Je relis ce parchemin une énième fois, avant de le rouler de nouveau et le fourrer au fond de mon sac, trépignant d'impatience, me retenant de piquer un sprint jusqu'à la mine... Enfin... Après des années d'impatience, d'entrainement acharnés... Tous ces efforts... Ma réussite ou ma mort... Tout ça va se jouer d'ici quelques kilomètres! J'ai enfin l'occasion de faire mes preuves autrement que par des combats amicaux ou sur des mannequins d'entrainement!

Tout au long de la route, entre deux instants d'excitation comme celui-là, je réfléchissais néanmoins à la situation... Je ne devais pas perdre de vue le fait que cette mission ne sera pas non plus une partie de plaisir... Aussi bien en ville qu'en chemin pour la mine, je questionnais les badauds à gauche à droite pour espérer récolter quelques informations sur la bande que j'allais trouver à la mine... Tout ce que j'ai eu, c'était quelques informations éparses et parfois confuses, mais, une fois recoupées, j'arrivais néanmoins à y voir plus clair dans cette histoire...

La bande que je devais arrêter était "spécialisée dans de nombreux secteurs d'activités", pas seulement le trafic de pierres précieuses... Vol, recel, violences en tout genre... Une demi-douzaine de types qui faisait les quatre-cents coups depuis plusieurs mois, ne restant jamais au même endroit plus de deux jours d'affilée, restant à la fois assez discrets, assez mobiles et efficaces... Mais, les mercenaires d'Arkham les suivaient depuis quelques jours et avaient trouvés leur dernière cachette. Même s'ils prévoyaient d'intervenir en force, ils avaient aussi vu l'occasion de me mettre à l'épreuve et m'avaient donc envoyés en "éclaireur"... Après, est-ce que je devrais m'attendre à les voir débarquer de nulle part, pour me venir en aide en cas de danger mortel? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non... J'espère quand même pouvoir gérer cette mission sans aide extérieure... Je voudrais vraiment mériter ma place de mercenaire...

Finalement, l'odeur particulière des métaux précieux vient titiller mes narines et je sais de suite que je suis proche de mon objectif... Allez du courage nain! La victoire ou la mort? L'honneur ou le déshonneur? Tout se décidera ici et maintenant!
Avançant prudemment dans les bois, passant de cachette en cachette, observant les moindres alentours, attentifs au plus infime des bruissements de feuilles ou craquement de branche... Il ne semble y avoir aucune sentinelle sur le chemin de la mine abandonnée... mine dont se dégage quelques odeurs de pierres précieuses... mais aussi un élément qui me fait frissonner... Cela explique des choses, notamment pourquoi la mine a été laissé à l'abandon... Je devrais tenir compte de ce risque, si je venais à rentrer là-dedans...

J'aperçois enfin la mine, installée au pied d'une petite montagne, à l'orée de la forêt que je viens de traverser... et la petite bande que je dois arrêter a installé son campement à l'entrée des mines et s'affaire déjà autour de pioches et d'autres outils de minage... Ils étaient bien six, semblaient assez costauds et avaient un certain arsenal de combat... Je suis clairement désavantagé si je devais en venir aux mains... Mais, à coté, d'après ce que j'ai compris, ils n'étaient pas non plus des enfants de cœur et je n'avais pas envie de me risquer à aller constater ce "détail"... Et puis, quand j'y repense... c'est cette bande qui me permettrait de gagner ma place de mercenaire... Alors, je ne peux pas non plus me permettre d'hésiter, ou pire, de battre en retraite et de laisser passer ma chance...

Je reste donc dans ma cachette, à une centaine de mètres de la mine, observant la suite des événements... Comme ça, je n'avais aucune idée, aucune approche qui me venait en tête... J'avais l'avantage de la surprise, mais avec six assaillants, cette "avantage" serait vite avorté et, au mieux, je pourrais en descendre un ou deux avant que les autres me tombent dessus...
Il y en a trois qui sont descendus dans les mines et les trois autres restent au campement... Il y en a bien un qui est allé patrouiller dans les environs, mais je me suis fondu dans le décor, pour éviter d'être repéré... Je rongeais mon frein et je détestais ça... Mais, je ne pouvais pas prendre le risque de foncer dans le tas sans réfléchir... Une stratégie d'approche... Je devais impérativement trouver un moyen de les approcher, sans éveiller leur méfiance, avant d'attaquer efficacement, pour neutraliser cette bande...

Finalement, après une heure d'attente, les trois "mineurs" reviennent à la surface avec une petite quantité de pierres précieuses... et la fameuse pierre que j'avais senti! C'était bien ça! Les imbéciles! Pourquoi avoir ramené cette pierre!?!
... Remarques, ça pourrait m'être utile pour conserver mon certain avantage... Après, ça reste très temporaire et je devrais bien gérer le temps qui me sera accordé... Autant mettre toutes les chances de mon coté, afin de maximiser mes chances de réussite!

Après quelques "préparatifs", je sors de ma cachette, sans armes, m'approchant de la petite bande, armé d'une pioche de rechange, achetée en ville, gesticulant un peu dans tous les sens:

-Eh! Il paraît que vous recherchez des pierres précieuses les gars!?!
Je peux me joindre à vous?

Oui, niveau approche, on a plus subtil, mais, compte tenu des récents événements, j'avais besoin de gagner du terrain...
Comme je pouvais m'y attendre, les six types sortaient d'un coup leurs épées, haches et arcs, mes visant tous d'un coup... Assez réactifs, je devrais rester constamment sur le qui-vive...

Un elfe baraqué, armé d'une hache à deux mains, semblant n'attendre qu'un ordre pour me couper en deux, me lance:

-Bouges pas le nabot! Qui es tu? D'où viens tu? Et surtout, que viens tu faire ici?

-J'ai appris que des personnes revenaient à la mine, après une banale explosion qui a fait s'effondrer la moitié des galeries! Je n'ai plus rien à faire depuis, alors quand j'ai su qu'elle rouvrait, je me suis précipité pour me remettre au travail!

Les six lascars ne semblaient pas comprendre ce que je voulais dire et se questionnaient:

-Il y a des galeries effondrées?

-Oui, en effet. Une partie des galeries est bouchée par des gravats et il y a des corps à gauche à droite...

-Ah... Eh toi, le nabot! Pourquoi les galeries se sont effondrées!?!

Je hausse les épaules, soulagé que les renseignements que j'ai récoltés, en ville, se confirment:

-Eh bien, au fait, c'est parce qu'un mineur a donné un coup de pioche sur un filon de lavarite et ça a tout fait sauter... Ah, mais vous en avez ramenés justement de la lavarite! Juste là!

Instinctivement, ils font tous un bond de coté, quand je montre du doigt une pierre sur la droite et ils se mettent dos à la vraie lavarite, sur laquelle je balance directement ma pioche, avant de partie en courant. Dés que la pioche frappe la pierre orange, la roche explose violemment, expédiant des débris dans tous les sens, pendant que je me jette à terre, recevant gravats et membres humains autour de moi et sur moi...

La lavarite... La première chose qu'on nous enseigne dans les mines naines... Une pierre orange facilement reconnaissable et utilisée pour les enchantements et qui ne s'extrait qu'avec des outils précieux et enchantés... Elle est remplie d'énergie magique très volatile et, sans magie pour l'extraire et contenir sa puissance, elle s'échappe de la moindre ouverture et fait tout sauter aux alentours... N'importe quel nain est au courant de ça et tâche d'éviter d'effleurer simplement cette roche magique...

Je ne perds pas de temps, me relève et pars en courant, ignorant s'ils ont survécus ou pas... Je devais juste battre le record du sprint sur cent mètres, récupérer mon équipement et là seulement, je pourrais envisager de retourner voir ce qui s'est passé...
Je récupère à la hâte bouclier, marteau, ainsi que ma fidèle hache, qui m'accompagne depuis Arkham (pas question que je fasse sauter ma pioche d'enfance sur de la lavarite!), avant de me retourner, en position de garde pour intercepter les survivants...

Mon coup de poker a bien marché. Sur les six bandits, trois sont morts, à savoir deux archers et un guerrier, partiellement démembrés et baignant dans une mare de sang. Les trois autres guerriers, avec l'elfe qui semble être le chef, tiennent encore debout, bien secoués par l'explosion, cherchant sans doute encore à reprendre leurs esprits...

Je fonds sur les trois guerriers, bouclier en main gauche et en avant, marteau à la main droite, pioche dans le dos:

-Vous auriez eu un nain, ou un "nabot", comme vous dites, dans votre groupe, vous auriez su que cette roche était instable et vous ne l'auriez pas ramassée comme si de rien n'était!
Maintenant, vous allez payer! ARKHAS!!!

Utiliser mon cri de guerre a toujours été le meilleur moyen de me booster à mort! Un simple cri, mélangeant "Arkham", ma ville d'enfance et "Friyas", mon nom de famille... Mes deux plus grandes fiertés, réunies dans le cri de guerre accompagnant tous mes plus glorieux combats... Impossible de rebrousser chemin après avoir poussé ce cri du cœur!!!

Pris au dépourvu par l’enchaînement des événements, les trois guerriers réagissent tardivement à mon assaut et un humain à la gauche de l'elfe reçoit le bouclier en plein dans l'estomac, étant projeté brutalement en arrière, tombant lourdement au sol, avant de recevoir un grand coup de marteau en plein milieu de la figure, explosant la boîte crânienne comme une pastèque trop mure. Et d'un!
En faisant un bond de coté, je lève mon bouclier sur le coté droit, anticipant les éventuelles ripostes, qui viennent avec un coup de hache à deux mains s'abattant avec force sur mon bouclier en fer et je fais un grand mouvement circulaire avec ce dernier, entraînant la hache avec, faisant perdre l'équilibre à "l'elfe-en-chef", qui parvient néanmoins à esquiver le coup de marteau porté sur son crâne, qui atteinte son épaule gauche, hurlant de douleur. Je frappe de nouveau, avec la pointe de mon marteau cette fois, trouant son dos et sa nuque à de nombreuse reprises, le faisant s'effondrer à terre, dans une mare de sang... et je reçois un coup d'épée sur le bras gauche au même moment, me faisant grimacer de douleur, faisant un bond en arrière, pour faire face au dernier ennemi... Un autre humain, armé de deux épées, une tâchée de mon sang... Il était un peu tremblant et me toisait avec une grande colère dans le regard... Il était furieux de la tournure des événements? Bah, il n'avait qu'à pas fricoter avec le milieu du crime, pour s'éviter ce genre d'événements!

Il fond sur moi, avec ses deux épées en arrière, avant de les abattre avec violence sur moi, dans un double mouvement vertical, cherchant à me couper les bras, sans doute. Je fais un saut sur la droite, bouclier vers le haut, pour esquiver le coup de gauche et contrer le coup de droite avec mon bouclier en fer, avant de porter un coup avec la pointe du marteau dans les cotes de l'humain, le faisant hurler de douleur. Mais, ignorant la douleur, il fend l'air avec ses deux lames et je ne peux que limiter la casse en me laissant tomber en arrière, une lame me cisaillant violemment le visage, me faisant hurler de douleur à mon tour. Par Nhieling! Il est vraiment balaise ce type! Il ne se laisse vraiment pas faire!

Je pars en roulade arrière, me repositionne, sortant ma pioche et brandissant mon bouclier, mon marteau resté planté dans le torse de l'humain... Sacrément résistant le bougre... Quand l'elfe parlait, cet humain était plutôt discret, acquiesçant à peine... et là, en plein combat, je ne pouvais que constater sa force de caractère, derrière chacune de ses attaques... Heureusement que j'ai eu droit à l'effet de surprise, parce que s'il avait eu l’initiative, je serais mort depuis longtemps...

Je frappe l’œil de ma pioche contre mon bouclier, grimaçant de douleur, suite à la douleur dans mon bras et sur mon visage...

-Pourquoi gaspiller un tel talent pour le combat au service de bandits à la petite semaine comme ça?
Tu es un adversaire de valeur, pour ton habileté aux armes, mais tu ne reste qu'un simple malfrat, qui ne mérite aucune considération, à cause de la lâcheté de tes actes... Vols, meurtres... Vous ne pensez qu'à votre petite personne et c'est pour ça qu'aujourd'hui, vous êtes tous morts! ARKHAS!!!

Je cours sur mon adversaire, qui se protège avec ses deux lames, après avoir pris le temps de balancer mon marteau dans un coin, ignorant le sang qui coule de son torse. Je place mon bouclier au dernier moment devant moi, frappant violemment la garde de l'humain, le faisant reculer de quelques pas, avant de planter ma pioche sur son épaule gauche, le faisant de nouveau crier de douleur. Argh, je visais la tête!
Il riposte alors avec une brutalité étonnante, sans doute renforcée par l'adrénaline et le dernier sursaut de vie, me repoussant en arrière, m'arrachant ma pioche de ma main, ne me laissant que mon bouclier et je reçois alors un véritable déluge de lames sur moi. Je récolte deux trois nouvelles cicatrices sur mon bras et mon torse, pendant que je contrais ou esquivais une partie de ses attaques avec mon bouclier ou ma simple agilité... Mais, je ne pouvais pas continuer à jouer la carte de l'esquive comme ça, même avec un adversaire assez blessé et possiblement faiblissant (même si pour l'instant, ce type me semblait plus enragé qu'affaibli...)... Je dois changer de tactique rapidement, avant qu'il ne prenne trop ses aises en attaque et ne parvienne à me toucher d'avantage, mortellement même!

Quand il cherche à trancher ma tête avec ses deux lames, je fais un bond en arrière, avant de me projeter de nouveau en avant, bouclier en avant, enfonçant avec force mon bouclier en plain sur sa tête, sentant un craquement sinistre, signe d'un nez cassé de l'autre coté du bouclier, accompagné d'un hurlement de douleur. Il titube et je me précipite rapidement sur mon marteau, avant de fondre de nouveau sur mon ennemi, faisant un large mouvement circulaire, fracassant sa jambe gauche et le faisant tomber à terre dans un nouveau cri de douleur, avant de sauter sur son torse à pieds joints, lui cassant sans doute deux trois cotes, avant d'abattre mon marteau de toute mes forces sur son visage, la réduisant en bouillie.

Je recule alors, me laissant tomber à terre, haletant... Encore heureux qu'l n'y ait eu qu'un type comme ça dans ce groupe... Ils auraient été six, je n'aurais peut-être même pas pu arriver jusqu'à mon matériel, après avoir fait sauter la lavarite...
Finalement, ignorant ma douleur, j'éclate d'un rire bien sonore, comme j'en ai le secret, jubilant... Enfin, j'ai réussi! J'ai réussi ma mission et, par conséquent, mon épreuve! J'ai récolté pas mal de coupures et de blessures, mais au moins, je suis encore en vie! Je peux enfin me dire mercenaire! J'ai passé mon épreuve et je peux retourner la tête haute pour valider toute ces années d'effort!

Je me décide à soigner mes blessures, pas très graves mais surtout douloureuses, avant de repartir en ville... avec le corps de l'humain aux deux épées sur mon épaule... Il mérite au moins d'être enterré, contrairement à ses comparses qui n'ont qu'à se faire bouffer par des charognards, avant de moisir au soleil... Un adversaire de valeur mérite au moins des funérailles décentes...