Quelques jours plus tard, Aurélien découvrit se découpant sur l'horizon plane des plaines mystiques, les hautes tours de La Rochejacquelein. Il lui fallait encore bien deux jours de marche avant de passer les portes, mais au fond de lui il aspirait à connaitre la vérité, autant qu'il redoutait de se trouver face à quelque créature à la solde d'Aile Ténébreuse. Même si il n'avait aucune idée politique particulière, la proximité des démons lui donnait la chaire de poule.
A la nuit tombante il s'arrêta dans une ferme le long de la route, et demanda si l'on pouvait lui prété un peu de paille pour dormir. Le fermier qui vivait seul avec sa fille, l'accueillit chaleureusement et lui offrit aussi le couvert. Le feu ronflant, une douce chaleur envahissait l'habitation et Aurélien en profita pour faire sécher ses vêtement humides devant la cheminée. En retirant son chaperon, il accrocha le lacet qui retenait sa bague, qui retomba sur sa poitrine devant les yeux ébahis de son hôte.
L'homme s'approcha, prit la bague entre ses doigts, et la considéra attentivement. Puis il se retourna, s'approcha de la table, et, en un instant, brandit un couteau sous la gorge du jeune homme.
"Qui es-tu? Comment oses-tu porter cette insigne? Et où l'as tu trouvé?"
D'un geste brusque, il brisa le lacet et envoya Aurélien heurter le montant de pierre de la cheminée. Le choc lui fit perdre connaissance. Quand il rouvrit les yeux, il était pieds et mains liés dans un coin obscur et froid et le jour commençait à poindre. Ses vêtements avaient été fouillés de fond en comble, et le fermier le surveillait assis sur un banc devant le feu.
"S'il vous plait... Pouvez-vous m'expliquer? Qu'ai-je-fait?
-Silence sale gueux! répondit le fermier en s'approchant. Ils ont tous été assassinés dans une embuscade! Et toi tu oses porter leurs armoiries? Voleur! Assasin! Misérable!"
A chaque invective, l'homme furieux, ponctuait ses mots de coups. Aurélien avait le visage en sang et son sort aurait put être pire si la fille de son agresseur ne l'avait arrêté en lui rappelant que son état de santé exigeait qu'il garde son calme. Le fermier sortit alors de la maison en claquant la porte et bientôt les sabots d'un cheval claquèrent sur la route.
Quelques minutes plus tard, la jeune fille s'approcha du prisonnier avec un peu d'eau et s'occupa de ses plaies. Aurélien balbutia quelques remerciements mais elle lui repondit de ne pas s'en faire. Une fois les blessures lavées, elle le détacha
"Tenez Monsieur, voici vos vêtements et votre bague. Dépêchez-vous de sortir et de prendre la route car mon père est parti à la ville, alerter les gardes. Ils seront de retours demain au lever du jour. Cachez-vous bien cette nuit. Prenez aussi ce pain.
-Je vous remercie Mademoiselle, mais pourquoi faites vous tout cela?
-Vous êtes quelqu'un de bon, ça se voit. Mon père n'est pas comme cela d'habitude, mais cet évènement tragique l'a bouleversé, je vous prie de l'excuser.
-Vous ne risquez rien en me laissant partir? A quand remonte cette incident et qui étaient ces gens?
-Vingt ans je crois, je n'était pas encore née et je n'ai jamais pu savoir leur nom, mon père me l'a toujours caché estimant que les hommes n'en étaient pas digne puisqu'ils les avaient massacrés. Ne vous inquiétez pas pour moi. Bonne chance et bonne route!
-Merci Mademoiselle
-Appelez moi Latvalia..."
Aurélien rassembla ses affaires en vitesse, abaissa son chaperon sur son visage tuméfié et repris sa route. Cette nuit mouvementée avait été plutôt utile. On en avait voulu à sa famille, mais qui et pourquoi?