En vingt-six ans, je n’ai pas vu souvent mes parents. Ma mère ma donné naissance une nuit sans lune et depuis, les rare fois où je l’ai rencontrée peuvent se compter sur les doigts d’une seule main. Je suis originaire de Dahalia et princesse de mon peuple. Une princesse étrange… une tueuse… je suis assassin.
Jusqu’à mes dix ans, j’ai vécu recluse dans le palais de mes parents, sous la surveillance d’une nourrice… une esclave à qui mon père avait arraché les enfants. Je l’aimais bien. Elle était pour moi ce qu’était une mère pour sa fille… Je la considérais comme MA mère, bien plus que celle qui m’avait donné naissance. Mes parents m’interdisaient toute activité de loisir. J’étais leur honte… leur déception. Ma mère n’avait eu qu’un enfant… moi… une fille… j’aurais du naitre garçon pour prendre le relais de mon père, mais le destin en a décider autrement.
Du peux que je me souviens, ma mère est froide, distante. Grande de taille, forte, toujours impeccablement coiffée et habillée à la dernière mode. Je crois ne l’avoir jamais vue sous une autre forme que sa forme humanoïde. Elle méprisait tout le monde, surtout les moins gradé qu’elle et léchait les bottes de ceux qui étaient à son égale. Elle s’était mariée avec mon père pour réunir deux grands clans meeldran de la région. Et par désir de pouvoir.
Mon père était pire… Sanguinaire, toujours sous sa forme démoniaque et ne contrôlant pas ses humeur. Souvent il tuait des serviteurs juste pour le plaisir de sentir les os craquer sous ses pressions, de voir le sang giclé et de sentir l’odeur son odeur métallique emplir l’air. Chaque rencontre avec lui est un vrai supplice pour les nerfs car, même si je suis sa fille, je le sais capable de me battre comme il frappe régulièrement sa sœur.
Toujours sur les routes, mes deux géniteurs n’en avaient que faire de mon éducation. Tout ce qu’il leur fallait, c’était qu’à mes seize années je sois bonne à marier et que j’arbore les tatouages et pièce métallique de la famille. Je ne pouvais me soustraire à cette tradition.
Meliane, ma nourrice, bravait les interdits quelque fois, m’emmenant hors du palais pour que je puisse me promener, voir le monde… Je devais avoir douze printemps lorsque j’ai rencontré mon mentor. C’était lors d’une de ces sorties clandestines dans la forêt. On cueillait des fruits des bois. J’avançais vite, gardant ma forme humanoïde alors que j’aurais voulu voler au dessus des cimes et voir le paysage avec les yeux du faucon. Je chantonnais et dansais, les yeux fermé, emporté par la mélodie.
Bien avant de l’entendre et d’ouvrir les yeux, je senti une présence derrière moi. Agressive, menaçante. D’instinct je me retournai et ouvrit mes paupière pour regarder l’homme qui se tenait derrière moi de mes yeux mordoré au pupille fendue. Il était grand, un visage manger par une barbe et un rictus mauvais sur les lèvres. Son bras était levé tenant dans son poing un poignard effilé. Comme au ralentit, je le vis filer droit vers ma poitrine et je fis un bon en arrière en poussant un petit cri, agissant sans réfléchir.
Il me regardait fixement de ses yeux vert, une lueur intriguée traversant ses pupilles meurtrière une fraction de seconde. Ce n’est qu’à ce moment là que je me rendis compte que je tenais la dague, sa dague, en mains. Comment l’avais-je prise ? Aucune idée. Mais il se retrouvait face à moi… sans arme… sans défense… du moins je le pensais.
- - Tu es bien agile pour une petite princesse…, susurra-t-il entre ses dents, un sourire mauvais aux lèvres.
J’tais intriguée, mais je me rendais compte que j’étais dans une situation délicate. Je me redressai de toute ma taille, un fourmillement étrange gonflant au creux de mon estomac.
- - Faites attentions à ce que vous racontez, monsieur. Je suis agile, et je suis bien plus que ce que vous pouvez imaginer.
Il éclata de rire… Sous mon nez, il éclata de rire, me faisant grincer des dents. Il ne me prenait pas au sérieux. Cet affront me donnais envie de lui sauter dessus pour l’égorger… Comme mon père, j’avais envie de sentir le sang couler entre mes doigts, là à l’instant précis. Je me répugnais pour ça, mais en même temps, j’entretenais cette envie, espérant qu’elle ferait ma force au moment voulut.
- - La petite Princesse va sortir les griffes ? hou, j’ai peur.
Il dégaina un autre poignard de sa poche, tournant sa garde dans sa main et entamant un pas sur le côté en me regardant fixement. Hélas pour moi, l’heure du zénith ne lui permettait aucune transformation… j'étais enchainée dans sa peau d’humaine fragile… Ne le perdant plus de vue, je tournai avec lui, le regardant dans les yeux et cherchant une idée pour se sortir de ce mauvais pas… Ma nourrice ne pourrait rien pour moi… la fuite n’était pas non plus la meilleur des solutions… Il fallait que j'attaque et le plus vite serait le mieux… je ne devais pas le laisser préparer ses coups. Malgré mon courage, j’étais impressionnée par cette masse de muscles qui me faisait face et me menaçait, sachant et maitrisant parfaitement ce qu’il faisait… moi je comptais seulement sur ma vivacité et mes réflexe, mais je doutais que ce soit suffisant pour me protéger.
- - J’ai pour ordre de vous tuer, toi et toute ta famille… Et je ne faillirai pas à cette mission.
Il se lança vers moi, arme en avant, me poussant à reculer vivement. Dans le mouvement, je me heurtai à un arbre et étouffai un cri de douleur en sentant une branche pointer dans mon dos. J’esquivais… je ne pouvais faire que ça pour le moment, mais dans ma tête je visualisais chaque mouvement et cherchais la faille qui me permettrait de frapper. Je la vis rapidement arriver. Surement ne prenait-il pas ses précautions parce que j’étais une enfant. Dans une fente qu’il fit, il laissa son mouvement trainer et dévoilée l’entrée qu’il me fallait. Déséquilibrer dans son mouvement trop lent, je le vis hésité et profitai de son hésitation pour le faire tomber au sol, enfonçant en même temps mon arme dans la chair de sa jambe.
Dés cet instant, l’odeur m’assaillit de plein fouet. Doucement métallique, chaud et appétissant. Le sang coula sur ses vêtements et sur ma main, me faisant frissonner. Cette sensation était exquise et me faisait tourner la tête. Je n’avais pas peur de devoir le tuer… je n’en avais plus peur. Tout ce que je désirais maintenant, c’était sentir cette douce odeur flotter dans l’air.
Ebranlée par ma découverte, je me reculai, lui laissant la place pour se relever et le regardai, le regard vague et fixe… Il m’attaqua à nouveau et je pris les risques de me faire tailler, le laissant approcher près, très près de moi. J’avais soif de sang, alors je frappai, atteignant son abdomen et taillant une plaie peu profonde à travers ses vêtements. Le sang coula de nouveau, exacerbant encore plus mes sens et aiguisant mes nerfs. Je pris de plus en plus de risque, me laissant frôler par son arme avant de reculer. Mais j’étais jeune… j’aurais dû me méfier et être plus prudente… Il finit par me mener là où lui voulait que j’aille et aveuglée par ma soif de sang, je l’avais suivit sans réfléchir. Je me retrouvai vite contre un mur de pierre, prisonnière entre lui et les trois parois qui nous entouraient. Où étions-nous ? Je ne savais pas. Je ne connaissais pas assez le lieu. Mais au moment où il leva son arme, effrayée par la mort qui allait me frapper, je fermai les yeux, versant une larme de regret. J’aurai voulut connaitre le monde, voyager et rencontrer des gens… au lieu de ça, j’allais mourir comme une bête traquée après son dernier combat, tuée dans la forêt. J’attendais le coup. Je comptais mes inspirations pour prendre connaissance du temps qui passait.
Une, deux, trois… je l’entendais rire et reprendre son souffle. Il voulait surement profiter de sa victoire. Quatre, cinq, six… je le senti s’approcher de moi et glisser sa main sous mon menton, son haleine puante caressant mon visage. Je me retins de justesse de faire une grimace de dégout. Set, huit, neuf… je senti la lame passer sur la peau de mon autre joue et venir titiller le creux de ma gorge.
- - Tu es à moi maintenant… je t’avais dis que tu mourrais.
Déglutissant difficilement, je fermai encore un peu plus les yeux, serrant toujours la garde de mon arme dans mon poing. Douze, très quatorze, quinze, seize… rien ne venait, j’entendis juste une respiration laborieuse et je sentais quelque chose de chaud couler sur ma peau. Ouvrant les yeux, je découvris l’homme, l’assassin, une pointe d’acier sortant de sa gorge et les yeux exorbiter de douleur. Lorsqu’enfin il tomba à genoux, je découvris un autre homme, plus… élancé et finement musclé qui se tenait derrière. Il arracha l’arme du moribond et leva les yeux vers moi. Des yeux aussi bleu que l’eau alors que c’est cheveux étaient blancs. Et pourtant il avait l’air jeune…très jeune. Il me tendit la main et desserra un à un mes doigts de l’arme. J’étais subjuguée… il venait de tuer un homme sans le moindre remord… sans même lui accorder la moindre attention… et pourtant, dans ces yeux, je pouvais lire une sourde douleur interne…
- - N’ai pas peur… je ne te ferai rien…
Sa voix était infiniment douce et apaisante. Je le regardai prendre l’arme et la glisser à sa ceinture. Il n’avait pas l’air de me vouloir du mal… et pourtant quelque chose en lui me faisait penser à un prédateur près à bondir.
- - N’ai pas peur… cet homme ne te fera plus de mal. Il est mort. Il ne fera plus de mal à personne.
Le mot « mort » me sortit en quelque sorte de ma transe et je me rappelai le plaisir fou que j’avais eu à blesser cet homme, à sentir son sang couler allègrement sur ma lame, sur mes mains, mes bras. Je frémissais encore. J’avais encore envie de sentir ce liquide chaud couler sur ma peau, la maculer de sa couleur si… caractéristique.
Combien de temps avait passé depuis que cet homme m’avait approché… beaucoup. Je voyais les ombres grandirent autour de moi, comme des ami proches qui m’insitaient à les rejoindre pour jouer ensemble. En hiver, le soleil décline vite et le soir tombe tôt… Le ciel s’assombrissait déjà et au loin, j’entendais les appels inquiets de ma nourrice. Cet homme en face de moi était un tueur… je ne pouvais pas avoir confiance en lui.
Alors que je tentai de m’écarter de lui, je le senti se tendre et son regard changeât. C’était celui d’un chasseur aillant repérer sa proie.
- - Laissez-moi. Je dois rentrer maintenant… Je vous remercie de m’avoir aidé, mais je ne peux pas rester plus longtemps.
Je fis un pas de plus sur le côté et il me barra la route de son bras, provoquant une montée de colère venant du tréfonds de mon âme… et quelque chose se réveilla en moi, me poussant à me transformer en démon, malgré le peu d’ombre déjà présente. Ma résistance avait ses limites et mes limites n’étais pas très loin… mon énergie déjà en bonne partie utilisée dans le combat fut vite épuisée dans cette transformation pratiquement involontaire… cette apparition bestiale de moi.
De ma confusion, je vis sa main s’avancer vers moi et se poser sur mon bras, comme pour me rassurer. Ce geste, insolite et sans conséquence éveilla chez moi une haine… une violence pur et sans que je le ressente, mon corps entama sa transformation, attirant les ombres vers lui. Ce ne fut qu’à ce moment là que je me rendis vraiment compte que beaucoup de temps s’était écoulé alors que je me promenais avec Meliane.
Mes yeux se fixèrent sur l’assassin, rouge comme le sang qui colorait mes mains et leurs pupilles verticales dilatées sur leur cible. La rage de tuer me prenait et je voulais gouter le sang de cet inconnu. Dans un sourire mauvais, je découvris mes crocs, agrippant son poignet et m’approchant de lui. J’avais envie de le mordre… de la déchiqueter. Dans mon dos, ma queue battait follement l’air au rythme de mon désir. J’entendais le sang battre dans les veines de l’homme, mais je ne sentais pas l’odeur de l’adrénaline monter comme sur le cadavre quand il vivait encore. Je le fis reculer d’un pas, deux pas, trois pas avant de le pousser brutalement pour le faire tomber… du moins je pensais qu’il tomberait, mais il resta sur ses quilles, me regardant et pointant le poignard que je tenais quelque minutes au par avant au creux de l’estomac.
- - Je t’ai sauvé la vie petite, m’oblige pas à revenir sur ma décision… Je n’étais pas là pour toi.
Sifflant, je me recroquevillai sur moi-même, m’écartant de l’arme, le regard mauvais pour cet homme dont je voulais sentir le cœur s’arrêter entre mes mains.
- - Tu aimes le sang… je le lis dans tes yeux. Je t’ai vu combattre. Tu ferais un bon assassin… si tu parvenais à maitriser tes pulsions sauvages.
Il s’approcha de moi, me fit reculer et posa ses mains sur mes temps. Curieusement, la furie qui me possédait s’apaisa et je sentis une sérénité presque irréelle m’emplir.
- - Il te faudrait un maître pour t’aider… quelqu’un qui t’apprendrait l’art du combat et de tuer…
Ce verbe me fit frémir… de répugnance, mais aussi de désir… J’avais envie de tuer maintenant que j’avais en quelque sorte goûté au sang. Poussée par cette envie folle, je relevai la tête et le regardai dans les yeux. Du haut de mes douze ans, j’eu l’audace de lui demander.
- - Accepteriez vous de me former ?, d’être mon maître ?
Il eu un sourire et me caressa les cheveux, se penchant vers moi.
- - Ce serait avec plaisir. Cela fait bien longtemps que je cherche un élève de ta trempe à qui transmettre mon art.
Je souris, heureuse, sans vraiment comprendre la portée de mon engagement et répondis calmement.
- - Ma nourrice m’autorise une sortie toute les deux semaines…
- - Ce sera donc ici, toutes les deux semaines que nous nous retrouverons pour ta formation.
Il me relâcha et s’éloigna d’un pas ou deux avant de me tendre le poignard, côté manche.
- - Prends-le, il est à toi à présent. Va maintenant et sois-là pour ta première leçon.
Suivant son conseil, je parti, retournant sur le chemin. A mi parcourt, je me tournai pour regarder derrière moi, mais il n’était déjà plus là. Je sentais la fatigue de ma transformation peser sur mon corps, mais je me forçai à courir pour retourner au palais. Je me fis engueuler. Meliane avait eu peur pour moi… elle pensait m’avoir perdue et ne se voyait pas apprendre à mes parents qu’elle avait perdu la princesse dans la forêt alors qu’elle n’avait pas le droit de sortir de la propriété. Mais… comme à notre habitude, deux semaines plus tard, nous étions à nouveau sur les chemins de promenade et je trouvai un prétexte pour m’éclipser et rejoindre mon maitre au lieu de rendez-vous.
A chaque rencontre, il m’apprit, au début, à méditer, détendre mon corps, vider mon esprit, relâcher mes muscles… je devais faire le vide et écouter le monde qui m’entourait. Quand il me jugeât prête, il m’apprit à esquiver les coups, me déplacer en silence, me cacher sans être vue et enfin répondre au coup donner et attaquer.
Pendant les quatres années qui me menèrent à mon seizième printemps, il m’initiât à l’art de tuer avec des poignards, des Katana, un arc, du poison et les armes que la nature m’avait offert sous toutes mes formes. Utiliser mon corps et ses atouts pour mieux tuer.
J’étais devenue une apprentie hors paire, prouvent sortir d’un bâtiment sans être vue, aussi silencieuse que la mort. Je n’avais encore jamais tué, mais j’étais prête à pratiquer de cet art si… délicat.
J’espérais pouvoir rester encore un peu chez moi pour profiter encore des connaissances de mon maître, mais mes parents en avaient décidé autrement.
Le jour exacte de mon seizième printemps, juste après qu’un des esclaves mâle de mon père ai dessiné le dernier tatouage de l’enfance sur mon corps et incruster la dernière pièce de métal hornementaire dans ma chair, mon père vint me trouver… accompagner. Un jeune homme d’une vingtaine d’année l’accompagnait, ses yeux me fixant avec lubricité. Dés que je le vis, je compris qui il était et ce qu’on attendait de moi… En temps que princesse de mon clan, je devais m’unir au prince des clans voisin ou alliée pour préserver la paix.
Cette nuit, je ne dormirai que très peu… pas de cérémonie, pas de belle parole… juste un acte, une union pour celer un accord qui remonte à bien des années avant ma naissance. Après ça, je deviendrais comme ma mère… une figure au côté du pouvoir, une couveuse vivante, une esclave au désir d’un homme que je n’aimerais jamais. Mon corps à peine voilé d’un drap, je regardai le deux homme arrivé, allongé sur le ventre alors qu’une servante désinfectait les marques triballent faites dans ma chair.
- - A partir de ce soir, tu seras la femme du prince des meeldran du nord. Tu lui donneras un fils et lui fera honneur sans jamais te plaindre au risque de déshonorer notre famille.
Pour toute réponse, je grognai avec dédain et regardai mon « promis » dans les yeux, lui faisant clairement comprendre que je ne serai pas facile à briser. J’avais dû tout apprendre seul pour en arriver à cette vie et je ne laisserai pas un autre détruire l’édifice de ma vie. Mon père me méprisait, ma mère me haïssait et moi, à seize ans, j’étais prête à tuer pour ma liberté. Et je le ferai ce soir. Je serai forcée de partir, mais tant pis. Mon maître me viendra en aide.
J’avais prévu un millier de scénario possible, un millier de manière de tuer ce prince, mais lorsque le soir vint et que je le vis entrer dans la suite qui nous avait été attribuée, la plus part tombèrent à l’eau. Il était sous sa forme de démon. Grand, les ailes déployées dans son dos et la tête couronnée de ses deux cornes. Il émanait de lui une aura de force… de puissance. Il ne serait pas dupe si je sortais un poignard maintenant. Il n’était vêtu que d’un pantalon, laissant apparaitre les tatouages de toutes ses années déjà vécue. Il aurait put être un amant parfait s’il n’y avait pas cette lueur de cruauté et de violence qui scintillait dans son regard. Il fallait que je réfléchisse vite, trouver une parade, une astuce pour me débarrasser de lui et partir. Désormais, cette maison n’était plus la mienne. Après ce soir, je n’y serai plus la bienvenue.
Ecoutant mon instinct, je me levai félinement du lit, le regardant dans les yeux et m’approchai de lui. J’étais encore vêtue de ma tunique, de mon pantalon et de mes bottes dans lesquelles étaient glissé deux poignards. Lorsque je fus près de lui, je posai mes mains sur son torse, dessinant les contours de ses muscles saillant et suivant d’un doigt les tatouages triballe qui sinuaient sur sa peau. Il ne bougeât pas, me regardant faire calmement. Je suivis un trait qui descendait sur son ventre, passant au dessus de son nombril pour continuer sa course sous la ceinture. Je souris, sachant pertinemment où il aboutirait.
Dans ma tête, un plan s’était formé, parfait et infaillible. Tout était parfait. Relevant les yeux, je lui souris d’un sourire carnassier auquel il répondit. Ses yeux reflétaient toute la bestialité alors que lentement ses bras m’entouraient la taille pour me soulever du sol. Il me déposa avec rudesse sur le grand lit et s’apprêta à défaire son pantalon, tout en grimpant dessus. Il eu à peine dénouée sa ceinture qu’il se retrouva la pointe de ma dague piquée sur sa poitrine.
- - Tatata ! Pas si vite mon coco… Si je dois vivre toute ma vie avec toi, je compte bien profiter de ce moment de plaisir. Alors ne précipite pas les choses. Prend ton temps.
Tout en parlant, je me relevai sur les genoux et le tirai jusqu’à moi, glissant mes bras autour de son cou, amenant ma bouche à son oreille.
- - Et je tiens à ce que toi aussi tu prennes ton pied.
Lentement, sensuellement, je glissai ma langue le long de sa machoire, embrassant son cou, jusqu’à ce que je le sente peser sur moi pour m’allonger sur le matelas couvert de tissu de soie. Je le sentais fébrile, mais il prit patience et attaque doucement ma gorge de sa bouche. Méthodiquement, les yeux fermé, je glissai ma main libre le long de son dos, comptant les vertèbres en partant de dessous ses ailes. Celle-ci partant de d’entre la quatrième et la cinquième vertèbre thoracique. Et je commençai à compter.
Cinq, six, sept… Je sentais son souffle dans mon cou descendre vers ma poitrine, alors que ses mains se faisaient plus impatiente… plus curieuse sur mon corps. Huit, neuf, dix. Ses lèvres s’écrasèrent sur les miennes, m’embrassant avec fougue alors qu’il forçait mes cuisses à s’écarter pour se glisser entre. Onze, douze et la première vertèbre lombaire. Un soulagement indescriptible me prit et je souris, l’embrassant en retour pour le remercier du temps et de l’imprudence qu’il m’avait laissée. Ma main munie de la dague glissa lentement pour rejoindre l’autre, le pressant un peu plus contre moi. Je positionnai la pointe au dessus de l’interstice entre la premier et la deuxième lombaire et soupirai d’avance avant, d’un mouvement brusque, de la planter dans cette ouverture. J’ouvris les yeux en même temps pour s’savourer ma victoire. Il tressailli, se raidissant entièrement alors que la lame atteignait sa cible et déchirait sa moelle, le privant de ses jambes.
Je le sentis s’affaisser sur moi et, sans perdre de temps, je le repoussai, mettant ses mains loin de moi, et me levai. Mes sacs étaient près. Il ne me restait plus qu’à les prendre avant que ses cris de douleur n’alertent les gardes de la maisonnée. Je les attrapai et, avant de sortir, lui jetai un dernier regard emplit de dégout et de haine. Il avait les yeux écarquillé de douleur, mais tout au fond, je vis régné l’interrogation, l’incompréhension de son acte.
- - Je suis libre et nullement un objet au service des besoins d’un porc. Je n’ai pas décidé de naitre, mais je ne laisserai pas les autres décider de ma vie.
Avec souplesse, je sorti par la fenêtre et sautai en bas du mur avant de filer en courant vers la forêt. Je ne me retournai plus. L’avenir était devant moi. Il ne servait à rien de regarder derrière soi pour s’apitoyé sur un passé maintenant révolu. Demain, ma tête sera surement mise à prix pour avoir attenté à la vie d’un prince et les deux clans seront probablement en conflit pour trahison.
Je couru sans jamais m’arrêté jusqu’à la petite cabane que mon Maître utilisait comme résidence. Il était là, sur le pas de la porte, occupé à fumé, me regardant arrivé en trottinant.
- - Je savais que tu viendrais ce soir.
M’asseyant en tailleur devant lui, je posai mes mains au sol, les coudes écarté et appuyé mon front sur mes doigts, inspirant profondément.
- - S’il vous plait Maître. Faites de moi un assassin. Aujourd’hui, je n’ai plus de foyer, plus de famille. Il ne me reste que cet art que vous m’apprenez jour après jour.
J’avais les yeux fermé, mais j’entendis et je devinai qu’il s’était levé et s’approchait de moi. J’en fus certaine lorsque je sentis sa main se posé sur ma tête, glisser vers le côté droit de mon crâne et relever ma tête en passant sous ma machoire. Il me regarda dans les yeux, s’accroupissant devant moi.
- - Tu as déjà prouvé que tu en étais un. Je n’ai plus rien à t’apprendre et mon seul conseil est que tu dois trouver ta famille. Il existe une guilde d’assassin qui pourra te recueillir. Tu serais à ta place parmi eux. Mais avant tout, tu devras tuer ta première victime.
Je tressailli. Je savais que je devrais le faire. Je n’en avais pas peur. Je voulais le faire, mais je ne pensais pas être encore prête. J’avais l’impression qu’il fallait encore des années d’entrainement avant que je puisse réellement agir comme un assassin.
- - A mon prochain client, je t’emmènerai avec moi et tu exécuteras mes ordres à la lettre. Ensuite je t’introduirai dans la guilde.
Lentement, je hochai la tête et soupirai. J’allais peut-être trouver une famille qui accepterait toute mes facettes et pouvoir subvenir à mes besoins sans plus jamais remettre les pieds au palais de mes parents.
J’avais confiance en mon Maître. Et j’avais raison de lui faire confiance. Le jour de mon premier assassina, tout se passa selon ses ordres et sans aucun rater. Meurtre par arme blanche pour récupérer des cartes, papiers d’ordre de mission et autre paperasse importante pour notre client. Aucune bavure… une mort nette, sans souffrance. J’étais devenue assassin, mais pas bourreau.
À mon vingt-deuxième anniversaire, je faisais partie à part entière de la congrégation de la nuit et opérait régulièrement de assassinat, autant pour les nobles et les pauvres que pour les raison de jalousie ou de guerre.
En vingt-six ans, je n’ai pas vu souvent mes parents. Mais j’ai découvert un talent, une nouvelle famille, un métier. En vingt-six ans, j’ai appris à maîtriser mes instincts sanguinaires. J’ai appris à aller au-delà de la pensée de mes interlocuteurs. En vingt-six ans, je suis devenue moi, j’ai gagné ma liberté.