Un peu moins d'une semaine s'était écoulée depuis que son compagnon et Yrelith avait quitter Flore, après avoir vécu une courte aventure en la compagnie d'un drôle mais peu amical humain. La Cianopsitta ne connaissait pas son nom, peut-être l'avait-il dit et que ça lui avait échappé, mais son visage et sa silhouette resteront dans sa tête pour un bon moment. Au pays des Fées, le duo avait profité de l'absence de traqueurs ainsi que de la naïveté et de la niaiserie des habitants du coin pour reprendre leur envol. À vol d'oiseau, ils seront beaucoup plus rapidement à la destination qu'elle voulait atteindre. Cela fait très longtemps qu'elle recherche son peuple, mais, ces derniers temps, le nom d'une vieille entité trottait encore dans sa tête, une créature qui vivrait dans un volcan et serait, paraît-il, douée de butins et de sagesses. Le Dragon Millénaire, c'est lui qu'Yrelith devait rencontré car elle savait au fond d'elle que si quelqu'un savait où trouver les siens, ce devait être quelqu'un de beaucoup plus vieux et instruit que les autres personnes qu'elle connaît. Ou alors c'était surtout par curiosité...

Afin de se préparer au voyage, et sachant également ce qu'ils rencontreront, les deux Cianopsittas devaient avant tout se ressourcer, et un arrêt au Lac Patriarcal ne pouvait donc être que bénéfique. Une fois arrivée sur place, et étant certains que les villageois du coin ne seraient pas plus que cela intéressé de savoir qu'est-ce que deux gros piafs viennent faire par ici, Yrelith put se mettre à son aise. Pour commencer, elle s'approcha du bord de l'eau et méfiante, but quelques gorgées, puis satisfit sa soif à son grand bonheur. Une fois abreuvée, elle releva sa tête, gonflant légèrement le plumage pour faire circuler l'air entre ses plumes, histoire de se rafraîchir un peu après ce long vol. Elle observait les alentours, inquiète, peu rassurée, elle savait qu'il y avait beaucoup de gens sur ces plaines, mais elle eut rarement des problèmes avec eux, ni même avec les démons locaux. Peut-être que l'un ignore ce qu'elle est, et que l'autre s'en fiche complètement de ce qu'elle est. Tant mieux ! L'esprit reposé, Yrelith, pour s'amuser, repris sa forme humaine avant de bondir dans le lac.

Toujours pas entièrement habituée à cette apparence, la Cianopsitta transformé se débattait dans l'eau dans un mélange de surprises, de frayeurs et de joies. Ça lui arrivait de piétiner un cailloux glissant et de trébucher, ou alors d'entendre des poissons nager subitement bruyamment, ou encore le chant des oiseaux entre les feuilles. C'était un petit coin agréable, à l'abris des regards sans pour autant qu'on se sente étouffé par la flore sauvage. S'amusant comme une petite fille dans l'eau, la jeune demoiselle riait doucement, jouant avec ses mains sur l'eau, si ce n'était pour l'envoyer en l'air afin de prendre une douche. Rien que le fait de simuler un court instant une grosse pluie la faisait rire, mais ce qui l'intriguait le plus, c'était son nouveau sens du toucher. Elle n'avait que des plumes jusqu'au jour où elle apprit à changer d'apparence, maintenant, c'est avec sa peau qu'elle effleure le monde. C'était perturbant au début, mais on s'y habitue vite, à force.

Pendant que la Cianopsitta jouait dans l'eau de la rivière, son compagnon semblait méfiant, peut-être avait-il peur que l'endroit ne soit pas si sûr que ça. Yrelith le comprenait, elle avait beau être venue ici plus d'une centaine de fois, ce monde reste dangereux pour des gens de leur espèce, peu importe où il se situeront ou où ils iront se cacher. Au début, elle n'y prêta pas plus d'attention que cela, sa bonne humeur ayant pris le dessus au moment où elle commença son bain, mais quand Vy l'appela pour la mettre en garde, elle comprit que la zone n'était plus si sûre. En regardant aux alentours, pourtant, elle ne percevait rien... Mais il est vrai qu'elle n'est pas habituée à sa forme humaine et à ses capacités sensoriels réduites.

Elle ne savait pas trop quoi faire, son premier geste fut de s'enfoncer sous l'eau, seul le haut de ses épaules ressortait à peine. Sans doute à cause du lieu qu'elle connaissait tout de même assez bien pour y être passée très souvent, elle n'était pas trop effrayée, ou bien était-ce la présence de Vy non loin d'elle qui la rassurait. En tout cas, elle ne savait pas trop s'il y avait vraiment quelqu'un, mais ce qui importait le plus... C'était qu'elle commençait à s'ennuyer à ne plus rien faire, comme si le danger tardait à venir... Pas qu'elle attendait une troupe armée ou un cataclysme ou quoique ce soit d'autre de potentiellement nuisible, mais, en général, les oiseaux se taisaient quand on tentait de s'approcher avec une mauvaise aura. C'est alors que, au nom de l'amusement et du brisage de silence, qu'elle se remit à jouer bruyamment dans la rivière.