, ils partageaient un trait de caractère. Autant en profiter, non ? Sur cette pensée, l'Incube laissa son regard visser sur celui de la Lycane comme s'il pouvait voir derrière ses yeux ses secrets et ses envies. Il laissa fleurir un vague sourire paradoxalement innocent et vecteur de promesses de sensations fortes.

Cathane laissa un éclat de rire ravissant franchir ses lèvres et hocha la tête. Elle n'avait pas à faire à n'importe qui. Ce parfum raffiné qu'elle sentait pourtant épicé ne pouvait pas la tromper : il avait du sang de démon dans les veines. On lui avait déjà parlé de cette branche particulière de démons dont l'atout principal est une magie bien spéciale qui affole les sens et vous assoiffe de désir pour eux. Malheureusement, elle n'avait jamais eut le plaisir d'en côtoyer de près. Cette expérience était une grande première mais pour le moment, elle était ravie. Ce petit homme ravissait ses yeux et ses sens et il avait ce petit air supérieur qui l'amusait tant de la part de ceux qui se pensent meilleurs. Peut-être l'était-il, d'un certain point de vue.

« Oh, je ne voudrais pas m'inviter et empiéter sur votre espace vital. Ne vous en faite pas, ce jardin est un lieu parfait pour les secrets. J'ai rarement vu les fleurs dénoncer ce qu'elles avaient entendus. »

Encore un tournant et Cathane lâcha le bras du démon pour ouvrir la marche, poussant un petit portique de bois qui donnait sur une nouvelle petite cour ronde. On ne pouvait pas y tenir à plus de quatre mais c'était ravissant et à l'écart de tout. Un banc de pierre surplombé par les frondaison d'un prunus en fleur jouxtait une petite mare habitée par deux ou trois grenouilles vertes. Ces dernières partirent se cacher sous les lentilles d'eau et les nénuphars quand la lycan s'assit avec grâce sur le bord du banc.

« Bien, ici nous serons loin des oreilles indiscrètes. Permettez moi de vous expliquer comment cela va se dérouler. »

Elle tenait bien en main sa pochette, caressant du bout des doigts le satin noir. Le travail avant tout !

« Je vais vous expliquer dans un premier temps ce que nous avons trouvé concernant vos amis. Vous détailler les pistes, les murmures, les témoignages...Puis, si ce n'est pas clair, vous pourrez me poser des questions, autant que vous voudrez. Je répondrais dans la limite de mes connaissances. Enfin, je vous remettrais un document en échange du payement. Il y figurera une dernière information que j'aurai gardé secrète tout le long de notre conversation, afin qu'il ne vous vienne pas l'idée de partir sans payer en pensant que toutes les cartes sont dans vos mains. »

La jeune femme posa les mains derrière elle, sur le bord du banc, étirant délicatement son dos et courbant les reins. Feignant le délassement, elle laissa sa tête partir en arrière et étira son cou dans un soupir de lassitude avant de redresser le menton pour lancer un regard lourd de promesses à son interlocuteur :

« Et au cas où il vous viendrait l'idée déplacée de partir quand même ou de tenter de me prendre ce document sans payer, sachez que la dernière règle des Messagers s'applique alors : "Qui part sans payer, se fait tuer.". Votre compagnie m'est également agréable -pour l'instant - aussi ne me décevez pas en essayant de faire quelque chose de stupide. Vous semblez être intelligent aussi, je ne me fais pas beaucoup de soucis. Mais vous prévenir fait partie des consignes de "sécurité". Voilà comment se déroulera cet entretient. Pour la suite, je préfère ne pas avancer de pronostic. »

Sans une once de gêne, elle laissa courir son regard sur le corps de l'Incube et son imagination l'entraîna un bref instant loin des préoccupations du travail.

« Avez-vous des questions ? »

Douce musique que celle de ce rire, baume supplémentaire s'appliquant sur l'angoisse secrète de l'Incube. Nul doute que la Lycane ne s'ennuyait pas, et c'était réciproque.

« Oh, je ne voudrais pas m'inviter et empiéter sur votre espace vital. Ne vous en faite pas, ce jardin est un lieu parfait pour les secrets. J'ai rarement vu les fleurs dénoncer ce qu'elles avaient entendus. »

Les fleurs qui ne trahissaient aucun secret ? Ah, elle aurait changé d'avis si Vaelh avait pu lui présenter une Orseïs, rose créer par la Cabale du Regard Noir. Sont fonctionnement était simple : comme elle était en tout point semblable à une rose standard, on pouvait la faire pousser dans le jardin d'une personne que l'on veut espionner. Là, le végétal emprisonnait littéralement le son qu'il percevait en fermant doucement ses pétales. Ensuite, il fallait juste récupérer la rose et ouvrir sa corolle à côté de son oreille pour qu'elle nous souffle la bande son enregistrée.

La pointe de paranoïa du démon faillit le faire douter quant au fait de rester ici. Et si les roses-espionnes étaient en ces lieux ? Il se tranquillisa peu de temps après avoir eu pareille pensée. Ne savait-il pas les reconnaître ces plantes, de toutes façons ?

Un vague soupir et le voilà guidé au cœur même d'un paradis miniature. Quel endroit... Lui qui connaissait pourtant bien Ciel ne se doutait pas qu'une si belle bulle de quiétude pouvait se trouver en pleine ville. Même la cacophonie de la foule était presque inaudible ici ! Décidément, la Lycane savait y faire pour mettre le client à l'aise, aussi Vaelh était presque complètement détendu.

Un fois assis, il nota que la Lycane portait une attention particulière à sa petite pochette. Les informations qu'elle allait lui vendre se trouvait sans doute dedans, en totalité ou en partie. Pendant un fol instant il eut envie d'arracher l'objet des mains de l'informatrice pour s'enfuir avec. Puis il constata que l'experte s'était installée près de la seule sortie possible tandis lui en était plus éloigné. Il eut alors le brusque sentiment d'être d’avantage pris en otage que de recevoir la prestation qu'il avait commandé à la Confrérie.
Et s'en rendre compte fut un délice...

« Je vais vous expliquer dans un premier temps ce que nous avons trouvé concernant vos amis. Vous détailler les pistes, les murmures, les témoignages...Puis, si ce n'est pas clair, vous pourrez me poser des questions, autant que vous voudrez. Je répondrais dans la limite de mes connaissances. Enfin, je vous remettrais un document en échange du payement. Il y figurera une dernière information que j'aurai gardé secrète tout le long de notre conversation, afin qu'il ne vous vienne pas l'idée de partir sans payer en pensant que toutes les cartes sont dans vos mains. »

Même si la Confrérie des brumes était avant tout un attroupement de races inférieures, il fallait leur reconnaître un grand savoir faire. L'information que garderait la Lycane jusqu'à la fin serait sans doute la plus importante... S'en suivit un petit numéro d'étirement de la part de son interlocutrice. L'Incube ne se laissa pas duper, il savait que c'est généralement dans des cas où l'on feint la confiance et la félicité qu'on annonce une condition dont la nature contraste si fort avec l’atmosphère de paix fraîchement installée qu'elle en laisse le client figé. Trois, deux, un...

« Et au cas où il vous viendrait l'idée déplacée de partir quand même ou de tenter de me prendre ce document sans payer, sachez que la dernière règle des Messagers s'applique alors : "Qui part sans payer, se fait tuer.". Votre compagnie m'est également agréable -pour l'instant - aussi ne me décevez pas en essayant de faire quelque chose de stupide. Vous semblez être intelligent aussi, je ne me fais pas beaucoup de soucis. Mais vous prévenir fait partie des consignes de "sécurité". Voilà comment se déroulera cet entretient. Pour la suite, je préfère ne pas avancer de pronostic. »

Et même en s'y attendant, Vaelh ne put réprimer un froncement de sourcil qui trahissait une grande dépréciation. Qu'il soit mis en garde, que ce soit dans les habitudes de la "maison" de faire comme ça, passe encore. Mais que cette fille use d'un ton qu'il jugea condescendant... Bah, il aura bien sa revanche tôt ou tard. Pour l'instant, s'il tentait quoi que ce soit, il risquait d'y laisser des plumes. Il ne fallait pas se fier à la silhouette fine de la Lycane : elle devait très bien être capable de littéralement casser un homme en deux. Il ne fallait pas non plus se laisser berner par ses beaux autours et ses manière : pour pouvoir annoncer aussi innocemment qu'une tentative déplacée de l'Incube entraînerait sa mort, elle devait savoir se battre.

Vaelh fit tout son possible pour retenir un authentique frisson d'extase... En vain. Sa présente faiblesse était divine. Un geste suspect, il mourrait. Une tentative de fuite, il mourrait. Et à ce délice s'ajouta la satisfaction d'être observé par cette femelle. Bien sûr, le démon ne s'en offusqua absolument pas. Là d'où il vient ces regards sont quotidiens. Pour la peine il fit de même, laissant ses yeux d'or emplis de promesses de jouissance et de luxure couler sur les formes de son interlocutrice d'une manière plus indécente encore, la mettant au défis de faire mieux.

« Avez-vous des questions ? »

Non... souffla-t-il du bout des lèvres, laissant son souffle bouillant réchauffer l'atmosphère.

Le temps que la Lycane débute ses explication, le nuage-prédateur d'attrait du démon était partit la contourner, l'enveloppant dans une douce bulle de folie désireuse sans pour autant venir caresser sa peau. Dès que le démon le voudrait, tout ce désir magnifié s’abattrait sur la jeune femme. Ce même nuage pouvait aussi se jeter sur elle pour peu que Vaelh ne le surveille plus.

Je t'écoute. Quel secret viens tu me livrer?

C'était à la fois enivrant et fascinant de voir la façon dont réagissait cet homme. Les humains étaient bien souvent farouches ou au contraire, bestiaux et gras dans leur façon de séduire. Bien rare étaient ceux qui avaient autant de finesse tout en faisant preuve d'un manque cruel de discrétion. C'était un vrai bonheur à vivre. Ce petit jeu du chat et de la souris n'avait pas clairement de prédateur défini puisque chacun savait que la vapeur pouvait se renverser d'un moment à un autre. Tout deux avaient des atouts et des faiblesses. Mais cette situation tout de même périlleuse où l'avait mit Cathane semblait convenir à son client, pour le moment. Elle conservait donc l'avantage et même si elle le déplorerait, elle n'hésiterait pas un instant à ruiner sa robe et à mettre fin aux jours du démon. Si la luxure était un pêché qu'elle développait depuis quelques années, tant du côté instinctif et animal que du côté conscient et humain, il n'en restait pas moins qu'elle lui préférait la chasse et le sang. Pêché bien moins plaisant pour sa victime et qu'elle assumait de mieux en mieux malgré son éducation.
Elle souhaitait cependant de tout coeur ne pas terminer l'entretient de cette façon car ce n'était pas dans la mort que les Incubes excellaient...

La jeune femme eut l'impression que l'atmosphère se réchauffait et son sang se fit bouillant. Ses pupille d'obsidienne dessinaient une belle amande dans l'or de ses yeux et si elle ne pouvait pas se lécher les babines, elle pouvait toujours se mordre la lèvre avec un sourire rêveur. Mais à son âge, on sait se maîtriser, surtout quand on a l'habitude de batailler contre soi-même. Ce n'était pas encore le moment de lâcher prise.
Sans quitter sa pose alanguie, elle reprit sur un ton un peu plus sérieux:

« Votre demande à été quelque peu délicate à traiter. Nous disposons de beaucoup d'informations mais malheureusement, la quantité ne fait pas la qualité et la plupart sont des bribes qu'il m'a fallut approfondir. Je ne suis pas peu fière de vous avouer que je me suis chargée personnellement de cette tâche. Vous ne nous avez pas rendu la tâche facile, mais je peux aujourd'hui vous affirmer qu'il existe au moins trois personnes portant la marque dont vous avez fait mention. Les témoins sont formels et parfois nombreux. J'ai suivi la trace de deux d'entre eux jusqu'au bord de mer où ils auraient embarqué pour Glace. Je ne sais pas s'ils y sont encore. Leur passage date de plusieurs années mais ils ont fait sensation dans le port alors difficile de les oublier vraiment. Cependant personne n'a put me les décrire avec précision. La troisième personne est une femme et les derniers témoignages remonte à un an à peine. Elle était alors quelque part à la frontière de Feu et Terre, au pied des montagnes, dans une petite ville du nom de Stornon. On me l'a décrite comme de taille moyenne, la peau pâle, de grands yeux noirs et des cheveux très longs, coiffé avec goût. Brune semble-t-il et avec ce fameux petit tatouage. Elle est resté presque un mois et a disparut en direction du sud. Voilà presque tout. »

Bien sur, Cathane gardait l'information la plus importante et surtout la plus connue et vérifiée pour elle. Si ces trois pistes n'étaient pas fraîches, celle de Lek l'était sans aucun doute et les rapports abondaient à son sujet. Il était plus qu'une piste, il était une réponse à la question de son client.
La lycan se pencha en avant, laissant tout loisir à son contact de glisser son regard dans son dos jusqu'à la naissance de son séant et d'une main habile, elle retira ses escarpins. C'était bien plus commode.

« Je vous en prie, posez-moi vos questions. Si vous n'en avez aucune, nous pouvons passer à l'étape suivante. »

Vaelh ne s’aperçut qu'il avait retenu son souffle seulement quand son informatrice eut fini de parler. A mesure que les informations lui était donné, un intérêt et un espoir à la limite de la folie avait gagné son regard. Là où lui avait mis des années pour ne rien trouver, la Lycane avait eut besoin de seulement quelques semaine pour glaner tous ces renseignements ! Un sentiments rares vrilla alors le cœur du démon, quelque chose qu'il ne ressentait normalement que pour ceux de sa race : du respect, tant pour le professionnalisme de la femme que pour la qualité de ses pistes. Même si ces dernières auraient pu être jugée peu précise par d'autre, c'étaient de vrais trésors pour l'Incube.

Il fit un effort de mémoire pour déterminer de qui l'envoyée de la Confrérie pouvait bien parler. Parmi la masse de suivant qu'il avait, beaucoup travaillait de paire, alors il ne put rien tirer de la première information à part une destination. Quand à la description de la femme, même si elle restait vague, l'Incube pensait avoir une idée : il s'agissait peut être de Lielthan, l'une de ses élèves qui avait travaillé sur les possibilité de se nourrir des simples rêves intimes d'une personne après les avoir provoqués !

Il se remémora toutes ces journées à arpenter les lieux publics, à fouiller dans les archives, à devoir séduire pour se rapprocher de femmes -même parfois des hommes- influentes pouvant lui apporter une aide précieuse... Tout ce temps perdu, tout ce temps à souffrir, tout ce temps passé à constater son inefficacité. Et voilà que son salut débarquait sous les traits d'une Lycane. Quel paradoxe que celui d'une femelle des sous-races qui vient en aide à la perfection même !

L'espace d'un tout petit instant, il entrevit la fin de son calvaire. Le temps d'un battement de cœur, il put enfin respirer, la poitrine délesté de ses angoisses. Alors le plus doux et rêveurs des sourires étira ses lèvres pour dévoiler une dentition parfaite.

Directement reliée à lui, l'aura de ses charmes changea subtilement. En plus de faire rayonner des pensées toujours plus osées, gênantes mais plus délicieuses les unes que les autres, elle laissa une imperceptible vague de douceur colorer les hypothétiques songes érotiques de la Lycane.

« Je vous en prie, posez-moi vos questions. Si vous n'en avez aucune, nous pouvons passer à l'étape suivante. »

Et d'un coup, il se souvint qu'elle possédait encore l'information cruciale... Avait-elle vraiment réussi à pêcher meilleurs renseignements que ceux-ci ? Aux yeux de l'Incube, ça paressait si gros, si fantastique qu'il eut énormément de mal à le croire. Mais curieux qu'il est, il fallait qu'il sache ! Alors que son regard continuait d'errer pensivement sur les formes de son interlocutrice, il hocha la tête pour lui signifier qu'il avait mentalement pris note de tout ce qu'elle lui avait livré. Il commenterait ses performance plus tard et répondit un peu trop rapidement à son goût, portant moins de son attention à son aura qui, à présent, glissait avec une légèreté sans pareille à même la peau de la femme. Comme un animal méfiant, le nuage portait son attention vers Vaelh, guettant un instant de parfaite inattention pour s'insinuer dans la chaire de la Lycane.

Ah, aucune question... Ne t'arrête pas en si bon chemin. Donne moi simplement ton tarif et poursuit.

Quiconque prenait du recul aurait pu repérer là un sous-entendu parfaitement déplacé. Pourtant, l'Incube n'avait en rien voulu laisser filtrer pareil méchanceté.

Difficile de ne pas percevoir tous ces changements autour d'elle. Cathane n'était pas à même de dire ce qui changeait mais elle sentait comme...du mouvement. Et elle ne pouvait pas arrêter la cascade de d'idées plus ou moins chaste qui lui traversait l'esprit. Si c'était une tentative de son interlocuteur pour la faire céder et repartir sans payer, elle était vaine. Après des dizaines d'années passées à se maîtriser dans toutes les situations, ce n'était pas un désir plus violent que les autres qui allait lui faire peur. Pour l'instant, ce n'était pas le sujet. Mais elle profitait tout de même de cette sensation de chaleur et la grisante frustration que lui apportait ce contrôle permanent sur elle.

Elle entrevit l'indélicatesse dans les propos du démon, mais il avait le regard si lointain qu'elle ne lui en tint pas rigueur. Avec un sourire satisfait car fière de l'effet qu'elle avait produit, elle ouvrit sa pochette et en sortit un tout petit rouleau de parchemin scellé avec de la cire rouge et portant les armoiries de la guilde. Innocemment, elle glissa le document dans son décolleté et referma la pochette. Tant pis s'il le prenait mal, il n'avait qu'à pas lui insuffler autant de désir.

« Étant donné le nombre de voyages qu'il m'a fallut faire et les personnes mobilisées pour réunir autant d'informations...Je pense que 30 dragons d'or seront suffisant. »

Son sourire se fit mutin et elle porta la main à son collier pour l'enrouler autour de son doigt, l'air de rien mais barrant l'accès à la précieuse information manquante.

« Mais je suis sensible à vos charmes et comme je n'ai pas souvent l'occasion de discuter avec un représentant de votre race qui me soit aussi agréable, j'accepterai 23 dragons d'or et un baiser. »

Elle ne demandait pas la lune. Un baiser c'était bien chaste en comparaison du tourbillon d'images hautement érotiques qui menaçait son esprit. Et elle lui laissait même une porte de sortie en lui annonçant le prix de base. S'il refusait, elle aurait au moins la totalité de la somme et une pointe de déception.

« Je vous laisse choisir votre tarif messire. Vous pourrez récupérer le dernier élément de cette enquête quand vous m'aurez donné ce que vous me devez. Nous aurons alors conclu. Ou presque. »

Le jeu de mot était facile mais rendait hommage à la situation. Des frissons courait sur la peau de la jeune femme et son cœur battait beaucoup trop fort à son goût dans sa poitrine. Si elle arborait un calme olympien, tout son corps était pourtant à deux doigts d'agir de lui même et de sauter sur ce délicieux inconnu. Les muscles tendus, le souffle à grand peine maîtrisé, c'était un effort de garder son calme et son professionnalisme dans ces conditions. Mais jamais Cathane ne cèderait contre son gré, elle était trop fière et trop têtue pour ça.

Le secret, l'ultime information nécessaire à sa quête était là, sur cet insignifiant, misérable, minuscule et fragile bout de papier. Il n'aurait eu qu'à bondir pour s'en emparer et détenir le moyen de retrouver ses suivants et leurs savoir. Un seul rapide geste de sa part et tout aurait été bouclé. La tête lui en tourna...

Puis le petit document disparu de sous ses yeux pour finir dissimulé entre ces deux petites monts de chaire, elle même protégée par le décolleté rouge de la Lycane. L'information lui fut si brusquement retiré de sous le nez qu'il manqua d'en hurler de frustration. Il se contint in extremis et ressenti, seulement quelque secondes après, un vague amusement dû au geste de l'émissaire de la Confrérie. Un douloureux mais extatique ascenseur émotionnel. Un bête humain aurait sans doute pu trouver le fait de dissimuler une information sur une zone si privée du corps -selon leurs critères idiots- tout à fait enivrante, mais Vaelh y vit plutôt... Comme un clin d’œil taquin que seuls des connaisseurs en matière de provocation peuvent s'échanger.
Quelle incroyable personnage que cette Lycane.

« Étant donné le nombre de voyages qu'il m'a fallut faire et les personnes mobilisées pour réunir autant d'informations...Je pense que 30 dragons d'or seront suffisant. »

Une somme folle. Mais elle aurait pu annoncer 100 dragons d'or que ça n'aurait rien changé. Rien ne vaut l'espoir. Vaelh était déjà en train de compter les pièces qu'il plaçait dans une bourse lorsque...

« Mais je suis sensible à vos charmes et comme je n'ai pas souvent l'occasion de discuter avec un représentant de votre race qui me soit aussi agréable, j'accepterai 23 dragons d'or et un baiser. »

D'abord, cette femme lui avait offert l'agréable surprise d'être remarquablement charmante et avenante, pour ensuite imposer un sentiment de faiblesse aussi cruel que délicieux quand elle avait annoncé les conditions ; elle avait poursuivi sur un espoir pur et salvateur, ensuite elle lui avait offert cette petite provocation... Et maintenant, la voilà qui proposait au désir incarné de se livrer à un petit jeu ! Même s'il ne l'explicita pas, Vaelh passait la plus belle soirée de sa vie depuis le grand drame des Cabales. Comment aurait-il pu lui refuser ça ? Surtout que dans le cas présent... Son simple baiser était estimé à 7 dragons d'or ! Si ça n'est pas la classe, ça...

« Je vous laisse choisir votre tarif messire. Vous pourrez récupérer le dernier élément de cette enquête quand vous m'aurez donné ce que vous me devez. Nous aurons alors conclu. Ou presque. »

Provocatrice jusqu'au bout ! L'Incube avait déjà opté pour le second mode de paiement, bien sûr, mais laissa quelques instants s'écouler. Il ne voulait pas sauter trop vite sur l'occasion de contenter cette femme et préféra la laisser mariner un moment en affichant une mine vaguement douteuse.

Comme pour offrir à sa presque-sauveuse un avant goûts des délices à venir, il mordilla légèrement la chaire tendre de ses lèvres fines. Au fond de son regard toujours faussement pensif s'était allumé le brasier de la malice. Il voulait faire comprendre à cette Lycane ce que satisfaire un Incube -dans ce cas en lui apportant des informations vitales- signifiait. Elle aurait tout intérêt à s'accrocher autant à son siège qu'à son équilibre mental, parce qu'elle n'oublierais jamais ce qui allait suivre.

En fredonnant si bas que même l'ouïe améliorer de sa futur victime ne pouvait percevoir de tangible, il dégaina la toute petite dague précédemment coincée dans le fourreau miniature qui tenait sa coiffe en place. Jusque là, la forme et l'aspect de l'objet avait pu le faire passer pour un simple accessoire. Que la jeune provocatrice se rassure : la courbure exagérée de la lame qui évoquait l'allure d'une griffe de félin et sa taille n'en faisait pas une arme dangereuse.

Pendant encore un moment il laissa ses yeux dorés sur le petit outil. Alors, si lentement que l'attente devait être insupportable pour la Lycane, un sourire plein d'intempérance, d'impudicité et de lasciveté étira les lèvres du démon. Il redressa subitement son regard pour le visser dans celui de la femme ; elle put alors y contempler, l'espace d'un si fugace instant qu'un humain n'aurait su en profiter, deux petites fenêtres s'ouvrant sur toutes une vie d’expérience dans le domaine du plaisir, sur des milliards de promesse d'exploser des records quand à l'extase ressentie et sur une vicieuse mise en garde qui stipulait qu'une fois qu'elle aurait simplement goûté aux lèvres de l'Incube, toutes les autres lui sembleront fade.

Au même instant, le nuage de tomba complètement sur elle, la confrontant à ses plus profondes et secrètes envie tout en tentant de miner sa résistance. Si elle ne disposait pas d'une grande force d'esprit, elle aurait vu sa conscience réduite à l'état d'un amas de désir si brut et primaire que sa raison l'aurait quitté. Pour l'heure, un intolérable torrent d'érotisme pouvait obséder ses pensées et enflammer tout ses sens. L'air autour d'elle semblait même avoir prit consistance pour la pousser à se jeter sur le démon.

Alors l'Incube lui fit simplement signe d’approcher du bout du doigt. Et même s'il se contenta d'attendre en silence, tout son corps hurlait à la Lycane qu'elle allait vivre une expérience comme nulle autre.

Sa proie s'était relevée si brusquement que son état n'aurait plus fait aucun doute même pour un parfait novice en la matière. Elle s'approcha lentement et d'ici l'Incube pouvait contempler tout le "mal" qu'il avait causé à la résistance de la femme. Bien que dans son regard il découvrit un fort imprenable fait de détermination qui permettait encore à la Lycane de son contrôler, il était grandement satisfait de voir avec quelle violence l'océan d'envie qui le bordait jetait ses vagues dessus.

C'était un spectacle impressionnant à voir... Plaisant qui plus est ! En effet, plutôt que de lutter contre ses envie, plutôt que de tenter de les chasser... Elle savait se réjouir de l'instant et n'avait simplement pas honte d'approcher pour ce baiser. Cela réchauffa le cœur de l'Incube... Ça n'est pas souvent que les femelles des autres races font preuves d'une telle ouverture d'esprit.

Et quelle surprise fut-ce pour le charmeur que de se retrouvé attrapé par le col ! Lui qui pensait mener la danse, le voilà mis à égalité. Quelle défis ce serait de devoir reprendre l'avantage ! Ah, plus le temps passait, plus cette soirée était superbe.

Il fut néanmoins un peu contrarié que la Lycane ne le laisse pas mettre en place sa magie. Pas grave, il suffisait de la sonner pour en avoir l'occasion ! Les lèvres de la louve effleurèrent celle du vice incarné en une caresse superbement douce qui contrastait avec l'incendie derrière ses yeux. Vaelh riva toute la richesse de son regard dans cette tempête de feu avant de clore les paupières, laissant simplement la Lycane prendre l'ascendant.

Quelques courts instants plus tard, le baiser de la Lycane se fit si désireux que l'Incube craignit qu'elle ne maîtrise plus sa force et le brise en deux. Merveilleuse crainte que celle-ci... mais qui s'avéra injustifiée puisque, malgré les instincts bouillonnants qui s’abattaient avec force sur la raison de la Lycane, elle ne blessa jamais l'Incube.

Ce dernier n'avait toujours pas tenté de répliquer, ne rendant qu'au minimum le baiser. Pour l'heure, il ne laissait que ses charmes amplifiés par la proximité opérer sans rien qu'il ne tente de plus. Alors, avec une subtilité appréciable, la jeune femme l'attira contre elle, lui faisant profiter de la chaleur de son corps mis au supplice.

C'était le bon moment. Sans prévenir, le démon passa un bras dans le bas du dos de la Lycane et un derrière sa tête. Brusquement, il se fit le général de ses armées de charmes et d'attraits pour mener la contre attaque sur les lèvres de la femme, piétinant avec force et rage le peu de bienséance encore debout. Ses commissures s'appuyèrent contre celle de la messagère comme si elles étaient animées du désespoir de ne plus jamais pouvoir l'embrasser. Laissant son assaut d'amant gagner en intensité, ses mains se crispèrent derrière la Lycane, une retenant sa crinière, l'autre agrippant sa robe. On aurait pu croire que les doigts de l'Incube disposaient de leur propre volonté et que, pour l'heure, la seule chose qui les animaient était l'impérieux désir de mettre en pièce cette barrière de tissu, ultime obstacle entre l'intimité de la Lycane et l'Incube.

Et d'un coup, le baiser prit cruellement fin, laissant là une femme abasourdit. Tous les charmes, toutes les promesses de plaisir refluèrent d'elle pour la laisser seule avec une atroce envie inassouvie. Avant qu'elle ne puisse protester, elle put sentir le contacte glacier de l'acier entre son menton et ses lèvres. Que la Lycane se rassure, Vaelh traçait simplement sur sa peau d'ésotériques symboles, usant d'une étrange encore tiède. Sûr que sa proie allait protester -ou au moins le questionner-, il tua toute remarque dans l’œuf en laissant ses lèvres errer contre sa gorge, la goûtant en laissant juste ce qu'il faut de charme s'insinuer dans la chaire de la femme pour n'apaiser qu'une partie du manque précédemment créé.

La pointe d'acier dévia jusqu'à chaque commissure pour y tracer d'autres symboles, puis l'Incube répéta l’expérience sous les yeux de la femme et sur ses lobs d'oreilles.

Un long et unique mot fut alors prononcé.
Et voilà la louve projetée dans un univers tout nouveau où chacun de ses sens étaient poussés à des seuils de sensibilité absolument hors norme.

Maintenant, il n'y avait plus que dans son champ de vision les immenses yeux d'or lumineux de l'Incube, brillant des feux du désir et des plaisir à assouvir. Un regard merveilleux, onirique, écrasant. Un regard si parfait qu'on aurait envie de rester planté devant jusqu'à en mourir. Un regard si intense que la femme pouvait se sentir mise à nue tandis que tous ses fantasmes se livraient d'eux même au démon.

Plus stupéfiant encore, une mélopée pour laquelle utiliser le qualificatif "chant des dieux" aurait été un insultant euphémisme vint vicieusement s'insinuer jusqu'aux tympans de la Lycan. Une voix, une perfection auditive absolue. Elle souffla...

Connais tu le véritable sens du mot "plaisir" ?

Et même lorsqu'il eut prononcé ces quelques mots, le timbre résonna en boucle dans les oreilles de la jeune femme, sous entendant à chaque seconde que cet épisode allait être grandiose. A ce ton qui resta suspendu dans l’espace et le temps prêt à se joignirent des hymnes faites... D'autres choses. Pas des sons, plutôt des émotions, des promesses... Là, la femme pouvait entendre... Les cuivres du désir, Les cordes de l'indécence et les percutions d'une insatiable faim de plaisir charnel faire vibrer l'atmosphère !
Mais plus déroutant encore, le chef de cette orchestre de luxure se déplaça en personne jusqu'aux oreille de la louve, véhiculant avec lui non pas des émotions, mais une sensations. Dès le contact, c'est comme si l'ouïe de la femme se voyait offrir un sens du toucher rien qu'à elle qui fut immédiatement stimulé par tous les sons déjà entrés dans sa tête. En somme, c'était tout simplement vivre l'orgasme auditif.

Alors que ce plaisir d'un nouveau genre s'insinuait pour la première fois dans l'esprit de la messagère... Quelque chose d'incroyablement plus puissant vint l'éclipser. Les lèvres de Vaelh s'étaient posées pour la seconde fois sur celle de la louve... Et quelle seconde fois ! Comme si la bouche de la Lycane était devenue ni plus ni moins qu'une zone intolérablement érogène, le plaisir apporté par ce simple contacte fut d'une brutalité affolante... Plus rien d'autre n'existait. Plus de froid, plus de chaleur, pas plus de gravité, plus moyen de se souvenir de quoi que ce soit, pas même tu temps qui s'écoulait... Rien à part le goût de la débauche incarnée qui balayait tout sur son passage. Tout ce que cette brutale sensations provoquait se transformait en une extase miniature : le début de migraine de la femme dû à sa désorientation fut modelée en une improbable sensation de bonheur couplé à un puissant sentiment d'abandon ; chaque respiration devenait un souffle si chaud qu'il déliait délicieusement tous ses muscles ; les douloureux battements de son cœur affolé devenu prisonnier fou de sa prison de côté se transformaient en une indicible orgie de convulsion qui agitait l'être de sensations pures que la Lycane était devenue.

Subitement, le plaisir apporté aux lèvres de la Lycane passa ce point de non retour annonciateur du pic d'extase finale. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, la sensation fut plus grisante encore que l'achèvement d'un ébat avec le plus enflammé des amants

Alors, lentement, tout ce plaisir reflua pour rendre sa lucidité à la Lycane. Sa vu se reprécisa, ses oreilles cessèrent de bourdonner et cet incendie de jouissance qui s'était répandue sur son visage perdit en intensité jusqu'à s'éteindre.
Douloureux retour à une réalité grise et fade.
La jeune femme constata alors qu'elle était allongée sur le dos, sur l'assise circulaire de la petite bulle d'intimité qu'elle avait quitté quelques instant plus tôt.

l'Incube était en face, comme n’ayant jamais bougé. Il fixait sa victime encore confronté à toutes ses envies, lui laissant quelque instant. La bourse contenant la juste somme était sur la petite table, il n'attendait plus que l'information.

L'intolérable séparation que lui imposa l'incube failli faire perdre le contrôle à Cathane qui refoulait tous ses instincts les plus brutaux. L'excitation était aussi celle de sa moitié louve et si l'amour la rendait tendre, il n'était pas présent à l'heure actuel pour contenir la force de son désir et la sauvagerie qui l'accompagnait nécessairement. Mais cette frustration à la limite de la folie douce fut supplantée par la curiosité. Elle ne savait pas trop ce que faisait son étrange compagnon, mais elle ne l'interrompit pas et se contenta d'apprécier. Sa lame n'était pas en argent, même s'il lui égratignait la peau, la blessure se refermerait si vite qu'il ne la remarquerait même pas. Il fut cependant d'une grande délicatesse dans ses gestes et jamais la jeune femme ne se sentit en danger ou agressée. La sensibilité à fleur de peau, elle accordait ce qu'il fallait de confiance au démon pour se laisser bercer par ses mots et ses gestes.

Le second assaut fut une chute libre dans les abysses de la Sensation avec un grand S. Tous les sens de Cathane était multiplié au point d'en devenir presque douloureux tant il lui parvenait d'informations. Tout son corps se tendit et la petite sphère de lucidité qu'elle conservait fut emportée, certes toujours intacte, mais drainée par un courant puissant dont elle n'arrivait pas à déterminer la nature. C'était grisant, haletant et fascinant de complexité. Comme lors de sa première chasse, tout semblait sublimé à l'extrême et un cocktail explosif courait dans ses veines comme un feu liquide.
La jeune femme ne se rendit même pas compte qu'elle tenait si fermement l'habit de l'incube qu'en tirant un peu, elle l'aurait arraché sans mal. Dans un sens, mieux valait qu'elle soit à ce point pétrifié car si elle avait eut le moindre contrôle sur son corps, il était plus que probable qu'elle aurait causé des dommages au corps sculptural de son contact. Casse une épaule à un homme ne fait jamais bonne impression.

Quand il daigna enfin la libérer de son emprise, la pression se relâcha et la tourmente autour de son îlot de tranquillité disparut. Les eaux troubles de son esprit reprirent peu à peu leur calme. Même son côté louve semblait sonné, désorienté. Pour remettre les pieds sur terre, elle se livra à un court et salvateur exercice de son invention : observer ce qu'elle avait sous les yeux et le nommer puis le décrire simplement. Ce contact brutal et basique avec la réalité permettait à l'esprit de retrouver ses bases. La lycan s'y livra donc et retrouva le sens du haut et du bas rapidement. Se redressant en douceur, elle garda les yeux légèrement dans le vague, en proie à de nombreuses interrogations et pensées causées par ce qu'elle venait de vivre. Un simple murmure franchit la barrière de ses lèvres alors qu'elle y portait sa main, comme pour retrouver une emprunte invisible :

« Intéressant... »

Ce constat fait, elle retrouva sa vivacité habituelle, au moins en apparence et offrit un joli sourire à son client. Il ne l'avait pas dupé. Se levant avec légèreté, elle prit la petite bourse, jeta rapidement un oeil à son contenu pour en estimer la valeur et finit par la refermer avec un air satisfait. Puis, d'un geste fluide, elle sortit le petit parchemin de son décolleté et le tendit au démon.

« Je vous laisse en prendre connaissance. Si d'autres questions vous viennent, je peux tenter d'y répondre. »

Elle ne doutait pas qu'il apprécierait le travail qu'elle avait fournit car elle avait gardé le meilleur pour la fin. Et parce qu'il avait mit du coeur à la satisfaire, elle pouvait bien lui accorder un peu plus de temps et l'éclairer autant que possible.
Le laissant déplier la missive et lire, elle s'écarta de quelques pas pour respirer plus librement. Sa peau frissonnait encore et la tête lui tournait. C'était effrayant de voir qu'elle pouvait se laisser ainsi submerger. A présent elle savait de quoi était capable les hommes de cette race et se jura de ne plus sous-estimer aucun de ses membres. Elle gardait cependant un atout dans sa manche qui pouvait lui sauver la mise si un incube déchaînait un jour contre elle son pouvoir de séduction.
Bien que l'expérience ait été pareille à aucune autre et que le plaisir qu'elle en avait retiré soit incomparable, elle devait reconnaître que la saveur n'était pas la même que celle d'un baiser donné par une personne aimée. Loin de ce déchainement de passion, c'était une sensation plus douce, qui élevait plus. Oui, c'était ça la différence : en amour, il n'y a pas que le corps. C'est également un état d'esprit totalement différent et qui rend chaque instant unique en son genre. Les deux n'était pas comparables et ce qu'elle venait de goûter ne gâchait en rien ce qu'elle avait déjà put vivre. Tout comme il n’entacherait pas les moments de délice futur. C'était peut-être l'avantage principal de l'âge et de sa double nature: elle n'avait pas la même vision des choses ni les mêmes valeurs que les humains ou les personnes plus jeunes. Cette certitude la rassure et la fit sourire.

Se tournant à nouveau vers l'Incube, mais restant à une distance de quelques pas, elle le questionna:

« Avez-vous des questions à présent ? Cette information vous satisfait-elle ? »

Vaelh mordilla encore un instant le coin de sa lèvre inférieur en se remémorant la saveur de la Lycane ; puis aussi simplement et rapidement que ça, il se concentra à nouveau complètement sur l'échange à venir.

La femme resta d'ailleurs un instant sans bouger malgré qu'elle soit de nouveau assez lucide. Sans doute devait-elle se livrer à un petit exercice mentale pour s'assurer d'avoir correctement repris pied. Un sourire naquit sur le visage de l'Incube. Quelle satisfaction de bouleverser ainsi les perceptions d'un être avec tant de brutalité...

« Intéressant... », avait-elle dit.

Un bien piètre compliment, si modeste qu'il en était insultant. Mais l'Incube ne s'en offusqua pas. Après tout, aucun mot ne pouvait décrire ce que la Lycane avait vécu. Elle devait donc se rabattre sur ceux qu'elle connaissait même s'ils ne rendaient pas hommage à la performance du démon. Quoi qu'il en soit, ces paroles eurent l'effet de la remettre définitivement d’aplomb

Le petit rouleau de papier fut alors libéré de son doux fourreau de chaire. La vérité, la connaissance salvatrice fut tendu au démon qui s'en empara du bouts de ses doigts vibrant d'appréhension.
Et il déroula le petit parchemin, laissant courir un regard presque fou sur chaque mot inscrit dessus.

Son souffle s'était arrêté, son cœur avait manqué de peu de suivre la même voix. Tout son être s'était figé face à ce nouvel espoir si tangible que le démon aurait littéralement pu s'en saisir -c'était le cas, en fait-.
Une piste, une vrai. Tant de précises d'indications.... Celle-ci ne pouvait pas être erronée ! Et les rapports semblait si récent ! Et ce nom, Lek, Lek... D'un coup, Vaelh eut l'absolue certitude que cette piste était la bonne. "Lek" était en fait le nom qu'avait donné l'un de ses protégés à un nouveau rituel de combat qui permettait de se nourrir de la mort d'un ennemi sous certaines conditions. Une trouvaille spectaculaire lorsqu'elle fut testé. Selon ses souvenir, la dose d’énergie apportée n'égalait pas celle que pouvait offrir le plaisir, mais elle permettait de survivre dans des conditions extrêmes où le meurtre devient la seule issue, faute de... "friandises" à se mettre sous la dents.

Pendant les expérimentations du Lek, nombre d'accidents étaient survenus. Au moins une quinzaine de disciples avait succombé à leurs désirs de mort, ne pouvant plus que se nourrir de cette manière. Ils étaient devenus des bouchers fous furieux et aucune magie n'avait pu inverser le processus.
Il avait fallu les abattre comme des animaux enragés.

De ce qu'il se souvenait, l'inventeur de ce mode de nutrition était l'un des rares à ne pas avoir succombé. Et vu sa localisation et son "activité", nul doute qu'il savait encore comment pour tirer sa force de la mort.

L'Incube grimaça de dégoût lorsque les souvenirs liés à de tels meurtres refirent surface. De biens amères pensées... Le Lek constituait sans doute l'une des façon de se nourrir les plus risquées pour un Incube ou une Succube... Mais à ne jamais prendre de risque, Vaelh savait qu'il ne pourrait jamais s'élever au prochain stade de l'évolution de sa race.

Il expira longuement, chassant le poids d'années d'ignorance. Il avait maintenant une destination précise. Il savait quoi faire. Doucement, il réorienta son regard dans celui de son informatrice.

« Avez-vous des questions à présent ? Cette information vous satisfait-elle ? »

Aucune question, aucun doute. Une impressionnante prestation que la tienne.

Une fois n'est pas coutume, l'ncube fut alors étreint d'un impérieux désir de remercier la Lycane pour son aide, même si elle faisait partie d'une sous-race. Comme des mots n'auraient pas suffit, il se livra à un étrange rituel : sans quitter les yeux de la Louve, il leva devant son visage son pouce et son index qu'il fit lentement entrer en contacte. Qu'importe que la femme ne comprenne pas la signification d'un tel geste puisqu'il était aisé d'y lire une éternité de reconnaissance.

Cathane sourit, sincèrement heureuse de voir que l'information qu'elle lui avait apporté le ravissait à ce point. Désormais totalement rassénée, elle hocha la tête en signe de reconnaissance, ne saisissant pas toute la portée de son geste mais comprenant l'essentiel du message. Elle entrevoyait également la possibilité d'une toute nouvelle source d'informations et l'occasion de faire plus ample connaissance avec cet énergumène. Et puis s'il refusait, elle savait toujours où chercher.

« Ravie de voir que je peux à mon tour combler tes attentes. Puisque tu n'as pas de questions, nous pouvons clore ce chapitre et notre entretient prend donc fin dès maintenant. »

La jeune femme récupéra la pochette qui était tombée par terre, mais au lieu de partir comme sa phrase l'avait sous-entendu, elle s'assit à côté de l'Incube et entreprit de retirer ses bijoux. Elle libéra également ses cheveux et rangea le tout dans son petit sac. La lycan n'avait pas besoin de pierres précieuses pour conserver sa grâce et sa beauté. Elle changeait simplement de personnalité. A présent, elle paraissait moins strict et moins bourgeoise, elle avait troqué ce masque contre une allure plus naturelle : sauvage, farouche et libre. Ses cheveux courts s'étaient rangés dans une sorte de désordre harmonieux et sa gorge libéré de toute entrave semblait palpiter avec plus de vie. Avec un soupir de soulagement et un sourire, Cathane referma sa pochette et se tourna vers le démon. La lueur dans son regard était restée la même.

« Bien, à présent j'aimerai vous parler dans un tête à tête plus...privé. Vous n'êtes pas sans ignorer que mon travail ne consiste pas qu'à chercher et livrer des informations sur demande. Quand je vois une source de connaissance potentielle, je m'attache également à l'étudier. J'ai appris deux ou trois choses sur votre race et sur cet homme, Lek. Assez pour aiguiser ma curiosité. J'ai une offre à vous faire. »

Même si elle était chef des Messagers, elle pouvait s'accorder des période de recherche durant lesquelles elle partait tout simplement en quête de connaissances. A son retour, elle rédigeait un rapport complet et secret qu'elle archivait. C'était ainsi que la bibliothèque de la Confrérie s'agrandissait et que le commerce de l'information pouvait prospérer. Grâce à ses dons naturels et à son ancien métier, elle avait toutes les armes en main pour être une chasseuse de savoir hors paire.

« Si je ne me trompe pas dans mes déductions, vous allez partir à la rencontre de cet homme. Je voudrais vous accompagner. Je peux vous être utile de bien des façons et les renseignements dont vous et lui disposez m'intéressent au plus haut point. »

Elle le laissa deviner que même sans son accord, elle trouverait un moyen de se rendre sur les Iles de la Muerta pour obtenir ce qu'elle voulait. Mais elle préférait être franche avec lui et le laisser choisir. Il avait tout à y gagner.

L'Incube reposa doucement sa main sur ses genoux dans un long et discret soupir. Il sentait la fin de l'entretien arriver et, pour être honnête, regrettait un peu de devoir quitter si vite cette femme qui lui avait permis d'entrevoir la fin de son calvaire. Il se surprit à pensé qu'il aurait même simplement voulu rester là, muré dans un silence confortable et réparateur, avec la Lycane à ses côtés.

« Ravie de voir que je peux à mon tour combler tes attentes. Puisque tu n'as pas de questions, nous pouvons clore ce chapitre et notre entretient prend donc fin dès maintenant. »

Elle était passé au tutoiement et ça n'était pas pour déplaire au démon ! pour signifier son accréditement, ce dernier se contenta de lever légèrement les mains, paumes tournées vers le ciel. Il ne lui fallut qu'une poignée de seconde pour deviner qu'au final la Louve n'allait pas rester là. Pour confirmer les soupçons du bellâtre, la jeune femme, plutôt que de s'éloigner, était venue s'asseoir tout prêt. Elle se délesta de tous les artifices qui avait empêché, jusque là, l'Incube de profiter de sa véritable beauté. Bien moins de raffinement, bien moins de manière, elle se révélait simplement comme elle était, sauvage et libre. Un style foncièrement différent mais pas si désagréable que ça.
Qu'elle opère un tel changement sur sa personne pouvait laisser présager que la conversation allait pendre un tout autre tournant ; Vaelh en était sûr.

« Bien, à présent j'aimerai vous parler dans un tête à tête plus...privé. Vous n'êtes pas sans ignorer que mon travail ne consiste pas qu'à chercher et livrer des informations sur demande. Quand je vois une source de connaissance potentielle, je m'attache également à l'étudier. J'ai appris deux ou trois choses sur votre race et sur cet homme, Lek. Assez pour aiguiser ma curiosité. J'ai une offre à vous faire. »

Malgré cette nouvelle sérénité qui étreignait son esprit, Vaelh plissa légèrement les yeux d'un air méfiant. Il n'aimait pas bien l'idée d'être l'objet d'une étude qui pouvait mettre à jour ses faiblesses ou ses secrets. Il n'était absolument pas partageur quant à son savoir, surtout lorsque celui-ci était en rapport avec sa quête de la Soif. C'était Son savoir à lui, à personne d'autre. Le premier point négatif de la soirée. Il garda le silence pour qu'elle précise un peu sa pensée.

« Si je ne me trompe pas dans mes déductions, vous allez partir à la rencontre de cet homme. Je voudrais vous accompagner. Je peux vous être utile de bien des façons et les renseignements dont vous et lui disposez m'intéressent au plus haut point. »

Il eut immédiatement cette dégoûtante sensation qu'on lui forçait un peu la main. Pourquoi lui demandait-elle la permission de l'accompagner ? Si elle avait réussi à glaner autant d'informations, n'était-elle pas capable d'aller satisfaire sa curiosité toute seule ? Bien sûr que si. Alors pourquoi vouloir accompagner l'Incube ?

Il afficha une moue vaguement contrarié. Qu'il dise oui ou non, la Lycane se déplacerait. Autant l'avoir à ses côtés pour... filtrer au maximum les informations qu'elle pourrait obtenir avec Lek. Vaelh ne voulu pas non plus perdre la face et s'avouer coincé. Autant jouer la carte du doute, dans ce cas.

Je suis curieux. En quoi pourrais-tu m'être utile là bas ? Tu sais, je n'en ai peut être pas l'air, mais je sais évaluer le danger et me défendre. Tu as déjà toutes les informations qu'il te faudrait en ta possession, alors pourquoi me suivre ?

Il laissa planer un blanc avant d'ajouter, après s'être élégamment repositionné contre le dossier de son assise :

Bien sûr, je n'ai rien contre le fait de faire le voyage en ton agréable compagnie... Je m'interroge simplement sur tes réelles motivations et sur tes capacités. Éclaire moi.

Cathane sourit et croisa élégamment les jambes, posant une main dessus et fixant quelque chose droit devant elle. Pourtant c'était bien vers l'Incube qu'elle tournait son attention et ses paroles.

« J'ai beaucoup de raisons de vous faire cette offre. Parmi elles, celle de préférer voyager en compagnie de quelqu'un, de vouloir faciliter le contact en passant par une personne que ce cher Lek connait et celle de souhaiter un apprendre un peu plus sur vous. Toi. Oui, c'est mieux comme ça. Enfin, ce n'est pas vraiment le motif principal. En fait, tu serais le mieux placer pour m'expliquer convenablement ce que je vais apprendre et j'ai bien conscience que tu n'aimerais pas que TOUT figure dans mon rapport alors en échange des informations très précises que tu pourras me donner, je pourrais faire quelques...omissions. »

Bien sur, elle conserverait en mémoire ce qu'elle apprendrait et pourrait toujours le poser sur papier, mais il existait une différence entre les informations commercialisables et les informations d'ordre plus privé.

« Quand à mes capacités...Sous cette forme je peux te déboîter un bras et te réduire les côtes en purée sans trop de difficulté. Sous une autre forme, je peux broyer un crâne humain entre mes crocs, porter un homme entier sur mon dos et entendre une mouche voler à plusieurs mètres de distance. Et si ça ne t'intéresse pas, alors disons que je peux te servir à faire la conversation pendant le voyage en bateau. »

Cathane ne se vantait pas, elle exposait des faits. Quand un loup gros comme un cheval referme ses crocs sur votre tête, les lois de la nature font que celle-ci explose comme une pastèque bien mûre. Elle avait testé et vérifié cette capacité plusieurs fois. Quittant son air détaché et insolent, elle laissa échapper un bref soupir avant de tourner à nouveau son regard vers l'Incube:

« Je ne cherche pas à te faire du tord. Je suis simplement trop curieuse. Je ne connais ni votre race, ni sa culture, ni ses capacités. Toutes ces données que personne ne voudra payer mais qui pour moi et les miens sont très intéressantes, simplement parce que nous avons soif de connaissances. Qui plus est, en sachant qui vous êtes et ce que vous êtes, je pourrais peut-être me rendre à nouveau utile en terme de recherche d'informations pour toi plus tard. On apprend beaucoup en voyageant mais quand on sait que quelque chose peut nous être utile par la suite, on écoute avec plus d'attention. Tu m'es sympathique et tu éveilles ma curiosité. C'est peut-être démodé à notre époque, mais j'ai envie de t'aider aussi. »

Depuis que la crainte s'était abattue sur Terra, c'était chacun pour soi et la méfiance régnait en maîtresse absolue sur tous les cœurs. La lycan se souvenait très bien de l'époque où le monde vivait encore en paix. Ce n'était pas si lointain pour elle qui approchait doucement de la centaine d'année. On l'avait élevé dans un autre esprit que celui qui sévissait à l'heure actuelle. Et sa nature ouverte l'encourageait toujours à se montrer aimable et généreuse quand elle le pouvait. Bien sur, elle y gagnait quelque chose à l'accompagner. Mais cette lueur au fond de son regard l'avait rendu soudain très...humain. Car ce qui différenciait tant les humains des autres races, c'était cette inépuisable réserve d'espoir qui animait leur regard. La lycan aimait cette impression, quand les gens se redressent alors que la brume s'écarte enfin de leur chemin et qu'ils se remettent à avancer, poussé par leurs rêves et leur ambition. Il n'y a pas plus difficile à abattre qu'un homme qui croit fermement en l'objectif qu'il s'est fixé. Galaad en était un parfait exemple.
Et parce qu'elle voulait encourager cet élan qu'avait eut son compagnon de fortune en lisant la lettre, elle souhaitait l'accompagner sur les Iles de la Muerta. Mais d'un haussement d'épaule, elle chassa ce sérieux qui plombait l'atmosphère.

« Je ne te force pas la main. Tu es loin d'être bête, tu imagines bien que tôt ou tard, la Confrérie finira par s'intéresser à cette histoire. Ca tu n'y pourras rien. Pire, tu n'en sauras rien. Je ne serais peut-être pas celle qui ira dénicher les pépites que tu caches mais elles tomberont dans le même panier quand même. »

C'était vrai. Si ce n'était pas elle qui s'intéresserait à ça, ce serait quelqu'un d'autre.

« J'ai beaucoup de raisons de vous faire cette offre. Parmi elles, celle de préférer voyager en compagnie de quelqu'un, de vouloir faciliter le contact en passant par une personne que ce cher Lek connait et celle de souhaiter un apprendre un peu plus sur vous. Toi. Oui, c'est mieux comme ça. Enfin, ce n'est pas vraiment le motif principal. En fait, tu serais le mieux placer pour m'expliquer convenablement ce que je vais apprendre et j'ai bien conscience que tu n'aimerais pas que TOUT figure dans mon rapport alors en échange des informations très précises que tu pourras me donner, je pourrais faire quelques...omissions. »

Et voilà la soirée gâchée pour de bon. Le démon s'était mis à réfléchir à toute vitesse. D'abord, qu'est ce qu'elle serait susceptible d'apprendre ? Si c'était des informations relatives à la race même des Incubes, passe encore, Vaelh ne cherchait pas à cacher sa nature. Des données sur leurs coutumes ? Là encore, peu importait tant que ça se limitait à quelques cérémoniel de base qui ne soient pas propres qu'aux Cabales... Par contre, hors de question qu'elle puisse apprendre des choses sur la magie du Plaisir. Elle pouvait tout à fait apprendre comment se nourrissait Vaelh et ceux de sa race, mais en aucun cas connaître les détails qui permettaient d'atteindre des sommets d'extases inhumains. Hors de question qu'une si noble magie tombe dans les mains d'inférieurs.
Mais ce que le démon ne voulait surtout pas, c'est que la Lycane réussisse à savoir comment il est possible pour un Incube et une Succube de parvenir à se nourrir autrement. Ça, c'était les trouvailles de Vaelh et rien que les siennes !

J'ai maintenant vraiment cette horrible impression d'avoir fait une immonde erreur en demandant vos services à toi et ta guilde. Je me doute bien que tout ce que tu vas apprendre là bas se retournera forcement contre moi un jour ou l'autre. C'est forcé : si quelqu'un à, un jour, des raisons de vouloir me retrouver... Il pourrait faire appelle à vous. Et vous allez lui vendre des informations qui faciliterait son rapprochement, vrai ?

Il n'avait pas haussé le ton mais laissait bien sous-entendre qu'il était très mécontent.

Enfin... Et pour le reste, donc ?

« Quand à mes capacités...Sous cette forme je peux te déboîter un bras et te réduire les côtes en purée sans trop de difficulté. Sous une autre forme, je peux broyer un crâne humain entre mes crocs, porter un homme entier sur mon dos et entendre une mouche voler à plusieurs mètres de distance. Et si ça ne t'intéresse pas, alors disons que je peux te servir à faire la conversation pendant le voyage en bateau. »

Deux possibilités : soit elle était honnête sur ses capacités et elle s'avérait être une Lycane sans capacités particulières, soit elle cachait une partie de ses facultés en oubliant d'en citer. Peut être maniait-elle des armes ou la magie, par exemple. Quand Vaelh n'avait pas toutes les informations sur une potentielle menace, il avait pour habitude de toujours prendre en compte le pire scénario possible. Dans ce cas, il partit du principe que la Lycane pouvait maîtriser toutes les armes connues et toutes les formes de magie.

Tu sous entends que je pourrais avoir besoin d'un garde du corps ? Questionna-t-il sur le ton du mépris qu'il exagéra pour amorcer la fausse plaisanterie qui allait suivre. Hm, bon, peut être en aurais-je besoin. Nous allons chez les pirates, après tout. Tu as déjà défendu quelqu'un ?

D'ailleurs, pour que sa pseudo-faiblesse passe pour authentique, il s'empressa d'ajouter comme l'aurait fait un de ces stupides mâles humains trop fiers pour se laisser épauler par une femme :

Mais ne te méprend pas, je sais très bien me défendre. Je dis simplement qu'il serait... Peut être rassurant d'avoir du soutient au cas où.

Il espérait ainsi en savoir un peu plus sur les véritables pouvoirs spéciaux de la Lycane... Si bien sur elle en possédait. Il la laissa ensuite poursuivre.

« Je ne cherche pas à te faire du tord. Je suis simplement trop curieuse. Je ne connais ni votre race, ni sa culture, ni ses capacités. Toutes ces données que personne ne voudra payer mais qui pour moi et les miens sont très intéressantes, simplement parce que nous avons soif de connaissances. Qui plus est, en sachant qui vous êtes et ce que vous êtes, je pourrais peut-être me rendre à nouveau utile en terme de recherche d'informations pour toi plus tard. On apprend beaucoup en voyageant mais quand on sait que quelque chose peut nous être utile par la suite, on écoute avec plus d'attention. Tu m'es sympathique et tu éveilles ma curiosité. C'est peut-être démodé à notre époque, mais j'ai envie de t'aider aussi. »

Un piège. Elle ne voulait pas lui faire du tord... Pour l'instant. Mais comme il l'avait pensé avant, quelqu'un pourrait très bien venir acheter des informations qu'elle jugeait inutiles et qui, en fin de compte, pouvait se révéler compromettantes. Exemple simple : Vaelh avait la quasi-certitude que les Cabales de Feu sont le seul endroit ou des culte d'Incubes et de Succubes se sont installés en adoptant une culture si particulière. De par leur grande fierté, les Cabalistes ne s'éloignait que rarement de leur chez-eux, sauf pour "affaire". Depuis la grande trahison, Vaelh savait que les Cabales avait envoyées des équipes pour chasser ceux qui avaient réchappé du massacre. Alors si l'un de ces types passait à la confrérie des brumes pour avoir des infos, qu'on lui narrait l'histoire d'un Incube ayant fidèlement décrit la culture Cabaliste tout en répondant à la description physique de Vaelh, ce dernier aurait tôt fait de se faire attraper.
Ah, quelle putain d'erreur d'avoir fait appelle aux services de cette Confrérie de rats...

Se montrer d'avantage suspicieux aurait éveillé les soupçons, alors Vaelh décida de faire mine d'être rassuré par les dernières paroles de la femme. En tant que maître comédien, il aurait été difficile même pour un tiers avisé de noter que le soupir de soulagement qui suivit était faux.

Tu m'as l'air sincère, mais puis-je vraiment me fier à la parole d'une femelle haut placée dans une guilde de renseignement ? Hm, je suppose que oui, après tout... cette satisfaction que tu avais de me voir comblé semblait authentique.

La femme ajouta après un haussement d'épaule :

« Je ne te force pas la main. Tu es loin d'être bête, tu imagines bien que tôt ou tard, la Confrérie finira par s'intéresser à cette histoire. Ca tu n'y pourras rien. Pire, tu n'en sauras rien. Je ne serais peut-être pas celle qui ira dénicher les pépites que tu caches mais elles tomberont dans le même panier quand même. »

Et ça, c'était carrément des menaces. Parfait, maintenant Vaelh voulait obtenir réparation. Il opta alors pour la solution la plus sûr :

Que ta Confrérie inspecte cette affaire si elle le veut, elle s'en désintéressera vite ; tu comprendras pourquoi lorsque je t'expliquerais tout pendant notre voyage. Ah, oui, ça veut dire que tu viens.

Mais qu'allait-il lui expliquer vraiment ? Ça, soupçonneux qu'il est, il préféra ne pas y penser tout de suite de peur qu'on puisse lire ses fourbes pensées.

Parfaitement détendue jusque là, Cathane sentit quelque chose de désagréable lui chatouiller l'instinct. Un humain normal se serait simplement sentit mal à l'aise, mais un loup à d'autres sens plus développer, une sensibilité différente. Ce petit rien qui passait parfaitement inaperçu mit en alerte l'esprit du loup qui veillait en elle. Comme figée, elle écouta avec attention, concentrée à la fois sur ses mots et sur cette sensation encore floue.
Ce qui la frappa en premier fut le changement presque flagrant d'attitude et de façon de parler. La langueur sensuelle et l'aisance dont il avait fait preuve jusque là sonnait soudain très faux...Trop banal, trop humain. Lui qui jusque là s'était détaché de tout stéréotype, voilà qu'il collait parfaitement à l'image même de l'Homme. La jeune louve n'était pas bête, elle avait fait mine d'ignorer cette parfaite attitude de supériorité dont il avait fait preuve jusqu'ici, mais qu'il se rabaisse aussi brusquement au niveau de n'importe quel dragueur de taverne, ce n'était pas normal.

Cette sensation...La vérité la frappa soudain. Sous forme humaine, elle ne sentait pas aussi bien que sous sa forme lupine mais cette odeur, elle ne pouvait pas la louper, surtout à cette distance. Soudain méfiante, elle fronça les sourcils et se pencha sur Vaelh pour scruter au fond de ses yeux. Rien n'est plus important pour un loup que l'attitude dont font preuve les autres autour de lui. C'est par elle que passe la communication, elle indique l'état d'âme du loup en face, son statut social, son état de santé et même ses intentions. Alors comme tout lycan de naissance, elle savait d'instinct déceler les infimes changements d'odeur et d'attitude. Inspirant profondément, elle sourit à nouveau. Mais cette fois, c'était un sourire plus menaçant, plus carnassier. Un nouveau jeu avait commencé et celui-ci était bien plus dangereux que le premier. Pas de danger mortel en vue encore, mais c'était suffisant pour faire courir un frisson d'excitation dans le dos de la demie louve.

« Menteur. »

Si elle ne pouvait pas dire sur quoi il lui avait mentit ni à quel point, elle pouvait cependant jurer devant les dieux qu'il mentait. Une touche d'acidité était venu perturber son parfum habituel, quelque chose de ressemblant à de la peur mais pas assez musqué pour en être. C'était la tension qui provoquait cela.
Approchant encore son visage, une main posée sur l'assise du banc pour s'appuyer, Cath écouta avec attention. Elle était à quelques centimètres de son visage et elle pouvait voir battre la jugulaire dans le creux du cou, sous sa peau blanche. Cette palpitation un peu trop rapide faisait frémir la courbe parfaite du cou de l'incube et réveillait en sa dangereuse compagne un sanglant désir de chasse. On dit que la sagesse apporte un certain repos à l'âme et calme toutes les ardeurs. Etrangement, c'était plutôt l'inverse pour les lycans. En prenant de l'âge et de l'expérience, les plus prudes devenaient petit à petit beaucoup plus enclin à laisser leurs désirs vagabonder à loisir dans leur esprit. Fut un temps où Cathane refusait d'avoir ce genre de pensées atroce à l'égard d'un être pensant. Mais l'année écoulée avait été riche en massacres, réduisant comme peau de chagrin ses idées sur la bienséance de la mort. A présent, elle se livrait sans honte à quelques pensées délicieuse sur la chasse à l'Incube. Il devait avoir une saveur si particulière...

Un grondement rauque jaillit de sa gorge et elle ne put retenir un claquement de dents tout près de l'oreille du démon. On passa sa frustration comme on peut. Pour éviter d'être tenté à l'idée de mordre dans ce cou si attrayant, elle se leva et fit quelques pas pour aller s'appuyer contre la table, sans se départir de son sourire.

« Je déplore m'être trompée sur certains points à ton sujet. Moi qui fais preuve de la plus grande franchise à ton égard, je m'aperçois que tu te joue de moi sans remords. N'imagine pas une seule seconde pouvoir me duper encore longtemps sans conséquences. Je crois qu'au lieu de t'accompagner, je vais plutôt te suivre. Ainsi j'aurai tout loisir d'avoir les informations que je souhaite tout en pouvant t'observer également. Je retire mon offre : tout ce que j'apprendrais sera consigné et mis à la disposition de qui sera prêt à en payer le prix. »

Cath ne craignait pas grand chose. Elle avait connaissance de la situation politique tendue dans les Iles et savait comment se renseigner discrètement et efficacement. Que l'Incube soit ou non à ses côtés, ça ne changeait rien.

« Tu caches tellement de choses que je peux presque sentir la masse de secrets qui pèse sur ton dos. Effectivement, en faisant appel à nous tu t'es exposé au danger que l'on mène une enquête sur toi, car ceux qui ont des secrets on en général des ennemis. Tu dois être mauvais aux échecs...Plus tu essaye de cacher que tu sais des choses et plus c'est évident qu'il y a de informations à déterrer. »

La jeune femme poussa un soupir et secoua la tête d'un air navré en se redressant. Elle reprit sa pochette ainsi que la bourse qu'elle avait posé sur la table et se dirigea vers la sortie.

« C'est dommage, moi qui pensais que nous allions devenir amis...»

En poussant le portillon du jardin elle lui lança un dernier regard, chargé d'impertinence et de défi. Il l'avait rabaissé plus qu'il ne pouvait l'imaginer en la traitant de femelle et en la traitant comme s'il était le maître. Cathane n'avait pas de maître. Et s'il avait cru avoir face à lui un gentil petit chien bien dressé, il venait de heurter sa fierté une fois de trop en s'imaginant pouvoir mentir à sa guise.
Elle s'en voulait d'avoir été si gentille avec lui. Finalement, peut-être devait-elle se faire aussi dure et méfiante que le monde qui l'entourait...

A peine eut-il terminé de parlé que l'Incube fut pris d'un doute. Souvent, ses talents de menteurs l'avaient sortis de situations délicates, si bien qu'il était devenu un peu trop confiant. Pouvait-il assurer que ses dires était assez crédibles pour que cette femme très instinctive se laisse duper ?

Même s'il ne laissa rien paraître, il était de moins en moins confiant en voyant le visage de la Lycane s'approcher du siens. Elle avait cette petite lueur de mécontentement dans le regard qui en disait déjà long, mais le démon n'eut plus de doute lorsqu'elle prononça :

« Menteur. »

Si ça avait été une autre race qu'il avait face à lui, il aurait pu nier ; mais là ça devenait trop risqué. La sauvagerie et le manque de civilisation soudain apparent de cette énergumène laissait largement entrevoir le fait qu'elle était persuadé d'être dans le vrai en accusant ainsi le démon.

Vaelh se remémora rapidement ce qu'il savait sur les Lycans et leurs techniques d'intimidations. Si ses présomptions s'avéraient justes, il serait bientôt victime d'une parade visant à lui faire perdre son sang froid. La manœuvre prit, la seconde suivante, la forme d'un soudain claquement de dents proche de l'oreille de son oreille. Puisque la race Incube est d'une rapidité hors norme, elle possède logiquement des réflexes plus aiguisés. Du coup, Vaelh avait vu venir le coup plus lentement qu'un humain en plus de s'y être préparé. Il ne sursauta pas mais dévia très subtilement son visage -au cas où-.

« Je déplore m'être trompée sur certains points à ton sujet. Moi qui fais preuve de la plus grande franchise à ton égard, je m'aperçois que tu te joue de moi sans remords. N'imagine pas une seule seconde pouvoir me duper encore longtemps sans conséquences. Je crois qu'au lieu de t'accompagner, je vais plutôt te suivre. Ainsi j'aurai tout loisir d'avoir les informations que je souhaite tout en pouvant t'observer également. Je retire mon offre : tout ce que j'apprendrais sera consigné et mis à la disposition de qui sera prêt à en payer le prix. »

L'immonde salope. Si la Louve pouvait vraiment sentir le changement d'humeur par les odeurs, elle ressentit alors un violent relent chaud et pimenté de colère... Qui se dissipa immédiatement. Après tout, si elle se contentait de suivre et d'observer, qui pouvait garantir qu'elle puisse seulement appréhender ce qu'elle verrait ? Une pensée bien rassurante !

« Tu caches tellement de choses que je peux presque sentir la masse de secrets qui pèse sur ton dos. Effectivement, en faisant appel à nous tu t'es exposé au danger que l'on mène une enquête sur toi, car ceux qui ont des secrets on en général des ennemis. Tu dois être mauvais aux échecs...Plus tu essaye de cacher que tu sais des choses et plus c'est évident qu'il y a de informations à déterrer. »

Vaelh décida qu'un jour il ferait brûler cette Confrérie, son avoir et ses membres. Voilà ce qu'il se passe lorsqu'on fait confiance aux races-déchets : il se frustrent de contempler une perfection qu'il ne pourront jamais égalé et, plutôt que de vivre dans cette honte, préfère dégrader ce qui devrait leur servir de modèle. A ce point, quel que soit sa réaction, la Lycane n'en démordrait pas. Autant la narguer pour tirer un minimum de plaisir de cette fin de soirée déplorable.
Avant de daigner relever l'ennuyeux monologue de l'animale, la Perfection se contenta d'un simple sourire.

Comme je te lai dit : tu peux bien t'intéresser à mon histoire. ta confrérie peut s'y intéresser aussi. Quand vous connaîtrez les motivations qui me poussent à retrouver Lek, vous comprendrez que vous aurez perdu tu temps. Agit donc comme tu veux, l'animale.

Il ne bougea pas lorsqu'elle s'approcha de la sortie.

« C'est dommage, moi qui pensais que nous allions devenir amis...»

Eh bien elle se fourvoyait. Les Incubes n'ont pas d'amis, sauf d'autres Incubes ou des Succubes ; de même qu'un humain ne devient pas l'ami d'un chien. Au mieux il se préoccupe du sort de son animal, il"l'aime bien", mais ne devient pas son ami. Ça marche pareille pour les démons du plaisir.
D'autant plus que ces derniers ont une notions de l'amitié... différente.