- « On se rend aux dortoirs, tu viens avec nous ? »

- « Pas pour le moment, j'ai un bouquin à terminer. »


Tac... Tac... Tac...

Affalée sur une table en bois de pin, la demoiselle observait inlassablement la chute d'une pièce sur la surface de son matelas improvisé. L'individu à quelques mètres d'elle jugeait indispensable de perturber le silence régnant dans la pièce en lâchant son misérable butin à répétition, provoquant l'hystérie de tout les élèves présents dans la salle - à savoir Faye uniquement. La belle exprima dans un premier temps sa lassitude dans un soupir non retenu à l'attention de son camarade, mais il n'en fit rien et continua son activité au combien désagréable...

- « Tu m'emmerdes sérieusement. » lui avoua-t-elle sans la moindre gène.

Le garçon - un beau châtain à l'air niais - se stoppa net, le rouge lui montant au visage avant même que son cerveau n'assimile l'information ! Il balbutia quelques mots, mais une dizaine de secondes furent nécessaire avant que le jeune homme ne parvienne à former une phrase compréhensible destinée à sa voisine.

- « C'est... C'est à moi que tu parles ? Dé...Désolé. Je pensais pas que ca t'énervais et je, euh. Comment dire ? Et si on... Je m'appelle Ja... »

- « Arrêtes de te foutre de moi. » lança-t-elle, le coupant dans son élan. « On est tout seuls ici, je m'adressais forcément à toi ! »

Faye se leva brusquement, provoquant la chute de sa chaise dans un boucan infernal... Tandis que le jeune homme tentait vainement de rassembler le peu de courage dont il pouvait faire preuve, la jeune femme s'avançait quand à elle dans sa direction, sure d'elle et prête à lui donner une leçon dont il se souviendrait jusqu'à la mort... Et tant pis s'il s'agissait d'un problème anodin !

- « Tu veux me faire quoi ? T'approches pas ! T'approches pas je te dis ! » hurla le gêneur, couvrant son visage à l'aide de ses bras.

Ce n'est que lorsqu'il remarqua la disparition de sa camarade qu'il se détendit, observant les alentours avec attention : deux de ses amis présents à ses cotés, remballant leurs affaires sans grand soin, et la serveuse frottant éternellement son buffet à l'aide d'un chiffon usé par le temps... Venait-il de subir une hallucination ? Tout cela semblait pourtant bien réel !

- « On se rend aux dortoirs, tu viens avec nous ? »

- « Les gars... Je vous ais déjà dis non. J'ai un livre à lire pour la semaine prochaine. »

Les deux individus se croisèrent du regard et haussèrent un sourcil simultanément : aucun d'entre eux n'avait entendu la première réponse, et nul besoin de se concerter pour savoir si le problème venait d'eux ! Aussi, ils ne cherchèrent pas à en apprendre d'avantage sur la réaction de leur ami et partirent silencieusement, échangeant quelques paroles sous forme de murmures...

Et c'est en les regardant s'éloigner que le châtain l'aperçu... Elle. Etalée de tout son être, la tête fourrée au milieu de ses bras reliés sur la table, inoffensive et indifférente. Il bondit sur ses deux jambes et la désigna du doigt avant de reprendre sa couleur pivoine, effrayé et déboussolé, tandis que sa pièce tombait à terre pour rouler sur quelques mètres et s'interrompre sur le sol de la pièce.

- « Sorcière ! SORCIERE ! » cria-t-il.

Faye, "réveillée" en sursaut, dévisagea le garçon et le vit s'enfuir en toute hâte avant de pouvoir l'interroger sur son étrange comportement. Elle resta stoïque quelques secondes, puis un sourire arpenta enfin son visage après un certain moment de réflexion...

- « Bien joué, Faye ! »

En cette belle soirée illuminée par un croissant de lune et un ciel pailleté de milliers d’étoiles dégagé, Anadella se dirigeait vers la zone de détente des étudiants pour manger un morceau et lire en compagnie des autres étudiants déjà présents. Les grandes fenêtres de l'Académie laissait entrer la lumière de lune, éclairant le chemin de l'adolescente qui ne se lassait pas de regarder le ciel étoilé tout en marchant.

En chemin, elle croisa la route de deux jeunes hommes qui murmuraient. À son passage, l'un d'eux la siffla laissant indifférente la jeune magicienne qui n'en avait rien à faire. Soudain un autre jeune homme, un beau garçon aux cheveux châtains mais au regard paniqué, courrait vers elle et l'évita de justesse pour rejoindre les deux garçons de tout à l'heure. Puis, le jeune homme aux yeux fous de panique se lança dans un monologue de bredouillages et d'incohérences. C'était tout bonnement chaotique! Elle n'entendit que deux mots du monologue enflammée et chaotique: Sorcière et Illusion.

Intriguée, l'Esper pressa le pas vers la salle où elle devait se rendre. Apparemment, c'était de là que venais le garçon paniqué. Pourtant, dans la jolie salle aménagée pour les étudiants, il n'y avait que la dame de la cantine et une jolie femme un peu plus âgée qu'Anadella qui était indolemment affalée sur sa chaise. Déterminée à connaître ce qui s’était passé et se faire quelques amis au passage, elle se dit qu’elle devrait interroger l’étudiante présente sur les lieux. L'adolescente s'assit près de la femme, puis, en tortillant une de ses longues couettes noires autour de deux de ses doigts, elle dit:

Bonsoir, savez-vous ce qui a provoqué la panique du garçon aux cheveux châtains qui vient de quitter la salle? Il bredouillait quelque chose sur une sorcière et des illusions. Et au fait, je m'appelle Anadella et vous?