Terra Mystica

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 [Terminé] Il a peut être faim! [PV : Balthazar]

 
[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Lun 19 Aoû - 23:12
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-STOOOOOOP!

La colombe attrapa une meche de cheveux d'Eve et la tira en arrière.

- Aïe!
- Je ne ferais pas un mètre de plus!

Elle regarda autour d'elle; la foret dense de Drayame semblait sans fin.

- Orian, je n'ai vraiment pas envie de dormir dans cette foret...
- Eve, il nous faut encore plusieurs jours de marche pour en sortir! Et sans doute plusieurs semaines si tu continus de t’arrêter à chaque fois que tu croise une fleure, un arbuste ou un arbre!
- Tu es en colère?
- Tu parles comme une enfant!
- Je te demande juste si tu es en colère, c'est pas inhumain de vouloir se renseigner sur l'état d'esprit de son familier, si?

- Peut être, mais les gens normaux ne posent pas les questions aussi directement!

Attristée, Eve posa sa sacoche à terre en soupirant:

- Je n'y arrive pas Orian, c'est trop différent, illogique! J'adore la Vie sur Terra, le fonctionnement des humains me passionne mais... je n'ai pas l'impression de retrouver des gens de ma race, je trop différente d'eux, je ne les comprends pas.

- Oh, oh! Ralentit Eve! Tu es revenue il y a un mois à peine, sois patiente! dans quelques années tu te sera parfaitement adaptée! La colombe ajouta avec un air moqueur    Qui sait, tu sera peut être devenue une superbe aguicheuse dans Sen'stura, enchaînant les conquêtes!
Eve rougit, mal à l'aise.
- Je te vois bien directrice d'un bordel avec des...
- Orian! Elle se boucha les oreilles en protestant. J'avais dit que je ne voulais plus parler de ce genre de sujet, tu sais très bien que je n'aime pas ça!
- Et tu sais que j'aime ça!
- Va chercher des brindilles s'il te plait
- Brindilles ou grosse branche?

Eve ne comprit pas le sous entendu, lui demanda de faire de son mieux, et partit de son coté ramasser le nécessaire pour faire un feu consistant.
L'obscurité croissante de la foret l’inquiétait. Sans la lumière de la Lune, la nuit serait noire et elle allait devoir se réveiller régulièrement pour raviver le feu.

Elle revint sur leur lieu de campement improvisé et entreprit de lancer le feu. Ses tentatives infructueuse la ramenèrent dans le passé, cette nuit où Yehadiel avait fait naitre des flammes hautes et lumineuses, par la seule force de la magie. Aujourd'hui encore, elle était convaincue qu'il veillait sur elle, qu'il veillait sur les Hommes, qu'il veillait sur Terra.
"La Confiance est bien plus puissante que la Peur".

- Eve!!! Cours!
Orian apparut entre deux arbres, paniqué, et tourna autour de la tête de l'humaine sans se poser
- Allez, dépêche toi! Y a une grosse bête dangereuse!

Elle hésita
- Tu es sure qu'il est dangereus?
- Eve, cours, on en discutera après!
- Attends, il a peut être juste faim!
- Mais tu le fais exprès? Si il a faim, qu'est ce qu'il va manger à ton avis?
- Il me reste de la viande séchée dans mon sac, je peut toujours tenter.

La colombe poussa un piaillement d'impatience
- Qu'est ce qu'il faut que je te dise pour que tu bouge?
- Rien, je reste ici! Faut pas se fier aux apparences et juger les gens sans les connaitre, cette créature est peut être très sympathique.

La créature en question choisit cet instant pour signaler sa présence d'un cri sonore. Eve se retourna, découvrant le Shakcha à quelques mètres d'elle. "Très Sympathique" n'était sans doute pas le meilleur adjectif pour qualifier cet animal. Un peu plus d'un metre de haut au garot, mais doté d'un cou de la même taille, au bout duquel une tête reptilienne observait sa proie de haut. Son regard ne laissait aucun doute sur la pensée dominante qui devait occuper son cerveau. "Miam!"
- Pitié Eve, ne fais pas ça... Gémit Orian, à présent perché sur une branche, hors d'atteinte du reptile.
Ignorant son avertissement, elle se pencha doucement pour attraper un morceau de viande dans sa sacoche, sans faire de mouvement brusque, et le tendit en direction du Shakcha.
- Bonsoir toi... Tu as faim? Regarde ce que j'ai pour toi, ça à l'air si bon!
Le monstre la regarda un instant, intrigué par le comportement de sa proie.
- N'aie pas peur, viens là. L'encouragea Eve, convaincue d'avoir calmé la bête.

Comprenant que l'humaine ne fuirait pas, le Shakcha s'avança tranquillement, ouvrit grand la bouche pour la refermer sur le bras d'Eve. Celle ci réalisa au dernier moment qu'il ne se contenterais pas de la pièce de viande et bondit sur le coté, évitant de justesse les crocs menaçants.
- Mince mince mince Orian, il veut me manger!
- Non? Tu crois? Comme s'est étonnant! Cours maintenant!

Maintenant qu'Eve s'était dérobée une première fois, le Shakcha se fit beaucoup plus agressif. Elle n'osant lui tourner le dos pour fuir, elle tentait d'utiliser les arbres pour se protéger des coups de griffes, improvisant complètement sa défense sans la moindre stratégie, et sans aucune idée pour se sortir définitivement de cette situation.

- Tout doux, tout doux! Ecoute, je comprend que tu ais faim, mais ce n'est pas une raison pour tuer les gens! S'il te plait, je viens juste de quitter les Limbes, je veux pas mourir maintenant!

Pour être honnête, une partie d'Eve était convaincue qu'elle pouvait calmer l'animal en faisant appel à ses bons sentiments. Elle qui pouvait parler aux mammifères, elle dont les parents étaient des singes, elle qui avait connu un temps où l'humain était encore une part de la nature comme une autre, elle ne voyait rien d'impossible à ce que ses supplications puissent convaincre le Shakcha d'aller manger quelque chose d'autre ailleurs.
Et pendant qu'elle parlait, elle se rendit compte qu'elle n'avait vraiment pas envie de mourir. Non pas qu'elle soit trop jeune, Eve avait vécut assez de choses pour mourir sans regrets, mais pas peur de retourner dans les Limbes et d'y retrouver Nayris et...

Submergée par les souvenirs, Eve se déconcentra un instant sur le combat - quelque peu inégale - ralentie et secoua la tête pour chasser les images qui hantaient sa tête. A cet instant, une douleur traversa son ventre d'un flan à l'autre. Elle hoqueta de surprise d'abord, et retint un cri de souffrance.
Définitivement ramenée à la réalité, elle recula pour éviter un autre coup de griffe.

- Eve!

Dans sa vision brouillée par les larmes de douleur, l'humaine vit la colombe fondre sur le Shakcha dans l'espoir de le divertir. Elle fit quelque pas supplémentaire en arrière, buta sur un arbre. Une main pressée sur son ventre, elle chercha du regard le soleil sans succés. L'astre du jour devait être en train de se coucher, colorant le ciel de couleurs vives splendides à contempler pour quiconque ne se trouvait pas coincé dans une forêt menaçante au prise avec un gros lézard en sortie de régime. Mais seule une lueur diffuse et mourante éclairait le Shakcha qui s'approchait d'elle tranquillement.
Concentrée, Eve ne quittait pas du regard les pattes avant du predateur, prête à plonger d'un coté ou de l'autre dès qu'il ferait mine de frapper à nouveau.

- Yehadiel, je sais que je t'ai promis de ne pas mourir, mais il va me falloir un peu d'aide là...

Eve*

Eve*


Humain

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Jeu 22 Aoû - 19:22
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Cela faisait maintenant deux journées que je guettais comme un animal la moindre trace d'un Shakcha ; une emprunte par ci, une mue par là, autant dire que je courrais après un mythe. Et pourtant, cette bestiole reptilienne était loin de figurer au rang des espèces rares, bien au contraire, Terre en était investie. Je devais sans doute cela à mes connaissances limitées dans l'art de la traque, et j'avais beau avoir pris tout le temps nécessaire pour me rencarder, aucun Shakcha à l'horizon.
Certes, leur mode de vie, en plus d'être solitaire était basé sur la discrétion et l'attaque par surprise, notamment grâce à leur délicieux don de camouflage qui  m'avait donné un haut-le-corps lorsque j'eus la primeur de cette information. Sérieusement, je devais être le premier, car ce que je m'apprêtais à faire de cet ovipare aurait sûrement traversé l'esprit de quiconque au fait.

Encore fallait-il que j'en capture un ! Ah qu'il me rendait fou de penser que j'avais plus de chance de tomber nez à nez avec un de ces androgynes aux oreilles pointues, clamant le respect que la forêt méritait, que de trébucher sur la carcasse inanimée d'un spécimen encore tout frais. Car oui, j'investiguais en plein milieu de Drayame. Il était logique de commencer par là, la faune avait la réputation d'être aussi dense que la flore, si ce n'était d'avantage.
Je ne comptais plus le nombre ahurissant de fois où je plongeai dans la broussaille, flamberge au vent, juste parce que j'avais entendu un feulement caractéristique.    

Ainsi je déambulai avec l'intime conviction que mon audace serait récompensée, d'une manière ou d'une autre. Soudain, à quelques enjambées de ma position retentit l'expression de mes échecs derniers.

"Shakcha !"

Cette fois-ci, pas question de se jeter à corps perdu pour finir par déraciner de colère le premier arbre venu, après que ce lâche bestion m'ait posé un énième lapin. J'allais prendre de la hauteur, examiner la situation et aviser. Ce serait bien ennuyeux je vous l'accorde, mais en pesant le pour et le contre, je ne me voyais pas passer de Général démoniaque à Garde champêtre, grand diable non, aussi écourterais-je par tous les moyens mon séjour en ces lieux.

J'éployai mes ailes non sans douleur, puisque qu'elles me demandaient à chaque fois la permission de traverser ma chair pour se révéler. D'un battement ample j'atteignis la cime de l'hêtre le plus proche et avec le recul, je me demandai comment une telle idée ne m'était pas venue à l'esprit depuis tout ce temps...Comme je l'ai déjà précisé, la chasse restait une qualité qu'il me fallait perfectionner, pour ne pas dire apprendre.
Une fois mes comparses résorbées, je bondis sur l'écorce de l'arbre voisin pour rebondir une nouvelle fois et atterrir sur une branche assez volumineuse pour soutenir mon poids. Posté à une vingtaine de mètres d'altitude, je m'étais improvisé un joli belvédère d'où je pouvais voir une scène inattendue.

Une jeune femme, apparemment humaine, tentait une approche des plus saugrenues.  

- N'aie pas peur, viens là.

Pensait-elle vraiment que tendre un morceau de barbaque à un prédateur le rendrait plus docile ? C'était comme donner une goutte de sang à un vampire en espérant qu'il vous remercie et trace sa route. C'était tellement insensé que cela en devenait intéressant. Et si cela fonctionnait ? Peut-être possédait-elle un quelconque pouvoir ? Il était vrai que sa personne dégageait quelque chose de dérangeant, quelque chose...d'apaisant.
Quand le Shakcha manqua de lui prouver que de la chair fraîche valait mille bouts de semelle séchée, Je ne pus que sourire d'amusement.
Quel sot j'ai été pour croire un seul instant qu'une telle chose était possible. D'un côté j'étais soulagé, pour peu que cela se concrétisât on verrait bientôt l'empire signant des amnisties. La paix, sans doute le plus grand fléau de ce monde. Rien que d'y...

-  (...)je viens juste de quitter les Limbes,  je viens juste de quitter les Limbes,  je viens juste de quitter les Limbes(...)

Impossible ! Qu'elle soit Humaine, Daeva ou Esper, revenir des limbes signifiait subir une transformation totale ou partielle de son être. Or, en surface rien ne semblait avoir été affecté chez elle, à moins qu'elle eut à sacrifier ses capacités cognitives, auquel cas je comprendrais son initiative ratée. Une pensée pour le chef de la milice de l'ombre, rapidement évincée par la vision d'un coup de griffe portant. Je me devais d'agir vite, pas que sa vie m'importait, mais je voulais des réponses aux questions qui me taraudaient déjà l'esprit.

Je m'emparai de ma claymore, Garganta, et sautai. Je disais précédemment que les Shakcha aimaient surprendre leur proie avant de la regarder souffrir pour l'achever ensuite. Une tactique qui dans un sens était louable, si l'on avait un peu de sadisme dans les veines. Ici, je lui rendrai la monnaie de sa pièce, l'attraction terrestre se chargeant de la puissance, je n'avais plus qu'à viser correctement. Je lui tombai donc dessus tel un rocher s'éboulant d'une falaise, le choc souleva une mince pellicule de poussière pas assez dense pour obstruer la vue.

"Alors saleté, Tu comprends maintenant ce que tes proies ressentent ? Tu vas prendre pour tout ceux de ton espèce qui m'ont fait courir ces deux derniers cycles !"

Je ne prévis point le coup de queue désespéré qui me fit reculer d'un pas. Le Shakcha semblait se mouvoir d'une drôle de façon, luttant pour se remettre sur pied. Tandis que la fumée se dissipait, j'entrevis le contour de son long cou fissuré. Ces écailles valaient vraiment leur pesant d'or, quelle robustesse !
Malheureusement pour lui, je n'étais pas du genre à laisser mon adversaire reprendre son souffle. Je me rapprochai d'un pas léger et rapide du monstre, empoignai à deux mains mon épée et frappai sans retenue à l'endroit fragilisé. Un bruit aigu sonna la fin du combat - quelque peu inégal -. Du coin de l’œil je vis la rescapée adossée contre un arbre, une main appuyée sur la plaie. Une idée, puis une action. D'un geste désinvolte, je balançai Garganta dans sa direction qui termina sa course à moitié enfoncée dans le tronc, à quelques centimètres de son visage. Une mèche de cheveux toucha le sol avant que j'eusse été à proximité d'elle. Il était rare, vu ma stature, que je puisse regarder quelqu'un de haut. Je n'allais pas m'en priver.

"La conjecture veut qu'une âme provenant des limbes soit altérée ou diabolisée. Pourtant, tu empestes la bonté et l'empathie...Qui es-tu, petit papillon égaré ?"

C'était vrai, de son être, je ne ressentais aucune corruption, tant et si bien que je pourrais jurer n'avoir jamais rencontré une pureté pareille. Plus fascinant encore, le paysage semblait se modifier à son contact, j'avais l'impression de voir la mousse s'étendre, la luminosité prenait des tons en total désaccord avec le climat tropical qui y régnait. Je mis cela sur le compte de l'adrénaline...

Balthazar Féral

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Ven 23 Aoû - 2:17
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Concentrée, Eve ne quittait pas du regard les pattes avant du prédateur, prête à plonger d'un coté ou de l'autre dès qu'il ferait mine de frapper à nouveau.

- Yehadiel, je sais que je t'ai promis de ne pas mourir, mais il va me falloir un peu d'aide là...


Elle n'eut pas besoin d’éviter une nouvelle attaque. Quelque chose tomba du ciel, percutant le Shakcha et détournant son attention de la frêle humaine.
De surprise et d'espoir, elle en oublia la douleur. Était-ce possible que Yehadiel l'ait entendu? Qu'il lui ait envoyé de l'aide? Qu'il soit en vie, qu'il ait les moyens de l'aider ainsi?
Elle regarda la "chose" qui venait de lui sauver la vie se relever. Silhouette humaine et masculine, loin de l'archétype du grand guerrier baraqué, il était entièrement vêtu de blanc et se mouvait avec efficacité.
"Un envoyé d'Yehadiel? Un ange?"

Son esprit sautait d'une idée à une autre, tantôt submergé par la douleur, tantôt tourné vers Yehadiel, toujours attentif à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

"Alors saleté, Tu comprends maintenant ce que tes proies ressentent ? Tu vas prendre pour tout ceux de ton espèce qui m'ont fait courir ces deux derniers cycles !"

Eve fit marche arrière dans sa réflexion. Difficile à croire que ce soit reelement un envoyé de Yehadiel qui parlait ainsi. A moins que la culture humaine ait considérablement évoluée en son absence, elle était convaincue que "saleté" et "tu vas prendre" n'était pas des mots doux adressés au Shakcha.

Devant elle, le combat repris. Le Shakcha n'était plus en position de force, les rôles étaient inversés. La suite fut très rapide, mais ne plut pas du tout à Eve. Sans qu'elle comprit comment, la créature fut sévèrement touchée au cou et, après un bref gémissement, elle s'écroula à terre.
Eve détourna le regard, attristée par la mort de l'animal. Qu'importe si le Shakcha avait été sur le point de la prendre pour petit déjeuner. A présent, seul comptait le fait qu'il avait voulut vivre, défendre sa Vie, et qu'il en était mort.

Elle releva les yeux vers son sauveur, encore indécise sur l'attitude à avoir, mais son regard fut capté par l'eclair gris qui vint s'abattre juste à coté de sa tête, planté dans l'arbre.
Immobilisé par la surprise, le cœur battant, elle n'osa pas bouger tandis que le propriétaire de l'arme s'avançait vers elle.

"La conjecture veut qu'une âme provenant des limbes soit altérée ou diabolisée. Pourtant, tu empestes la bonté et l'empathie...Qui es-tu, petit papillon égaré ?"

Plus aucun doute, cet étrange personnage n'était pas un envoyé d'Yehadiel. D'abord parce qu'il donnait clairement une connotation négative aux deux nobles vertes que son la "bonté et l'empathie", mais aussi parce que le "petit papillon égaré", qui aurait put paraître très poétique, semblait teinté d'une certaine... ironie.
Pourtant, il venait de la sauver. Et il était tombé du ciel.

- Orian, Qu'est ce qui tombe du ciel, sauve les personnes en danger, mais n'est pas un envoyé d'Yehadiel?
- C'est une devinette?
- ça pourrait, une fois que j'aurais la réponse! Tu crois qu'il est dangereux?
- Bien sur que non! Il vient juste d’apparaître de nulle part, tuer le monstre comme d'autre coupent des fleurs, d'envoyer son arme à quelques centimètres de ta tempe, et de suggérer clairement qu'il n'avait aucun respect pour la bonté et l'empathie! Mais a part ça, je suis sur que c'est un jeune homme a-do-ra-ble!
- Tu es obligé de voir le mal partout?
-  Rassure moi Eve, tu ne va pas nous refaire le coup de "je l'amadoue avec de la viande"?
- J'ai pas de viande à porté de main!
- Y a d'autre sorte de viande qui intéressent les messieurs... Non, oublie, tu va pas la comprendre celle là.


Leur dialogue télépathique, bien que plus rapide que s'il avait été oral, ne devait pas s’éterniser. Elle leva son regard vers l’étranger et sursauta:

- Orian, dit moi, est ce que l’évolution a donné à ma race des yeux rouge sur fond noir?
- Eve, c'est pas bon ça, c'est pas bon du tout.

Dilemne, dilemme. En temps normal elle aurait donnée toute sa confiance à n'importe qui, mais elle venait de frôler la mort et la blessure qui semblait s’étendre de plus en plus sur son ventre ne lui permettait pas de prendre de risque.
Finalement, elle lâcha son ventre en grimaçant pour attraper à deux mains l'arme enfoncée dans l'arbre, tira sur le manche pour la sortir de l’écorce et la pointa sur l'inconnu.

- Vous l'avez tué, vous l'avez tué sans raison!
Elle soupira. Elle aurait put dire plein de chose pleine de sens, le remercier, le questionner, lui demander de l'aide pour sa plaie, se présenter... Mais elle ne pouvais s’empêcher de repenser à l’exécution sans procès de la pauvre bête. Et elle n'était pas loin de s'en sentir coupable.
- Excusez moi, je vous suis très reconnaissante de m'avoir sauvé... Mais c'est juste que... C'est inutile de protéger une vie si c'est pour en prendre une autre!
"Calme toi, Eve, tu n'es absolument pas en position de faire ce genre de remarque". Elle repensa à la question de son sauveur.
- Je me nomme Eve et... comment savez-vous que j'ai connu les Limbes?
Quand la réponse se fraya un chemin dans son esprit, elle écarquilla les yeux
- Vous etiez là? Depuis le début? Vous m'avez regarder essayer de repousser cette créature?!

Décidément, cet inconnu avait tout pour faire oublier à Eve ses principes de "ne jamais juger trop vite", "toujours donner une deuxième chance", "il y a toujours plus de bon que de mal en chacun", ... Mais c'était plus que des principes, c'était son caractère naturel, sa personnalité profonde et elle ne pouvait pas plus changer cela qu'elle aurait put faire cesser les battements de son coeur. Elle s'apaisa et un léger sourire d'excuse s'installa sur ses lèvres, comme pour montrer qu'elle était désolée d'avoir à tenir cette arme pointé sur son sauveur.

- Eve, ton ventre...
- Je sais, t'inquiète pas, on s'en occupera quand il sera partit.

Elle réalisa que, dans une moindre mesure, la colombe devait partager sa souffrance, a cause du lien qui unissaient leur esprits. Et qu'Orian n'avait pas eu la chance d'être entraîné pendant plusieurs millenaires à subir la douleur en silence.
- ça va toi?
- Bien sur que ça va, débrouilles toi pour rester en vie, c'est tout ce que je te demande!


Elle se concentra sur l'inconnu, tentant de maintenir l'épée à peu près stable malgré le poids de l'arme et sa faiblesse croissante. "Allez, soit gentil, dit pardon pour ce pauvre Shakcha et pars sauver d'autres voyageurs en danger!"


[HRP: Le #ffcc33 c'est MA couleur! D8 ]

Eve*

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Lun 26 Aoû - 8:18
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Spoiler:

Elle mit un imperceptible instant à me répondre. Imperceptible pour des yeux mortels, mais je vis clairement qu'elle réfléchit. Il était normal qu'elle soit à ce point déroutée, mon entrée avait été on ne peut plus spectaculaire et soudaine. Cependant son regard s'interloqua lorsqu'il croisa le mien, presque comme si elle venait de découvrir que je n'étais pas un homme. Ce devait être mon charme séculaire, aimais-je à penser.

Avant que je puisse briser son silence, elle se leva et délogea Garganta du tronc pour me la pointer sur le bout du nez d'un air menaçant ; une expression qui à défaut de s'accorder avec sa physionomie, la pourvoyait d'une prestance séduisante. Comprenez-moi, sa peau de cannelle et ses courbes de vénus, en plus de me rappeler une certaine Deylina, manipulaient en moi d'odieux penchants. Mais je ne m'attardai pas longtemps sur ses atouts féminins, puisque j'avais en face de moi l'égérie même de la race humaine. Qu'ils fussent une montagne de muscle ou un chétif roturier, au fond de leur cœur les hommes chérissaient leur âme belliqueuse. Une dérisoire frustration suffisait à mettre de l'huile sur le feu, une minuscule étincelle, et tout ce qu'isl étaient partait en fumée. J'aimais la race humaine pour ce qu'elle avait de plus grandiose à nous offrir : L'hypocrisie.

Sa blessure prenait de l'ampleur, c'était indéniable. Soutenir mon épée ne devait pas l'aider à soulager son mal, j'en vins à me questionner ; pourquoi me faisait-elle affront déjà ?

- Vous l'avez tué, vous l'avez tué sans raison!

Voilà pourquoi. Je ne nierais pas être parfois irréfléchi, si je n'avais pas en cet instant précis, la pleine conscience de ma présence ici.

- Excusez moi, je vous suis très reconnaissante de m'avoir sauvée... Mais c'est juste que... C'est inutile de protéger une vie si c'est pour en prendre une autre!

Que pouvais-je répondre à cela ? Voici un argument de poids qui ébranla ma conception de la vie et de la mort. Comment avais-je pu être aussi... inhumain ? Ah qu'il était vilain d'être sarcastique, mais oui que cela avait bon goût ! Je voulus, très sincèrement, partir sur un débat philosophique, quand elle répondit enfin à ma question, ma propre lame toujours en hostile opposition.

- Je me nomme Eve et... comment savez-vous que j'ai connu les Limbes?

Je levai un sourcil circonspect. Avais-je bien entendu ? Était-il possible que l'atmosphère de la forêt soit chargée en agents enthéogènes, je devenais peut-être sénile ? Quel dommage, j'étais si jeune !
EVE, ce prénom fit écho dans mon crâne. En affirmant qu'elle avait traversé les limbes je ne pouvais que croire qu'elle était celle qu'elle prétendait être. Par ailleurs, Eve n'avait jamais été un nom très usité. Et pour cause, si l'on se référait à la légende de Terra, la personne qui provoqua l'ire de Dame Mort n'était autre que celle qui détourna Yahadiel de ses sentiments. Aucun parent n'oserait nommer ainsi un enfant qui porterait malgré lui une malédiction. Non je n'exagérais rien, la superstition était un pouvoir à ne pas sous-estimer.

Quoi qu'il en soit, Je me devais de reconnaître que le Dieu de la lumière n'avait pas choisi le plus vilain morceau...On ne pouvait rÊve r meilleur parti.

- Vous étiez là? Depuis le début? Vous m'avez regardée essayer de repousser cette créature?!

Merci pour l'électrochoc, je commençais à perdre le fil de ma pensée en allant de surprise en surprise. Tout à coup je perçus une once d'excuse poindre d'un sourire dérangé, m'obligeant à reconsidérer mon jugement. Elle n'était pas une va-t-en-guerre finalement. Enfin, en réfléchissant un peu, elle n'avait rien à voir avec les autres. Sa posture s'affaiblissait et bientôt la claymore plomberait littéralement ses forces. Eve avait beau maintenir mon arme je la sentais plus désarmée que jamais.

"Tu fais dans la contradiction toi hein ? D'abord tu me reproches de l'avoir buté pour enfin me reprocher de ne pas avoir agi promptement...Tu as peut-être raison en fait, j'aurais dû laisser la nature faire son office, le Shakcha te bouffe, je profite de son ballonnement pour le tuer, et tout le monde est content ! 'fin tout le monde, sauf toi. Non seulement parce que mourir en servant de casse-croûte ça tue un peu le mythe, mais surtout parce que je doute fortement que les limbes soient une destination touristique très prisée."

Je me détournai d'elle, marchant vers le corps décapité du reptile. Je cherchai une prise en mettant les doigts dans l'interstice d'une écaille.

"Et tu devrais lâcher mon épée avant que je me dise que tu as menti en disant qu'il est ~inutile de protéger une vie si c'est pour en prendre une autre!~. Je déteste qu'on me mente."

Comme pour accompagner ma dernière phrase, je parvins à éventrer la charogne dans un bruit visqueux. J'y plongeai allègrement la main en farfouillant.

"Alors, non. Non...Ah !"

Brusquement, j'arrachai un lambeau de chair de la créature et le ramenai à l'apparente jeune femme, lui tendant le morceau sanguinolent.

"Bon en gros, ce qui fait qu'une substance est un poison, c'est le dosage. Donc, vu que tu n'as sûrement pas de potion il va falloir te contenter de manger ça. Avec un peu de chance ça va te purger, t'apporter certains éléments qui permettent au Shakcha de pas succomber à son propre venin, et limiter la propagation."

Je la regardai fixement dans les yeux.

"Ne te demande pas pourquoi je fais ça, on a une nuit entière de convalescence pour parler, maintenant mange, Eve, l'originelle."

Le soleil se rangerait bientôt derrière la chaîne de montagne, laissant la régence de la nuit à sa petite sœur Luna.

Balthazar Féral

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Lun 26 Aoû - 18:07
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[ Arrêtes, tu va me faire culpabiliser! J'ai eu plusieurs longues réflexions internes sur l'orthographe des mots "dû, dues, dûtes, ... Réflexions inutiles puisque je ne suis absolument pas sure du résultat! Et j'ai aussi pas fait avancer le shmilblick mais je voulais pas non plus faire un truc trop long...   ]

Il ne nia pas, mais détourna l'accusation contre Eve en pointant son manque de logique.

"Tu fais dans la contradiction toi hein ? D'abord tu me reproches de l'avoir buté pour enfin me reprocher de ne pas avoir agi promptement..."


Eve admit pour elle même qu'il n'avait pas tord. A vouloir toujours dire tout ce qui lui passait par la tête, elle en arrivait à tenir des discours sans queue ni tête. Et elle ne maîtrisait pas suffisamment l'art de la démonstration pour être capable de réussir à mettre des mots sur les pensées désordonnées qui s'agitaient dans son cerveau.

Tu as peut-être raison en fait, j'aurais dû laisser la nature faire son office, le Shakcha te bouffe, je profite de son ballonnement pour le tuer, et tout le monde est content ! 'fin tout le monde, sauf toi. Non seulement parce que mourir en servant de casse-croûte ça tue un peu le mythe, mais surtout parce que je doute fortement que les limbes soient une destination touristique très prisée."


Encore une fois, il n'avait pas tord. Il avait même terriblement raison en affirmant que la royaume de Nayris n'était pas spécialement attrayant. Elle nota rapidement qu'il comptait tuer le Shakcha avant même d'intervenir pour l'aider. Cette constatation apaisa un peu son sentiment de culpabilité mais titilla sa curiosité. Tuait-il par plaisir? Pour la gloire? Elle repoussa ces hypothèses, concluant qu'il avait sans doute l'intention d'en faire son dîner, ce qui était naturel et excusable.
Il lui tourna le dos, ne la considerant clairement pas comme un danger.

"Et tu devrais lâcher mon épée avant que je me dise que tu as menti en disant qu'il est ~inutile de protéger une vie si c'est pour en prendre une autre!~. Je déteste qu'on me mente."


Bien que le ton ne soit pas spécialement menaçant, Eve enregistra soigneusement l'information. "Je déteste qu'on me mente". Quel drôle de personnage! Ce n'était pas ce nouveau trait de caractère qui étonnait l'humaine, mais le tableau qui se dessinait progressivement derrière les paroles et les actes de l'inconnu. Successivement, il était apparut héroïque, agressif, inquiétant, rassurant, cynique, curieux, cruel, moqueur, ...
Elle lâcha l'épée, grimaça quand le pommeau tomba sur son pied. Étrangement, ce genre de douleur superficielle dues à sa maladresse l’énervaient plus que des sérieuses blessures comme celle qui brûlait dans son ventre.
Momentanement plongée dans ses pensées, elle sursauta quand l'homme revint avec un... "morceau" du Shakcha. La vue du sang ne la choquait absolument pas, elle s'y était habitué depuis des années, mais elle en comprenait pas pourquoi il lui apportait cela. Une sorte de cadeau? Un partage de la proie?

"Bon en gros, ce qui fait qu'une substance est un poison, c'est le dosage."


"Poison"? Eve ferma les yeux deux secondes, cherchant des réserves de courage. Contrairement à ce qu'elle espérait, la douleur croissante n'était pas signe de cicatrisation. Contrairement à ce qu'elle espérait, il ne lui suffirait pas de faire un sérieux bandage et de rester immobile un certain temps. Contrairement à ce qu'elle espérait, elle avait encore besoin de cet étrange homme. Même s'il elle lui faisait entièrement confiance, elle n'aimait pas du tout dépendre de quelqu'un d'autre, car cela impliquait d'être un poids pour les autres.

"Donc, vu que tu n'as sûrement pas de potion il va falloir te contenter de manger ça. Avec un peu de chance ça va te purger, t'apporter certains éléments qui permettent au Shakcha de pas succomber à son propre venin, et limiter la propagation."


"Avec un peu de chance"... sans être une spécialiste en biologie, Eve ne put s’empêcher de penser à ce qui se passerait sans ce "peu de chance".
De ses deux mains, elle prit la viande, hésitante. La possibilité que l'homme cherche à accentuer son problème ne lui traversa pas l'esprit, elle était convaincue qu'il cherchait à l'aider. Même si cela semblait paradoxal pour quelqu'un qui avait clairement exprimé son dégoût pour "la bonté et l'empathie". En écho à cette reflexion, il ajouta:

"Ne te demande pas pourquoi je fais ça, on a une nuit entière de convalescence pour parler, maintenant mange, Eve, l'originelle."


- Je ne suis pas...


Elle s’arrêta, le regard fixé sur les yeux inhumains de l'étrange homme. Alors qu'elle s’apprêtait à nier ce qu'il avait mystérieusement réussit à deviner, une remarque lui revint en mémoire.  "Je n'aime pas qu'on me mente".  Elle s'empourpra, dans la mesure où il était possible de rougir quand il nous manque déjà une belle quantité de sang, et souffla doucement en approchant la viande de sa bouche:

- Merci.


Ses jambes tremblèrent légèrement et elle cessa de lutter pour rester debout, se laissant glisser le long du tronc, jusqu'à se retrouver assise. Orian vint de poser sur le sol, à un petit mètre d'elle, rendu silencieux par l'inquiétude. 
Enfin, elle mordit doucement dans ce "repas médical". La viande n'était pas fondante et elle dut batailler pour réussir à arracher un premier petit morceau qu'elle mâcha tranquillement. Elle s'autorisa un nouveau sourire, en pensant à l'image qu'elle devait donner ainsi, barbouillée de sang, tentant de déchirer ce bout de Shakcha à l'aide de ses petites dents mal aiguisées. 
Un mouvement anodin étira un peu plus sa blessure mais la présence de Balthazar la retint de gémir et elle se mordit la lèvre inférieure en baissant la tête.

Eve*

Eve*


Humain

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Jeu 29 Aoû - 16:27
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Spoiler:

- Je ne suis pas...

Quoi ? Allait-elle réellement me dire que celle qui se tenait devant moi, abasourdie par une suite d'événements dont le contrôle lui avait été retiré depuis le préambule, n'était pas Eve ? Soit. Je ne la tuerai pas. Je lui casserai un bras tout au plus, parce qu'aucune souffrance n'égalait la confusion identitaire d'un être déboussolé. Je la croyais sortie indemne des limbes, mais c'était sans compter les séquelles que son Moi fragmenté avait pu encaisser.
Quand ses pommettes prirent la teinte d'une pivoine, je saisis alors, toute la profondeur de son âme.

- Merci.

Non ma petite fleur de lys, ce n'était point le moment des remerciements, pas encore. Tu apprendras à reconnaître les tourments qui poinçonnaient mon essence. Après ce que ta présence m'inspirait à faire, tu sauras discerner comme jamais tu ne l'as su, la lumière dans la pénombre et l'ordre dans le chaos, car je savais dès à présent que tu possédais un pouvoir identique à ma réprouvée. Que tu le saches ou non, tout comme elle, tu aspirais les ténèbres.

Il est plus que certain que je n'étais guère un envoyé de Yahadiel. Mon allégeance était scellée, et ma condition décidée. Toutefois en ta compagnie je serais presque tenté d'avouer que les voix de ton amant étaient vraisemblablement, impénétrables.
D'ailleurs, cette colombe qui vint se poser près de toi semblait enhardir mes pensées.

Rah ! petite secousse cérébrale, je me devais d'arrêter mes fabulations qui sans retenues finiraient par revêtir un manteau de fantasmes. Cependant, il serait malvenu de ne pas reconnaître l'oeuvre qui prenait forme sous mes yeux et qui ravirait n'importe quel démon. Prenez une âme à la vertu immaculée, ajoutez-y un peu de violence, assaisonnez le tout d'un impératif sanglant, et vous obtiendrez une marmelade tout à fait appétissante. Elle-même ne put s'empêcher de sourire, inconsciemment consciente que l'existence nous poussait tôt ou tard à nous remettre en question.  

Lorsqu'elle baissa la tête, accablée par la douleur, je ne pus m’interdire d'intervenir. Je m'accroupis à son niveau, relevai son menton de mon index afin qu'elle ne puisse se dérober à mes iris d'ambre jaunes. Les arbres alentours n'étaient pas très feuillus, permettant à la lune naissante d'éclairer notre place d'une lueur argentée. Ma peau ne pouvait que s’harmoniser à tout cela, donnant l'impression que mon corps était constitué d'acier.  

"Ne baisse pas la tête, pas toi. Là où tous contemplent leurs souliers, nous, immortels, devrions toiser l'horizon de toute notre véhémence !"

Je me levai, prenant Garganta au passage pour la planter tel un piquet dans le sol, avant de m'y adosser. Lorsque je déclamais quelque chose, il m'était impossible de le faire sans emphases.

"Nous sommes le passé, le présent, et l'avenir ! Cessons de nous comporter comme si nous étions las de perdurer, rejetons l'avilissement des sentiments propres aux mortels, et avant de nous projeter comme païens, acceptons que nous soyons Rois de notre destinée. Je ne parle pas de supériorité, je parle d'être en accord avec soi-même."

Je me rapprochai de nouveau, d'un pas lent et m'emparai de ce qu'il restait de viande dans sa main pour n'en faire qu'une bouchée. Puis je souris de certitude.

"Tu es une Reine, Eve. Toi et moi connaissons quelqu'un qui dirait la même chose, non ? Et si ses desseins m'ont placé sur ta route, je dirais que nous avons énormément de choses à apprendre l'un de l'autre."

Je me posai en tailleur, face à elle. Je n'hésitai pas à prendre sa main dans la mienne, les recouvrant de ma seconde. Je savais que mon corps démoniaque dégageait plus de chaleur que la normale, ainsi la sensation du toucher obscurcirait la morsure de sa blessure.

"Je me nomme Balthazar, et je suis enchanté. Maintenant, toi qui embrassa la mort bien avant d'épouser la vie, pourrais-tu me dire qui est Nayris, et surtout quelles sont ses faiblesses ?"

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Ven 30 Aoû - 20:57
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Quand elle baissa la tête, Eve savait qu'elle cédait à une douce tentation. Celle de se taire, celle de laisser couler les larmes de douleur et de fatigue, celle lâcher prise sur le présent, de disparaître quelques heures, le temps de pouvoir endosser à nouveau son rôle de "première humaine". Parce que ce statut, elle en prenait de plus en plus conscience depuis son retour, impliquait un certain devoir vis à vis des siens. Pouvait-elle se permettre d’apparaître faible, égoïste, facile, désespérée? Était-ce aider les hommes et toutes les races qui s'y rattachait? Inconsciemment, elle comprenait le poids qu'ont les symboles. Et qu'elle le veuille ou non, elle était un symbole. Eve ne se leurrait pas, une belle partie de la population de Terra se moquait sans doute éperdument des actions de la "première humaine". Mais même s'il n'en restait plus qu'un qui croyait en Yehadiel, elle continuerais à faire attention à chacun de ses gestes, de ses choix. Il  lui était déjà insupportable de se savoir coupable d'avoir poussé Nayris à déchaîner sa colère contre les humains, pas question de devenir une fois de plus une honte pour les siens.

Voilà donc pourquoi, en baissant la tête, Eve avait l'impression de perdre un combat, d'agir contre son devoir, de ne pas être à la hauteur. Et pourquoi le geste de son médecin improvisé qui lui releva le menton lui apparut comme une bouée dans une mer agitée. Elle s'accrocha à son regard, y puisant la force de rester droite. De nature, Eve n'était pas une grande courageuse, bravant tout les dangers, toutes ses peurs, elle n'était pas du genre à serrer les poings et les dents. Toujours, elle a avait eut un grand frère, et plus tard un Dieu et amant, pour la protéger, l'écouter, la rassurer. A présent elle était seule, et se sentait bien faible pour affronter toutes les épreuves quotidiennes de la vie.

"Ne baisse pas la tête, pas toi. Là où tous contemplent leurs souliers, nous, immortels, devrions toiser l'horizon de toute notre véhémence !"


Elle hocha sagement la tête, gardant pour elle les doutes quand à son immortalité alors qu'elle en était réduite à espérer qu'en mangeant de la viande elle pourrait se protéger du poison, sans parler de la blessure en elle même. Et ces pensées s’éclipsèrent face à la vision qui lui apparut quand l'homme se leva. Sa pâleur semblait refléter chaque rayon de lune, ou plutot se substituer à l'astre nocturne, et derrière lui, dans le ciel, deux nuages fins virent se glisser de part et d'autre de ses épaules, offrant provisoirement des magnifiques ailes au guerrier. Ange ou démon? Quand il se retourna pour attraper son épée, Eve ne put s’empêcher de scruter son dos, à la recherche d'éventuelles traces laissées par des ailes blanches.

"Nous sommes le passé, le présent, et l'avenir ! Cessons de nous comporter comme si nous étions las de perdurer, rejetons l'avilissement des sentiments propres aux mortels, et avant de nous projeter comme païens, acceptons que nous soyons Rois de notre destinée. Je ne parle pas de supériorité, je parle d'être en accord avec soi-même."

Il s'était rassit, appuyée sur son épée en guise de dossier. Eve perdit son regard dans le vide, s'interdisant de le contredire trop rapidement. D'emblée, l'idée de regrouper les êtres selon leur espérance de vie lui déplaisait fortement. Même si la philosophie d'un Dieu devait évidement et naturellement être très éloignée de celle d'un humain lambda, elle même refusait de mettre une quelconque distance entre sa nature et la nature des humains en général. N'avaient-ils pas été créé immortels? Leur âme, même enfermée dans un corps que Nayris avait condamné à une existence plus courte, aspirait à quelque chose de plus grand!
Mais en cherchant à comprendre plutot qu'a condredire, elle trouva un indice dans les paroles du philosophe. “Je ne parles pas de supériorité, je parle d'être en accord avec soi-même”. Elle garda soigneusement l'idée dans un coin de sa tête, se promettant d'y reflechir.

Elle sursauta en s'apercevant qu'il s'était rapproché silencieusement, appuyant ainsi l'hypothèse de son origine angélique. D'un geste rapide, il attrapa et avala le morceau de Shakcha auquel j'avais renoncé. Incroyable comment il pouvait jongler entre les différentes attitudes, il avait été ange, le voilà vampire et Dieu seul savait ce qu'il était reelement!

"Tu es une Reine, Eve. Toi et moi connaissons quelqu'un qui dirait la même chose, non ? Et si ses desseins m'ont placé sur ta route, je dirais que nous avons énormément de choses à apprendre l'un de l'autre."

Une fois de plus, elle sourit. Mais ce sourire était empreint d'une grande mélancolie, ce sourire était celui des heureux souvenirs qui pincent le cœur. Le bonheur d'avoir connu ces instants, la douleur de ne plus les vivre. Que n'aurait-elle pas donné pour qu'Il soit là en cet instant précis? Pouvoir se blottir dans ses bras, poser sa tête sur son torse, écouter sa voix douce, serrer ses doigts pour oublier la douleur... Pensées égoïstes, mais ô combien humaines!

L'homme envellopa de ses mains celle d'Eve; sur leur doigts se melaient le sang de l'humaine et celui de l'animal, ajoutez à cela la lumière de la lune filtrée par les arbres, la couleur feerique qu'elle donnait à Balthazar, … “On dirait un pacte sellé en secret par deux fantomes!” Résuma Orian. En sentant la douleur reflué, Eve se détendit et se permit même de poser la paume d'une main de l'homme directement sur la plaie.

"Je me nomme Balthazar, et je suis enchanté. Maintenant, toi qui embrassa la mort bien avant d'épouser la vie, pourrais-tu me dire qui est Nayris, et surtout quelles sont ses faiblesses ?"

Qui est Nayris? S'il s'agissait de la designer, la réponse était simple; Nayris est la déesse de la Mort, qui regne sur les Limbes. Avec ça, impossible de la confondre avec quelqu'un d'autre! S'il s'agissait de l'expliquer, la réponse était beaucoup plus longue est complexe... Cherchant dans ses souvenirs le meilleur moyen de commencer son explication, Eve butta sur la noirceur des Limbes. Son rythme cardiaque s'accelera et elle s'extirpa vivement de ses souvenirs.

-Nayris est une femme. Lacha t-elle finalement avec malice.

Finalement, n'etait-ce pas là la clef principale pour comprendre la déesse? Un simple mot pour expliquer les forces et les faiblesses, les ambitions et les peurs de Nayris. Mais Balthazar pouvait-il comprendre cela? Elle le devisagea rapidement, tentant de mettre un age sur ce visage. Comme tout les immortels, il était gelé dans la fleur de l'age, mais ne dit-on pas que les yeux sont le miroir de l'âme? Et ses prunelles dorées s'accordaient avec sa façon de parler; experiences, souffrances, certitudes.

-Scooooop! Ça c'est de l'information Eve, revends ça à la confrerie des Brumes et on est riche!

Elle le fusilla du regard, sans cacher son amusement, et reporta son attention sur Balthazar. Etait-il de l'avis d'Orian, convaincu que cette information, en plus d'être d'une evidente evidence, etait entierement inutile? Comment lui expliquer la complexité de la déesse autrement? Finalement, elle se résolut à entamer un reçit, temoignage de ce qu'elle petite humaine, avait put voir et connaitre de Nayris, déesse si puissante. Mais pour cela...

-Pourriez vous... pourrais-tu allumer un feu? Et je pourrai vous parlez de cette douce amie.

Parler des tenebres dans la nuit, malgré la lune et la présence de Balthazar, c'était la certitude de paniquer... S'il la voyait dans cet état, le seul titre de Reine qu'il lui attribuerait encore serait celui de Reine de l'Hopital Psycatrique.

-Je te connaissait pas comme ça, tu te sens superieur au point d'ordonner a ce paubre bourgre de te faire un feu? Et demain tu demandera qu'il fasse tes lacets?


Embarrassée mais décidée à se rattraper, Eve se leva pour ramasser le bois qu'elle avait commencé à rassembler avant l'arrivée du Shakcha. Elle disposa soigneusement brindilles et branchages de sorte à ce que le feu prenne facilement et laissa à Balthazar le soin de faire naître les premières flammes. Épuisée par ces simples gestes, elle s allongea sur le dos, près du feu et passa machinalement la main autour de sa blessure.

-Un rien me fatigue! Constatât-elle mentalement
-Huit mille deux cents ans! Il était temps que tu subisse un premier coup de vieux! Et bientôt la menaupose!

Eve*

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Lun 2 Sep - 5:54
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-Nayris est une femme.

Me prenait-elle pour un imbécile, né de la dernière pluie ? Si je n'avais porté le doute quant au bon fonctionnement de son intellect, aucun flottement n'aurait empêché mon poing de démolir son si joli minois taillé dans l'impudence. Seulement, en distinguant son expression malicieuse, chargée d'auto-satisfaction, j'en conclus qu'elle ne faisait que jouer à la maraude. Intriguant, quand on supposait que cet ancêtre rechignait à titiller les limites, à faire preuve de témérité ; comme quoi, les apparences étaient souvent trompeuses.

Alors oui, dans la mesure où les origines de la vie sur Terra se divisaient en à peine deux genres, masculin et féminin, on pouvait facilement alléguer à Nayris, gouvernante des limbes, le statut de femme. Mais encore une fois, cessons de nous confondre. J'entendais là ce que je venais tout juste de lui sommer d'arrêter de penser. D'après Eve, Nayris n'était guère plus qu'une paysanne délaissée par un époux infidèle, trompé par les formes délicieuses d'un postérieur plus rebondi...Inutile d'adjectiver la position de l'humaine, peu flatteuse. Evidemment que la déesse déchue était sujette à la jalousie, la colère et la rancune, mais de là à ce que cela résumât tout ce qu'elle était, loin s'en faut. Qu'on se le dise séance tenante, la femme n'était pas complexe, et l'homme encore moins, seuls nos orgueils nous poussaient à croire le contraire.

Dans ce cas, si je lui demandais qui était Yehadiel, me répondrait-elle qu'il était un homme ? Ce à quoi je rétorquerais avec goguenardise qu'en cet état il ne l'aimait pas, il la désirait, tout simplement. Une infime nuance qui en soi faisait la différence. Ma question était portée sur la personne, l'être, et non sur le sexe, ou alors les dieux et déesses n'étaient que des enfants avec les ficelles de ce monde comme jouets. A ceci près qu'ils furent omnipotents.
J'en revenais donc à ce que je disais, Eve pensait confusément. Or, comment lui en tenir rigueur, sachant que l'amalgame était le tribut de ceux qui flirtaient avec le divin.

"Quelle révélation ! Dire que je pensais que Nayris était un troll, au sens propre ET figuré...répondis-je en chinant."

Pourquoi tant de mystère, se gardait-elle encore de moi ? Quoi de plus normal, même si elle se devait de prendre conscience que nous étions alliés dans cette histoire, qu'au delà de nos divergences, une force nous rassemblait. Mais dès lors que je voulus mettre les choses au clair, son visage s'égaya furtivement tandis qu'elle zieuta rapidement vers la colombe. Étrange, ce ne fut pas la première fois où son attitude me dérouta quelque peu ; Quand je l'eus trouvée craintive elle se montra débordante de courage, et lorsque son affliction sembla sans fond, elle laissa transparaître un côté espiègle attachant. En vérité, elle n'avait toujours pas répondu à ma toute première question. Qui es-tu, Eve ?

Légèrement pensif, elle me sortit de la perplexité en continuant :

-Pourriez vous... pourrais-tu allumer un feu? Et je pourrai vous parlez de cette douce amie.

Effectivement, la nuit avait envahi les cieux et son ombre avait dévoré la visibilité. Je constatai, non sans réjouissance, que mon petit laïus ne passa pas totalement à la trappe, elle prenait enfin possession de son pouvoir. Voilà qu'elle se mit à marchander. Quoique maladroite, hésitant entre le tutoiement et le vouvoiement - à moins que ses paroles ne s'adressassent pas exclusivement à moi -, j'eus vite fait de comprendre qu'à part troquer le récit de ses expériences contre un coin de chaleur bienvenu, Eve recherchait avant tout le réconfort. Fidèle à sa race, face à une peur primale, la belle aux yeux azurés aimait à se savoir épaulée.

Elle fit la moitié du travail, et pas le plus ardu. Si j'étais mauvaise langue en m'abaissant au niveau d'un humain, je dirais qu'elle fit ce qui seyait à une femme. Néanmoins, pendant qu'elle s'affairait, il me fallut l'avertir.

"Soit. Tout de même, c'est plutôt déconseillé d'allumer un feu. Les créatures nocturnes risquent fortement d'être attirées par l'éclairement des flammes, et qui sait de quoi fourmille Drayame. M'enfin, je suis convaincu que tu sauras nous défendre lorsque je roupillerai, avec autant de vaillance que tout à l'heure !"

Durant quelques secondes, j'eus le mauvais goût de me rappeler que je ne disposais d'aucun pouvoir magique. Il aurait été si aisé de balancer une boule de feu et d'en recueillir tous les bienfaits sans efforts. Qu'à cela ne tienne, j'avais eu l'écho d'un pacte qu'il était possible de passer avec un ~envoyé de Nayris~ pour...disons, acquérir quelques suppléments.
En attendant, je pris deux baguettes de bois, en taillant l'extrémité de l'une en pointe avec mes dents. Comble du bonheur, il y avait de l'amadou un peu partout autour de nous. Je démarrai la friction sans traînasser, au bout de quelques frottements se formait déjà de la sciure, laquelle ne mit pas fort longtemps à s'embraser.
 
J'ajoutai progressivement l'amadou, combustible de choix, tout en ventilant de mes expirations le foyer. La flammèche naissante avait faim, je le sentais, aussi lui donnai-je de quoi se nourrir avec les brindilles, sans la gaver ni l'oppresser. Il était surprenant de voir à quel point je la dorlotais, car ce n'était pas un vulgaire élément que je voyais mais bien un être en plein essor. J'encerclai le feu de caillasses afin d'éviter une expansion incontrôlée. Il nous faudrait plus de bois si nous voulions que sa vie dure toute la nuitée.

Le crépitement couplé aux ondulations des flammes s'accaparèrent mon regard, et je ne pus m'en défaire même lorsque je pris la parole.

"Il y a une prophétie. Nayris chercherait désespérément son passe-droit pour le monde des vivants et tu as...une certaine expérience de ce dont elle est capable. Demain je me rends à la capitale, Sen'tsura, où beaucoup d'autres affaires requièrent mon attention. Notre rencontre n'est pas fortuite, j'en suis persuadé, ainsi j'aimerais que tu m'accompagnes. Je serai ton guide durant un laps de temps relativement court."

Après m'être finalement délié de l'emprise visuelle du flamboiement, je pus m'allonger à ses côtés, son aura toujours aussi lénifiante.

"Ton assistance dans ce combat ne serait vraiment pas de trop, je pourrais même t'apprendre, à te servir d'une épée. Mais tout comme tu as la possibilité de refuser, j'ai aussi celle de ne pas donner suite à cette nuit. Avant d'aller plus loin, je voudrais savoir, si le feu que j'ai entraperçu dans tes yeux est sacré, ou résigné.
Conte-moi ton histoire, Eve."

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Mar 3 Sep - 0:59
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Soit. Tout de même, c'est plutôt déconseillé d'allumer un feu. Les créatures nocturnes risquent fortement d'être attirées par l'éclairement des flammes, et qui sait de quoi fourmille Drayame. M'enfin, je suis convaincu que tu sauras nous défendre lorsque je roupillerai, avec autant de vaillance que tout à l'heure !"

Orian eut un petit rire moqueur, qui se traduisit en un roucoulement saccadé, mais Eve se contenta d'hausser les épaules. Incapable d'apprendre rapidement de ses erreurs, toujours animée par la volonté de ré-essayer, de ne jamais s’arrêter sur un échec elle sentit a peine l'ironie de Balthazar et endossa sérieusement la responsabilité de la défense du camp, cherchant déjà quelques idées pour repousser les éventuels prédateurs. Quand il capta ses pensées Orian, qui commençait à se calmer, repris son fou rire de plus belle.

Le contre poison commençait à faire son effet et, conjugué à la chaleur du feu qui crépitait déjà, diminuait considérablement la douleur. En parallèle la fièvre qui lui brûlait le front et le froid qui s’étendait sur ses membres témoignaient du combat dans lequel s’engageait tout son corps: la survie. Cette conclusion soulagea Eve, une fois le combat engagé, elle ne doutait plus de s'en sortir, même si elle devait dépenser toute son énergie sur la guérison.

Elle observa Balthazar en pleine contemplation du feu. Les flammes qui dansaient devant lui se regletaient sur son visage pale et faisaient ressortir la couleur de ses étranges yeux. “Démon, immortels avec des yeux comme ça, il est certainement un démon” souffla Orian, soudainement calmé. Lentement, Eve associa cette nouvelle information a ses propres connaissances. Nayris avait créé les démons. Balthazar cherchait à obtenir des informations sur la déesse pour... Pourquoi? Quel immortel chercherais a se renseigner sur la mort? A moins... a moins que ça ne soit par dévotion pour sa créatrice! Auquel cas... Eve frissonna, le silence lui parrut soudainement pesant et inquiétant.
-Oh, respire! Intervint Orian, visiblement décidé à prendre le parti du démon. On a eu un nouvel arrivage de Démon sur Terra, il y a quelques années. Mais pas des Démons de Nayris, c'est un nouveau modèle, il viennent d'un autre monde, une histoire compliqué de failles, d'invocations et de courants d'airs... Rien a voir avec ceux de ta cherie!
-Ma cherie? Tu vas pas un peu loin?
- Arrêtes, on me la fait pas à moi! Deux femmes enfermées pendant 8000 ans dans le noir... Me dit pas qu'il s'est rien passé!

Eve coupa le lien télépathique, consciente qu'elle n'avait aucune chance de  battre Orian sur ce terrain là où il excellait à la mettre mal à l'aise sans avoir besoin d'utiliser la moindre parcelle de verité.
- "Il y a une prophétie. Nayris chercherait désespérément son passe-droit pour le monde des vivants et tu as...une certaine expérience de ce dont elle est capable. Demain je me rends à la capitale, Sen'tsura, où beaucoup d'autres affaires requièrent mon attention. Notre rencontre n'est pas fortuite, j'en suis persuadé, ainsi j'aimerais que tu m'accompagnes. Je serai ton guide durant un laps de temps relativement court."

Cet homme avait vraiment un don pour passer abruptement d'un sujet à l'autre! Sans la moindre transition, il avait enchaîné une envolé philosophique sur l'immortalité, un questionnement abrupte sur la déesse qui hantait encore les nuits de Eve, avant de lui annoncer sans douceur que cette même femme souhait sortir, elle aussi, des Limbes, pour finir sur une proposition pour se rendre... se rendre où?
- Sen'stura. Une grande ville, le genre qui pourrais te laisser sous le choc pendant quelques jours, à moins que tu n'entreprennent d'admirer longuement chaque battisse une à une, ce qui nous prendrais bien une année ou deux! En plus d'être grande, elle est assez importante parce que... comment t'expliquer ça simplement... C'est de la politique, mais pour faire simple, le chef des nouveaux démons habite là-bas. Et il est aussi devenu le chef d'une bonne partie de Terra. Donc cette ville c'est un peu le centre du monde en ce moment! Et en plus, y a des pigeonnes... à se damner!

Eve récapitula mentalement. Les nouveaux démons qui dirigeaient Terra s’inquiétaient du retour de Nayris, elle meme créatrice des anciens démons. Donc anciens et nouveau démons risquaient bien de ne pas être d'accord. Et dans cet histoire Balthazar semblait être opposé à Nayris. Quand à Eve, la question ne se posait pas.

-Ton assistance dans ce combat ne serait vraiment pas de trop, je pourrais même t'apprendre, à te servir d'une épée. Mais tout comme tu as la possibilité de refuser, j'ai aussi celle de ne pas donner suite à cette nuit. Avant d'aller plus loin, je voudrais savoir, si le feu que j'ai entraperçu dans tes yeux est sacré, ou résigné.
Conte-moi ton histoire, Eve.”


-Je ne sais pas ce que disent vos légendes, vos histoires. Pardonne moi si je te racontes ce qui te semble être des évidences, ou si, au contraire, j'oublie des éléments importants.

Le regard accroché aux flammes comme d'autre s'attachent à des fils élastiques, Eve plongea dans l'abîme de ses souvenirs.
- Je l'ai rencontré la première fois à travers les récits de... Yehadiel. Pour vous donner une idée de l'image qui en ressortait, sachez juste qu'elle est rapidement devenu mon héroïne, le personnage principale de tous mes jeux d'enfant, de tout mes rêves d'aventures. Notre "conteur" nous dressait le portrait d'une femme vive, allant jusqu'au bout de tout ses projets, très perfectionniste, digne de confiance et responsable, tout en gardant une âme fraîche et enjouée, tournée vers l'avenir. Je suis sure que Nayris et Yehadiel, ou du moins l'image que nous avions d'eux, à eu une grande influence sur nous, sans doute parce qu'ils étaient les seuls références que nous ayons. Je ne dit pas que nous sommes devenus comme eux!
Elle prit un petit temps de silence, absorbée par ses souvenirs, avant de se reprendre:
- Excusez moi, je m’égare. Pour en revenir à Nayris, elle avait visiblement le caractère charismatique des leaders, respectée par l'ensemble des dieux mineurs de manière tout à fait légitime. On ne la craignait pas pour sa puissance, on la suivait pour l’énergie qu'elle consacrait à ses rêves, à ses projets. Énergie pourtant contrôlée, qu'elle ne laissait rarement exploser, remplissant avec soin son rôle de veiller sur le repos des âmes qu'elle accueillait dans la douceur des Limbes.
Qu'il était étrange de ramener à la vie cette ancienne Nayris, ce mélange entre les recits d'Yehadiel et l'imagination enfantine d'Eve. Pouvait-elle alors seulement imaginer ce qui viendrais par la suite?
Je rêvais de la rencontrer, d'avoir enfin sous les yeux ce modèle tant vanté par Yehadiel. Dans mon esprit, il était venu pour Ingwë, mon frère, et Nayris viendrais un jour pour moi. C'était très prétentieux comme idée mais j'y croyait réellement. Et puis, les années sont passées, la vie sur terre était si belle et j'ai laissé dans mon enfance ces rêves pour mieux apprécier le présent. Quand je l'ai finalement rencontrée, l'idée que je me faisait des Dieux avait évoluée: Yehadiel n'établissait jamais la moindre hiérarchie entre lui et nous, et si il n'avait pas été aussi... parfait, j'en aurais conclu que les Dieux étaient une race comme une autre. Rencontrer Nayris en chair et en os m'a radicalement rappelé l'ordre des choses.
Se souvenir de l'impression laissé par Nayris n'était pas difficile, en revanche, traduire par des mots humains l'incarnation divine qui s'était présenté ce jour là relevait du vrai defi.
Elle était comme Yehadiel l'avait décrit, mais en... plus. Chacun des adjectifs pouvant la qualifié devait être amplifié pour être à la hauteur de cette personnalité. Elle n'était pas vive, elle était extrême, elle n'était puissante, elle était La Puissance, elle n’était pas expansive mais ses émotions semblaient se rependre autour d'elle, elle n'était pas belle, elle était... magnifique.

Elle sourit en se souvenant de cet être sortit directement du plus beau comte de fée, en mieux.
Pendant quelques secondes, je crois que je suis redevenue enfant, rencontrant enfin l'idole de mes rêves... et je n'était pas déçue! Mais face à toute cette admiration, je n'ai trouvé que du mépris. Rien de méchant, j'en suis sure! Si aujourd'hui une fourmis avait l'idée saugrenue de venir m'admirer, je risquerais de passer à coté d'elle sans la voir! Même avec tout l'optimisme possible, je ne pense pas que cette rencontre ait été une vraie réussite. Elle semblait en colère, Yehadiel semblait triste et je ne comprenait pas grand chose. Je n'ai pas beaucoup changé l'image que j'avais d'elle, mais j'avais le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur.
Eve se decouvrait en même temps qu'elle parlait. Si on lui avait demandé simplement de raconter cette rencontre, elle aurait parler de l'échange entre Yehadiel et Nayris, de la douleur envoyé par la déesse qui lui avait fait perdre conscience, …  Mais a présent que son recit était centré sur Nayris, elle se rendait compte de ce poids qui avait pesé sur elle après ce jour. Ne pas être assez bien pour que Nayris ne se rende seulement compte de l'admiration qu'Eve avait pour elle.
Je ne l'ai pas revu après. Pas avant les Limbes. Pendant plusieurs dizaine d'année, je n'ai presque pas entendu parler d'elle même si, avec le recul, je sais que les choses ce sont doucement envenimer. Et puis il y a eu la guerre, une guerre dans laquelle je n'ai jamais put intervenir mais qui changea radicalement mon avis sur Nayris. Non, pas radicalement, j'était et je suis toujours convaincue que Nayris pendant la guerre était bien la même qu'avant. Seulement les choses ne se sont pas passées comme elle avait prévu, et c'est une fois prisonnière des Limbes qu'elle a vraiment changé...

Eve s’arrêta. Depuis combien de temps n'avait-elle pas parler aussi longtemps?  La suite était plus sombre, et même si elle soupçonnait Balthazar de s'y intéresser plus qu'au début de son récit, elle se permit une légère pause. Avant de retourner dans ces souvenirs là, elle voulait s'assurer d'être bien retenue en vie. Chaque détails, chaque sensation, elle voulait être capable de prêter attention à tout en même temps.
Tentant de gagner du temps, elle tourna sa tête vers Balthazar et demanda:

- Etes vous un démon?

Question abrupte, certes. "Tu parles comme un enfant" aurait répété Orian s'il ne somnolait pas au coin du feu. Mais elle voulait savoir, ne serait-ce que pour cesser de se lancer dans des spéculations inutiles.

- En fait, je ne comprends pas réellement pourquoi vous vous opposez au retour de Nayris. Est-ce pour protéger Terra et ses habitants? Je ne remet pas en cause votre bonne volonté, mais "empester la douceur et l'empathie", c'est une expression qu'elle aurait très bien put utiliser... N'avez vous pas un certain intérêt à son retour?

Maladroitement, elle cherchait à comprendre la logique de Balthazar et, à travers celle ci, la logique de ce nouveau monde, si attrayant mais si complexe.

Eve*

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Dim 8 Sep - 7:31
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Qu'elle me sorte des évidences, de vous à moi, je n'en avais que faire ! On prenait trop souvent pour acquises les connaissances ou les informations que l'on détenait, ainsi discuter d'un sujet aussi nébuleux que la mort méritait de ne point l’entacher d'a priori ou de rationalisme. En effet, il était rare voire improbable dans ce monde de rencontrer un jour un être ayant discouru et partagé l'effluve de la déesse. Oh ne faites pas ces moues désaccordées, bien sûr que certains revenaient des limbes, mais combien pouvaient réciter avec exactitude les sons ouïs, les couleurs contemplées, et les mots prononcés des esprits ou plus encore, de Nayris en personne ?
De ce que j'en savais, pas âme qui vive. Du moins, jusqu'à aujourd'hui !
Se tenait devant moi la seule, l'unique détentrice de la vérité, celle qui rompit le pain avec les dieux avant de rompre les liens unissant vos aïeux.

En conséquence, non, je ne perdrai aucune miette de son histoire, pas la sienne. Ce roman là -bien que je ne sois pas fanatique de lecture-, n'importe qui prendrait la peine de le lire et personnellement, je prendrai également la peine de lire entre les lignes. Par contre, omettre des éléments importants, ça...ça ne risquait pas de m'enchanter.
Je découvrais dans un premier temps une déesse de la mort antithétique. Tout le monde attestera que décrire Nayris telle une colombe déversant amour et prospérité, rayonnant de sagesse et d'héroïsme frôlait l'absurdité.
Et les limbes, permettez-moi de rire, passèrent du purgatoire à un lieu de repos éternel pour les âmes rudement éprouvées.

Pendant quelques millisecondes j'eus la désagréable impression qu'elle se paya de nouveau ma tête, ce qui fut vite démenti quand elle sombra dans ses souvenirs, fixant le vide. Cela se ressentait, en plus de se voir, et ce malgré l'incroyable intégrité de la blonde, que Nayris avait laissé son emprunte aux tréfonds de son âme. Qu'elle fut noble ou satanique, cette dite emprunte demeurait indélébile.
S'il y avait bien un seul trait de caractère qui correspondait, je dirais sans trop forcer que c'était son charisme de meneuse. Là, nul besoin d'avoir étudié avec Alastair pour appuyer l'évidence : Nayris en avait dans le pantalon ! -Même si pouvoir donner la mort à qui que ce soit ou bien créer la vie, quoique déformée, avait de grandes chances de reluire l'assurance propre à tout individu. Si, si, cela y faisait -.

Au cours de son récit, plusieurs phrases retinrent particulièrement mon attention.

(...)Dans mon esprit, il était venu pour Ingwë, mon frère, et Nayris viendrait un jour pour moi. C'était très prétentieux comme idée mais j'y croyais réellement.

Il s'en était fallu de peu que je perturbe le son monocorde de sa voix nostalgique par l'un de mes rires les plus criards. Cela me fit penser une fois encore à mon regretté précepteur, qui ne tarissait pas de proverbes vaseux dont le sens se vérifiait avec l'expérience des subtilités : « Garde-toi de tes désirs Balthazar, il se pourrait bien que la Vie y consente ». Bon, à l'époque je m'étais dit que tout ne tournait pas rond dans sa caboche, mais en découvrant que Eve voulait plus que tout faire sa rencontre, je devais reconnaître que l'on atteignait le comble de l'ironie ; un petit séjour en prison sans passer par la case départ, ça vous tente ?

(...)Yehadiel n'établissait jamais la moindre hiérarchie entre lui et nous, et si il n'avait pas été aussi... parfait, j'en aurais conclu que les Dieux étaient une race comme une autre.

Exactement ce que je disais, le flirt, le divin...

Je m'interdisais secrètement de l'interrompre, elle avait l'air d'en avoir beaucoup à raconter. Le sous-bois était immergé dans les ténèbres les plus noirs, seul notre spot conservait un éclairage convenable, et une chaleur en concordance avec la beauté de mon interlocutrice. Comme je l'avais prévu, quelques chuintements retentissaient alentours, preuve que diverses créatures rodaient, nous encerclant, intrigués par cette vive lumière qui pouvait être comparée à un phare en pleine mer. Sans vouloir me montrer vaniteux -ou peut-être juste un peu-, aucune n'approcherait témérairement, car toutes comprenaient ma nature et se méfiaient. Ce fut d'ailleurs ce qui m'étonna, quand je me levai pour reprendre Garganta et la carcasse du Shakcha, en voyant cette colombe si près du feu, sans aucune autre appréhension que celle de bien dormir.
Décidément, il se montrait collant comme volatile. Bah qu'importe, d'un côté cela ferait un bon casse-dalle sans devoir se fatiguer à chasser.  

Je tenais donc d'une main mon arme, et de l'autre ce qui restait de la bête carnivore. Tout en prêtant l'oreille à la faconde, je m'employai à vider le défunt Shakcha de ses entrailles. Garder le strict nécessaire, et se désencombrer du superflu pour alléger le voyage, voilà la règle de base du parfait petit aventurier, diable ! Je devrais peut-être écrire un livre ? Naaan.
Malgré les piqués répétés de ma lame contre les parois de la charogne, je pouvais aisément l'entendre me décrire la magnificence irréelle de Nayris, de leur scène de ménage -au passage j'imaginais fort bien Eve, totalement interdite devant un tel spectacle. C'était comme si la lune cherchait à éclipser le soleil -, je lui soulevai néanmoins mon pouce lorsqu'elle stylisa ses paroles d'une métaphore sympathique.  

Enfin, nous en arrivions au vif du sujet ! La guerre des dieux !

(...)Seulement les choses ne se sont pas passées comme elle avait prévu, et c'est une fois prisonnière des Limbes qu'elle a vraiment changé...

Une guerre dans laquelle elle n'avait pas pu intervenir hein ? J'aurais été ravi de voir ce qu'elle aurait bien pu y changer, coincée entre Goliath et Polyphème. Bref, Yehadiel avait donc certainement une puissance plus importante que Nayris, étant son principal geôlier. Cependant, le gentil dieu de la lumière restait paradoxalement à l'ombre depuis un très long moment, et celle qui faisait le plus de remous récemment, c'était la cocue !
Je pouvais laisser cet aspect peu encourageant aux prieurs.

- Etes vous un démon?

Tiens, voilà qui était intéressant.

« HA ! Je parie que cette question te brûle les lèvres depuis le début ! A ton  avis, est-ce qu'un démon ferait ça ?! »

Sans prévenir, je sautai par-dessus le brasier, arrivant d'une seule traite au-dessus de son corps, tandis que dans la forêt les animaux curieux eurent décampé en faisant frissonner les hautes herbes, je présentai à Eve l'une de mes plus adorables grimaces ; yeux exorbités, rictus exagérément étiré, langue secouée vigoureusement de-ci de-là, le tout agrémenté d'une somptueuse interjection.

« WAZAAAAH ! »

Je mis fin à la frasque promptement, raccommodant mon visage légèrement endolori. Mon but était de décrisper la situation. Si elle pensait occulter son malaise avec efficacité, Eve ne persuadait que sa personne. Je savais que ma requête était douloureuse, que les souvenirs d'une torture véhiculaient autant les images que la douleur, j'étais excellemment bien placé pour le savoir.

Je retrouvai mon Shakcha dépouillé, juste en face d'elle. En m'asseyant j'eus tout de même la noblesse de lui répondre, les flammes s'insérant par intermittence entre mon regard en coin et le sien.

« Naturellement. »  

- En fait, je ne comprends pas réellement pourquoi vous vous opposez au retour de Nayris. Est-ce pour protéger Terra et ses habitants? Je ne remet pas en cause votre bonne volonté, mais "empester la douceur et l'empathie", c'est une expression qu'elle aurait très bien put utiliser... N'avez vous pas un certain intérêt à son retour?

« C'est une question d'instinct de survie. En vérité ce tu n'as pas aimé c'est le mot "empester", je le sais. Je te confirme donc avoir bien choisi ce mot, pas de faute de langage. Je déteste ceux qui se ramènent en prônant l’abnégation à tout-va ! Car si les obstacles ont le malheur de persister, que plane l'ombre de la mort, tout ce beau monde se défile.

Tu veux une preuve de ce que j'avance ? Prends-toi pour exemple, Eve. Tu es une humaine sans arrière-pensées, tu es même plutôt candide, pour toi le bonheur d'un seul être ne doit pas être sacrifié au profit de la masse n'est-ce pas ? Pourtant, repense au Shakcha, le ventre vide, qui ne cherchait qu'à se nourrir. Si tu avais été en accord total avec tes principes, tu l'aurais laissé te dévorer. Mais non ! Dès que tu as senti que tu allais bientôt retrouver Nayris tu t'es empressée de fuir, et je ne te blâme pas. Au moins toi tu sais désormais, que la vie n'est pas blanche ou noire, elle est teintée des deux.

Deuxième exemple, une fois que je t'ai sauvée du Shakcha, et que par mégarde je t'ai attaquée, m'as-tu donné le bénéfice du doute ? Non ! Tu t'es emparée de l'épée et ta première phrase, si ma mémoire est bonne, était une remontrance. »


Je lâchai le contact visuel pour continuer ma besogne.

« Alors oui, la bonté et l’empathie ça empeste, ça empeste l'hypocrisie !
Pourtant, il arrive parfois que je tombe sur quelqu'un comme toi. En dépit de ta méfiance je ressens de l'authenticité, eeet ça te donne un charme indéniable.
Nayris, elle, veut détruire ceci. Je comprends, mais n'approuve guère. »


Point essentiel à préciser, je n'étais pas d'accord sur la forme, mais entièrement avec elle sur le fond. Cela bien sûr, je le gardais pour moi.
Impatient d'écouter enfin la partie la plus intéressante de la genèse de Terra Mystica, j'entrevoyais déjà les différentes infamies qu'avait pu endurer Eve.

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Mer 11 Sep - 1:33
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Est ce qu'un démon ferait cela? Le rythme cardiaque encore affolé par l'intervention de Balthazar, Eve revint sur la question. Qu'est ce que les démons faisaient ou ne faisaient pas? Elle résolut le problème en se disant qu'ils faisaient ce qu'ils voulaient et repporta son attention sur celui qui se tenait en face d'elle.
Plongée dans son récit, elle n'avait même pas remarqué qu'il s'était attaqué à la dépouille de Shakcha, séparant soigneusement la peau du reste. Elle haussa un sourcil, étonné. La viande se garderais moins bien ainsi! Malgré toute  l'application qu'il mettait dans cet étrange rituel, il parvint à lui répondre en même temps.

“ pour toi le bonheur d'un seul être ne doit pas être sacrifié au profit de la masse n'est-ce pas ?”

La question n'en était évidement pas une, aussi Eve ne répondit rien, mais elle était en total désaccord avec cette affirmation. En 8000 ans, elle avait eu le temps de regretter d'avoir voulu préférer son intérêt égoïste malgré le danger que cela représentait pour les siens!

 Pourtant, repense au Shakcha, le ventre vide, qui ne cherchait qu'à se nourrir. Si tu avais été en accord total avec tes principes, tu l'aurais laissé te dévorer

Ah non, une fois de plus Eve fronça les sourcils, sans interrompre pour autant le démon. Certes, elle avait fait une promesse qui lui interdisait de se laisser mourir si facilement, mais elle doutait que ce genre d’épisode romantico-dramatique puisse convaincre Balthazar. En revanche, un simple “principe” pouvait aussi donner une explication raisonnable au fait qu'elle ne se soit pas jeter dans la bouche du Shakcha. Son respect pour la vie était bien trop important... Elle buta sur son propre raisonnement. Même si la peur des Limbes avait principalement motivé sa fuite, elle restait convaincue qu'il y avait autre chose... Mais si c'était le respect de la vie, cela devenait contradictoire, puisque qu'en sauvant la sienne, elle mettait celle de l'animal affamé en danger... Plaçait-elle sa propre vie au dessus de celle du Shakcha? Cette conclusion lui déplût fortement, et elle se promit de réfléchir à ce problème dès qu'elle aurait pris un peu de recul sur la situation.

Deuxième exemple, une fois que je t'ai sauvée du Shakcha, et que par mégarde je t'ai attaquée, m'as-tu donné le bénéfice du doute ? Non ! Tu t'es emparée de l'épée et ta première phrase, si ma mémoire est bonne, était une remontrance. »

Elle détourna le regard en même temps que Balthazar, et le perdit dans les flammes. Ces remarques, pleines de bon sens et indéniablement vraies, la perturbaient fortement. Elle s'en voulait, d'avoir agit ainsi, d'avoir blessé par sa méfiance, de s'être laissé subjuguer par la douleur et la peur jusqu'à en malmener un inconnu! Plus encore, elle se questionnait sur les excuses qu'elle pouvait donner à ce comportement. Certes, elle était blessée mais était-ce la seule raison? Si aujourd'hui elle lésait quelqu'un sous prétexte d'une blessure, jusqu'où irait-elle demain?
Comme pour achever de déstabiliser Eve, le démon conclu;

« Alors oui, la bonté et l’empathie ça empeste, ça empeste l'hypocrisie !

Elle se recroquevilla mentalement, comme un enfant désobéissant pris sur le fait. En plus d'être attristée en se rendant compte qu'elle avait pu peiné le démon, elle se remettait en question, inquiète de ce trait de caractère qu'il pointait chez elle. Elle se savait loin d'être parfaite, mais ne voulait pas recommencer à blesser, attrister à cause de cette “hypocrisie”.

Pourtant, il arrive parfois que je tombe sur quelqu'un comme toi. En dépit de ta méfiance je ressens de l'authenticité, eeet ça te donne un charme indéniable.
Nayris, elle, veut détruire ceci. Je comprends, mais n'approuve guère. »


Incompréhension. Il vient de lui démontrer par A plus B qu'elle a mal agit, et maintenant il lui reconnait une “authenticitée”. Gêne. Elle ne rougit sans doute pas, le visage déjà coloré par la chaleur de la fièvre, mais se mordit machinalement la lèvre inférieure. Retour aux sources. Tout était partit de Nayris, et il fallait bien y revenir un instant. Force était de reconnaître que, même s'il avait profondément déstabilisé et attristé l'humaine, Balthazar avait réussit à lui changer complètement les idées. Mais maintenant il fallait y retourner.

Je ne suis pas sure de pouvoir vous aider à trouver les faiblesses de Nayris. Pour moi, je la sentait surtout plus puissante qu'Yehadiel, pas dans le domaine de la magie pure, je serais incapable du moindre jugement dans ce domaine, mais plutot dans la mesure où elle ne se mettait aucune limite “hypocrite”.
“Quand elle m'a réveillé dans les Limbes, elle était en colère. Les Limbes étaient encore un lieu splendide, elle a tout détruit. Tout les morts qui y échouaient subissaient sa fureur, fureur aux dimensions d'une déesse. “Tu es bien prétentieuse” me disait-elle “d'avoir cru que ta seule mort m'apaiserais! Tu n'es rien!”. Elle aimait beaucoup dire ça, “tu n'es rien” ou “vous n’êtes rien” pour parler des humains en général. Et en même temps, je crois qu'elle savait bien que je me sens coupable envers les miens. Parfois, quand elle...

Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Le dire c'était l'admettre, c'était ouvrir la porte aux souvenirs tant refoulé.

Quand elle trouvait de nouvelles idées pour ….
Nouvelle hésitation. Pour faire mal, elle disait que toutes ces idées venaient de chez les vivants, que c'était des inventions humaines contre d'autres humains... Qu'elle les avait maudis, retirant leur immortalité, et qu'ils étaient devenus la proie des autres espèces qui leur faisait souffrir les pires souffrances imaginables...

Il n'y a pas de mot, ou du moins je ne les connais pas, pour parler de tout ça. Nayris est une déesse, Pour elle, casser des os, brûler la peau, déchirer les muscles, cela ne suffit pas à combler des millénaires d'ennuis dans les Limbes. Elle sait jouer avec les esprits à la perfection. Inspirer la peur, la haine, le remords, … Elle peut faire naître des idées, des doutes dans l'esprit des autres, leur retirer toute identité... Et toutes ces douleurs psycologiques que je ne peut pas, encore une fois, expliquer par les mots.

Au début apaisantes, les limbes ont été plongées dans l'obscurité, le silence angoissant. L'absence de lumière fait disparaître tout les repères. La terre, les pierres, toute matière s'est lentement diluée dans le noir. Pire que tout, la solitude. Si seulement il y avait eu une personne, n'importe qui, à qui parler, avec qui rire!


Elle chuchotait presque, entièrement absorbée par ses souvenirs, ne souhaitant pas attirer l'attention de la déesse. Seule les flammes qui dansaient devant ses yeux repoussaient encore la panique qui s'emparait d'Eve.

Même mes souvenirs, qui pourtant me permettait de m’évader de temps en temps, même eux j'ai fini par regretter de les avoir. Parce qu'à cause d'eux il était impossible de s'habituer à l'enfer des Limbes, ils me rappelaient sans cesse qu'une autre et meilleure vie existait.

Tu dis que d'autres sont déjà sortis des Limbes. Cette idée était impensable pour moi. Si Nayris n'y parvenait pas, comment des simples créatures ont pu réaliser cet exploit? Pour moi, il n'y avait qu'une éternité de combat ou un renoncement. Pas le moindre espoir de s’échapper. Impensable Je suis peut être complètement folle, détruite, et mauvaise mais si je tiens debout ce n'est pas grâce à l'espoir. Là-bas, je n'en avait pas le moindre
.

Non, jamais elle n'avait imaginé sortir un jour des Limbes. Pourquoi se battre alors? Pourquoi se relever à chaque chute? Pourquoi lutter chaque fois qu'elle se sentait proche de perdre conscience?  Cela aurait-été tellement plus simple de n'être qu'une poupée de chiffon entre les mains de la déesse!

Je crois juste que je n'avais pas le choix... De même qu'une pierre coule dans l'eau, quelque chose en moi, que Nayris ne pouvais pas détruire, même en me retirant tout, mon corps, mes pensées, mes souvenirs, quelque chose qui faisait que je n'avais pas le droit de lâcher prise...

Elle inspira longuement, Tous ces mots ne servaient-ils pas finalement qu'à masquer sa totale incompréhension face à toutes forces qui s'opposaient autour d'elle et en elle? Elle sourit et ajouta:

Ce sont des histoires de Dieux! Je n'ai jamais bien compris ces gens là, je ne suis pas sure que leur fréquentation soit très souhaitable!


Encore angoissée par ce bref retour dans les méandres de son passé si proche, elle posa sa main froide sur son front brûlant, sans oser fermer les yeux malgré le poids de ses paupières. Elle n'était pas prête à se plongée dès maintenant dans le noir.

- Alors? Tu crois qu'il va bien vouloir nous emmener voir les pigeonnes de Sen'stura?
La voix d'Orian, réveillé pour veiller à ses intérêts, apaisa Eve qui rit doucement. Quelle étrange nuit...

Eve*

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Ven 27 Sep - 0:45
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Comme à la maison. Plus j'écoutais la blondinette effarouchée me décrire la noirceur abyssale des limbes et plus je me sentais dans mon élément. Au début, je cherchais à masquer le bien-être profond que me procurait la visualisation d'un lieu aussi sordide que celui de la terre des morts, mais l'histoire prenait des tons et des couleurs que même un démon né en siège - sans césarienne bien sûr, sur Zelphos on dit « ça glisse ou ça brise ! » - comme moi pouvait apprécier, et au bout de quelques paroles un sourire déridé s'invita contre ma volonté ou peu s'en faut. Puis, les oreilles bercées par les innombrables tortures infligées à Eve, je me surpris décontracté et presque assoupi.

Je ne l'ai jamais caché, de tout le récit, c'était le moment que j'attendais le plus et si vous pouviez vous détacher un seul instant de votre dégoût feint pour le sang et la barbarie, vous seriez du même avis. Je clignerais bien de l’œil, mais mon interlocutrice prendrait cela comme une invitation au souper, et je doute qu'elle ait très envie de remettre le couvert présentement ; N'est-ce pas ?
Qu'importe, je savais à quoi m'en tenir désormais ! Les limbes équipollaient le Néant. Le néant...membre incontesté de la dyade régissant l'univers. La nature déteste le vide, moi je hais le trop-plein, on est complémentaire. C'était comme si Eve venait de m'avouer que la mort était le chemin menant au paradis. Seul, avec pour unique compagne la tranquillité, un paysage uniforme, simple sans fioritures, les ténèbres du supraconscient. Idéal pour un nihiliste démonique, cauchemardesque pour un humain.

Cela ne veut pas dire que j'ai forcément envie de passer l'arme à gauche, simplement que l'Autre-lieu n'a rien d'effroyable en soi, tout au contraire. Alors, on se demandera pourquoi un être tel que moi ne lui a pas déjà sauté au cou pour la renvoyer là où elle semblait avoir découvert tant de délices ? Parce qu'il y avait ce petit quelque chose - comme je l'ai mentionné ci-devant - qui la préservait de mon chaos. Non pas que cela me demandait de grands efforts, encore fallait-il que j'en ai Envie.
Elle termina sur une note comique, bien qu'ayant l'air maussade. En voulant lui donner la réplique, je butai sur un aliment inestimable.

« Oooh, l'intestin ! »

Oui l'intestin. Qu'on se le tienne pour dit ; je n'avais peut-être pas la lumière à tous les étages, cependant mes pieds étaient bien sur terre ! Je savais que l'intestin était une partie de l'appareil digestif, représentant la voie toute tracée pour les excréments jusqu'à la sortie. Seulement, à chaque fois que mes yeux tombaient dessus, ils réfléchissaient à mon cerveau l'image des saucisses tressées que l'on trouvait chez certains bouchers hors de prix à la capitale. Lorsque j'étais troufion m'en procurer était tout bonnement impossible. Aujourd'hui avec ma nouvelle fonction, c'était une autre affaire. Pourtant, je continuais inlassablement d'agir ainsi ; les habitudes ont la peau dure, disait-on.
Je l'entaillai minutieusement dans la longueur afin de ne pas trop le débiter, et fus ravi de constater que cela devait faire des lustres que le Shakcha n'avait rien avalé. Affamé donc, cela avait dû le rendre imprudent. Je trouvais cela étonnant d'ailleurs, qu'il n'eut point l'idée d'utiliser sa capacité de camouflage en voulant dévorer Eve. Ceci expliquait cela.

J'engloutis une bonne portion de chair avant de m'adresser à l'humaine, la joue gondolée.

« Hmmm, Ch'est bon ! T'en veux ? C'est parfait pour le transit intestinal tu sais, NYA HA !»

Petit rot victorieux.

« Effectivement, tu ne m'as rien appris des faiblesses de Nayris, tu as parlé pour rien, et j'ai perdu mon temps. Il est temps que tu meurs... »

Mon regard était ferme, ma voix acerbe, toutefois le rire étouffé qui suivit édulcora la facétie.  

« Blague à part, je pense que Nayris a au moins une faille : Toi. Je me mets à sa place, je suis une déesse -canon j'espère-, et toi l'objet de ma haine. J'ai le pouvoir de t'anéantir mais je ne le fais pas. Pourquoi ? Parce que c'est trop doux, je préfère te torturer dans tous les sens et de toutes les façons imaginables, Mais ! mais là où tu ne me vois pas venir, c'est le temps insidieux que je vais mettre, mettons huit mille ans, à te culpabiliser. Tu dis qu'elle peut implanter des idées dans les esprits, moi je dis qu'elle a fait naître la peur en ton âme. Tu es vivante et morte, forte et faible. Sa vengeance, c'est de te voir t'accrocher à tes remords et de souffrir d'une blessure qu'aucun soigneur au monde ne peut guérir. Tu dis que ne pas lâcher prise t'a sauvée ? Baah, au contraire laisse pisser, laisse-toi aller, ou tu trembleras à tout jamais devant chaque sinuosité sombre, sueras chaque nuit et regarderas par-dessus ton épaule en te demandant sans cesse si la mort couve tes pas. »

Les écailles luisaient, selon leur inclinaison, elles paraissaient parfois se fondre avec l'environnement. Un spectacle réjouissant !

« Et voilà ! Travail achevé ! Hey tu m'as aussi appris un truc intéressant : La faiblesse de Yehadiel, c'est Nayris. Au lieu de régler le problème radicalement, tel que les dieux savent faire, il a juste enfermé son ex dans les limbes. Super altruiste quand on sait que c'est là-bas que toutes les âmes atterrissent, le type s'est créé une boîte de pandore, ha ha ! Le hic avec les boîtes c'est qu'on peut les rouvrir. En plus de pas être fute-fute il nous montre carrément qu'il a les baloches flapies. »

Je m'allongeai tranquillement, les mains derrière la tête.

« Ah et Eve, la fin heureuse avec les petits nephilims courant en pagne dans les champs tu peux oublier. L'espoir, c'est la carotte qui pendouille au nez de l'âne. Ça fait marcher, pas avancer.
Tu devrais dormir, nous partons à l'aube. »

Balthazar Féral

Balthazar Féral


Démon

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[Terminé] Il a peut être faim!  [PV : Balthazar] Sand-g10Ven 27 Sep - 23:51
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Eve ne dormit pas cette nuit là.  Dénouant sa cape, elle s'en servit de couverture et se recroquevilla dessous, le visage tourné vers le feu qui crépitait doucement. A plusieurs reprises, elle se leva pour ramener quelques branches ou des bûches moyennes. Garder la lumière pour garder le contrôle.

Tout son corps se reposa, ou plutot lutta contre l'infection de la plaie, mais ses pensées refusaient de laisser place aux rêves. Trop de chose remuées, trop de souvenirs ranimés. Par cette étrange conversation avec Balthazar, elle avait ressortit des vieux sentiments, des anciens rêves, des pensées... une vie passée. Comme un album photo d'enfance que l'on redécouvre, un journal intime d'adolescence que l'on relie. A présent, il fallait tout ranger soigneusement à sa place, remettre les choses dans l'ordre et les recouvrir par des pensées plus futiles qui permettaient d’éviter de se laisser tourmenter par des événements passés qu'elle ne pouvait pas affronter.

Mais dans ce rangement, Eve buta sur des éléments nouveaux, qui n'avaient pas de place dans son esprit, pas le moindre tiroir prévu pour les mettre de coté et les oublier, comme le reste. Petit à petit, elle comprit qu'elle n'avait pas fait que parler au démon, mais qu'elle avait aussi écouté ses réactions. Et que, à pressent, les idées de Balthazar (ou ce qu'elle en avait retenu) traînait dans sa tête et perturbaient tout son rangement. Pendant les longues heures de réflexions que lui offrait la nuit, elle examina ces petits morceaux de phrases, les retourna dans tout les sens pour chercher un moyen de les faire entrer dans son armoire du “c'est passé, ce n'est plus important, c'est oublié”. Et du finalement se résoudre à les laisser dans une petite boite de “je préfère ne pas comprendre”.

Après la réaction, les observations du démon sur la deuxième partie du récit, Eve n'avait rien rajouté, obéissant sagement à son conseil “Tu devrais dormir”,  en apparence du moins. Les paroles de Balthazar ne l'avait pas laissé indifférente, mais elle n'avait tout simplement rien a répondre. Bien sur, elle n'était pas sortie indemne des Limbes, mais quand à savoir le meilleur moyen pour en guérir, elle ne pouvait ni repousser ni valider l'idée proposée, et n'avait surtout aucune envie d'aller remuer encore plus le couteau dans la plaie. Les mots obligent le réel, a l'inverse, ne pas en parler c'est laisser les tourmentes à la frontière du réel.

Quand aux critiques qu'il portait sur Yehadiel, elles effleurèrent à peine l'humaine. Ce n'est pas l'avis d'un démon, aussi respectable soit-il, qui ébranlerais la confiance qu'elle avait en ce Dieu. Il n'avait pas mal fait les choses, Il les avaient certainement fait de son mieux, avec ses raisons et ses motivations. Et même s'il avait épargné Nayris par sentiment pour elle, comment pouvait-on reprocher à un Dieu d'Amour et de Vie de refuser de donner la mort, de refuser d'écouter son cœur plutot que sa raison? Une faiblesse d'amour n'en n'est pas une.

Une petite heure avant l'aurore, Eve se laisser emportée dans les bras de Morphée. Les questions soulevé par Balthazar étaient toujours là, gênantes et impossible a chasser d'un revers de main. Elle s'était donc contenté d'accepter leur présence, supposant qu'elle trouverais un sens à ce nouveau puzzle dans les jours a venir. Au fond, quoi de plus normal de ne pas comprendre une créature venue d'un autre monde, peut être créé par d'autres Dieux, avec une histoire, un entourage, un quotidien, des valeurs,... complètement différents de ceux de la première humaine.

Eve*

Eve*


Humain

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