Une lettre était parvenu à Haestrom, elle avait été envoyé par le duc auquel il avait juré allégeance... les quelques désavantages de la noblesse lorsque les nobles sont en bas de l'échelle. En la lisant, il se rappela d'une annonce qui avait été faîte pour la même chose, une demande de mercenariat auquel il ne pouvait plus prétendre: un baron mercenaire est très dangereux pour la confiance des gens qu'il fréquente.

La lettre parlait d'une certaine Leyna Féral. Haestrom n'avait jamais eu à faire à cette famille, mais il savait qu'il voulait éviter une mise en contact direct avec ces démons de l'outre-monde... Chose que le duc avait parfaitement compris, c'est pour ça qu'il envoyait son homme de main le baron pour accomplir la tâche demandée.

Haestrom leva 3 cavaliers pour l'accompagner jusqu'à la forteresse de la dûchesse. Puis ils resteraient stationner dans la forteresse jusqu'à ce que la mission de Haestrom et Leyna soit accomplie. Ils se mirent en route accompagné de Whiteghost le loup de Haestrom en direction du château, ils firent une partie du chemin en bateau et l'autre parie à dos de cheval. Où ils firent des rencontres plus ou moins suprenantes en Drayame.

Une fois arrivé sur les terres de la duchesse, il laissa ses cavaliers mener la vie qu'il voulait le temps de son retour. Tandis qu'il avançait vers la demeure fortifiée de Leyna, il s'avança et pu pénétrer dans la cours tandis que les hommes refermaient la porte derrière lui... Il attendit plusieurs minutes que la noble vienne l'accueillir.

Il put l'apercevoir au loin, elle portait une robe et des collants... Drôles de tenue pour une promenade dans le marais de la désolation. Elle avait des yeux dorés, et des cheveux assez longs et laissait entrevoir son tatouage près de son cou, le signe des Féral. Haestrom s'approcha de la dûchesse et débuta la conversation bien qu'il soit un peu déboussolé car il s'attendait à voir une démone devant lui, mais il s'agissait d'une Kitsune en fin de compte, ce qui fut tout de même une agréable surprise pour le baron.

-Ma Dame la Duchesse, Je suis Haestrom Winterbear, baron de Riverbear, vous avez dû recevoir une lettre de mon Seigneur-lige qui vous indiquait que c'était moi qui viendrait vous porter main forte pour ce petit périple.

Il sourit en attendant la réaction de la duchesse.

Cela faisait trois jours que j'étais au manoir de mon oncle. D'après les lettres que j'avais reçu de Kislac, plusieurs Féral dont notre chef de famille en personne allaient venir regarder ce qu'il se passait aux Terres Infectées. De mon côté, cela faisait trois jours que je parcourais les terres en compagnie du farceur qui me servait d'oncle pour être présentée à ses gens. Il n'en ratait jamais une mais je voyais bien que les villageois, comme les bourgeois et les quelques nobles, l'appréciaient. Je ne savais encore très bien tout ce qu'il avait pu faire mais visiblement, il s'était faite bonne réputation dans le coin.

Il y a trois jours, après avoir parlé avec mon parent, lui demandant plus d'informations sur le mal qui rongeait le Sud et lui avoir fait part de l'arrivée proche des Féral, j'avais aussi envoyé sur ses bons conseils plusieurs corbeaux à des Ducs, certains que mon oncle avait connu, d'autres avait qui il avait juste traité. Il m'avait conseillé de me présenter par la-même aux nobles des autres contrées. Je ne savais si c'était une bonne idée. Autant, dans les plaines je n'avais rien à craindre, autant je n'étais pas sûr que ce nom fasse le même effet à tous. Néanmoins, je lui fis confiance et énonçait clairement Leyna Féral et non pas Deavino.

C'est au quatrième jour que je reçu une première réponse. Le Duc lui-même ne pouvait semble-t-il pas se déplacer mais il avait envoyé un baron de confiance à ma rencontre. Il devait déjà faire route et avec l'accord du Kitsune, je retournais la première au domaine. Il me fallait au moins être là pour l'accueillir en personne, après le voyage qu'il avait fait. Il serait mal venu de ma part de le faire patienter. Je préférais donc avoir à l'attendre. C'est en fin de matinée du 5e jour qu'on vint m'annoncer que le baron était arrivée. Oulà, calme-toi Leyna. C'est la première fois que tu dois te conduire avec un noble EN TANT QUE noble. Je n'étais pas sûre de savoir comment agir...

M'approchant, je regardais mon invité. C'était un jeune homme tout ce qu'il y avait de plus poli, et qui plus est séduisant. Je ne sais lequel de nous deux était le plus mal à l'aise. Je n'avais vraiment pas l'habitude de devoir me comporter comme une "Ma Dame". Faisant une légère révérence, je me présentais.

- Duchesse Leyna Féral. C'est un plaisir de vous rencontrer Baron de Riverbear. Permettez que je vous conduise. Vous devez être fatigué après votre voyage. Vous me ferez bien l'honneur de déjeuner ici avant que nous ne prenions la route.

Sur mes mots, je demandais à un membre du personnel de maison d'aller s'assurer du bon déroulement des préparatifs pour le déjeuner. Puis, j'ouvris un bras en direction d'une double porte en bois, l'invitant à me suivre. Ouvrant la dite porte, je le menais au salon, l'encourageant d'un sourire à prendre place dans l'un des siège. Je m'installais ensuite à mon tour.

- Je ne vais pas vous cacher que je ne suis pas particulièrement à mon aise. Sans vouloir raconter ma vie, je ne suis pas duchesse depuis très longtemps et je crains ne pas tout savoir de l'étiquette. Oh, rassurez-vous, j'ai été bien éduquée. Mais pas en tant que noble. Si je vous parais donc parfois trop familière, n'y prêtais pas attention et je m'en excuse d'avance.

C'était tout moi... Si ça se trouve, je venais déjà de faire une boulette. Décidément, je parlais trop mais bon. Pourquoi mon oncle n'est-il pas là quand il le faudrait ! Je sais bien qu'il a encore des choses à faire sur les terres mais au moins la première fois, il aurait pu m'accompagner...

- J'ai déjà envoyé un corbeau de remerciement à votre Duc mais permettez-moi tout de même de réitérer mes remerciements à votre personne également et face à face. Comme vous avez dû en prendre connaissance, je désire me rendre au Sud, au marais de la Désolation. Je ne vous cacherai pas qu'avec les Terres Infectées, mon peuple est très nerveux et il n'y a pas que lui... J'ai entendu qu'il y avait ces temps-ci de récurrentes attaques de créatures venues des Marais. Ce n'est là qu'une supposition mais je pense que leur comportement est différent à cause du mal qui ronge les terres plus à l'Ouest... Elles sont bien plus agitées...

Je relevais les yeux vers lui, attendant qu'il digère ce que je venais de lui dire. Si je lui avais souris sincèrement lorsque je l'avais accueilli, je ne pouvais cette fois-ci me forcer. Je ne cessais de m'interrogeais sur ce qu'il se passait en ce moment et j'avais beau avoir chercher dans les livres comme le laisser deviner mes yeux un peu rouges de fatigue, je n'avais rien trouvé. Ca ne me surprenait guère. Ce devait être la première fois que Terra devait faire face à cette situation. Aussi, j'étais un peu agacée de ne rien trouvé. C'est pourquoi il fallait que je récolte moi-même des informations. En attendant, je ne pouvais qu'être pensive et peut-être un peu inquiète.

Haestrom avait reçu bon accueil de Leyna, il avait même eu droit à une révérence, ce qui le surprit légèrement, il ne s'attendait pas à ce que la duchesse prenne le temps de la faire pour lui, jeune baron. Quoiqu'il en soit, elle l'invita à rentrer dans une pièce où un déjeuner l'attendait. Ce qui tombait bien car le baron avait vraiment faim, son voyage l'ayant un peu fatigué, un sourire parvint à atteindre ses lèvres comme par réflexe une fois installé. La dame expliqua alors qu'elle était duchesse depuis peu, et qu'elle se sentait peu à l'aise à son poste. Haestrom essaya de la rassurer comme il peut:

-Il n'y a rien à craindre, soyez juste vous même et les gens vous apprécieront pour ce que vous êtes. Je ne devais pas être noble non plus, juste un soldat habile l'arme à la main, ce sont les aléas de la guerre et de l'avidité de certains hommes qui m'ont placé en première place sur la ligne de succession de ma famille.

Il fallait juste qu'elle est confiance en elle, le nom de Feyral faisait déjà une bonne part du travail, mais il faut qu'elle transmette sa propre image aussi pour éviter que l'on ne l'associe à une démone. Puis elle reprit la discussion pour expliquer la principale raison de la venue de Haestrom aussi loin dans le Sud. Il savait qu'ils devraient aller dans le marais, mais il ne savait pas vraiment les raisons d'un tel acte.

Tout serait de la faute des créatures qui y habitent, elles se dirigeraient vers le nord pour chasser, et donc attaquer les habitants de son duché, en tant que seigneur-lige elle devait absolument régler ce problème, et c'est vrai que ces terres inhospitalières donnent très peu envie à un noble de sacrifier du temps pour essayer de comprendre le pourquoi du comment. Certains nobles seraient plus radicales et laisseraient le problème s'aggraver.

-Si vous voulez mon avis sur les récentes attaques, ils se pourraient bien que les créatures qui font du mal à votre peuple n'aient malheureusement pas d'autres choix. Bien qu'elles soient réputés pour être des créatures dangereuses, si elles se déplacent vers vos terres, c'est qu'il y a quelque chose de bien pire près de leur foyer d'origine qui les empêchent de stationner en "paix" sur ces terres désolées...

Théoriquement ce que disait Haestrom devait être la vérité, mais si ce n'était pas ça, c'est qu'il y avait encore quelque chose de pire qui les attendrait une fois dans le marais. Il tenta de ne pas y penser en voyant le déjeuner arriver. Il était fort copieux, il avait droit dans son assiette à un bon morceau de viande légèrement assaisonné avec des herbes. Il aurait bien voulu dire que c'est un bon repas pour mourir mais s’abstenait devant la duchesse qui était un peu fatigué et pas forcément d'humeur à rigoler dans une situation pareille. Puis il reprit après une bonne bouchée:

-J'espère juste que ce n'est pas un mal nouveau dont nous devrons faire face pour la première fois.

Haestrom ne sourit pas en retour, et s'essuya la peau près des lèvres pour retirer la sauce de la viande qui s'était posé dessus. Il ne finit pas sa viande, gardant le dernier bon morceau pour son loup si jamais celui-ci n'avait pas trouvé un bon gibier pour lui même. Il but de l'eau dans sa coupe et attendit les instructions de la dame aux cheveux caramels.

Je hochais la tête, en écoutant le Baron, ses suppositions allant dans le même sens que les miennes. Sans doute. Mais il fallait maintenant vérifier ses hypothèses et si je ne pouvais rien sur le coup pour apaiser les bêtes, je me devais au moins de protéger les gens de mes terres.
Je mangeais mon repas, pensive. Les mets préparés par le cuisinier me firent momentanément penser à autre chose, me permettant de reposer mon esprit l'espace d'une petite heure. En effet, cela faisait moins d'une semaine que j'étais là mais à chaque nouveau repas, je découvrais l'étendue de la qualité des repas servis. Le talent du cuisinier ? Mais aussi la qualité des aliments trouvés je pense. De ce que j'avais entendu de mon oncle et vu de mes propres yeux, les gens d'ici étaient plutôt spécialisé dans l'agriculture, l'élevage, fournissant ainsi des produits de bonne qualité. Une autre particularité du duché de mon oncle était sans doute ses dresseurs. La proximité du Marais ne faisait qu'accroître leurs chances de s'améliorer encore, pour les plus hardis. Mais je doute que beaucoup s'y risquent ces temps-ci. Peut-être seuls quelques vétérans dans le domaine devaient encore se risquer à pénétrer le Marais de la Désolation. Il n'aura jamais aussi bien porté ce nom...

- Etes-vous prêt à repartir ? Notre palefrenier se sera sans doute très bien occupé de votre monture. C'est un jeune homme débordant de passion pour ce qu'il fait. Et si votre cheval ne s'est encore remis entièrement du voyage, vous pourrez emprunter l'un des nôtres.

Sur mes mots, je récupérais la vaisselle et l'apportais en cuisine. Alors que je faisais un ou deux aller-retour sous les yeux de mon invitée, je finis par me rendre compte que ce que je faisais n'était peut-être pas très normal pour une noble. Oups... Toussotant pour gâcher ma gêne, je lui montrais ensuite le chemin des écuries. J'aurais pu demander à quelqu'un de le faire mais je préférai le faire moi-même. Et puis, cela me permettrait de rendre visite à Schiuma, ma jument.

C'est en tournant la tête vers moi et en faisant quelques pas qu'elle m'accueillie. Les oreilles pointées en avant, elle s'attendait sans doute à ce que je puisse partir en vadrouille avec elle. Ca me serrait un peu le coeur de la décevoir cette fois encore. M'approchant doucement le temps que Haestrom aille constater de l'Etat de son propre compagnon ou choisisse l'un des nôtres, je caressais le chanfrein de cette beauté qui me regardait le regard brillant.

- Désolée ma belle... Ce ne sera pas pour cette fois. Je sais que tu as fuis le domaine pour me suivre, c'était d'ailleurs une surprise de te voir... Et ça me fait plaisir... Mais je ne peux pas te chevaucher pour l'instant. Je ne sais pas... La seule fois où je l'ai fais, c'était par nécessité et c'est Vani qui a pris les rennes durant une partie du trajet. Je ne veux pas faire une bêtise qu'il te blesserait. Mais je te promet que j'apprendrai !

Je restais quelques minutes à lui parler ainsi, voulant qu'elle sache que je ne l'abandonnais pas. Il faudrait vraiment que bientôt, très bientôt, je trouve une personne qui puisse m'apprendre. Mettant fin un peu déçu à mon petit moment avec elle, je me dirigeais à l'extérieur. Puisque je ne partais pas à cheval, c'était bien un autre moyen qu'il me fallait et il était tout trouvé. Quoi de mieux que mes pattes.
Changeant de forme, je devins une renarde à quatre queue, au pelage caramel. Heureusement pour moi, mon oncle étant lui-même Kitsune, les gens avaient pris l'habitude de voir ce genre de forme puisqu'il ne s'en cachait pas. Ce qui quelque part, permettait aux habitants d'être rassuré quant à ma parenté avec leur Duc.

- Je suis prête pour ma part. Nous pouvons d'ores et déjà nous mettre en route si vous l'êtes également.

Le repas fini, Leyna s'occupa de débarrasser la table elle même plutôt que de demander à une autre personne de le faire. Il y avait une douceur dans chacune de ses actions, on pouvait presque se demander si elle n'avait pas usurper le nom de Féral tellement elle paraissait agréable et attentionné contrairement aux autres démons beaucoup plus dur. Elle l'invita ensuite à aller à l'écurie pour voir si mon cheval était en forme pour prendre la route, il avait été bien traité par l'homme qui s'en occupe, un passionné selon elle. Il fit deux petites tapes aux niveaux de l'encolure de sa bête puis prépara finalement un autre cheval ou jument, tandis que Leyna parlait à sa jument, avant de se transformer en... Renard! Encore un! On en avait déjà croisé un à Drayame en route, un renard parlant. De ce fait, Whiteghost se rapprocha à vive allure pour venir voir s'il connaissait ce renard, Haestrom lui ordonna de laisser Leyna tranquille, le loup écouta cette fois-ci et partit en dehors du manoir.

Elle indiqua au baron qu'elle était prête à se mettre en chemin, Haestrom accéléra alors la préparation, enfila les reines rapidement avant de monter sur le cheval, et de répondre:

-Je suis prêt également!

Il talonna son étalon pour le faire avancer jusqu'au niveau de la renarde, il vérifia rapidement son équipement, il posséda bien son glaive et sa dague, ainsi que son arc qu'il utilisait très peu. La gourde était bien rempli d'eau fraîche, les principaux éléments étaient là, ils pouvaient se mettre en route.

Alors qu'ils avançaient à travers le duché, Haestrom pouvait voir que le duché avait une certaine autonomie au niveau de la nourriture, il y avait des bonnes terres fertiles et des coins avec des éleveurs, un terrain de chasse de choix pour les prédateurs du marais. La baronnie de Haestrom devait importer pas mal de ressources des autres contrées, il y avait le secteur de la pêche en essor, l'agriculture reste trop peu nombreuse pour nourrir tout le peuple et le bétail reste une denrée dont tout le monde ne pouvait profiter de par son coût dû à l'offre et à la demande.
On pouvait aussi entendre Whiteghost aboyer après les bêtes domestiquées, heureusement pour eux, il avait appris à sa bête à ne pas chasser les animaux d'élevage, il appela son loup qui finit de boire dans la gamelle des animaux du pré, avant de revenir à la hâte prêt de son maître. Haestrom reprit la discussion:

-Du personnel armé nous attendra au marais ou nous serons seuls à enquêter sur ce phénomène bizarre?

Il s'agrippa au même moment plus férocement à ses reines, en laissant moins de liberté à son cheval, ce dernier avait les oreilles couchés en arrière, et devenait de plus en plus tendue à l'approche du marais, Haestrom imaginait déjà qu'une fois arrivé à bon port, sa monture le ferait chuter pour rentrer au plus vite au manoir seule et au triple galop.

Je me concentrais tout du long à essayer de me souvenir de la route. Si moi-même je me perdais, nous ne serions pas arrivés de sitôt. J'humais. J'écoutais. Je devenais de plus en plus vigilante à mesure que nous approchions du marais. Cela se fit sentir... Instinct animal le voulait, mes poils se hérissait devant la menace que représentait maintenant le Marais. L'air était lourd et ce sentiment de malaise ne fit que s'accroître lorsque nous arrivâmes à un village. Ou du moins, ce qu'il en restait.

Ce devait être celui qui avait été attaqué une dizaine de jours. Mon oncle m'en avait seulement parlé, mais nous ne nous étions pas approchés de cette zone. Je ne voulais pas d'ailleurs. Le Duc était déjà assez malade pour ne pas traîner près des Terres Infectées à nouveau.

- Nous serons seuls pour ce périple. Comprenez que l'affaire est déjà potentiellement dangereuse de part le fait que je ne sache rien de la situation actuelle et que je me rend en ces lieux justement pour en apprendre davantage.

J'émis un léger grondement. La monture du Baron s'agitait de plus en plus. J'ai bien fait pour ma part de ne pas entraîner Schiuma dans cette affaire. J'étais bien trop mauvaise cavalière pour savoir quoi faire dans ce genre de situations. Heureusement, il semblait plus doué que moi.

- Je voulais réduire au maximum le nombre de potentielles victimes. Même vous, ça ne me plaît pas particulièrement de mettre votre vie en danger. Mais je n'aurais pas pu y aller seule... Et ma famille qui est en route sera sans doute occupée à d'autres choses.

L'odeur du Marais parvenait à mon nez. Ce mélange de plantes, d'humidité... et quelque chose d'autre. Tournant la tête en tout sens, je vérifiais qu'aucune créature ne nous épiait. Puis, je repris ma forme humaine. Approchant des débris de logis, je regardais un piquet ou quelque chose de la sorte d'assez solide et suffisamment enfoncé dans le sol. Puis, indiquant notre destination du pouce, j'esquissai un fin sourire ironique.

- Je doute que cet étalon n'accepte de vous suivre là-dedans. C'est déjà désagréable pour lui de se tenir encore sur ses quatre sabots à mon humble avis. Cet endroit me met également mal à l'aise. Pourtant, nous voilà partie pour passer au moins une première nuit ici.

Ouvrant la marche, je me mise à réfléchir, ne sachant exactement ce que je cherchais. Il me fallait trouver la trace de créatures se trouvant dans le Marais. Les pister. Observer l'évolution de leur comportement. Essayer de récolter le plus d'informations possible. Posant un genou au sol, je caressais l'herbe, à la recherche de premières traces à suivre. Mais rien de bien intéressant. Il nous faudrait nous enfoncer un peu plus dans à travers la végétation et les marécages, en évitant les pièges naturels et très probablement les habitants de ce lieu si nous tenions à la vie.

La réponse de la noble était négative, il n'y aurait point d'aide une fois en territoire hostile. Ils passèrent devant un village détruit, puis Haestrom reprit:

-Rassurez-vous, ce n'est pas vous qui mettez ma vie en danger, c'est mon Duc aussi bon et aimable soit-il...

Puis il hocha la tête devant les conseils de la duchesse, il mit pied à terre, et caressa l'étalon avant de lui retirer ses reines et de le laisser courir vers la nature en prenant bien soin de laisser un mot sur ce dernier, si jamais il était récupéré dans le dûché, il devrait être remis à sa propriétaire. Mais généralement les chevaux retrouvent leurs chemins sans problèmes.

Puis il fit demi-tour pour faire face à Leyna, chose qu'il n'aurait jamais dû faire... Son pied gauche s'enfonça dans un petit maquillage qui enfonça la moitié de son pied. Haestrom grogna légèrement avant de se reprendre. Leyna tentait de trouver des traces de créatures sauvages pour commencer l'enquête. Haestrom n'était pas le plus fort pour les traques mais il avait un précieux allié dans ce genre d'exercice qui n'était autre que son loup!

Haestrom l'appela pour qu'il vienne voir de plus près et ainsi s'imprégner du lieu avant d'aller crapahuter dans cet endroit empestant le mort. Il cherchait un indice désespérément dans ce lieu désolant mais ne trouvait pas grand chose à son plus grand regret, ils avancèrent un peu plus profondément dans le lieu en faisant bien attention où ils mettaient les pieds. Whiteghost ne faisait pas l'aventurier dans un endroit pareil, l'endroit était encore plus sauvage que cette bête, c'était pour dire. Néanmoins, il fonça droit vers un petit buisson ayant mauvaise mine tout en grognant. Le groupe le suivit de près, et a pu apercevoir qu'il y avait une grosse trace de sang sur les feuilles, ça avait l'air d'être une éclaboussure, il y avait beaucoup d'hémoglobines, c'était peu rassurant même pour un homme aussi bon à l'épée que Haestrom. Il prit la parole auprès de la duchesse:

-Par Exios, j'espère que le monstre qui a fait ça et depuis très très loin... même si le sang n'a pas encore totalement séché...

Un frisson parcourut le jeune homme qui trembla légèrement avant de se ressaisir et de voir Whiteghost essayer de suivre à l'odorat les différentes pistes qui s'offraient à lui. Ils pourraient très bien, les mener droit dans à la mort, s'ils le suivait aveuglément.

-Qu'en dîtes vous, on suit le loup et on voit où ça nous mène? Ou on continue de chercher des indices en fouillant le secteur à la loupe? Si je peux vous conseiller, le cadavre ne doit pas être loin, et si on suit la piste de l'odorat de Whiteghost, il pourra nous y amener...

Je n'arrivais pas à croire que nous tombions aussi vite sur un "problème". Ou plutôt que nous n'en étions pas loin. Des traces de sang. Et en grande quantité. Une bête qui aura sans doute été trop faible en ces temps troublés. C'est sans doute le sort qui nous attendait également si nous étions les prochaines proies alors que nous nous prétendions les chasseurs. L'aventure à peine débutée paraissait plus risquée encore que je n'aurais pu l'imaginer. Etait-il vraiment prudent se rester toute une nuit dans les Marais ? Déjà qu'en temps normal, il ne serait pas venu à l'esprit de tous de faire pareille folie, mais là ! Cela s'apparentait presque à un suicide.

En entendant le nom du père de Vani, je levais les yeux. J'esquissait un sourire voulant détendre l'atmosphère. La pire des choses à faire qui nous mènerait à notre mort aussi sûrement que je portais avec fierté le nom Féral, était de commencer à paniquer.

- Tiens donc. Seriez-vous également un croyant de ce Dieu que j'adore ? Je ne crois pas avoir rencontré beaucoup de gens l'adorant d'ailleurs. Il faut dire tout simplement que je ne parle pas souvent religion avec autrui.

Tandis que je lui parlais, j'observais les réactions du loup qui l'accompagnait. J'avais confiance en ses capacités et malgré mes facultés animales, son aide n'était pas de refus. Et justement, la bête au pelage clair avait trouvé une piste. Foncer à la suite ou jouer la carte de la prudence ? Hmm...

- Je préfère que nous cherchions les restes de ce qui a servi de repas ou simplement de jouer à cette créature.

J'avais donc choisi la seconde option. Nous n'étions pas si pressés. Le tout étant déjà de ne pas rendre visite à Nayris. Mon but n'était pas de me lancer dans des tueries de tous les "monstres" du Marais. Ce n'était pas tant des monstres jusqu'à récemment. Sans vouloir me faire le protecteur de l'assassin, ils étaient aussi des victimes dans cette histoire. Nous ne tuerions que si nous y étions forcés pour sauver notre vie. C'est pourquoi, je préférais aller étudier le cadavre. Les morts aussi parlent et ont beaucoup de choses à nous apprendre.

- Nous approchons...

Je le sentais à l'odeur et cette fois, nullement besoin d'être un animal pour le savoir. Même un humain aux capacités olfactives pourtant restreintes aurait pu sentir l'odeur du corps qui entrait en décomposition. Il tenait presque du miracle que quelque charognard n'était pas venu chercher ce met qui s'offrait à eux. Je pensais déjà savoir pourquoi. Pour un humain, peut-être cela n'était-il pas perceptible mais un animal devait sentir qu'il y avait quelque chose d'anormal dissimulé dans cette odeur. Comment dire ça ? Comme un... poison ? Et encore. Même pas. Les poisons pouvaient parfois être inodores. De plus, quel intérêt de tuer une bête par ce biais. Il serait impossible de la manger.

- Je ne sais pas toi, mais moi... je n'en ferais pas mon repas, dis-je en m'adressant au loup. Je me tournais ensuite vers mon compagnon de route pour cette quête, afin de lui expliquer. Nous sommes dans le Marais de la Désolation. Et même dans un environnement autre que celui-ci, c'est un phénomène courant. Il est anormal qu'aucune autre créature ne soit venu achevé ce repas tout offert. Aussi, par précaution, je vous conseillerais de ne pas y toucher. Je ne parle pas que de vous en nourrir mais juste... ne pas entrer en contact avec. S'il y a quelque chose d'anormal, je ne sais pas quel est le fonctionnement. Evitons tout geste imprudent.

Dixit celle qui s'approchait justement de la dépouille de la pauvre chose. Je n'étais pas très confiante quant à ce que je faisais, mais je faisais attention. Je ne voulais pas utiliser mon arme de peur qu'elle n'en subisse des dégâts peut-être irréversible mais il me fallait des échantillons. Peut-être les membres de la famille en sauraient-ils plus à ce sujet. Ou du moins, un début d'idée, une hypothèse à laquelle je n'aurais pas pensé. Je réfléchissais parfois trop. Certains d'entre eux se prenaient moins la tête que moi et cela permettait parfois d'y voir plus clair et de trouver une solution.

Réfléchissant à voix haute, je gardais le regard rivé sur le corps.

- Hmm... Il me faudrait de quoi découper un morceau de ce cadavre, que j'ai un échantillon et aussi de quoi l'emballer... Et tout ça, sans utiliser nos armes de préférences...

Le terme du Dieu Exios avait retenu l'attention de Leyna, cétait une expression que le jeune homme disait souvent lorsque des événements pouvant le dépasser faisait face au jeune baron. La duchesse appréciait beaucoup ce Dieu également, en même temps que dire d'autre sur Exios, influent, élégant et surtout d'après la rumeur, un Dieu vivant. Haestrom avait eu la connaissance de ce Dieu très jeune, lorsqu'il était encore petit seigneur sous la coupe de son père. C'était le chapelain qui lui faisait un cours sur les Croyances et Religions, ce qu'ont pu dire, c'est qu'il avait loupé son coup, la famille Winterbear préférant que leur descendance soit des hommes pieux et vénèrent des cultes respectables dans les normes de la noblesse.

-La religion est un sujet dont on ne peut très peu parler... Du moins si vous voulez garder vos amis, et vos proches... Un peu comme la politique...

Leyna hésita quelques instants puis décida qu'on ne suivrait pas Whiteghost, Haestrom tenta de le rappeler, une fois, deux fois, faillit une troisième fois puis se dit qu'il reviendra de lui même. Il la suivit donc, en espérant ne pas tomber sur une mauvaise surprise, jusqu'à ce qu'une odeur vienne pîquoter ses narines, assez horrible pour que Haestrom trouve des mots pour la décrire, juste imaginez la nourriture que vous détestez le plus pour son odeur et accentuez là trois fois plus. Leyna déposa la thèse du poison, et déconseilla Haestrom et Whiteghost de s'en approcher et même de le toucher. Leyna était mignonne dans sa façon de l'exprimer, Haestrom aurait bien répondu avec ironie que ça tombait bien de tomber là dessus car il avait justement faim, mais il se ravisa, peut-être ça serait mal passé au vue du festin que lui avait offert la Kitsune.

Elle cherchait un objet pour prendre un échantillon de ce cadavre, et Haestrom remercia sa bonne étoile qu'il ait toujours un arc sur lui qui ne lui sert jamais. Bien sûr il devait éviter de gaspiller ses armes, mais une flèche sorti de son carquois ne reste pas une grosse perte. Il se rapprocha du cadavre, avec sa flèche et tenta d'en prendre un morceau avec... Bien sûr les flèches n'étaient pas spécialement faîtes pour couper les membres, mais il fallait faire avec, il s'attaqua alors à la partie la plus fine de la bête, soit ses ses pâtes et essaya de la détâcher du reste du corps et par chance, le corps était quasiment décomposé... Ce qui lui permit par le simple contact de la flèche de séparer le bout de patte du reste du corps. Il se saisit alors d'une deuxième flèche et demanda à Leyna de prendre le reste des flèches et de les tenir. Il se saisit alors du morceau et le plaça dans le carquois à la place des flèches.

-Je le jetterais lorsqu'on en aura plus besoin.. Néanmoins, il y a quelque chose de bizarre, le sang n'a pas totalement coagulé et le corps est déjà en décomposition... Quoiqu'il en soit, je ne sais pas vous, mais je n'ai pas envie de traîner plus longtemps dans ce coin là surtout que la nuit approche. Qu'en dîtes-vous?

Il regarda alors Leyna qui était encore encombré avec les trois flèches restantes, il les repris et les tint dans la même main qui tenait le carquois en attendant sa réponse, peut-être voulait-elle encore enquêter pour en savoir plus.

Je le vis s'approcher et ouvris la bouche pour répliquer, de peur qu'il fasse quelque chose qui ne le mette en danger. N'avait-il pas écouté mes conseils ? Toutefois, je me retins lorsque je le vis découper une patte du bout de la flèche. Et allons bon Leyna. Ce n'est pas un enfant tout de même. Il doit bien savoir un minimum ce qu'il fait.
Aussi, je le laissais faire à sa guise et gardais les autre flèches soigneusement dans mes bras tandis qu'il entamait la délicate opération d'attraper le morceau de patte et de le placer dans le carquois. Dire qu'il allait devoir s'en débarrasser après... Je gardais à l'esprit de lui en offrir un autre en retour pour le sacrifice de celui-ci.

Lui rendant les autre flèches, je souris, un peu plus détendue d'avoir fini cette partie. C'était au moins une bonne chose de faite.

- C'était une très bonne idée ! Je suis tout de même désolée que vous ayez dû utiliser votre carquois.

Puis, regardant un rocher, j'attendis qu'il ait fini de parler avant d'aller m'asseoir. En effet, je pouvais d'ores et déjà rentrer chez mon oncle avec l'échantillon ou non... plutôt me diriger à l'Ouest, vers les Terres Infectées. Ma famille m'y attendrait sans doute. J'avais déjà une ébauche en tête de la marche à suivre et je pris donc le temps de lui exposer et voir si cela lui allait.

- Certes, si vous préférez vous éloigner, cela est compréhensible. Si ce n'est du Marais, au moins du corps, fis-je en jetant un oeil aux restes. Mais voilà comment je voyais les choses plus ou moins. Passer au moins la nuit dans le Marais de la Désolation ou au pire si vous refusez, à proximité, pour voir ce que nous pouvons apprendre du comportement nouveau de ses habitants. Peut-être n'aurons nous l'occasion de ne rien voir mais qui ne tente rien n'a rien. Après cette nuit, je pensais de toute manière reprendre la route.

Je marquais une pause, me demandant comment lui présenter la chose. Je ne voulais pas trop lui en demander. Il avait déjà assez fait et plus encore s'il acceptait de passer la nuit. Me passant une main dans les cheveux, je tournais et retournais la chose mais je me rappelais finalement ce qu'il m'avait dit au domaine. D'être moi-même. Aussi, n'ayant pas trouvé de façon appropriée d'annoncer la suite, je le fis avec le naturel qui m'était coutume et non pas comme une duchesse aurait dû le faire.

- Après, c'est selon votre choix. Nous pouvons faire encore route ensemble comme nos chemins peuvent se séparer. Deux solutions. Je récupère l'échantillon et vous indique la route du village le plus proche. Là, vous demanderez que l'on vous prépare un cheval pour pouvoir regagner plus aisément mon domaine. Dites simplement que c'est la duchesse qui vous envoie. Ou alors, vous êtes bien un peu fou et m'accompagnez jusqu'aux Terres Infectées pour une exploration un peu plus poussée.

Je ne lui laissais pas le temps de digérer avant de rajouter.

- Ah et... j'espère que vous ne craignez pas de rencontrer ma famille. Certains d'entres eux seront de la partie. Mais n'ayez crainte. Puisque vous êtes avec moi, vous ne risquerez rien.

Voilà, maintenant il savait tout. Il avait en main toutes les informations pour décider de son propre chemin. Deux étapes. Deux décisions. Plusieurs possibilités. Dormir au Marais ou à l'extérieur. Venir aux Terres Infectées avec moi ou repartie seul pour le domaine. Je lui laissais le temps de la réflexion et m'étirais paresseusement, me remettant à l'écoute. Il serait bête de se faire attaquer maintenant parce que nous avions relâché notre vigilance.

Lorsque Haestrom récupéra les flèches, il sentait Leyna légèrement soulagé qu'il aille bien et ait fini son opération de récupération d'échantillon. Il répondit à la jeune dame à propos de son carquois.

-N'ayez crainte, ça doit bien faire quatre ans que je l'ai en ma possession et le nombre de fois que je m'en suis servis doit pouvoir se compter sur deux mains.

Elle s'assit avant de m'expliquer la suite du plan, elle m'offrait un total de quatre choix, qui allait de fuir cet horrible endroit à passer une nuit à la belle étoile pour en découvrir un bien pire. Le pire dans ce dernier cas était de faire la connaissance des autres membres de la famille Féral qui devrait se trouver à destination. Il avait l'impression de revenir en enfance lorsqu'il devait être bien présenté et très poli devant les nobles qui les recevaient, sous peine de ne pas avoir de souper au prochain repas à la baronnie.

Il se mit à réfléchir quelques instants, en ayant toutes les cartes en mains, avant de faire quelques pas plus loin, l'odeur était infecte, et avait dû mal à réfléchir sur autre chose, il avait la même dans son carquois, mais c'était tout de suite moins gênant pour lui et très certainement les quadrupèdes qui l'accompagnaient et à l'odorat encore plus perfectionné.
Il pensa alors à partir puis imagina la tête du duc, au cas où Haestrom reviendrait sans aucune information, il devait être clair pour le jeune homme qu'il n'aurait pas envoyé un vassal à des lieux de sa forteresse pour jouer au protecteur. Haestrom avait laissé la baronnie à l'un de ses seigneurs, qui devaient s'en occuper comme-ci il tenait une pierre précieuse entre ses mains. Il annonça donc sa décision à la duchesse.

-Et bien dans ce cas, nous irons à l'ouest demain voir votre famille qui pourra peut-être nous éclaircir sur le morceau de viande que l'on a dans mon carquois. Néanmoins, si on peut juste s'éloigner de ce cadavre pour pouvoir respirer librement, du moins le bon air nauséabond du marécage. dit-il en souriant.

Ils trouvèrent donc un endroit plus calme et accueillant que les environs du cadavre pour se reposer. Haestrom tenait la main sur la poignée de son arme, le lieu est propice aux attaques, et il avait entendu la rumeur que des habitants de Terra banni trouvait refuge dans ce lieu éloigné et non propice aux visites de gardes officiels.

-Il faudra dormir avec la luminosité de la lune, si on fait un feu, ça risque d'attirer l'attention sur nous. Certes on veut savoir ce qu'il se passe, mais ce n'est pas une raison pour vouloir devenir le centre d'intérêt de tout les monstres qui ont élu domicile dans le coin.

Il appela Whiteghost pour qu'il vienne se reposer auprès de son maître, et l'agrippa pour lui signaler qu'il n'y aurait pas de chasse au gibier ce soir. Du moins qu'en cas de nécessité absolu. Il reprit la parole:

-Je prendrai le premier tour de garde, vous pourrez ainsi vous reposer en première Ma Dame... Je veillerai sur votre sécurité comme-ci c'était la prunelle de mes yeux, et je peux vous assurer que de ce côté là pour vous enlever tout doutes, je ne souhaite pas devenir aveugle ou borgne.dit-il en souriant pour détendre l'atmosphère dans l'obscurité lugubre grandissante.

Nous nous éloignons de l'odeur qui comme il l'avait souligné n'était pas préférable à celle de Marais. Trop concentrée sur mes projets, j'y avais moyennement fait attention mais il est vrai que maintenant qu'il relevait la chose, je sentis mon nez commencer à me brûler.
Nous nous installâmes donc plus loin, où il ferait meilleur de passer la nuit car le Baron avait effectivement décider de la passer ici. Courageux cet homme, je devais le reconnaître.

- Je pourrais dire que je vous fais confiance, ce qui est partiellement vrai. Appelons ça de la prudence mais comprenez qu'une part de moi ne peut confier ma vie à une personne que je viens de rencontrer aussi respectable soit-elle.

Je lui adressais un sourire lui faisant comprendre que malgré ce que je venais de dire, sa présence ne me rendait pas le moins du monde nerveuse. Jouant avec l'une de mes manches, je pensais déjà à demain. Il acceptait également de m'accompagner. Mais cela poserait-il problème ? Cela dépendrait de l'humeur d'Anima. Pour peu que je lui explique qui est cet homme, il ne lèvera pas la main sur lui. D'un autre côté, il ne paraît pas quelqu'un de faible, même lorsqu'on le regarde. Or, ce cher Tonton apprécie les gens forts à leur juste valeur. Oui, je doute que les choses tournent mal. Au pire, je m'interposerai.

Cette petite réflexion m'avait malgré tout fait soulever une question que j'étais titillée de lui poser. Ne serait-ce pas jouer avec le feu ? Ce n'était qu'une question après tout. Le loup d'Haestrom me regardait et je le regardais en retour. Je tendis la main, hésitais un instant. J'avais beau être moi aussi animal, cela n'allait pas forcément me rendre plus amicale à ses yeux. S'il ne m'attaquait pas, c'est peut-être tout simplement que son maître ne le lui avait pas ordonné. Pouvais-je le toucher ? Finalement, je tentais d'approcher tout doucement, lui montrant que je n'avais aucune mauvaise intention et de même que je tentais ce geste, je me jetais à l'eau et lui fis part de mon interrogation.

- Dites-moi Baron... Puis-je me permettre de vous demander ce que vous pensez de ma famille ? Mais sincèrement. Je veux dire, vous allez tout de même les rencontrer demain. De plus, vous venez très loin, et je ne suis pas sotte ou naïve pour savoir que le nom des Féral n'attire pas que la sympathie.

Je ne regardais pas l'humain, mon regard rivé vers le loup, dans l'attente d'une réaction, comme j'étais en fait dans l'attente de celle de ce premier. Situation parallèle. Ou le loup ou le Baron ou les deux allaient-ils m'attaquer ? L'un comme l'autre qui n'avait jusqu'à présent montré aucun signe d'agressivité envers moi, allaient-ils changer d'avis ?

La Kitsune garda son sérieux devant les paroles du baron et en vint même à contrecarrer les bases de la survie en milieu hostile. Il n'y aurait pas de tour de garde avait décidé la duchesse, les deux protagonistes devraient ainsi rester éveillés toute la durée de la nuit en priant Exios pour qu'il leur accorde sa bienveillance durant toute la nuit. Le baron était prêt à proposer une nouvelle alternative quand Leyna posa au baron une question par rapport à sa famille: les Féral. Son regard était posé sur le loup, uniquement sur le loup. Puis il prit son courage à deux mains pour répondre à la duchesse sur cette question délicate.

-Je vous rassure Ma Dame, le nom de Féral n'attire pas de sympathie tout court. Il n'y a que de la crainte et de l'incertitude qui sonne dans ce nom. Vous êtes directement lié à l'empereur, et vous êtes connus pour être des démons, dans tout les sens du termes. On peut entendre toutes sortes de choses sur vous, et malheureusement je peux vous assurer que ça ne blanchit pas votre image... Viol, violence, tuerie...

Il marqua une légère pause pour finalement reprendre brièvement:

-Je pourrais dire tout les "on dit que" que j'entends, mais j'aimerai bien ne pas finir assassiné par une Kitsune dans un endroit aussi isolé. Surtout qu’apparemment depuis que j'ai rencontré une fameuse Leyna Féral, ses ouï-dire se révéleraient finalement complètement faux.

Que pouvait penser Haestrom sur la famille de la duchesse sans les avoir rencontrés, ce serait être un homme qui n'a aucune personnalité et qui suit la pensée de tout les habitants de Terra. Après tout, il se pourrait qu'il apprécie la mentalité des démons, et se sentirait à l'aise à leur diabolique contact. Il conclut donc de la sorte:

-Je ne peux vraiment vous dire ce que je pense de votre Famille Ma Dame, je peux juste vous dire ce que votre nom m'évoque... Je ne me respecterais pas si mon avis devait ressembler à ceux que les gens disent sans même vous avoir rencontrer.

Il termina de répondre à la duchesse sur ces paroles tout en caressant et regardant son pendentif.

Je l'écoutais attentivement sans l'interrompre pensant suite à ces premières paroles qu'il était peut-être fou qu'il vienne vraiment dans les Terres Infectées où se trouverait une partie de ma famille. J'avais moi aussi déjà entendu pas mal de choses sur les Férals mais se l'entendre dire par quelqu'un de façon directe et non pas par un simple murmure entre deux personnes que vous aviez surpris... c'était autre chose. Pas pire, juste différent.

Cependant, lorsqu'il reprit, c'est dans un sens plus positif que je ne l'aurais cru étant donné le chemin qu'avaient emprunté ses mots. A la fin, esquissant un sourire, je me décidait finalement à risquer une main sur la tête du loup, le caressant gentiment.

- Je vois. Vous êtes quelqu'un de sage. Non pas pour ne pas m'avoir offusqué. Ne vous en faites pas, je ne vous aurais pas tué. Votre ami m'aurait arraché le bras avant.

Je fis un clin d'oeil au loup, un peu plus détendue. J'avais bien fais de poser la question. Qu'il soit positif ou négatif, un avis sincère ne pouvait qu'être bénéfique. Aussi, c'est en conservant mon sourire que je repris la parole.

- Vous êtes sage disais-je parce que vous ne vous fiez pas aux dires des autres personnes et préférez voir par vous-même. On a beau dire que c'est le mieux, pas tout le monde le fait vraiment. Evidemment, j'ai mon propre point de vue sur ma famille. On ne voit pas les même choses de l'extérieur et de l'intérieur. Je connais leurs défauts, mais je sais aussi leurs qualités.

Portant la main au dessus de ma poitrine, je caressais le tatouage qui symbolisait mon appartenance à cette famille. Si je pouvais faire passer au monde ce message. Je suis certaines qu'un peu partout des gens eux aussi ont une façon de voir les choses similaire à la mienne.

- Les gens qui voient simplement en nous ce genre d'actes que vous avez cités, ou des sentiments comme la haine ou la peur, toujours associé au mot démon lui-même associé à AT... ils ne voient que les mauvais côtés. Mais autant la famille peut traîner une mauvaise réputation pour certaines personnes, autant elle a ses qualités. Certains semblent avoir oublié que les qualités se trouvent aussi chez les démons, ou les partisans de l'Empire, tout comme ceux qu'ils considèrent comme bon peuvent avoir de gros défauts. Je n'adhère pas à cette manière de voir le monde comme tel camp ou telle race qui soit "les gentils" et l'autre "les méchants". Le monde n'est pas noir ou blanc. Les gens ne sont pas noirs ou blancs. Et la notion de bien et de mal n'est pas une limite fixe.

Lorsque je me rendis compte que je parlais depuis plusieurs minutes déjà, je toussotais un peu gênée puis je fis quelques pas, tournant le dos au Baron en espérant que la nuit réussirait à dissimuler partiellement ma gène. Brillante idée que de parler de notion de bien et de mal dans le marais de nuit. A croire que je lui fais un discours...

- Désolée, c'est juste que le sujet me tient à coeur... Mais j'ai déjà abusé en prenant de votre temps. Il vaut mieux nous reposer. La route jusqu'au camp va nous demander quelques heures mais nous ne savons pas si elle sera périlleuse ou non et jusqu'à quel point. Je vais faire un petit tour pour réfléchir et je regarderai en même temps si je ne sens pas de danger alentour.

Sur ce, sans lui laisser le temps de protester, je partis. J'avais besoin de prendre un peu l'air bien que nous soyons déjà dehors. Disons plutôt d'apaiser mon esprit. C'est ça de s'enflammer sur un sujet et encore, je me suis bien retenue. Ah là là Leyna. Allons bon, il vaut mieux que je me détende un peu et que je retourne auprès de lui sans trop tarder. La journée de demain risquait d'être longue entre le trajet et la rencontre d'Haestrom avec les Férals.