Terra Mystica

Forum médiéval fantasy
 
Un sondage a été mis en place pour avoir votre avis sur le futur design de Terra ! Venez donner votre avis ICI

N'oubliez pas de suivre l'avancée du projet Terra Mystica ICI. N'hésitez surtout pas à participer !

Merci de votre passion !
AccueilAccueil  PartenairePartenaire  GuideGuide  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-48%
Le deal à ne pas rater :
Philips Hue Pack Decouverte 2024 : lightstrip 3M + ampoules E27 X2 + ...
119 € 229 €
Voir le deal

Partagez

 Épreuve de Nathas Vod Savo

 
Épreuve de Nathas Vod Savo Sand-g10Mar 11 Juin - 22:33
http://www.terramysticarpg.com/t4399-cernunnos-quatre-cornes
Citation :
« Le druide fit tomber ceux qui s'opposaient à son ascension, son parcours fut ensanglanté, mais il en est toujours ainsi. »

Raconte comment Nathas s'est débarrassé de ses derniers concurrents.


Ta mort ne sera pas en vain.


La salle du cillium était sombre. Mais Nathas n'avait jamais imaginé qu'il puisse en être autrement. Après tout, c'était là le centre névralgique de la tribu, le cerveau vicié qui menait les Devkarins depuis des générations et des générations. Un lieu sombre, inconnu de tous, si ce n'étaient quelques initiés, quelques individus aux capacités particulières, que les âges, l'expérience et le talent leurs avaient cédés. Des dons pour la survie qui leurs avaient permis de se hisser le plus loin possible, de s’immiscer plus profondément dans cet unique organisme que semblaient former les Devkarins.

C'était ici que naissait l'avenir de la tribu, et Nathas en faisait désormais partie. Son regard se promena sur tous ceux qui se tenaient là, attablés à cette étrange table faite d'ossement et de bois entremêlé. C'était une cour qui se tenait, un conseil cauchemardesque, mais dont il faisait partie, dont il était un nouvel élément, comme tout nouvel élément, il se devait de s'intégrer à son nouvel environnement, de s'adapter, et de progresser encore et encore. L'ambition palpitait dans son cœur, et tandis que son regard se posait sur le vieil archidruide, son désir ne faisait qu'enfler.

Celui qui ne grandit pas meurt, et celui qui meurt nous permet de grandir. Le vieil archidruide était encore puissant, mais pour l'elfe scarifié, il était évident qu'il avait fait son temps. Nathas se tenait à la droit de l'elfe rabougri, emmitouflé dans ses vêtements de cuir et d'écailles, ses yeux aveugles visibles entre les orbites du masques squelettique couvrant son visage. Autour de l'ancêtre se dressaient les quatre faucheurs dont Nathas faisaient parti. Les quatre plus puissants druides noirs de cette génération. Les quatre plus fidèles du cycles, à avoir prouver leur valeur et leur détermination, ainsi bien entendu, que leur puissance. En face de ce clergé sombre, se trouvaient trois autres personnes. Le Maître de Chasse était reconnaissable à son arc, ainsi qu'aux multiples ossements attachés à ses nattes, formant une sorte de réseau tentaculaire. Son visage était tatoué pour évoquer celui d'une araignée, et avec son allure malingre, il y ressemblait parfaitement. A sa droite se dressait la Matka, la maîtresse des naissances. La vieille elfe avait donné naissance à tous les membres du cillium, il en était certain, mis à part bien entendu l'archidruide. Enfin, se trouvait l'individu le plus mystérieux de tous, le Tisseur. Il portait un masque dénué de trait, taillé à même du bois. Son armure de cuir cachait ses formes, si bien que Nathas n'aurait su dire s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme. Il en était toujours ainsi avec le Tisseur. Personne ne devait connaître sa véritable identité ou celle de ceux qui le servaient. Il était la main armée du Cillium, frappant dans l'ombre pour éliminer les cibles de l'archidruide.

Et même en étant un faucheur, Nathas avait des chances d'être la prochaine cible des dards... L'ambition du druide était connue de tous. Il avait passé les rites de passages avec un calme et une maîtrise effrayante pour se hisser toujours au plus haut. Tous savaient que s'il continuait ainsi, Nathas Vod Savo finirait par les dévorer et par prendre leur place.


- Nous accueillons aujourd'hui un nouveau membre au Cillium. Nathas Vod Savo, faucheur, prends la place de Varolz.

- Qu'est-il arrivé à ce dernier ?
Demanda le maître de chasse.

Le regard de Nathas se braqua sur ce dernier. Les chasseurs n'étaient pas réputés pour leur subtilité, mais il s'étonnait que ce dernier pose une telle question. Il était évident que Nathas avait tué Varolz pour prendre sa place, ce n'était une surprise pour personne. Mais peut être que le chasseur désirait seulement quelques détails croustillants sur la mise à mort de l'ancien faucheur. Nathas aurait pu le lui raconter, seulement Nathas d'ailleurs. Car les seuls à se souvenir du triste de sort du faucheur ne parlaient le langage des Devkarins, ils ne s'exprimaient qu'en cliquetis et bourdonnements, ces scarabées qui s'étaient insinués dans ses narines et sa bouche, avaient rampé dans son tube digestif, dévorant tout fragment de chair tombant entre leurs griffes. Varolz avait bien tenté de les chasser, de les contrôler, de les tuer, mais l'emprise de Nathas avait été trop forte. Finalement, c'était un cadavre sans vie qui s'était retrouvé dans le marais, lentement happé par las végétation et la fange, disparaissant à la vue de tous. Les marécages aussi ont besoin de se nourrir, et Nathas leur avait offert un copieux repas... Sa seule déception était de ne pas avoir récupérer toutes les douces bêtes qui s'étaient faufilés dans le corps du faucheur. Une triste perte, mais au moins, Nathas était avec les grands maintenant.


- Noyé dans le marais. Une bien triste perte.

Les pensées de Nathas dérivaient, pour se fixer à la sauterelle sur son épaule. Cette dernière fixait intensément de ses yeux multifaces les trois autres faucheurs, ainsi que l'archidruide. Car c'était maintenant que se posait la véritable question... Tuer un faucheur n'avait pas été chose facile, mais avec la bonne préparation et la volonté nécessaire, c'était possible. Seulement, il restait à savoir si Nathas aurait besoin de se débarrasser des trois autres avant de pouvoir atteindre l'archidruide. Après tout, ils étaient censé être ses gardes du corps, quand ils n'essayaient pas de prendre sa place. Trois faucheurs, trois druides noirs révérés pour leur talent et leur expérience, et ensuite l'ancien, qui dirigeait la tribu depuis des siècles. Jamais Nathas n'aurait imaginé essayer de s'en prendre à lui quelques décennies auparavant. Mais le feu qui brûlait dans son cœur depuis la mort de sa bien-aimée en disait autrement.

Sa mort ne serait pas en vain.




Ce qui ne grandit pas meurt, ce qui meurt me fait grandir.

L'eau émettait quelques faibles clapotis, entrecoupant le bourdonnement incessant des insectes. Dans cet endroit, les effluves de décomposition se mêlent parfaitement à la force verdoyante des arbres. Tandis que leurs branches viennent occulter les rayons du soleil, couvant de pénombre le ballet de vie et de mort se dessinant à leurs pieds. Assis sur la rive, les yeux fermé, le nouveau faucheur étant ses sens. Il peut sentir la vie qui s'étend tout autour de lui, il peut sentir la mort, le tout formant une mélodie aigre-douce.Il est l'arbre, plongeant ses racines dans la fange, il est le champignon dévorant peu à peu l'écorce, apportant avec lui nécrose et maladie. Il est le scarabée festoyant sur une charogne, il est le fourmillement de vie qui agite les chairs décomposée. Il est la jeune pousse, émergeant de la terre avec force, prête à dominer le monde. Il est la plus infime créature, et toutes à la fois. Il est une horde de ver festoyant dans la boue, il est la pulsation silencieuse du cycle. Il est cette masse informe au fond de l'eau, bien à l’abri dans l'obscurité. Cette masse de vie, chargée d'effluves nécrotiques, qui croit peu à peu, étend sa masse grotesque dans les profondeurs du marais. Elle siphonne la vie à la source cette masse, ajoutant un milieu d'existences minuscules à la sienne. Tout ce qui ne grossit pas meurt, et tout ce qui meurt la fait grossir. Un léger sourire se dessine sur les lèvres ravagées par les flammes de Nathas.

Il la sent cette puissance, cette force aussi vieille que le monde, qui depuis le début des temps charrie l'évolution du monde sur ses épaules. Il sent l'étreinte du cycle tout autour de lui, et les forces entremêlées du vivant et du mort courir le long de ses veines pour bondir à l'assaut de la masse putride qu'il façonne. Ses paupière s'ouvrent, révélant des yeux brillant d'une lueur singulière, d'un vert sombre. La transe est en phase, Nathas est partout à la fois, dans les araignées qui couvent son corps ainsi bien que dans le serpent qui attends sa proie.


- Il est temps de manger.

Le faucheur s'avance calmement, ou plutôt, ce qu'il en reste. Un de moins, plus que trois... Car ce n'est plus qu'une marionnette végétale qui s'avance au rythme du souffle de Nathas. Le corps a à peine commencé sa décomposition, mais déjà les plantes ont pris le dessus, insinuant leurs racines et vrilles entre les chairs, remplaçant les tendons et les muscles, pour faire avancer ce pantin macabre le long du marais. Ce faucheur avait été si imprudent, si insouciant. Nathas savait que Varolz risquait d'avoir des amis dans le Cillium. Mais il n'avait pas imaginé que l'un d'entre eux soit assez stupide pour le suivre à la sortie du conseil pour tenter de l'assassiner. Trois zombies sylvestres pour lui couper la route, le faucheur dans son dos, son arme à la main, prêt à rendre justice à son ami dévoré par le marais. Les sauterelles s'étaient attaqués aux morts-vivants, mais pas à leurs chairs, aux filaments de végétation qui les animaient. Ils étaient tous tombés en poussière, dévorés par les mandibules de chitine, tandis que les deux lames des faux se croisaient.Les druides noirs ne sont pas de bons combattants, ils préfèrent utiliser les créatures que le Cycle mets à leurs dispositions. Mais cette fois-ci, Nathas s'était surpassé. La lame avait atteint sa cible, traçant un sillon ensanglanté dans le torse de son adversaire. Les plantes n'avaient pas attendu plus longtemps, germant au travers de sa peau et de ses muscles pour enserrer son être alors qu'il était encore vivant. Nathas l'avait achevé. Le Cycle trouvait sa force dans la mort, et non dans la souffrance.

Ainsi l'ancien faucheur se trouvait ici, pénétrant dans les eaux sombres du marais, chaque pas dans la fange le menant dans les bras visqueux qui avaient englouti son ami. La masse informe tremblait de joie, tendant ses sens primitifs et incomplets vers le festin qui s'amenait dans son habit le plus macabre. La dernière chose que vit Nathas du faucheur fut le sommet de son crâne englouti par les eaux. Mais il pouvait sentir la joie primitive qui s'échappait du marais. Celle du prédateur se nourrissant, se développant, grandissant, passant les épreuves de la vie avec succès, se rapprochant peu à peu du haut de la chaîne alimentaire.


- Bientôt mon ami... Bientôt tu pourras te lever et dévorer les faibles.




Quand quelque chose meurt tout le monde en profite. Bon d'accord, j'en profite.


Le chemin vers le village n'était pas aussi désert que Nathas aurait pu l'espérer. Peut être avait il finalement un peu trop forcé sur sa chance et son talent et que finalement, les choses devaient s'inverser. Face à lui, entre deux des arbres aux troncs tordus qui flanquaient le sentier, se trouvaient les deux derniers faucheurs de l'archidruide. Ils l'observaient sans un mot, leurs faux encore attachés dans leurs dos. Il n'y avait aucun zombie derrière eux, mais les bois pouvaient cacher bien des choses. Difficile dès lors de savoir avec certitude ce qui se préparait. Et quoiqu'il en soit, Nathas n'était pas au mieux de sa forme. Ses heures de méditation consacrées à façonner l'étrange vie qui croissait au fond des marais avait drainé une grande partie de son énergie.

Un faucheur ? Oui, il aurait pu se débarrasser d'un faucheur, mais des deux à la fois... Il doutait de pouvoir faire preuve d'assez de concentration et de maîtrise pour lutter ainsi. Mais déjà il se préparait à livrer un bon combat. Il était Nathas Vod Savo, et n'allait pas se laisser avoir si facilement. Cela avait été une erreur de sa part de se laisser surprendre si facilement, la fatigue sûrement, ou alors un juste revers du destin.


- Et bien... Si vous cherchez votre camarade, j'ai bien peur qu'il ne soit trop tard.

Nathas pouvait sentir la vie qui grouillait le long de ses bras, les scarabées se frayaient un chemin dans ses manches, se rapprochant de l'air libre, à la moindre impulsion mentale, et ils s'envoleraient à l'assaut des deux faucheurs et de tout ce qu'ils pouvaient bien avoir préparé pour en finir avec lui. La main du druide noir se referma sur le manche de sa faux. Il avait eu de la chance avec son précédent adversaire, mais rien n'indiquait que ce serait de nouveau le cas ici.

- Nous ne cherchions personne d'autres que toi Nathas Vod Savo. L'archidruide nous envoie à ta rencontre.

Ainsi donc, le vieillard utilisait ses faucheurs à leur véritable rôle, le protéger et le servir. Alors peut être le temps de mettre fin à l'ascension passionnée de Nathas était-il venu. Un léger sourire aux lèvres, le devkarin allait au moins avoir une mort des plus honorables. Il aurait bien servi le Cycle durant toute son existence, sa seule déception aurait été de ne pas avoir vu sa dernière création arriver à maturité.

- Il nous a chargé de te transmettre un message. Les faucheurs ne devraient pas servir à combattre les faucheurs, et déjà trop de bons druides sont morts. C'est pénalisant pour le clan. Il nous a ordonné de ne pas nous attaquer à toi. Même si ton implication dans la mort de Varolz et celle de Ruric est évidente.

- Tout le monde est au courant, personne n'en parle c'est tout. Ainsi donc, l'archidruide noir souhaite me laisser faire ? Surprenant.

Le sourire qui se dessina sur les lèvres de l'un des faucheurs, une femme, mit aussitôt Nathas sur ses gardes. Sans cet indice, il serait sûrement mort. Ses sens aux aguets, il sentit un mouvement derrière lui, à moins que cela ne soient les insectes qui l'accompagnaient qui avaient senti la présence, plus discrète encore que celle des druides. Levant sa faux tout en se retournant, le druide bloqua la dague qui se dirigeait vers lui. L'être qui la brandissait portait un masque évoquant une araignée.

- Il nous a dit de ne pas nous occuper de toi, pas qu'il allait te laisser en paix.

Les deux faucheurs tournèrent les talons, laissant Nathas face à ce nouvel adversaire. Un "dard" comme on les appelait, les assassins au service du Tisseur. Comme ce dernier, leurs véritables identités n'étaient connues que de leur maître. Les dards pouvaient être des chasseurs, des récolteurs de fongus ou même des druides noirs. Mais avant tout, ils étaient les assassins au sein de la tribu, les yeux et le poison du Cillium, frappant où le Tisseur l'ordonnait. Ainsi, l'archidruide avait décidé de faire les choses comme elles le devaient, en envoyant un des assassins à son service. L'elfe masqué bondit en arrière, une dague dans chaque main, assurément empoisonnées. Il portait une armure de cuir recouverte ici et là de champignons et de mousse, un camouflage exemplaire dans le marais. Sans plus attendre, Nathas libéra les scarabées qui s'envolèrent vers lui.

Mais le "dard" était habile, comme tous ses semblables. Les lames empoisonnées vinrent trancher en deux certains des insectes, même s'il se trouvait obligé de reculer pour éviter que ces derniers ne puissent se déposer sur ses chairs. Il savait ce qu'il affrontait, et il connaissait sûrement tous les moyens de lutter contre les attaques de Nathas. Mais le druide n'avait pas le choix. Laisser l'assassin s'approcher au corps à corps signifiait signer son arrêt de mort. Même s'il s'était presque résolu à trépasser quelques instants plus tôt, cela ne serait pas le cas. Un seul adversaire, il pouvait vaincre, il pouvait survivre.

Abandonnant le contrôle sur les scarabées, il envoya une horde de sauterelles à la suite. Ces dernières formaient un nuage dense, verdâtre et bourdonnant qui enserrait le "dard". L'elfe aux dagues n'avait d'autre choix que de reculer face à la nuée insectoïde. Seulement, les sauterelles n'arrivaient pas à se poser sur la silhouette dansante, esquivant au mieux le nuage et lacérant l'essaim de ses lames pour le faire reculer. Certaines sauterelles se faisaient trancher en deux par les lames acérées, mais elles étaient trop nombreuses. L'assassin savait parfaitement ce que tentait de faire Nathas, gagner du temps. Mais pourquoi ? Cela il l'ignorait, sûrement retarder sa mise à mort. S'il désirait en finir avec son agresseur, le druide noir aurait sûrement mieux fait d'envoyer ses araignées. Finalement, la nuée se dispersa, et le druide avait disparu. Sa trace était fraîche elle. Il n'avait pas eu le temps d'effacer ses traces. La traque ne faisait que commencer pour le serviteur du Tisseur.

Nathas n'avait jamais eut affaire à un adversaire aussi vif. Même le lézard qu'il avait abattu lors de son rite de passage n'était pas aussi rapide que le dard. Mais surtout, il ne se battait pas avec des dagues empoisonnées. Une simple égratignure, et le druide noir serait fini. Il ne pouvait le tolérer. Alors il fallait survivre, trouver un moyen de gagner du temps, trouver un plan. Il ne pourrait pas continuer sa quête de pouvoir avec le Tisseur et ses sbires à ses trousses. Mais le Tisseur ne renoncerait pas avant que le Cillium ne change ses ordres. Et le seul moyen pour que cela arrive était de prendre la place de l'archidruide, les choses se précipitaient.

La silhouette masquée était déjà visible, mais Nathas attendait, sa faux à la main. Il avait usé de ses scarabées et de ses sauterelles, que lui restait il à part ses araignées ? Bien que légèrement venimeuses, leurs crochets ne franchiraient jamais l'épaisseur de cuir qui couvrait l'assassin, si tant est qu'elles arrivent jusqu'à lui. Une minute, peut être deux s'étaient écoulées depuis la disparition de la nuée. Peu de temps. Mais suffisamment.


- Pas un mot, pas un bruit... Je me demande comment le Tisseur vous choisi pour obtenir de telles machines à tuer. Et si fidèles... Tu fais honneur à ta caste, allez, vient accomplir ta mission.

L'assassin n'était pas stupide, aussi marchait il lentement, ses dagues à la main, en direction du druide. Nathas connaissait bien les marais, mais il était certain que le dard le rattraperait s'il tentait de fuir. Pour tuer une bête aussi venimeuses, il fallait mieux la piéger. Un peu comme un scorpion dans les flammes. Sa faux en main, la sueur perlant sur son front, Nathas affichait un visage de marbre, pas la moindre émotion ne transparaissait par ses traits. Il était un devkarin, un survivant, et il ne faillirait pas aujourd'hui.

Le sol se déroba sous les pieds de l'assassin, s’enfonçant de presqu'un mètre dans la fange. Quelques minutes... C'est le temps qu'il avait fallu à Nathas pour créer son piège... Prendre le contrôle de la nuée de vers qui l'accompagnait, et les forcer à dévorer la terre, à un endroit précis, à la rendre meuble, friable, sur une profondeur suffisante. L'effort lui avait beaucoup coûté, mais il survivrait. Profitant de la surprise de l'assassin, il brandit son arme, et faucha la tête de l'elfe masqué comme si c'était un simple brin d'herbe. Elle roula dans la fange, quelques instants, le masque d'araignée dévisageant le druide noir.

- Ne t'inquiète pas assassin... Quand quelque chose meurt, tout le monde en profite.




Tout le monde meurt, la tribu survit.

Nathas caressa entre ses doigts la pointe de flèche, cette même flèche qui s'était plantée dans son torse, amenant sur ses chairs les flammes qui avaient ravagé son visage. C'était aussi les sœurs de ces flèches qui avaient pris la vie de sa bien aimée. Le druide noir n'avait jamais pu s'en défaire, il n'avait jamais osé laisser tomber cette relique, cet ultime souvenir de tout ce qu'il avait perdu. Perdu à cause de sa témérité, de son insouciance, car il s'était laissé dominer par ses émotions, par son désir de s'unir au cycle. Il en avait oublié la survie, la sienne, comme celle des autres. On a beau grandir à chaque victoire, cela ne sert à rien si derrière nous, le reste de l'essaim demeure faible et fragile. C'était pour cela qu'aujourd'hui, il se trouvait devant le Cillium, cette pointe de flèche à la main, son cœur bouillonnant.

- Il est temps.

Rien n'avait changé depuis ces derniers jours, alors qu'il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il n'avait pas mis les pieds ici. La succession des affrontements, ainsi que ses longues transes avaient puisé énormément dans son énergie, dans sa force, mais c'était pour le bien de la tribu, ainsi que pour le sien. Les devkarins devaient s'adapter, et ils ne le pourraient pas avec une relique du passé à leur tête. Nathas voulait de la puissance, être de plus en plus fort, toujours plus fort... Et cela passerait par ce chemin ensanglanté, par la mort de l'archidruide, par l'apparition d'un nouveau chef. Le cillium devait changer, car ainsi la tribu pourrait commencer à grandir à son tour, et faire face au reste du monde avec fierté.

La table se trouvait toujours là, mais les sièges tout autour étaient vides. Il n'y avait aucun faucheur, aucun dard, et aucun des autres membres. Certaines affaires étaient réservées aux druides, et ils savaient qu'il ne valait mieux pas s'en mêler, à moins de souhaiter une tombe précoce. Une seule personne lui faisait face, l'archidruide braquait son regard aveugle sur le faucheur arriviste. Derrière lui se tenaient deux créatures monstrueuses, des chiens de mousses. Ces créatures étaient un mélange de végétation et de cadavres de gros animaux. Beaucoup plus vifs que les zombies sylvestres, ils avaient fait la renommée du vieillard qui se trouvait face à Nathas. Ce dernier n'avait jamais pu percer le secret de la création de ces abominations. Un jour peut être y parviendrait-il, mais ce qui était certain c'était que cela ne risquait pas d'être du fait des enseignements de leur créateur. Le druide noir souriait malgré la présence des deux molosses cauchemardesques, car il avait amené son propre monstre.

La créature s’était extirpée du marais après avoir assimilé le corps du dard. Cela avait été un met plaisant pour la monstruosité fongique, lui apportant les derniers soupçons de force dont elle avait eu besoin pour finir sa croissance. C'était une véritable œuvre d'art que Nathas avait réalisé. De nombreux Devkarins avaient vus la créatures hautes de deux mètres marcher derrière son maître au travers des bois, jusqu'à l'entrée du tunnel menant au Cillium. Sa peau était flasque et sombre, rappelant celle des champignons, elle possédait des bras difformes, l'un d'entre eux se terminait d'ailleurs en deux appendices plus petits, chacun munit de trois sortes de griffes. De la vermine parcourait le corps du monstre, des vers et des sangsues qui se faisaient peu à peu digérer par les sucs qui suintaient de la créature alors qu'ils tentaient de s’immiscer dans ses chairs. Le plus impressionnant restait toutefois sa gueule bardée de crocs, fendue en deux, formant une mâchoire longue et puissante, sûrement héritée d'un alligator trop curieux. La chose était aveugle, mais une multitude d'excroissances filiformes pointaient depuis l'intérieur de sa gueule dégoulinante de mucus, captant chaque onde, chaque mouvement, chaque odeur, pour guider la machine de guerre à ses proies.


- Ainsi, Nathas Vod Savo, tu souhaites prendre ma place.

- Rien n'est éternel.


Un sourire dément apparut sur le visage de l'archidruide, tranchant avec le crâne sinistre qu'il arborait en tant que masque. Les deux molosses n'en attendirent pas moins, et se jetèrent en avant, dans la direction du druide. Mais le colosse fongique était plus vif qu'il n'y paraissait, un bras tentaculaire vint plaquer la première des bêtes végétales au sol, tandis que le second changeait de cible, venant planter ses crocs dans les chairs corrompus de la création de Nathas. Des longs tentacules sylvestres s'élancèrent depuis le dos du chien de mousse pour venir s'enrouler autour du corps colossal, cherchant à l'étrangler. C'était en soit une bonne stratégie, mais uniquement face à un adversaire qui respirait. Quant aux deux druides, ils étaient concentrés, parfaitement immobiles, en transe. Leur esprit était accaparé par le combat monstrueux qui se déroulait devant eux. Chacun d'entre eux donnait de sa force à ses créatures, à ses monstruosités. Ce n'était pas seulement un combat de force brute, c'était aussi les esprits des deux devkarins qui s'affrontaient au travers des chiens de mousse et du colosse.

La main du géant fongique qui avait attrapé le premier des chiens enserraient avec force son adversaire, brisant les ossements qui le constituaient, mais presque aussitôt, ces derniers étaient remplacés par du bois et des racines, maintenant la créature qui se débattait farouchement. Le second molosse était toujours en train de lacérer son adversaire, malgré le flot de mucus qui se déversait des plaies du géant. La matière visqueuse venait engluer et alourdir les vignes du chien de mousse, ainsi qu'engluer ses pattes au sol. Là où il avait formé une large ouverture à travers la chair noirâtre, quelque chose se mit à palpiter.

Nathas serait de plus en plus fort la pointe de flèche dans sa main, ses angles venaient percer sa peau, et peu à peu son sang venait imbiber de nouveau le morceau de métal. De cette souffrance, et des souvenirs qu'elle éveillait naissait une volonté farouche, un désir puissant qui se diffusait du cœur de Nathas jusque dans sa créature. Il ne pouvait pas échouer, c'était impossible, et la certitude qu'en tirait Nathas était tout ce qui comptait. Le colosse fongique lança son premier adversaire à l'autre bout de la pièce, se tournant vers le molosse englué. Sa gueule s'ouvrit démesurément, les tentacules sensoriels se jetant sur son adversaire pour le tirer à l’intérieur du corps grotesque de la créature. La mâchoire de la monstruosité se referma sur le corps de la créature végétale, sectionnant de nombreux ossements qui le constituaient, tandis que les sucs digestifs en son sein dévoraient les plantes qui le constituaient. Le premier chien de mousse se releva juste à temps pour observer son semblable se faire complètement absorbé par la créature de Nathas. Il chargea à nouveau, mais les mains fongiques se refermèrent sur lui. Dans un craquement sinistre, le molosse fut littéralement déchiré en deux par son adversaire, ses restes furent alors éparpillés dans tous les coins de la salle.

La créature se tourna alors vers l'archidruide noir. Ce dernier était étonnamment passif, non, il y avait quelque chose d'autre. Il souriait, toujours, même s'il semblait plus serein qu'au début de leur affrontement. Le vieillard ne sourcillait pas tandis que l'horreur s'approchait de lui, pas par pas, sa gueule bardée de crocs toujours plus prêt, suintante et affamée.


- Pourquoi sourire ?

- Tout le monde meurt. Mais je sais que la tribu survivra, et c'est tout ce qui compte,
annonça le condamné.

Nathas hocha la tête, grave. La mort de l'archidruide, tout comme celle de sa bien-aimée ne serait pas en vain, jamais. Son corps irait nourrir la forêt et le marais, de ses chairs naîtront des légions de nouvelles vies, infimes, puis de plus en plus grosses. Son essence ferait à jamais partie de la vie et de la mort, à jamais, il rejoindrait le Cycle. La main du colosse se referma sur la nuque ridée du doyen, et d'une pression, lui brisa la nuque. Le nouvel archidruide ouvrit la main, dans sa paume se trouvait la pointe de flèche, baignant dans son propre sang.


- Je te rejoindrais bien assez tôt vieillard.

Cernunnos Quatre-Cornes

avatar



Partie IRL
Crédit avatar : Jason Chan
Double compte : Non
Vitesse de réponse : D'un quart d'heure à une semaine


Épreuve de Nathas Vod Savo Empty
 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Épreuve - 999.
» Commentaires fiche Nathas
» Epreuve Ur
» Epreuve de Vy
» Mon épreuve