Le paysage était vraiment différent hors de la foret. Les arbres avaient été sa maison ses protecteurs. Ne plus en voir ou si peu rendait Cosmos quelque peu mal à l'aise. Piwie volait devant Blackhost et elle les guidant du mieux qu'il pouvait.
_ La région est beaucoup plus habité que la forêt. Il n'est pas étonnant que nous croisions d'autres
personnes assez rapidement. Nous devrions arriver à la capital d'ici deux jours... si nous ne rencontrons pas d'embuches bien sûr.
L'oiseau ne semblait pas très optimiste. Mais il en faudrait plus pour atteindre Cosmos. Même si des problèmes se présentaient, elle, ou Blackhost, trouverait une solutions. Ils rejoindraient la capitale le plus vite possible... il le fallait pour sa mère. La fillette respira un bon coup, ce n'était pas le moment de perdre courage, le voyage serait encore long.
Cosmos tout en marchant, se remit à détailler le paysage. Au loin on apercevait une étrange battisse, elle lui laissait la même impression que leur rencontre avec le monstre dans la forêt, son ventre se serra.
C'était leur but, la capitale, Piwie lui avait dit... et elle avait espéré qu'il se trompait. Mais plus leur marche progressait, plus ils s'en rapprochaient. C'est à ce moment là que l'enfant se rendit compte qu'elle ignorait beaucoup de choses sur les lieux hors de la foret. Comment seraient les personnes? Comme Blackhost ou comme Nax, le gnome marchant?
Elle continuait à se poser des questions,  lorsqu'elle aperçut d'étranges terrains. Des plantes, identiques et regroupées, sur de grands espaces. Divisant la terre en plusieurs couleurs et formes. Cela en fut trop pour Cosmos, il fallait qu'elle en sache plus. Comme Piwie, occupé à se diriger et à repérer d'éventuels embuches, se contenta de lui répondre:
_  Je ne suis qu'un oiseau et mes connaissances sont malheureusement limités, désolé.
La petit fille se tourna  donc vers son compagnon de route, voletant jusqu'à être à sa hauteur.
- Blackhost je peux te demander quelque chose?
Sans lui laisser le temps de répondre, elle continua sur sa lancée:
_ Pourquoi les plantes sont comme ça?
Elle pointait les champs du doigt.
_ Et elles sont comment les personnes ici? Elles te ressemblent? Et il y a encore des "choses"? Comme celle qui a fait peur aux loups?
 

Ils étaient enfin sortis de la forêt, et le chasseur, malgré son affection pour la vie sylvestre avait l'impression de respirer à nouveau après une longue période d'apnée. L'horizon était dégageait, aucun arbre immense pour dissimuler une créature des plus terrifiantes, juste une immense et sublime étendue de terre, de temps en temps entrecoupée de champs, de maisonnettes (qui devait aussi probablement servir d'auberge) ou de petites fermes. Le soleil était lui aussi à nouveau visible parfaitement, et ses rayons frappaient le jeune homme sans la retenue des feuillages épais qui plafonnaient la forêt.

L'oiseau minuscule continuait de guider son amie, bien que le l'imposante architecture de la capitale lui aurait probablement suffit, ou alors ignorait elle que c'était Sen'tsura la grande qui se dressait fièrement droit devant ? Pourquoi pas ! Après tout, cette enfant détestait la viande, et, vue la tête qu'elle avait faite en quittant sa forêt, elle n'en était jamais vraiment sortie. Qui aurait pu lui dire que les hommes avaient construit la plus forte et majestueuse des capitales ?

Les rares nuages qui tâchaient alors le ciel semblaient d'accord pour épargner le petit groupe d'une pluie torrentielle, et Delonias ne pouvait alors ne leur en être que redevable, lui qui détestait profondément la boue, même s'il aimait bien les couleurs qui tapissait le ciel après la pluie, lorsque le soleil venait sécher les terres, il se priverait volontiers de ce petit plaisir si on laisser ses pauvres bottes en paix. Le jeune chasseur n'avait donc pour seule occupation de prier pour conserver cette météo, tout en marchant, alors que l'enfant elle, pendant ce temps, semblait harcelée "Piwie".

Ils approchaient d'un champ de tomates, lorsque Cosmos se tourna vers BlackHost, et le questionna à son tour.
"Blackhost je peux te demander quelque chose ? Pourquoi les plantes sont comme ça? Et elles sont comment les personnes ici? Elles te ressemblent? Et il y a encore des "choses"? Comme celle qui a fait peur aux loups?
Elle n'avait donc vraiment jamais quitté sa forêt, si déjà elle trouvait l'agriculture étrange, qu'allait-il en être lorsqu'ils atteindraient la ville et qu'il devrait lui expliquer le commerce par exemple. Rien qu'à y penser, le jeune homme sentait une forme de défaitisme l'envahir.

- Les plantes sont cultivées par des agriculteurs. Comme il y a beaucoup de personnes à nourrir dans le royaume, on fait pousser beaucoup de nourriture, ici des tomates par exemple, afin de pouvoir les leur... le jeune chasseur se ravisa avant de prononcer le mot "vendre", craignant une nouvelle question à laquelle il n'avait absolument pas hâte de répondre, apporter rapidement et en quantité.

Il se satisfaisait de sa réponse, puis se rendit compte qu'il avait oublié de parler des gens de la ville.

- A propos des "personnes" que l'on va croiser en ville, il ne faut pas que tu aies peur d'eux surtout. Ils ont d'étrange façon de s'habiller, surtout les femmes en fait. Tu ne croiseras pas souvent de personnes dans mon genre, je ne suis pas vraiment un simple humain pour tout te dire, mince, espérons qu'elle n'ait pas fait attention à ce qu'il venait juste de dire, car lui se maudissait déjà de lui avoir tendu une perche immense à de nouvelles questions... mais tu sais, les gens de la ville sont souvent très riches, encore une nouvelle notion pour elle ? il priait pour que ça ne soit pas le cas, mais aucun n'est aussi effrayant que ce qu'on a rencontré dans la forêt... enfin si, il y a... oublies, tu n'es pas censé le croisé de toute façon !" finit le jeune homme avec un sourire rassurant.

Cosmos replongea son regard sur les champs, tout  cela était donc de la nourriture pour les gens hors de la forêt. C'était beaucoup! Elle n'avait jamais beaucoup réfléchi à combien de personnes pouvaient vivre hors du bois. Et imaginer un si grand nombre lui faisait un peu peur. Et malgré les paroles rassurantes de Blackhost, elle ne put s'empêcher de trembler. Et puis si tous les espaces hors de Drayame étaient comme cela, vide, sans arbres ou presque, où dormaient les oiseaux?
"...Ils ont d'étrange façon de s'habiller, surtout les femmes..."
Cela n'aidait pas beaucoup la fillette à se faire une idée. Au bois les vêtements étaient rares. Sa mère et ses tantes n'en portaient que peu ou pas du fait de leur nature en partie végétale. Le jeune homme à ses cotés était le seul représentant mâle non plante, animal ou gnome qu'elle avait jusque là rencontré, et il était déjà très étrangement vêtu, donc si les femmes sont encore plus étranges...ca elle avait hâte de le voir.
"...je ne suis pas vraiment un simple humain pour tout te dire..."
Comsos fixa Blackhost avec de grands yeux. Lui aussi n'était pas humain. Alors il était quoi? La demi-dryade essaya de se souvenir des quelques autres espèces dont on lui avait parlé au bois. Mais se retrouva dans l'incapacité de dire ce qu'était le jeune homme si ce n'est un humain.
"...mais aucun n'est aussi effrayant que ce qu'on a rencontré dans la forêt... enfin si, il y a... oublies, tu n'es pas censé le croiser de toute façon !"
Il avait hésité, elle l'avait bien senti mais son sourire rassurant, l'empêcha de poser plus de questions. Il lui rappelait celui de sa mère, ce sourire qui l'empêchait de pleurer les soirs d'orages. Cosmos se perdit un instant dans ses souvenirs. Naturellement elle se mit a chantonner tout bas sa berceuse favorite, celle qui parlait des fleurs au printemps et des amours naissant.  

Elle ne se rendit pas vraiment compte au début qu'ils se rapprochaient d'une chaumière. Elle était grande, la chaux des murs avait été refaite il y a peu, très blanche, elle brillait au soleil. Le cadre était reposant, accueillant. Devant l'entrée trois magnifiques chevaux, à la robe brune et à la crinière noir, se reposer paisiblement. De nombreux oiseaux avaient fait leurs nids à la limite des murs et du toit. Ils chantaient l'arrivé prochaine de leurs petits, mais cela seule Cosmos pouvait le savoir.
Un bruit fort la sortie de sa transe, les oiseaux s'enfuirent brusquement. A l'intérieur on entendit des voix, surtout une, visiblement de très méchante humeur, puis un autre bruit plus fort encore. Trois personnes en noir sortirent brusquement de la bâtisse, prirent leurs chevaux. Et en un instant  galoper vers la ville. Puis la voix d'une femme en pleurs:
"Au voleur! Au secours mon mari est blessé!"
Et celle d'un enfant:
"Réveille toi! Papa!"

Les choses s’étaient passé si vite, et pourtant, BlackHost n’avait mis qu’une fraction de seconde à retirer sa bague, pour faire apparaitre Zeeta. Son pouvoir fit hurler l’un des voleurs, mais le cheval allait bien trop vite, et ils furent très vite hors de portée de l’Einherjar.

Le chasseur attrapa alors la fillette par le bras, se dirigeant à grande enjambée vers la chaumière qui ne se trouvait qu’à une cinquantaine de mètres. Dès qu’ils atteignirent la porte, Delonias se freina, Cosmos pouvait-elle vraiment supporter ce qu’elle pourrait voir à l’intérieur ? Il en jugerait une fois qu’il aurait lui-même jaugé la gravité de la blessure criée.

- Reste-là, murmura le chasseur en entrant.

A l’intérieur se trouvait une petit fille à genoux, au-dessus d’un corps allongé, et une femme, visiblement d’une trentaine d’année, aux cheveux roux bouclé et rayonnant avec splendeur. La petite était vêtue d’une robe rapiécé bleue ciel, et d’un petit tablier blanc, digne de ceux de la gouvernante fantasque de Roberus. Ses cheveux sombres étaient relevés en un petit chignon qui tenait sur une baguette de bois noir. Delonias s’approcha encore un peu, pour détailler l’homme à terre, lorsque la femme l’aperçut.

- Aidez-nous je vous en prie, mon mari a voulu nous défendre contre ses voleurs, et ils l’ont assommé après lui avoir tailladé la jambe.

Le mari en question saignait en effet de la cuisse, mais ça ne semblait pas mortel. BlackHost lança un regard interrogateur à la fillette qui secouait son père en vain, avant de repenser à Cosmos.

-C’est bon Cosmos, tu peux venir, lança-t-il d’abord. Madame, nous ferons ce que nous pourrons, mais rassurez-vous, ça n’a pas l’air trop grave, allez nous chercher un tissus qui pourrait servir de compresse, un tissus épais, ou juste quelque chose dans ce style.

- Reste là.
Cosmos l'aurait bien suivi malgré tout mais Piwi l'arrêta lui aussi, c'était peut-être trop dangereux pour elle. La fillette se résolue donc à attendre, mais si Blackhost ne l'appelait pas très vite, elle le rejoindrait malgré tout. Elle était en alerte guettant le moindre appel ou signe du jeune homme, la patience ne faisait pas vraiment partie de ses qualités, surtout dans une telle situation.
-C’est bon Cosmos, tu peux venir.
Cosmos se précipita dans la chaumière. Il y faisait bien plus sombre qu'extérieur. Des meubles avaient été renversés, ce qui rendait l'espace chaotique si on ajoutait les peaux qui devaient en temps normal servir de tapis sur le sol de bois. Mais la fillette n'y fit pas attention, elle vu immédiatement l'homme à terre. Une enfant était penché à ses côtés, elle pleurait. Il y avait aussi une femme à la chevelure magnifique, à la couleur proche de celle de feuilles en automne. S'approchant encore un peu la demi-dryade remarqua la blessure de l'homme. Elle se pencha à la droite de Blackhost qui semblait essayer de stopper l'hémorragie à l'aide d'un tissu épais.

Cosmos n'avait déjà soigné des oiseaux, ou des animaux à l'aide de ses dons, mais jamais d'homme. Mais elle s'en sentait capable. Ce ne devait pas être bien différent, et cela semblais plus simple à soigner qu'une aile fracturée.
_ Laisse-moi essayer.
Derechef, Cosmos poussa les mains de son compagnon de route ainsi que le tissu. La blessure n'était pas vraiment pas belle, elle esquissa une petite grimace en tordant un peu le nez. Rapidement la fillette mis ses mains au-dessus de la plaie et libéra ses pouvoirs, qui se traduisirent par une légère lumière dorée. La douce chaleur se répandit dans les chairs blessées et la blessure se referma comme par magie.
Durant l'opération il y avait eu un silence pesant. Même Piwie s'était posé sur un lustre de bois pour laisser sa protégée se concentrer.

Pourtant Le pauvre homme ne semblant pas reprendre ses esprits, Cosmos se positionna près de sa tête et posa une main sur son front, laissant la magie se répandre. Il ouvrit enfin difficilement les yeux, sa fille se jeta dans ses bras et sa femme pleura de joie. Après avoir pratiquement étouffé son père, l'enfant se tourna vers la guérisseuse.
_ Merci mademoiselle la fée! Merci beaucoup!

Cosmos apparut à droite du chasseur, et se dépêcha de pousser ses mains. Dans l’incompréhension, BlackHost n’émit aucune plainte, il lui lança juste un regard étonné. La fillette plaça ses mains au-dessus de la plaie, quand une douce lumière dorée en sortie, stoppant le flux de sang, et refermant lentement la plaie. Le chasseur n’en croyait pas ses yeux, en fait, ceux-ci étaient écarquillés. Il avait vraiment trouvé un compagnon mystérieux, plein de surprises. Elle refit le coup sur le front de l’homme à terre, et celui-ci réussit alors à entrouvrir les yeux. Sa fille le câlina alors quelques minutes, pendant lesquels le chasseur se sentait un peu de trop, avant de remercier Cosmos avec un épais sourire.

Délonis était lui toujours sans voix, il observait la petite, avec un regard tant perplexe qu’admiratif. Se pouvait-il que ce qu’elle ait dit jusqu’ici soit vrai ? Elle aurait 50 ans ? Elle parlerait aux oiseaux ? Pourquoi pas après tout. Il l’avait déjà vu voler, sa race lui était inconnue, mais nul doute qu’elle faisait partie de ces êtres que les humains ne comprennent pas. Un peu comme les elfes, les anges, ou les dryades. Peut-être était-elle un peu de tout ça…

Finalement, après s’être perdu quelques minutes dans ses pensées, BlackHost se secoua la tête pour y remettre de l’ordre, et reprit la parole.

-Cosmos… tu…euh… bravo.

Ca ne lui était lui-même pas très clair, mais il restait persuader que la jeune fille et ses pouvoirs particuliers avaient réussi à déchiffrer le message. Le jeune homme reporta alors son attention sur l’ancien blessé, il avait l’air guéri, grâce à Cosmos, mais autant s’en assurer.

-Tout va bien ?
-Oui, merci beaucoup.
-Oh oui, merci, vous êtes une magicienne ou quelque chose comme ça ? lança la femme rousse émerveillé à Cosmos .

Eh bien, au moins, personne ne lui demandait quoique ce soit, tant mieux, BlacHost qui détestait parler, il pouvait remercier la fillette d’avoir accaparé toute l’attention sur elle. Avec un peu d'chance, elle réussirait même à les faire inviter pour la nuit, un bon lit ne serait pas d'refus pour le chasseur, et sûrement pas non plus pour la fillette... enfin... si elle connaissait les lits du moins.