Plaît-il ? Trop de temps ? Mais quel assassin incapable peut-il bien mettre tant de temps ! Kissa, assise sur une poutre dans une des nombreuses résidences de sa cible, trouvait sa situation très amusante. Un autre assassin devait se charger de cette souris là… Mais il tardait trop, alors on l’avait embauchée, elle. Kissa était connue pour sa rapidité d’exécution, mais visiblement, ce n’était pas pour cela que les commanditaires l’avait choisit… Et elle trouvait très moyen le sourire en coin qu’ils lui avaient opposé quand elle avait demandé pourquoi elle.

Mais la question n’était pas là. Elle attendit patiemment que sa cible s’endorme pour lui trancher la tête en faisant valser son ruban autour d’elle. La lame redevint un simple ruban, absorbant le sang qui était à l’origine sur l’argent. L’assassine fit demi-tour, et repartie par les toits tranquillement, enroulant son arme à son poignet.

Elle se sentit immédiatement suivit. Elle se mit à courir, slalomant dans les ruelles, tentant de perdre celui qui la suivait. Son sang à demi-lycan lui permettait de tenir facilement… Elle n’avait juste pas prévue que celui qui la suivait soit aussi un loup. Elle ne pu même pas éviter le coup, et se retrouva plaqué au sol. Elle voulu riposter immédiatement quand son agresseur la retourna, mais elle se stoppe tout autant que lui.

Lui… Soruga… Son jumeau. Elle fut plus vive à se reprendre que lui, et passa au dessus de lui pour se relever, et le relever en le tenant par le poignet. Sitôt qu’ils furent debout, elle se servit de ce maintient sur lui pour lui assener un coup de pied sur le torse qui l’éloigna d’elle à une distance plus appréciable.

-Toi…, feula-t-elle.

Son ruban se déroula le long de son bras, reprenant son éclat argenté. Elle était furieuse. Ses yeux rouges brillaient de folie destructrice. Elle n’avait qu’une envie, lui faire mal. Très mal ! Elle montra ses crocs et fit claquer son ruban à quelque centimètre de la peau de son frère, pas pour le toucher, uniquement pour finir de le dérouler… et aussi pour qu’il soit bien au fait de son humeur.

-Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt… Tu devais t’occuper de ce noble, n’est-ce pas ? Les commanditaires m’ont dit que l’assassin qu’ils avaient engagé était bien insuffisant et très décevant… c’est ce qui te correspond parfaitement…

Elle eut un sourire sarcastique qui laissèrent dépasser ses canines félines.

-Alors jumeau, ravi de me revoir ?

Elle écarta ses bras, son ruban traînant sur le sol. Elle était prête à réagir aux moindres mouvement de Soruga.

Ces mots se répercutent en Kissa comme le tison brûlant qu'on applique à un animal fraîchement capturé. Son cœur battait à tout rompre. Jamais elle n'avait respiré aussi vite. La couleur rouge de ses yeux devint presque brillante des larmes qui se diluèrent dedans. Larmes qui ne coulèrent pas. Larmes qu'elle ravala, fière. Kissa montra les crocs, gronda pendant la tirade de son jumeau, alors que dans ses yeux toutes traces de raisons s'effaçaient complètement.

Seul le mot blesser trottait dans sa tête. Elle voulait qu'il souffre, elle voulait qu'il saigne, autant qu'elle avait pu pleurer, autant qu'elle avait pu l'appeler, autant qu'elle avait pu le haïr, autant qu'elle avait pu l'aimer ! Le maelstrom de sentiment qui l'envahissait était trop flou pour qu'elle discerne ce qu'elle ressentait précisément. Tout s'emmêlait, se perdait dans son esprit. Elle en avait l'habitude.

Mémoire photographique oblige, trop de chose se mélangeait dans son esprit. Le visage de son jumeau n'avait pas changé... Nullement. Il ne semblait que plus beau, mais elle savait que c'était uniquement de part ses sentiments... De part sa folie... Celle de l'aimer.

Quel sort horrible que de s'analyser avec tant d'exactitude, mais de ne rien pouvoir faire. Elle devrait lui bondir dessus, le tuer sans sentiment aucun. Juste car elle en avait envie. Mais voilà... Elle avait une faiblesse. L'amour. Elle aimait, et en aimant, elle se perdait. Elle aimait, et en aimant elle avait un point faible... ceux qu'elle aimait.

Rage. Pourquoi était-elle faible ?

-Tu n'aurais jamais du venir au monde, cracha-t-elle avec tout le venin qui lui emplissait le cœur. On sait aussi bien toi que moi que je suis la meilleure, et que je le resterais ! Les loups vivent la nuit, quand les chats dominent en toute heure. J'ai toujours été meilleure que toi, ça ne changera jamais ! regarde ! Nos parents ne sont plus là, et pourtant encore maintenant, on m'envoie pour réparer ce que tu rates. Tu cumules les erreurs ! Comment as-tu fait pour survivre tant de temps... A croire que Nayris a pitié de ta pitoyable existence !

En finissant sa tirade, elle releva la tête, le toisant. Son poignet exécutait de léger mouvement rotatoire pour donner vie à son ruban dont le mordant argenté luisait sous l'éclat clair de la lune. Ses oreilles dressés et sa queue noire battant l'air calmement, elle était en condition, prête à tuer. Prête à le tuer, lui, sa plus grande faiblesse, son plus grand amour.

-Alors Soru... souffla-t-elle d'une voix séductrice bien que la folie transparaissait. Vas tu à nouveau montrer à quel point tu es un piètre combattant face à moi ?

Kissa partie sur un éclat de rire assez inquiétant et bondit aussitôt en faisant claquer son ruban à l'exacte endroit où se tenait son jumeau avant qu'il n'esquive l'attaque. Elle s'en doutait. Il esquivait toujours. Elle fit tourner son arme autour d'elle en calculant la distance qui la séparait de son frère.

-C'est toi qui fuit le chiot !

Un cri, à demi feulement. La rage. La rage pure. Le ruban s'enroule, se déroule, des vagues mortelles se créent, et Kissa vise les chevilles de Soruga, mais d'un bond, il s'en éloigne. Elle remonte alors rapidement le ruban, le touche à l'épaule. Un grognement roque et un peu de sang apparaît. Cette odeur... Kissa la connait si bien. Celle de son sang à elle. Enfin. Son sang à lui. Cette odeur si proche si identique. Quand elle devenait folle quand elle frappait le miroir. Tic tac. Lumière, noir.

-Que sais-tu de moi ! Hurla-t-elle et sa fureur était à son paroxysme.

Il tentait de s'approcher d'elle, mais le ruban en argent virevoltant tout autour d'elle l'en dissuadé. Coupant, tranchant, comme sa voix, comme ce venin qui sortait de sa bouche. Elle fit faire une boucle à son ruban, un serpentin pour frapper à revers. Il évita encore. Son arme représentait un bouclier suffisamment dangereux pour un loup pour que Soruga ne tente pas de s'approcher... En revanche, il pouvait continuer d'esquiver jusqu'à ce qu'une ouverture se présente à lui. Certainement pas !

-Seule. Pendant deux mille ans ! Et toi, t'es là, comme un ange à avoir vécu ta vie !

Le ruban brilla à quelques centimètres du cou de son jumeau, mais il se pencha. Kissa en profita. En excécutant un saut périlleux arrière, elle décrivit un s avec son ruban qui effleura le dos de Soruga, le marquant tout le long. La douleur lui fit perdre sa concentration et la neko lâcha son arme pour lui bondir dessus. Elle l'immobilisa sous elle, accroupie au dessus de lui.

-Je t'interdis de parler de moi comme si tu me connaissais ! Tu ne sais rien de moi ! Tu n'as jamais rien su ! Tu ne m'as jamais compris, et c'est pas maintenant que ça va commencer ! Alors écoute moi bien. Ne cherche plus JAMAIS à être sur mon chemin si tu ne veux pas que je te tue ! Si je ne le fais pas maintenant, c'est uniquement pour Illidwen qui, miraculeusement est encore en vie ! Ne me force pas à changer d'avis !

Elle bondit à nouveau pour récupérer son ruban. Elle le fit quelque peu tournoyer le temps qu'il redevienne tissue, en songeant qu'il lui faudrait une nouvelle arme... Elle restait sur le qui-vive quand à Soruga, de peur qu'il ne reprenne le dessus et l'oblige à parler...

Kissa se figea aux paroles de son jumeau. Elle darda sur lui ses pupilles félines où brillait un éclat de fureur. La fureur d’avoir été découverte, la fureur d’être comprise, la fureur de sa fierté piétinée. Cependant il avait tort en sous-entendant que l’attente qu’ils avaient vécus était la même. Non, il avait vécu, libre, non pris dans cette cage de folie.

Ses oreilles se couchèrent sur sa tête, de façon craintive. Sa queue s’enroula sur elle-même, et elle croisa ses mains. Un léger ronron se déclencha malgré elle. Elle avait peur en repensant à la cage, si bien que son côté félin prenait les devant pour la rassurer.

-Je suis navrée, souffla-t-elle d’une voix douce qui, émanant d’elle était un brin flippante. Mais tu ne sais pas ce que j’ai vécu… Et plus que cela, c’est impossible que ces deux milles aient été pareil pour nous. La magie m’a complètement enfermée ! J’étais en cage ! Pendant deux milles ans ! Et ce son, et cette lumière et ces miroirs. Tu sais ce que ça fait de voir son reflet à l’infinie ? De plus savoir si tu es vivant ou si tu n’es que de la lumière !

Elle eut un tremblement incontrôlé et poussa un faible miaulement. Ses poils félins se hérissaient doucement.

-Peut importe ce que tu penses, et peu importe ce que je ressens… Tu n’étais pas là. Tu dormais quand c’est arrivé. J’ai subi la pire des tortures et toi tu étais à l’air libre. Tu vivais, tu existais ! J’ai voulu mourir, mais la magie ne voulait rien savoir. J’étais seule Soru !

Elle frissonna et eut un drôle de tic nerveux tant à l’évocation de ce souvenir qu’au surnom affectueux qu’elle lui donnait quand ils étaient tout jeunes et qu’elle était encore très affective avec lui. Le chat se ferma complètement. Lui tournant le dos, elle fut prise d’un rire hystérique.

-Mais pourquoi je dis tout ça ?!

Sa voix transperça le silence de la nuit et se répercuta dans l’obscurité comme pour la trancher et la faire disparaître. Son chaleureux mais plein de folie. Un rire fou et presque malsain.

-C’est comme ce son… Je le hais ! Tic-Tac !

Elle eut un drôle de miaulement aigu en frissonnant à cette évocation. Ce son. Un dérèglement. Sa folie à l’état pure qui prend le dessus. Elle réprime cette envie mortelle qui l’envahit qui est autodestructrice.

-Tu sais, quand tu as l’impression que tu ne peux pas faire autrement. Ce son dans ma tête, je le hais !

Elle se calma tout soudain, même si ses poils étaient tout hérissés à ce souvenir. Sa respiration était ample, profonde et mesurée. Elle se calmait petit à petit, même si une bataille faisait rage dans son esprit. Elle parvenait à plus ou moins contrôler sa folie… Uniquement pour lui… Uniquement pour Soru. Un frisson… long, qui démarre au bas de sa colonne vertébrale. Lui.

-Tu vois, tu es comme ce son en… Plus complexe. Le son, je ne peux pas m’empêcher d’y penser ! Toi, je te hais parce que je ne veux pas arrêter d’y penser. Je… Je…

Kissa se stoppa net et posa deux mains sur sa bouche, les yeux écarquillés. Je t’aime. Elle avait failli dire je t’aime. Elle le regarda un instant, parfaitement effarée, puis se détourna immédiatement.

-Cherche Ilidwën… Il s’inquiète pour toi, souffla-t-elle. Je dois partir… On se reverra… Surtout si tu es aussi à la confédération de la nuit…

Alors, elle leva les yeux vers le ciel et s’empressa de s’éloigner en se maudissant. Elle avait trop parlé. Elle lui en avait trop dit. Encore un peu et elle lui avouait ce qu’elle cachait depuis deux mille ans. Encore un peu et elle lui criait qu’elle l’aimait de tout son être à un point tel qu’elle le haïssait d’être son jumeau et de ne pas la regarder. Elle espérait vivement qu’il ne la retiendrait pas. Elle l’espérait…

Kissa se figea. Elle était... surprise ? Non. Ce n'était pas de la surprise. Son sentiment était bien plus... plus alambiqué que cela ! La jeune femme demeura dos à lui. Elle cherchait à comprendre ce à quoi elle pensait. Elle cherchait surtout à interpréter ses sentiments. Elle avait une peur bleue de... comprendre ? Non... De se méprendre.

Elle était folle de lui. Les deux milles ans passés sans le voir n'avaient strictement rien changé à la teneur de ses sentiments... Ils étaient toujours entièrement et complètement destinés à son jumeau. Son jumeau qui lui était autant semblable que différent... Son jumeau avec sa voix grave, ses manières de nobles, ses cheveux aussi rouges que les siens, ses yeux dans lesquels brûlaient un peu de sa folie. Sa froideur, sa chaleur, sa peau, son odeur... Elle l'aimait pour tout cela... Pour tout cela à la fois.

Kissa ferma les yeux. Elle retint un frisson... Puis quelques larmes... Et lorsqu'elle ouvrit à nouveau ses yeux y luisaient sa détermination... Sa brûlante détermination.

Faisant volte face pour pouvoir le regarder à nouveau, elle s'approcha souplement de lui, vive, rapide, mortelle... Pour déposer ses lèvres sur les siennes avant de les lui mordre.

Elle ne savait pas si Soruga avait notion de ce genre de chose... Mais elle était un félin. Un prédateur né. Un prédateur solitaire qui pour autant... aime a s'attacher. Le langage animal. Une caresse pour un geste d'affection... Une morsure sur la lèvre pour un "je t'aime", frotter sa joue sur sa main pour dire "tu es à moi", et le marqué au niveau du front pour dire "Je ne te relâcherais jamais". Elle n'avait pas osé plus que sa morsure... Qui était déjà beaucoup.

En plus, il était fort possible qu'en tant que loup il ne le ressente pas de cette façon... La chimère avait senti en elle ce genre de chose comme un instant. Des envies. Brusque, inattendue, fugace... Mais puissante. Elle n'était que rapidité et passion. Un chat. Un félin. Par conséquent, elle avait rapidement comprit le langage corporel... et s'en servait beaucoup pour intimider les humains notamment.

Mais là, c'était une vérité qu'elle voulait montrer. Une vérité qui avait un sens pour elle.

Sitôt que ses crocs avaient percés la lèvre de son jumeau, elle s'éloigna de sa démarche féline pour disparaître dans l'obscurité... Et s'enfuir à toutes jambes une fois hors de vu... Elle ne voulait pas l'affronter... Pas après qu'elle l'ait marqué de la sorte... Ils se reverraient... Elle en était sûre.

[HRP : Finit pour moi ^^ Tu peux poster pour donner la réaction de Soruga heiiin, mais rattrape pas Kiss' on se reverra bientôt U_U)

Après mes dernières paroles, je suis attendue à tout ; sauf à ce qui allait suivre… Je pensais qu’elle m’enverrait balader comme elle en a l’habitude. Je m’y étais préparé. Mais là, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Elle s’est retournée ; les yeux fixés sur moi… Elle avançait de sa démarche féline et souvent mortelle. Mais pas cette fois… Au lieu de m’en mettre une comme je m’y attendais, elle avait déposé ses lèvres sur les miennes… Sur le coup, ça m’avait surpris et j’avais écarquillé les yeux mais finalement, ce contact ne me déplaisait pas. Puis, elle me les avait mordues. Une sorte de langage codé, j’en étais persuadé. Une morsure sur la lèvre… Etait-ce vraiment ce que je pensais ? Gilgamesh avait-il eu raison depuis le départ ? Je commençais à le croire, en effet. Cet instant avait été fugace mais aussi intense. Enfin, après deux milles ans… Nous nous étions finalement retrouvés.

Elle s’éloignait… Mais maintenant je le savais, je la retrouverai. Et cette fois-ci, ce sera en de très bons termes. Ça faisait si longtemps que j’attendais ce moment… J’étais triste de devoir en rester là pour le moment mais je pouvais bien attendre un peu plus. Après tout, nous avons encore le temps… Surtout qu’aujourd’hui, c’était une certitude : notre relation allait enfin pouvoir évoluer. Et dans le bon sens. Je passais ma langue à l’endroit où elle m’avait mordu. Je pouvais les prononcer ; ces mots que j’avais toujours rêvé de dire un jour.

« - Je t’aime… »

Seul le vent l’entendit.

[RP terminé ! J’ai hâte de voir la suite… 8D]