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 Epreuve - Ce que l'on apprend sert toujours

 
Epreuve - Ce que l'on apprend sert toujours Sand-g10Lun 26 Nov - 22:07
Citation :
"Savoir se battre était une évidence pour elle qui veut être indépendante. Elle apprit auprès de ses frères le temps qu’elle resta avec leur peuple. Elle se perfectionna ensuite seule ou avec l’expérience des différentes rencontres à l’auberge."

Racontes nous ton apprentissage du combat, à partir de ton premier entraînement jusqu'à aujourd'hui.

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- Les dagues, ce n’est pas pour faire joli, minus !

Un voleur… Voilà ce qu’avait trouvé Sulnida à l’arrière de l’auberge et elle le maintenait d’un pied sur le torse alors qu’elle était penchée au-dessus de lui, ses deux dagues pointées contre chaque carotide. Quel imbécile, plutôt que de fuir, il avait voulu tenter sa chance et lui avait ordonné d’aller lui chercher les recettes de la journée.

- Je ne veux plus te voir dans les parages ou la prochaine fois, je te les coupe…


Sulnida se releva, libérant ainsi le voleur mais elle resta cependant bien prudente, ses dagues à la main. Mais sa « clémence » fut acceptée et elle le regarda se carapater sans demander son reste. Enfin, le coup de pommeau qu’elle avait réussit à lui donner dans l’œil avait déjà bien dû le convaincre qu’il devait sauver sa peau. C’était un de ses coups préférés, viser les yeux. Non seulement ça faisait suffisamment mal pour en profiter durant un combat mais de plus, c’était fort handicapant de voir mal d’un œil. Et pourtant, la première fois qu’elle avait frappé à l’œil quelqu’un avait été un accident. Elle s’en rappelait parfaitement, c’était la première fois où elle s’était imposée dans le simulacre de combats de ses frères. Pensive, Sulnida était rentrée dans l’auberge par la porte arrière et s’adossa contre la porte, se laissant aller à ses doux souvenirs, fermant ses yeux avec un petit sourire mélancolique.

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Une tête brune échevelée se tenait fermement accrochée à l’avant-bras de son grand frère alors qu’il était en train de parer l’attaque d’un de ses amis, partenaire d’entraînement habituel. A force d’être ignorée par tous ses grands, la jeune Sulnida n’avait pas hésité à user de grands moyens pour ne plus leur laisser le choix et ce malgré le risque de finir blessée dans l’histoire.

- A mon touuuur ! Donnes-moi cette épée Osnund ! De suite !


Déjà du caractère et une ténacité faisant craquer son grand frère qui ne manqua pas de la remettre à sa place en lui donnant alors sa lourde épée. La barbare âgée de 12 ans eut alors des yeux brillants de ravissement, se saisissant du pommeau avec ses deux mains et… aïe ses bras ! Elle ne s’était pas attendue à un tel poids et elle ne put tenir droite l’arme dont la pointe de la lame s’affaissa lourdement dans la neige. Une telle charge pourrait être fort rassurante avec toutes ses promesses de puissance si seulement elle pouvait s’en servir mais c’était peine perdue avec sa carrure. Seulement, elle resta à délier ses doigts autour du manche, ça lui plaisait et elle tourna la tête vers ses frères qui riaient, pensant que leur jeune sœur serait fort désappointée mais il avait tort.

- Vous n’auriez pas un peu la même chose mais en plus léger ? Que je vous montre un peu, je suis sûre de pouvoir faire mieux que vous ! Et je pourrai me défendre sans vous, c’est à votre avantage aussi…

Elle obtint une réponse favorable à sa requête, bien qu’on essaya de lui proposer un arc, choses qu’elle refusa nette. Un arc, ça ne servait à rien si on vous attaquait par surprise et que la personne était déjà sur vous. Non, son bonheur se révéla en une dague, bien plus maniable et à peine l’arme en main, la brunette se lança à faire de amples gestes avec, toute excitée, et imitant vaguement les postures qu’elle avait vu les hommes prendre lors de leur entraînement. Soudainement, elle se fléchit un peu sur ses genoux et plia son bras un peu vers l’arrière, la dague pointait avec assurance au même niveau que son épaule, son autre bras tendu en avant pour l’équilibre, elle avait toujours rêvé de faire ça, et elle l’accompagna d’un cri qui se voulait celui d’un guerrier mais ce cri s’accompagna d’une plainte douloureuse car, dans son mouvement, elle avait alors frappé de son coude l’œil d’Eirik, un guerrier de leur peuple qui s’occupait de former les plus jeunes voulant devenir eux aussi des combattants et qui s’était alors penché vers elle, dans son dos, au mauvais moment alors qu’il désirait lui montrer comment tenir à la perfection l’arme. Quelle magnifique entrée dans la matière que voilà mais Eirik ne lui en tint pas rigueur et accepta que Sulnida rejoigne les séances d’entraînements comme quelques autres jeunes filles barbares tant qu’elle obéissait et ses frères furent aussi appelés à la prendre en charge. Ah la responsabilité familiale…ça ne pouvait que resserrer encore plus leurs liens…


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Quelques années plus tard, la nuit tombait et le père de famille était assis à côté du feu, écoutant le bruit de lames qui se rencontraient, observant le reflet des flammes qui s’y reflétaient par moment.

- Vous venez juste de manger, comment pouvez vous bouger comme ça ?

- Dois-je rappeler que je n’ai pas eu de temps pour moi avant ?, rétorqua une Sulnida essoufflée mais avec un grand sourire.

Elle était devenue une très jeune femme âgée de 18 ans et ses entraînements avaient porté leurs fruits. Au tout début, la fratrie se réunissait toute entière et la brunette avait une hardiesse la rendant imprévisible et audacieuse mais, fort vite, une chose lui faisait défaut… prendre le temps de la réflexion et de mettre une stratégie en place. Elle, elle fonçait tête baissée, comme là où elle lança une attaque sur les épaules d’Osnund, avec ses deux dagues mais son grand frère la para de sa lourde épée et la repoussa avec force. Sulnida fut déséquilibrée et roula à terre dans la neige. C’était la seconde fois qu’elle se faisait avoir ainsi ce soir, sauf que cette fois-ci, elle se redressa plus vite sur ses genoux et son frère, qui pensait remporter l’échange en se précipitant vers elle, dut faire un bon en arrière quand la brune fit un balayage de ses dagues au niveau des mollets. Elle s’offrit de cette façon la possibilité de se relever et put ainsi esquiver l’attaque de son frère et lui donner un coup dans le dos. Les lames étaient bien sûr émoussées et, ravie de l’avoir atteint, elle relâcha un peu son attention recevant alors un coup d’épée sur le crâne, finissant légèrement sonnée.

- Tu n’es pas assez concentrée, penses à ce que nous a répété Eirik… Il faut que tu te poses un peu, sœurette. C’est avec le meilleur que tu t’entraînes là…

C’était bien avec Osnund que Sulnida aimait le plus croiser le fer, il était le plus difficile à battre et à vrai dire, le seul qui avait la décence de ne pas retenir ses coups face à elle (ses autres frères, elle les avait insulté de goujats, certes de façon moins polie, quand ils avaient osé dire qu’ils la préservaient). Cela expliquait pourquoi elle était bien plus bousculée par son aînée mais elle apprenait davantage plus vite avec lui et elle avait réussit à prendre le dessus sur lui parfois, elle était habile et n’abandonnait jamais.

- C’est bon, je sais, mais, tu veux savoir ? J’ai le mérite d’avoir une journée bien plus difficile que toi… mais demain, tu verras, je serai en pleine forme et cette fois, on s’entraînera avec nos Mondag !

Njörd qui était en train de somnoler prés du feu leva discrètement une oreille, c’était une chose pour lui plaire et là, il savait qu’en duo, lui et Sulnida était bien plus redoutable.


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Sulnida sentit le contact humide de la truffe de Njörd contre sa main et elle rouvrit les yeux pour sourire au Mondag qui l’avait rejointe sans se presser, ne l’ayant pas sentie en danger quand elle avait eu affaire au voleur. Laissant tomber à terre ses dagues, elle perdit avec affection sa main dans son pelage épais.

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Elle voulait encore le faire avant de quitter leur peuple, ce qui avait été à la fois une pratique d’entraînement et une sorte de compétition amical. Tous ses frères et même sa grande sœur, en tant que spectatrice et juge, étaient là, chacun montés sur leur Mondag. A l’aide de divers objets cassés et squelettes d’animaux, ils avaient créé une file d’ennemis fictifs et c’était à celui qui arriverait à la fin de la file en ayant fait tomber le plus de « têtes ». Aucun rire, tous concentrés et la sœur aînée donna le départ. Sulnida ne fut pas déstabilisée par le départ en trombe de Njörd, ils étaient devenus bien fusionnels maintenant, grâce à ce genre de défi où ils devaient bien se coordonner et c’était un avantage certain quand les autres avaient un peu plus de mal. Plus légère, plus enhardie, elle n’hésita pas à se pencher considérablement sur le côté pour pouvoir frapper deux cibles l’une après l’autre, gauche droite sachant user de la force de ses jambes pour se redresser à temps. Njörd était certes imposant mais ainsi, il n’avait pas besoin de zigzaguer de trop, gardant la trajectoire la plus droite et la plus courte possible.

*Attention à droite Njörd*

* Vu !*

Njörd bouscula de ses épaules le Mondag d’un de ses frères qui étaient arrivés à leur hauteur en même temps que Sulnida s’agrippa pour ne pas subir les effets du choc et ils reprirent les devants avec encore plus d’assurance. Communiquer par pensée était un gain de temps considérable, de petites secondes pouvait suffire à renverser une bataille comme le lui avait fait comprendre Njörd. C’était lui qui pensait le plus des deux, et lui qui rappela à Sulnida de se baisser quand, au lieu de contourner le dernier « ennemi », il le frôla au maximum, ne déviant pas trop de sa route et la jeune femme, après avoir frappé, s’aplatit pour ne pas heurter le bras de l’archaïque imitation. Le tout sans hésitation, ce qui laissa derrière eux Osnund qui était pourtant revenu juste avant à leur hauteur et le duo atteint la fin du parcours les premiers, Njörd lâcha un aboiement guttural en même temps que le cri de victoire de Sulnida, tous deux faisant écho…


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Sulnida perçut la petite mélancolie de Njörd et elle se décolla de la porte pour prendre la tête du Mondag entre ses mains et frotter vigoureusement les joues de ce dernier. C’était sa façon de redonner du baume au cœur, avec énergie et non une douceur qui ne ferait qu’inciter à la paresse à ses yeux.

- Ne t’en fais pas, je suis sûre qu’on connaîtra d’autres moments palpitants, tiens, tu te rappelles la dernière fois avec le neveu du forgeron !

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C’était il y a peu, le cousin du forgeron était venu à l’auberge se pavaner avec l’épée qu’il s’était forgé lui-même. Sulnida avait montré de l’intérêt en même temps qu’elle apportait des chopes de bière. Mais ce dernier était peu au courant du genre de personne à qui il avait affaire et n’avait rien trouvé de mieux de lui dire qu’elle n’y connaissait rien. De quoi toucher la fierté de notre barbare qui avait alors posé brutalement les choppes, éclaboussant un peu ses clients.

- Tu crois ça ? Ecoutes, grand mâle, on va se montrer nos connaissances et se dérouiller au passage dans la cour… Tu auras mérité et ton épée et ton rafraîchissement pour de vrai après…

Un défi lancé et relevé, et Sulnida abandonna chiffon pour ses deux habituels dagues. Njörd les suivit dans la cour, mais elle lui fit signe de se contenter de regarder. C’est qu’elle ne manquait jamais une occasion de se mettre à l’épreuve, jouant de provocation pour obtenir ce qu’elle voulait. Oh bien sûr, parfois, elle demandait directement à ceux qu’elle connaissait suffisamment pour ne pas avoir droit à un refus et qui la respectait assez pour rester sérieux. Il y avait aussi eu une fois un bon échange de procédé avec un soldat habitué de leur auberge qu’elle avait vu utiliser une botte et elle lui avait promis deux tournées gratuites de pinte s’il la lui apprenait. Ce fut cette botte d’ailleurs que Sulnida utilisa après avoir eu droit à une bonne entrée en matière de la part de son partenaire de « danse », n’ayant pu que faire qu’esquiver cette lame dont elle sentait le courant d’air quand elle passait si prés. Et de toute évidence, elle n’était pas la seule à y prendre plaisir, chacun souriant et ce même quand, avec la botte, elle profita d’une ouverture pour glisser une première attaque de sa main droite vers le ventre en passant sous le bras tenant l’épée, une diversion provoquant le recul de l’adversaire pour éviter le coup au ventre, recul qu’elle suivit en tournant sur elle-même en même temps qu’elle replia son bras pour emprisonner celui de son adversaire le long de son corps, se trouvant dos contre dos, et de sa main gauche, elle glissa la pointe de son autre dague tout contre la hanche de ce dernier, au niveau des reins, en un point mortel.

- Et tu es mort !

Sulnida était contente de l’avoir placée et elle relâcha le cousin du forgeron de sa prise, le laissant se remettre de sa surprise et elle allait proposer de rentrer dans l’auberge pour parler de cette bonne épée qu’il avait quand même sauf que ce dernier fit preuve d’une certaine mauvaise foi, bien masculine à ses yeux sur le coup, quand il accusa Njörd de l’avoir déconcentré en l’insultant de sale cabot et autres joyeusetés. Un nouveau dérapage qui lui valut un grognement du Mondag et la révolte de Sulnida qui sauta sur le dos de Njörd pour alors le pourchasser et surtout lui faire plus peur qu’autre chose, jusqu’à ce qu’il ne retourne chez le forgeron sans demander son reste. Apparemment, tester son épée avec une femme qui n’y connaissait soi-disant rien ne lui posait aucun problème mais avoir droit à un énorme chien furax aux babines retroussées, c’était autre chose pour lui…


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Sulnida relâcha la tête de son Mondag, et elle s’étira pour ensuite ramasser ses dagues.

- C’était marrant de le voir détaler comme un lapin devant toi… Depuis, il n’est plus revenu seul à l’auberge…

Des éclats de voix brisant le ronronnement d’une chanson paillarde lui firent relever la tête et elle se redressa, elle avait assez remonté dans ses souvenirs pour un bon moment.

- Faut que j’y retourne… Tiens, je te laisse les dagues, qui sait, elles pourraient me resservir cette nuit avec un peu de chance…

Sulnida posa ses armes sur la petite table juste à côté de l’épaisse fourrure étalée à terre qu’elle avait laissée à Njörd pour faire office de coin à lui, et elle retourna dans la pièce de vie bondée.

- Me revoilà, Père… j’ai chassé un insecte…

[quote]

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