Miasme a écrit:

« Difficile à tuer… certes, mais non moins achevable. Raconte-nous une tentative de meurtre sur Rosaid qui a bien failli lui coûter la vie. »

Pour sauver sa vie, courir. Avancer coûte que coûte, ne pas faiblir. La prudence est mère de sureté. Et ce concept a été oublié. Comment oublier avec une mémoire parfaite ? Il faut croire que mon attention n’était pas complète. Mais qu’elle idiote je fais ! Parfois, je me frapperais ! Je me retrouve à courir.

Des prunelles mauves, luisantes. Un assassin. Comment a-t-il raté son coup ? Je n’en sais rien. Il sait que je suis une élémentale, et il sait quelle arme m’est fatale. Imprégnée d’une magie élémentaire ! Ça sent la vase, ça sent l’eau mêlée à la terre. Je me retrouve à fuir.

J’ai du abandonner des affaires en chemin. Tant pis pour mes richesses, je repasserais à la fin. Qu’est-il, quelle race? Je ne devine pas, son odeur est trop fugace. Son arme est emplie d’une magie élémentaire. Mais je sens en lui un pouvoir lié à l’air ! Je ne sais même pas qui l’envoie, mais je sais que c’est pour moi ! Je me retrouve à haïr.

Ma mémoire est inlassablement fouillée tant et si bien que c’est un bazar dans mes pensées. Qui sait pour ma race ? Qui peut m’en vouloir au point de me tuer et… Je suis interrompue dans mon cheminement de pensées par l’assassin qui a bondit sur mes traces. Sous forme hybride, je réussis à me jeter au sol, puis j’exécute une roulade parfaite pour éviter son envol, et poussée par la brume je me relève aussi légère qu’une plume. Je me retrouve à rire.

Comment n’y ai-je pas pensée plus tôt ? Evidemment qu’il s’agit de lui. Je ralentis imperceptiblement pour un saut. Moi-même je ne m’en rends pas compte. Mon assassin si. Il lance sa dague imprégnée du pouvoir de la vase. Il ne me manque pas, c’est moi qui invoque mon pouvoir de base pour faire tourner autrement la lame, l’attirant à moi, ne voulant pas la toucher de toute mon âme. A l’aide de mon pouvoir, je la fiche dans la terre, et fait volte-face pour me battre contre mon cerbère. Je ne veux juste pas mourir.

En le voyant, je comprends mieux l’odeur. Un lucifuge. Plus rapide, plus fort, et sans cœur. Pour lutter, je me dois de me transformer, mais sachant ma force, il va m’en empêcher. D’un bond chirurgicalement exécuté, il me plaque au sol pour m’immobiliser. Avec sa grande vitesse, je n’ai pas réussie à l’anticiper, et pour la première fois, j’ai peur d’être éliminée. Je ne veux juste pas souffrir.

L’homme me pousse si bien que je ne parviens plus à bouger. Sauf mon bras de brume qu’il ne parvient pas à attraper. On ne t’a pas dit mon grand ? Démon, sargon, ou ombre-sang, on ne peut me contraindre. On n’attrape pas la brume, on ne fait que s’y astreindre ! La magie déferle en moi. Elle n’est pas puissante. Elle est juste montante. Je ne peux faire mieux que ça. Je suis sous forme hybride. Mais ma magie l’opprime, et son maintient supprime. Enfin je suis sylphide ! Je ne veux juste pas périr.

Ma forme me permet de prendre mon envol. Suivant les courants ascendants, je quitte le sol. Déployant ses ailes, il me suit sans effort, il va plus vite et est bien plus fort. Je réfléchis encore et encore. Il va me falloir ruser, usant de sort. Je n’arrive plus à tout calculer, et l’assassin manque de me frôler. La magie élémentale faiblesse de la mienne me fait trembler. L’adrénaline se diffuse et me laisse espérer. Je ne veux juste pas partir.

Mais la peur m’envahie inexorablement, et jusqu’à mon âme s’imprégnant, elle me fige entièrement, et je ferme les yeux, me résignant. Il crée un vent contraire à ma destination. Sa magie de l’air surpasse mes machinations. Impuissante je me sens attirée vers le fond, mais appelle en moi l’entièreté de mon don. Mon heure n’est pas encore venue, et d’un courant froid mais soutenue, je m’élève et il tombe des nues. Un élémental ne peut être battu. Je me dois de résister.

Un combat alors s’engage, et sa lame contre ma brume fait rage, mais luttant pleinement contre ce mage, je perds l’impression d’être en cage. Aérien combat d’où émane le talent, tant du lucifuge que de mon élément, je résiste à l’appel désespérant, de Nayris, de la mort et du sang. Mais même dans les airs je faiblis, le lucifuge est d’une puissance semblant infinie. Rassemblant mes dernières forces j’obéis à l’appel m’ordonnant de rester en vie. Je me dois d’exister.

Une tornade est tout sauf contrôlable. Une fois lancée sa puissance est incroyable. Je peux réussir à la diriger un temps donné, mais pas indéfiniment, et cela me met en danger. Mais au point ou j’en suis, je veux tout tenter, car s’il est occis, ma vie est sauvée. Dans une ultime attaque, le lucifuge pique vers moi, il ne s’inquiète pas du vent qui le pousse vers le bas, ne voyant plus que sa récompense pour ma mort. Alors qu’il va me frôler je libère mon sort, et surpris, il se peut résister, et j’oblige ma tornade à l’éloigner. Je me dois de continuer.

S’il demeure, et ne me craint nullement, il recommencera continuellement. Alors dirigeant la colonne d’air, je l’empale à sa propre arme, meurtrière. Affaiblie et fatiguée, je me laisse, jusqu’au sol glisser, et me traîne difficilement sous forme humaine, jusqu’au réconfort d’un lit de taverne. J’ai du mettre bien une semaine à me reposer, et aussitôt que ce fut fait, j’ai repris ma fuite éhontée, veillant à ne plus croiser d’assassin de l’incube enragé. Je me dois alors de le recroiser.