[Abandonné] Dragons in Wonderland [Pv : Alcide] | |
| Jeu 27 Mar - 0:24 | | | | DRAGONS IN WONDERLAND [Pv : Alcide] Je voudrais mourir par curiosité. George Sand C'était à n'y rien comprendre. Perdue dans des volutes de papier, Luz tâchait de débusquer la clé de son énigme. Rien ne faisait mention d'un artefact à l'aspect si exotique, et l'objet qu'elle avait acquis plus tôt dans la journée lui restait aussi imperméable que ses écailles les jours de pluie... Alors, vagabondant pieds nus dans ses appartements de ces égarements d'oiseau fébrile, esquivant par-ci par-là quelques entassements de coussins pulpeux et de livres épars d'un souple effacement des hanches, elle ne cessait de s'égarer sur le chemin qui menait de sa bibliothèque personnelle jusqu'à son cher plancher... Oh certes, il y a de cela quelques heures les lourds ouvrages qu'elle en retirait en équilibre précaire tenaient encore sur son bureau. A présent, un nouveau venu aurait été bien en peine de décrire la couleur même du sol tant celui-ci était noyé d'une marée de feuillets et de volumes en tout genre... Et cela gagnait progressivement son large lit en vagues successives, dévoré par une armée de mots affamés. En fait de faim, c'était Luz qui n'en démordait pas. Peu importait comment, peu importait où, mais elle trouverait une référence à l'objet qu'elle détenait, même minime ! On ne dira pas que j'ai abandonné... Elle se tendit sur la pointe des pieds, fit un effort incommensurable pour se saisir d'un volume conséquent en équilibre sur une étagère du haut. Traité sur les Bricoles et autres Bagatelles annonçait d'ores et déjà la teneur fort savante du propos... Un livre comme l'on en faisait plus, vermoulu et tout engoncé dans sa couverture de jade, cousu dans sa reliure d'un coquet ruban qui avait visiblement vécu. Oui, Luz commençait sérieusement à fatiguer de ces lectures inutiles ! A trois heures du matin elle sentait son corps humain s'épuiser à vue d’œil, tendre le bras, attraper, porter, se relever, tout cela avait un côté éreintant qu'elle ne pouvait contrer... Même les dragons avaient leurs limites. Et ses limites à elle se résumaient à cet objet, celui qui trônait encore fièrement sur les récifs de sa paperasse, échoué dans un coin de la pièce comme une bouteille à la mer. « Bon sang Luz, à tous les coups tu t'es faite avoir par ce vieux marchand sénile... » Elle laissa choir Traité sur les Bricoles et autres Bagatelles sur les couvertures amples de son lit, passa une main fatiguée sur son visage. Elle se pencha alors, attrapa l'objet de toutes ses convoitises avec une délicatesse d'orfèvre et le fit lentement pivoter entre ses doigts habiles. Un arceau. En argent, vraisemblablement. Ou tout autre matière d'un gris luisant, faiblement luminescente dans l'obscurité et gravée d'un entrelacs de runes qui lui restaient plus incompréhensibles encore qu'un nain face à un dragon. Aucun système visible d'activation, ni présence magique -du peu, du très peu qu'elle connaissait dans ce domaine-ci ! Si Saeros avait été présent, sans doute aurait-il... Mais c'était à exclure. On lui avait vendu cet artefact sur le marché de Sen'tsura, bien des jours plus tôt. Une merveille, un vrai trésor, une puissance incommensurable ! … Enfin, ceci, c'était plutôt la version du marchand. Luz n'y voyait qu'un... Bracelet ? Une chose étrange conçue pour intriguer, forcément. Et cela marchait bien, trop bien sur elle ! L'envie de savoir l'embrasait d'une imprudence à toute épreuve. Car il restait une possibilité qu'elle n'avait encore osée étudier... Une possibilité que Mifuné aurait très vite classée dans les « Hors de question Milady, danger de mort imminent ! » Génial. Tout pile ce qu'elle adorait vivre ! La dragonne jeta à la dérobée un regard au mur mitoyen de leurs deux appartements. Si... S'il n'était pas là, ce n'était pas comme si elle lui mentait non ? Ce serait une simple omission, un accident... Il ne se passerait probablement rien de toute façon, pourquoi s'embrumer les idées à prendre des précautions ? Et demain, lorsqu'il s'éveillerait, Luz serait toujours là égale à elle-même... Voilà un plan parfait ! Elle s'assit sur le matelas moelleux de son lit, repliant habilement le tissu fin de se chemise sous ses cuisses. Sur le métal, la lumière que diffusaient les feux-follets de la pièce se réfractait en un million de cristaux... Un artefact d'une telle beauté ne pouvait décemment pas être maléfique. Elle remit du bout des doigts une mèche de cheveux flamme derrière une oreille, glissa sa main droite dans l'arceau soudain froid contre sa peau. Ses yeux vairons s'éclairèrent d'une nuance de profonde curiosité dans l'attente d'un picotement, quoi que ce soit d'irréel ou de douloureux. … Un moment passa... « Je le savais ! Je me suis faite av... » Alors, brusquement, Luz sentit son corps céder sous elle et son esprit s'arracher à sa conscience. Elle eut un infime réflexe, tenta de se rattraper mais ne happa que le vide, ses gestes désordonnés luttant en vain contre ce tiraillement implacable qui l'entraînait dans un insondable sommeil... Elle s'effondra sur les draps doux de son lit, étrange endormie dont les longs cheveux dessinaient des arabesques sur le blanc soyeux du tissu, agitée de l'ombre d'un rêve invisible qui errait déjà sur ses lèvres entrouvertes... Et un vieux, très vieux souvenir refit surface. Celui d'une enclave où régnait un ami, et la couleur noire d'une écaille. Mais qu'était donc encore allé chercher ce foutu artefact dans sa mémoire ?
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| | Luz Weiss
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| | Ven 28 Mar - 3:29 | | | | † [Ambiance Musicale] † Il y avait ceux qui couvait l'or comme s'ils chérissaient leurs propres œufs. Il y en avait d'autres qui hantaient de majestueuses tours comblées de grimoires regorgeant de savoir. Il y en avait de plus bestiaux, ou de bien plus sages et de si anciens qu'on ne pouvait plus distinguer leurs écailles des roches où ils reposaient. Et d'autres encore, plus sombres et coléreux, qui, comme surgissant de leur soudain éveil, convoitaient les os et les crânes de ceux-là qui avaient osés profaner leur antre ; ces éternels gardiens choyant leur sanctuaire. Les Montagnes Dorées étaient pour le dragon noir cette princesse esseulée que pas même l'ingéniosité et le savoir faire des nains, ni même celui du démon-empereur, ne pouvait espérer lui enlever des griffes sans accabler ces terres de leur sang.
Foi d'Alcide. « Hou-hou ! » A travers le bruit que font les grillons stridulant leur chant, le hululement de la chouette fit écho au sein d'un Havre enveloppé sous les ténèbres d'un voile nocturne. L'onde sinueuse parcourait le silence paisible de ses dédales, ricochant entre ses sculpturales colonnes de marbres, ses statues aux courbes lisses et ses allées de dalles satinées... Jusqu'à parvenir aux tympans d'Alcide, l'extirpant de ses pensées, son regard ambré roulant aussitôt vers l'animal. « Je sais. Il y a du travail. Mais... » Mais il voulait prendre encore un moment de réflexion. Juste un petit instant de calme où il pouvait s'évader, déroger à la course du temps, brasser l'air de ses puissantes ailes et se propulser, se plonger plus vite encore dans la nébuleuse de ses songes. Là au dehors à compter les étoiles, s'y perdre et rêver... Loin... Très loin au devant, sans plus se soucier du présent, parce qu'à l'autre extrémité de son regard se dessinait forcément quelque chose de plus beau. Non ? Ses yeux hagards pétillaient de mille braises... Ô rien d'inquiétant, Alcide accoudé tout contre le muret de sa terrasse, juste pour un petit moment encore. A soupirer, à humer l'air rafraichissant des hauteurs. Laisser libre à la brise d'affluer dans sa nuque, de souffler parmi les reliefs dénudés de son torse comme auraient dû y choir les douces expirations de sa compagne assoupie. Et si... Et s'il s'envolait réellement ? Et s'il recouvrait forme pour s'en aller dévorer les nuages, puis piquer vers la terre sans autre raison que de s'enivrer d'une traque ? « Houlou-hou ! » Ses pupilles se contractèrent, reprenant pieds : « Je sais, maudit piaf... » Alcide se redressa, laissant à l'abandon le sage oiseau comme s'il l'avait renvoyé dans sa demeure... Il y avait encore tant à faire. Poussant donc la double porte qui le conduisait à son bureau, le regard du dragon noir se confronta aux aiguilles du pendule se balançant parmi les lueurs des bougies jaunissant d'un timide éclat les murs immaculés. Trois heures du matin, déjà, et rien n'avait encore été préparé pour le conseil du jour... « Mhh... Viens te recoucher... » implora faiblement la voix bredouillante de Silmerhia depuis l’entrebâillement menant à leur chambre. Dans les vapes et à demi éveillée, elle emportait une poignée de ses draps soyeux sur elle alors qu'elle se retournait, comateuse, ses doigts glissant sur la place inoccupée du lit. « Oui... Je sais... Je sais... » Mais il ne pouvait être partout... Alcide était sévère, et lui-même ne voulait transgresser à ses principes. Comme pourrait l'être un père, sachant tendre la main pour octroyer la clémence de sa paume, et la gifle de son revers. S'imposant en patriarche exemplaire pour ses fils et de ses filles de l'Enclave, ses enfants pour lequel il accomplirait son devoir jusqu'au bout. Jusqu'à l'épuisement. Jusqu'à la fin de toute chose qui soit. Jusqu'à la mort. D'un âge dont on ne pouvait se souvenir, ce vieux pyromane estimait qu'il y avait une vie pour le repos, une autre pour l'amusement. Désormais, tous ces siècles passés, toutes ces incarnations qui se sont perdues au fil des générations se succédant, ont fait leur temps. Car cette vie-ci en particulier exigeait que l'on se consacre maintenant à la guerre ; le Roi-Dragon s’installa donc devant une large table ronde où se tenait, devant ses yeux clairs et déterminés, plusieurs règles et équerres, ou des bâtonnets de fusain dispersés en mikado sous une marrée de vielles cartes qu'un automne aurait tout aussi bien pu remplacer de feuilles mortes. Son regard vif consultait son travail, mesurant la pertinence de ses calculs, que se soit de ses spécieuses stratégies qui pour l'heure ne causaient de troubles qu'aux échanges entre Tilamus, Arkham et Sola. Ou de ce que lui murmurait le ciel, de ce que révélaient ses tracés entre les constellations ; le savoir astral et la divination prophétique, certes hasardeuse et complexe à l'interprétation, avait aussi des avantages que bien trop de rois négligeaient aujourd'hui. Mais Zelphos, lui aussi savait. Ainsi Alcide discernait le réel de l'imaginaire pour ne plus y voir que ce qui était réalisable. Alors il posa un temps son menton en appui contre son poing, réfléchissant, penseur : Il y a toujours une autre façon de faire les choses. Ses yeux soudain happés par le visage lisse et patibulaire de son heaume de jais figé non loin devant lui, comme s'il confirmait cet aphorisme et l'incitait à le concrétiser enfin. ~ Je sais ~ C'est alors que, à peine eut-il le temps de s'emparer de son compas pour se mettre enfin au boulot que l'inexplicable se produisit ! L'ironie du sort voulu que le visage d'Alcide s'écroule comme une masse parmi le désordre régnant sur sa table, renversant son globe terrestre, soufflant au sol quelques billets et notices, ses bras retombant sans vie sur le meuble. Comme soudain assommé, l'esprit fauché par le sommeil, arborant le visage innocent de celui qui s'est endormi, les paupières closes sur ses planisphères. Et un vieux, très vieux souvenir refit surface. Celui de la chaleur d'un visage aux yeux vairons et coiffé de flammes. Au lieu de rêver ta vie, vis ton rêve. Une Chouette ?
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| | Alcide
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| | Jeu 3 Avr - 20:39 | | | | Mifuné allait la transformer en un très savant hachis parmentier de dragon. Voire pire encore ! Échevelée, peinant à éveiller son corps lourd de sommeil Luz siégeait sur son large lit au beau milieu de nulle part. L'étrange enchantement grésillait par instant sur sa peau et lui faisait l'effet d'une lourde chape de plomb qui couvrait ses épaules et ses paupières d'une très désagréable somnolence... Personne ne lui dictait sa conduite. Pas même un maudit artefact qui avait su gruger ses sens ! Bon, elle devait avouer qu'il n'était pas bien difficile de l'abuser dès lors qu'on éveillait sa curiosité... Mais foi de dragon, ce foutu marchand aurait de ses nouvelles ! Elle posa sur les alentours un regard hagard. Quelque chose n'allait pas. Une douce brise tiède distillait ses remous sur sa peau et soulevait par instant les longues mèches flammes de ses cheveux. Les fragrances qui lui parvenaient ne correspondaient guère à celles de ses appartements, plus timorées, moins chargées de l'odeur du papier bruni et de la cire chauffée des chandelles la nuit... « Nom d'un... Où suis-je encore tombée ? » Elle passa une main brève sur son visage, s'ébroua dans l'espoir de chasser les derniers effets de l'arceau. Elle n'avait pas bougé, ceci, elle était prête à le jurer. Néanmoins le paysage s'était drastiquement métamorphosé... Nulle trace de son bureau, de ses papiers, de sa salle d'eau ! A perte de vue s'étendait les ravages délabrés d'un ancien temple, fourbu de plantes et de fleurs aux larges corolles exotiques. Et partout dans l'air régnait cette senteur de résine gonflée du miel acre de la végétation envahissante, au milieu de laquelle son lit était un intrus fort détonnant. Un rêve... ? Une téléportation spontanée ? Tout ceci prenait figure d'insondable mystère, et elle se sentit soudain envahie d'une obscure excitation qui faisait luire ses prunelles d'intérêt. Assurément, il s'agissait d'un défi à la hauteur de ses attentes ! Elle se laissa glisser au bas de son cher matelas, posa ses pieds nus sur le tapis de végétation qui recouvrait l'endroit d'un manteau de plusieurs nuances de vert. C'était... Moelleux. Un entrelacs de racines comme elle n'en avait que très peu vu dans toute sa vie... A son poignet le bracelet vrombissait d'un murmure chaleureux, familier. Il lui évoquait l'endroit, et à bien tendre l'oreille il lui semblait par moment distinguer des mots dans cette étrange vibration. Quelque chose lui échappait. Un lointain, lointain souvenir... Venu d'un ancien temps, celui des danses au coin du feu, des hululements des elfes mêlés au soleil et aux nuits sans fin, celui où elle n'était guère plus qu'une jeune pousse au cœur de ce monde... « Je suis née ici. » Et c'était vrai. Rebena Tera la majestueuse, l'ancienne ! Par ici les longues allées parsemées d'ombres et de flaques de lumières, les grands arbres dont la voûte couvrait l'endroit d'une animation fébrile de plumes et de pelage... Par là, des corniches minérales et crénelées, cachées de mousse et de brindilles pour protéger la progéniture de quelque animal invisible. Luz était née sur l'une de ces avancées. Seule. Mysora partie, ses parents partis... Toutefois, un on-ne-savait-quoi différait de ses souvenirs. Les lieux semblaient vides, une indécelable divergence qui faisait comme un porte-à-faux incongru. « … Il y a quelqu'un ? » Sa voix résonna dans les décombres et parut se perdre dans les niveaux souterrains qui s'enfonçaient loin sous le temple. Alors Rebena Tera s'ébroua. Des ombres diaphanes surgirent des entrées à moitié effondrées, errèrent sur le sol de verdure d'un pas pressé. Cela avait vaguement la forme d'un homme si ce n'était leur absence de traits distinctifs, comme mue par un brouillard qui dérangeait le regard et l'empêchait de saisir autre chose qu'une silhouette floue, gondolée de noirceur. Luz recula d'un bond, fléchit ses appuis tous les sens en alerte... Rien n'émanait de ses silhouettes qui ne se dirigeaient dans aucune direction précise, indifférente à tout comme à elles-mêmes, se croisant en un ballet effréné. Ni haine, ni agressivité, ni curiosité... Rien. Tout ici était mort et enterré depuis des lustres. Des fantômes nés d'une vague réminiscence de ce peuple autrefois disparu qui hantait parfois les ruines... ? Réfléchissant du mieux qu'elle pouvait, la dragonne tenta un pas en direction de l'ombre la plus proche. Elle tendit la main, effleura la silhouette du bout des doigts... C'était froid. Glacé. Et sans consistance... L'être s'immobilisa et tourna vers elle des yeux vides sans paupières ni iris. Alors une voix angoissée et sans âge résonna dans son esprit comme une plainte pressée : « ... Midi... Pas avant midi... »
« Je suis navrée mais... Je ne comprends pas. Quel est cet endroit ? Que se passe-t-il à midi ? » L'ombre tendit un doigt squelettique et effilé vers un point dans son dos. « … Midi... Il faut attendre midi... » répéta-t-elle lugubrement. Luz pivota. Quitta des yeux un instant cette présence d’outre tombe pour constater par elle-même ce que cet être semblait vouloir lui dire. Au centre de cette vaste place se trouvait une petite fille. Esseulée, indifférente au monde qui l'entourait, elle avait les yeux levés vers le ciel. Ses cheveux courts étaient ébouriffés et luisaient paisiblement au soleil de doux reflets enflammés qui contrastaient sur sa robe d'un blanc cru... Pas un geste, pas un mouvement. Elle paraissait figée, petite fille minérale dont les couleurs aveuglantes tranchaient sur le monde gris et sombre des ombres... Alors midi sonna. Un gong venu d'ici et d'ailleurs qui vibrait sur les pierres et résonnait dans son cœur. Les ruines se vidèrent. Instantanément désertées par toutes ces présences glacées. Et il n'y eut plus d'autre présence que cette apparition familière et Luz... Cet endroit était fou, déviant. Aucune logique à l'horizon, songea la dragonne. Elle laissa filer un soupir et s'avança vers son mystère vivant, bien décidée à venir à bout de cette étrange dimension. Comment diable fallait-il s'y prendre avec les enfants ? Devait-elle se lancer dans des simagrées de mère attendrie ou attaquer de but en blanc le problème qu'elle affrontait ? « Euh... Bonjour. » La demoiselle se retourna. Ouvrit les yeux. Et Luz se figea d'une impossible surprise béate... Car elle avait les yeux vairons. Ces impossibles yeux qu'elle était la seule à posséder, ces pommettes qui étaient les mêmes que les siennes et cet air enfantin que la dragonne avait eu autrefois... L'artefact avait fait revivre son enfance sous la forme d'une petite fille. Et des larmes roulaient sur ses joues, embuaient ses yeux d'une perdition incontrôlable. « Mais que... Que t'arrive-t-il ? » Et voilà que Luz se faisait nounou de son propre double... Le monde avait vraiment déraillé ! « J'ai perdu ma sœur. Myso... Mysora a disparu. Je ne la retrouve pas... Elle est partie. Sans moi. Ils partent toujours tous sans moi. » Un sanglot agita ses épaules. Et la dragonne se sentit sombrer dans un gouffre d'incompréhension et de lassitude profonde... « Bon d'accord, je vais t'aider à la retrouver, mais en échange, tu dois me dire où nous sommes et comment je suis supposée sortir d'ici ! » La gamine essuya ses yeux rougies de ses deux petits poings. Alors eut-elle un grand sourire méprisant et lâcha-t-elle tout à trac : « Tu es dans le monde des rêves. Tes souvenirs sont allés s'empêtrer dans l'artefact que tu as au poignet, tu ne sais même pas ça ? Je me suis pas améliorée en grandissant, franchement... Je t'imaginais moins vieille ! Et c'est ça qu'on m'envoie pour m'aider ? Sérieux, je me débrouillerais mieux seule ! » Quelle... Que je te... Gnnn... Insupportable demi-portion ! Dire qu'elle avait eu une once de pitié ! « … Et de toute façon, t'as pas le temps de t'occuper de tout ça. Y a quelqu'un qui t'attend et qui va pas tarder à arriver, je serais toi je ferais bonne mesure. Ouais, ça va pas être facile vu notre tête à ton âge, mais un minimum syndical... C'est quelqu'un de trèès important ! » Une nuée d'invectives au bord des lèvres, Luz tourna à contrecœur la tête dans la direction que lui indiquait le truc à deux pattes... Un nouveau frisson reprit la place. Les lieux... Commencèrent à changer, comme envahis d'autres souvenirs, parasités par un autre univers qui n'était pas celui de Luz... A qui donc pouvait bien appartenir ce changement de nuances ?
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| | Luz Weiss
Partie IRLCrédit avatar : Cadeau de Léandre !Double compte : AucunVitesse de réponse : Variable (Quelques heures à une semaine)
| | Ven 4 Avr - 18:53 | | | | Submergé par l'obscurité... Plongé dans le néant le plus abrupte lui donnant la sensation d'être oppressé, compacté dans les ténèbres pour y être étouffé... Comme si le noir n'était pas une teinte mais un liquide si lourd, si pesant, et qu'il en était noyé ; comme si l'obscur était matière, ou plutôt qu'il était tout, et rien à la fois... Tout... Rien... Sauf lui. Alcide était là. Dans ce monde occulté, il existait et pouvait entendre l'écho de ses pensées onduler vers l'infini, comme émergeant à peine d'un profond sommeil qui tardait encore à se dissiper. * Où suis-je ? ... suis-je ? ... suis-je ? ... suis-je ? ... * Sans être capable de les voir, il pouvait sentir ses pieds nus léviter, en suspension, son corps en position fœtale ne reposant sur aucune chose qui soit. Pas même le vide, dans une position vertigineuse où n'y régnait ni même la gravité pour autant, ni même la sensation de chute libre. Alcide était seule chose qui soit, face à l'absolu. * Comme un dieu ... dieu ... dieu ... dieu ... * Émergeant du lointain, il perçu soudain les bribes d'un son qui à ses tympans peinaient encore à se définir clairement. Comme s'il s'agissait d'un murmure qui n'avait pu encore être observé, inexistant et égaré par un voyage si long qu'il n'avait trouvé d'oreille à qui se révéler... Alcide cru d'abord à un cri, un hurlement strident, mais il s'agissait plutôt d'un écho amorphe qui à mesure qu'il approchait se transcendait en une voix plus forte et plus claire. Elle approchait, roulant en plusieurs syllabes et paroles de son timbre émergeant, progressif, qui aussi subitement qu'elle était survenue devint par la suite beaucoup plus limpide ; une voix féminine qui laisse aux hommes tout le loisir d'idéaliser cette femme qui l'articule comme s'il pouvait en détailler les traits. Une voix cristalline, pure, mais mûre dont il ne pouvait perdre le souvenir : « … Il y a quelqu'un ? ... qu'un ? ... qu'un ? ... qu'un ? ... »
* Impossible ... ssible ... ssible ... ssible ... * Les battements d'un cœur retentirent, rythmés et puissants. Alcide s'éveillait enfin. Une chaleur se fit alors sentir là où, au commencement, il n'y avait pourtant rien. Petit à petit, cette obscurité si opaque laissa place à de douces lueurs tout à coup plus chaudes à son regard, aux nuances de rouge et d'orange, comme des taches d'huiles colorée qui, dans un flou gaussien, semblaient écarter une eau impropre aux embouchures de sa vision. Ayant la soudaine sensation d'être submergé dans un épais liquide graisseux, mais qui malgré cela lui était d'une température tout aussi agréable que confortable. Oui, elle lui était... appréciable ? Le tempo cardiaque poursuivait sa débâcle. Sonore et plus rapide. Alcide commençait à bouger, dépliant son corps dans cet étroit bassin, pivotant de la tête sur sa droite, ses muscles se mesurant à l'épaisseur des fluides, cherchant à se localiser. Puis sur sa gauche, cherchant une issue... Mais dans quoi baignait-il au juste ? Devant lui, Il posa une main sur ce qu'il pensait être un mur, mais il s'agissait plutôt d'un voile si lisse que ses doigts y patinèrent sans effort, et qui, à mesure que sa main y plongeait, fini par se heurter tout contre une parois bien plus solide. A en palper sa forme et à en parcourir sa surface de la main, la dite parois se recourbait sur elle-même, en forme de zygote, sauf que... Sauf qu'il y était enfermé... Alcide se découvrait prisonnier dans un œuf ! « Blublbl !? » lâcha-t-il dans un flot de bulles. Faire vite avant que ses poumons ne manquent d'oxygène, les questions fulminant à son esprit, désorienté car depuis longtemps il n'avait plus ressentit pareille incompréhension. A vrai dire, la situation dans laquelle il se trouvait était un véritable casse tête, une énigme comme on ne lui en posait plus... Qui était donc l'imprudent qui avait osé lui jouer cette farce ? Et qu'en était-il de Silmerhia ? Du Havre ? Foi de dragon il en fera baver à son kidnappeur ! Comme en apesanteur, Alcide se tourna dos posé contre la parois, ses pieds faisant pression sur la coque opposée, poussant de toute ses forces sur ses quadriceps, déployant sa puissance musculaire jusqu'à ce que, dans en bruit de craquement successifs, il finisse par fissurer et défigurer en quelques traits d'éclair la surface de la coquille. Encore un petit effort elle ne lui résisterait plus, serrant les dents puis fourrageant d'un rugissement étouffé par les bulles d'oxygène s'échappant de ses lèvres, la coque plia soudain sous ses pieds comme s'il s'agissait d'une trappe fracturée s'ouvrant en miettes, mais... Mais alors qu'il pensait être sauf, ce n'était pas à l'air libre qu'il se confrontait au dehors ! Non, bien au contraire ! Le vide, l'univers dans toute sa splendeur, si gourmand que le corps d'Alcide fut comme aspiré vers l'extérieur, défonçant le reste de cet œuf au revêtement si noir qu'il partit en un millier d'éclats pigmentés d'obsidiennes et de fluides plasmatiques. Un fracas, sans qu'il n'y ait le moindre son pour autant, projetant Alcide vers un vaste néant entaché par les lueurs des étoiles, des astres, ou encore de nuées d'astéroïdes inertes et de brumes, ou plutôt de nébuleuses intersidérales aux reflets multi colorés. Ainsi fut-il largué violemment dans l'espace, les yeux écarquillés, perdu dans l'infinité du cosmos ! * Bordel de meeeeerde !! * Son corps semblait vriller à une vitesse hallucinante, à la merci de la gravité, filant d'un trait en direction de l’immensité d'un globe terrestre qui ne cessait de grossir par dessus sa tête. Il ne saurait dire s'il s'agissait de Terra, mais c'était ce qu'il conclu inconsciemment, cherchant pour l'heure une alternative, car dans l'urgence de la situation il ne pouvait y voir qu'une issue : sa mort. C'était à en perdre le nord, Alcide s'écrasait, tournoyant comme s'il était dans une essoreuse, filant comme une flèche vers la terre. Mais qu'attendait-il pour prendre forme primordiale, dévier de sa trajectoire, se sauver et recouvrir ses écailles, qu'importait mais au moins faire quelque chose plutôt que de se laisser aller à la merci de la gravité ? Cette gravité même qu'il avait apprit à narguer d'un mouvement d'ailes... * Bon sang ! Aller ! Aller ! * Il ne pouvait pas, comme si... Comme si ce n'était qu'un humain, un ridicule petit être dépourvu de la moindre force. Quelques traits plus rudes et osseux marquèrent son faciès, quelques écailles émergeaient de ses articulations, mais rien, rien de plus, elles s'engouffraient systématiquement en lui aussi rapidement qu'elles étaient apparues. « FAIBLE. TU ES FAIBLE. HA-HA-HA-HA-HA. » ~ gronda une voix puissante, sépulcrale et difforme. « C'est IMPOSSIBLE ! » rugissait Alcide, se refusant d'y croire, mâchoire crispée, le souffle du vent faisant claquer la soie de son pantalon de nuit, rappant sur la peau de son torse dont la température ne cessait d'augmenter sous l'effet de friction. Son crâne fendait l'atmosphère, le dragon noir brassant d'un unique mouvement l'air en ramenant ses bras le long du corps, fronçant les sourcils, ciblant la terre en piqué tel un obus d'artillerie nain aussi rapide que le trait d'une arbalète. [Ambiance] Perforant les cieux, se dessinait le tracé d'une épaisse fumée blanche recrachée par le dôme enflammé d'un projectile en pleine combustion. Comme s'il s'agissait d'une comète, si éloignée qu'on penserait tout d'abord à ce que l'objet soit pourvu d'une lenteur presque hypnotique, et qu'il ne s'écraserait jamais... Mais il suffisait pourtant de quelques secondes d'attention pour se rendre compte à quel point il était rapide, fulgurant de célérité, propulsé tel un boulet de canon droit sur la dragonnelle. Plus l'objet non identifié approchait, et plus les pierres du temple, pourtant déjà délabrées, semblaient se désagréger en poussières et ne plus ressembler qu'à un cimetière de cendres, aussi fragile qu'un château de sable s’effritant doucement a gré d'une brise. Une vague de chaleur intense... La température grimpait... Le projectile filant dans les airs se faisait de plus en plus menaçant tandis qu'une canicule infernale avait subitement engloutit les lieux, aussi intense que la gorge d'un volcan. Même la végétation si luxuriante partait en fumée. Métamorphosée, défigurée. L'herbe fraiche et moelleuse laissant lentement place à un terrain mort, corrompu par les braises incandescentes, gourmandes ou affamées. Elles avalaient sur leur passage les racines nouées à même les ruines, brûlant comme des langues enflammées, ou s'attaquait à l'écorce des arbres pour les affliger d'un noir charbon, soudain non plus verdoyant de feuilles, ni même de flammes, mais arborant à leur place des fanions, des lambeaux de chiffons rouge sanguin claquant au souffle du vent comme de sordide étendards éthérés. Le monde n'était plus qu'un morne chantier sous cette comète de mauvais augure, une plaine dévastée sous un ciel rougeoyant, où tout, absolument tout avait été nettoyé, partant en fumée aussi vite qu'une étincelle dévorait une mèche. Comme formant une frontière en perpétuelle conquête, jusqu'à ce qu'elle titille les orteils de la jeune femme et de son double juvénile. Il arrivait enfin, ce projectile embrasé. S'écrasant dans un fracas du tonnerre pour exploser en un tsunami de gravas retournant le sol à mesure qu'il labourait d'un trait la terre ! Il avait disperser dans son sillage un véritable brouillard de particules poussiéreuses... Si bien que, le calme revenu, se mit alors à pleuvoir des cendres flottant doucement dans les airs comme s'il s’agissait de vulgaires flocons de neige. Au centre du cratère se tenait... Alcide... Son corps fumant semblait recouvert d'une fine particule de suie ci et là. Quant à son pantalon, ses rebords partaient en lambeaux calcinés... Miraculeusement en vie, à quatre pattes, mains et genoux submergés dans un bassin de cendres, la tête baissée et recrachant un nuage de fumée. « Tu vois. Je l'avais dit... [tousse] ... que c'était impossible... » - Info HRP:
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| | Alcide
Partie IRLCrédit avatar : Top Cow.Double compte : Jawohl.Vitesse de réponse : Lente.
| | Sam 5 Avr - 15:49 | | | | « Heh ? » Les cheveux tout aussi ébouriffés que ceux de son Doppelgänger, perdue au milieu d'un champ dévasté et de ruines brinquebalées, Luz eut une moue interdite. Un petit cercle d'herbe lorgnait leurs pieds et venait faire courir ses brins frais comme si seule leur présence les avait arrachés à l'éradication par le feu et la chaleur... Des lucioles de cendre valsaient dans l'air lourd avec indifférence, et des braises éparses s'éteignaient sur ce qui avait autrefois été un trésor historique relatant l'histoire d'une civilisation perdue. Oui, Rebena Terra n'était plus qu'un semblant de bouillie informe. « Heeeeeeeh ?! » La bouche ouverte sur une interrogation qui ne voulait pas s'exprimer, clignant des yeux avec stupéfaction, la dragonne ne put que désigner du doigt l'étrange être qui avait pris forme au centre de ce cercle de mort... « Tu... Mais qu'est-ce que tu... ! » La chaleur ambiante lui piquait agréablement la peau, et son esprit déphasé remarqua vaguement qu'elle n'avait guère ressenti la violence engendrée sur ce monde. Chaque souvenir ne pouvait empiéter sur l'autre. Sauf lorsqu'un visiteur venu de la réalité s'amusait à user de l'imperméabilité de son esprit pour contrer le pouvoir possessif de l'artefact... Son double se dégagea de la protection de son moi adulte, contournant soigneusement la silhouette de Luz pour faire enfin face à Alcide. La dragonne s'était en effet instinctivement saisi de son poignet et s'était fait fac-similé de mur vivant dans la précipitation de cette entrée fracassante... « Luz, voici Alcide. Alcide, Luz. » Son ton cérémonieux parvint au moins à faire réagir l'interpellée. A présent que ces tourbillons de vent retombaient, que l'univers paraissait récupérer le semblant de stabilité qui lui avait fait défaut, le visage du nouveau venu se découpait clairement sur le tapis de cendre qui étouffait les sons de l'endroit en une soigneuse chape de coton. Alcide. Les prunelles de Luz s'étrécirent et formèrent deux perles stupéfaites, réduites à cet être masculin qu'elles connaissaient pourtant si bien. Les probabilités de sa présence ici étaient inconcevables. Il y avait quelque chose d'impossible à le voir surgir de ce nulle part qui avait figure de comète, fringant neuf comme un jeune dragon tout juste sorti de l’œuf ! Lentement son regard glissa de ce lui étranger jusqu'à son poignet où pulsait toujours l'auteur de toute cette incongruité... Se pourrait-il que l'artefact ait... ? Peu importe quelle magie était ici à l’œuvre. Pourquoi s'étonnait-elle d'un Alcide devenu corps céleste alors même que son double enfantin se tenait justement à ses côtés, la bouche lourde de remarques acides ? La logique était vraiment une notion surfaite ! Dans une improbable perte d'équilibre, un mouvement premier et instinctif s'imprima sur le corps de Luz. Elle s'élança à perdre haleine, franchit les quelques mètres qui les séparaient encore et glissa dans cette mer de cendre. Alors jeta-t-elle ses bras à son cou, une joie rieuse dans les yeux et dans ses gestes, nostalgique, si nostalgique du temps qu'ils avaient passé ensemble ! Elle ébouriffa ses cheveux bruns sans la moindre gêne, tous deux à genoux dans cet improbable paysage obsolète. « Aaah bon sang Alcide ! Cela fait une éternité ! Comment vont les Dreths ? Comment évolue l'enclave, ma bibliothèque ? Et Silmerhia, parle-moi de Silmerhia ! » Un long silence s'ensuivit. Que Doppelgänger s'empressa de briser avec un plaisir visiblement malsain, ayant parfaitement saisi l'erreur de compréhension que faisait son double adulte : « Alcide est réel. Il n'est pas une création de ce monde hein. L'artefact l'a entraîné ici dans son sommeil, stupide dragonne que tu es. » Luz se figea. S'écarta lentement du nouveau venu, une grimace sybilline sur le visage. Elle se releva avec souplesse, passa une main dans ses cheveux flammes afin de récupérer un semblant de dignité... Sa robe blanche était ourlé d'un rebord noir de suie, et sa peau tachetée de cendre lui donnait un air d'enfant rebelle et turbulente. Aussi s'inclina-t-elle un peu trop droitement pour que cela n'en paraisse douteux, les sourcils froncés d'une indécelable gêne : « Bienvenue dans ce monde imaginaire, mon Roi. »
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| | Luz Weiss
Partie IRLCrédit avatar : Cadeau de Léandre !Double compte : AucunVitesse de réponse : Variable (Quelques heures à une semaine)
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