Elyin penait encore a croire qu'ils s'étaient tout deux engagés dans cette aventure.
Sans doute le manque d'air, la fatigue, ... Quelle folie?

Pour lui encore, ça allait. Il allait ramené le barbare à ses superieurs, il serait avec les siens, dans son univers. Mais Ragmor lui allait etre introduit enchainé dans une ville grouillant de démons de l'armée!
Il etait impressioné par le courage de cet homme, mais commençait à se demander si il ne melait pas courage et folie.

Pour l'heure, ils arrivaient au village qu'ils avaient choisis pour leur dernière étape avant Sen'stura. Elyin retrouvait ses répères et avait entendu parler d'un forgeron taiseux mais efficace. La il acheterais ou ferais faire un enchainement quelconque pour le geant.
Partis au matin, il esperait pouvoir arriver dans la capitale en debut d'après midi. Il n'était pas encore midi, le jeune homme misait sur le fait que cette formalité ne durerais pas plus d'une heure.

Il jeta un coup d'oeil a Ragmor qui marchait a ses cotés. Il tenait sans probleme le rytme de la monture du pro-AT, veritable force de la nature. Ils avaient partagés deux journées de voyage et l'etrange lien qui était né à Kirikaze s'etait renforcé. Le respect et la tolerance prevalait dans toute leurs discussion et ils ne cherchaient plus a convaincre l'autre mais à le comprendre. Et puis la guerre et l'armée d'AT avaient disparues de leur discussion et ils avaient put echanger sur d'autres idées. La nature de l'Homme, les origines de Terra, la condition des nobles, ...
Comme il était enrichissant pour Elyin de pouvoir ainsi discuter sans craindre jugement! Avoir le temps de parler, écouter et être écouter...

Et souvent, le silence prenait place, laissant chacun murir ses pensées, leur coeur aller vers des etres chers, leur souvenirs remuer le passé, leur rêves façonner l'avenir.

Ce même silence flottait alors dans l'air et Elyin hésitait a poser une question superficielle mais non dénué de sens. Le village n'était plus qu'a plusieurs centaines de metre, et il décida de remettre son interrogation a plus tard, le temps manquant pour s'engager dans une nouvelle discussion.

Ils s'engagèrent entre les deux murailles de bois encerclant le village, sous le regard attentif de deux gardes silencieux assis sur un banc de pierre. Les deux hommes suivirent la rue principale un instant avant de prendre une ruelle perpendiculaire. Au bout de celle-ci se tenait la forge et l'armurerie dont Elyin avait tant entendu parler. Il accrocha les rennes de sa monture sur un poteau de bois prevu a cet effet et jeta un regard a Ragmor.

- C'est toujours ton choix?

« Cesse de te tourmenter l'esprit, et hâte de toi de m’enchaîner et de me conduire à ta cité en tant que prisonnier. Joue le jeu jusqu'au bout, ne te soucie pas de moi. Je sais ce que je fais. J'ai l'entière connaissance des risques que je prends. »

Rassuré, Elyin acquiesça et s'avança vers le forgeron qui n'avait pas bougé depuis leur arrivé.
Il hésita un moment sur le discours a tenir, avant de conclure qu'il n'avait pas besoin d'une quelconque explication.

- Bonjour, est-ce que vous auriez le matériel nécessaire pour enchaîner cet homme? Il faut qu'il soit hors d'état de nuire.

Le forgeron ne répondit pas tout de suite. Son regard expert étudia avec précision Ragmor, cherchant une faille à son imposante musculature avant de renoncer.
Il parti ensuite dans son établi, revint avec des étranges chaines qu'il déposa sur le comptoir.

- Une chance pour toi qu'il me reste ça, en temps normal j'aurais rien put te trouver pour un tel gabari. J'envoie la note à l'armée, c'est ça?

Elyin haussa la tête de haut en bas pour confirmer. Son regard glissa sur le mystérieux assemblage de métal. Peu epais, on aurait dit un gros fil de fer du diamètre d'un pouce et agrémenté a distance régulière de boucle. Le forgeron répondit a sa question muette.

- Ouais, ça parrait fin comme ça. Mais c'est résistant et surtout c'est plus facile a manipuler que de l'acier car c'est plus souple. Et normalement, aucun humain n'est capable de le briser....
Il baissa la voix et ajouta.
- Le tien, je sais pas. En tout cas ça sera pas simple, et j'aurais rien de mieux.
Il le prit dans ses mains, vérifia l'état général, sortit d'un tiroir 6 cadenas qu'il posa dans la main d'Elyin.
Il prit ensuite le temps de lui expliquer le fonctionnement de son achat avant de disparaître a nouveau dans la forge.

Le jeune homme se tourna vers Ragmor. Il ne savait pas trop comment prendre la situation. Il n'avait pas a s'excuser ni à remercier le géant certes, mais pour autant il n'avait pas l'habitude d’enchaîner des gens complètement consentants. En fixant certaines boucles ensemble a l'aide des cadenas, il parvint a maintenir les mains de Ragmor dans son dos.
Amusé, il s'agenouilla ensuite a ses pieds pour enchaîner ses chevilles. Il ne put s’empêcher de penser que le monde était bien fait, car ceux qui veulent prendre la liberté des autres sont obligé de s'incliner devant leur victime.
Il finit son travail et se redressa, satisfait. Normalement, il ne devrait pas pouvoir bouger les bras et si la longueur qu'il avait laissé en bas lui permettais de marcher sans trop de problème, il lui serait impossible de les levers trop haut ou de donner des coups. Normalement.

Sen'stura n'était plus loin et ils y pénétrèrent alors que le soleil atteignait le zénith. Déjà, il reconnaissait quelques têtes qui regardait avec étonnement les deux hommes remonter vers le centre.
N'ayant prévenu personne, il decida d'aller directement vers une annexe au centre de detention. Une porte de taille normale permettait d'y accéder sans passer par la prison. La piece principale était agréable, spacieux et rarement utilisé. En revanche, il était fréquent que divers membres de l'armée y passe pour consulter les différentes informations sur les prisonniers.
Elyin lui même s'y rendait souvent, et il n'eut pas de mal a retrouver la rue cherché. A nouveau, il descendit a terre et noua les renes de sa monture sur un anneau fixé au mur.
- C'est parti. Lança-t-il a mi-voix, plus pour lui que pour son "prisonnier".

Il poussa la porte et entra.

-On se remue les filles ! Un transfert de prisonnier à chapeauter !

Comme à son habitude, John voulu lancer un seau d'eau sur chaque soldat qui n'était pas encore levé à la fin de sa phrase. Il se surprit à retenir le récipient au dernier moment. Tous au garde-à-vous, ils apprenaient vite, fichtre.
Parfois, pour ce genre de transferts qui nécessitaient plus que des gardes de la prison, on faisait aussi appel à la Milice de l'Ombre, histoire de calmer le jeu et refroidir les ardeurs des hypothétiques complices prêts à saisir l'occasion. Si cela n'avait tenu qu'à lui, le lycan aurait là son sabre, mais apparemment les bureaucrates semblaient apprécier la prudence. Dans la grande bâtisse qui servait de quartier général, pour le moment, à la Milice, tout était redevenu calme et John se dirigea vers le vampire qui s'occupait des formulaires en tout genre.

-Rappelez moi pourquoi vous portez des lunettes ?

-Vous allez superviser le transfert ? Le vieil -relativement- homme ne prit pas la peine de répondre à cette question qu'on lui avait posé mille fois et plus, les vampires n'avaient pas de problème de vue, mais celui ci, taciturne, semblait se complaire dans l'énigme.

-J'emmène le premier groupe avec moi.

Confirma le sous officier, en pointant ledit groupe du pouce, derrière lui, qui se préparait pour la petite balade. Le suceur de sang aquiesça doucement et annota, avant de relever la tête vers son locuteur, l'air grave.

-J'ai dû batailler avec l'administration pénitentiaire et promettre une partie de cartes avec le directeur pour vous éviter le cachot la dernière fois que vous êtes allés transférer un prisonnier !

-On ne crache pas sur mes bottes.

Il se retourna pour aller rejoindre son équipe. Il avait changé depuis qu'il avait rejoint la Milice de l'Ombre ; le lycan avait reprit ses habitudes de soldat invivable. Parfois, quand il y réfléchissait lui même, ça lui semblait étrange, il avait abandonné cette personnalité, il avait changé, ou du moins, il l'avait espéré. Peut-être que les gens ne changeaient-ils pas ? Peu importait, il secoua la tête et fit disparaître toutes ses réflexions. Ce n'était peut être pas la plus grande mission de toute sa vie, mais c'en était une tout de même, et chaque mission requérait de la concentration. Il vérifia l'équipement de chacun des trois membres de l'unité. A part lui même, condamné dans son éternelle armure toujours flamboyante, ils étaient habillés de manière discrète, mais parfaitement fonctionnelle. L’œil averti aurait remarqué les dagues qu'un cachait dans sa manche, en plus des trois à sa ceinture, et une à sa cheville.

-Allons, en route.

Ils quittèrent le bâtiment en petites foulées, sans trop se presser. Le prisonnier ne s'échapperait pas... au moins, c'était le programme. Certains gardes de la ville s’interrogeaient sur ces quatre hommes qui trottinaient, coordonnés comme un seul, La maison était volontairement éloignée du centre et Sen'tsura, en bonne capitale, était immense, il leur fallu plusieurs minutes d'escapade avant de se présenter à une porte scellée, d'habitude, dans la muraille, qui servait pour faire passer des prisonniers ou tout autre tâche nécessitant de ne pas se voir voir aux entrées principales. En demi-cercle, ils se placèrent, sous l’œil méfiant des gardes qui levèrent les barres et ôtèrent les verrous. Deux gardes entèrent en premier, la main sur leurs armes respectives, et par précaution, John en fit autant.

-Nerveux, John ?

Lui glissa, malin, un de ses équipiers. En toute réponse, le lycan fit craquer ses doigts, et enleva doucement sa main de la garde de son épée. Concentration, juste... un peu plus... de concentration. Le prisonnier arriva enfin, grand, fin, très sec. Il s'arrêta au milieu de ce demi-cercle qu'avait formé le contingent de la Milice de l'Ombre, et les regarda, les uns après les autres, presque admiratif.

-Je suis flatté d'avoir le droit à une escorte, c'est presque royal tout ça, dites moi !

Il tendit ses mains enchaînées vers John, mais un garde les lui fait baisser et lui intima d'avancer en le poussant d'un coup de coude dans le dos. le lycan n'esquissa même pas une réaction. On lui en avait dit un minimum, c'était surement mieux ainsi, mais ce n'était pas pour autant qu'il n'était pas un minimum curieux. Il avait entendu que c'était un assassin à la solde des Rebelles, et que sa capture avait été digne de la Milice. Il aurait aimé participer à cette opération, quel dommage.

-Ca va, ca va, j'avance !

Grommela t-il. A son ton, on n'arrivait pas trop à savoir s'il était blasé, lassé ou juste amusé. Un fou de plus, bon à interner, et au lieu de ça, il aurait le droit à la belle prison toute neuve -ou pas- de l'Empire. Tout au long du chemin jusqu'à la prison, il n'arrêtait pas ses provocations. Oui, décidément, il n'était rien de plus qu'un fou.

-J'offre un demi-million de phénix d'or à celui qui me fera évader !

Les badauds qui entendirent ça se mirent à rêver, et la rumeur allait vite. Un des Miliciens lui tapa la tête du plat de son épée, assez fort pour qu'il fasse :

-Brutalité milicienne !

Mais il se tut. Qui avait imaginé le trajet ? Le garde qui menait le groupe avait emprunté une artère large, et qui disposait de beaucoup de ruelles perpendiculaires, c'était tout bonnement un suicide collectif, même ici, à Sen'tsura !

-Tu as vu ?

Demanda John, d'un mouvement de tête discret, à son coéquipier, désignant un homme, encapuchonné, qui se trouvait, sur un toit, à distance.

-Qu'est ce qu'on fait ? répondit-il ; car même s'il était entraîné comme les autres, ce genre de situation ne réjouissait personne, et très peu perceptible cependant, on pouvait entendre un léger tremblement dans sa voix.

-On prend les rênes. Il ne réfléchit pas plus longtemps, et le convoi s'arrêta, quand le lycan l'ordonna au soldat de tête. La prison n'était plus loin, mais il ne pouvait pas se risquer à courir dans tous les sens.

-John ?

-J'ai vu... Encore un personnage avait rejoint l'autre, sur le toit, encapuchonné comme son comparse, mais ils regardaient dans leur direction, à n'en pas douter.

Et soudain, un troisième apparu, mais dans la rue, en face du groupe, sortant d'une ruelle adjacente. Le prisonnier se contenta de pencher la tête sur le côté, intrigué. Peut être que son offre avait elle réellement marché, car il n'espérait plus d'aide de ses compatriotes au sein même de la capitale, alors que son transfert avait dû être préparé dans le plus grand secret.

-Reculez ! Re-cu-lez !

Articula le lycan, très clairement, la main sur la poignée de son arme et prêt à s'en servir. Mais l'homme ne fit rien des avertissements et se contenta de rester sur place. Il se permit même de glisser sa main dans son manteau, sans la ressortir. John devait livrer le prisonnier, entier ; et il le ferait. Il analysa rapidement chaque situation, il pouvait sortir une dague, un couteau de lancer, ou bien tout simplement un peu de tabac, cela n'avait pas d'importance, la sécurité primait sur le reste.

-C'est la dernière sommation ! Reculez !

La plupart des gardes auraient probablement attaqué le téméraire sans trop de sommations ; mais il se complaisait à laisser une chance aux indécis. Et centimètre par centimètre, il finit par reculer, très lentement, avant de disparaître derrière la porte d'un bâtiment. John fit signe au groupe de reprendre le chemin, alors que les deux inconnus au loin faisait des grands signes avec leurs bras, parodies de salut. Cette fois, le chemin n'était pas prédéfini, et ils empruntèrent les petites rues.
En quelques minutes, ils avaient rejoint l'entrée de la prison, deux solides portes en bois et plusieurs hommes en faction. Le voyage n'avait pas duré si longtemps que ça, mais la tension accumulée avait été... bénéfique. John se sentait plus alerte, plus réactif. Un des gardes en faction cogna contre le bois, plusieurs fois, et les portes reculèrent, en grinçant contre le sol. On força le prisonnier à avancer, récalcitrant, enfin remarquez, ce n'était pas étonnant et cette prison n'avait jamais rien eu d'un haut lieu de la haute société.
Le convoi passa devant les cellules ordinaires, évitant les crachats à souhait. Ils arrivèrent enfin dans une salle obscure, où était posée sur le sol une sorte de cercueil, juste assez large pour le prisonnier rebelle, juste assez long.

-Attendez, attendez, je veux une cellule avec vue sur la mer, moi !

Le garde qui était habitué et spécialement affecté à ce petit espace lui asséna un coup de coude dans le foie pour le faire plier et taire, également. On le força à se coucher dedans, après lui avoir bandé les yeux, bouché les oreilles à la cire et bâillonné. John prit le temps de regarder cette cellule sans barreaux, sans lumière, très étroite elle même.

-Privation sensorielle. Un nouveau moyen de torture.

Prit le temps d'expliquer la sentinelle, ayant remarqué l'air du lycan, qui avait enlevé son casque et le gardait sous le bras. Il acquiesça doucement.

-Vous torturez les gens rien qu'en les enfermant ?

-Le record est d'une semaine. Je souhaite à personne de finir dans cette boîte. Vraiment.

Son ton était grave, il n'aimait pas ce qu'il faisait, mais cette "technique" le répugnait encore plus qu'elle était non violente. Ceux qui y étaient soumis étaient privés de tous leurs sens, et en quelques jours, tout au plus, les hallucinations devenaient monnaie courante.

-Il faudra que j'essaye, quand j'aurais du temps à perdre.

Son ton était léger, il n'y croyait pas trop. Il quitta la salle sous le regard méprisant du garde, et toujours en entendant les jérémiades de l'assassin, maintenant couverts par le bâillon. Voilà une mission qui avait été rondement menée, avec une petite période de stress -un bon stress. Mais on ne lui avait dit que le minimum à propos de ce prisonnier, et il voulait en savoir plus, pour quels raisons pouvait t-on contraindre une personne à perdre tous ses sens ? Il fit signe à son équipe de rejoindre la villa, et avec le casque toujours enlevé, il se dirigea vers la salle qui servait aux discussions plus ... posées, et aussi pour ranger la paperasse. Avec un peu de chance, il trouverait quelques informations dans cette dernière.

-Rompez soldats ; j'assure votre quart.

Ordonna t-il à ceux ci, qui étaient sensés surveiller la pièce en toute circonstance. Eh bien, ils la surveilleraient de l'extérieur. John se mit à chercher dans les papiers, les plus récents, quand il sentit qu'on l'épiait, et en effet, quand il se retourna, il vit un des gardes encore là.

-Je peux vous aider, peut être ?

-Oui, venez donc avec moi, soldat.

Son ton était faussement amical, il le tira par l'épaule jusqu'à la porte d'où il venait, et le fit sortir. Il lui dit de lever les mains, et non sans appréhensions, il le fit ; ensuite, il lui demanda de tirer la langue. Le garde ne savait plus trop quoi penser, il était vrai, mais il s’exécuta tout de même.

-Parfait. Vous êtes la gargouille qui surveille cette porte !

Et il lui referma ladite porte au nez. Il se remit à chercher, mais, à défaut de trouver des informations sur son assassin, il tira un dossier qui dépassait, et qui commençait à dater, d'après la poussière qui s'y était accumulée.

"[...] somme tout assez simple. Les barbares ont peut-être trouvé le secret de la fabrication de l'acier, mais ils ne l'ont pas révolutionné non plus. Les deux lycans de notre groupe nous ont été utiles. Ils ont été massacrés jusqu'au dernier, selon les ordres du Seigneur Aile Ténébreuse. Que sa volonté soit faite."

Fut le passage qu'il retint, et alors qu'il reposait le rapport, prenant soin de le remettre exactement là où il l'avait trouvé, il entendit le bruit d'une autre porte, à l'opposé, donnant directement sur l'extérieur, en général réservée aux familles qui avaient le privilège des visites. Mais loin d'être une femme et son enfant, il s'agissait là d'un soldat de la Milice de l'Ombre, et un prisonnier pour le moins costaud de carrure, entravé par des chaînes qui semblaient dérisoires. John connaissait le soldat qui menait le géant, il l'avait "apprivoisé" lors des entraînements de combat rapproché qu'il donnait, il s'agissait d'une sorte de mentaliste, nommé Elyin. Les deux formaient un saisissant contraste. Il se dirigea vers lui, gardant la distance de sécurité minimale envers un prisonnier, qui se résumait simplement, pour le lycan, à son allonge.

-L'entrée principale est de l'autre côté ... Mon Lieutenant.

La phrase sonnait à la fois comme un conseil et comme une observation, et la seconde partie avait été lâchée le souffle court, avec une pointe d'humour. Ce n'était pas tous les jours qu'on avait officiellement le droit de maltraiter son supérieur, tout du moins hiérarchique. Quoiqu'en y réfléchissant... si, tous les jours, il avait le droit.

-... Enfin bref. Une belle pièce que vous nous ramenez là. Mes cours vous ont été utiles, au final.

Il était loin de se douter que cet homme qui était là était la preuve qui venait directement infirmer le rapport lu il y a quelques instants à peine. Il posa son casque et s'assit sur une des tables. Étranger que le prisonnier ne tentait pas de se débattre, avec Elyin comme geôlier.

-Si je peux vous aider... Mon Lieutenant. On vit apparaître un petit sourire en coin.

En ouvrant la porte, Elyin se sentit de retour chez lui. Deux mois déjà qu'il avait rejoint l'armée ce qui était peu et beaucoup a la fois. Peu en comparaison avec les nombreuses années qu'il avait passé en dehors du corps millitaire. Beaucoup car, dans son ancienne vie, il était rare qu'il passe autant de temps dans un meme lieu, soucieux de creer le moins de lien possible a cause de son pouvoir.
La precense d'une armure qui lui était bien familière lui tira un sourir mi-figue mi-raisin. Même si retrouver un visage connu aurait du le mettre plus a l'aise, il ne se souvenait que trop bien des leçons dispensées par John. Bien qu'Alyna l'ait decrit comme "sympatique", Elyin restait plus prudent sur ce sujet.

-L'entrée principale est de l'autre côté ... Mon Lieutenant.

Elyin ne reagit pas, souhaitant eviter de partir sur le sujet de la prison. Il balaya la salle du regard; personne d'autre que le lycan ne s'y trouvait. "A croire qui les a fait fuir..." Pensa-t-il, avant de realiser que cette pensée ironique n'était sans doute pas fausse.


-... Enfin bref. Une belle pièce que vous nous ramenez là. Mes cours vous ont été utiles, au final.

Le jeune humain se mordit les lèvres. Il était convaincu que John était suffisamment intelligent pour être un excellent diplomate.... si il le voulait. Sauf que la délicatesse ne semblait pas être a l'ordre du jour, et le fait qu'il s'appela "Elyin" ne devait guère aider.
D'un autre coté, il était étonné et presque deçut que John reagisse si peu face à sa "belle piece". Impressionner le lycan n'était décidément pas une mince affaire.

-Si je peux vous aider... Mon Lieutenant. Rajouta John avec la meme ironie.

Si Elyin interpreta rapidement cette proposition comme une aide a ... l'obtention d'information par la force, il croisait les doigts pour que Ragmor y vit une simple proposition innoncente.
Decidement, Esenheim et John se ressemblaient sur de nombreux points, que ce soit leur armure, leur exécrable caractère et leur humour... indefinissable.
John s'était assis sur une table, disposant visiblement d'un certain temps. Après avoir marqué une certaine hesitation, car john n'était sans doute pas la personne la plus apte a reconcilier Ragmor avec l'armée, il se lança.

- John. Commença-t-il en designant le lycan a Ragmor avant de se retourner vers son allié.

- Je ne sais trop a qui l'amener, c'est une histoire qui date déjà de plusieurs années et qui ne concerne pas notre... "secteur". Et cet homme souhaiterais... comprendre certaines positions de l'armée?

Il laissait un grand point d'interrogation a sa phrase en se tournant vers Ragmor. Si il comprenait dans l'idée la raison de leur présence ici, il ne parvenait pas à mettre des mots dessus, sans déclencher les hostilités de part et d'autre. Il doutait que parler à John de la soif de vengeance de Ragmor soit très bénéfique à leur échange...
Il recula d'un pas pour dégager l'espace entre les deux hommes.

Rägmor s'était promis de ne pas laisser sa rage naturelle prendre le dessus. Et de toute manière, ce n'est pas en pleine cité qu'il espèrerait apporter la justice avec ses poings : Il serait vite remit à sa place. Non, ici il n'avait que son esprit logique, sa philosophie de la vie, et la meilleure répartie qu'il avait l'occasion de placer de manière équilibrée dans chacune de ses phrases. Si l'un des trois étaient trop mis en avant, sa réponse ne serait pas aussi déterminante qu'un coup qu'il aurait pu abattre. Il souhaitait frapper avec ses mots, faute de ne pas pouvoir le faire avec ses poings.

Mais il avait en face de lui la forte tête - John avait à n'en pas douter les qualités nécessaires pour diriger - qui ne vacillait pas devant ses paroles. Le barbare fut à la fois impressionné, car peu de personnes tenteraient de rétorquer à un tel colosse : La raison du plus fort est toujours la meilleure. Il eut aussi une poussée d'adrénaline qui se caractérisa par un écarquillement d'yeux. Il dégustait le goût de la concurrence, du duel dans tous les domaines qu'ils soient. Il sentait cette sensation grimper en lui. Il pouvait enfin mener un combat qui différait de ceux qu'il avait l'habitude de faire : Vaincre l'ennemi sous le poids des mots. Il frétillait à l'avance de prouver sa valeur. C'est ceci qui lui procura comme une soudaine décharge électrique, et mit en avant ses atouts intellectuels pour faire face à un tel adversaire.

Alors il ne reculait pas, et continuait à fixer les yeux du Lycan de ses pupilles animales. Par ailleurs, c'est ce côté bestial qui rapprochait sûrement le plus nos deux protagonistes, sachant qu'ils sont naturellement tous deux animés par la même rage. Ils pouvaient pleinement ressentir le côté brutal qui émanait de chacun d'entre eux, ce qui apportait un léger trouble dans leur harmonie. Rägmor tenta de surmonter toutes ces soudaines accumulations de sensations, et répondit avec la même ardeur que la première fois des paroles mûrement réfléchies.


Le barbare se tourna vers Elyin qui observait avec attention l'échange entre les deux fauves, et lui tint ces quelques mots tout en retrouvant sa placidité naturelle.

Une réponse des plus méprisantes, mais qui reflétait sa vision des choses : Rägmor ne souhaitait pas perdre son temps avec un être qui énonçait de telles sottises. Le barbare s'était fait sa propre logique : Cet homme s'est laissé bourrer le mou par les partisans de l'Aile Ténébreuse, et ne vit désormais que par sa logique militaire, et non une logique réfléchie de lui-même. Il ne souhaitait pas engager une conversation philosophique avec un homme qui ne savait pas penser de son plein gré. C'était une perte de temps. Il préférait aller se confronter à une autre âme, espérait-il, qui puisse lui donner une meilleure estime des partisans d'Aile Ténébreuse.

"Et ben, pour être raté, c'est raté! "

Dès les premières paroles de Ragmor, il s'était rendu compte de son erreur. Pas celle du barbare non, il était venu chercher des vérités et en trouvait une qui en valait bien d'autre. Mais son erreur a lui, pauvre petit humain qui avait espéré qu'amener Ragmor ici le ferait changer d'avis sur l'armée! Quand bien même il serait tomber sur quelqu'un d'autre que John, le résultat aurait été le même quoiqu'un peu moins violent.
Raisonner Ragmor et John alors que les deux machines de guerres, malheureusement plus intelligentes que des vraies machines, se toisaient lui paraissait risqué et inutile. Un coup était si vite parti et faucher Elyin au passage ne devait pas trop déranger les deux hommes... Aussi était-il resté en retrait, très en retrait pendant les longues minutes qui venaient de s'écouler.

L'intervention de Zaithan, qu'il avait déjà rencontrer le convainquit qu'il était temps de cesser de jouer avec le feu. Aucun des trois hommes ne s'inclinerais devant les autres, et même si Zaithan ne paraissait pas désireux de se battre, Ragmor lui n'irait pas lui expliquer sa philosophie avec des pincettes...
Une études des futurs possibles et il décida que la meilleure façon de sortir vivant de cette pièce était de calmer celui dont il pouvait s'approcher sans risquer sa vie.
En même temps, colère et mépris montaient en lui et seul sa propre peur le retenait de se mêler a l'affrontement.

L'air plus assuré qu'il ne l'était, il s'interposa dans l'espace séparant Ragmor et John, tournant le dos a ce dernier et faisant face au barbare.

- Bien, je pense qu'il vaut mieux s’arrêter ici... Ragmor, si tu es prêt à continuer, je pense savoir où trouver des personnes plus... diplomates et réceptives.

Il fit quelques pas vers la sortie et se retourna vers les deux autres pro-AT

- Zaithan, John.

Il eut un petit sourire. Il aurait presque put les trouver... attendrissants.
Il secoua la tête pour chasser ces étranges pensées. "Attendrisssants? Mon pauvre Elyin, tu deviens fou!"
Il inclina la tête en signe d'au revoir respectueux pour les deux hommes et tourna les talons.