Le silence. Le vent qui se levait. Il n'y avait pas à dire. Les plaines étaient bien calmes aujourd'hui. J'avais fini par prendre un certain rythme de vie. Et je pouvais me permettre sans trop de problèmes de coupler mon travail à la guilde avec mon activité de rebelle. Au début, ce n'était pas facile, mais je pouvais désormais facilement suivre. Mon voyage me conduisait cette fois-ci dans les vastes plaines de Terre, où je devais d'une par aller chercher un livre assez rare dans un petit village de moins de 200 habitants. Ceci pour la Confrérie des Brûmes. D'autre part, ma mission était de vérifier certaines rumeurs comme quoi des pro-AT faisaient du marchandage dans les environs. Un marchandage plutôt intéressant semble t-il. Si les rumeurs étaient fondées, y mettre fin.

Le village était un peu plus loin et je m'y étais déjà rendu, ayant fait un rapide tour des lieux. Puis, j'étais ressorti et avais pris ma forme de renarde à l'abri des yeux, avant de commencer à me promener un peu. Je pouvais bien m'accorder une petite heure ou deux afin de me détendre. Tandis que je marchais, réfléchissant déjà à comment j'allais m'organiser, je vis que les herbes s'assombrissaient. Je levais le museau vers le ciel et constatais qu'un nuage dissimulait le soleil, l'empêchant ainsi d'éclairer la plaine. Dans un même temps, un vent plus fort se leva, ébouriffant un peu ma fourrure. Un vent qui ne retombait pas. Je n'étais pas superstitieuse en général mais...

- On croirait presque un présage. Comme s'il allait se passer quelque chose...

Leyna ? Attendez... je connaissais cette voix. Je tournais vivement la tête vers celui qui venait de prononcer mon nom. Pas de doute possible. C'était bien mon Chef ! Que faisait-il ici ? Mais j'aurais bien le temps de lui poser la question plus tard. J'étais ravie de le voir. Je repris ma forme humaine et lui adressais un grand sourire.

- Cheeeeeef ! Ca faisait si longtemps ! Evidemment que c'est moi ! Il s'est passé tant de temps pour que tu ne me reconnaisses plus ?

Certes, j'avais un peu changé physiquement. Mes cheveux étaient devenus plus clairs, et paraissaient avoir des reflets blonds. De même, j'avais également coupé mes cheveux qui m'arrivaient désormais à quelques centimètres au dessus des épaules. Peut-être quelques autre petits changement. Mais je pensais bien être toujours la même. Toutefois, quelque chose me dérangeais. Mais pas chez moi. Je tiltais en voyant son sourire. C'était... faux. J'espère bien qu'il ne pensait pas me duper de cette façon, je risquerais de mal le prendre. Jenaël... penses-tu que je ne te connaisses pas assez pour savoir que tu mens dans ton attitude ? Quelque chose ne va pas... J'avais très légèrement froncé les sourcils l'espace de quelques secondes mais repris rapidement mon sourire, et ma bonne humeur habituelle, même si j'étais en train d'y penser.

- Et oui, je pense que nous devrions aller discuter ailleurs av...

Je sentis une goutte d'eau rouler le long de ma joue. Non non, je ne pleurais pas. Mais ce n'était pas le cas du ciel qui n'allait pas tarder à déverser sur nous un torrent de larmes. Puis une autre goutte. Et encore. Il commençait à pleuvoir. Attrapant le bras du Clamerian, je me mis à courir vers le village que j'avais visité plus tôt.

- Dépêche-toi ou on va être complètement trempés !

Je fus un peu surprise lorsqu'il se dégagea de mon étreinte. A l'accoutumée, lorsque je l'embêtais parfois juste pour jouer, il ronchonnait, se montrait agacé, mais c'était là nos petites habitudes. Notre quotidien. Rien de bien méchant, juste de simples taquineries. Hors, cette fois il s'était montré plus doux, calme mais froid. J'aurais presque cru qu'il cherchait à fuir le contact. Je devais avouer que ça m'avait un peu... choqué. Il n'était vraiment pas dans son assiette. Je regardais un instant ma main. Puis, faisant mine de rien je gardais mes mains dans mon dos et marchais joyeusement à sa suite, tandis qu'il se dirigeait vers l'une des tavernes. Voyant qu'il traçait son chemin vers une table déjà choisie, je me contentais de le suivre en silence.

Je pris place en face de lui, me creusant la tête sur la façon d'entamer la discussion. Chose inhabituelle une fois de plus. Je n'avais jamais eu à me torturer autant l'esprit. Surtout quand il s'agissait de parler avec mon Chef. S'il y avait bien une personne avec laquelle j'étais la plus naturelle possible, c'était avec lui. Malgré tout, aujourd'hui l'ambiance était pesante et si ce n'était pas Jenaël que j'avais en face de moi, j'aurais cherché à m'éloigner de cet air lourd qui m'oppressait. Comme une chance qui m'était offerte, ce fut lui qui prit la parole le premier. Mes cheveux ? Ah oui ! Il n'avait pas encore eut l'occasion de les voir avant aujourd'hui. Mais était-ce le bon moment pour parler de mes cheveux.... ? Qu'il le soit ou pas, en tout cas, ça me faisait vraiment plaisir qu'il me trouve belle. Rougissant légèrement agréablement surprise mais gênée à la fois, je replaçais une mèche mouillée derrière mes oreilles.

- Ah... Merci. Ca me fait plaisir... Vraiment.

Je me mordis soudainement la lèvre. Qu'est-ce que tu es en train de raconter Leyna ? Non. Je savais bien que ce qui allait suivre ne serait peut-être pas agréable certainement. Je ne sais même pas comment il va réagir. Au fond de moi, j'aimerais tant pouvoir continuer sur un sujet aussi léger. Cependant, je ne le ferais pas. Je ne pouvais pas.

- Je ne peux pas Jenael... Je ne peux pas faire comme si rien n'était alors que je vois bien que quelque chose ne va pas. Tu n'es pas comme d'habitude.

J'entendais la pluie tomber sur le toit qui nous abritait, créant un fond sonore qui n'empêchait pas les discussions. Ma voix avait été claire, audible non pour ceux qui nous entourait à cause de cette même pluie et de la distance vu que je n'avais parlé fort mais pour lui. Et seulement pour lui. Le Clamerian ne pouvait pas faire comme s'il ne m'avait pas entendu. Ayant baissé la tête quelques secondes de peur d'affronter son regard, je pris mon courage à deux mains et le regardait dans les yeux, où transparaissait de la tristesse mais surtout mon inquiétude pour lui.

- Je ne te demande pas de me raconter si c'est trop dur pour toi et que tu juges de toute manière que ça ne me regarde pas. C'est certainement vrai. Mais je te demande une chose. Ne te comporte pas avec moi comme si tout va bien alors que ce n'est pas le cas. Ne me mens pas là-dessus.. Jen...

[Désolée, le début du poste est pas terrible. ^^']

Le fait qu’elle rougisse à mon compliment m’aurait probablement fait sourire si je n’avais pas été dans un tel état. Et comme si ça ne suffisait pas, elle insistait pour que je lui dise ce qui n’allait pas. Je soupirais. J’aurai préféré attendre d’aller mieux pour lui en parler mais visiblement … Ça n’allait pas être faisable. En même temps, je me doutais bien que je ne pourrai lui cacher ça pendant bien longtemps. Pff … Que c’était compliqué. D’un côté, si je ne lui dis rien, je vais continuer à l’inquiéter et de l’autre … Elle risque également de s’en faire si je lui dis tout. Alors que faire ? Je n’avais pas envie qu’elle s’en aille. Je n’ai plus qu’elle. Je dois pouvoir lui faire confiance et elle aussi … Si je la perd, si je me retrouve à nouveau seul, je n’aurai plus aucune raison de vivre. Plus aucune. Je remuais le vert que j’avais commandé avant de le boire d’un trait. De l’hydromel. Boire vite n’était déjà pas beaucoup dans mes habitudes mais … Boire alcoolisé, ça l’était encore moins. Mais cette fois, je fais comme la plupart des autres personnes qui vont mal, je noie mon chagrin dans l’alcool. C’est bien ce que l’on fait à chaque dois, non ?

Je fixai mon regard dans celui de la Kitsune. De toute façon, maintenant, il m’était impossible de reculer. J’étais forcé de tout lui dire. Après tout, je ne suis pas un lâche et je n’aime pas avoir à me défiler. Bon, ma décision était prise. Elle voulait savoir ? Dans ce cas, je vais tout lui dire. Point par point :

« - J’ai … Fait une bêtises, Leyna. Même à moi, ça arrive. Je suis retourné à Glace … Pas seul. Avec Lara. Avec elle, je pensais que plus rien ne pourrait arriver. Plus rien de mal en tout cas. Je me suis trompé. Comme toujours. Finalement … »

Je respirai un coup avant de reprendre :

« - Elle est partie … Comme ça. Sans explications ; sans rien. Je dois être maudit. Je ne vois rien d’autre. Suis-je à ce point détestable ? Pourquoi toutes les personnes qui me tiennent un tant soi peu à cœur, finissent toujours par disparaître ? Pourquoi ? Je suis perdu, je ne sais plus quoi penser. Et toi, tu dois me trouver bien pitoyable. »

Mais oui c’est ça, continue Jen’. Comme si ce genre de discours allait la rassurer, tiens !

Ne pas m'inquiéter... Ne pas m'inquiéter... Ne pas.. RAAAAAAAAAAAH Mais comment voulez-vous que je ne m'inquiètes pas ?!!! Je n'avais jamais vu aussi loin que je m'en souvienne ou alors pas devant moi ou dans un cas exceptionnellement exceptionnel Jenaël A. Venceslas boire un verre aussi vite. Et ma parole, retenez moi. C'est bien ce que j'ai entendu qu'il a commandé ?! C'est bien ce que mon odorat a senti ?! De l'hydromel... De l'alcool... Ha ha ha... Jen.. qui boit... de l'acool... Vous me direz, quoi de surprenant ? Et alors ? C'est un homme adulte et... Mais je m''en fiche de ça !!! C'est Jenaël quoi ! Si là, ça ne se voyait pas qu'il n'agissait pas comme d'habitude, je ne sais pas ce qu'il faudrait !

Je regardais le verre vide en espérant fortement qu'il le resterait. Ca j'y veillerai. Il était hors de question qu'il emprunte cette voie. Mais pour le moment, je préférais me concentrer sur lui. Ce n'est pas en étant moi-même paniquée que j'allais pouvoir l'aider. Justement, c'était le moment de me montrer le plus calme. S'il n'allait pas bien, je devais lui montrer qu'il avait quelqu'un de confiance sur qui s'appuyer. On était amis non ? Et comme s'il allait faire confiance à une personne qui est deux fois voir plus, paniquée que lui. Déjà, respire. Et écoute son histoire. Parce que le Clamerian qui parle de ses problèmes, c'est un autre point qui n'arrive pas si souvent. Je l'écoutais donc sans l'interrompre. Il y avait donc une fille ? Et qui plus est, il était repartie à Glace. Autant pour ce premier point, je ne m'y attendais pas car mon ami n'avait jamais montré un réel intérêt face à ce genre de chose. Si j'avais su plutôt, j'aurais pu les féliciter... Mais maintenant.
Quant au second point, il était tout aussi surprenant. Je ne pensais pas qu'il voudrait un jour retourner à Glace. Les rares fois où il m'avait parlé de chez lui, il n'avait pas mentionné la possibilité d'y retourner un jour. Digérant ce que je venais d'apprendre, je le regardais tandis qu'il finissait son discours. A peine eut-il fini que je secouais la tête avec force.

- Pourquoi voudrais-tu que je te trouve pitoyable ? Ce n'est pas le cas. Déjà admettons que tu ais fais une bêtise. Et quoi ? Parce qu'il t'est interdit de faire des erreurs à toi ? Ne répond pas oui parce que c'est faux. Personne n'est à l'abri des erreurs et selon la gravité, elles nous font plus ou moins souffrir... Nous ou notre entourage.

Je regardais un instant la boisson chaude que j'avais commandé mais que je n'avais pas encore commencé à boire. Je devrais peut-être car celle-ci avec le temps, se refroidissait peut à peu. Regardant mon visage qui se reflétait vaguement dans le liquide, je poursuivis mon discours. Je n'étais pas douée pour les sujets sérieux, c'est sûr. Mais j'avais une chose pour moi, c'est que je disais vraiment tout ce que je pensais. Même s'il n'était pas d'accord avec ça.

- Je ne pense pas que retourner à Glace ait été une erreur. C'est visiblement un endroit où tu as plus d'une fois connu quelque chose de difficile. Je me trompe peut-être dans tout ce que je suis en train de dire, soyons d'accord. Mais ne pense pas de cette façon. Tu finirais et je crois que c'est déjà le cas, par repousser cet endroit car tu aurais peur qu'il arrive encore quelque chose. Hors, je ne veux pas que tu le rejette. Peut-être pas tout de suite parce que tu n'es pas prête, mais il faudra que tu y retourne.

Puis, esquissant un sourire doux, je levais à nouveau la tête vers lui. Etrangement, pour cette fois, je ressentais le besoin de protéger cette personne qui se montrait en général si forte. Il avait lui-même dit être perdu et je voulais veiller sur lui, jusqu'à ce qu'il retrouve son chemin. Cette pensée me fit elle aussi sourire. J'étais prête à assumer le fait de me montrer sérieuse autant que ce sera nécessaire, parce que je ne voulais pas que mon ami s'arrête d'avancer. Peut-être est-ce égoïste, mais je voulais le retrouver comme avant, non... même mieux qu'avant, qu'il en ressorte plus fort.

- Quant à cette fille, Lara. Tu dois beaucoup tenir à elle pour que je te retrouve dans un état pareil. Je ne sais pas pourquoi elle est partie. Mais tu sais, ce n'est pas pour autant que c'est fini. Aujourd'hui ça te fait souffrir. Demain, toujours peut-être. Mais avec le temps, les moments que tu as passé avec elle deviendront d'heureux souvenirs que tu chériras. Parce rien ne peut effacer ça.

Je comprenais parfaitement ce qu'il voulait dire. Parfois, il fallait juste... un nouveau départ. De même, je voyais bien que malgré ce que je lui dirais, il n'était pas dans les meilleurs conditions pour accepter de retourner à Glace de sitôt. Aussi, je crus bon de ne pas insister davantage. Il lui fallait déjà tourner la page sur ce qu'il s'était passé et reprendre courage. Or... je ne savais pas du tout comment je pouvais l'y aider. Continuer à parler de ce sujet délicat ? Ne plus l'aborder pour le moment et changer de conversation ? Compatir et me montrer moi-même triste de ce qu'il lui arrivait ? Rester joyeuse au risque qu'il ne croit que je ne prenne rien au sérieux ? Décidément... il n'y avait pas plus difficile pour moi. Que dire à un ami qui va mal ? Il était attentionné et ne méritais pas de souffrir autant. Ce sont souvent les bonnes personnes qui trinquent. Soupirant, je me décidais à reprendre la parole, ne voulant pas laisser le silence s'installer. Un silence où il risquait de se morfondre.

- Je vois ce que tu veux dire... enfin, je pense comprendre. Sincèrement, je n'ai jamais connu cette situation pour pouvoir te conseiller quoi que ce soit. Je ne saurais dire ce qu'il est préférable de faire. Poursuivre cette conversation est peut-être en train de te soulager. Ou à l'inverse, te faire souffrir plus encore.

Je ne savais pas exactement où j'allais en prononçant ses paroles. Je tâtonnais. Erreur ? Ou pas ? Qui pourrait me le dire ? Personne à ce moment. Alors... je devais juste me contenter d'avancer. Comme d'habitude. Buvant d'un traite ma boisson, je fis une légère grimace. Le contenu de ma tasse était devenu froid... elle n'en était que moyennement buvable. Quelle idée ma belle d'avoir attendu aussi longtemps. Secouant doucement la tête, je me relevais et lui pris la main, voulant l'encourager à me suivre. Au moins, je l'éloignais de cette table et d'une possible chance de le voir prendre un nouveau verre d'alcool.  

- Je ne peux pas te promettre que tu vas oublier car je peux au moins me douter que ça ne se fait pas comme ça. Toutefois, peut-être au moins... l'espace de quelques secondes... te changer les idées. Te permettre de t'évader un peu. De te libérer de ces pensées noirs. Arrête de réfléchir. Coupe-toi de tout ! Juste un instant...

Tandis que je parlais, je l'entraînais rapidement dehors avant qu'il ne comprenne quoi que ce soit et n'essaye de s'esquiver. La pluie battante avait encore forci et je ne tardais pas à être de nouveau trempée. Mes cheveux blonds se plaquaient sur mon visage, et bientôt, je n'eus plus la sensation d'être mouillée puisque je l'étais déjà entièrement. Ce moment était le plus "dur". Une fois dedans, on pouvait bien rester des heures sous la pluie. Une fois aux abords de la ville, je relâchais sa main et me tournais vers lui, grand sourire aux lèvres.

- Ma fourrure risque de ne pas apprécier mais bon... on s'en fiche ! Viens jouer !

Sur mes mots, je repris ma forme de renarde. Alors là... fort Leyna ! Vraiment fort... N'avais-tu rien trouver de mieux à faire ? Mais justement... Il fallait se changer les idées. Arrêter de penser à longueur de temps. De se prendre la tête pour ceci et cela ! Stop à la fin ! On n'aurait l'air de deux idiots sous la pluie ? On risquait de tomber malade après ? La boue qu'il y avait un peu partout risquait fort de nous salir ? PEU IMPORTE ! Voilà ce que je vous réponds ! M'élançant à toute vitesse, je sautais dans la première grosse flaque de boue que je trouvais, ruinant mon pelage au passage. Mais c'était le cadet de mes soucis. Mon attention entière était rivé vers cet ami à qui je voulais à tout pris redonner le sourire. Et ce n'était pas en restant à se morfondre et à remuer le couteau dans la plaie que j'y arriverai ! Je plongeais mon regard dans le sien, lui faisant comprendre que malgré le puéril du jeu, j'étais tout à fais sérieuses dans mes intentions.

- Allez viens ! On va bien rire !

Je me roulais dans la boue lorsqu'il se décida à me rejoindre. Sur l'instant, je ne pus dissimuler ma... surprise. En toute honnêteté, le connaissant, je m'étais préparée à davantage de protestations. Mais ce n'était pas plus mal. Il... souffrait déjà assez pour qu'on ne soit pas obligés de débattre sur une chose pareille. A voir son expression quand il me regarda, j'aurais presque cru qu'il n'avait jamais essayé ce genre de bêtises dans sa vie. Si c'est le cas... il vaudrait mieux qu'il ne m'ait pas connu quelques années plus tôt lorsque je vagabondais avec les jeunes de mon espèce. Qu'a-t-on fait ? Il serait plus simple de demander ce que l'on n'a pas fait... Cette pensée me fit sourire tout comme les mots de Jen. Mais quant à cette première, je me dis que je n'encouragerai peut-être pas mon Chef à en faire autant. Ce serait trop lui demander. Rien que l'effort qu'il avait fais me touchait beaucoup, et pourtant c'était à lui de mieux se sentir.
Aussi, je me remis sur le ventre près de lui, mon éventail de queues se balançant joyeusement. Je passais ma langue dans son encolure, faisant la grimace à cause de la boue mais je voulais lui signifier que son geste m'avait vraiment fait plaisir. Je tentais ainsi de le toiletter quelques minutes mais c'était mal parti. La pluie avait plus vite fait d'enlever quelques traces sur son encolure, redonnant à son pelage sa couleur, plus que je n'aurais pu le faire moi-même. Aussi, je jugeais donc préférable de laisser les larmes des cieux s'en charger, lui donnant un petit coup de mon épaule dans la sienne, joueuse.

- Ne jure pas trop vite, Chef. C'est risqué face à moi et tu le sais très bien ! Et puis, franchement... est-ce aussi dégradant ? Nous sommes entre nous. Personne pour critiquer notre comportement et même si quelqu'un se permettait de le faire, je lui dirais ma façon de penser !

Evidemment. Rien. Je refusais que quoi que ce soit vienne lui faire du mal, peu importe la façon. Peu importe qui. J'ai dis vouloir le protéger jusqu'à ce qu'il aille mieux et je m'y tiendrais ! Parole de Kitsune ! Et la parole d'un Kitsune, c'est quelque chose de sacré. Ne le laissant pas en paix pour qu'il évite de ruminer, je pris un peu de boue avec ma patte que j'appliquais sur son museau me prenant pour une artiste. Tout en poursuivant mon oeuvre, je demandais rieuse.

- Alors Monsieur le Clamerian... à quoi voudriez-vous jouer aujourd'hui ? Il y a bien au moins un jeu ou une bêtise qu'il vous plairait de faire ! Dites dites et je ne rirais pas. Du moins... j'essaierais. Il ne faut pas promettre n'importe quoi !

Alors ça, je ne l'aurai pas cru aussi taquin ! Dire que je venais de retrouver une couleur potable... Oui, bon je l'avais bien mérité mais mais mais moi je dis que ce n'est pas juste parce que c'est moi qui fait la folle. Je fis une grimace sous ma forme de renarde, tirant la langue comme une enfant pour montrer que je n'étais pas d'accord et il pouvait être sûr que je lui rendrais la pareille. Puis, m'étirant paresseusement, je me mise à réfléchir. Il avait eut la gentillesse de se prêter à mon jeu, donc je pouvais bien le laisser se débarbouiller. Surtout que j'avais droit à une promenade après !

Oui, il ne fuirait pas. Je pense qu'il va un peu mieux et je ne peux que prier les Dieux pour que ça continue dans ce sens.

- Euh ! Moi je dis que je veux bien la promenade ! Ca fait tellement longtemps et puis à mon avis, le temps qu'il cesse de pleuvoir, le soleil ne tardera pas à se coucher. Une promenade nocturne après la pluie, quoi de mieux.

Je le regardais et tandis que je reprenais une apparence humaine je jetais un regard à mon bracelet et une idée me vint à l'esprit. Une idée complètement folle. Je lui dirai ce soir. J'espère que cette idée pourra achever de le rassurer. Qu'il sache que jamais je ne l'abandonnerai et que peu importe ce qu'il arrive, nous serons toujours lié l'un à l'autre.
Etait-ce juste l'idée d'une petite fille qui ne savait encore rien de la vie ? Etait-ce puéril ? C'est que je m'en posais des questions aujourd'hui. Mais ce n'était peut-être pas plus mal. L'expérience que Jenaël a vécu, peut-être en vivrais-je une similaire un jour. Qu'est-ce que ça fait d'être séparé d'une personne qu'on aime ? Ou trahis par elle ? Je ne sais pas. Pour moi, il n'y a que mes amis dont aucun qui m'a trahi et mes ennemis d'autre part. Que peut-on considérer comme une trahison ? Est-ce que le fait que cette Lara soit partie peut être vu comme tel ? Est-ce que si je ne reste pas auprès de mon Chef pendant un trop long moment, je serai une traîtresse moi aussi ? Je ne voulais pas qu'il me voit comme tel... Et s'il faut, pour ça, je resterai tout le temps non loin de lui.

- A...Atchoum !

Oups. Voilà ce que ça fait de jouer sous la pluie...

Je trottinais sur place pour éviter de prendre encore plus froid. Où pourrions-nous aller ? Je ne voyais pas vraiment d'endroit là comme ça... Retourner à la taverne peut-être ? Nous pourrons peut-être emprunter de quoi nous sécher. Ou alors, il faudrait trouver une grotte ou quelque chose dans le genre. Là, j'aurai pu y allumer un feu pour nous réchauffer. Mais y avait-il ça à proximité ? Le temps encore que l'on cherche... Hmm...

- Je pense que le plus simple est de retourner au village et de demander s'ils ont une chambre et des serviettes à nous passer. Ou au pire, payer pour une nuit. Comme ça, nous pourrons nous reposer si nous revenons tard de notre promenade.

Oui, pourquoi pas. Mais par contre... il nous fallait des vêtements aussi. Autant le fait qu'ils soient sales n'était pas ce que je craignais le plus, mais le fait qu'ils restent humides n'était pas mieux que de rester sous la pluie. Or, je n'avais pas d'autres vêtement avec moi et je n'avais pas vu le Clamerian avec quelque chose de similaire.

- Le temps que je réserve la chambre, tu penses que tu pourrais nous trouver des vêtements ? Je crois qu'il y a un marchand d'habits dans la rue parallèle à celle où nous avons trouvé la taverne. Il suffit traverse un petit chemin reliant les deux allées et c'est juste en face.

Je mimais le trajet dans le vide du bout du doigt en même temps que je parlais. Puis, je regardais dans ma poche et lui tendit une petite bourse. Je n'allais tout de même pas lui faire payer mes vêtements... Tirant la langue, j'ajoutais.

- Je te laisse libre choix pour mes habits. ~

Lorsque Jen et moi nous séparâmes, je perdis l'espace d'un instant mon sourire. Il fallait croire que j'en avais raté des choses pendant que je courais partout... J'espérais au moins qu'il n'avait pas juste amélioré son jeu d'acteur et que j'avais réellement réussi à lui rendre le sourire. C'était dur de le voir comme je l'ai vu dans la taverne. Ca me rappelait un peu... l'époque où j'étais arrivée à la Rébellion. Très réservé, qui souriait mais avec fausseté, toujours concentré sur le travail. A son contact, petit à petit je l'avais vu changer pour s'épanouir davantage. Mais il était hors de question qu'il fasse une rechute et certainement pas pour une fille !

- Allez Ley, il faut y aller. Si tu n'as pas encore pris les chambres quand il reviendra, il se demandera ce que tu as fabriqué.

Je m'étirais bruyamment, me tapotait les joues et repartie en courant vers le village. Non sans émettre un éternuement avant.

- Brrr... C'est que je prendrais vraiment froid moi !


- Désolée Mademoiselle, il ne nous reste plus qu'une seule chambre de libre...

- Dommage. Et vous ne connaîtriez pas une autre auberge par hasard ?

- C'est un petit village, fit-elle en tournant la tête de gauche à droite. Nous sommes la seule. Si vous cherchez une autre auberge, il faudrait vous rendre au plus proche village mais il vous faudra bien une bonne heure et demi de marche avant d'y arriver.

- Hmm. Je vais tout de même prendre cette chambre s'il-vous-plaît. On s'arrangera, répondis-je avec un sourire.

De toute façon, je prévoyais de ne pas dormir si l'on en venait à rester. Je préférais au moins pour ce soir, veiller sur mon Chef préféré. En parlant du Clamerian, je devrais peut-être retourner à la taverne adjacente à l'auberge avant qu'il ne revienne.
Quelle bonne initiative de ma part car à peine m'étais-je installée contre le mur que je le vis à l'angle d'un bâtiment, et me rejoindre. Je lui souris et lui fit un signe de tête vers l'auberge avec un demi-sourire parce que ma mission était à demi-accomplie.

- J'ai réservé les chambres. Enfin, plutôt la. C'était la dernière et il aurait fallu changer de village pour trouver une autre auberge.

Tout en lui expliquant la situation, j'entrais et me dirigeais vers la dite chambre. Elle était modeste mais au moins assez spacieuse pour qu'on ne se marche pas sur les pieds. Prenant le sac avec moi ainsi qu'une des serviettes empilée, je regardais un endroit où je pourrais me vêtir. Il y avait un petit coin qui faisait parfaitement l'affaire. Ne manquait qu'un drap ou un rideau pour fermer ce petit carré d'un mètre de côté mais ne soyons pas difficile.
Tapotant les cheveux du blondinet, je lui indiquais l'endroit.

- Je vais me changer là-bas alors évidemment tu ne viens pas voir sinon je me vengerai !

Je fis mine de prendre un air sévère, ce qui ne m'allait guère pour le coup. Après tout ce n'était pas n'importe qui, c'était lui. Juste, ça m'arrivait une fois tous les je ne sais combien de décennies de ressembler à une femme, à savoir de complexer pour un rien. Or, c'était le cas. J'étais sûre de ne ressembler à rien nue alors je préférais me cacher pour m'habiller. Ouuaaah, la nouvelle de l'année ! Leyna peut-être une fille elle aussi !