Mon affaiblissement provient du fait que j'ai trop user de mon élément. Esenheim a besoin de moi, mais s'il me veut au maximum de mes capacités, il me faut repartir par chez moi. J'ignore même si cette soudaine attirance, envie d'être dans les bras de Zaïthan en est issue. Et pourtant... pourtant lorsqu'il s'avance, je ne recule pas par peur mais simplement le laisser entrer. Qu'est-ce que cela donne si je me laisse aller autrement que de prendre ma forme originelle ? Pour une fois.

Je ne me débats pas non plus lorsqu'il vient prendre mon visage entre ses mains. Je n'en ai pas envie. Bien au contraire. Son corps ne me rebute même pas tant et si bien que je réponds à son baiser tout aussi sauvagement que lui. Lorsqu'il rompt le baiser, je ne recule même pas. Je souhaite lui répondre mais en lieu et place, aucun mot ne traverse mes lèvres entrouvertes. Mais que m'arrive-t-il ?

Le temps qu'il se serve un verre d'eau, je vais m'asseoir jambes croisées sur le rebord du lit à baldaquin tout en le regardant faire. 

Oui tu peux. réponds-je tout en ayant la tête ailleurs.

Quelle crainte dois-je avoir ? Je me fiche du qu'en dira-t-on si on nous a vu tous les deux rentrer dans ma chambre. Bordeau risque de voir cela d'un drôle d'oeil. Mais moi je veux quoi ? Je veux tout simplement être moi. Etant pour la cause des dragons, et d'être au plus près de ce corps. Le désirer. Frôler cette peau morcelée, caresser ses muscles. Rien qu'à y penser, j'en ai des frissons que je ne peux ignorer. Oui ma décision est prise et je dois lui faire savoir. Forte tête que je suis ? Oui. Trop fière pour lui dire ? Peut-être.

C'est une fois la question tranchée que je me lève pour me placer dans l'encadrement de la pièce d'eau. Je m'en mords la lèvre inférieure de le voir ainsi. Je m'adosse contre le chambranle de la porte en y portant mes mains sur ma nuque. Mes longs cheveux couleur corbeau sont détachés. Je suis toujours vêtue de ma tenue d'assassin que son mon corsage à lacet et mon pantalon, tous deux de cuir sombre, puis de mes petites chausses me permettant de me déplacer silencieusement.

Je suis sûre de moi, même si je dois t'avouer que c'est la première fois que cela m'arrive ainsi.

Quelle honte pour une sahawienne telle que moi de devoir avouer cette petite part de moi. Si mon interlocuteur se lève et repart, je comprendrais. Il pourrait très bien ne pas me croire néanmoins, c'est bien la vérité. Tout cela parce que je ne m'y étais jamais intéressée, et d'autre part, je ne suis qu'une assassin.

De voir ce dragon noir sourire à mon aveu a pour effet de me faire soupirer de soulagement. Discrètement bien entendu.

Espérant que toi aussi tu prennes ton plaisir... murmure-je au moment où il prend mes mains.

Je me rapproche de lui quand il lâche mes mains pour poser les siennes sur mes hanches. Je pourrai croire qu'il y a un léger courant d'air et par trouble obsessionnel, je regarde si une fenêtre est ouverte en tournant la tête. Non j'ai rêvé. Alors serait-ce simplement un frisson qui me parcoure l'échine ? Un ressentiment qui se joue de moi. Je me suis toujours contrôlée jusque là et pourtant... Une sorte de poussée d'adrénaline qui fait que mon palpitant s'emballe comme si Yuu volait rapidement puis terminait par faire un piqué plongeant. D'ailleurs mon familier est resté auprès de Bordeau.

Zaïthan est comme dans un ciel glacé le nuage le plus sombre dont un éclair vient d'animer mon coeur. Ni je ne recule, ni ne tremble lorsqu'il tire sur mon corsage. Il ne met pas longtemps à venir à bout du cuir qui me ceint le buste. Pour le laisser apprécier, je me recule de trois pas en prenant mes longs cheveux d'une grâce naturelle pour tous les ramener pardessus mon sein gauche, comme pour me mettre une barrière psychologique entre lui et moi.

Me retrouver torse nue contre lui, de poser ma main droite sur sa nuque, ma main gauche sur sa hanche, et de sentir sa langue contre la mienne me fait manquer une respiration. Il pourrait prendre cela pour une hésitation, hors il n'en est rien, ou presque. Puis, au final, il s'avère que justement ce contact me fait baisser une barrière. Et dire que mon sage mentor le dragon rouge m'avait dit de ne jamais tomber dans ce genre de sentiment. Mais, ici on ne parle pas d'engagement, donc si j'y réfléchis, j'ai le droit ! Oh et puis flûte ! Tant et si bien que je passe ma main gauche aussi sur la nuque de mon partenaire quand il me serre contre lui. Je réponds à son baiser avec envie tout en remontant ma main droite dans ses cheveux. Lentement une de mes mains descend le long de sa colonne, néanmoins, voici que Zaï' rompt le baiser. A contre coeur.

J'accepte ce bain. dis-je en le laissant s'éloigner pour s'immerger de nouveau.

D'ailleurs, heureusement que la baignoire est assez large, profonde et grande pour nous y accueillir tous les deux. C'est lentement, sans perdre l'équilibre un seul instant, que je retire mes petites chausses. Me sentant plonger de plus en plus dans son regard, pour ne pas succomber et lui sauter dessus tout de suite, ne comprenant pas trop pourquoi, je me retourne et jette mes chausses dans la chambre. Bien qu'une part de timidité reprenne le dessus, je reste dans ce qui sert de salle de bain pour finir de me déshabiller. Quant à cette part qui fait de moi une danseuse, je me détache le pantalon, puis me plie en deux pour le baisser et le retirer. Si une musique existait en cet instant, elle serait chaude et sensuelle. Hors que pendant ce temps là s'éveille en moi un ouragan de désir et d'envie. Il en va de même pour mon sous-vêtement du dessous.

Me retrouvant aussi nue qu'une Aphrodite debout sur un coquillage, je m'avance vers le baigneur dans un subtil déhanché naturel auquel je ne prends jamais garde. Puisque je vais rentrer dans l'eau de mon plein gré, il ne m'arrivera rien. Aussi, c'est avec confiance, que lentement j'entre dans l'eau m'asseyant sur les cuisses du Pro d'Aile Ténébreuse et face à lui. Les battements de mon coeur s'accélèrent un peu. Je lui caresse une joue, pour au final, venir l'embrasser de moi-même. Ma poitrine se retrouvant de nouveau compressée contre son torse. D'instinct, je me mets à l'enlacer.