Il faisait nuit. C'était la pleine lune. Mais il faisait tout de même chaud. C'était mi Nelnurr, le deuxième mois de l'été. Le mois le plus chaud. La journée était une véritable canicule, mais la nuit était très agréable. Cette nuit de pleine lune-là était comme celle des autres jours de ce mois. Le ciel était dégagé, le sol était sec, les plantes se portaient bien mais manquaient d'eau. Exceptées celles vivant près des nombreuses rivières et sources qui parcouraient la forêt. Celle qui nous intéresse est une rivière fille du lac Patriarcal, qui traverse Drayame puis les plaines mystiques avant de se jeter dans la mer Abyssaï. C'était un passage à guet de cette rivière. L'eau coulait doucement, chantonnant sur son lit avec le vent dans les branches. Ombre parmi les ombres, une créature de grande taille fit bouger quelques feuilles, troublant à peine le calme de l'endroit. Les lunes étaient hautes dans le ciel, éclairant sans peine le sol de la forêt. Une double pleine lune. Magnifique. Juste magnifique. Et les étoiles brillaient avec forces, comme si elles ne souhaitaient pas se faire éclipsée par les deux satellites.

Un museau noir sortit de derrière un arbre de petite taille. Un museau fin mais élégant. Avec grâce et discrétion, une tête tout aussi sombre suivit. Deux iris bleus comme des cristaux ornaient cette tête adorable. Une tête de renard. Plutôt, une tête de kitsune noire. Une femelle transpirant la féminité, la beauté, la grâce et l'élégance. Après avoir examiné calmement les alentours, la majestueuse créature d'un mètre soixante au garrot sortit du couvert des arbres. Ses pattes étaient longues et élancées. Son pelage était d'un noir profond, ou seules les différentes épaisseurs du poil semblaient vouloir briser l'unicité de cette robe. Pas une tache de blanc ne venait salir cette couleur corbeau. Noir dans les ombres, la renard à cinq queues passait facilement inaperçu malgré sa grande taille. Ce fut d'une démarche majestueuse qu'elle s'avança jusqu'au bord de l'eau, plongeant son regard clair dans celui de son reflet sombre.

L'eau claire renvoya à la kitsune l'image d'une ombre couronnée par l'une des lunes. Quelle beauté. C'était grandiose. Durant de longues secondes, Lovely admira sa silhouette ainsi mise en valeur par l'astre nocturne. Ensuite, elle leva la tête vers le ciel. Ah, les lunes et les étoiles étaient de toutes beauté. Ce qu'elle aimait la nuit… La renarde s'assit. Elle ferma ses beaux yeux et respira profondément l'air pur de la forêt. Ainsi, elle écouta les bruits de la nuit et de la nature. Le vent jouant avec les végétaux. L'eau gazouillant doucement. Quelques êtres vivants vacants à leurs occupations. Mais pas de créatures pouvant menacer sa vie. Pas de signe de danger. Juste le calme, la tranquillité et la Beauté dans toute sa splendeur. Sortant doucement de sa méditation, la kitsune lampa quelques gorgées d'eau. Calme et tranquille, la créature magique se leva et s'avança dans l'eau jusqu'à ce que celle-ci lui arrive à mi-patte.

Alors quelque chose se produisit. Magnifique, la bête laissa place à une femme. Celle-ci avec la peau métisse et de courts cheveux d'un noir si sombre qu'ils en pressaient violets. Dépassant de ses cheveux, deux oreilles noires. Des oreilles de renard. Lovely s'avança un peu plus loin dans l'eau, jusqu'à en avoir jusqu'au bassin. L'eau était fraiche, lui donnant la chair de poule. Délicate et belle, la femme à cinq queues commença à dessiner des signes dans le courant. Un secret entre elle et Terra, que la rivière emporterait jusqu'à a mer. Une fois son étrange balais finit, la kistune aux formes délicieuses commença à se nettoyer. Bien qu'étant persuadée d'être seule, Lovely veillait à toujours agir avec beauté. Elle nettoya ses queues avec des gestes élégants, elle garda une expression paisible et bienveillante… et elle chantonna. Tout doucement, un hymne à l'eau et à l'hygiène. Sa voix douce se fondant avec les murmures de l'eau et les jeux du vents.

Malgré toute l'indéniable beauté et grâce de notre chère Lovely, celle-ci était aussi... sale. En effet, être vagabond, dormir à la belle étoile et se nourrir uniquement grâce à la chasse était salissant. Venant des Monts Dorés, la kitsune avait traversé la rivère reliant le lac Patriarcal et le Grand lac. Par la suite elle avait dû traverser les plaines Mystiques pour rejoindre la luxuriante forêt de Drayame. Maintenant qu'elle était arrivée à destination, la renarde allait très certainement rester dans les environs le temps de reposer ses pattes douloureuses et ses coussinets écorchés. Elle pourrait ainsi profiter de la richesse de la faune de la forêt pour manger à sa faim. Par la suite, elle prévoyait de se rendre à la seconde rivière de cette forêt, celle qui provenait du lac Enchanté, puis se rendrait au bord de la mer pour manger du poisson jusqu'à ce qu'elle en ait marre.

HJ :

Un craquement de brindille. Le chant se tut, la belle se raidit, de noirs oreilles se tournèrent vers l'origine du bruit. Une voix. Douce, plutôt agréable à écouté. Timide. Timide et douce... curieuse aussi ? Peut-être. Réservée et fière, légèrement hautaine mais pas méprisante, la métisse se tourna lentement vers l'intrus. Mais uniquement la tête et le haut du buste. Légèrement agacée d'avoir été interrompue, la kitsune pris tout de même le temps d'observer son interlocutrice. Qu'était-ce donc ? Une plante ayant pris forme humaine ? À moins que ce ne soit un être vivant tentant de ressembler à une plante. L'inconnue était belle et sauvage, à l'image de la nature.

Lovely aimait bien la nature. Elle était aussi belle et indomptable que son peuple. Elle se détendit. Silencieuse et élégante, la femme reprit calmement sa position initiale, celle qu'elle avait avant de se tourner vers l'être de floraison. Elle délaissa sa toilette et, majestueuse, se dirigea vers la rive. Celle sur laquelle l'intruse n'était pas. Tout en marchant, l'hybride redevint sang pur. Un renard de la taille d'un demi-poney... Une regarde au pelage noir uni, d'une élégance qui n'avait rien à envier à celle des elfes.

Haute d'un mètre soixante au garrot, la créature restait tout de même discrète et souple, son pelage et ses coussinets l'aidant à se fondre dans les ténèbres et le silence. Tel un prédateur pacifique, effarouché par une présence inconnue, Lovely s'arrêta tout près de la rive, l'eau lui arrivant un peu au dessus des orteils. Elle se mit de profile par rapport à l'autre rive et lança un regard curieux à l'inconnue. Ses queues remuaient doucement, comme portées par un courant d'air mystique. La Kitsune resta ainsi, immobile, fixant l'autre d'un air pacifique et curieux, les oreilles à l'affut des bruits de la forêt. Elle attendait la réaction de l'inconnue.

Allait-elle, poussée par la curiosité, chercher à en savoir plus ? Ou, au contraire laisser tomber fasse à son mutisme ? La renarde espérait que la demoiselle allait chercher à en savoir plus, insister... peut-être même la suivre ? Taquine, la Kitsune se voyait déjà faire une partie de cache-cache avec cette illustre inconnue - sans l'avoir mis au courant au préalable, bien sûr. Et si cet être, visiblement pacifique, décidait d'abandonner... Eh bien soit, elle l'embêterait autrement. D'une façon qui forcerait cette humanoïde aux allures de fleur à admirer sa beauté ou son intelligence. Peut-être utiliser une aura ?

L'inconnue réagit bien comme il fallait. Sans doute poussée par la curiosité, elle s'approcha de Lovely. L'inconnue retira sa robe, se retrouvant en petite tenue. Tel un animal curieux, la renarde détailla ce corps à la fois beau et étrange avec les oreilles pointées en avant. Était-ce une queue ? Et... une feuille au bout ? Étrange. Mais aussi adorable. La nature était vraiment douée pour faire de belles choses. D'ailleurs, au vu de son apparence, cette race devait être proche de Nature. La femme-plante plongea dans le cours d'eau et la rejoignit. Étonnant la kistune, l'inconnue ressortie aussi sec qu'un canard qui vient de faire de la plongée. Certes, il y avait de l'eau sur on corps plein de beauté élégante, mais celle-ci ruisselait sur sa peau comme sur les plumes d'un canard – d'où la comparaison d'ailleurs.

- Je suis Sythandra Owlydh, amie des elfes et de la forêt, et vous ?

Lovely lança un regard taquin, brillant et bienveillant à cette inconnue qu'elle pouvait désormais nommer. Quel nom compliqué. Mais c'était le propre des êtres proches de la nature d'avoir des noms tarabiscotés. En tout cas ça sonnait bien aux oreilles du canidé. C'était compliqué mais assez beau. Moins beau qu'elle, bien évidemment, mais beau quand même. Discrète, la kistune activa légèrement son aura de beauté. Continuant de regarder malicieusement cette Sythandra, la renarde leva une patte avec élégance. Puis, sans un bruit, comme appartenant à une autre dimension, elle se sauva dans la végétation. En deux ou trois bonds elle fut à l'abris de la végétation. Lovely accentua son aura et regarda en arrière, cherchant du regard la femme-plante. L'avait-elle suivi ? Taquine, la renarde reviendrait chercher l'inconnue si ce n'était pas le cas. Elle voulait jouer à cache-cache dans la forêt, sous le regard bienveillant des lunes. Ce serait irréel. Ce serait gracieux, ce serait beau, ce serait bien. La beauté était toujours bien.

Entourée d'une aura douce et lumineuse, ses qualités physiques amplifiées par son aura et ses défauts rendus bien plus discrets, la kitsune attendait sa compagne de jeu improvisée, ses queues remuant doucement, imitant encore un courant mystique qui ne touchait qu'elle. Lovely n'attendrait pas trop longtemps son invitée surprise. Elle irait la chercher avec la malice d'un renard et l'élégance d'une louve. L'élégance, la beauté, la douceur, l'intemporalité... Tant de choses importantes à ses yeux. La renarde au pelage immaculé vivait dans une autre dimension que les autres créatures de ce monde. Une dimension où la beauté était reine, où la beauté pouvait être trouvée n'importe où, un monde parallèle où la mocheté était synonyme de Mal. Car oui, pour Lovely le Beau et le Laid étaient indissociables au Bien et au Mal. Une façon de voir le monde très personnelle, n'est-il pas ?

- Attendez ... dites-moi au moins votre nom ... je ne voulais pas vous importuner ...

L'inconnue mettait un peu trop de temps au goût de la renarde à la rattraper. La créature à cinq queues eut alors une charmante idée : pourquoi ne pas prendre l'inconnue à revers et la dépasser en frôlant ? Oui, c'était une bonne idée. Elle éteignit son aura. Pas la peine de gaspiller son énergie. Avec grâce et célérité, Lovely avança encore sur plusieurs mètres puis fit un crochet pour revenir à son point de départ sans aller là où elle était déjà passée. De retour près de la rivière, la créature nocturne suivit la piste délicieusement odorante de cette fameuse Sythandra Owlydh.

Comme prévu, comme si le monde souhaitait que sa beauté soit au summum, la kitsune rattrapa sa poursuivante. Ce fut avec un rire léger, à la fois malicieux et bienveillant, qu'elle frôla l'être de floraison. Elle la frôla en un bond, son aura de beauté activé discrètement. Par la suite, Lovely continua de filer dans forêt, veillant à ce que la femme à délicieuse odeur de fleur puisse toujours voir une partie d'elle – une ombre, une queue, une oreille, un morceau de pelage – éclairé par les lunes. Elle faisait tout pour que la femme floresque puisse la suivre sans problème.

Puis vint une nouvelle idée à la belle kitsune. Et si elle "semait" sa poursuivante pour ensuite l'attendre dans un coin découvert, avec son aura activée au maximum ? Oh oui alors ! Ce serait magique ! Lovely eut un nouveau rire enchanteur. De nouveau, elle désactiva son aura et disparut dans les bois, laissant juste suffisamment de traces pour que la pisteuse puisse la retrouver sans trop de difficulté malgré la nuit. La renarde au pelage ébène se dirigea vers un endroit qu'elle avait déjà repéré. Une clairière au cœur de la forêt.

Un bel endroit assez difficile d'accès. Mais les beaux endroits difficiles d'accès étaient toujours magiques, n'est-ce pas ? Avec de petites et légères foulées, le canidé à cinq queues se rendit au centre de cet endroit dégagé. L'herbe était assez haute. Elle devait arriver au genoux de sa poursuivante. Délicate, gracieuse, Lovely s'allongea et activa son aura à son maximum. Ainsi installée, la renarde attendit Sythandra avec des airs de celle qui était là depuis le début, celle qui savait que l'autre viendrait et qui l'attendait.

Lorsqu'enfin l'inconnue retrouva la kitsune, celle-ci semblait plus belle et intemporelle que jamais. Elle brillait d'une lueur intérieure et semblait entourée de lucioles ou de petites étoiles. D'un gracieux mouvement de queue et d'une majestueuse inclinaison de la tête, Lovely invita cette créature qui sentait si bon à venir près d'elle. L'inconnu pouvait s'assoir à côté, mais la renarde espérait plutôt que la semi-fleur viendrait s'allonger à ses côtés, tel un enfant auprès de sa mère. Deux sublimes créatures côte à côte dans un endroit magique, dominée par un ciel nocturne divin. Ce serait tellement beau, tellement magique. Alors, la créature au pelage noir pourrait se présenter avec la grâce, la majesté et la gentillesse qui lui allaient si bien.

La renarde noire regarda cette grande enfant d'un air bienveillant et nostalgique. Bien que Lovely éviter d'y penser, elle songea à Sora. S'il avait été là, il aurait joué avec elles. Puis ils se seraient tous installés dans cette clairière. Ils auraient observés les étoiles et il aurait parlé, parlé, parlé et encore parlé. La kitsune leva le museau vers le ciel et observa les étoiles. C'était une belle nuit. Une nuit sublime. Le Beau était le maître. Telle une enfant, Sythandra était allongée sur le ventre à ses côtés, le buste levé, la tête dans les mains et les mollets battant doucement l'air. Elle était très belle. Sublime même. Moins que la renarde, certes, mais belle quand même.

Son doux parfum titillait l'odorat délicat de la renarde tandis que celle-ci scrutait les étoiles. Comment amener une présentation ? Peut-être, tout compte fait, serait-il plus Beau de tout simplement discuter ou laisser cet être de la Nature lui reposer la question. Cette inconnue des bois était belle dans son corps et dans son cœur. Suffisamment belle dans son cœur pour avoir suivit un canidé aussi grand qu'elle jouer avec dans les bois. Lovely regarda Syhtandra d'un air amusé. Cette petite fleur était téméraire et pure. L'ambiance et cet fille de la Nature lui rappelait la période de paix qu'il y avait eut après l'Hivers Éternel. Mmh, et pourquoi ne pas commencer par là ?

- Avez-vous connu l'hivers éternel...?

Sans changer de forme, la kitsune posa la question d'une voix douce. Elle ne souhaitait pas briser la magie de cet instant, de ce lieu. D'un élégant mouvement de queue, Lovely montra la clairière et le ciel nocturne.

- Ce moment que nous vivons me rappel les jours de Beauté qui ont suivi cette période... dit-elle en laissant son regard vagabonder sur les troncs derrière celle qui l'écoutait.

Ses yeux s'immobilisèrent sur un tronc finement sculpté par Nature. Noueux, à l'écorce solide, cet arbre était une œuvre d'art à lui tout seul. Très sûrement une galère à dessiner. Il était tordu et pourtant ses branches s'élevaient toutes vers le ciel nocturne sans pencher. Nature offrait là un spectacle étrange, l'Harmonie entre équilibre et déséquilibre. C'était Beau. Le regard taquin de la regarde tomba soudain sur Syhtandra.

- Me croiriez-vous si je vous disais que j'ai déjà posé les yeux sur un dragon ivre ? l'interrogea-t-elle telle une mère qui s'apprête à raconter une histoire drôle à son enfant.

Très rapidement, Lovely supposa que son interlocutrice au doux parfum devait être jeune. Pour son espèce au moins. Sans doute entrait-elle fraîchement dans l'âge adulte. En tout cas, elle se comportait comme les jeunes et adorables enfants de Nature. Sans l'arrogance dont faisaient preuve certains, faisant ainsi la sourde oreille aux conseils et sermons des anciens. Non, Sythandra ressemblait plutôt à ces enfants plein de vie et de cœur, riant dès qu'ils le pouvaient et écoutant les anciens autant que leur insouciance leur permettait. L'esprit floral semblait ne pas avoir connu l'Hiver Éternel. Elle devait avoir moins de 113 ans alors. À sa question sur le dragon ivre, l'innocente créature ouvrit de grands yeux ronds. Aussitôt de sa bouche fusa une question trahissant là encore son jeune âge.

- Les dragons sont-ils aussi grands que dans les contes ? Je n'en ai jamais vu que sur les gravures des vieux livres elfiques ...

La renarde au pelage sombre agita les moustaches et les oreilles d'un air amusé. Ses queues se balançant au rythme d'un vent immatériel, les deux créatures de Nature semblaient hors du temps, dans un autre monde. Un monde où le Beau régnait.

- Plus grand encore ! Pour lui, un grand tonneau de bière était deux fois plus petit qu'un petit verre. Ce qui ne l'a pas empêché de boire jusqu'à ce qu'il se mette à chanter quelques airs paillards et danser de travers. C'était lors de la fête qui a suivi l'Hivers Éternel. Il ne fut pas le seul à boire de trop. Il y avait aussi des nains riant grassement de voir des elfes ivres morts un peu partout. Mon frère, lui, se comportait comme un enfant en essayant d'attraper la queue du dragon qui nous tenait compagnie. Fort heureusement, un humain grand et fort l'a empêché de se faire écraser comme un vulgaire insecte lorsque cette immense créature est tombée à la renverse, complètement endormie.

La kitsune fit une pause et partit en rire aussi léger que le vol des oiseaux, une patte devant le museau. Telle une dame, Lovely riait de façon élégante.

- Il ronflait si fort que le lendemain j'en avais encore les oreilles qui sifflaient, en plus du mal de tête dû à la gueule de bois.

La renarde au pelage ébène posa sa patte d'un air nostalgique, presque triste. Parler ainsi d'un des moments les plus joyeux de sa vie lui rappelait que l'Aile Ténébreuse avait complètement gâché la Paix et le Beau qui avaient régné suite à cet événement. Ça lui rappelait aussi à quel point son frère lui manquait. Son dernier frère. Quoi que, avec un peu de chance son frère et sa sœur ainée avaient survécu. Elle lâcha un soupire aussi doux qu'une brise fraîche en été puis secoua doucement sa tête de canidé.

- J'ai vu ce jour-là plus d'espèces différentes qu'au cours de mes voyages. Cependant je ne me souviens pas avoir rencontré une créature comme toi. Ton peuple doit être très discret, n'est-ce pas...? Au moins autant que le mien, en tout cas. Quel est le nom de ta race ?

Le Savoir faisant partie du Beau, Lovely souhaitait en apprendre plus sur sa jeune et mystérieuse auditrice. Deux filles de Nature discutant tranquillement en son sein pour en apprendre plus sur elle, et ses créatures. Voilà une scène digne du Beau. Cet instant plaisait à la renarde aux cinq queues. Elle espérait que ce moment durerait longtemps. Au moins jusqu'à ce que l'une des deux s'endorme. Une rencontre mystique et brève, mais qui les marquerait certainement toutes deux. Restant graver dans leur mémoire comme étant intemporelle. Du moins, c'était ce que la kitsune tentait de faire. De rendre cet instant le plus inoubliable et intemporel possible.

Lovely fut peinée d'entendre ce que lui disait la demoiselle. Décidément, la Laideur des démons n'avait aucune limite. Dépourvus de la moindre once de respect, ces Horreurs avaient ni plus ni moins poussés des êtres aussi Beaux que les Êtres de Floraison à quitter leur patrie natale pour se réfugier avec les elfes. La renarde trouvait ça dommage.

- Ma famille vit près de Flore, et je crois que beaucoup des nôtres font comme eux, restant protégés à Drayame mais non loin de là où leur famille est née ... Nous sommes très attaché à nos liens avec notre passé vous savez. Et de part notre nature, nous cherchons la paix plus qu'autre chose.

- Je suis navrée pour votre peuple, et j'honore votre façon de faire. Mi-même je n'apprécie guère la violence. Je trouve ça Laid et inutile. Ça apporte plus de souffrance qu'autre chose... Malgré tout, si votre peuple est étroitement lié à Flore, ça explique beaucoup de chose. Suite à l'Hivers Éternel, les forêts n'étaient beaucoup réduites. Flore ne devait alors être qu'un petit bois, tout comme Drayame. Il faisait tellement froid à cette époque, et il y avait si peu de soleil... Il était difficile d'entretenir les forêts.

L'oreille de la kitsune tiqua. Elle avait entendu un bruissement. Lovely leva alors le museau pour humer l'air, tout en regardant autour d'elle. Un danger ? À part l'odeur des plantes et de l'humus, elle ne sentit rien. La canidé au pelage d'ébène se redressa vivement et élégamment, visiblement tendue. Drayame était réputée pour sa faune peu accueillante, mieux valait être méfiant. Ce que la centenaire ignorait, c'était que le "danger" n'était autre que le familier de la demoiselle avec qui elle papotait depuis tout à l'heure.

- Il y a quelque chose dans les bois, murmura-t-elle à Sythandra, les sens aux aguets. Arrivez-vous à voir si c'est une menace ou non ?

Si la demoiselle était aussi proche de la nature qu'elle le disait, nul doute qu'elle saurait deviner plus aisément qu'elle s'il y avait une menace ou non. La renarde aussi grande qu'un cheval se rapprocha de la jeune fille comme pour la protéger de son corps si jamais quelque chose venait les attaquer.