La liberté ne meurt jamais [RP solo] | |
| Sam 7 Avr - 17:34 | | | | Synopsis du RP solo
Chapitre 1er : Ad Patres. retour aux sources
Chapitre Second : Ad Bellator Valorem Equum Bellum Pervenit A la valeur du guerrier, apparaît le cheval de guerre.
Chapitre Troisième : Ad Honores Custos Pour l'honneur de la Gardienne
Chapitre Quatrième : Libertas Numquam Intereo La liberté ne meurt jamais Un début ... Un songe ... Un combat sans fin ...
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| | | Dim 8 Avr - 14:04 | | | | Chapitre 1er : Ad Patres. Lorsque les ténèbres recouvrent la terre, certains royaumes s'effondrent, tandis que d'autres s'élèvent vers une gloire souvent éphémère. Les peuples sont contraints au choix, vivre intensément et mourir libre, ou vivre dans la relative tranquillité de la couardise, mais mourir esclave. Naturellement, en temps de paix, la question ne se pose pas. Mais cela faisait déjà plusieurs décennies que la sérénité de Terra n'avait plus lieu d'être. Le doute et la crainte planaient sur l'ensemble des territoires, ne laissant que peu de place à la joie et à la quiétude populaire. De bien sombres heures s'écoulaient désormais, formant un flot discontinu de tourments et de terreur, comme autant de sang innocent versé inutilement. La solitude et le train de vie nomade étaient devenus au fil des années, les seuls gages de sécurité encore valables à la portée de tout un chacun. Mais il demeurait encore quelques peuples que la crainte empêchait de voyager, et pas des moindres ... ~ 18 ème jour de Kelrenn, Printemps Terran ~ Cela faisait presque vingt ans qu'Elly avait été envoyée avec une trentaine d'autres éclaireurs par delà les frontières du Drayame. La première bataille de sa vie, la plus sanglante qu'elle ait connu jusqu'à ce jour l'avait tant transformée, qu'elle avait elle même fait la demande de cet exil dangereux et dont la durée n'avait jamais été déterminée avec certitude. Elle avait tout quitté par un matin de printemps, sa famille, sa patrie, et ses souvenirs eux mêmes s'étaient trouvés altérés par l'impitoyable force de la distance. Vingt ans de voyage, de découvertes et de sentiments contradictoires, vingt ans d'oubli de soi arrachée à la terre de ses ancêtres. Mais le projet belliqueux qu'elle avait engendré la poussait désormais à écouter l'appel de son peuple. Selon certaines légendes, jamais l'elfe n'est aussi parfaitement lui même, et en possession de ses moyens, que sur son territoire. Ses poumons sont faits pour respirer l'air saturé d'oxygène rejeté par les intenses forêts, sa chair ne fait qu'une avec la terre nourricière, quelque soit l'endroit où l'elfe se rend, son esprit lui, appartiendra toujours au Drayame. Cependant, au fur et à mesure que la jeune femme s'enfonçait entre les arbres millénaires, le doute s'installait en elle … Les hautes feuilles, jadis luxuriantes et couleur émeraude avaient perdu de leur vitalité, elles avaient terni. La terre, si caractéristique des forêts sylvestres, meuble mais compacte, fine et ferme à la fois, odorante et musquée, avait perdu de son intensité. L'air lui même semblait plus pesant, comme si le Drayame tout entier souffrait d'un mal le rongeant peu à peu de l'intérieur. Elly s'immobilisa sur le premier sentier qu'elle découvrit en sillonnant entre les chênes centenaires. Le sol était nouvellement parsemé de quelques spores printaniers et coloré de pétales s'étant décrochées des arbres en fleur sous l'effet d'un vent quelconque. La lumière perçait agréablement à travers l'épais feuillage fort heureusement clairsemé par endroits, baignant de sa douce chaleur les plantes s'éveillant lentement le long des troncs. L'odeur de la sève montante planait sur tous les territoires Terrans, mais nulle part ne pouvait-elle être aussi puissante et prédominante qu'ici bas. Redécouvrant ce milieu qu'elle n'avait plus fréquenté depuis deux décennies, la sylvaine n'entendit qu'au dernier moment le sifflement d'une flèche qui lui érafla la cuisse gauche alors qu'elle bondissait sur le côté. - Qu'est-ce que ... Son regard soudainement acéré se posa sur un buisson dont les feuilles ondulaient de façon suspecte, puis constatant la meurtrissure en sa chair, Elly s'indigna profondément de l'accueil. Sans plus attendre, la guerrière traversa les fourrés en dégainant l'une de ses dagues, saisissant dans le même élan le col de l'individu de sa main gauche encore libre. Son poids conjugué à la vitesse du mouvement fit chuter la cible, et la jeune elfe se retrouva accroupie en position de force au dessus de l'un de ses semblables, menaçant sa gorge découverte du tranchant de sa lame d'argent, tandis que sa poigne s'était irrémédiablement refermée sur l'épaule du tireur, le maintenait au sol. Ce dernier avait lâché son arme sous l'effet de surprise, et ouvrait de grands yeux écarquillés et balbutiait de minables excuses ... - Je … je suis désolé, je vous avais pris pour un étranger je … - Depuis quand tirons-nous à vue sur les voyageurs ? Cracha la gardienne. Depuis-quand tuons-nous par simple précaution ? La colère submergeait littéralement ses traits, zébrant inconsciemment sa chevelure d'éclairs électromagnétiques. Elly se redressa, forçant son frère de sang à faire de même, tout en tentant par le biais d'une respiration contrôlée, de recouvrer son calme. Le garçon recula, chancelant, il venait de constater l'inattendu. - Tu es l'une des trente ! Tu es Elly ! Comment est-ce possible … aucun n'est revenu.- Peu importe. Je suis avant tout l'un des tiens, quand bien même cela fait deux décennies que je suis partie ... et je vois que l'on protège désormais nos frontières avec des gamins … laissés seuls à leur poste qui plus est. L'elfe incriminé baissa la tête un court instant, déglutissant difficilement. - L'ambiance au sein du Drayame a bien changé en vingt ans Elly. Nous sommes désormais un protectorat, le démon nous laisse tranquille contre rétributions … nous n'avons que peu besoin de surveiller nos frontières. Et à vrai dire tu as raison, nous avons l'ordre de tirer à vue. Nul besoin d'expérience pour tuer tout ce qui passe à notre portée ... Une douche froide … l'air manqua un instant à la jeune femme qui sentit désespérément le sang se glacer dans ses veines. Le peuple sylvestre lui même avait changé. Dépitée, craignant soudainement la réaction de ses semblables lorsqu'ils la verraient, elle marmonna entre ses lèvres décolorées par le dégoût. Conduis moi auprès de nos frères, je quémande une audience avec la tête de notre sang.
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| | Dim 8 Avr - 14:47 | | | | De mémoire d'homme, le peuple des elfes n'avait jamais véritablement changé. Toujours dans sa forêt, toujours proche de la nature, à la fois fier et généreux, sage et joyeux, voilà comment les hommes, et les créatures imaginent le Beau Peuple. Force est de constater que dans un passé encore proche, tout cela était tout à fait vrai. Peut-être pas aussi renfermé que cela, le peuple elfique était pour beaucoup un idéal de vie, un modèle de droiture et de savoir vivre à suivre pour toutes et tous. Dans l'histoire de Terra, seuls quelques peuples avaient su enchanter l'imaginaire idyllique des gens : les elfes, les anges, les sirènes, et les lorialets. Certains, certes, jouissaient d'une assez bonne aura dans différents domaines : les nains parmi la gent masculine et "virile", les vampire chez les adolescents - allez comprendre -, les démons chez d'autre. Mais la réputation de pureté du peuple elfique était presque universelle, et nombreux sont ceux qui allaient leur rendre visite par le passé pour demander leur lumières.
Rares furent ceux qui y entrèrent, et plus rares encore furent ceux qui en repartirent. Quant à ceux qui y revirent, leur nombre frisait le ridicule. Comment, en ce cas, se rendre compte que rien n'était plus comme avant dans l'océan vert des plaines mystiques? Si la Muse elfique portait toujours les mêmes atours verts, en son âme, elle avait été meurtrie. La guerre, les combats en tous genre, les souffrances, tout cela avait abaissé le peuple elfique bien plus bas qu'il ne l'avait jamais été. Si avait beaucoup exprimaient un désintérêt pour le monde extérieur, celui ci s'était progressivement changé en une méfiance, puis une grande peur après le combat contre le Roi Démon. Le peuple ne vivait plus dans sa forêt, il s'y était enfermé. De murs d'une agréable maison, les arbres étaient devenus barreaux d'une cage protectrice mais avilissante.
Le peuple, enfermé dans sa routine chaque jour un peu plus triste, sans même qu'ils ne s'en rende compte, n'avait plus aucun repère. Mais cela allait changer. La forêt, qui avait désormais rejeté tous ses visiteurs, venait tout de même d'en recevoir un nouveau, un membre de leur peuple. Elly, l'elfe qui faisait partie des éclaireurs, partie 20 ans plus tôt, à l'âge d'or des du Beau Peuple, revenait chez elle, marchant droit devant elle, sans chercher à se cacher ou à s'expliquer.
La réaction du peuple fut assez unie : la curiosité, la surprise, l'incompréhension. Chaque habitant avait été habitué à la tenue légère de son voisin, à son visage faussement joyeux, voire même voilé d'une tristesse fanée. Et voici qu'elle venait, cette elfe que certains avaient connue. Toujours belle, toujours grande, toujours digne, mais ce qui se lisait dans ses yeux avait bien changé. Aucune joie de revoir son peuple, juste une espèce de colère sourde, d'indignation, de tristesse. Elle revenait, ses cheveux blonds devenus tristement cendrés, son corps svelte et fort enfermé dans une armure étrange. Un murmure s'éleva dans la foule, une question que chacun se posait : "pourquoi était-elle revenue?".
Une personne osa aller vers elle. Une jeune elfe aux cheveux bruns et aux yeux marrons, fêtant le retour du printemps dans sa robe de soie verte. Cette jeune femme était l'une des femmes de la reine, membre de son célèbre harem, et était accessoirement une ancienne amie d'Elly. Elle n'était pas encore adulte quand elle est partie, et ainsi gardait-elle dans le coeur le souvenir d'une sorte de grande soeur protectrice et digne de confiance. Elle alla droit vers elle, heureuse et curieuse, toute appréhension chassée par ses anciens souvenirs de l'elfe en armure, et la pris par le bras.
"Elly, c'est toi? Je pensais que je ne te reverrai jamais ! Tu dois avoir tant de choses à me dire, tant d'histories passionnantes à raconter ! Oh, je te croyais morte ! Je suis si heureuse de te revoir, si tu savais ! Ne fait pas attention à eux, ils n'ont pas l'habitude de voir des gens. Personne en fait, c'est pour ça que j'ai vraiment hâte que tu me dise ce qui se passe à l'extérieur. Viens, je t'invite chez moi, on va boire un thé, d'accord?"
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| | Dim 8 Avr - 19:47 | | | | Tout était si différent. La curiosité des regards qui glissaient sur sa tenue ne touchèrent aucunement la jeune femme, tant elle s'y était préparée. Vêtue de sa combinaison de combat fabriquée par des mains expertes, ses dagues jumelles croisées entre ses omoplates, son pas assuré et droit, Elly savait parfaitement qu'elle n'avait pas l'allure apaisante et enjouée du beau peuple d'antan. Sa présence imposait une certaine austérité, la dureté de son regard invitait inéluctablement au silence. Elle avait déjà été heureuse bien entendu, et le serait probablement de nouveau un jour, mais pas en de pareilles circonstances. Il existe un temps pour chaque chose, et le bonheur lui même ne peut faire exception à cette règle tant de fois prouvée. Au moment où la jeune femme crut avoir croisé un regard familier, l'une de ses plus anciennes connaissances la saisit par le bras, l'entrainant loin de la foule par un accueil des plus chaleureux, contrastant totalement avec le premier contact populaire. La jeune femme se laissa guider, observant au passage que la paix semblait régner au sein du peuple, et que nul ne paraissait posséder d'arme parmi les civils. Existait-il encore des soldats qualifiés chez les sylvains … elle osait l'espérer.
Celle qui l'avait immédiatement reconnue l'emmena directement à son propre domicile. C'était une habitation typique, communément perchée au sommet d'un arbre au tronc puissant et noueux, finement décorée de fleurs et de lierre aux couleurs de l'arc en ciel. Tous les joyaux caractéristique du Drayame n'avaient donc pas disparu, à son rythme, l'espoir renaissait courageusement avec le printemps, envers et contre tout … car ce guerrier saisonnier finissait toujours par revenir, quelque puisse être la rudesse hivernale. Elly fut installée sur un siège au dossier droit, puis on lui servit du thé parfumé au jasmin. La finesse elfique manifestée dans toute sa splendeur ramenait peu à peu à sa mémoire tourmentée d'agréables souvenirs … Pour ne point troubler cet instant de grâce, la jeune fille devenue l'amante de la reine dénoua les cheveux de son invitée, avant d'entreprendre un brossage paisible, d'un geste lent, doux et appliqué. Cet accès de tendresse et d'attention, après les difficiles moments passés hors de ses terres émut profondément la sylvaine qui ainsi, se laissa dorloter sans opposer la moindre résistance. - Parle moi de ce qu'il se passe là-bas. Dis moi pourquoi vingt-neufs de nos frères ne sont jamais revenus … dis moi ce qui a changé ton regard, ce qui t'a rendue si dure, dis moi depuis combien de temps n'as-tu pas affiché le moindre sourire ...
Elly goûta le thé du bout des lèvres, soupira sous son intense chaleur et perdit son regard dans le liquide mauve qui lui renvoyait désormais son image en volutes de fumées …
- Au sortir du Drayame, le monde est vaste et bien plus dangereux que nos forêts. Jadis peut-être, nous aurions pu craindre nos créatures des bois, les esprits de la nature, les racines vivantes et les chimères nocturnes, mais ce qui nous guette au dehors est bien plus dangereux. Il ne s'agit pas de menaces contrôlables, il ne s'agit plus d'animaux. Là bas, des hommes se battent contre les démons d'Aile Ténébreuse, et cet ennemi là est bien plus féroce, bien plus intelligent, et bien plus sanguinaire que les bêtes sauvages et les chasseurs de têtes. Pire que cela encore … l'ennemi est ambitieux, et l'être qui a soif de conquête écrase tout sur son passage. Je l'ai vu … hommes, femmes, enfants, animaux de pâturages, et même les nouveaux nés.
La tasse trembla entre ses mains, Elly se redressa, sa chevelure cendrée se répandit sur ses épaules.
- Ils ne veulent pas des territoires, ils veulent l'entière puissance, les moyens matériels comme vivants, ils ne s'arrêteront jamais, et personne ne les empêchera de nuire aux peuples qui ne sont pas ralliés à leur cause. On peut seulement les faire reculer et … et c'est ce que certains ont réussi à faire au prix de leur sang. Oui, plusieurs fois j'ai vu des victoires contre le peuple démoniaque, et des territoires ont retrouvé leur liberté, sans l'avoir reperdue par la suite. J'ai vu de la lumière aux endroits les plus sombres, la guerre n'est pas perdue, elle n'a en réalité jamais commencé.
La jeune femme termina sa boisson d'une seule rasade, renouant ses cheveux en un chignon haut, fermement resserré par un lien de cuir.
- J'ai découvert que l'unique façon d'atteindre le démon est l'union de tous les peuples, et cela fait plusieurs mois que je m'attèle à lever une armée de taille à lutter, dans le but de reconquérir les territoires qui nous reviennent de droit. Je vais me battre, avec ceux qui me suivront, pas en mon nom propre, au nom de tous les peuples, au nom de l'alliance d'or.
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| | Lun 16 Avr - 15:35 | | | | La jeune elfe était à la fois fascinée et pétrifiée d'effroi en entendant le discours d'Elly. Comme elle avait changé. Ce n'était plus la jeune femme qu'elle avait connue, plus tout à fait. La base de sa personne était la même, son âme n'avait pas changée, mais elle était affublée de nouveaux atours. La détermination s'était changé en bravoure, la droiture d'esprit, en une volonté de implacable de justice, et l'amour de la vie, en une haine de l'envahisseur.
Mais ce n'était pas ça le plus intriguant pour la jeune elfe. Ce qui l'étonnait et la choquait le plus, c'était qu'Elly semblait avoir peur. Elle avait désormais peur, et rien qu'en parlant, elle tremblait. Elle n'avait jamais été véritablement émotive, mais elle était loin d'être insensible. Quand elle était joyeuse, sa joie se répandait autour d'elle, quand elle était triste, tout le monde autour d'elle se retrouvait on ne sait comment avec un air mélancolique, et quand la colère s'emparait d'elle, il n'y avait que très peu de gens qui s'opposaient à elle. Mais cette peur qu'elle sentait avait une intensité toute nouvelle. La forêt elle même sembla s'assombrir.
Mais peut-être qu'Elly ne lui communiquait pas vraiment sa crainte, mais faisait au contraire resurgir la sienne, qu'elle avait enfouie au fond d'elle même, comme tout le monde ici. Leur bonheur n'était pas véritablement une façade, ce serait aller trop loin que de dire cela, mais ce serait tout aussi mensonger que de prétendre que le peuple elfique vivait dans la même joie, la même volupté qu'il y a ne serait-ce que 10 ans. Quelque chose de muet et pourtant d'assourdissant étouffait le peuple des forêts, mais la jeune elfe, comme beaucoup, n'aurait su mettre un nom dessus. Après cette discussion, pourtant très brève, avec Elly, avec celle qui était partie de la forêt, qui avait vu le monde, et qui était revenue, après cette discussion disais-je, elle avait trouvé ce qui enserrait son coeur d'une étreinte froide et ferme.
"Elly... Tu accepterais de redire tout ce que tu m'as dit en public? Tu sais, je suis une des favorites de la reine, je fais partie de son harem, alors je pourrais t'organiser ça rapidement, pour aujourd'hui même, j'en suis convaincue. Ce que tu m'as dit... Ca me fait tout drôle... J'ai l'impression qu'en fait, je le savais, mais que j'attendais qu'on me le dise, tu me comprends? Je suis sûr que le peuple a le même problème que moi. Et si tu lui parlait, tu aurais peut-être des gens qui se joindraient à ton alliance d'or, non?"
[HRP : désolé du temps de réponse, j'espère qu'elle te convient]
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| | Mar 17 Avr - 18:06 | | | | On lui offrait la possibilité d'entrer officiellement avec le peuple sylvestre, comment aurait-elle pu refuser cela ? Bien entendu, Elly avait acquiescé, et s'était préparée sans plus attendre à se présenter devant ses frères de sang. Elle attendit quelques heures, qui lui parurent une éternité, jusqu'à ce qu'on vienne la quérir en lui annonçant qu'elle pourrait s'adresser publiquement au peuple dans les minutes à suivre, le temps que ce dernier se rassemble devant une haute estrade. Avec l'aide de quelques jeunes hommes et femmes, l'elfe fit apporter tout ce dont elle aurait besoin durant son temps de parole, bien qu'en réalité, elle n'eut réellement besoin que de sa propre conviction.
Là, une fois le silence retombé, elle s'adressa à ses semblables d'une voix forte au ton implacablement déterminé, tout en entreprenant de les regarder tour à tour dans les yeux, sans omettre le moindre d'entre eux.
Qui, en ces temps de menace perpétuelle, peut se vanter de dormir sans inquiétude ? Qui parmi vous, pense réellement que sa vie n'est pas en danger au sein du Drayame ? Qui parmi vous est fier de se terrer ainsi au milieu des arbres, alors qu'à l'extérieur le monde est bien plus grand et si beau …
Il y a de cela presque vingt ans, je suis partie et j'ai vu … oh oui, j'ai vu. J'ai vu des hommes mourir pour leurs idéaux, j'ai vu et entendu des atrocités sans nom, colportées à travers Terra par les survivants de guerres lointaines. J'ai ouï dire de défaites face aux armées sombres, mais j'ai aussi vu de mes propres yeux quelques victoires qui vaudraient la peine de vous êtres narrées … mais nous n'avons que peu de temps pour les palabres.
Ces victoires, qui ont permis jusqu'à présent à Terra de ne pas être entièrement sous le joug de l'ennemi ont été le plus souvent remportées par des groupes de combattants de peuples différents, unis sous la même bannière. Mais bien souvent, ils étaient trop peu nombreux pour regagner d'avantage qu'un territoire ou deux. Mais ce n'est pas une fatalité !
Si je suis là aujourd'hui, c'est dans le but de vous faire entendre l'éclatante réalité, car sachez que dehors, et jusque dans les endroits les plus désolés de ce bas monde, l'espoir demeure. Ce que je viens vous soumettre n'est pas un souhait, mais quelque chose de bien plus concret ! Je ne suis pas entrain de vous faire part d'un projet, mais d'un ensemble déjà établi.
La sylvaine dévoila une large carte Teranne, jusque là maintenue enroulée et scellée, sur le solide panneau de bois prévu à cet effet. Puis, se saisissant d'une longue baguette en bois souple entreprit d'imager ses futurs propos.
Mes frères, je suis entrain de lever contre Aile Ténébreuse l'armée qui, à mon sens, sera la plus complète jamais réunie. Je ne parle certes pas en nombre, bien que le chiffrage total des troupes puisse être conséquent en définitive, mais en qualité. Ecoutez-moi … et Entendez-moi !
Successivement, accompagnant ses mots, elle frappait aux endroits marqués de croix sur l'ensemble cartographique.
Vampires du duché de Sola, guerriers nocturnes d'une rapidité redoutable et résistants qui plus est. Elfes indépendants, des rôdeurs le plus souvent, et archers de qualité réunis sous le clairon de l'un des nôtres. Troupes humaines et humanoïdes de différents royaumes, réunies sous l'étendard du maréchal des glaces, Albar Tlassin. Lycans … oui, vous avez parfaitement entendu. Les lycans se sont ralliés à ma cause, et le plus loyalement du monde croyez-moi, puisqu'il s'agit de mes amis les plus proches. Ils sont des guerriers redoutables, solides, intelligents, rapides et extrêmement puissants. Et je travaille à la réunion d'anges, de nains et peut être d'autres races si l'occasion m'est donnée …
Se retournant vers le peuple elfique, elle posa ses deux mains sur le haut de la tige qu'elle planta devant ses jambes, à la façon d'un maître d'école. Ses iris argentés étincelaient de fierté, parcourant l'assistance avec conviction, contrastant avec les traits impassibles de son visage d'albâtre.
Je n'ai nullement besoin de vous faire remarquer la diversité et la force des troupes en cause ... c'est là que je vous fais face et vous le constatez. Désirez-vous être le seul peuple absent de cette bataille … Un sang d'une extrême pureté coule dans nos veines, nous sommes d'excellents archers, de bons cavaliers, notre connaissance en dame nature est également un atout de taille. Nous sommes rapides, silencieux, habiles, et pour le plus grand nombre d'entre nous, cela est inné. Vous souvenez-vous d'une seule guerre où les elfes lumineux ont été dénigrés ? Moi pas.
Son regard se fit plus tranchant, balayant froidement les visages levés vers elle.
Croyez-vous en l'éternelle efficacité du protectorat qui vous permet de vivre dans une relative sécurité ? Cinquante, peut être cent ans … Croyez-vous que l'ombre n'aura jamais pour ambition de vous engloutir ? Je ne vous parle pas d'entrer officiellement en guerre contre l'ennemi, ce serait voué à l'échec, et bien trop dangereux pour notre peuple. Il ne s'agit pas de cela.
Mais … Comprenez-bien ceci, c'est un fait avéré. Seul contre tous, Aile Ténébreuse ne pourra que reculer. Face à l'alliance de tous les peuples, Aile Ténébreuse ne sera plus intouchable … Mais cette alliance tant louée ne se fera pas d'elle même, c'est pour cette raison que JE suis entrain de la forger dans le feu de la rébellion.
C'est aujourd'hui, mes frères, que tout commence. Ce que je promets à ceux qui me suivront n'est pas la sécurité, mais quelque chose de bien plus précieux, ce que je promets à tous, devant les dieux et les hommes, c'est la liberté.
Sur ces mots provenant du plus profond de son âme, elle rendit son pouvoir au silence... priant une entité indéfinie de faire entendre raison à ce peuple pourtant sien, dont elle ne savait désormais plus quoi penser.
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| | Mar 22 Mai - 11:20 | | | | Un ange passa... Puis toute une cohorte, tant le silence fut long et assourdissant. La forêt elle même semblait s'être arrêté pour réfléchir avec ses enfants. Seul le vent, qui se savait infiniment libre, continua de souffler avec une indifférence cinglante, ressemblant presque à une raillerie. Les elfes ne savaient quoi répondre, ni même quoi penser. Voilà des siècles que leur peuple vivait en tout liberté. Leur essence même les poussait à accepter l'offre d'Elly, et se punissait de ne pas avoir agi plus tôt. Mais leur raison, elle, les enjoignait à se tempérer. Quelles étaient les chances de réussites? Des lycans, des vampires, des nains, des hommes, et autres bêtes de foire... Les plus jeunes elfes n'avaient jamais vu la plupart de ces êtres, n'étant jamais sortis de la forêt, et d'ailleurs, même parmi les âges plus moyens, beaucoup n'ont jamais quitté la protection de ces bois.
Imaginez un peu, pensèrent certains : combattre avec de sauvages mélanges d'hommes et de loups... Les hommes ne faisaient déjà la guerre depuis des siècles, et y rajouter l'instinct de meute du loup ne ferait qu'augmenter les conflits entre clans humains. Cela ne devait mener à rien de bon, ils en étaient certains ! Quant aux vampires, n'en parlons pas : des créatures empoisonnées, de vrais virus, qui tentent de se répandre de la pire des façons. Et les nains... Petits êtres aussi méprisables que les humains, mais qui en plus se targuaient d'une arrogance qu'ils ne méritaient pas. Comment tous ces dégénérés allaient pouvoir sauver le monde?
Ce fut le raisonnement tenu par certains. Mais la fin pouvait différer. En effet, même les plus intolérants avaient parfois cette pensée : si les elfes ne prennent pas parti de cette bataille, jamais ces êtres ne remporteraient la victoire. Il faudrait au moins la sagesse de notre peuple pour réussir !
La majorité, cependant, ne raisonna pas de cette façon. Leur inimité avec les nains était certes légendaire, mais dans son ensemble, le peuple elfique était ouvert et tolérant. Aussi la question posée était la suivante : avaient-ils vraiment une chance? Pour certains, la présence des guerriers lycans étaient une excellente nouvelle, mais celle du maréchal était sujette à méfiance : il était au service de son pays avant tout, et pas de l'alliance Pour d'autres c'était l'inverse : la présence du maréchal serait un avantage, mais celle des lycans poserai problème , car lycans et vampires ne s'apprécient nullement, et cela pourrait causer du désordre.
Il y en avait qui y croyaient. Il y en avait qui étaient prêt à se battre. La peur qu'ils avaient enfoui en eux avait été ramenée à la surface par le discours de la gardienne, et elle s'était muée en une farouche détermination. Ils se dirent qu'elle avait raison, qu'il fallait lutter, quitte à mourir au combat. Cela n'avait aucune importance, car si ils ne se battaient pas maintenant, ils mourraient tôt ou tard sous les coups de l'envahisseur. Ils n'avaient que peu de chance de vaincre, cela est vrai, mais chaque seconde passée à attendre amenuisait encore plus leurs chance.
Après une éternité, chacun avait fait son choix. Mais ce n'est pas pour ça que tout était terminé. L'un des elfes s'avança, un haut gradé de l'armée elfique : le lieutenant en chef des archers, le plus grands corps de l'armée elfique. Le général, lui, était absent.
"Je parle en mon nom, et non en celui de mes troupes. Je suis prêt à vous suivre. Je suis prêt à me joindre à l'Alliance d'Or, pour défendre mon peuple, comme pour défendre les autres. Il est probable que nous courrions à notre perte, mais si nous ne luttons pas aujourd'hui, tout sera perdu. Je me joins à l'alliance car cela est pur moi le meilleur moyen de lutter contre l'envahisseur sans mettre en danger notre peuple en entier, qui a déjà beaucoup souffert lors de la bataille de Drayame.
Mais j'ai une réserve à émettre : je veux bien me rallier à l'Alliance, mais je ne sais pas encore ce que je peux penser de vous, en tant que dirigeante. Je ne connais pas vos capacités à monter des stratégies, à gérer vos hommes, que ce soit au camp ou à la bataille. Vous parlez bien, cela est vrai, mais qu'en est il de votre éloquence en plein milieu d'un combat? Saurez vous ordonner la retraite si il le faut? J'aimerai vous mettre à l'épreuve. Qui est d'accord avec moi?"
Une bonne partie des elfes présents, même ceux qui n'avaient nulle intention de se battre, firent un pas en avant pour manifester leur approbation.
"Bien, voici ce que je propose. Nous ne pouvons vous faire combattre contre quelqu'un d'autre, ni commander des troupes lors d'un exercice. Mais l'être qui est capable de faire entendre raison à la foudre aura la force de mener ses hommes jusqu'au bout du monde. Pour ce qui est de votre capacité à raisonner, ce sont vos anciens états de services qui nous donnerons la réponse.
Voilà plusieurs années, une étrange monture a élu domicile dans nos forêts, pès de la ville. Cet animal est le cheval le lus sauvage que nous avons jamais pu voir. Nombreux sont ceux qui ont tenté de dompter cette bête folle, mais, du peu qui sont parvenus à l'approcher, aucun n'a jamais pu tenir sur son dos. Cet animal est vif comme l'éclair, imprévisible comme la foudre, et plus puissant que le tonnerre. Nous l'avons nommé Edhel.
Trouve le, ô gardienne, et reviens sur son dos, ou ne reviens pas."
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| | Lun 18 Juin - 14:11 | | | | ~ Epreuve, partie 1 : Into the wild ~ Le message était limpide, Elly devrait prouver sa valeur pour être respectée, et par là même, accomplir sa propre destinée pour être suivie. Son regard argenté parcourut l'assistance en l'espace de quelques secondes, tous se demandaient probablement si l'étrangère accepterait de relever le défi qu'on lui imposait malgré son discours des plus convainquant. Qu'avait-elle cru ? Qu'arriver au milieu des siens avec un plan de bataille, alors qu'ils demeuraient dans une relative paix grâce au protectorat accordé par Aile ténébreuse aurait suffi à les faire s'enrôler dans son armée ? Naturellement non, et quelque part, la sylvaine avait pressenti qu'une preuve quelconque de sa propre volonté devrait être apportée à ses semblables. Aussi n'était-elle nullement surprise qu'une telle sentence ait été prononcée à son égard, car ce n'était là que justice et sagesse. La gardienne dévisagea le gradé, constatant que de ce dernier émanait une profonde franchise. Elle opina du chef, puis se dépouilla simplement de ses lames jumelles et de sa dague traceuse en les tendant au personnage susvisé. Le lieutenant chef des archers lui prêta en échange, une solide corde elfique longue de six mètres environ. C'était apparemment le seul objet qui pourrait lui être utile au cours de cette quête. On lui indiqua une vague direction à emprunter pour qu'elle puisse trouver sa cible, puis au commencement de cette après midi ensoleillée, elle partit …
Le Drayame et elle le savait, était depuis l'aube des temps classifié dans les annales terranes en tant que territoire dangereux. Ici bas, la faune comme la flore peuvent à tout instant s'éveiller et mettre fin brutalement à la vie de l'étranger qui ose fouler ces terres de ses pieds intrusifs. Aussi Elly avait-elle quitté les habitations et les sentiers assurés avec la peur au ventre, sainte crainte qui allait probablement la sauver du piège d'une excessive confiance en soi. Son attention se trouvait décuplée par l'appréhension de l'endroit et elle sollicitait plus que jamais son ouïe comme son odorat, comptant sur eux pour la prévenir d'un éventuel danger. Tout autour d'elle, la nature semblait endormie. Pas un seul son, hormis ceux produits par sa propre évolution en ce milieu ne venait troubler la quiétude de la forêt. Les animaux eux-mêmes, à l'exception des myriades d'insectes rampants et volants semblaient s'être absentés pour l'occasion. Les arbres hauts aux branches touffues laissaient à peine filtrer la lumière du jour, et tandis qu'elle s'enfonçait, la pesanteur de l'atmosphère lui laissa deviner que le temps tournait à l'orage … Depuis combien de temps était-elle partie cahincaha, esseulée, éloignée de ses fidèles armes, la corde enroulée accrochée à son côté gauche ? En même temps que sa marche l'avait éloignée de son point de départ, la luminosité avait perdu de sa vivacité. La gardienne s'immobilisa, les jambes lourdes. Des heures qu'elle cherchait, marchant, se faufilant entre les fougères et autres plantes grasses, évoluant parfois en petite foulée … mais rien n'apparaissait. Levant son visage vers les hautes cimes, elle tentait d'apercevoir un éclat de ciel, mais là encore l'espoir demeurait vain.
Cela ne servait à rien. La végétation, dense et colorée lui arrivait au milieu des cuisses, cachant à sa vue le sol et ses dangers. Les troncs, certains massifs et sombres, d'autres plutôt clairs et frêles, restreignaient eux aussi par leur implantation resserrée la visibilité à quelques mètres au devant d'elle. Soudain, une bourrasque fraiche d'une force inexplicable la frappa dans le dos, emportant le lien de cuir qui retenait jusqu'alors la cascade de ses cheveux. Le vent, puissant et implacable la fit ployer vers l'avant, au point qu'elle dut s'accroupir au milieu d'un parterre de Sédum, une plante grasse formant un tapis de petites têtes vertes en forme de bouton de rose, affublée par en dessous d'une longue tige et qui, pour oser fleurir, attend sa troisième année d'existence. Elly s'était pour ainsi dire allongée au milieu de ces tiges, le visage entre les bras, tandis que l'aquilon perpétuait son souffle incroyable. Serrant les lèvres pour ne pas ingurgiter terre et herbes diverses, la sylvaine manquait d'air malgré l'hyperventilation causée par ce phénomène qui, elle l'aurait juré, n'était en rien naturel. Au bout d'une vingtaine de secondes qui lui parurent des heures, la tempête provenant de nulle part cessa aussi subitement qu'elle avait débuté … ce fut alors un véritable raz de marée. Lièvres, cerfs, poules d'eau, sangliers, bêtes à cornes, marsupiaux, espèces rares, hybrides se ruèrent dans sa direction, tels des fugitifs desquels étrangement, aucun beuglement ou cri lambda ne provenait. De nouveau sur ses jambes, le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour, et évita de justesse cet assaut de dame nature en s'accrochant du bout des doigts à la branche épaisse d'un arbre millénaire. Sous elle, les animaux se hâtaient, heurtant ses pieds et jambes pour les plus grands, la faisant osciller dangereusement. Les muscles de ses bras commencèrent rapidement à tétaniser, les jointures de ses doigts blanchissaient à vue d'œil, son visage crispé par l'effort n'exprimait rien d'autre que la douleur et la peur de chuter, puisque piétinée par autant de sabots et de pattes, elle ne se relèverait probablement jamais. Pourtant, le mélange de sueur et de sang qui commençait à suinter de ses paumes lui fit lâcher prise et la jeune femme se prit de plein fouet les bois d'un cerf qui passait sous elle à ce moment là. Propulsée vers l'arrière, elle roula sur plusieurs mètres en se tenant les côtes. Alors qu'elle se relevait péniblement, elle constata avec effroi qu'une dizaine de bêtes s'étaient immobilisées, les yeux fous, bavant horriblement. La forêt se défendait de son intrusion, elle n'avait pas été assez discrète. Pourtant native de ces lieux, ils se rebellaient contre elle.
Un sanglier gratta la terre se son sabot, nasillant méchamment. Puis sans prévenir, il chargea tout droit les défenses en avant. Elly se pencha, étendant une jambe vers l'arrière, elle saisit les défenses de l'animal entre ses poings, alors qu'il enfonçait sa tête contre son ventre, la faisant reculer. Lorsque son pied rencontra la souche d'un arbre, l'elfe força sur ses jambes musculeuses tira verticalement l'ivoire avec une violence inouïe, au point de briser la nuque de la bête dont les yeux se révulsèrent. Une veine d'agacement apparut dans le cou de la jeune femme.
Allez vous en ! Cracha t-elle.
A peine se fut-il effondré qu'un félin sauvage de la taille d'un chien à la fourrure tigrée se jeta sur sa proie toutes griffes dehors, après avoir hésité un instant suite au rugissement de sa cible.Comment pouvaient-ils attaquer de la sorte une membre du peuple sylvestre ? La gardienne esquiva par une roulade latérale et détacha la corde de sa hanche dans le même élan. La bête renchérit de la même manière en feulant sa colère, mais Elly s'étant également lancée dans sa direction, tendant entre ses poings un morceau de corde la lui coinça sous la gorge et l'emporta jusqu'au sol en faisant jouer tout son poids. L'animal se débattit, entaillant le flanc de l'elfe de ses griffes acérées. Comprenant la dangerosité de ce dernier, la gardienne écrasa sans plus attendre de ses genoux la rate de l'animal qui cracha du sang et s'évanouit.
Assez ! Hurla la gardienne, dont les yeux d'ordinaire argentés commençaient a virer au rouge, et dont les veines de plus en plus visibles, tambourinaient le long de ses muscles gonflés par l'effort.
Deux marsupiaux faisant la taille de ses bras et aux crocs bien aiguisés s'agrippèrent à ses jambes, l'un mordant fermement sa cuisse, l'autre tentant de labourer sa combinaison au niveau du bas ventre. Folle de rage, Elly se saisit de la bête qui essayait vraisemblablement de l'éviscérer, l'attrapant par le cou et par l'arrière train, la traction fut si forte en son énervement qu'elle déchira l'animal en deux, répandant sur le sol ce qui restait de lui, tandis qu'elle assenait un violent coup du revers de son poing au marsupial qui mordait encore dans sa chair. Les os craquèrent, et la bête se retira en couinant misérablement. Craignant de se faire attaquer dans le dos, la gardienne fit volte face, constatant qu'une partie de la meute animale s'était évaporée. Seul restait un vieux cerf aux yeux hagards, ses bois étaient brisés pour la plupart, ce qui les rendait encore plus dangereux. Elly ne ressemblait plus qu'aux sauvageonnes humaines qui mendiaient au bas des murs de grandes cités, à l'exception près que des vagues d'étincelles bleutées venaient irradier sa peau et sa chevelure. L'animal n'eut pas le temps de charger lui même, la jeune femme avait déjà bondi sur lui lorsqu'il abaissa ses défenses. Un bois entailla la cuisse gauche de la gardienne, et il la souleva sans aucune difficulté avant de la faire valdinguer sur son dos puis sur le sol où il entreprit de la piétiner de ses sabots épais. La sylvaine envoya un coup de coude très ferme au niveau de l'articulation peu épaisse de la patte qui l'agressait, et le cerf meurtri chuta vers l'avant, appuyé sur son membre blessé. Hors d'elle, Elly empoigna les oreilles du cervidé, forçant son cou à se tordre jusqu'à ce que son œil à la pupille horizontale la regarde d'un air suppliant.
J'ai dit … CA SUFFIT !
Des éclairs zébrèrent à la fois le ciel et sa peau, au moment même où une puissante décharge faisant crépiter les poils carbonisés de l'animal le clouèrent au sol pour plusieurs heures. Son corps entier se convulsa sous l'effet des volts que l'élémentaire venaient de lui envoyer, un véritable coup de jus dans lequel elle avait mis une partie de sa rage d'être ainsi maltraitée par dame nature.
A l'instant où le grand cerf s'affaissait à ses pieds, Elly découvrit avec stupeur que sa cible originelle l'observait à une dizaine de mètres de là. Sur le fond sombre de la forêt, elle distingua la silhouette imposante d'un équidé noir comme le jais, dont le crin était modulé de filaments plus clairs. Ses yeux étaient plus bleus que l'azur, et ses sabots plus brillants que le diamant. Le long de sa robe à l'impressionnante musculature, d'étranges tatouages semblaient avoir été tracés par les dieux. Le doute n'était désormais plus permis … c'était bel et bien Edhel qui l'avait trouvée elle, et non l'inverse.
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