Voilà un peu moins d'un an que Chioné Féral avait été, durant trois mois, l'otage des Adorateurs de Nayris, et qu'elle en avait été libérée grâce à l'intervention de sa famille. Il lui avait fallu du temps, jusqu'au mois de Vennà 115, pour se remettre totalement de sa détention et de ses émotions avant de décider de se prendre en main. Et parmi ses décisions pour arriver à un haut niveau de forme, il y avait celle qui devait la conduire près de quelqu'un qui saurait lui apprendre à se battre. Pas Victo, son frère, il avait bien d'autres chats à fouetter..

Elle avait donc pris le chemin sous les pieds en quittant le domaine, direction l'Arène de Sen'tsura, là où Victo s'était fait un nom en devenant son Champion. Elle avait bien l'intention d'apprendre à se battre, avant éventuellement de rejoindre la Milice de l'Ombre, comme on le lui avait proposé l'an passé, pendant qu'elle commençait son rétablissement en Abyssaï.

Le voyage dura quelques jours, et la Reine des Neiges finit par arriver à l'Arène. Sans attendre, elle se dirigea vers l'intérieur du bâtiment, et chercha quelqu'un qui pourrait la renseigner. Elle trouva un soldat qui sortait faire ses ablutions et lui demanda :

Excusez-moi, mais savez-vous vers qui je dois me tourner pour apprendre à me battre ?

Ça, ma beauté, à part Victo, je vois que Camille Asinum. Tu peux aller l'attendre dans l'arène, j'te l'envoie. Entre nous, ce serait dommage que tu abîmes ton joli minois.

Trop aimable, marmonna Chioné pendant que le soldat s'éloignait et que celle-ci se rendait à l'arène.

Il n'y avait plus qu'à attendre que ledit Camille Asinum se présente à elle, et les choses sérieuses commenceraient.

Camille Anisum trempait dans son bain depuis plus d’une heure. Il adorait prendre son temps pour se laver. La tenue dans laquelle on se présentait avait une grande importance, et le jeune homme connaissait parfaitement la crucialité de l’apparence.
L'odeur rosée du savon emplissait la pièce et embaumait le corps soyeux de Camille qui, allonger dans sa baignoire se relaxait, pas un son pour le déranger, rien, simplement la couleur beige et harmonieuse de la pièce. Il replia ses jambes sur lui-même, passant ses doigts sur la longueur de ses mollets. L’eau tiède avait toujours su apaiser son corps frêle et pourtant si précieux et si svelte.

Il lui vient l’idée de sortir du bain. Il commençait à s’ennuyer à marmiter dans l’eau comme un mets que l’on prépare. Camille se leva, et l’eau coulait alors sur l’entièreté de son être, ayant calmé ses pensées et ses muscles. Son corps ruisselait, l’eau coulait délicatement entre ses formes, il se déplaça vers la porte de la salle d’eau, chacun des mouvements de ses muscles était élégant. Il ouvrit la porte assez brusquement surprenant un garde quelconque qui passait dans le couloir.

« Ah ! Euh… oh… Désolé… »

Camille fit un léger sourire vers le soldat qui le regardait de haut en bas comme éblouit par son supérieur. C’est le genre de regard oppressant qui dérange d’habitude l’intéressé, mais la Fée Blanche avait perdu depuis longtemps sa pudeur naturelle.

« Ce n’est rien… J’ai fait installer une baignoire juste en face de mon bureau comme tu le vois. Avec les recettes de l’année dernière qui furent excellentes.»

Le pauvre bougre continuait à l’observer de façon hébété, perdant ses mots, il tremblotait. Se cafouillant. Il tomba alors sur les yeux bleus du jeune homme qui perçait alors les deux yeux bruns et lugubres de la sentinelle. Lors de ce regard échangé le teint du militaire pâlit, comme s’il avait vu un fantôme, ou un ange.
Il se gratta le menton qui était caché sous une barbe fraichement coupée. Il finit enfin par trouver ses mots et se redressa regardant derrière Camille, comme un point fixe, il semblait vouloir éviter le jeune garçon.

« Je… euh… je vous cherchais. Y'a une gamine en bas, dans l’Arène qui cherche quelqu’un semblerait-il pour l’entraîner ou quelque chose comme ça. J’lui aie dit qu’y'avait vous ou Victo, mais vus que Victo n’est pas ici et qu’il est général maintenant… »

Camille se rapprocha du garde, posant un doigt sur sa bouche, lui faisant mine de se taire. L’autre écarquilla les yeux de surprise, ne sachant plus que faire il perdit encore une fois ses moyens, l’Organisateur des jeux, nu en face de lui, dévoilant une beauté envoutante et un charme naturel.

« Du coup tu lui as dit que tu allais venir me chercher, c’est bien cela ? Très bien. Je me prépare et je descends la voir, n’ait crainte petit homme. »

La vivacité de Camille étonna de plus bel le soldat qui voulant échapper à ce jeune et étrange maître fit un salut militaire rigide avant de tourner le dos et d’emprunter le chemin de la sortie.
La Fée Blanche eut un petit rire moqueur et ouvrit la porte de son bureau où l’attendait une pile de vêtement propre. Il se moquait éperdument de cette femme qui venait déranger son emploi du temps, mais cela le changerait du tintamarre habituel don il lassait très vite. Il enfila donc un short blanc qui lui arrivait juste au-dessus des genoux, par la suite il passa un ample haut en lin gris ouvert largement au milieu laissant voir le centre de son buste.
Sa peau pâle allait parfaitement avec ce genre de costume d’autant plus que Camille Anisum possédait une pilosité très réduite voir presque inexistante. Ensuite, le jeune homme accrocha sa Jian à un bandeau gris-bleu ciel qui lui servait de ceinture. Il enfila à la va vite une paire de sandales en cuir beige. Le voilà prêt.

Il descendit les escaliers de la partie « administrative de l’arène » qui était composée à moitié d’appartement et de pièces réserver pour l’Organisateur des jeux, les autres salles servaient de réserves à des objets en tous genres, principalement décoratifs.
Il finit par arriver dans l’Arène, il pénétrait dans le lieu par une petite porte dérobée encastrée dans l’ombre du monument.
Il vit en face de lui une jeune fille. Camille fut étonnée de voir une magnifique jeune femme qui lui tournait le dos, de longs cheveux blancs comme la neige coulait sur son dos comme une cascade gelée par la froideur de la Toundra. Il était assez surpris.

Mais il eut l’idée d’une petite farce. Et d’un pas calme et silencieux il s’approcha doucement de la demoiselle, elle lui tournait toujours le dos. Alors discrètement, il sortit sa lame. Et tout d’un coup il bondit vers l’infante attrapant son épaule droite afin de la tourner vers lui tout en plaçant son épée à quelques centimètres de sa gorge.

« Enchantée mademoiselle. Camille Anisum, pour vous servir, Organisateur des jeux de l’Arène. Vous vouliez quelques services de ma part ? »

En attendant le maître des lieux, Chioné regardait son environnement et ne fut pas surprise de voir l'arène aussi grande que dans les descriptions qu'on lui avait faites de l'endroit où son frère avait commencé à se faire un nom de par le monde. Un bel endroit, pourvu que celui qui y entraîne les gladiateurs soit à la hauteur du bâtiment...

Elle ne fut pas déçue. Quelques instants après son arrivée au centre de l'arène, elle sentit une main se poser sur son épaule droite, et quelques secondes après, elle fit face à un bel éphèbe aux cheveux blonds, une lame sur sa gorge, qui déclara :

Enchantée mademoiselle. Camille Anisum, pour vous servir, Organisateur des jeux de l’Arène. Vous vouliez quelques services de ma part ?

Chioné se passa discrètement la langue sur les dents, avant de se défaire de l'emprise de l'éphèbe et retourner la lame contre lui avec grâce mêlée d'hésitation avant de répliquer avec un léger sourire :

En effet, j'ai besoin de vos services, maître Asinum. Je suis Chioné Féral, et j'aimerais apprendre à me battre comme il se doit. Et comme j'ai entendu dire que l'Arène de Sen'tsura était le meilleur endroit pour ça et que le Général Céleste n'est pas disponible, je compte sur vous pour ne pas me ménager. Je veux pouvoir me défendre en toute occasion.

Elle le relâcha et lui tendit le poignard en lui présentant le manche, en attendant de voir ce qu'il allait répondre.

Camille Anisum recula d’un pas lorsque la magnifique jeune fille face à lui dressa son épée contre lui. Elle lui avait subtilisé l’arme d’un geste langoureux, le contact avec une femme avait fait frémir Camille qui s’était retrouvé désarmé face à la splendide Chioné. C’est vrai qu’elle était très belle, de longs cheveux d’un blanc immaculé, des yeux bleus, plats et rocailleux comme la glace.

Mais le jeune homme avait senti une certaine hésitation dans le geste de son élève. Il aurait ainsi pu agir et sauver sa vie si elle avait été en danger.

« En effet, j'ai besoin de vos services, maître Asinum. Je suis Chioné Féral, et j'aimerais apprendre à me battre comme il se doit. Et comme j'ai entendu dire que l'Arène de Sen'tsura était le meilleur endroit pour ça et que le Général Céleste n'est pas disponible, je compte sur vous pour ne pas me ménager. Je veux pouvoir me défendre en toute occasion. »

Une Féral ? La Fée Blanche attendit quelques instants avant de reprendre son épée. Il regardait le ciel bleu dans lequel il semblait se promener quelques nuages qui par la permission d’un dieu quelconque avaient décidé de vaguer selon leurs envies dans un ciel pourtant presque unicolore. Seul le soleil trônait toujours à sa place, se laissant porter par sa route habituelle.

Profitant alors du moment de silence, Camille expédia d’un mouvement fluide et rapide un coup de pied dans sa Jian toujours dans la main de la Féral, l’envoyant ainsi volé en l’air. Si l’on ne voulait pas se prendre la retombée il fallait bouger, c’est surement ce que se dirait la ravissante demoiselle.
Et Camille comptait là-dessus. Lui, il préféra tout simplement attendre, l’arme tomba juste en face de lui, à quelques centimètres à peine de son corps. Frôlant son visage de prêt et manquant à peine de s’enfoncer dans ses pieds.

« C'est un honneur pour moi que de recevoir une Féral ici. Mais je vous en prie mademoiselle, appelez-moi Camille. Par contre je ne comprends pas votre requête. »

Camille marqua une courte pose pour envoyer un rapide coup de pied dans le visage de la jeune blonde. Faisant ainsi un grand écart des jambes, prouvant à son élève le niveau de souplesse demandé.

« On ne se pas bat comme il se doit. Ou alors on ne combat jamais. On se bat d’une certaine façon, tout dépend des gens, de leur style, de leur niveau, de leur grâce. »

L’Organisateur reprenait alors sa lame pour la pointer vers son élève juste après avoir asséné le coup. Il fit quelques petits cercles dans le vide avec son arme, provoquant un sifflement métallique dans l’air. Et d’un coup il propulsa son corps entier, la Jian pointé vers la jeune fille.
L’arme passa à côté du visage de son élève et tout le bras de Camille se trouvait derrière elle. Voilà maintenant qu’il se trouvait nez à nez, au sens propre, avec Chioné Féral. Il pouvait sentir son souffle sur son visage. De près on aurait vraiment dit qu’elle était faite de glace et de neige.

« Et si vous ne voulez pas mourir tuer par une libellule ou une fée, détendez-vous. Vous êtes toute raide. »

L'Organisateur de jeux fit voler son épée en l'air, et Chioné eut la sagesse de s'écarter du chemin de la lame avant que celle-ci ne vienne se ficher au pied de l'éphèbe avant qu'il ne déclare :

C'est un honneur pour moi que de recevoir une Féral ici. Mais je vous en prie mademoiselle, appelez-moi Camille. Par contre je ne comprends pas votre requête.

Petite pause, et Chioné esquiva de justesse le pied qu'il lui envoya à la figure, puis il reprit :

On ne se pas bat comme il se doit. Ou alors on ne combat jamais. On se bat d’une certaine façon, tout dépend des gens, de leur style, de leur niveau, de leur grâce.

En l'espace de quelques secondes, il finit par se retrouver nez-à-nez avec Chioné, son épée derrière le dos de la jeune femme qui n'avait pas bronché, admirant la grâce de celui qui allait être son maître d'armes pour une durée indéterminée. Il conclut :

Et si vous ne voulez pas mourir tuer par une libellule ou une fée, détendez-vous. Vous êtes toute raide.

La jeune femme sourit et se détendit très légèrement avant de reculer ; en effet, elle était trop raide pour pouvoir répliquer correctement, avec ou sans sa magie. Sûrement une lointaine angoisse de voir sa magie se déverser sans qu'elle lui ait demandé son avis... Elle inclina doucement la tête et répondit :

Je comprends votre discours. Sauriez-vous m'apprendre à me battre sans que je ne sois obligée d'utiliser ma magie, tellement énergivore que je préférerais l'utiliser en dernier recours et tellement incontrôlable que j'évite de l'utiliser tout court sans craindre de congeler quoi que ce soit dans un grand rayon ?

Camille s’inclina très bas de manière totalement exagérée. Le corps ainsi baissé il voyait le sable brûlant de l’Arène qui était emporté par une fine brise. Quel lieu incroyable, pensait-il. Voilà aujourd’hui qu’il entrainait sans l’avoir vraiment choisis une jeune femme qui prétendait être membre de la plus puissante famille de l’Empire.
Il ne s’était pas trop posé de questions jusqu’à maintenant, abruti par le long bain qu’il avait pris. Mais voilà maintenant que quelques interrogations venaient à son esprit, pourquoi avoir accepté d’entraîner cette gamine ? Était-elle réellement une Féral ? Autant de questions rationnelles qui ennuyaient Camille.

« Permets-moi premièrement de te tutoyer, c’est vite lassant que ce fier au protocole lorsqu’on pourrait apprécier le moment. Deuxièmement de te demander pourquoi tu n’as pas d’arme hormis tes pouvoirs destructeurs que tu ne peux pas utiliser… Alors que tu es venue, me semble-t-il, pour apprendre à mieux combattre. Je suppose que tu souhaites savoir te battre à mains nues, mais sans armes ce serait bien futile. »

Le jeune homme frappa trois fois dans ses mains, et attendit avec un déhanché des plus féminisés, presque vulgaire. Au bout de quelques secondes un petit enfant apportait un tas d’armes en tous genres enroulés dans une épaisse couverture de cuire.
Le poids devenu insupportable pour le garçon le fit lâcher sa cargaison lorsqu’il arriva en face de son maître. Le transport était composé d’armes de toutes sortes, katanas, sabres, épée à deux mains, lances, haches… Toutes portaient le sceau de l’Arène qui paraissait avoir été rajouté après l’acquisition de l’arsenal.

« Je t’en prie fait ton choix. Bien sûr je te conseille quelque chose d’assez malléable, comme ce que je possède. Nous avons à peu près la même constitution et même si tu es raide comme un archevêque, tu es faite pour te mouvoir, pour bouger, te ciller des passages là où il n’y en pas. Regarde de préférence vers les Jian, sabres, et autres petites choses qui restent fluides tout en étant mortelle. »

Camille avait continué à tutoyer Chioné sans prendre acte de son avis, il s’en fichait un peu. Féral ou pas, il était dans son arène et il offrait gratuitement un service, de plus Camille était connu pour n’en faire qu’à sa tête, et cela n’allait pas changer. Il fallait préserver les rumeurs.

Il n’attendit pas que son élève choisisse un quelconque moyen de défense parmi tous ceux qui lui était proposé. Il voulait voir si la jeune femme avait fini par réellement se détendre. La Fée Blanche pliait les jambes afin de se propulser en l’air, appuyant principalement sur son pied droit lors du saut il fit un tour sur lui-même dans les airs, faisant tournoyer sa Jian gracieusement autour de lui. Il abatis sa lame vers Chioné. Et tout en retombant il ne laissa pas une seconde de repos à la jeune fille puisqu’il enchaina directement avec un direct du pied gauche vers le menton de sa victime.

Il ne voulait pas spécialement blesser cette enfant, il avait précisément mesuré ses attaques bien qu’elles aient été beaucoup plus dangereuses que celles faites précédemment.
Il retomba droit sur ses jambes, dos à Chioné Féral. Camille souffla, laissant l’air de ses poumons sortir. Il aimait cela, être magnifique, être spectaculaire. Être sensationnel, prodigieux. Certes il n’avait pas fait énormément, mais il appréciait tant de se battre avec prodige. Mêlant l’efficacité ennuyante à la beauté envoûtante. Il fallait toujours être captivant, ensorcelant, sans quoi le monde et les actions devenaient fades. Il ferma les yeux un court instant. Il n’avait pas bougé depuis qu’il était retombé sur ses pieds.

Il se redressa alors vers son élève. Même s’il répugnait de façon générale la gente féminine pour qui il vouait une haine inexplicable, il la trouvait plutôt sympathique, pour une femme.

La réaction de Camille ne tarda pas, et souleva une question à laquelle Chioné s'était préparée :

Permets-moi premièrement de te tutoyer, c’est vite lassant que ce fier au protocole lorsqu’on pourrait apprécier le moment. Deuxièmement de te demander pourquoi tu n’as pas d’arme hormis tes pouvoirs destructeurs que tu ne peux pas utiliser… Alors que tu es venue, me semble-t-il, pour apprendre à mieux combattre. Je suppose que tu souhaites savoir te battre à mains nues, mais sans armes ce serait bien futile.

Chioné ne broncha pas lorsqu'elle l'entendit la tutoyer, se contentant de hocher la tête pour marquer son accord, même si elle-même continuerait à le vouvoyer jusqu'à ce qu'il décide de lui demander de passer elle aussi au tutoiement. Elle répondit :

Je n'ai en effet aucune arme, empruntée ou personnelle. La seule "arme" autre que ma magie que je possède, ce serait une cote de maille en mithril, un cadeau que j'ai reçu il y a quelques mois.

Quelques secondes après, Camille frappa trois fois dans ses mains, faisant venir un petit enfant portant dans ses petits bras un rouleau contenant des armes, qu'il présenta à Chioné en l'invitant à en choisir une :

Je t’en prie fait ton choix. Bien sûr je te conseille quelque chose d’assez malléable, comme ce que je possède. Nous avons à peu près la même constitution et même si tu es raide comme un archevêque, tu es faite pour te mouvoir, pour bouger, te ciller des passages là où il n’y en pas. Regarde de préférence vers les Jian, sabres, et autres petites choses qui restent fluides tout en étant mortelle.

La jeune femme s'approcha du rouleau et observa les différentes armes, même si ses yeux se posèrent tout de suite sur les lames fines et modestes comme les Jians. Comme le lui conseillait Camille ; il avait dû cerner la personnalité de la jeune femme pour se permettre de lui proposer un type d'armes en particulier.

Elle prit un Jian dans sa main droite, juste avant de sentir un sifflement rapide près d'elle, et leva son bras droit par réflexe, tournant la tête lorsqu'elle entendit le tintement des deux lames qui s'entrechoquaient. Elle esquiva de justesse le coup de pied gauche qu'il lui envoyait vers le menton, avant de s'envoler littéralement pour atterrir un peu plus loin, dos à elle. Cet homme en était-il vraiment un, pour être tout aussi doué que le Champion qu'était Victo ?

Chioné tendit le bras qui tenait le Jian, appréciant la légèreté de la lame, prête à réagir, et lança :

Maître, apprenez-moi. Je m'en remets à vous pour apprendre à me battre et être vraiment digne de l'Empire.

Camille se retourna doucement vers sa jeune protégée. Elle se dressait face à lui, une Jian aux décorations bleuâtres dirigé vers le jeune homme. Chioné Féral était ravissante, on commençait à sentir un début de confiance en soi. Même si elle ne régnait pas sur l’endroit comme un toréador la jeune femme commençait tout de même à se dresser fièrement, ce n’était plus la fillette raide et obscure de tout à l’heure. La posture était plus noble.

« Tu veux vraiment apprendre ? Très bien. Commence par me tutoyer et m’appeler Camille, je n’aime pas être seul dans la familiarité. Ensuite, je vois que tu t’es déjà un peu détendue. C’est une très bonne chose, hélas tu n’es pas encore un flocon de neige qui virevolte selon l'aléa du vent qui te fait tourbillonné, entré dans une sarabande endiablée ! Pour finalement chuter doucement vers le sol… »

Alors qu’il parlait il décrivait de la main le chemin fabuleux qu’empruntait le flocon de ses rêves. Un geste doux qui semblait peigner le vide d’un tracé qui devenait presque érotique dans les mains de Camille.
Il fit descendre avec lenteur le flocon jusqu’au sol, devant se mettre accroupis pour finir correctement l’itinéraire. Une fois dans cette position il leva brusquement la tête en direction de son élève, un petit sourire se déssinais délicatement sur son visage angélique. Il regardait fixement la Féral de ses prunelles bleu ciel, examinant des pieds à la tête sa disciple.

« En fait, le plus important dans le combat n’est pas d’être digne. Encore moins d’être digne de l’Empire, d’un royaume quelconque ou de je ne sais quelle entité supérieure. L’art martial, c’est un moment de calme, mais aussi de vivacité, une sorte de clair-obscur.
On doit voir la rage de la guerre et des sentiments, la passion qui enrobe chaque mouvement et le rend plus gracieux. Mais aussi on doit sentir la force brutale de la mort, la dureté de ce monde doit transparaitre dans les coups. Regarde bien. »

À peine avait-il cette tirade remplie d’ardeur qu’il sauta en l’air, profitant de sa position accroupie pour projeter ses jambes. Alors qu’on s’attendait à une retombée assez normale, la Fée Blanche profita de l’action pour pousser l’arme tendue de la jeune fille d’un coup d’épée fluide et rapide. Le coup avait assez brutale pour faire tomber l’arme d’un gladiateur moyen. Mais l’attaque ne parut en rien sauvage, si ce n’est qu’il rappelait la bestialité d’un héron, une simple avancée gracieuse du bec suffisait pour toucher la proie. Il y avait là quelque chose de plus ravissant qu’un simple coup brusque, c’est ce qui donnait toute sa force à ce mouvement.

Camille frappa sans attendre ni laisser le temps à une réplique de la partie adverse. Il allait pour frapper le ventre de Chioné armé de sa lame avec un geste long et précis qui rappelait le chemin d’une flèche.
Mais au dernier moment, d’une rapidité animale l’entraîneur retourna la lame vers le sol, ne touchant son élève qu’avec son poing. La rapidité et la précision mêlée à une certaine délicatesse remémoraient le tracé fin et pourtant si certain d’une goutte de pluie s’écrasant sur un pavé gris.

Une fois de plus il se trouvait près de la jeune fille. L’atmosphère glaciale qui se dégageait de sa protégée le rendait quelque peu mal à l’aise. La Fée Blanche perdait son masque de beauté pour emprunter un regard plus ferme.

Camille fit sa réponse en deux temps. Tout d'abord, il commença par déclarer :

Tu veux vraiment apprendre ? Très bien. Commence par me tutoyer et m’appeler Camille, je n’aime pas être seul dans la familiarité. Ensuite, je vois que tu t’es déjà un peu détendue. C’est une très bonne chose, hélas tu n’es pas encore un flocon de neige qui virevolte selon l'aléa du vent qui te fait tourbillonné, entré dans une sarabande endiablée ! Pour finalement chuter doucement vers le sol…

Tout en parlant, il imitait le flocon de neige qui tombe au sol, et dut s'accroupir pour coller au plus près de l'imitation, avant de reprendre, fixant son élève avec un léger sourire :

En fait, le plus important dans le combat n’est pas d’être digne. Encore moins d’être digne de l’Empire, d’un royaume quelconque ou de je ne sais quelle entité supérieure. L’art martial, c’est un moment de calme, mais aussi de vivacité, une sorte de clair-obscur.
On doit voir la rage de la guerre et des sentiments, la passion qui enrobe chaque mouvement et le rend plus gracieux. Mais aussi on doit sentir la force brutale de la mort, la dureté de ce monde doit transparaître dans les coups. Regarde bien.

Chioné s'exécuta, et regarda son maître sauter grâce à l'appui de ses jambes accroupies, avant de relâcher son arme, surprise par l'attaque qu'il lui fit au moment de la retombée, laissant son ventre à découvert.

Elle encaissa le coup de poing qu'il lui asséna dans le ventre, lui coupant brièvement le souffle, avant de faire face à Camille, leurs visages très proches. Trop proches, mais cela permit à la Reine des Neiges d'atteindre à son tour le ventre de son maître. Elle lui envoya la tranche de sa main dans l'estomac avec force, avant de reculer, de récupérer son arme et de se fendre pour approcher dangereusement sa lame du visage de son maître, soufflant :

J'ai entendu dire qu'il était dangereux d'être près de son adversaire si celui-ci n'était pas maîtrisé, je me trompe ?

Camille Anisum passa sa main sur ses lèvres avec un air moqueur, il changea totalement d’attitude lorsque Chioné pointa l’arme vers lui. Il prit une pose très féminine à la limite de l’obscène. Il eut un petit rire, puis introduit un doigt dans sa bouche, suçant celui-ci d’une manière totalement provocante, l’érotisme du geste devait être très gênant pour les gens aux alentours. Il retira alors son doigt pour le faire glisser le long de la lame de son élève. La situation était peu commode.

« Ahah ! Approcher son adversaire, c’est très utile, comment voudrait tu le tuer alors ? »

Et d’un coup, sans prévenir, il fit pivoter sa Jian obligeant la jeune femme à reculer si elle ne voulait pas perdre le membre qui avait tenu en respect l’organisateur des jeux.

« Je ne pourrais rien t’apprendre si tu n’oublies pas ce qu’a été déjà appris par le passé. Et ce qu’on t’a déjà appris par le passé devait être médiocre, sinon tu ne serais pas ici. Je me trompe ? »

Camille fit un tour sur lui-même tendant son arme vers l’extérieur, il semblait dans cette position imiter une ballerine en plein exercice. Il bloqua finalement son élan d’un coup sec, alors que son épée se trouvait à quelques centimètres de la gorge de Chioné Féral.
Il laissa en définitive son arme tomber au sol, soulevant un petit nuage de sable. Il lança un regard amusé vers la Féral.

« Bien, ce n’est pas assez amusant. Fait moi saigné. »

Il écarta les bras, comme pour introduire un spectacle, il attendait que la reine des neiges s’approche de lui. Tandis qu’il secrètement il chargeait électriquement sa main, il ne voulait pas blesser la jeune fille, il voulait juste qu’elle puisse apprendre de l’erreur qu’elle risquerait de faire si elle l’attaquait maladroitement. La Fée Blanche n’était pas un fin pédagogue mais arriverait à entraîner correctement Chioné, c’était son travail désormais.

Ahah ! Approcher son adversaire, c’est très utile, comment voudrait tu le tuer alors ?

Chioné n'avait anticipé le geste que fit Camille, faisant pivoter son arme pour la menacer et l'obliger à reculer si elle ne voulait pas perdre son bras. Une fois qu'elle eût reculé, il reprit :

Je ne pourrais rien t’apprendre si tu n’oublies pas ce qu’a été déjà appris par le passé. Et ce qu’on t’a déjà appris par le passé devait être médiocre, sinon tu ne serais pas ici. Je me trompe ?

La Reine des Neiges n'eut pas le temps de répliquer, juste celui de se pencher vers l'arrière par réflexe pour éviter la lame que Camille avait approché de sa gorge en l'espace de quelques secondes, le temps d'un petit ballet aérien et fluide. Décidément, elle avait beaucoup à apprendre...

Il lui demanda ensuite de le faire saigner. C'était un peu facile, Chioné se doutait qu'il préparait quelque chose en coulisses, mais quoi donc ? Ça, elle ne le saurait que si elle s'avançait pour porter un coup à son vis-à-vis. Elle fit donc craquer ses jointures en répondant :

Pour te répondre, je n'ai jamais vraiment appris à me battre. J'ai toujours survécu, par miracle, mais pour me défendre je laissais libre cours à ma magie, c'était assez efficace...

Puis, sans prévenir, elle fondit sur son adversaire, lame en avant, et fut déçue de voir que son attaque ne l'avait pas touché. Par contre, elle avait oublié un léger détail : en se fendant trop, elle mettait son flanc à découvert, et Camille pourrait en profiter aisément...

Camille regarda son élève avec un petit sourire. Ce n’était pas un rictus moqueur, simplement un sourire franc. Cette femme le faisait sourire, qu’elle était faible. Elle souffrirait certainement horriblement de l’entraînement que lui réservait sa famille. Les Féral n’étaient réputés pour leur patience, certains disaient même qu’Anima tuait les enfants s’il les jugeait trop fragiles. La Fée Blanche aurait alors pus faire preuve de plus de tact avec cette pauvre Reine des neiges, mais il savait bien que la douceur d’un professeur pouvait donner de faux espoirs à quelqu’un perdu dans les âpres sombres de la terreur démoniaque. Il avait lui-même vécu l’enfer et savait que seule une indifférence sympathique pourrait être bénéfique à Chioné.
Alors lorsque la jeune femme se jeta sur lui, encore trop lentement pour pouvoir atteindre Camille, qui avait dévié sa position vers la droite où se trouvait toute la faiblesse de la sang-mêlé. Une grande ouverture qui ne dura que quelques secondes, mais pour quelqu’un de précisément former aux arts de la mort comme l’organisateur des jeux cela était une faute de débutant. Alors réaffirmant avec force les picotements électriques qui parcouraient sa main, il envoya un rapide coup dans les côtes de la jeune femme, propulsant par la même occasion une décharge.

Le choc fut surement douloureux, puisque l’électrochoc avait la capacité d’étourdir un gladiateur d’âge moyen. Mais Camille avait suffisamment dosé pour éviter une attaque trop puissante. Tout était mesuré précisément. Et c’est une fois après avoir frappé électriquement la Féral que faisant un tour sur lui-même, il envoya un coup de pied dans le fessier de son élève.
La désorganisation de ce combat fit rire la Fée Blanche qui ne put retenir un éclat à gorge déployée.

« Hahahaha ! Haha ! Tu as été plutôt mauvaise. Ça t’apprendra à faire si pathétiquement attention à tes arrières. Espères-tu réellement que quelqu’un sera là pour toi dans un combat ? Tu es seule, et tu dois survivre. Les miracles ne surviennent pas toujours, il est impératif que tu sait correctement combattre. Tu ne connais rien à la survie. »

Le ton d’Anisum s’était fait de plus en plus dur et rude au fil de ses paroles. Il dressait désormais un regard sombre envers cette femme. Il venait de comprendre que pour le bien de cette fille qu’il appréciait désormais pour son caractère qu’il ne fallait lui accorder aucune erreur. Cela pourrait lui être fatal, car s’il ne pouvait pas lui apprendre tout ce qu’il savait, l’organisateur pouvait au moins lui inculquer les bases du duel.

« Redresse-toi, reprends ton arme et fait moi face si tu veux survivre. C’est fini l’amusement. Jusqu’ici ta vie a été très simpliste, désormais il faut que tu te traces un destin, tu es bien trop âgé pour dépendre de ton frère. »

Alors qu’il disait cela, Camille reprenait sa Jian et la pointa vers son élève qui se trouvait à quelques pas de lui.

La douleur que ressentit Chioné fut telle que la Reine des Neiges poussa un petit cri en reculant, se tenant la main sur le flanc en grimaçant. Certes, ce n'était pas une forte décharge que Camille lui avait donnée, mais c'était suffisant pour engourdir la zone pendant quelques instants. Celui-ci, profitant de l'inattention causée par son attaque de son élève, lui envoya un coup de pied dans le fessier, lui faisant mordre la poussière.

Se relevant en grimaçant, Chioné essuya le reproche de son maître :

Hahahaha ! Haha ! Tu as été plutôt mauvaise. Ça t’apprendra à faire si pathétiquement attention à tes arrières. Espères-tu réellement que quelqu’un sera là pour toi dans un combat ? Tu es seule, et tu dois survivre. Les miracles ne surviennent pas toujours, il est impératif que tu sait correctement combattre. Tu ne connais rien à la survie.

Son ton se faisait plus rude au fur et à mesure qu'il parlait, et Chioné baissait piteusement la tête. Il avait raison, elle ne devait jamais se fier à ses arrières... Et sa survie à de nombreux obstacles ne tenait plutôt que de la chance, en y songeant.

Elle revint un peu brutalement sur terre lorsque Camille reprit, toujours avec un peu de dureté dans la voix :

Redresse-toi, reprends ton arme et fait moi face si tu veux survivre. C’est fini l’amusement. Jusqu’ici ta vie a été très simpliste, désormais il faut que tu te traces un destin, tu es bien trop âgé pour dépendre de ton frère.

Comment ça, "dépendre de son frère" ? Elle ne dépendait nullement de Victo, loin de là ! Elle n'avait pas besoin de lui pour laisser son pouvoir s'exprimer, non mais oh ! La jeune femme se redressa, inspira profondément et se mit en garde en sifflant de colère :

Je ne te permets pas... de dire que je dépends de Victo. C'est faux !

Et elle se lança sur Camille, attaquant avec violence : elle laissait libre cours à sa colère, à sa rage d'être impuissante sauf dans les moments où elle ne le voulait pas. Il était temps que cela cesse, faute de quoi, il vaudrait mieux pour elle à trouver un plan B.

Camille évita de peu le fulgurant coup que son élève lui avait réservé. La gentille petite fille s’était transformée en véritable Féral, et cela intéressait tout particulièrement le jeune homme qui remarqua une sorte de dualité dans sa personnalité. Évitant toutes les attaques qui lui étaient envoyées avec un air surpris par chaque coup qui se devenaient plus violentes l’un que l’autre. La rage avait pris possession de Chioné qui n’était plus maîtresse d’elle-même, une attitude qui valait souvent la victoire à son frère aîné, mais qui était certes spectaculaire mais très dangereuse. Il y avait une absence total de garde et toute la puissance était basée sur l’offensif.

Le pauvre bougre était obligé de faire des mouvements de plus en plus acrobatiques pour éviter la lame qui se balançait toujours plus proche de son corps frêle. L’imbécile avait fait le fanfaron et sa Jian traînait à quelques pas derrière son attaquante, il fallait rapidement récupérer la situation sans quoi il risquait d’être touché à n’importe quel moment. C’est d’ailleurs ce qui arriva, puisque l’arme de son adversaire déchira son haut de façon horizontale, dessinant une légère et très fine bande rouge sur les côtes de l’organisateur des jeux. Le temps sembla alors ralentir, et Camille put apercevoir avec une pointe de haine une goutte de son propre sang chuté dans le sable rouge de l’arène. Son arène, son sang.

Prit alors d’une rage inexplicable il esquiva le coup qui arriva de façon presque angélique et d’une rapidité surhumaine il attrapa la jeune Chioné par la gorge pour la rapprochée de son visage. Le mouvement avait été d’une soudaineté extravagante. Le jeune homme venait de tirer vers lui son élève avec une brutalité inhabituelle. Mais le geste aussi rude fut-il restait fluide, rappelant le mouvement ample d’un flamant rose attrapant une crevette de son bec. Il planta alors ses yeux bleus dans ceux de la jeune fille. Et avec un regard rempli de haine et une voix devenue rocailleuse il prononça ces mots d’une lenteur presque morbide tandis qu’il gardait ses droits crispés sur le cou de sa proie :

« Ne refait plus jamais ça. Où je te tue. »

Revenant subitement à la raison, presque aussi étrangement qu’il avait perdu ses esprits il lâcha le cou de son apprentie avec une mine étonné. Oui, il était surpris par lui-même et par le coup de sang chaud qu’il venait d’avoir. Croyant avec difficulté que lui, la Fée Blanche avait ainsi pu perde son sang-froid. Il se retourna et fit quelques pas dans le sable, tout en passant une main sur son torse. Il saignait.
Camille Anisum frappa dans ses mains, alors quelques personnes arrivèrent avec deux sièges et plusieurs gourdes ainsi que des serviettes. N’adressant plus un seul regard, il paraissait alors perdu dans ses propres pensées, comme s’il avait quitté le monde des vivants pour celui des fantômes.
Il s’assit sur l’un des fauteuils qui venaient d’être placé par les domestiques qui d’un pas actif avaient apporté les mêmes soins à Chioné. La Fée Blanche s’appliqua l’une des serviettes humidifiées sur sa blessure, prenant le temps de calmer sa respiration et son agitation. Il semblait choqué. Quelques fines gouttelettes de sang avaient taché le short clair de son propriétaire et une petite coulure bordeaux serpentait son buste de façon sensuelle avant d’atteindre la ceinture.

D’un mouvement incertain et la main tremblante il fit quelques ronds dans le vide. Ne sachant plus quoi dire. Il se contenta de ramener la serviette qui pressait sur son buste jusqu’à son visage afin d’y enlever la transpiration. Il n’avait pas réfléchi à son action. Sa propre face était couverte de son propre sang. Alors un domestique, apeuré par l’état de son maître, et ce malgré le fait que la blessure était loin d’être grave commença à bander la partie touchée par la lame de Chioné.
Attendant de nouveau une petite minute que le servant ait fini son travail, Camille se leva pour refaire face à son élève. Le visage ensanglanté par son stupide mouvement, ses cheveux si blancs étaient en partie couverts d’un rougeoiement macabre. Il jeta un regard surpris vers la jeune femme, avec un air naïf, presque enfantin.

« Excuse-moi. Si tu le souhaite nous pouvons reprendre. »

La Reine des Neiges avait donc laissé sa rage s'exprimer, et celle-ci permettait à sa lame d'attaquer vivement Camille, qui esquivait de justesse jusqu'à ce que Chioné le touche, tailladant son torse. Sauf que la jeune femme n'avait absolument pas prévu la réaction de son maître d'armes : il la prit à la gorge et la ramena brutalement jusqu'à lui avant de siffler :

Ne refait plus jamais ça. Où je te tue.

Puis, d'un coup, comme s'il avait eu un flash, il relâcha Chioné qui tomba sur les genoux, cherchant son souffle pendant quelques instants. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de faire ça ? La jeune femme se massa la gorge avant de se redresser, regardant Camille qui s'était installé sur un siège qu'on avait apporté, avec un autre et de quoi se rafraîchir et se soigner pour les deux combattants. La Reine des Neiges alla s'asseoir sur l'autre siège, respirant doucement et laissant les servants s'occuper d'elle, malgré le fait qu'elle soit en meilleur état que Camille. Celui-ci, d'ailleurs, sous le choc de ce qu'il avait fait quelques instants plus tôt, avait mis sa main sur l'estafilade que Chioné lui avait faite avant de la mettre sur son visage, le teintant de son sang. Hé bah, il devait être sacrément secoué pour faire ça...

Quelques secondes plus tard, après avoir laissé un servant panser sa blessure, il regarde Chioné, un peu surpris, avant de lui lancer :

Excuse-moi. Si tu le souhaite nous pouvons reprendre.

Alors promets-moi qu'on arrêtera si tu ne te sens pas bien ou si je te blesse une fois de plus, répondit Chioné en se redressant et en fixant Camille avec détermination.

Elle l'avait blessé une fois et avait vu son côté sombre, il valait mieux prendre ses précautions et ne pas forcer le destin.... Elle le laisserait continuer jusqu'à ce qu'il décide que la partie était terminée.

Camille fit alors un grand sourire à la jeune femme. Plissant les paupières, il inclina quelque peu la tête sur le côté. Il semblait reprendre ses esprits bien qu’il n’ajouta aucun mot et se dirigea vers sa Jian qui trainait par terre pour la ramasser. Il examina longuement la lame, de haut en bas, l’éclat blanc de l’arme renvoyait une pâle lueur ensoleillée sur le visage raffiné de l’organisateur.
Il relâcha son attention, pour la reporter sur son élève. Le jeune homme avança vers Chioné d’un pas sur tout en conservant ces mouvements de jambes fines et élancées qui le caractérisait. Il finit par se retrouver face à face avec son élève, pouvant sentir son souffle froid sur son cou. Sa blessure ne saignait déjà plus, mais son visage empli de sang séché lui donnait un air démoniaque. Il y avait tout de même quelque chose de guerrier dans cette Fée Blanche qui finalement n’était pas aussi inoffensive qu’on pouvait le croire.

Camille plaça une main sur le crâne de son apprentie surement encore choquée par les évènements et ébouriffa ses cheveux, ce geste à la symbolique paternelle n’avait nullement sa place entre une Féral et un simple maître d’armes. Mais encore une fois Animus s’en moquait, il se moquait toujours avec plaisir des usages, des traditions et des coutumes.

« Chioné. Petite Chione. Tu as réussi à me faire saigner, bravo. C’est presque incroyable. Mais je ne voudrais aucunement que tu te souviennes de mon entrainement comme d’un très mauvais passage où tu n’auras rien appris d’utile. Nous allons donc continuer, sauf si bien sûr tu veux prendre le risque de te passer du meilleur enseignement de la capitale.
Tu sais, les généraux. Là, les Esenheim, les Victo et autres commandant comme … Oh je ne connais pas tous les noms. Mais ces gens savent se battre sur un champ de bataille, car ils comptent principalement sur leurs pouvoirs. Mais si tu me les envoyais ici, sans leurs pouvoirs… Eh bien je les tuerais tous. Pourtant… Je n’ai pas envie de les tuer, je veux dire, je n’ai rien contre eux. Je suis plutôt calme comme personnage. Et il serait bien que tu tires des leçons de tout ce que je souhaite t’enseigner. Première arrête d’être frigide, ça m’ennuie énormément. Ensuite ta garde.
Voilà. Ta garde, c’est ça le problème, je vais te laisser admirer, met toi en garde. »

L’organisateur des jeux se mit en position de combat, et sans plus prévenir fit tourner sa lame au-dessus de sa tête et avec rapidité et néanmoins toute la grâce possible il abattit sa Jian vers la princesse des neiges. Son attaque n’avait pas spécialement pour but de faire mal, mais simplement d’engager un combat assez fou, très irrationnel. Ce genre d’attaque n’est pas commun aux personnes utilisant des Jian, il voulait déstabiliser Chioné afin de lui montrer ses erreurs.

Chioné baissa instinctivement la tête lorsqu'elle vit Camille s'approcher d'elle, le visage rouge de son sang : elle s'en voulait encore d'avoir laissé parler sa colère et d'avoir blessé son professeur, mais il lui faudrait apprendre à savoir passer outre. Sur un champ de bataille, il n'y aurait jamais de maître d'armes pour lui expliquer ses erreurs : que des ennemis à envoyer ad patres s'ils osaient s'attaquer à elle et ses valeurs.

Elle fut cependant surprise de sentir la main de Camille sur sa tête, ébouriffant ses cheveux et les teintant légèrement de rouge - il lui restait du sang sur sa main - avant de déclarer :

Chioné. Petite Chione. Tu as réussi à me faire saigner, bravo. C’est presque incroyable. Mais je ne voudrais aucunement que tu te souviennes de mon entrainement comme d’un très mauvais passage où tu n’auras rien appris d’utile. Nous allons donc continuer, sauf si bien sûr tu veux prendre le risque de te passer du meilleur enseignement de la capitale.
Tu sais, les généraux. Là, les Esenheim, les Victo et autres commandant comme … Oh je ne connais pas tous les noms. Mais ces gens savent se battre sur un champ de bataille, car ils comptent principalement sur leurs pouvoirs. Mais si tu me les envoyais ici, sans leurs pouvoirs… Eh bien je les tuerais tous. Pourtant… Je n’ai pas envie de les tuer, je veux dire, je n’ai rien contre eux. Je suis plutôt calme comme personnage. Et il serait bien que tu tires des leçons de tout ce que je souhaite t’enseigner. Première arrête d’être frigide, ça m’ennuie énormément. Ensuite ta garde.
Voilà. Ta garde, c’est ça le problème, je vais te laisser admirer, met toi en garde.

Ce discours fit mouche dans le cœur de Chioné, qui se redressa et se mit en garde, cette fois beaucoup plus souple sur ses jambes, enfin, en faisant de son mieux. Lorsqu'elle vit Camille abattre sa lame vers elle, son premier réflexe fut de lever sa lame à elle pour contrer, avant de se baisser pour tenter de toucher Camille au genou.

Le combat qui s'ensuivit dura longtemps, pour Chioné, mais celle-ci ne s'en préoccupait pas. Tout ce qui lui importait, c'était d'appliquer strictement les conseils que lui donnait Camille, après avoir essuyé quelques coups qui lui laisseraient certainement de jolis bleus sur le corps. Mais au fond, la Reine des Neiges savait qu'elle était en bonne voie, même si, pour le moment, elle se comportait comme une femme en train de se battre... Et si elle se comportait comme un homme, les prochaines fois ? Cela pourrait peut-être porter ses fruits, qui sait...

L’entrainement dura encore un peu, Camille essayait d’enseigner du mieux qu’il le pouvait, donnant les angles d’attaque, les ouvertures à éviter, la façon de tenir l’arme, d’utiliser la force de l’adversaire et de faire preuve de souplesse. Les techniques consistants à se propulser vers l’avant, à riposter. Bref, il apprenait à Chioné les bases de l’attaque et de la défense avec une Jian. Et si elle ne pourrait pas tout retenir il espérait que cela lui serait très utile quand elle en aurait besoin, ce sans quoi il aurait été totalement inutile. Le combat continuait donc dans un calme académique, sauf autres effusions ni évènements particulier.
Le soleil commençait peu à peu à s’abaisser jusqu’à finalement prendre une couleur orangée et plus lointaine, annonçant la fin de la journée. Le sable de l’arène avait été secoué et quelques groupes de gladiateurs étaient venus admirer les talents de l’organisateur. Bien que le jeune homme les soupçonne de vouloir admirer les formes d'est élèves, ce qui était amusant car elle avait déjà un style bien plus élaboré que la plupart de ses petits combattants. Certainement sa nature de démon.

Camille finit par planter sa lame dans le sol, la laissant, poignée au vent comme un minuscule étendard. La sueur avait remplacé le masque sanguinolent, et le laniste eut un grand sourire avant d’éclater de rire.

« Si on m’avait dit en me levant que je m’amuserais autant. Hahaha ! Ne le prend pas pour toi, mais faire de l’exercice est toujours quelque chose que j’apprécie, j’aime sentir mes muscles se raidir après quelques heures efforts. D’ailleurs pour tout t’avouer je suis assez fatigué, le soleil semble partager mon avis. Je propose qu’on en reste là pour aujourd’hui. »

Anisum prit une serviette mise à sa disposition pour se la passer sur le visage tout en reprenant son souffle.

« N’hésite pas à venir me revoir, tu as encore besoin d’entrainement Chioné Féral. »

Sur ce, Camille prit la direction des bâtiments où étaient situées son bureau, laissant la jeune femme seule avec le coucher de soleil. L’arène reprenait peu à peu son calme.

La Reine des Neiges avait plus appris en une journée qu'un soldat ordinaire mettrait une dizaine d'années à assimiler, ou du moins, c'était l'impression qu'elle en avait. A la fin de la journée, elle se sentait déjà beaucoup plus à l'aise avec des lames qu'au tout début ; si elle apprenait vite, il lui faudrait cependant continuer à entretenir ce savoir fraîchement acquis.

Camille finit par planter sa lame dans le sol et lança à Chioné, qui reposait les lames sur la table la plus proche avant de s'approcher :

Si on m’avait dit en me levant que je m’amuserais autant. Hahaha ! Ne le prend pas pour toi, mais faire de l’exercice est toujours quelque chose que j’apprécie, j’aime sentir mes muscles se raidir après quelques heures efforts. D’ailleurs pour tout t’avouer je suis assez fatigué, le soleil semble partager mon avis. Je propose qu’on en reste là pour aujourd’hui.

La Reine des Neiges hocha la tête et accepta avec plaisir la carafe d'eau fraîche qu'on lui apporta, se servant un grand verre d'eau avant d'entendre Camille reprendre :

N’hésite pas à venir me revoir, tu as encore besoin d’entrainement Chioné Féral.

Je n'y manquerai pas, maître Camille, répondit Chioné alors que son maître d'armes d'un jour faisait demi-tour, la laissant seule au milieu d'une arène avec des servants pour l'aider à se rafraîchir. La jeune femme prit le temps de se rafraîchir avant de se lever et de laisser les servants de Camille ranger ce qui avait servi à son combat, partant avec le soleil couchant dans le dos, lui donnant une aura étrange pour quiconque passerait devant elle : elle avait et donnait l'impression d'être un phénix qui renaissait de ses cendres...