Chioné Féral

Chioné est une créature à la personnalité assez complexe : elle change d'humeur comme de chemise. Elle semble impériale, réservée et parfaitement maîtresse d’elle-même. Mais en réalité, elle vit dans la peur car elle est née avec le pouvoir de créer la neige et la glace. Chioné a vécu longtemps en recluse, passant chaque minute de son existence à essayer de contenir ce pouvoir dont la puissance ne cesse de croître. L'intensité de ses émotions déclenchant sa magie, c'est quelque chose de très difficile pour elle à gérer. Elle est réservée, comme si elle avait peur de la foule, à juste titre, et mettra beaucoup de temps avant de s'y fondre. Elle peut également paraître froide, presque snob. Ça, elle le tient de sa mère, qui était issue d'une bonne famille.

Passons à ses goûts : elle adore les livres, et aurait pu passer sa vie dans une bibliothèque si elle était normale ; les pommes, les animaux de la montagne, surtout les aigles royaux. Ce qu'elle déteste par-dessus ? Les araignées. Ces bestioles poilues à huit pattes et au moins autant d'yeux l'horripilent beaucoup, la forçant chaque fois qu'elle en croise une à la congeler. Du coup, ça fait d'elle une maniaque du grand ménage.

Chioné fut conçue lors de la nuit d'amour entre ses parents, une mère Élémentale  de bonne famille,  Aglaé, et un démon du nom d'Anima Féral. Aglaé était totalement consentante, après quelques verres, aussi ne fut-elle pas trop surprise de voir qu'elle était enceinte.

Neuf mois plus tard naquit la petite Chioné, qui semblait fragile dans les bras de sa mère. Une toute petite chose toute blanche, aux yeux d'un bleu couleur de glace, qui donna aussitôt à Aglaé le besoin de protéger sa fille tant qu'elle ne serait pas sûre que l'enfant pouvait s'en sortir. Et pour cela, rien de mieux qu'une maison à l'écart de la ville de Luütra, la capitale de Selian, un des pays composant les Glaces.

Pendant quelques années, Chioné passa une enfance relativement tranquille, à l'abri dans la petite maison qu'elle occupait avec Aglaé. Jusqu'au jour où, âgée de six ans, alors qu'elle tournait en rond dans l'habitation, en parcourant les couloirs, son pouvoir se manifesta lorsqu'elle vit une énorme araignée qui pendait tranquillement au bout de son fil de soie : le couloir où elle se trouvait se couvrit de givre, l'araignée fut transformée en glaçon et un serviteur au service d'Aglaé et de sa fille manqua de se faire transpercer par une aiguille de glace surgie de nulle part.

La jeune mère, prévenue, chercha un moyen de contenir cette magie, mais rien n'y fit, sauf une petite paire de gants qui retardait la venue du don au bout des doigts de sa fille. Mais le mieux qu'elle pouvait faire, c'était de maintenir Chioné dans la maison. En fermant volets, portes et fenêtres, l'empêchant de sortir de sa chambre. Ce qui, plus tard, devait la sauver.

Un jour, alors qu'elle venait de fêter ses vingt ans, alors qu'elle s'ennuyait ferme dans sa chambre, elle entendit des cris dans le couloir. Des cris de femme, suivis d'un silence s'abattant comme une chape de plomb. Paniquée, Chioné se précipita vers la source du cri : sa mère, baignant dans une mare de sang, mais respirant encore faiblement. Tout autour, des traces de lutte, avec les corps des serviteurs allongés sur le sol, l'un d'eux portant un papier sur le torse. La jeune fille s'agenouilla près de sa mère, qui lui murmura dans un souffle :

- Ma chérie... Tu peux montrer tes pouvoirs, à présent... Tu es libre...

Puis elle s'effondra dans les bras de Chioné, qui hurla :

- MAMAN ! NON !

La jeune fille pleura longtemps, sans se rendre compte que derrière elle se glissait un des meurtriers de sa mère, armé d'un poignard qu'il levait pour l'abattre dans son dos. Quelle ne fut sa dernière surprise quand Chioné, prise de rage, plaqua une main sur le sol et prit sa forme démoniaque pour la première fois de sa vie, devenant une créature noire aux mains de glace, avant de faire jaillir des cristaux de glace qui finirent dans la gorge de l'assassin.

Elle alla ensuite enterrer sa mère et leurs serviteurs derrière la maison : pendant cela, la rage qui l’animait se transformait en une froide colère. Elle retrouverait ceux  qui lui avaient enlevé sa mère, et le leur ferait payer.