C'est dangereux de prendre cette direction. La chaleur y est étouffante, l'air y est lourd, le sol y est bouillant et le paysage y est dévasté, tellement dévasté que l'image qu'on nous offre en ces lieux nous donne une sensation... De peur. Nul besoin d'entendre les légendes qu'on en raconte, les écrits qui en parlent, les poèmes chantant les caprices de ces volcans, il suffit de le voir pour ressentir cette peur. Avant même de passer à côté de l'auberge de l'Iguane Festif, on peut s'en rendre compte, sentir la chaleur caresser notre peau, et parfois même la cendre qui s'envole dans les airs. Une fois qu'on s'avance un peu plus sur le sentier qui mène sur ce territoire éloigné, notre estomac se noue, on se racle la gorge, on n'ose imaginer si le ciel offre un refuge délabré et une vue embrasé. Le chemin qui nous y mène passe entre deux falaises, à l'entrée, on ne distingue  pas l'arrivée, à mi-chemin on se croirait perdu, et une fois au bout, il n'y a qu'une chose que l'on peut voir : le Feu qui a détruit ce monde-ci.

Volcania, la très nommée "Terre des Dragons", c'est ici que l'on ne peut trouver qu'une personne encore capable d'offrir son aide aux courageux pèlerins en quête de savoir et de vérités, et deux nouveaux visiteurs, ayant décidé de se tourner vers ce lieu, désiraient rencontrer cette personne. Yrelith, agrippée au bras de son compagnon Vy, serrait les dents et plissait les yeux tout en observant les montagnes cracher du feu. À elle aussi, cet endroit ne lui inspirait que de la peur, la peur d'y mourir, de n'y laisser aucune trace, d'y disparaître pendant l'éternité. Au fond, elle devrait se sentir rassurée d'être à côté d'un des siens, qui plus est un être qu'elle apprécie énormément, mais la vision de cette lave qui coule, ce déséquilibrage lors des fréquentes secousses qui précédaient une éruption ainsi que le vacarme incessant écrasait la volonté de la petite Cianopsitta, se sentant vulnérable face à cette puissance divine. Bien qu'elle soit parvenue à venir jusqu'ici, Yrelith se cacha contre son compagnon de route, son visage exprimant une déroutante tristesse. Elle ne pleurait pas, ou presque, mais se sentant si fragile soudainement faillit la faire s'écrouler par terre, ses jambes tremblaient de terreur et manquaient de céder sous ce poids.

Deux mots sortirent entre ses lèvres tremblotantes. Alors qu'un mince filet de larmes commençaient à s'écouler depuis ses yeux fermés, la jeune Cianopsitta s'accrocha aux épaules de Vy pour ne pas tomber sur le sol, sanglotante doucement contre lui, car après tout ce chemin pour parvenir jusqu'ici... Elle ne trouvait pas la force d'avancer. Des mers du Sud jusqu'à Sahawi en passant par les Marais de la Désolation, elle était toujours parvenue, même si c'était en volant, d'au moins y jeter un oeil, mais ici... Le ciel sombre menaçait presque de les frapper s'il prendrait leur envol, et passer entre les volcans en éruption était bien évidemment trop dangereux, un violent courant d'air et... Puis, Yrelith tourna son regard vers Volcania, encore avec quelques larmes, mais elle le fit uniquement parce qu'elle n'avait plus le choix.

Lentement, un pas devant l'autre, la Cianopsitta s'approchait de ce territoire qui semblait être sur le point d'exploser. Elle n'avait pas froid, mais la peur la secouait, elle serrait les bras autours d'elle comme pour se protéger de l'Hiver frappant, et quand le sol la fit tomber, c'était non sans l'aide de Vy qu'elle se releva. Terrifiée, elle se serrait contre son compagnon, et après un moment d'hésitation, c'est ensemble qu'ils s'enfoncèrent sur ces terres.

L'un dans les bras de l'autre, il continuèrent leur chemin, connaissant les dangers auxquels ils s'y attendent, mais pas ceux qu'ils rencontreront...