pouvoir:

Le brouhaha extérieur me réveilla. J’avais oublié qu’aujourd’hui était jour de marché, et être réveillé par le bruit me mis de plutôt mauvaise humeur. Je me levais, enfilais mon pantalon et ma veste, tous deux blanc, et pris ma bourse considérablement allégée par ma semaine à dormir dans cette auberge. J’accrochais ma bourse, ainsi que ma valise à mon pantalon –derrière pour être précis- et commençais à ronchonner du fait qu’il était tôt, et qu’autant de bruit de si bon matin était intolérable… et puis je me rendis compte que j’avais pas assez d’argent pour rester une nuit de plus ici.

« Bordel de merde ! Pourquoi je n’ai pas été plus prévoyant ! Franchement, là j’abuse ! Bon, tant pis maintenant que je suis dedans, autant assumer et aller me chercher un travail. Donc je vais profiter que c’est un jour de marché pour trouver un pig… euh, un client généreux. Et le premier voleur à l’arrachée qui vient m’emmerder, je vais tellement le démonter que même Nayris ne pourra plus rien pour lui. »

Puis je sortais de ma chambre sommes toute banale, lit de paille près de la fenêtre et bureau –si on peut encore appeler ce truc un bureau- près de l’entrée. Je descendais au rez-de-chaussée, donc dans le coin taverne de cette auberge des plus minables, et constatait qu’un petit tournoi de poker avait lieu. Non pas que je sois particulièrement en veine aujourd’hui, mais les participants ne semblaient doués, et à force de jouer contre des gros parieurs, j’ai acquis un certain sang-froid. J’allais pour m’inscrire jusqu’à ce qu’une chaise passe à dix centimètres de ma tête, un léger sourire sadique se dessina sur mes lèvres, et je dis d’une voix peu rassurante, et d’un calme inquiétant :

« Qui est l’abrutis qui vient de manquer de me blesser ? –un tressaillement parcourut l’assemblée, à mon arrivée ici j’avais brisé le bras gauche de quelqu’un qui avait tenté de me voler – Je vais répéter pour que les sourds, et les idiots comprennent. Qui a lancé le tabouret ? –Tous les regards convergèrent vers un homme jouant au poker, et d’après son regard vers la personne en face de lui, il avait perdu gros - Merci de votre collaboration. »

Je tendis ma main droite vers le perdant, situé à dix mètres de moi, en prenant bien en compte le fait que le gagnant était dans la ligne de mire. Puis un rayon de magie partit et frappa les deux ordures de plein fouet, les colorant d’un peu de bleu, et les mettant à terre transis de douleur. Ce devait être des humains de toutes évidences. Puis je partais en m’excusant auprès du patron, oui je m’excuse quand j’ai recours à la violence.

Une fois à l’extérieur, le brouhaha était plus intensif. Et que ça criait pour vendre des navets, et que ça hurlait pour vendre des œufs… ouais bah c’est un jour de marché quoi. Je continuais mon bonhomme de chemin lorsque :

« Au voleur ! Attrapez ce gosse ! Il vient de voler deux miches de pain ! Empêchez-le de s’enfuir ! »

Qu’avais-je dis plus tôt ce matin déjà ? Ah oui ! Ce pauvre enfant va souffrir. J’entamais donc une incantation inconnue et anormale pour toute personnes –mage ou non - :

« La magie pulse, et mon corps s’allège. Que ma vitesse fasse sonner l’heure du châtiment des ignorants et des voleurs. »

Puis je me lançais à la poursuite du petit qui pensait que le mal paie. Et hélas pour lui le rattrapait trop vite, il avait à peine eu le temps d’aller dans une petite ruelle que j’étais sur lui, donc il a fallut quinze secondes pour le rattraper, puis je fis retomber la forme de la fuite. Tenant le petit par le col, je le ramenais vers le marchant de pain, le forçait à s’excuser puis payais pour les pains qu’il avait volé avant de lui donner. Je ne pouvais décidément pas frapper un enfant qui volait pour se nourrir. Je soupirais en constatant que j’avais encore craqué et changé d’humeur aussi facilement que j’utilise mon pouvoir. Décidément, j’étais irrécupérable. Puis je pris la route du centre de la zone d’achat, soit précisément où je peux trouver des affiches de recherche.

Une fois arrivé sur place, je vis que c’était bondé. Je soupirais, aucune chances que je sois seul pour les primes mais tant pis. Je commençais à avoir l’habitude, je vis un garde et décidait d’aller parler avec lui pour avoir des informations, plutôt que de me fier au mur :

« Bonjour, j’aimerai un renseignement s’il vous plait.
-le garde soupira avant de me répondre- Et q’puis-je pour toi ?
- Savez-vous si un non humain a une prime sur sa tête ?
- Moi j’sais rien, mais L’aut’ tocard d’aubergiste saura, tu l’trouveras dans l’auberge là-bas ! –me dit-il en pointant une auberge de l’autre coté de la place – Mais m’fie-toi, y a des gens louche là-bas… t’sais le genre qui t’arrache les tripes pour t’étrangler avec.
- compris, je ferai attention. Merci du renseignement ! »

Je partis vers l’auberge, constatais que la porte n’était pas en très bon état, et l’ouvris… avec fracas, bien que je voulais être un peu plus… discret que ça. J’allais directement voir l’aubergiste, après tout je n’avais pas de temps à perdre avec ça. La preuve j’ai littéralement ignoré la disposition de la pièce. Puis j’allais droit au but :

« J’ai entendus dire que tu pourrais avoir un livre des primes. –lui dis-je en surveillant la position des gens –
- Ouaip, ça s’pourrait bien. Juste… pourquoi j’le donnerai à un blanc-bec comme toi ? –dit-il en reniflant bruyamment –
- Hum… Peut-être parce que le blanc-bec, y cherche un travail et que tout ce qu’il sait faire c’est trucider d’l’abrutis en masse. –lui dis-je le plus calmement du monde. –
- Ouaip, ça s’tiens. – Il crachat de manière peu discrète et élégante dans un pot de fer prévu à cet effet, à sa gauche – Tiens, le v’la. Et bon courage dans ta chasse ! –Il me donna l’ensemble de parchemins liés ensemble par du fil grossier –
- Merci bien, je serai de retour dès que j’en aurais fini avec ces idiots, et je payerai ma tournée ! »

Puis je sortais sous les hurlements d’encouragement des soiffards. Je soupirais un peu et prenais la direction de la sortie, qui était décidément bien trop loin de cette maudite place.

Un sourire satisfait éclairait mon visage, j’allais me faire des… euh, j’allais être riche, et en plus dans la légalité la plus totale ! Je vérifiais le nombre de ‘monstre’, ainsi que leur race. Et je savais que j’allais être accompagné de gens… peut-être… s’ils viennent… Toutes façons j’ai besoin de personne ! Bref, j’analysais les feuilles en allant vers la porte principale lorsque… un truc percuta ma jambe et se mis à s’excuser :

« Oups, excusez-moi messire, je ne vous avais point vu...
–j’ai cligné deux fois des yeux en constatant que c’était un renard et que…– oh putain ! Un renard qui parle ! Euh… ouais je sais, je ne devrais pas être étonné, parce que je suis un humain qui influe sur la magie et tout ça… mais putain, c’est trop génial ! C’est un renard et il parle –à ce moment j’attrape un passant et le secoue– Vous vous rendez compte ! Un renard qui parle ! C’est fantastique, c’est formidable, c’est fantasmagorique ! Euh… ça se dit ?
- Ben moué, j’en sais rien, mais lâchez moué. Vous m’faites peur.
- Ah… euh… oui… euh… –je le lâche et le laisse partir un peu honteux– Bref ! –je regarde à nouveau le petit renard– Et bien, pas de soucis petit ! C’est aussi un peu ma faute, je ne regardais pas mon chemin ! Bref, que fais-tu en ville ? –puis en aparté– surtout celle-ci –et de nouveau au renard– Tu t’es perdu ? »

Je n’attendais pas vraiment de réponse, cherchant plutôt du regard la personne qui pourrait être son maître. Tout en rangeant l’ensemble de feuilles dans une poche intérieure de ma veste. Je me remémorais l’incantation que mon professeur m’avait interdit d’utiliser, sauf en cas d’extrême nécessité, je se remémorais la scène :

Une pièce un peu sale, une étagère pleine de papier prenant la poussière derrière un bureau de chêne noir gravé main. Et un vieil érudit habillé de noir en train de lire un livre sur la théologie de Terra Mystica. Il leva les yeux vers moi et dit :

« Aeon, tu as un pouvoir très puissant s’il est bien utilisé. Pour l’instant il est ensommeillé en toi, mais le jour viendra où tu pourras y faire appel. Ce jour là tu ne devras pas lié ton pouvoir à tes yeux, car ce serait trop dangereux. Tu comprends ? »

Puis je fus tiré de ma rêverie par une jeune elfe qui communiquait avec le petit renard. J’en conclus qu’elle était la maîtresse de cet adorable animal. Je soupirais un peu, me raclais la gorge, fis quelques vocalises avant de souffler un coup et dire :

« Bien le bonjour belle demoiselle. –je m’inclinais légèrement– Je me nomme Aeon, mais je suis plus connu sous le surnom du désillusionné. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que je suis un chasseur de… prime. Plus précisément, je traque les criminels non humains, mais ceci n’est pas réellement important. Avant d’avancer dans une conversation plus approfondie, je me dois de vous demander comment vous vous appelez, non ? »

J’achevais sur un sourire très amical, je me devais de faire bonne impression. Une femme aussi charmante n’a rien à faire dans ma liste noire et je n’avais aucune envie d’y apparaître.

« Je me nomme Alys Calywiel, née en Terre contrairement à mes ancêtres nés en Drayame. Et voici mon Familier, Heylë. Peut-être puis-je vous aider à retrouver certaines têtes recherchées, si vous le désirez bien sûr. »

C’est ce qu’elle me répondit. Alys… un nom plutôt agréable, court et simple à retenir. Au moins, je ne me fatiguerais pas à le retenir. Elle n’est pas non plus originaire de Drayame… un détail que j’ajoute volontiers à sa fiche, et le petit renard tout mignon se nomme Heylë… j’aurais aucune difficulté à le retenir, une créature aussi adorable, ce serait un crime que de l’oublier. Il est si mignon, si gentil, si petit, on pourrait presque le confondre avec une adorable peluche. Bref, je détallais pour moi-même l’apparence de cette elfe. Elle était vraiment charmante, et elle avait tout pour la servir. Si je n’avais pas été insensibilisé aux charmes des gens par la perte tragique de celles qui auraient pu vivre avec moi, je serais sans le moindre doute tombé amoureux de cette belle et jeune femme. Je passais ma main sur ma nuque avant de répondre gentiment :

« Je sais que ce n’est pas très gentil ce que je vais dire, mais je ne peux me permettre de ne pas le dire. Je ne suis pas sûr que tu sois assez forte, ce n’est pas contre toi, loin de là, c’est juste que j’ai vu tellement de compagnons de route mourir à cause d’une petite erreur de débutant, que je n’ai pas envie qu’il arrive malheur à une demoiselle aussi jolie, et sûrement aussi gentille que toi. Donc, si vraiment tu veux combattre des monstres de puissance et de force à mes cotés, essaye au moins de ne pas te mettre en danger. »

Ce n’était qu’une réponse vague, ni un non catégorique, mais pas non plus un oui concret. Je soupirais, me rappelant que je n’avais pas assez d’argent pour me permettre de traîner. Je dis donc en étant assez calme :

« J’aurais bien aimer parler plus avec vous, mais en ce moment je suis plutôt limite au niveau argent. Donc si tu veux vraiment m’aider à traquer un criminel dès aujourd’hui, et bien c’est maintenant. Car je prends la route dès à présent, histoire d’être sûr d’arriver en premier sur les lieux. »

Puis je repris la direction de la porte, leur réponse m’importait peu, et je venais aussi de remarquer que j’avais changer trois fois de caractère et d’humeur en leur présence… ça n’a pu que les surprendre je suppose. Après tout, quelqu’un qui change comme ça, d’un seul coup et sans prévenir. Je passais la porte, et constatais que je n’avais aucune information concernant mes proies. Je soupirais en mettant mes mains sur mes hanches. Je ne savais pas si je devais faire demi-tour et demander des renseignements dans cette auberge mal famée ou si je devais prendre une autre route. Je regardais le ciel, et constatais que la matinée était bien avancée, midi approchait. Je décidais donc de prendre la route qui mène à Ormbois, un petit village forestier à cinq heures de marche de Sen’tsura. Je décidais de m’arrêter à l’ombre d’un bouleau papier, l’herbe montait jusqu'à mes mollets et l’après-midi commençait tout juste, un après-midi frais. Juste assez frais pour que s’en soit agréable, avec une légère brise.

Je m’asseyais contre l’arbre, les yeux mi-clos. Je savais qu’une halte ici n’était pas une bonne idée, mais j’avais encore au moins quatre heures de route, sans compter les pauses. Donc je pouvais au moins me permettre un petit arrêt, pour profité du temps presque parfait que l’on avait.

J’avais dû rester trop longtemps assis, étant donné que je m’étais assoupi. Une petite que je ne me lasserai décidément jamais d’entendre me réveilla :

« Tu crois qu'en dormant, tu vas trouver un criminel notoire ? »

J’ouvrais les yeux, constatant que la paire joyeuse m’avait rejoint, à moins qu’ils ne m’aient suivi depuis le début ? Bref, ça n’était pas important. Je me relevais en ayant conscience que je devrais plus me bouger le train que d’habitude. Ça ne me motivait pas des masses, mais comme je pourrais être avec la petite boule de poil toute mignonne tout plein… et bien ça rattrapait le coup. Et puis ce renard était si mignon que je ne pouvais lui en vouloir. Je souriais un peu avant de répondre :

« Ah, tu sais, on peut avoir des illuminations des fois. Bon, moi ce serait étonnant que j’en aie, mais on ne sait jamais. En tout cas, vous avez l’air de ne pas avoir froid aux yeux, ça me plait ! Je compte me rendre dans un petit village forestier non loin de là, je connais bien le patron de la taverne de cette bourgade donc j’espère y trouver des renseignements. »

° Même si j’aurais plus de chance à Sen’tsura. ° Me disais-je. Je me relevais et commençais à les rejoindre lorsque je constatais que j’avais somnolé pendant presque une heure, je ne m’étais que trop attardé, mais la compagnie que j’avais me rendait heureux. Donc je laissais passer le temps. Je regardais vers le sud, soit la direction d’Ormbois. Et je vis que la route risquait d’être un peu plus dangereuse, au loin on pouvait distinguer de la fumée, et sur la route il n’y avait que la plaine mystique à perte de vue en temps normal, le seul bâtiment visible avant était la ruine d’une tour de garde souvent occupée par des pillards. J’ignorais ce que ça pouvait être, et je ne voulais pas rester assez longtemps pour le savoir. Je pointais la direction, et donc la fumée, avant de dire :

« C’est par là que je vais. Et je pense que le voyage sera… comment dirai-je… mouvementé ? Ouais, c’est le mot précis, mouvementé ! Je ne me suis pas mesuré à de vrais ennemis depuis une semaine, j’espère que ça ne me portera pas préjudice. »

Je regardais l’elfe avec un grand sourire, un sourire plein de malice, le sourire d’une personne insouciante mais joueuse. Un sourire qui donne envie de sourire, en bref le plus beau sourire qui soit, puis je lui dis calmement, sans parler trop fort, ni trop vite :

« Premier arrivé, premier servit. J’adore cette phrase, mais comme on fait équipe, je te propose de courir. Et de concourir, celui qui arrive premier et qui bat le plus de brigands s’il y en a se fait offrir un verre par l’autre. »

Je lui fais un clin d’œil et part comme un demeuré vers le danger. Sans vraiment savoir ce qui nous attendait, ni à quel nombre pourrait s’élevé les ennemis. Mais les surprises sont plus intéressantes que la routine.

La voyant aller vers le village par un chemin détourné, comme prévu –enfin plus ou moins hein n’allez pas croire que je sois malin à ce point– je décidais donc de prendre la direction de la tour brisée, histoire d’enquêter un peu sur la fumée au loin. Je mis trois minutes à l’atteindre, toujours aussi délabrée… mais plus propre qu’à l’accoutumée, la poussière qu’il y avait dans la seule pièce couverte avait disparue. Quelqu’un était donc passé par là, et c’était récent… euh… en général dans les livres, lorsque le héros va dans un lieu risqué récemment habité, il se passe une emmerde… pourquoi j’entends des phalanges craquer ? Pourquoi le sol est aussi bruyant ? Cyri ? Tu me fais une plaisanterie c’est ça ?

« Tiens, tiens, tiens… mais qui voilà ? Le monochrome qui prétend être capable de traquer des criminels. C’est marrant, parce que si tu avais regardé les primes, tu m’aurais tout de suite reconnu. Maintenant c’est trop tard.
- Pour la qualité de tes phrases, je suis fier de toi. Pour ton hygiène, tu repasseras. Franchement, je t’ai senti venir, c’est dire à quel point tu empestes. Bref, je suis beau joueur, je te laisse cinq secondes pour commencer à fuir. »

Il a commencé à rire, et il a ri trop longtemps. Pas de chance, je suis pas du genre à en redonner une, je me retourne et vois une golgothe de deux mètres, pas franchement commode. –Autrement dit, je suis mal. Genre vraiment mal. – Je me mis à sourire, genre pour faire croire que je suis confiant, alors qu’en fait je me chiais dessus comme ce n’est pas permis. Genre, là je suis content d’avoir le bon pouvoir, parce que sinon je dis pas l’état de mon pantalon. Bref, je fais deux pas en arrière, sachant que je n’aurais pas le temps de dégainer, la forme de la fuite, je ferai mieux de l’oublier car je ne pourrais que me blesser. Il me restait la forme de la destruction, mais comme je n’étais pas certain de sa race, je risquais surtout de me mettre en danger. Aller un beau, quitte ou double : je lance un rayon de magie droit dans son visage, le mettant K.O. par pure chance. Le mec était juste un humain avec une ossature lourde, soit pas quelqu’un qui entre dans ma liste de victime. Je l’enjambe et prends la direction du village, dans l’espoir d’arriver à temps et surtout, pas trop à la traîne.

La puissance de mon pouvoir me semblait depuis bien longtemps apprivoisée, et pourtant je savais que j’étais loin de mes limites. Je continuais vers le village, et lorsque je fus assez près je la vis en train d’attendre, légèrement inquiète ? Un léger malaise était présent. Le village semblait vide, ce qui n’était pas normal. Soudain, un type louche sortit de derrière une maison, et Alys ne l’avait pas remarqué. J’active ma forme de la fuite pour la deuxième fois de la journée, mais comme je me suis reposé un moment, ça m’a permis de récupérer. Je fonce comme le dernier des bourrins droit sur l’ennemi à la vitesse maximale, le fauche –ce qui le fait tomber bien évidemment– et lui met mon pied au milieu du dos avant de faire signe à Alys que je la laisse s’occuper de cuisiner notre boulet cosmique.

L’interrogatoire ne dura pas vraiment, Alys avait conclut bien vite que le bandit capturé était muet… peut-être trop vite d’ailleurs. Puis elle m’a demandé d’où me venait ma vitesse, car elle ne pouvait connaître l’essence de mon pouvoir –dont j’ai désactivé la forme de fuite, juste après avoir maîtrisé le brigand– et j’étais plutôt sensible sur ce sujet… mais révéler que c’était dû à un pouvoir mystique n’était pas un problème :

« Concrètement, c’est magique. Bon, je l’admet c’est un petit peu plus compliqué que ça, étant donné que c’est un pouvoir inné. Propre à moi-même, et dont le coût est assez… violent. J’ai bien plus de capacité autre que ma vitesse hors du commun, comme dit à Sen’tsura j’ai un certain contrôle sur la magie dans sa forme pure. Je t’expliquerai ça plus en détail lorsqu’on se sera chargé de calmer ces idiots. »

Suite à ma réplique j’entourais le premier bandit de piège magique en lui faisant un clin d’œil. Puis je soupirais, ses compagnons pouvaient être partout s’ils étaient dans le village. Un léger sourire se formait sur mes lèvres, je rencontrais une elfe et son renard qui parle le jour où je cherchais du travail, et quelque chose comme une heure après il y a assez d’action pour que j’y trouve du plaisir. Je la classais donc dans la catégorie ‘amie porte-bonheur’, tout en espérant que ça ne lui porte pas préjudice… j’ai pas vraiment beaucoup de chance en général, et ceux que je considère comme des amis ne survivent pas très longtemps. J’ignore pourquoi… Bref, je regardais Alys avant de lui dire :

« Il serait plus sage de se séparer pour chercher des indices, de plus il est rare que les bandits soient muet. Et d’autant plus qu’ils soient seuls. Ils forment des groupes de cinq ou six pour faire des raid sur les marchants itinérants, et quand ils s’attaquent à des villages c’est qu’ils sont environs dix et qu’ils sont dirigés par quelqu’un de plutôt fort, voire intelligent… donc reste prudente, et ne prend aucun risque inutile. »

Ensuite je partis en direction de la taverne, sans doutes le seul lieu qui pourrait encore accueillir des rescapés, ou alors où on pourrait trouver des retardataires. En bref, selon le nombre de crétins encore présent là-bas je pourrais savoir combien il y avait de participant. J’y entrais, entendant des bruits venant du sous-sol. La rage de vaincre s’emparât de moi, ce qui n’est pas une bonne chose pour mes opposants, car si je m’énerve la magie pulse beaucoup plus. J’ouvre la trappe menant à la cave, puis j’entre calmement. Et putain il fait sombre ici ! Pas de chances pour mes ennemis, je connaissais la disposition des objets ainsi que la taille totale de la pièce. J’ai fais trois pas et j’ai lancé un rayon à deux centimètres qui a éclairé toute la pièce dévoilant ainsi mon ami le tavernier et sa femme. Les bruits devaient être causés par leurs tentatives désespérées de trouver un meilleur coin où se cacher. Nous sortîmes de la cave, et nous placions autour d’une table, lorsque mon ami dit enfin :

« Je pensais pas voir ça un jour… un tel regroupement de bandits… pourtant on est si proche de Sen’tsura… pourquoi ils étaient si nombreux. Il y a un truc de pas normal, quelque chose est en train de se produire. Quelque chose de gros si tu veux mon avis.
-Je ne pense pas, ils ne devaient pas être si nombreux. Après tout… ça ne doit pas faire si longtemps que ça, que le village se soit fait attaquer.
-Ouais, une trentaine de minutes à tout casser. Par contre, je maintiens le fait qu’ils étaient très nombreux. Au moins quinze !
-Non, mais attends quinze abrutis armés jusqu’aux dents pas loin de Sen’tsura et je serai pas au courant ? Il y a un truc pas net. S’ils étaient si nombreux, ça ferait longtemps que je serais au courant ! Et là, personne en parle ! Soit ils sont discrets comme y a pas, soit il y en a moins.
-Tu sais, ils viennent de la forêt, qui a pas mal de planque de chasseur abandonnées. Pas impossible qu’ils s’y cachaient en préparant leur coup.
-Personne n’a la force, ni le charisme pour diriger une telle équipée de bourrins sans cervelle, voulant juste piller et tuer.
-J’en serai pas si sûr à ta place, tu sais aussi bien que moi qu’il y a des exceptions à toutes les règles. Tu sais même mieux que quiconque que toutes les règles ont des exceptions !
-Parce que je peux influer sur la magie pure et la comprendre alors que c’est censé être impossible. Non, mais ça c’est dû à la règle que j’ai assimilé, tout comme la plupart des Espers. D’ailleurs je te remercie de m’avoir accepté malgré ma différence majeure.
-Tu sais que pour moi, tout ce qui achète est un client. Et que tous ceux qui payent toutes leurs consommation sans jamais avoir d’ardoise sont des gens de confiance.
-Ouais… Bref, ils sont partis par où ?
-La forêt, avec sept femmes et neuf enfants de moins de dix ans enlevés. D’ailleurs si on était dans la cave, c’était pour sortir les armes, mais puisque tu es là je suppose que tu vas t’en charger. A moins que même toi, tu ne puisses t’en charger seul ?
-Je pourrais, mais je ne suis pas vraiment venu seul. Après tout, je ne suis pas quelqu’un qui adore le travail seul, malgré ma misanthropie… attends, je sais plus si je dis des conneries là. Bref, j’ai conscience de mes limites donc je suis venue avec une nouvelle ‘amie’.
-D’accord, dans ce cas je vous souhaite de réussir. Ah, et tant que j’y pense, il doit traîner encore deux ou trois bandits, élimine-les. »

Je lui fis signe que j’allais m’en charger avant de sortir. Je retournais à l’endroit où se trouvait le guignol capturé, et j’y vis deux bandits en train d’hurler à la mort, et le muet en train de serrer les dents et les poings pour ne pas laisser transparaître sa douleur. Au final, j’avais gagné du temps. Comme je savais à quel point la douleur était intense lorsque tout le corps était atteint, ce qui était leur cas. Je décidais d’abréger leurs souffrances. Et les mis à morts, un à un. Puis j’attendis la demoiselle qui avait décidé de m’accompagner pour la chasse aux primes de ce mois-ci.

« J’en sais rien, les trois ont été atteint par le piège magique que j’ai posé. Je me suis renseigné, apparemment ils sont nombreux et déjà repartis. Ces trois là auraient dû être notre comité d’accueil. Si ce n’est pas le cas, c’est sans doutes à cause de mon niveau magique et de notre nombre. D’après moi, ils sont partis et peu organisés. Donc on pourra aisément les vaincre. Par contre, je n’ai aucune idée du nombre qu’ils sont. Autant je savais pour les restant en ville, autant maintenant je suis dans le flou. Je ne doute pas de tes compétences, mais on est que deux, et je ne sais pas de quoi tu es capable. »

Je soupirais, l’équipée de bras cassés était calmée, et je n’ai pas envie de rompre ma promesse donc je soupirais une seconde fois avant de reprendre ma réplique, histoire qu’elle soit longue et dure… à comprendre ! Longue et dure à comprendre :

« Bref, concernant mon pouvoir. Faut savoir que je ne suis pas tout à fait humain. Je suis un Esper, ma capacité est assez étrange, et très puissante. Enfin, puissante au point que j’ai un second pouvoir qui est là pour le limiter. La capacité limitante est une annulation de magie si je suis en contact avec la source ou l’utilisateur. Le pouvoir normal que je possède est la manipulation de la ‘mana’… Ouais c’est assez chiant à expliquer ! Le mana est la magie dans sa forme pure, en bref avant que tu ne te serves de magie pour lancer un sort et bien ta magie est sous forme pure. Je peux la manipuler au point où ça peut me servir d’amplifier mes capacités physique, ou du moins ma vitesse d’exécution des actions. Je peux poser des pièges magiques comme tu l’as vu plus tôt. Et je peux tirer un rayon ou même drainer la magie présente dans une pièce. Je garde le reste de mes possibilités, de mes capacités, secrètes pour la simple raison que je ne te connais pas très bien et que je préfère ne pas te dire les compétences que je n’utiliserai pas à tes cotés. Pour faire simple, je suis le parfait ‘tueur de mages’, mais je ne suis pas si fort que ça. Parce que j’ai horreur de porter des armures lourdes, et même légère ou en cuir. Je ne porte que du tissu. »

En bref, j’ai quasiment dis tout ce qui me concerne. Oui, je suis un psychopathe ! Je vais tout dire à une personne rencontrée dans la journée ! Je ne suis pas loin du suicidaire ! Plus sérieusement, je me doutais qu’elle risquait de ne pas m’attaquer. Son nom était simple à retenir et court, donc elle ne pouvait pas être fourbe, c’est mathématiquement impossible. Allons, c’est bien connu, c’est toujours ceux qui ont des prénoms longs qui sont méchants… comment ? AT ? Aile… ouais, bon, je suis sûr que dans le fond il est super sympa ! Ne me regardez pas comme ça, je sais que vous le pensez aussi. Si si, je vous l’assure. Croyez-y vous aussi. Bref, je prends la direction de la forêt, me doutant un peu de l’endroit où les bandits s’étaient planqués. Puis je dis à Alys :

« Reste pas trop loin de moi, tu pourrais te perdre. Et surtout, je pense savoir où ils sont, bien que je n’en sois pas sûr. »

Tout en continuant à m'enfoncer dans la forêt, et en allant vers la cache au milieu de la forêt.

C’est pratique les renards, ça sent quand on s’enfonce dans les emmerdes. Bon, je savais que le plan n’était pas folichon, mais j’étais sûr qu’ils voudront bien négocier ! Pourquoi tout le monde me regarde ? Ah… ouais… je sais, le plan casse clairement pas trois pattes à un connard, mais je suis persuadé que nous allons nous en sortir. Après tout ce ne sont que des bandits, bêtes, simple, et banals. On arrivait au point où je soupçonnais une présence et à l’intérieur on entend soudain :

« Vous vouliez me voir patron ?
- Non mais j’y suis obligé, fermez la porte et assoyez-vous ! –un bruit de porte qu’on claque se fait entendre– Bon, je t’ai fait venir pour te parler d’incohérences, de meurtre de collègue sous l’escalier…
- Ah, non, ça c’est pas moi.
- Ah bon ? Bon ça devait être Bruno.
- Mais en parlant du travail, en général j’en fais du bon !
- Justement, je t'avais demandé de tuer une famille avec un petit couteau émoussé, ainsi que de violer la gamine aînée avant de l’enlever et…
- STOP, c’est bon, c’est bon, j’ai compris ! Vous savez quoi, je démissionne.
- Non ! C’est moi qui te vire !
- Et pourquoi me virer ? Je vous apporte pourtant un croissant au beurre tout les matins !
- Vous m’en apportez plus depuis deux semaines !
- ah, c’est pour ça !
- Je reconnais que ça n’a pas plaidé en votre faveur.
- Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas les elfes que tu dois te venger sur moi !
- Et bien écoute, un bandit est avant tout un bon pillard !
- Et je vous assure qu’un patron est avant tout un bon connard !
- Cassez-vous ! Et je ne vous salue pas !
- J’espère avoir le plaisir de vous enfiler par derrière au moment qui vous arrangera le moins !
- Gardez vos pervers fantasme pour vous ! »

Un autre bruit de porte qui claque et un début de bagarre, et pas une petite, on entendait clairement le bruit de l’acier cognant contre l’acier, le sang qui gicle et la chair qui se fait trancher. Ce qui m’étonnait le plus c’était le parlé des deux bandits. Je n’avais plus aucuns doutes concernant le charisme du leader. Ils devaient être douze à tout casser, donc ça correspondait au nombre que j’avais entendu par mon ami. Décidément, cette journée est tournée à la boucherie drôlement vite. C’est à croire que cette elfe portait chance… ou la poisse, ça dépends du point de vue.

Je m’approchais de la porte, puis je toquais quatre fois. Aucune réaction, aucun changement, tant mieux notre entrée allait être discrète ! Je fis signe à Alys de s’approcher avant de lui dire calmement et en chuchotant :

« Vu qu’ils se battent, on va pouvoir aller leur mettre le pied au cul, seulement on a un soucis, vu que tu es sûrement plus discrète que moi, je t’invite à vérifier s’il y a des otages –et il y en a sept, cinq en vie un blessé et un mort– et s’il y en a, les mener en sécurité avant de me rejoindre pour finir le travail. »

Un petit sourire se fit remarquer sur mon visage, puis je retournais à la porte avant de la défoncer d’un coup de pied pas mal bruyant, et j’utilisais la forme de la destruction juste après pour couvrir le passage d’Alys. Le Rayon a touché quatre bandits mis en ligne pour se frapper dessus, et la fatigue commençait à se faire sentir, j’avais beaucoup usé de force et de concentration aujourd’hui. Puis tout les bandits stoppèrent de bouger, sauf les quatre touchés qui souffraient un peu en silence, tout en se vidant de leur sang à cause des blessures qu’ils s’étaient infligés. Je soupire un peu avant de dire :

« Je suis venu pour négocier, quelqu’un à envie de négocier avec moi ? »

Un léger malaise se fit ressentir, les bandits firent en même temps un pas en arrière. Ce qui m’a surpris, habituellement je devais reprendre la baston juste après une provocation de ce type… puis le chef des bandits sortir de la pièce qu’il s’était réservé avant de dire :

« Butez moi ce gringalet. Et faites attention à ses tirs de magie, ils sont dangereux. Pas mortels mais dangereux. Et je ne veux pas d’autre baston générale, ou vous aurez affaire à moi. »

Un bandit pris son courage à deux mains avant de pousser un cri de guerre plus désespéré qu’encourageant, et il me chargea épée au poing. J’utilisais une deuxième fois la forme de la destruction pour le faire aller vers une flaque de sang, dans laquelle il trébuche et se tue tout seul. Un léger mal de tête commença à me lanciner, ce qui n’est pas du tout une bonne chose. J’enclenche le mécanisme de ma valise et dégaine ma lame, puis je fais signe aux autres de s’approcher, mais un d’entre eux explosa de rire et trois bandits, lui compris, changèrent de camp en tuant dans le dos leur chef et deux autres gars avant de se retrouver à deux contre trois, ce qui m’arrange vu que ça fait des gars à tuer en moins. Ça finit en il reste plus qu’un zigoto à tuer, et il est gravement blessé, vu que les quatre à terre ont finis par mourir d’une hémorragie. Et ce trou du cul de l’ai achevé d’un coup en travers de la nuque, vu qu’il me tournait le dos. Et c’est à ce moment que je distingue Alys en train d’arriver.

Les otages étaient donc en sécurité, et elle semblait un peu inquiète quand elle me demanda comment je me portais… étrange, peu de personne s’inquiétaient de mon état de santé, pour beaucoup je n’étais qu’un monstre méritant à peine leur attention. Cette petite… je l’appréciais de plus en plus décidément. Je concentrais un peu de mon pouvoir dans ma tête histoire de récupérer. Mon pouvoir ? Quasiment épuisé, je le reconnais. J’ai toujours un peu de force pour tenir debout ? Aucune idée, on verra bien. Je me retournais vers elle avant de dire d’une voix mal assurée :

« Je me suis sentis mieux… à tous les coups j’ai trop forcé. Mon pouvoir est, comme je te l’ai dis, très usant. Les contreparties sont très grandes. En tout cas, félicitation pour av… –et je perdis connaissance avant de finir ma phrase– »

Je faisais un rêve étrange, je me trouvais dans un lieu inconnu et pourtant si familier. Il y avait des milliers d’étagères remplis à ras-la-gueule de livres, tous plus vieux les uns que les autres. Je n’avais qu’une difficulté devant tout ça : contenir mon émerveillement. Un gars me dit :

« Monseigneur, cette bibliothèque est remplie de beaucoup d’information, il y aura probablement celle que vous désirez… mais vous êtes certain que…
- Bien entendu. J’ai longtemps attendu ce… moment, l’instant où je pourrais… »

Mes oreilles se mirent à siffler, tant et si bien que je n’en entendis pas plus… mais ce fut assez drôle de me voir, j’ignorais que j’avais aussi peu de charisme d’un point de vue physique. Et l’autre gars… son apparence ne me disait rien, et il avait l’air d’être un serviteur lambda. Je me demandais plus où j’étais, la bibliothèque ne ressemblait pas à ce que j’avais lu pour celle de Von Luar, donc j’en ai déduis que ce pourrait être celle de Sen’tsura… à moins que… Bah, ça n’avait pas d’importance, après tout je semblais avoir un désir de renseignement, ce pourrait-il que j’aie décidé de jouer mon coup ? Et pourquoi je me prends autant la tête pour un rêve ? C’est purement fictif. J’ai vraiment déraillé… mais je maintiens, ce rêve est étrange, ce lieu est étrange et merde ! C’est quoi la tenue que je me paye ! Elle a une putain de gueule ! Et… je me suis débarrassé de mon problème de coloration capillaire ? Ça doit vouloir dire que mon contrôle de la magie s’est amplifié. Ceci m’intéresse. Il me reste deux choix : soit c’est prémonitoire, soit c’est mes désirs refoulés. Le mystère reste entier, et puis peu importe ! J’y réfléchirai quand je serai seul.

Je revins à moi, et ceux dans une taverne que je connaissais très bien, j’étais de retour à Ormbois. Et je regardais le visage d’Alys, qui semblait plutôt inquiète… du moins je crois que c’était de l’inquiétude qu’on lisait sur son visage. Au moins avais-je un peu récupéré, et je savais que le temps d’inactivité allait me porter préjudice mais pas à ce point. Ma motivation fut réveillée, à un tel point que je sentais qu’il était temps que Aeon aux milles visages joue son coup. Je souris de manière peu rassurante, puis je me relève doucement avant de dire :

« J’ai besoin de plus d’entraînement, décidément… Te rencontrer m’a permis de comprendre où se trouve mon point faible le plus gênant. Je procrastine beaucoup trop. Bref… merci pour m’avoir aidé, bien qu’indirectement, à cerner mon souci… j’ose espérer que nous pourrons être amis. Après tout, j’ai une petite dette envers toi et je n’ai pas envie d’ajouter une gentille et ravissante demoiselle à ma liste noire. »

Bon, mon autre défaut est que je parle beaucoup, ce qui pourrait me porter préjudice à l’avenir, mais comme j’aime à le dire : advienne que pourra. Le futur est sombre et plein de surprise, et avec mon pouvoir il ne serait pas étonnant que le miens soit ravissant. Du moins je l’espérais.

Elle avait l’air soulagée… vraiment j’ai de la chance de m’être levé ce matin, et d’avoir rencontré cette demoiselle… charmante maintenant que je la détaille physiquement. Je l’ai sûrement déjà détaillée avant, mais là… j’ai l’impression que je vais finir par tomber amoureux… elle me rappelait Shana en un sens… la même rousseur au niveau des cheveux… mais les yeux de l’elfe étaient un peu plus foncés que ceux de Shana, ce qui me fit un peu déprimer, le souvenir de la mort n’est jamais bon et ce malgré que je sois censé avoir fait mon deuil. Il faut savoir que je n’avais toujours pas digéré la mort de ma fiancée… une larme avait perlé au coin de mon œil avant de tomber à terre sans que j’y prête une attention particulière. Puis je me mis debout avec prudence, et je dis :

« Bon, je pense qu’on en a assez fait pour aujourd’hui, je serai sûrement récompensé par les gardes, en allant à Sen’tsura faire un rapport. Donc je te propose d’y retourner, autant pour que je te paye un verre, que pour avoir une récompense pour notre action. Et avant que tu me poses une question concernant la larme que j’ai versé, et bien c’était sûrement juste une poussière que j’avais et qui gênait. »

Je constatais que ma valise était sur une table à peine plus loin, je fis les quelques pas qui me séparaient de la table en question afin de récupérer cet objet qui m’était plus précieux que ma propre vie. J’abuse sûrement, mais avec tout ce que j’avais perdu, et bien je n’avais plus rien à perdre. Du moins c’était ce que je croyais à ce moment. J’ignorais tout de mon pendentif, sauf ce qui concernait son pouvoir sur ma conscience du fonctionnement de mon pouvoir d’annulation. Bref, je m’égare et comme laisser ce genre d’indice comme ça, ce n’est pas conseillé. Donc, je commençais à aller vers la sortie, lorsqu’un sifflement se fit ressentir dans ma tête, preuve que je récupérais, mais c’est assez ennuyeux. J’y suis habitué, mais ça ne m’empêche pas de mettre ma main droite sur mon front. Je sentis le regard d’Alys, et arrêtais de me tenir le front. Je lui dis assez calmement, en faisant tant bien que mal abstraction des sifflements que j’avais dans ma tête :

« Bref, je sais pas ce qu’on attend, mais plus vite on sera partit, et plus vite on sera en face du verre avec la récompense de cette mission. Plutôt inattendue d’ailleurs. »

Je sortais avant de prendre la direction de Sen’tsura. Histoire de revenir au point de départ.

Elle avait raison sur un point, soit le seul qu’elle a abordé : Je n’en pouvais définitivement plus. Autant j’adore ce genre de mission surprise, autant je déteste qu’il y ait autant de personnes, je ne suis pas un démon moi. Je le concède, je ne suis pas non plus un humain normal, mais je garde des limites facilement atteignable. Je suis puissant et rapide, mais je n’ai pas des réserves suffisante pour tenir des affrontements de cette envergure… du moins, pas encore. Il va me falloir du temps pour gagner en endurance, au moins un an. Je soupirais avant de dire enfin la tirade qu’elle semblait attendre :

« Au poste de garde non loin des douanes, là-bas j’ai un contact donc demande Alfred. Pour qu’il note les infos dans le carnet des rapports tu dois lui donner un mot de passe connu de lui et moi seulement, donc je te donne un papier qui le contient et que tu devras lire – à ces mots je sors un papier sur lequel je griffonne Les yeux du roi verront et lui donne – Fais attention à ne pas le perdre ! Une fois le rapport fait il va te donner une bourse, reviens ici on séparera la somme en deux parts égales, et je payerai nos verres vu que j’ai perdu le défi. »

Je finis sur un clin d’œil complice, puis j’allais à une table dans la taverne dans laquelle nous venions d’entrer, la table la plus au fond, dans le coin le plus sombre. C’était devenu une habitude pour moi, de raser les murs et de me faire discret. Je décrivais la pièce lentement, juste en face de l’entrée se trouvait un bar, et en allant à droite du bar on trouvait deux escaliers, un qui menait aux caves, l’autre aux chambres. À gauche se situait donc les tables crasseuses, et les soiffards exaspérants. Il y avait une dizaine de tables et quatre fois plus de chaises, le seul coin sombre de la pièce était tout au fond à gauche de celle-ci. Je fis signe au tavernier que je voulais un lait, parce que je ne tenais pas l’alcool, et que le goût m’inflige avec assez de facilité le pire haut-le-cœur possible. Sauf pour l’hydromel, dont le goût sucré à de grandes facilités à me réconforter, et me calmer. Je l’attendis avec une grande patience, car ainsi je récupérais les forces dont j’avais vraiment besoin pour repartir à l’aventure le lendemain.

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