Une page blanche, les yeux brillants, la plume du poète glisse lentement, couchant sur le papier la beauté de l'instant.

Lumière qui filtre dans le chemin,
Accrochant au passage les branchages,
Révélant leur nature tortueuse,
Créant un étrange décalage,

Les racines entremêlée,
Sur le sol forment un tapis,
Déclinant en des nuances de vert et de gris,
La magnificence de la foret,

Partout l'émeraude est présente,
Ou du moins le semble-t-elle,
Dans les reflets des nombreuse plantes,
Dans la rosée en dentelle,

Tache de rouge qui viennent contraster,
Avec la couleur sombre des bosquets,
Apportant dans l'arche naturelle,
Une touche de vermeil,

Sur un tronc en partie évidé,
Une ronce vient s'enrouler,
Déployant sur ses bras,
Une ribambelle de mures.

Par celle-ci l'enchanteur fut attiré et il en cueillit une. Craquement léger sur la langue, douce amertume qui se répand. Un ravissement pour les sens, alors que le jus sucré coule dans sa gorge. Quelle contrée magnifique, la nature y était incroyable, comme si le monde concentrait en ce lieu toutes ses splendeurs. Célébration de la beauté, de la joie et du bonheur. Le vent caressant la végétation, faisant bruisser les feuilles en une symphonie parfaite, alors qu'au loin le chant d'un oiseau onirique s’élevait.

Le daeva frissonna quand sa main effleura un lila aux couleurs éclatantes. Des couleurs vivent partout ! Il venait d'ouvrir les yeux, comme une seconde naissance. Plus de terne. Plus de gris. Seulement une explosion de douceur. Et partout, la vie.

En avançant un peut plus Xiel découvrit qu'un petit ruisseau coulait la, reprenant son carnet il écrivit ces mots:

Clapotis de l'eau fraiche et pure,
Tombant en une cascade miniature,
Puis s'épanchant dans la bruyère,
En une fine rivière,

Branches qui montent a l'assaut des cieux,
Portant des pommes les jours heureux,
Le creux d'un tronc abrite,
D'une famille d'oiseaux le gite,

Herbe grasse se mouvant,
Sous l'action d'un léger vent,
Dans la petite clairière,
Ou se cou...

Interrompu par le bruit d'une caracolade suivit d'une dégringolade, il releva la tête. Les buis s'écartèrent d'un coup, laissant passer une adorable biche qui vint s'affaler dans l'herbe. Oh qu'elle était belle, avec ses petites cornes rebelles et sa toison chatoyante. Un véritable enchantement pour les yeux, un dégradé de couleurs multiples, incroyable diversité de nuances de ton. Sou cou gracieux et ses pattes si fines. Sa patte !

La patte du splendide animal était couverte de sang. De petits spasmes nerveux faisait trembler tout son corps alors qu'il haletait. En le voyant, la pauvre petite chose se mit a emmètre des sons plaintifs. Le daeva posa les mains sur sa tête en s'agitant brusquement.

- Oh Yehadiel, qu'est-ce que je doit faire ? Qu'est-ce que je peut faire ?

N'attendant pas la réponse de l'illustre vieillard qui ne viendrait de toute façon jamais, il commença par souffler un grand coup pour se calmer. Inspirer, expirer. Se concentrer sur sa respiration un instant afin d'assagir les battements affolés de son cœur.  « Alors, par quoi commencer... nettoyer la plaie, oui c'est ca... la nettoyer ! ». Il se saisit de son outre et en vida le contenu. L'enchanteur s'avança alors vers la source d'eau claire et en recueillit un peu.

- N'ai pas peur... n'ai pas peur... je ne veux pas te faire de mal... je veux t'aider.

Xiel savait bien que la biche ne pouvait pas comprendre ses paroles, mais il espérait que le ton de sa voix l'apaiserait un peu. Il ne voulait surtout pas qu'elle s'agite a cause de lui et empire son état. Le daeva s'accroupit donc un peu pour se mettre la hauteur de l'animal, ce qui devait la rassurer en cassant la différence de taille entre eux. Avançant doucement sur les genoux il s'approcha lentement.

- Ne bouge pas... voilà c'est bien... reste calme... reste calme...

Souffrance, douleur,
Jumeaux maudits,
Tempêtent et hurlent,

Alors que l'âme,
Champ de ruine,
S'effondre et brule,

Rayon de lumière,
Trait de poussière,
Venant se poser,

Sur une jeune pousse,
Symbole d'espoir,
Et de destinée.

La jeune biche semblait s'être calmée, elle s'agitait de moins en moins, bien. Xiel continua sa lente progression tout en lui parlant d'une voix rassurante. Enfin il arriva a son contact. Hésitant, il saisit la patte blessée avec toute la délicatesse qu'il put. L'outre retournée déversa son liquide froid et pur sur la plaie, lavant les impuretés et le sang.

Se penchant un peu le daeva examina la blessure d'un œil connaisseur. Les parties de chasses aux quelles il avait assisté dans les montagnes allaient enfin lui être utile. Ni les tendons ni les muscle n'avaient été sectionné, ouf. L'importance de l'hémorragie lui avait fait craindre le pire, mais c'était uniquement l'agitation frénétique de l'animal qui avait provoqué une aussi importante perte de sang.

- Tu vois ? C'était pas si terrible...

La pauvre bête, si faible après sa course effrénée ! Contemplant le vert profond de ses yeux Xiel crut apercevoir des larmes. Prenant doucement la tête de la biche il la déposa sur ses genoux pour qu'elle se repose. L'enchanteur apprécia la fine granularité des bois sous ses doigts et murmura doucement a l'animal:

- Reste calme, il faut que tu reprenne des forces...

Une légère brise soufflait dans la clairière, caressant les poils soyeux du magnifique animal. Touché  immatériel de la nature sur sa peau, le deava frissonna un peu. Non pas qu'il fasse froid ! Loin de la, le lieux était même bercé d'une douce chaleur, réconfortante et apaisante. Les yeux rivé sur la petite biche il la laissa reprendre des forces.

- Repose toi, reste la, rien en va t'arriver...

L'instant semblait se prolonger éternellement. Emporté par la magie des alentours l'enchanteur laissa son esprit dériver. Son regard allant de merveille en merveille, d'arbre en arbre, de fleur en fleur. Toujours plus belle, plus gracieuse, cette foret était vraiment magnifique. La nature y avait vraiment atteint sa quintessence. Alors que le tableau idyllique se semblait pas pouvoir être encore amélioré, un oiseau se mit a chanter. La douce mélodie résonnant entre les troncs vint sublimer l'instant. Fermant les yeux, l'homme a genoux écouta la grandiose symphonie de la nature. Il s'attendait presque a ce qu'une fée sorte des bois. Apres quelques minutes, il ré-ouvrit les paupières et baissa le regard sur la biche.

- Qu'est ce que …

De biche il n'était plus, voilà que si trouvait une jeune femme ! Depuis quelques temps le poids sur ses jambes semblait avoir quelques peu changé mais de la a un changement comme celui-la ! Xiel la regardait les yeux plein incompréhension, ce n'était pas une fée qui était apparue, ah non, mais c'était bien mieux. Une magnifique créature qui se retira promptement et se retrouva en appuis sur ses mains.

- J-je suis désolée ! Je suis désolée ! Je vous demande pardon ! Je ne l'ai pas fais exprès ! Je suis affreusement confuse !!!

Vision incroyable de la grâce incarnée, jeune femme a la peau légèrement halée. Un robe en dentelle au motifs si fin et si beaux. Un visage magnifique qui laissait transparaitre toute son innocence alors que de petites taches de rousseurs venaient souligner la forme parfaite de son nez. Son air désolé la rendait encore plus craquante et l'enchanteur ne put empêcher son cœur de s'accélérer a la vue de ce spectacle. Ses yeux restaient rivé sur elle alors que la situation revenait peu a peu a sa conscience:

- Non... ne.. ce n'est rien, mais... la biche... vous ?

Rosée du matin,
Partout dans le chemin,
Qui désaltère,

Perfection de l'instant,
Magie du vent,
Illusion passagère,

La au fond une clairière,
Ou posée dans la bruyère,
Une biche dort.

La jeune femme resta figée un instant avant de partir dans une explication embrouillée. Elle lui dit qu'elle était bien la biche et qu'elle avait été poursuivie par des chasseurs. Qu'en fuyant elle s'était blessée avant d'atterrir là. Durant tout le discours elle n'avait ut de cesse que de jeter des regards furtifs au Deava avant de baisser a nouveau les yeux.

- Vous êtes une biche ! Mais c'est extraordinaire !

Alors qu'il prononçait ces mots, la jeune biche a forme humaine observait sa blessure. La touchant elle tressaillit, ce qui arrachât un sourire amusé a Xiel. Et oui ca fait mal petite biche ! Ne touche donc pas  à ça. Mais voilà qu'elle tenta de se lever, au prix de souffrances l'enchanteur en était certain. Avançant un peu, elle cueillit une fleur a la blancheur immaculée. Revenant, elle se laissa choir sur les genoux et lui tendit la fleur.

- C'est pour vous remercier... Je ne l'avais pas encore fais convenablement alors... Merci infiniment...

- Oh ! Merci elle est magnifi...

Le daeva s'était penché en avant pour saisir le cadeau, faisant glisser hors de sa chemise son collier enchanté. Dans un mouvement de balancier celui-ci vint toucher un des pétales. La magie contenue dans le collier réagit a celle de la nature. Une vive lumière violacée apparut transformant la clairière en véritable cathédrale, les troncs pour colonnes et les cieux pour toit. Les deux corps a genoux, l'un en face de l'autre étaient bercés dans une douce lueur. Et la le miracle s'accomplit.

Grâce lumineuse,
Symétrie des corps,
Symétrie des âmes,

Volonté commune,
Inconscient inattendu,
Beauté parfaite.

Au point de contact, une douce aura commença a se répandre pour progressivement envelopper toute la fleur, changeant les pétales en nacre et la tige en émeraude. La fleur avait été transformée, figée pour l'éternité dans la pureté. Xiel la saisit et l'observa un instant, ne comprenant pas le phenomene, sa nature l'aurait poussé a vouloir chercher a le comprendre. Mais porté par la beauté de l'instant il la tendit a la jeune femme.

- Un cadeau pour un cadeau, l'équilibre de la nature est ainsi respecté...

HRP : Un grand merci à Xiel pour avoir trouvé et modifié ces images qui sont vraiment magnifiques ! Tout le mérite lui revient !

Un instant magique, si puissant qu'il sembla durer une éternité. L'enchanteur ne comprenait pas le phénomène, mais s'en moquait. Tout prit qu'il était par le ravissement des couleurs et des formes, la clairière étant devenue un vrai paradis. Son esprit se recentra peu a peu sur son corps et ses sensations. Mais... sa main touchait celle de la magnifique jeune femme. Un frisson remonta jusqu'à son épaule. Comment pouvait-elle être si parfaite, là, baignant dans la lumière violette, les ombres rehaussant les courbes parfaites de son visage alors que ses yeux d'un vert agate brillaient. Lorsqu'elle s'adressa a lui avec sa voix si fragile le daeva sentit ses palpitations s'accélérer. "L'envie de rester avec vous..." Son cœur fit un nouveau bond.

- Vous voulez rentrer chez vous, mais attendez vous n'allez pas pouvoir marcher avec votre blessure ! laissez-moi vous accompagner...

Soudain pris d'un élan de folie, Xiel s'approcha d'elle et la prit délicatement dans ses bras. Passant une main sous ses jambes et l'autre sous son dos il se releva. Le sang affluait a son visage si bien qu'il devait être tout rouge. Sa respiration s'accentua, mais pas a cause de l'effort fournit pour la porter, bien au contraire elle était même incroyablement légère.


Soudain Xiel se rendit compte qu'il ignorait la direction a prendre pour se rendre chez elle. Rougissant encore plus, il baissa les yeux et il fut encore éblouit par sa perfection. Comment pouvait-elle exister, oui, comment ? Était-ce un rêve ou la réalité ? Allait-il se réveiller, mettant fin a ce moment magique, parfait... inoubliable. Prenant le risque de parler, il murmura :

- Douce biche, ou ce trouve votre logis ?

Princesse des bois,
Aimée en secret,
Par un ours,

Chaleur des doigts,
Qui viennent caresser,
Sa peau douce,

Poupée dans ses bras,
Doucement bercée,
Sans secousse.

La belle dans ses bras semblait aussi gênée que lui et tout en serrant la fleur contre elle, expliqua au daeva comment se rendre a sa maison. Sa voix était si mélodique, si... naturelle, c'était le mot. Oui parfaitement, quand elle s'exprimait on aurait dit le froissement des feuilles d'automne, couvert par le coulis d'une cascade. Et la voilà qui parlait de rêves et d'histoires d'amour. Le cœur de l'enchanteur semblait battre plus vite dans sa poitrine. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il n'avait jamais réagit comme ça. Être a ce point fasciné par une personne, ne penser plus qu'a elle en oubliant d'analyser.

Ne sachant que dire, il s'élança sur le chemin guidé par les chants d'oiseaux qu'il imaginait magnifiques même s'il ne pouvait les voir. S'ils avaient été devant lui il ne les aurait pas vu de toute façon, son attention étant toute accaparé par la jeune femme dans ses bras. Si fragile, si belle que s'en était presque insupportable. Ses yeux se promenaient sur les taillis sans les voir. Il trébucha même dans une racine et faillit perdre l'équilibre, quel maladroit ! Si jamais il tombait cela risquerait de la blesser et ca il ne le voulait pour rien au monde, alors il se repris un peut. A ce moment la, elle remit une de ses mèches en place l'effleurant au passage, Xiel frissonna involontairement.

- Au fait... merci encore de me raccompagner. Je vous en suis du plus profond de mon cœur reconnaissante.

Voilà les arbres dont elle parlait. C'est vrai qu'ils sont magnifiques, formant ainsi un arche naturel. On aurait presque dit un passage vers... ailleurs ? Mais l'enchanteur n'avait aucune envie d'aller ailleurs que la ou il était en ce moment. Pour la première fois de sa vie il se sentait complet. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait, mais il lui semblait qu'en lui s'était comblé un vide dont il ignorait l'existence jusqu'alors. La pierre blanche faisait un joli contraste avec la mousse qui couvrait le bas du tronc. Décidément le lieu gagnait a être connut, mais il fallait lui répondre.

- Je... oui enfin, c'est normal, je... vous n'avez pas a me remercier.

Ils arrivaient dans une petite clairière, véritable miracle de la nature. Une cabane au pied d'un chêne, ou plutôt une cabane dans le pied d'un chêne. C'était incroyable, les murs semblaient s’extirper du tronc pour venir former une excroissance habitable. Les branchages partait de coté afin de former un toit suffisant pour stopper les légères bruines de la région. Devant, de l'herbe d'un vers éclatant et au centre de la clairière un cercle de galets blanc. Derrière l'arbre s'étendait un petit bassin a l'eau incroyablement claire ou nageait une dizaine de poissons vivement colorés. Mais c'était la maison en elle même qui attira le regard du daeva. Une unique porte, une unique fenêtre. Tout en simplicité et en délicatesse.

Ils s'approchaient de la cabane quand la jolie biche se mit a se tortiller afin de saisir quelque chose dans sa poche. Ah la clef, mais voilà quelle ouvrait la porte avec et la poussait vers l'intérieur tout en restant dans ses bras, tache ardue mais quelle réussit avec grâce.

- Bienvenue chez moi. Je vous en prie, faites comme chez vous. Et oh ! Attention à votre tête.

Ce petit air fier d'elle, c'était juste trop mignon et Xiel se sentit fondre. Inclinant sa nuque en avant il passa le seuil et entra dans la ravissante maisonnette. Là il déposa la jeune femme sur sa couche. Puis se rendit soudain compte que malgré le temps passé avec elle tout au long du chemin il ne connaissait pas son nom. Mais d'ailleurs il ne lui avait pas donner le sien non plus. Quel malpoli s’être invité chez elle sans même lui dire son nom !

- A heu... je m'appelle Xiel...

- Je me nomme Sanaa. Il est peut-être un tard pour vous le dire mais c'est un plaisir de faire votre connaissance.

Quel nom magnifique... Il lui allait si bien. Tout allait si bien ensemble, sa voix, son physique gracieux, sa fantastique maison, s'en était incroyable. Et l'intérieur, Oh l'intérieur... un véritable ravissement. Une merveille pour les sens, rangé et a la fois éclectique l'ensemble formait un tout harmonieux. La jolie Nymphe sourit a l'enchanteur et l'invita a souper, s'affairant déjà a ranger la fleur de joyaux avant de poursuive expliquant que le temps les invitaient a manger dehors. Soit, cela convenait fort bien au daeva qui ne s'était restauré depuis l'aube.

- Pardonnez-moi... Je me suis laissée aller. Ca ne se reproduira plus.

A ces mots Xiel sentit son cœur se serrer. Au contraire il voulait qu'elle se laisse totalement aller, qu'ils puissent vivre cette rencontre onirique jusqu'au bout.

- Pas du tout, vous êtes chez vous après tout et je suis totalement disposé a manger avec vous... je vois que vos couverts sont juste la, peut être pourrai-je dresser la table au dehors ?

L'enchanteur avait prononcé cette dernière phrase de manière un peu hésitante, en effet il voulait a la fois se rendre utile, mais surtout ne pas s'imposer. Dilemme difficile de celui qui vit seul depuis des années et qui a l'habitude de tout faire par lui-même. Ou ce situe la limite de l'acceptable ? Alors que cette question tournait dans ca tête Xiel restait paralysé au beau milieux de la pièce la bouche semi ouvert comme un idiot. Se reprenant il se redressa et attendit la réponse de son hôte.

Profitant de ces quelques instants il contempla encore une fois l'intérieur du logis de la belle ainsi que de façon dérobée la magnifique propriétaire. Un poème vint alors a son esprit :

Foyer du pardon,
Centre de l'abandon,
Enclave d'Apollon,

Par la simplicité subjugué,
Par la clarté dévoilé,
Par la bonté animé.

Campé sous le rouvre,
Fioritures accumulées,
Ou la naïade a accosté.