- Citation :
- Racontes nous l'une de tes péripéties en mer (ou sur terre, à ta guise) en temps que Capitaine d'un navire de pirates
~Quelque part dans le quart nord des Plaines Mystiques, dans une ambiance moite et tamisée, l'auberge sordide d'une petite ville portuaire...~
-Mais mademoiselle, qu'est ce qu'on fait là déjà ?-Shhht, je t'expliquerais plus tard, écoute....Louise, ensevelie sous un épais manteau noir à capuche, fit un signe de tête discret à son second, lui désignant la table se trouvant juste derrière lui. Sans se retourner, le pirate tendit une oreille attentive à la discussion ayant lieu à quelques mètres de lui.
-...e paquet pour ce soir, dan...
-....ur les gardes, que f...
-...it non, j'ai déjà dit qu'il fallait rester discr...
-...aquet sans protection ? Mais...Malgré l'atmosphère bruyante régnant au sein de la taverne, quelques bribes de la conversation n'échappèrent pas à l'ouïe fine du second. Après tout c'est bien connu, tous les pirates ont l'ouïe fine.
Les deux inconnus laissèrent quelques piécettes sur leur table, se levèrent, et sortirent du bâtiment en jetant quelques regard furtifs à droite et à gauche. Louise fit mine de les ignorer, attendit qu'ils soient hors de vue, puis reprit en chuchotant :
-Je les ai repérés sur les quais tout à l'heure, quand leur bateau à accosté. Je sais où ils vont aller après. Ils font une escale de quelques heures et ils repartiront à la faveur de la nuit...-..Et c'est là qu'on va en profiter pour...-Mais non, punaise ! Ils s'attendront FORCEMENT à une attaque de nuit, TOUS les navires de commerces sont bien plus vigilants quand le soleil est couché, surtout ici.-Bah alors on fait quoi ?-Leur bateau, c'est juste une Grosse-Baleine, chargée à bloc si tu veux mon avis. Ils doivent transporter du bois ou de la pierre. mais je suis prête à te parier que ce fameux "Paquet" a autant de valeur que toute la cargaison de leur rafiot. On suit la côte gentiment, on les contourne de nuit pour ne pas se faire repérer, et on leur tend une embuscade plus bas, au niveau de l'estuaire de Miraï.-Une Grosse-Baleine, hein ?Le pirate se gratta le menton de sa main valide.
-Ouai, je suppose que ça pourrait se faire...Louise lui jeta le fond de son verre d'eau à la figure.
-On dit pas "Ouai". Bon, aller, on déguerpit d'ici...-Hmf.~Le lendemain, au petit matin, à bord de la Puce d'Abyssaï~
-...Bon, alors tout le monde a compris le plan ?L'équipage répondit simultanément à l'affirmative.
-Quand je vous enverrais le signal, vous sortez les arbalètes et vous envoyez le Goudron.-Mais mademoiselle, comment on va faire pour la diversion ? Je veux dire... Je veux bien que notre bateau ressemble à s'y méprendre à un simple navire de pêche, mais niveau faciès, comme honnêtes travailleurs, y'a plus crédible que nous quand même...Louise considéra la petite assemblée avec attention tout en dodelinant de la tête.
-Effectivement, je n'y avais pas pensé... Bon bin, on a qu'à y mettre le Vieux Monsieur.-Allons, vous n'êtes pas sérieuse ! Il est complètement gâteux, il radote en permanence...-Tututu, tout va bien se passer. Arrangez-vous seulement pour ne pas vous faire repérer avant le signal.-Bien compris.Louise poussa le Vieux Monsieur occupé à raconter ses exploits de jeunesse sur le pont et sortit sa longue-vue, scrutant le vaste océan.
-Grosse-Baleine à l'horizon, c'est bien leur pavillon. Vite ! Passe moi les crochets et allez préparer le matériel dans la cale.L'équipage se mit en action. Le second sortit une paire de crochets en acier et les tendit à Louise.
-Faites gaffes mademoiselle, ou je donne pas cher de nos jambes de bois lorsqu'on retournera à La Muerta.-Z'inquiétez pas, tout va bien se passer.La jeune pirate attrapa les crochets et se jeta à l'eau, attendant patiemment contre la coque de la Puce tandis que ses hommes hissèrent le pavillon de détresse, signalant que leur bateau rencontrait un problème.
-Ils ont mordus...Effectivement, le navire de transport, nom de code Grosse-Baleine, modifia légèrement son cap pour rejoindre la Puce.
Les deux bateaux finalement côtes à côtes, une tête émergea par dessus le bastingage de la Grosse-Baleine pour interpeller le Vieux Monsieur.
-Ohé, du bateau, tout va bien là-dedans ?Le Vieux Monsieur, précédemment assoupis, leva les yeux vers son interlocuteur.
-Oh les jeunes ! Vous devriez faire gaffe à vous pencher comme ça ! Vous savez, moi, y'a 45 ans, j'étais matelot sur un paquebot comme le votre. Ah ça, c'était pas pareil, avant, et bien je me suis penché comme vous et puis ensuite bla bla bla...-Nestor, va là-haut mon grand, là-haut...Profitant de la diversion, Louise nagea lentement jusqu'à la poupe du navire et entreprit de l'escalader grâce à ses deux crochets. Nestor, qui voletait à ses côtés, suivit le doigt pointé de sa maitresse et alla se poser sur le mat central du navire. Elle jeta un coup d'oeil par l'un des seuls hublots assez grand pour pouvoir passer, et se faufila dans une petite pièce encombrée qui semblait être un débarras. Par chance, elle se trouvait dans les quartiers personnels des marchands. De nombreuses petites cabines se profilaient le long du couloir, et louise entreprit de regarder discrètement par la serrure de la première pour trouver un homme d'équipage ronflant allègrement, probablement saoul de par la bouteille vide qui giseait à ses pieds.
-Pas là...Dans la deuxième cabine, elle vit ce qui semblait être, un... Homme en uniforme, égorgé, baignant dans son sang.
-....Pas là.Anticipant la déconvenue de ce qu'elle trouverait dans la troisième cabine, Louise commença à murmurer tout en mettant son oeil contre la petite ouverture.
-Pas l...C'était lui. L'un des hommes de la taverne, profondément endormis, une sacoche en cuir sur les genoux. Toute fière, la jeune Ephémère ouvrit délicatement la porte et jeta un rapide coup d'oeil dans la pièce. Rien qui ne semblait important, hormis cette sacoche...
Elle tendit précautionneusement le bras, l'attrapa par la lanière et la souleva très délicatement. Une fois le précieux "paquet" en sa possession, elle fit demi-tour et referma la porte tout aussi silencieusement.
-Avec un peu de chance, je n'aurais même pas besoin de...-HEY, TOI !Le deuxième homme qui se trouvait dans le couloir en face d'elle. Visiblement, elle avait parlé trop vite. Il esquissa un geste du bras comme pour atteindre l'épée qui se trouvait à sa ceinture tandis que Louise, rapide comme l'éclair, avait déjà sa sarbacane à la bouche. Un petit *Pfiou!* caractéristique, et une longue aiguille vint se planter dans l'épaule de sa cible. La main crispée de douleur, il vacilla en s'appuyant contre le mur.
-Attend que j't'attrape, p'tite GARCE !-QU'EST-CE QU'Y S'PASSE ?Réveillé par tout ce chahut, le deuxième homme sortit de la cabine un poignard à la main, coupant le passage vers le débarras - et le hublot. Sans se poser plus de question, Louise couru vers le blessé, lui balança un grand coup de sacoche dans la figure pour le mettre à terre et s'échappa dans le couloir. Arrivée dans les escalier, elle sortit la tête par une ouverture censée éclairer les zones inférieures du bateau et siffla de toutes ses forces en direction de la Puce avant de monter les marches quatre à quatre.
-C'est le signal !Equipés de plusieurs arbalètes et d'une torche, les Eclopés de la Puce montèrent sur le pont de leur bâtiment, enflammèrent leurs flèches enduites d'une substance poisseuses et ouvrirent le feu en direction de la Grosse-Baleine. Les projectiles épuisés, ils sortirent les perches et les appuyèrent contre le paquebot de transport pour s'en éloigner un minimum et se mettre en position de fuite. Contemplatif, le Vieux Monsieur Barbu observa la scène sans même s'en émouvoir et se remit à radoter seul dans son coin d'une voix chevrotante.
-Aaaah, du Goudron ! On en faisait tout un foin à mon époque, c'était censé révolutionner le combustible pour les lanternes. C'est vrai que ça se consume très lentement ce machin, mais cette fumée... Oh, toute cette fumée, c'était pas possible de s'en servir comme ça. Un véritable scandale. Je m'souviens, c'était y'a environ 40 ans et bla bla bla...Surpris par la soudaineté de l'attaque, la panique s'empara des membres du personnel du pont de la Grosse-Baleine, qui se mirent à courir dans tous les sens. L'air ambiant baignant dans une épaisse fumée noire, l'affolement était total.
-Mais qu'est ce qu'il se passe ? On est attaqué ?-Je sais pas ! C'est des pirates ?-Non, oui, peut-être, j'en sais rien, trouvez un officier !En synchronisation bien heureuse, Louise surgit à ce moment-là des escaliers menant aux quartier de l'équipage et profita de la confusion générale pour grimper sur le bastingage et courir le long du navire. Gênés par les marins se précipitant à droite et à gauche, ses poursuivants, moins agiles et beaucoup plus corpulents, durent se contenter d'essayer de la suivre tant bien que mal.
Arrivée à la proue, l'Ephémère sauta dans le vide. A mi-hauteur, elle balança la sacoche aussi haut que possible.
-NESTOR !Perché bien tranquillement sur le mât du navire malgré l'agitation régnant sous ses pattes, le hiboux s'élança lourdement dans les airs, fondant en piqué vers sa "proie", et agrippa la sacoche par la lanière avant de retourner paisiblement à bord de la Puce.
Nageant après son bateau, Louise attrapa la perche tendue par son Second avant de se hisser à bord tandis que la goélette, toutes voiles dehors, s'éloignait le plus vite possible de la Grosse-Baleine, baignée dans une colonne de fumée noire et opaque.
~Quelques heures plus tard~
La goélette jeta finalement l'ancre dans une petite crique à l'aspect sauvage, loin des principales voies maritimes.
-Bon alors, qu'est ce qu'il y à là dedans ?-Je sais pas, attendez un peu !Nouvelle réunion de crise dans les cales de la goélette. Louise attrapa la sacoche, toute fébrile, et l'ouvrit délicatement. Nestor, perché dans un coin, regardait la scène d'un oeil distrait.
-Qu'est-ce que... Des papiers. Des fichus papiers ! Rah, mais c'est pas vrai !Louise jeta la pile de feuilles en l'air et se tira les cheveux.
-Attendez mademoiselle, c'est peut-être des trucs important !-Ah, OUI !L'Ephèmère ramassa une poignée de document et se mit à les consulter durant de longues secondes qui parurent presque interminables à son équipage. Visiblement très concentrée sur les feuilles qu'elle tenait à la main, elle hochait lentement la tête. Elle tendit soudain les papiers à son second d'un geste vif.
-Hum, je sais pas lire.-Mais moi non plus !-Bon, quelqu'un sait lire ici ?Les membres de l'équipage se regardèrent tour à tour en haussant les épaules.
-Hum, je m'en doutais un peu, pour être honnête. Bon bin on règlera ça plus tard.-Mais, mademoiselle, qu'est-ce qu'on fait alors pour le vieux ? C'est qu'il commence à...-Plus tard j'ai dis, on a pas le temps !!