Dans ces vastes étendues de plateau et de collines balayés par les vents, se dessinait un chemin en pierres. Suffisamment large pour accueillir une charrette. Il était fréquent de croiser des caravanes de marchands avec leur babioles prêt à vous vendre leur produits ou encore des aventuriers, l'arme à la main partant en quêtes de richesses.

         Mais ce n'était ni une aventurière ni une marchande qui marchait sur le sentier cette fois-ci. Simplement une jeune femme à l'allure frêle, sa chevelure ainsi que sa robe ample se soulevaient au grès du vent, sous sa robe elle porte des collants de la même couleur que sa robe, ne laissant ainsi aucune opportunité de découvrir ses jambes lors d'une bourrasque malchanceuse.

        Voilà plusieurs heures que la jeune femme marchait en ayant croisé presque personne. C'était pourtant un chemin qu'on lui avait dit être très fréquenté. Mais la situation ne lui déplaisait pas, elle s'arrêta dans sa marche pendant un instant et regarda sa carte, elle n'était vraisemblablement plus certaine de l'itinéraire à suivre. Elle se dit qu'elle aurait du questionner le dernier marchand qu'elle avait croisé et évincé. Elle garda les yeux rivés sur sa carte de longues minutes, plus vraiment certaine de savoir où elle se trouvait sur celle-ci.

         Elle releva la tête et remarqua un peuplier qui s'élevait à l’horizon, celui-ci s'élevait à une dizaine de mètres du sol. Elle s'approcha de celui-ci, laissa ses affaires les plus encombrantes comme son sac, le pan le plus large de sa robe ainsi que son bâton au pied de l'arbre, puis commença son ascension. La jeune femme loin d'être agile arriva non sans peine au sommet de l'arbre et à cette hauteur, elle sentait le vent souffler avec beaucoup plus de force, faisant bouger les branches les plus robustes de l'arbre. Elle s'assit sur une branche qu'elle jugea solide et plaça sa main entre son cou et sa poitrine, à l'endroit où un médaillon pourrait avoir sa place. Elle serra sa main comme si elle tenait véritablement quelque chose dans celle-ci et marmonna quelques mots.

         Une fois sa prière terminée, elle se redressa et profita de la hauteur pour observer les alentours ... En quête d'un interlocuteur à qui demander la direction ...

La jeune prêtresse prit le temps d'observer toutes les directions. Elle espérait apercevoir le sommet d'une chapelle, la fumée d'un camp ou encore un point d'eau, ce qui lui permettrait de se situer de nouveau sur sa carte. Mais en vain, les deux tours complets et méticuleux d'analyse ne donnèrent pas de résultat. Elle essaya de se remémorer la route qu'elle avait déjà parcouru depuis son départ au matin. Les ponts, les rivières, elle se maudit en réalisant qu'elle s'était si bêtement perdue et le temps qu'elle allait perdre à cause de cette méprise.

Après de longues minutes passés à observer, Keithleen se ravisa puis prit la décision de se remettre en chemin pour espérer croiser un vagabond ou un marchand. Elle songea au contenu de son sac qu'elle avait laissé au pied de l'arbre et envisagea de se faire un petit encas avant de reprendre la marche. Elle aurait commencé par boire sa gourde, déguster du pain et savourer un de ses deux morceaux de viande sèche qu'elle avait placé dans un chiffon. Elle terminerait sur une pomme et garderait le dernier morceau de viande ainsi que sa banane pour plus tard dans l'après midi.

Un bruit la tira de son festin imaginaire, un bruit tout proche qui venait du pied de l'arbre. Elle tenta d'observer mais le feuillage lui bloquait la vue. Comment avait-elle pu à ce point baisser sa garde ?! Impossible de voir de quoi il s'agissait, elle descendit branches après branches aussi silencieuse qu'un rhinocéros dans une auberge. Puis quand elle était à trois mètres du sol, elle vit cet humain si peu vêtu qui avait relevé la tête. Ils restèrent là à échanger un regard pendant quelques secondes, puis Keithleen brisa le silence en criant :

" Mais ... C'est à moi ça ! "

Agile comme un un hippopotame, elle s’élança vers une branche à mi-hauteur et s'accrocha à elle de ses deux mains, celle-ci céda dans un craquement très sonore. La bipède fit ainsi une démonstration d'agilité et d'adaptabilité sans égal à son curieux visiteur et se heurta lourdement au sol.

Ignorant une douleur dans le bas du dos, elle se redressa en frottant ses vêtements blanc afin de retirer la terre et la végétation qu'elle a récupéré dans son aller-retour dans l'arbre. Tout en se nettoyant, elle s'approcha sans méfiance de son interlocuteur en disant simplement :

" Enfin mon ami, si c'est de la nourriture que vous cherchez, il suffit de demander ! "