Depuis quelque temps, je me suis découvert une certaine passion pour tout ce qui concerne l’histoire. Du coup, je suis devenu archéologue et historien. Et il fallait avouer que ce métier n’était pas de tout repos. J’avais même été contacté par la chef de la Confrérie des Brumes. Cette grande mafia … Elle m’avait donné rendez-vous à Ciel. Sérieusement … A Ciel ! Le dernier endroit où un Rebelle comme moi aurait l’idée d’aller. Bon en même temps, quel pro-AT aurait l’idée de venir chercher un de ses ennemis ici ? Très peu. Et puis, l’endroit où je devais me rendre était assez intéressant. Le Temple aux Milles Plume. Un lieu bien sympathique pour toutes les personnes portant un tant soit peu d’intérêt à l’histoire. Ceux qui ne s’y intéressaient pas ignoraient totalement ce qu’ils perdaient mais passons, ce n’est pas mon problème.

Visiblement, j’étais le premier à arriver sur les lieux. Honnêtement, j’avais eu du mal à venir ici. Quoi de plus normal avec toutes les troupes d’Aile Ténébreuse qui traînent dans le coin … Enfin bon. Je ne suis pas Main Gauche de la Magie pour rien, hein ! J’aurai bien eu honte si je n’avais pas su venir incognito dans ce pays. Vu que j’étais le premier sur les lieux, j’en avais profité pour visiter un peu les alentours. C’était vraiment sympathique. Il n’y avait aucun endroit comparable à celui-ci dans les autres pays. Et heureusement, j’ai envie de dire. Ciel était décidément un endroit bien beau. Dommage qu’il soit tombé aussi facilement sous la coupe d’Aile Ténébreuse. Quoique je n’étais pas là pour juger.

Soudain, je sentis des bruits de pas derrière moi. Ce devait sûrement être elle. J’en eu la confirmation lorsqu’elle s’approcha de moi en m’appelant par mon nom –presque- complet. Lentement, je tournai la tête dans sa direction :

« - Lui-même. »

Elle voulait me parler ? Je m’en doutais un peu. Sinon, je ne serai pas venu ici :

« - Evidemment, Dame Weiss. Autrement, je ne serais pas là. »

Elle me montra alors un étrange paquet en précisant que ce qu’il y avait à l’intérieur était susceptible de m’intéresser :

« - Si vous le dites. Pourrais-je savoir ce qui se trouve dans ce que vous tenez. »

[T'en fais pas ma Luzi', ce n'est pas moi qui te blâmerais pour ça.]

Aaron ? Tiens donc. On ne m’avait pas appelé par mon second prénom depuis bien des années. Même à la Rebellion personne ne le connaît. Ni Galaad, ni Leyna. Ou en tout cas, pas à ma connaissance … Enfin bref. Luz Weiss … Elle était à la hauteur de sa réputation. Elle ainsi que sa Guilde. Voilà qui devenait de plus en plus intéressant. Finalement, je n’étais peut-être pas venu risquer ma peau ici inutilement. C’était déjà ça. Elle avait également touché juste en ce qui concerne mes dernières activités. J’avoue que je n’aime pas trop l’idée d’être épié mais dans ces circonstances … Je trouvais plutôt ça intéressant. Après la petit démonstration qu’elle venait de me faire, je pouvais bien faire l’effort de lui laisser une chance ; mais une seule. Je la regardais faire tout en lui répondant :

« - Je dois admettre que vous m’impressionnez, Luz. Pas seulement parce que vous connaissez mon second prénom mais aussi et surtout pour la précision de vos renseignements. Votre réputation n’est pas erronée et j’avoue que ça me rassure. Oui, j’aime l’histoire et je m’intéresse depuis peu à l’archéologie. »

Autant être honnête, hein. Puis de toute façon, ce serait bien inutile de nier ce qu’elle sait déjà :

« - Je pense, en effet, pouvoir dire que j’ai quelques connaissances dans ce domaine. »

Je regardais avec attention ce qu’elle était en train de faire. Sa passion pour les objets anciens se voyait clairement à sa façon de retirer le papier du « précieux » objet. J’émis un léger sifflement en voyant ce qu’elle tenait à me montrer. C’était un tableau du Temple où nous étions. Impressionnant, effectivement. Comme elle le disait, elle ne m’avait pas fait venir pour rien. Elle leva le bras au ciel tout en me posant une question. « Ferez-vous partie de ceux qui veulent comprendre ou resterez-vous en arrière ? », pour moi, ça sonnait un peu comme une sorte d’ultimatum. Les bruissements et le frissonnement des dalles du Temple ne firent que renforcer cette sensation. Puis, elle se confirma lorsque Luz me proposa de … Rejoindre la Confrérie des Brumes ? Et bien … Moi qui n’ai pas l’habitude de ce genre d’offre … L’idée était à creuser :

« - Dans ce cas, montrez-moi ces endroits que je ne soupçonne pas. Je sais bien que le savoir n’est jamais très loin. Mais si la Confrérie peut m’apporter plus que ce que je sais déjà … Je suis prêt à tenter le coup, Luz Weiss. »

Cette femme me plaisait de plus en plus. Finalement, je ne regrettai pas d’être venu risquer ma peau ici pour venir à ce rendez-vous. Moi qui avais eu peur d’être déçu. J’appréciai aussi le fait qu’elle sache respecter la vie des autres malgré sa capacité à trouver toutes les informations qu’elle veut. Rien que pour cela, elle méritait un grand respect. C’est vrai que je n’aurai pas forcément accepté qu’elle sache tout de ma vie alors que je ne sais pas grand-chose d’elle. Ça m’aurait été … Insupportable, je pense. Enfin, j’allais bien m’entendre avec elle. En tout cas, c’était bien parti pour et ça me faisait plaisir :

« - J’ai bien compris que vous n’étiez pas ce genre de personne. Heureusement, d’ailleurs. Je vous avoue que si ça avait été le cas, j’aurai été quelque peu déçu. »

Il avait touché juste. Des personnes à protéger … Comme elle, j’en avais. Enfin, il serait plus exact de dire que je n’en ai qu’une. J’aurai bien du mal à vivre sans elle … Sans Leyna. Oui, ça me paraît impossible. Je ferai tout pour qu’elle ne manque de rien, pour qu’elle soit heureuse. Quitte à me priver de certaines choses. Je fis un sourire en fixant la Dragonne. Quels autres points communs pouvions-nous encore avoir ?

« - J’ai une personne pour qui je serai capable de faire n’importe quoi. Une seule. Mais ça me suffit. C’est le moteur de ma vie. Je crois que … La vie sans elle ne serait pas envisageable. Et s’il lui arrivait quelque chose, j’aurai bien du mal à pouvoir me pardonner de ne pas avoir pu l’aider. »

Je ne le pourrai même pas. Clairement. Tout de suite, la Dragonne changea de sujet. Comment devait-elle m’appeler ? Oh, je n’avais pas songé à ça tellement ça me paraissait évident. Et si elle préférait le tutoiement, il n’y avait aucun problème. Et puis, c’est vrai que ce sera mieux comme ça, de toute façon :

« - Vo … Tu peux m’appeler Jenaël. Ou Jen’. Inutile de chercher à faire compliquer. Et puisqu’il me semble que nous allons nous voir assez régulièrement maintenant … Autant faire simple. Et dans ce cas, si tu le veux bien, je me contenterai de t’appeler Luz. Au moins pour le moment. »

Oui. Après avoir réfléchi, j’avais bien l’intention de rejoindre la Confrérie des Brumes. Qui sait … Je pourrai toujours avoir quelques surprises. La liste des lieux qu’elle me fit était intéressante. Sauf celle dans la Toundra – je n’étais pas prêt pour retourner à nouveau là-bas – mais ça, elle n’avait pas franchement besoin de le savoir. Quoiqu’il en soit, il fallait que je lui donne une réponse bien qu’elle peut l’avoir deviné avec mes paroles précédentes :

« - Tous ces lieux me paraissent bien charmants ! J’ai déjà beaucoup voyagé parmi les Rebelles mais j’ai l’impression d’être passé à côté de plusieurs trésors et ce, à de nombreuses reprises. Je te suivrai volontiers là-bas. Après tout, les trésors ne demandent qu’à être trouvé, non ? Ma réponse est donc claire. Je pense que j’aurai beaucoup à gagner en venant dans la Confrérie et les nouvelles perspectives qu’elle peut m’offrir sont intéressantes. Alors c’est avec plaisir que j’accepte. »

Luzie. C’était donc ainsi que ses proches la nommaient. Proches dont je ferai probablement bientôt parti. Enfin, je l’espérai. J’eus un léger frisson lorsqu’elle prononça mon « surnom ». Ce n’était pas tellement le fait de l’avoir dit qui avait provoqué ça mais plutôt … La manière. Oui, c’était ça. Il y avait eu quelque chose dans sa façon de le dire qui m’avait fait réagir. Quelque chose que j’avais cru ne plus obtenir de personne excepté Leyna. L’amitié. Je me faisais peut-être des illusions mais étrangement, avec elle, j’avais envie de croire que ce n’était pas une fausse idée. Il y a des personne comme ça … Qui vous donne envie de croire à ce que vous aviez pratiquement oublié. Un sourire vint étirer mon visage. Je l’appréciai de plus en plus :

« - Je ne manquerai pas de t’appeler ainsi, crois-moi. Ce sera au moment où tu ne t’y attendras pas. Je suis également un professionnel pour ce genre de chose. »

Je me retins d’éclater de rire quand elle me résuma l’ambiance qui régnait dans leur Guilde. Je sentais que j’allais m’y plaire. Et puis, ce style de vie me manquait beaucoup. Je n’avais pas ri depuis bien longtemps et là, ce sera sûrement l’occasion. J’étais content de constater que j’étais tombé sur les bonnes personnes. Maintenant, j’avais hâte de rencontrer les autres. Fait devenu extrêmement rare –non, je n’exagère absolument pas–, je me mis à rire lorsque la Dragonne mima une grimace. Décidément, si tout le monde est comme elle dans la Confrérie des Brumes, il n’y a aucune raison pour que je ne m’y plaise pas. A vrai dire, c’est tout ce que je demandais :

« - Merci pour cet accueil. J’ai hâte de tous vous rencontrer surtout avec la description que tu viens de me faire de tes camarades ! Je pense que je n’attendrai pas bien longtemps avant d’aller faire un tour dans votre fameux QG. »

Elle me posa à nouveau des questions. Je serai ravi de lui raconter les récits de mes différents voyages mais évidemment, je ne pourrai pas tout faire en une fois. Et puis, il faut bien en garder pour plus tard. A mesure qu’elle approchait sa tête, je reculai la mienne ; sourire aux lèvres. Luz m’impressionnait de minutes en minutes :

« - J’ai beaucoup voyagé, effectivement. Un jour, je te raconterai tous mes récits, n’aie crainte mais pour le moment, il vaut mieux garder un peu de suspens. J’ai fait le tour de Terra, je pense. Je suis passé dans pleins de continents, toutefois, j’ai dû passer à côté de beaucoup de trésors. Si tu veux savoir, je suis allé jusque dans Glace ! »

Bon, ça ne me ressemblait pas de dire tout ça de cette façon mais dans le pire des cas, j’improviserai. Je trouverai toujours une réponse valable à donner sans pour autant révéler qui je suis.

Une … Table et des chaises ? Elle n’en faisait pas un peu trop ? Léger haussement d’épaules. Après tout, ce n’était pas important. Libre à elle de théâtraliser un peu les choses si ça lui convenait comme ça. Et puis en y réfléchissant, c’était effectivement moins énervant de discuter assis que debout. Je pris place en face d’elle ; en écoutant ses explications. A vrai dire, elle n’aurait pas eu besoin de faire tout ça pour me prouver sa valeur. Je l’avais tout de suite remarqué. Elle voulait passer plus de temps avec moi ? J’avais rarement entendu ce genre de paroles également et ça me faisait vraiment plaisir. De fil en aiguille, je sentais que j’allais bien m’entendre avec elle. Nous nous ressemblons sur bien des points et je me réjouis d’avance de poursuivre la discussion avec elle :

« - Je connais déjà ta valeur, Luz. Tu n’as nullement besoin de faire tes preuves. Pas avec moi. En revanche, j’avoue que je serai enchanté de poursuivre cette discussion que je trouve très intéressante. »

Je regardais son manège avec la plume. Elle était très habile mais ça ne m’étonnait absolument pas. Elle me lança encore des paroles auxquels je ne m’étais pas préparé. Elle allait de compliments en compliments et ça me déroutait plus qu’autre chose. Pourtant, je faisais tout mon possible pour rester calme. J’aurai effectivement pour être comme elle le disait mais étrangement, je me suis tout de suite senti à l’aise avec elle et … Je n’ai pas hésité à lui faire confiance. C’est comme ça. Elle a tout de suite su trouver les bons mots. En même temps, venant de Luz, ça n’a rien d’impressionnant :

« - Tu sais … C’est toi qui est quelqu’un à part. J’aurai sûrement été comme tu dis si tu n’avais pas su trouver les bons mots pour que je te crois. Et maintenant, j’ai vraiment envie de croire en toi alors je t’aiderai du mieux que je peux. »

J’étais sincère. Tout ce que je venais de dire, je le pensais réellement. Lorsqu’elle leva les yeux, je fixais les miens dans les siens. On dit que ces derniers sont une vitre donnant sur l’âme des personnes. Et ce n’était peut-être pas faux. Ainsi, je n’aurai pas le droit de lui mentir mais je pouvais toujours choisir de ne pas tout lui révéler. C’était quitte ou double :

« - J’ai vécu là-bas, c’est vrai. Mon terrain de jeu ? C’était la vaste étendue gelée qu’est la Toundra. Cependant, tu te trompes sur une chose : j’ai bien grandi dans cet endroit, comme je te l’ai dit. Toutefois, à cette époque, ce n’était pas avec les Rebelles. C’était … Avec mon peuple. »

Mais moi aussi, j’étais curieux. Or, je ne savais pas grand-chose d’elle. Uniquement le « principal » :

« - Mais et toi ? Hormis les grandes lignes, je ne connais rien de toi. »

[J’avoue. Jerry au « poulpe » mais … Non Jen’ n’est pas Bernard. xD]

Une famille. Ça faisait bien longtemps que je n’en attendais plus. Rien que pour ça, je lui dois beaucoup. Je souris à nouveau lorsqu’elle révéla qui elle était réellement. Je me doutais bien qu’elle n’avait aucun sang Humain. En revanche, j’admets que je ne m’attendais pas spécialement à me trouver en face d’une Dragonne âgée de plus de cinq siècles. J’avoue, je faisais bien pâle figure avec ma petite vingtaine d’années. Mais c’était aussi ça qui était relativement intéressant. On ne pouvait pas savoir à l’avance sur qui ou sur quoi on allait tomber. Et dans ce cas précis, je suis très agréablement surpris. Même si … Ça me faisait étrange de me dire que j’étais en face d’une personne de plus de 500 ans alors qu’elle … Donne l’impression d’être si jeune. C’est la vérité. Honnêtement, je ne lui aurai jamais donné cet âge et si elle ne me l’avait pas dit elle-même, je ne me serai jamais permis de lui poser ce genre de question.

« - Tu parais … Jeune. Beaucoup plus que ton âge. C’est impressionnant de se dire que l’on on est en face d’un Dragon. Je savais que tu n’étais pas Humaine mais tout de même. J’aime beaucoup ton peuple, tu sais. »

Tout ce que je venais de dire était vraiment sincère. Je n’avais aucun intérêt à lui mentir. Inversement, j’étais assez étonné qu’elle ne remarque plus tôt que je n’appartenais pas aux Humains. Je pensais que quelqu’un de son envergure s’en serait tout de suite rendu compte mais visiblement, je me suis trompé. Enfin, je ne vais pas m’en plaindre. On va dire que ça met un peu de mystère. Si elle avait tout su sur moi, ça n’aurait pas été intéressant. Et je me serai probablement ennuyé. Or, je dois bien admettre que ce qui devait être un simple rendez-vous devient vraiment de plus en plus passionnant.

Luz s’excusa pour toutes les questions qu’elle me posait. Bizarrement, et pour une fois, ça ne me dérangeait absolument pas. Je me retins de rire lorsqu’elle se qualifia de « vieille ». J’aurai presque tendance à dire que l’auto-dérision est une qualité. Ça fait toujours plaisir de voir des gens qui n’ont pas peur de se moquer d'eux-mêmes :

« - Ce n’est pas grave, ne te tracasse pas pour si peu, voyons. Comme tu le dis, je suis de nature « magique ». Je suis un Clamerian. J’ignore si tu as déjà entendu parler de nous mais si ça peut te rafraîchir la mémoire, nous sommes capable de nous transformer en Chien et nous avons une grande affinité avec la magie de Glace. D’ailleurs, on nous appelle aussi : les Guerriers Canins. »

Ceci expliquait très clairement cela. Les Dragons étaient donc des créatures intemporelles. Des êtres ayant l’éternité devant eux. Ils choisissaient donc leur apparence Humaine selon leurs envies. Heureusement, quand on y réfléchissait. Et oui. Imaginez … Vous n’aimeriez pas garder une apparence qui ne vous plaît pas pour toujours. Alors voilà. Certains ont trouvé la parade, visiblement. Et c’était quelque chose de vraiment très fascinant. Par la suite, elle me parla de quelques spécimens de son peuple. Aucun des noms qu’elle avait cité ne me disait quelque chose. C’était des personnes de son peuple et pourtant … Elle ne se sentait pas vraiment avec les siens. Si elle savait … Si elle savait comme je la comprenais. J’ai vécu avec les miens et pourtant, il y avait des fois où je n’avais pas l’impression d’être chez moi. Peut-être que je n’ai jamais vraiment eu ma place dans la meute de la Toundra. Les différentes épreuves que j’ai dû traverser confirmaient aisément cette théorie. Si c’était à refaire ?… J’ignore ce que je choisirai et pour être honnête, je préfère ne pas y songer :

« - Je ne veux pas passer pour celui qui peut comprendre toutes les émotions ; tous les ressentis parce que je ne suis pas cette personne. Et je ne le serai jamais. En revanche, je peux imaginer ce que ça, ça doit te faire. Libre à toi de me croire ou non. »

Luz eût un regard qui aurait pu être gênant dans d’autres situations lorsque je lui ai expliqué ce que j’étais réellement. J’ignorais complètement que notre peuple était connu au point de … D’avoir des ouvrages le concernant. Et je m’attendais encore moins à ce qu’elle me dise qu’ils étaient au sein de la Confrérie. J’aimerai bien les consulter un jour. Pour savoir les informations que l’on a pu récolter sur nous. Il me suffisait de lui demander où les trouver. Evidemment, c’était sans compter sur son flot de questions. Ah oui. Elle était relativement bien renseignée sur notre peuple. Enfin après tout, je lui devais bien ça :

« - Je suppose que nous fonctionnons comme les Lycans. Notre transformation fait partie de nous et est naturelle. Donc non, nous ne souffrons pas particulièrement. Non, nous ne sommes pas très proches mais pour être honnête, je n’en ai encore jamais rencontré alors je serai bien incapable de te dire que je les apprécie ou non. Quant à tes dernières questions … Je maîtrise bien quelques sorts de magie de Glace, oui. Mais une démonstration serait plus parlante que de simples explications. »

Décidément, quoique je dise, Luz trouvait toujours un moyen pour fournir une réponse « rassurante ». Elle me faisait penser à Leyna quand elle faisait ça. En revanche, je ne me permettrai pas non plus de juger les personnes qui exposent immédiatement leurs problèmes. Si elles font ça, c’est probablement parce qu’elles n’ont personne à qui parler dans leur entourage. Tout simplement. Il y a toujours une raison derrière les actions de quelqu’un. Toujours. Et j’étais sans doute bien placé pour le savoir. Une fois de plus, la Dragonne m’impressionna rien qu’avec ses paroles. Elle avait raison. On ne peut pas se contenter de ce qu’on l’on vit. Si l’on cherche la « véritable » connaissance, il faut chercher encore et toujours plus loin. Auprès de ceux qui nous entourent … en y réfléchissant, Luz devait déjà avoir accumulé beaucoup de savoir. Elle était à la tête de la plus grande entreprise mafieuse de Terra et de ce fait, elle devait bien être entourée et donc, conclusion logique, si elle a appliqué ce qu’elle dit, la Dragonne a déjà dû en apprendre énormément à force de vivre à leurs côtés. La Confrérie … elle me l’avait effectivement décrite comme une immense mine de savoir qui cherche encore et toujours à en découvrir plus. Et c’était ça qui m’avait poussé à franchir le cap :

« - Tu ne cesses de m’impressionner, Luz. Tes paroles sont si sages … je suis sûr que rien qu’à tes côtés, j’apprendrai plus de choses qu’avec une trentaine d’individus lambda. Tu dois être une véritable mine de connaissances à toi toute seule. »

Elle voulait que je lui fasse une démonstration de ma magie ? Très bien ! Je n’avais pas pratiqué depuis un bon moment mais heureusement pour moi, ce n’est pas le genre de choses que l’on oublie comme ça. Je me levais de ma chaise avant de prendre un peu de temps pour me concentrer. Si je voulais bien faire les choses, il fallait que je me prépare correctement. Une fois que ce fut fait, je fermais les yeux et à peine quelques instants plus tard, trois clones de glace apparurent. Ils possédaient une chose qui pouvait permettre aux autres de voir qu’aucun d’eux n’est l’original. Ils n’ont pas de pupilles.

Je me rassis en face de Luz en souriant. Ce n’était pas grand-chose, certes, mais c’était déjà mieux que rien. Maintenant, c’était à son tour de me montrer ce qu’elle pouvait faire :

« - Ce n’est pas grand-chose mais le reste implique que je prenne mon autre forme et … si je te montre tout d’un coup, ce ne sera pas amusant. D’ailleurs, c’est à ton tour de me montrer ton … truc, comme tu dis. Si tu as besoin, tu peux t’exercer sur mes clones. »

Effectivement. Les clones, c’est en quelques sortes ma technique de « base ». De ce fait, je n’ai pas besoin d’énormément d’énergie pour pouvoir l’utiliser. Certes, dans tous les cas, j’essayais quand même de ne pas trop m’en servir en combat. Ou même dans d’autres situations d’ailleurs… là, c’était vraiment parce que Luz me l’avait demandé. En y réfléchissant, je me demandais encore ce qui m’avait poussé à accepter la démonstration. Enfin… maintenant que c’est fait, c’est inutile de se tourmenter avec quelque chose comme ça. En tout cas, j’étais satisfait de sa réaction. Visiblement, nous étions sur la même longueur d’ondes en ce qui concerne le suspens.

« - Bien vu. Ce sort ne me coûte pas grand-chose mais je ne m’en sers pas souvent pour autant. Et oui… un peu de suspens ne peut pas faire de mal. Nous avons tout notre temps. »

Bon, pour le moment, c’était à son tour de me montrer ce qu’elle savait faire et j’avais vraiment hâte de pouvoir voir ça. Je ne sais que peu de choses des Dragons alors savoir ce qu’ils sont capables de faire… c’est toujours intéressant. Je la regardais faire sans bouger. Elle se leva et alla poser une main sur l’épaule de l’un des clones. A ce moment-là, il y eut un claquement et un grésillement puis, des courants électriques apparurent. Sans faire de mal au clone, évidemment… ainsi donc, Luz était capable de maîtriser la Foudre. C’est un pouvoir intéressant. Comme elle le disait, cet élément n’était, en revanche, pas très efficace contre les clones qui, eux, étaient fait de glace. Toutefois, je me doutais bien qu’elle pourrait parfaitement les anéantir en usant un peu plus de son pouvoir. Elle posa le plat de sa main sur l’autre et fit apparaître une sorte de bouclier avant qu’il ne se contracte. La Dragonne faisait jouer de l’électricité entre ses mains et j’étais vraiment impressionné.

Elle pouvait tout à fait faire plus. Luz venait elle-même de me le dire. Mais c’est vrai que le lieu dans lequel nous étions ne s’y prêtait pas. Nous ne pouvions pas prendre le risque de détruire un monument comme celui-ci juste pour une démonstration. Et… ça lui coûterait de l’énergie. A mon tour, je me levais ; sourire aux lèvres. Je fis disparaître mes créations avant de fixer la Dragonne.

« - Tu as raison. Ce lieu est sacré et ce serait bien dommage de l’abîmer. De plus, j’imagine que, toi aussi, tu me réserves quelques surprises. Je suppose que nous verrons tout ça au QG de la Confrérie, n’est-ce pas ? »

[Tu aurais dû me dire si quelque chose clochait ! J’aurais modifié. x3]

Luz confirma mes dires. J’avais vraiment hâte de voir tous les trésors que recelait la Confrérie des Brumes. Une si grande organisation doit bien avoir plusieurs perles rares. Je sentais que j’allais m’amuser à visiter ce QG. Pour un Historien et Archéologue comme moi, c’était une véritable aubaine. Je fronçais légèrement les sourcils lorsqu’elle insinua que j’avais probablement quelques petites choses à régler au continent de Glace. Oh non… Je n’avais plus rien à y faire depuis bien des années. Mais ça, c’est vrai qu’elle n’était pas forcément au courant. Ce qui était parfaitement normal. Je ne déballe pas ma vie dès que je rencontre quelqu’un. Heureusement, d’ailleurs. Surtout qu’il y a de fortes chances pour que les autres n’en aient strictement rien à faire. Et ce n’est pas forcément plus mal.

« - Non. Je n’ai rien à régler à Glace. Ça fait longtemps que je n’ai plus rien à y faire, tu sais. Je pense que dès que j’aurais quitté Ciel, je prendrai la direction du QG. »

Elle me tendit alors un morceau de papier en m’expliquant qu’il s’agissait d’une carte de Terre. Parfait. C’était tout ce dont j’avais besoin. Elle était prévoyante, ça faisait une qualité supplémentaire à ajouter à la liste. De plus, d’après ce qu’elle me disait, les gardes étaient déjà au courant de ma venue. Je n’avais donc rien de spécial à faire. Tout avait déjà été minutieusement préparé.

Bon… Comme la Dragonne le disait, il valait mieux éviter de trop s’attarder sur ce territoire. J’avais déjà eu de la chance que notre rendez-vous se passe bien et sans que nous ayons fait de rencontres problématiques. La prochaine fois que je parlerai à Luz… J’espérais juste que ce sera dans un endroit où nous serons en sécurité et où je n’aurais pas à rester constamment sur mes gardes. Je pris donc la carte que me tendait Luz tout en la remerciant. Au moins, j’étais certain que je pouvais lui faire confiance. J’avais toujours peur que quelqu’un me déçoive mais… Luz sera sans doute une exception. Du moins, je l’espère.

« - Encore merci. Effectivement, je ne tiens pas à me faire attraper par un des sbires d’Aile Ténébreuse… Eh bien, je suppose que la prochaine fois que nous aurons l’occasion de nous reparler, ce sera à la Confrérie. Au revoir Luz. A la prochaine… »

Je la saluai une dernière fois avant de me dépêcher pour partir. J’étais déjà resté trop longtemps ici. Il était temps pour moi de rejoindre la Confrérie ; pour le meilleur et pour le pire…

[Je suppose que nous avons terminé. =) Tu peux poster une dernière fois si tu veux !]