La mer ! Un peu, juste le temps de rallier Sen'rin. Si je trouve un capitaine qui veuille bien faire le trajet. A condition qu'il y en ait. Enfin je me doute qu'on doit sûrement l'approvisionner de temps en temps en certaines denrées. En conséquences il y a sans aucun doute une sorte de route sûre pour y aller par la mer. Peut-être. J'espère... Ya vachement de brume quand même.

Bon tant pis, on va aller trouver une taverne déjà. On verra la suite plus tard. On improvisera, comme d'habitude.

Il y a TOUJOURS des tavernes, dans tous les ports du monde. Et il y a TOUJOURS des marins, dans toutes les tavernes qui sont sur tous les ports du monde. C'est par définition le meilleur endroit pour trouver un navire. Et en plus on peut y boire un coup, mais c'est secondaire, bien sûr... Hem...

"Le Barracuda". Sobre, méchant. Ça sent le gouge remplis de brutes épaisses qu'ont peur de rien et qui connaissent leur métier. Cool ! Allons semer le chaos et la dévastation, provoquer l'apocalypse et toutes ces sortes de choses !

Cours d'ouverture de porte de taverne, leçon numéro 1 : On ouvre jamais la porte en restant dans l'axe de l'entrée. C'est le meilleur moyen de se prendre un projectile perdu et potentiellement douloureux. Le fait que je soi remise de mes désagréments précédents (mais genre... genre DEUX JOURS quoi !), ne signifie pas que je doive prendre des risques inutiles. Casser des gueules, ok, casser des bouteilles sur mon propre crâne, pas ok.

Robb est là, comme toujours, il frémit rien qu'à l'idée de tous les gens que je vais pouvoir faire flipper pour arriver à mes fins. Moi j'aimerais que ça reste cool. Mais ça le sera pas, on le sait très bien vous et moi. Après tout vous venez pas lire ça pour me voir prendre le thé, sinon j'aurais suivis le lapin blanc plutôt que de faire un pacte avec le monstre sous mon lit.

Une fois la porte ouverte et le vomi devant l'entrée enjambé - merde, déjà du vomis, à cette heure ? - je suis accueillis à bras ouvert par les effluves de rot, de mauvaise bière, les relents d'alcool frelaté et l'odeur de sueur. Miam, on dirait la maison. Vous avez jamais été dans une taverne amazone ? Vous devriez tenter, sauf si vous êtes un mec. Bah oui parce que évidemment un mec dans une taverne amazone ça finit souvent en jouet sexuel, au mieux, voire en eunuque, au pire. Bien souvent le pire est la suite logique du mieux d'ailleurs.

Bref... Un rapide coup d'œil me permet de voir que les tas de muscles présents ont pas l'air tendre, que les capitaines ont l'air d'avoir mangé plus de tempêtes que de récifs et que je vais sûrement trouver mon bonheur ici. Reste à savoir comment je vais les convaincre de m'embarquer. Bah oui parce que mis à part mon manteau, ma robe, mes bottes et mes dessous, je n'ai ni arme ni or. Juste mes poings. On va rire je sens.

Tavernier ! A boire !

Mais que c'est classique ! J'aurais presque honte vous savez ? On voit que mes blessures m'ont affecté quand même. Et ce fumier de tavernier qui me sert un gobelet de vin coupé d'eau. Non mais je rêve !

Hey ! J'ai dis à BOIRE ! Garde ton jus de fruit pour les donzelles déjà attablées chez toi, je veux du rhum mon gars, ou au moins de la vrai putain de bonne bière !

Et vlan. Langue 1 - 0 Retenue. Ça grogne déjà dans mon dos. Dans la seconde une main se pose sur mon épaule. Hmmm, cette grosse poigne trop sûre d'elle. Hmmmm ! Cette voix grave trop sûre d'elle et déjà concupiscente ! Et ce regard quand je retourne pour le fixer. Ces petits yeux porcin enfoncés dans le gras de ses orbites. Ce petit sourire déjà victorieux et sa petite langue rose qui vent humecter ses lèvres gercées par le sel, logées juste sous un nez cassé, marqué par la cirrhose. Le tout logé dans un visage bouffi, gonflé, chargé d'une haleine pestilentielle caractéristique d'un mec qui a eut le  scorbut et s'en est mal sortit.

J'aimerais voir ses dents pour rien au monde...

Hey poupée, t'as pas l'impression de chercher les ennuis ?
- En fait beau gosse, je cherche juste un capitaine capable de m'amener à Sen'rin. Mais t'as pas l'air de faire l'affaire avec tes beaux yeux de la même couleur que la merde qui semble te traîner dans le cerveau.

Round 2 ! La retenue prend sa retraite. Les autres gars ricanent, lui se crispe. Sa main se lève, il frappe. Esquive en me penchant en avant, un peu. Je me relève, mon genoux aussi, là où ça fait mal pour un mec. Clé de bras, tête plaquée sur le comptoir, dans mon verre de vin coupé d'eau, c'est maintenant le sang de son oreille déchiquetée par les rebords brisés du récipient qui colorent le comptoir.

Il retrouve enfin son souffle et hurle de douleur. Deux types bâtis comme des armoires à glace débarquent avec l'air mauvais pour me maîtriser. Je force juste assez pour déboîter l'épaule du type sur le comptoir et je me retourne, prête. Il est temps de frimer un peu les enfants.

Le premier, avec sa vilaine cicatrise sur l'œil, m'aligne un violent direct du droit. J'esquive. L'autre tente de me faucher les jambes. Je saute pour me dégager de là. Ils dégainent leurs sabres. Merde. J'ai toujours pas  d'arme moi !

Attrape gamine !

Un arme qui vole, pommeau d'abord. Un cadeau ça. On dirait que des gens veulent du spectacle. Les autres marquent un temps d'arrêt pour jeter un regard noir au vieux marin qui vient de m'envoyer l'arme avec son air bonhomme et hilare. Erreur mon gros.

Son cri de surprise semble le faire sursauter lui-même. Le gars à la cicatrise en a désormais un autre, sur l'autre œil, exactement symétrique à la première. Son compère se jette sur moi. Lame déviée, estafilade à la cuisse pour lui. Douleur, pour lui. D'un revers je barre le torse de son collège au visage abîmé d'une longue marque carmin. Reculer d'un pas, pivoter, frapper encore. Blessure à l'autre cuisse pour le deuxième.

L'étonnement dans leurs yeux laisse place à l'appréhension.

Alors, mes petites souris, on a peur du chat ?

Robb frémit à la mention de son domaine de prédilection. Ça doit se sentir, ils reculent. Je plante mon sabre dans le sol en terre battue et je laisse tomber mon manteau, dévoilant mes épaules sur lesquelles s'étendent les prémices des marques de Robb, qui couvrent déjà tout mon dos. Ils reculent encore d'un pas. Je reprends mon sabre et me remet en garde.

J'en étais sûre, terrifiés par une fille.

Ils froncent les sourcils, hésitent... trop tard, j'attaque ! Feinte à gauche, coup à droite, l'inverse, on recommence, je tranche la chair et blesse l'âme. Leurs armes volent bientôt. Ils n'ont même pas été foutus de m'inquiéter. Damnés amateurs. Ce sont des gars comme ça qui nous mettent trop en confiance. Ils finissent par rendre les armes, lamentables. Moi je ris, mais je ris !

Je suis Sylvia Morenbal ! Amazone et Maître d'Armes ! Je cherche une embarcation pour rejoindre Sen'rin, quelqu'un ici a-t-il assez de couilles pour m'y emmener et naviguer avec une Amazone dans son équipage le temps d'une traversée ? Où est-ce que je vais devoir détrousser chaque chancre mou de cette taverne pour trouver de quoi me payer une traversée ?

J'aime frimer. Surtout les armes à la main. J'ai mon embarcation, je le sais, ce vieux marin semble déjà intéressé. Avec lui je m'entendrais bien, il a su voir qui j'étais dès le début, me cerner et m'estimer. Et cela, je le respecte profondément.


Ce n'est que le lendemain que je vois enfin apparaître, à travers les brumes, les quais du port de Sen'rin auquel on a bien voulu m'emmener. Les marins font débarquer leurs marchandises qu'ils en ont profité pour acheminer, mais ne descendent pas à terre. Moi si, après les avoir chaudement remerciés. Maintenant, trouver un moyen d'attirer l'attention de la maîtresse de Sen'rin. Tiens... des tavernes... Vous croyez que si je vais y mettre le dawa on va finir par m'emmener à elle ?

Moi j'dis, ça se tente ! Tiens, on va commencer par celle-là, elle a l'air bien.

*Bruit de porte ouverte d'un grand coup de pied*
Hey ! Salut les branlos, toujours à la Tisane ?

[HRP] Sylvia va passer un maximum de temps à mettre les tavernes sans dessus-dessous en laissant entendre à tous qu'elle est maître d'armes et en disant qu'elle veut se faire engager par la maîtresse de Sen'rin. Elle prouvera ses compétences en défiant en duel, jusqu'à trois ou quatre contre elle, quiconque remettra ses dires en doutes.

Si elle se fait arrêter par des gardes, elle en mettra le plus possible hors combat, le tout sans jamais tuer personne. Quand elle finira par être capturée, elle exposera un raisonnement on ne peut plus logique selon lequel il faudrait la présenter à la maîtresse de l'île pour que sa science des armes profite à tous. La présence terrifiante de Robb fera en sorte qu'on évite de trop l'abîmer une fois en taule.[/HRP]