Un voyage sans histoire... [PV Alcide] | |
| Dim 16 Mar - 20:56 | | | | Le vent lui fouettait le visage à cause de la trop grande vitesse à laquelle galopait son cheval. La pluie tombait drue, trempant ses vêtements et obstruant son champ de vision. Ses cheveux gris et ternes virevoltaient au gré de la tempête, mèches désordonnées qui ondulaient comme des serpents autour du visage du magicien. « Votre Seigneurie, la nuit est sur le point de tomber ! Nous n'y verrons bientôt plus rien, je suggère que nous fassions halte dès que possible ! » Saeros jeta un rapide coup d'œil au capitaine des gardes qui chevauchait à ses côtés. Sa voix forte et grave avait portée jusqu'aux oreilles du magicien, sans même qu'il ait eu besoin de hausser le ton, alors même que le sifflement du vent et l'incessant tambourinement de la pluie rendait toute conversation difficile. En temps normal, le conseiller impérial aurait châtié cet impudent pour lui avoir fait part de son avis alors qu'il n'avait rien sollicité. Cependant, le moment était mal choisi pour punir qui que ce soit, et il devait reconnaître que le capitaine avait raison. Le soleil, obscurci par les nuages d'orages, avait déjà entamé sa lente descente derrière la ligne d'horizon, privant petit à petit les voyageurs de sa douce lumière. Voilà cinq jours que lui et ses compagnons étaient partis en direction de Tilamus, principale cité des peuples vivant dans la Montagne. Saeros ne savait quelle folie s'était emparée de lui quand il s'était porté volontaire pour négocier ce fichu traité commercial. Il se rappelait vaguement s'être dit qu'un séjour dans les montagnes - loin de la cour et des incessantes intrigues politiques de Sen'Tsura – ne pouvait que lui faire le plus grand bien. À présent, il regrettait amèrement sa décision. Le voyage avait été d'un rare inconfort, ponctué par un mauvais temps qui les avait précédés partout où ils s’étaient rendus. Fichues averses de printemps ! « Conseiller Saeros, regardez, un village ! » Le magicien plissa les yeux et regarda dans la direction que lui indiquait le capitaine. L'humain ne devait pas y voir grand chose à cause de l'obscurité et de la pluie, mais Saeros distinguait parfaitement le contour des maisons grâce à ses yeux de nyctalope. Frissonnant à cause de la pluie qui le glaçait jusqu'à l'os, le conseiller hocha la tête en signe d’assentiment, répondant ainsi à la sourde interrogation du soldat. Le capitaine aboya alors un ordre, et la colonne de cavaliers bifurqua en direction des habitations. Une minute plus tard, ils pénétraient dans le village. Le mauvais temps avait poussé les gens à se retrancher chez eux, et les rues semblaient vides d’hommes. Ils parcoururent l'allée principale au trot, à la recherche d'un endroit où trouver refuge. Ils ne tardèrent pas à tomber sur un relai de poste, établissement où étaient tenus prêts des chevaux frais pour les messagers désireux de voyager le plus rapidement possible, et qui servait aussi d’auberge pour les voyageurs qui faisaient halte la nuit. Le magicien fut soulagé de cette découverte. Il aurait été ennuyeux de devoir réquisitionner une habitation pour la nuit et d'avoir à jeter dans le froid une famille entière simplement pour qu’ils puissent se loger. Ennuyeux et inutilement cruel. Et malgré tous les défauts qu’on pouvait reprocher à Saeros, il ne se réjouissait aucunement de la détresse des autres gens. Elle lui était totalement indifférente, voilà tout. L’établissement était sale, mal famé, et sa façade repoussante de crasse laissait entendre qu’elle n’avait pas connu une bonne remise en forme depuis un bout de temps. « Bah » se dit le jeune magicien « Au moins, personne ne songera qu’un Conseiller Noir réside dans une telle porcherie ». C’était encore pire à l’intérieur. Les murs étaient couverts d’une pellicule de saleté si épaisse qu’on ne parvenait pas à distinguer la couleur du papier peint. Le plafond émettait des craquements inquiétants à intervalles réguliers, et la clientèle devait sans aucun doute se composer des pires crapules que comptait ce coin perdu. Aucun membre de leur groupe n’en tint rigueur : ils étaient beaucoup trop fatigués pour cela. Dans l’état d’épuisement où ils se trouvaient, n’importe quel endroit avec quatre murs et un bon feu dans l’âtre aurait fait l’affaire. Ils ne portaient aucuns signes distinctifs qui auraient pu trahir leur appartenance à l’empire, simplement de longues capes à capuches noires, et personne ne sembla faire particulièrement attention à eux. Leurs chevaux furent conduits dans une écurie attenante à l’auberge, et on parvint plus ou moins à trouver une place pour chacun des membres du groupe - bien que certains fussent obligés de coucher dans l’étable. Bien entendu, ce ne fut pas le cas de Saeros, qui se vit allouer la plus « confortable » - si tant est qu’un tel mot puisse être utilisé en l'occurrence – chambre disponible. Le lit était bourré de puces, les draps miteux, mais au moins il pouvait se reposer au chaud et à l’abri de la tempête. L’elfe était rompu de fatigue, mais il prit bien soin de se déshabiller et de plier ses vêtements près du feu avant d’aller se coucher. En effet, il ne tenait pas à se rendre malade en dormant avec des habits trempés toute la nuit. Il mit aussi une bonne demi-heure à faire sécher ses longs cheveux, et maudit allègrement la lubie qui l’avait poussée à arrêter de se les couper courts. Une fois ces formalités remplies, il put enfin s’allonger sur le matelas inconfortable. La soirée venait à peine de commencer et il n’avait pas mangé quoi que ce soit depuis midi. Sa fatigue l’emportait cependant très largement sur sa faim. Il avait laissé quartier libre à ses gardes, et il savait qu'ils devaient actuellement se remplir la panse dans l'auberge juste en dessous de sa chambre. Saeros leur avait donné l'ordre de ne pas éveiller l'attention, et de ne révéler leur identité ainsi que le but de leur mission sous aucun prétexte. Ils n'étaient pas encore arrivés dans les montagnes à proprement parler, mais ils avaient atteint l'extrême limite de l'Empire, et son autorité de conseiller impérial n'avait presque plus aucun sens en ces lieux. Saeros savait qu'ils seraient discrets. En tout cas, ils en avaient tout intérêt... ils n'ignoraient pas le châtiment qui les attendaient si ils s'avisaient de décevoir leur maître. Un bâillement le tira de ses réflexions. Il souffla les bougies du chandelier placé sur sa table de chevet et s'enfonça sous les couvertures. Avec un délicieux sentiment d'abandon, il se laissa tomber dans les bras de Morphée.
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| | Saeros Yggdrasil
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| | Lun 17 Mar - 21:18 | | | | Qu'il vente ou qu'il pleuve, mon amour, Tu peux me croire ; ils n'y verront que du feu. Sur leur colline, les yeux d'Alcide détaillaient chaque recoin du misérable hameau encastré aux abords des monts. Ridicule, parce qu'il était pitoyablement petit. Et piteux, parce qu'il suintait la misère et la pauvreté. Les effluves de pisse, de fange et de fumier couvrant jusqu'aux odeurs des produits agricoles encombraient déjà toute l'olfaction des sens du prédateur écaillé. Était-ce là tout ce qu'ils appelaient Le progrès ? ... Ces hommes ne survivaient pas, ils barbotaient dans la crasse comme des porcs pendant qu'ils jouaient les philosophes de comptoir et engraissaient leurs énarques. Un éclair pourfendit soudain le ciel, éclairant d'un puissant flash les rangs de lances et de casques cornus rassemblés dans cette vallée hachurée par le pluvieux chagrin. Une cohorte barbare se tenait là dans l'obscurité ; fils et filles de l'Enclave, tous frères et sœurs de bataille, tous armés de leurs lames au tranchant ruisselant de pluie et de larmes ; promesse d'une nuit sanguinolente à en éclabousser jusqu'à même les astres ! L'éclat de lumière s'estompa, un épais manteau de ténèbres couvrant à nouveau les Dreth qui, maintenant, appréciaient le lourd grondement du tonnerre. Alcide jeta un œil sur son flanc en direction des premiers rangs de guerriers ; ils serraient les dents, leurs poings fermes agrippés sur les manches de leurs haches, pourfendant le village de regards sombres et assassins. Ce n'était plus que des fauves retenu trop longtemps en cage ; dénués de pitié, des tueurs, tous passagers de la tourmente, car dans ces montagnes ils étaient nés ; c'est dans ce monde qu'ils ont été jetés. « Vous risquez d'être déçu mes frères ! » s'exclama Alcide à l'attention de ses hommes. « La nuit sera courte ; Voyez comme leurs gardes se pressent sous leur porche pour s’abriter de la pluie, comme s'ils encaissaient une volée de flèches ! Nos adversaires sont en sucre ! Ha-ha-ha ! » « HA-HA-HA-HA-HA-HA ! » Les Dreth rirent alors de bon cœur avec leur Seigneur, rugissant leurs répliques, ~ On va leur faire la peau ! ~ levant leurs armes avec énergie, ~ Ouais ! ~ fiers et moqueurs, leur voix grave éclatant parmi les rangs. Alcide, petit sourire carnassier aux lèvres, orienta son visage en direction du meneur pour lui adresser un signe de tête convenu : « En marche. » « Eeeeen maaarche ! » « AHOU ! » † [Ambiance Musicale] † Il ne fallait point être trop sévère avec la garde du village, il leur fut un certain temps pour s'en apercevoir, mais peut-être était-il déjà trop tard... Après tout, il faisait nuit noir, et puis ce soir, les dieux se déchainaient. Les Dreth avait choisit cet instant particulier pour mener à bien leur raid, couvert par les ombres, comme en osmose avec cette nature pleine de rage. Pour seul tambour de guerre, l'orage déchirant un ciel nocturne, craquant de toute part, crachant sans relâche, fourrageur de ses furieux éclairs. La cohorte piétinait alors la gadoue comme un seul homme, descendant implacables le flanc de colline de leurs pas ébranlant un sol déjà martelé par la pluie. Et si ce n'était là un blasphème, alors on pouvait être convaincu que le Royaume de Kayun Mir lui-même s'effondrerait sur sa propre tête ! La cloche d'alerte fit alors écho au sein du village, le glas ricochant parmi les maisonnettes de pierre. « C'est l'heure. Faites sonner les cors, que les centaures participent à la charge » déclara Alcide, englobant ensuite son visage humide entre les grandes cornes de son heaume ensorcelé. Impatients, mais disciplinés, les ordres furent aussitôt transmit à l'ensemble de la horde, et les cors Dreth résonnèrent enfin à leur tour, claironnant un son long et puissant à travers l’horizon. Tous sans exceptions se ruèrent à pas de course dans l'allée principale du village. Puis, brandissant leurs armes et emportés par leurs lourds sabots, les centaures Dreth entraient à leur tour en scène, aussi imposant que des chevaux de trait ils émergeaient depuis les champs voisins, galopant à un rythme effréné pour labourer sous les soles de leurs pieds les imprudents qui avaient osés poindre leur nez dehors. Des hurlements partaient en tous sens, c'était la panique générale. Des cris poussés par des voix dolentes. Alertée, la populace locale sortaient de leur maison et couraient, couraient encore ; ils ne savaient vraiment où, mais le plus loin possible était encore la meilleure des options. Les autres étaient hachés menus, gisaient décapités, leur sang se diluant parmi la nébuleuse de flaques, transformant les rues en véritable océan d'hémoglobine. D'autres encore râlaient empalés vifs sur les pics transperçant de part en part leur fondement, ou étouffaient dans les airs, battant des pieds, pendu à même les poutres de leur demeure. Atroce. Chaque porte fut fracturée, chaque habitation incendiée, chaque famille sauvagement massacrée, et ce n'est pas cette averse de pacotille qui entraveraient les brasiers du dragon noir. Car Alcide déambulait dans le chaos, marchant parmi les combats et les incendies pour les nourrir de sa pyrurgie, attisant les flammes trop timides à son goût pour s'assurer qu'elles ne se noient pas sous le déluge. Ce village ne devait être plus qu'un vulgaire tas de cendres. S'en réjouissait-Il ? Difficile à dire sous l'impassibilité que lui procurait son heaume fermé. C'était pourtant une question clé, malheureusement nous ne le saurons jamais : son attention fut attirée par les interjections de ses hommes, plus loin sur son chemin. Ces derniers cherchaient à enfoncer les portes de l'Auberge, l'unique construction qui n'avait pas encore été investie. Seuls son écurie avait bien été pillée, ses occupants attifés de capes noires de qualité désarticulés tout contre des murets rouge de leur sang. « Ah-ah ! Viens là ma belle ! » Une nouvelle intrusion sonore se fit entendre. Alors qu'il pensait que toutes et tous étaient passer à la moulinette, le cris d'une jeune femme à moitié dénudée, suivit de la voix masculine du Dreth lui courant après, sembla interpeller Alcide. Le faux-Roi pivota dans leur direction, droit, inébranlable, imperturbable, prêt à les confronter sur leur propre trajectoire. D'un revers du bras il projeta alors l'humaine sur le côté, finissant les quatre fer en l'air dans les orties, puis se saisit du guerrier par l'épaule. « L'AUBERGE » Dit-il en pointant du doigt l'édifice d'une voix forte et amorphe, surhumainement ou plutôt diaboliquement grave, déformée par le sortilège imprégnant son heaume. La chose réglée, s'en suivit alors ce qui en suit ; Alcide rejoignit les Dreth donnant à répétition des coups de haches dans les portes du bâtiment, ses planches s'éparpillant en débris et copeaux de bois au fur et à mesure qu'ils se défoulaient sur elles. « Seigneur ! Ils se sont barricadés de l'intérieur ! » « PATIENCE. NE LÂCHEZ RIEN. » Les portes cèderont bientôt. Ce n'est plus qu'une question de temps.
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| | Alcide
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| | Mer 19 Mar - 1:39 | | | | Saeros fut réveillé en sursaut par le mugissement du cor et le fracas des lames. Il crut tout d’abord à un rêve, à l’un des nombreux songes qui venaient régulièrement assaillir sa conscience tourmentée. Ce ne fut qu’au moment où il sentit la chaleur du brasier sur sa peau nue qu’il se rendit compte que son rêve était un peu trop réaliste pour en être un. Il se leva brusquement, se détacha des couvertures et se précipita en direction de la fenêtre. Le spectacle qui s’étalait devant ses yeux lui souleva d'un seul coup les entrailles. Il détourna le regard et mit la main devant sa bouche, comme pour contenir la nausée qui menaçait de lui faire régurgiter le contenu de son estomac. Saeros avait pris part à nombre de combats, mais jamais il n’avait assisté à ce genre de massacres. Bien entendu, les troupes impériales se livraient régulièrement à des exactions de ce type, mais il s’était toujours contenté de profiter du spectacle à bonne distance. En être le direct spectateur… non, réalisa t-il avec un frisson, en être la victime était une toute autre histoire. Il n’avait jeté qu’un très bref coup d’œil avant de détourner le regard, mais les images qu’il avait vues restaient imprimées sur sa rétine. Des cadavres empilés jusqu’à hauteur d’hommes… un flot de sang que même le déluge de pluie ne parvenait à effacer. Et les pleurs des bébés, arrachés à leurs mères, à qui on s’apprêtait à fracasser le crâne contre les murs des maisons qui venaient de les voir naitre. Répugnant, malsain et inutile. Les rires des soldats, entrés dans une transe meurtrière, envoyaient des frissons de terreur et de rage impuissante courir le long de sa colonne vertébrale. Vermisseaux inconséquents qui ne savaient que détruire et piller… était-ce par la main de telles personnes qu’il allait connaître sa fin ? Saeros ferma les yeux mais les images ne s’en allèrent pas pour autant. Une divinité cruelle lui avait joué un sale tour. Quelque part, il en était intimement persuadé, le spectacle de sa déchéance devait la faire rire. De furieux tambourinements firent tout à coup trembler la porte de sa chambre. « Seigneur, seigneur ! Le village… nous sommes attaqués ! » Il enfila en vitesse ses vêtements et ouvrit la porte au capitaine qui continuait à l’appeler derrière le battant de bois. « Aussi étrange que cela puisse paraître, capitaine, figurez vous que j’avais remarqué ce léger détail. Où sont les autres ? » « Les soldats dans l’écurie ont été massacrés avant que nous puissions réagir, Conseiller ! Les autres ont barricadé la porte avec l’aide des clients les plus courageux, mais les barbares ont commencé à l’enfoncer. » Saeros resta perplexe un instant. A quoi bon prendre la peine d'enfoncer la porte quand il suffisait tout simplement de mettre le feu à l’auberge pour les rôtir vivants ? Est-ce que ces humains étaient aussi stupides qu’ils en avaient l’air ? Une petite seconde plus tard, la compréhension le frappa comme un coup de poing. C'eût été trop facile de les faire brûler. Ces hommes voulaient d’abord voir la peur dans leurs yeux. Ils voulaient plonger leurs lames dans leurs entrailles et répandre leur sang sur le sol. Ils voulaient abuser de leurs femmes avant de leur ouvrir le ventre comme des poissons à l’étal. « Je vois », laissa t-il échapper dans un murmure. « Pardonnez moi, Seigneur ? » « Rien, je me parlais à moi même, voilà tout. » Le soldat était visiblement ébranlé, et la morgue que lui connaissait le magicien commençait sérieusement à se craqueler. « Seigneur, quels sont vos ordres ! » Saeros lui jeta un regard noir. Quel ordre pouvait-il donner dans ce genre de situation ? Est-ce que cet homme croyait que le conseiller allait tout à coup avoir une idée de génie qui allait les sortir de là en un clin d’œil ? Il n’y avait pas d’échappatoires possibles. L’elfe ne prit donc même pas la peine de répondre à sa question. Il sortit de la chambre, longea le couloir et descendit quatre à quatre la volée de marches qui conduisait du premier étage à la grande salle du rez-de-chaussée. En bas, les survivants avaient empilé tables et chaises devant la porte, en une dérisoire tentative de protection. Une barrière de bois contre un monstre assoiffé de sang. C'était dérisoire et inutile. « Ôtez donc ça et écartez vous de la porte », annonça t-il le plus calmement du monde Pendant un court instant, tout le monde resta interdit. Puis un flot de protestation s'éleva du côté des clients de l'auberge. « C'est qui ce guignol ? » « T'occupes, il est complètement givré ! » Ses soldats, eux, qui avaient bien conscience que leur maitre était terriblement sérieux, étaient partagés entre l'instinct de survie et leur loyauté envers le conseiller. « Seigneur, vous ne... » Un éclair de lumière parcourut le corps du magicien. Les runes gravés sur ses gants rougeoyèrent soudainement, et une javeline à l'aspect menaçant commença à se former entre ses doigts. « Je vous ai donné un ordre. » Il y eut un instant de terrible silence. Derrière la barrière, on n'entendait plus que le mugissement des soldats enragés et les coups répétés contre le bois. Qu'ils obéissent ou non, la porte ne résisterait plus très longtemps. Après un instant qui sembla durer une éternité - avec une lenteur bien compréhensible étant donné la situation - les survivants commencèrent de mauvaise grâce à dégager les tables. Une fois leur tâche accomplie, ils s'écartèrent précipitamment. « Bien, à présent... » Privée de soutiens, la porte émit soudain un terrible craquement et vola en éclats. Précisément au même instant, le magicien éleva la main droite et prononça une injonction dans un langage inconnu. La suite des événements se déroula si rapidement que le souvenir de la scène devait à jamais rester flou dans l'esprit de ceux qui y assistèrent. Une décharge de lumière aveuglante fusa sans prévenir. Les premiers barbares qui étaient pénétrés dans l'auberge furent percutés de plein fouet par le trait d'énergie. On entendit le bruit assourdissant d'une explosion, puis toutes les personnes à moins de deux mètres de l'épicentre furent balayées comme des fétus de paille. Un grand silence se fit. Avec une lenteur mesurée, Saeros enjamba un cadavre et franchit la porte de l'auberge. Ses gardes, abasourdis par le déroulement des événements, reprirent tout à coup leurs esprits et formèrent un demi cercle protecteur entre lui et la horde. On ne leur sauta pas tout de suite dessus, comme si les barbares étaient trop surpris par l'audace de leurs proies pour réagir. L'équilibre était cependant précaire, Saeros en avait douloureusement conscience. Si il attendait un instant de plus, ils allaient se ruer sur eux et les massacrer. Il devait profiter de l'effet de surprise pour tenter quelque chose... Avec une autorité qu'il était bien loin de ressentir, le magicien prit la parole d'une voix forte et claire : « Que le responsable de ce capharnaüm se présente devant moi. »
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| | Saeros Yggdrasil
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| | Jeu 20 Mar - 0:19 | | | | † [Ambiance Musicale] † La détonation souffla littéralement les Dreth qui s'étaient engouffrés dans le bâtiment, surprenant Alcide qui leva instinctivement son bras devant lui pour se protéger, détournant le regard pour affronter cette bourrasque de corps démanchés propulsés en éclats ! Diantre, se disait-il, son visage émergeant de sa couverture avant qu'il ne baisse la main, observant à nouveau l'entrée de l'auberge désormais camouflée derrière un nuage poussiéreux... Cette attaque ne devait être qu'une simple formalité, il avait promit à ces hommes qu'ils pourraient bientôt, à leur retour, enlacer leurs fils et baiser leurs femmes, qu'ils rentreraient chez eux en Dreth fiers et victorieux. Alcide n'avait qu'une seule parole, alors pourquoi étaient-ils à présent mort ? « Que le responsable de ce capharnaüm se présente devant moi. » Il n'y eut plus qu'un grondement, lourd et pesant, à en faire vibrer tant les boyaux de ces hommes planqués à l'intérieur de l'Auberge que ses propres fondations... Ce n'était ni le tonnerre, ni le vent chargé des montagnes, pas même un tremblement de terre. Non... C'était un Roi-Dragon mécontent. L'instant fut comme figé dans l'espace temps ; lentement Alcide s'avançait parmi ses guerriers, l'éclat rougeoyant des brasiers ondulant sur les reflets luisant de la fine pellicule humide recouvrant son armure de jais. Ses lourdes jambières écrasèrent quant à elles la bouillie du sentier, son épaisse cape de fourrure pataugeant dans la bourbe visqueuse à mesure que ses pas l'y emportaient, tandis que ses talons bavaient de vase ou de caillots de fluide sanguin sans que l'on ne puisse plus les différencier... Suivit des barbares Dreth, Alcide marchait ainsi d'un pas assuré en direction de l'encadrement que formaient les portes du misérable établissement, impassible et sans crainte. Il du s'abaisser légèrement, comme s'il l'encornait alors qu'il s'y engouffrait, pour enfin faire face à ses adversaires regroupés en phalange autour d'un elfe pâle et chétif, mais de noble allure. Que de tensions en ce si bref instant ; les yeux d'ambre du Roi-Dragon scrutèrent immédiatement le regard du mage, semblant soudain si proche, comme si Alcide mettaient un poing d'honneur à échancrer de ses pointes de flèches inquisitrices le muscle sphincter pupillaire de l'elfe... Ce que renvoyait extérieurement une personne avait toujours son importance, on aurait beau faire que les pré-jugés sont ainsi fait, et ce qu'Alcide y vit le répugna au plus haut point, qui qu'il soit, lui arrachant un souffle de dégout. Ces yeux là n'avaient tout bonnement pas leur place dans ce monde, ni dans aucun autre d'ailleurs. « HO-HO-HO. MILLE EXCUSES, MESSIRE, DE VOUS AVOIR AINSI... BOUSCULÉ ! ... DOIS-JE M'AGENOUILLER ? ... VOUS IMPLORER ? ... COMMENT CA SE PASSE !? » Alcide émit une pause, mystérieux derrière la façade patibulaire de son heaume... Quand tout à coup, le dragon noir se mit alors à rugir : « QUI ES-TU DONC, ELFE ? QUI ES-TU DONC POUR COMMANDER A UN ROI DE VENIR SE PRÉSENTER A TOI ? SUR SES PROPRES TERRES ! NOS TERRES ! » Si fort que, à travers son maudit casque, le souffle de sa voix percuta l'escorte de plein fouet, soulevant leur capes et leur chevelure, les débarrassant de leur capuche comme s'ils affrontaient la tempête, ébranlant les meubles ou envoyant valsé la vaisselle environnante qui ne pu qu'exploser à même le sol dans une multitude de gerbes faites de flotte et d'alcool. Sans suivit aussitôt la réaction des Dreth, littéralement en transe : « AHOU ! »
~ Ouais ! C'est à nous main'nant ! ~ Et puis vint le silence, un ange passe... Il n'y eut plus que les grincements d'un lustre qui se balançait timidement dans la salle. Cette parcelle de terre appartenaient bel et bien à Alcide, ce n'était pas un mensonge ; le Roi-Dragon mentait rarement. Il n'y avait qu'à jeter un œil au dehors pour s'en apercevoir : quelques prises défilaient derrière les rangs Dreth, de jeunes femmes et des jeunes hommes robustes pour la plupart ; chaines aux pieds et aux cous, le regard grave, escortés sous la bannière rouge sanguine flottant sous la pluie diluvienne, plantée dans ce village violé. La question était de savoir si c'était le sort qu'Alcide réservait aux survivant de l'auberge... « HA-HA-HA-HA-HA... » S'amusant de sa voix difforme et intimidante, subitement plus calme comme s'il n'avait jamais été furieux, le faux monarque leva une main en direction de ces hommes tout en armes. Une vive chaleur se mit à grimper rapidement, si bien que ces mystérieux voyageurs commencèrent à éprouver une gène certaine pour retenir leurs épées dans leurs propres mains. Leurs manches devinrent aussi brûlants que des poêles à frire, au point qu'ils durent les lâcher subitement en clamant leur douleur quand Alcide ferma le poing, avant qu'elles ne finissent par rougeoyer et brûler au sol en sifflant leur fumante vapeur. « A GENOUX AVEC RESPECT, COURBEZ L’ÉCHINE DEVANT ALCIDE. » Pour enfin conclure à l'attention de l'elfe : « ... ET DIS MOI CE QU'UN MAGE DE TA STATURE FAIT CHEZ MOI. »
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| | Alcide
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| | Sam 22 Mar - 18:18 | | | | Surplombant Saeros de sa hauteur, une créature sortie tout droit des profondeurs de l’enfer avait émergée des rangs de la horde. Ses yeux flamboyaient derrière son heaume noir comme la nuit, transperçant le magicien de leur sinistre éclat. Sa voix sépulcrale faisait vibrer l’air ambiant, déchirant les tympans de ceux qui l’écoutait. Autour de lui, ses gardes avaient cédé à la panique, se prosternant par terre comme de misérables larves. Leurs épées reposaient à présent sur le sol, instruments inutiles aux mains de soldats ayant perdus la volonté d’en faire usage. « ... ET DIS MOI CE QU'UN MAGE DE TA STATURE FAIT CHEZ MOI. » Son corps se crispa, réagissant instinctivement à l’imminence du danger. Il faillit faire un pas en arrière, saisit par un irrépressible désir de prendre ses jambes à son cou. Son visage resta cependant lisse, et ses yeux vides soutinrent avec aplomb le regard de la créature. Quand il parla, ce fut de la même voix creuse et plate que d’habitude. « Un roi ? Mais quel genre de roi traite ainsi ses sujets ? » Il pointa du doigt la colonne d’esclaves qui défilait derrière eux. Couverts de crasse et le regard mort, ils avaient déjà été réduits à l’état de bétail. Il étendit ensuite les bras, comme pour embrasser la scène apocalyptique. « Vos terres ? Ces terres n’appartiennent qu’à une seule personne : l’empereur Aile Ténébreuse, maître de toutes choses sous le ciel. Vous n’êtes rien comparé au Roi-Dieu. Si véritablement vous êtes le seigneur de ces lieux, alors pourquoi ne pas le clamer haut et fort à Sen’Tsura, devant mon maître, au lieu de surgir de la nuit pour saccager quelques habitations comme un misérable voleur ? » Il détacha momentanément les yeux de la créature qui s’était elle même désignée sous le nom d’ « Alcide » pour reporter son attention sur ses soldats. Un éclair de colère flamboya momentanément dans son regard. Si il y avait bien une chose que Saeros ne pouvait accepter chez ses subordonnés, c’était bien la faiblesse. Il claqua des doigts et quatre silhouettes argentées émergèrent des pentacles gravés sur ses gants. Elles se condensèrent rapidement pour prendre la forme de guerriers monstrueux revêtus d’armures de plaques étincelantes. Avant que les hommes à genoux aient pu réagir, les invocations dégainèrent leurs lames éthérées et tranchèrent un par un leurs gorge. « Pitié, Seigneur ! Excusez-nous de vous avoir fait défaut ! » Saeros ne réagit pas et laissa son capitaine se faire massacrer comme les autres. Une fois que son sang eut été répandu sur le sol, il daigna enfin lui accorder son attention. « Excuses acceptées, capitaine. » Les quatre silhouettes monstrueuses prirent alors la place des gardes autour du magicien, rengainant momentanément leurs lames. Eux, au moins, ne risquaient pas de lui faire défaut. « Pour répondre à votre question « Seigneur », mon nom est Saeros Yggdrasil, conseiller noir au service de sa Majesté Impériale. Je viens ici en mission diplomatique. Il s’inclina, non sans une certaine ironie. Et je vous remercie humblement pour votre chaleureux accueil. » Il jeta un coup d’œil en direction du sol, observant le flot de sang qui avait été répandu. Il n’aimait pas le rouge, couleur de la passion et de la vie, mais aussi du sang et de la mort. Le rouge était contradictoire. Et Saeros n’aimait pas les contradictions. « Quant à me prosterner devant vous… pardonnez moi, mais l’idée me dérange un peu. Vous voyez, ce n'est pas que je veuille faire preuve de mauvaise volonté, mais le sang de vos barbares que j'ai tué tout à l'heure risquerait de salir mes vêtements. » Le magicien ne se faisait pas de grandes illusions quant à son sort. Si il devait mourir, ce serait toutefois avec une certaine dignité. La perspective de son décès prochain faisait légèrement trembler ses membres, mais il espérait que le mouvement passerait inaperçu. Il ferma alors les yeux, profitant de la douceur du vent sur son visage. Ce serait certainement la dernière chose qu'il ressentirait dans sa vie...
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| | Saeros Yggdrasil
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| | Dim 23 Mar - 4:50 | | | | « Vos terres ? Ces terres n’appartiennent qu’à une seule personne : l’empereur Aile Ténébreuse, maître de toutes choses sous le ciel. Vous n’êtes rien comparé au Roi-Dieu. Si véritablement vous êtes le seigneur de ces lieux, alors pourquoi ne pas le clamer haut et fort à Sen’Tsura, devant mon maître, au lieu de surgir de la nuit pour saccager quelques habitations comme un misérable voleur ? » Alcide ne se retourna pas lorsque l'elfe pointa du doigt les esclaves qui défilaient en file indienne devant l'auberge. Il ne répondit pas non plus à sa question, du moins, pas de suite, préférant pour l'heure se tenir droit, muet et croisant les bras, inerte et impassible tout en écoutant attentivement son interlocuteur s'exprimer jusqu'à ce qu'il en ait terminé. « AILE TÉNÉBREUSE DIS-TU ? ... JAMAIS ENTENDU PARLER, QUI EST-CE ? TON TUTEUR LÉGAL ? » Il y eut comme un rire gras et solitaire dans les rang Dreth, mais Alcide le coupa net en faisant signe à ses guerriers de se taire... Il était impossible de dire exactement quels pouvaient bien être les réactions du dragon noir, ni même ses intensions, ou de traduire la moindre expression sur son faciès ; si tant est qu'il en affichait vraiment. Son heaume fermé n'y aidait en rien, le dragon noir était aussi inexpressif qu'un joueur de poker pouvait l'être. Juste un visage sans trait, un rempart de fermeté, de sévérité, de froideur, dont seul le regard pourtant embrasé pouvait encore être brutalement encaissé en plein visage. Ses yeux perçants d'un âge immémorable détaillaient surtout l'elfe, ou plutôt l'écorçait comme on décortique la carapace d'une crevette pour l'en débarrasser de sa carapace. Juste un démembrement, ou désossé minutieusement, farfouillant dans les tréfonds de sa chair de ses griffes praticiennes roulant sur son âme, à croire qu'il disséquait là un organe à l'aide d'une lame chirurgicale. Celle-ci, cette âme, si noire, si glacée, si laide quand il se mit à égorger ses propres hommes vautrés au sol au moment il fit appel à ses quatre sbires arcaniques. Et le moins que l'on puisse dire était qu'il ne manquait pas de culot pour parler comme il l'avait fait des mauvais traitements infligés à la populace ! Cet elfe, jouait-il un rôle ? Cette chose qui s'exprimait sous ses yeux n'était-elle qu'un golem insipide et sans substance ? Ce visage si lisse, cet absence d'étincelle dans le regard... Pas même de passion n'y subsistait, mais pourtant si désinvolte. Était-ce la mort qu'il quémandait ardemment ? « Quant à me prosterner devant vous… pardonnez moi, mais l’idée me dérange un peu. Vous voyez, ce n'est pas que je veuille faire preuve de mauvaise volonté, mais le sang de vos barbares que j'ai tué tout à l'heure risquerait de salir mes vêtements. » Alcide émit un gloussement grave, sans doute était-il amusé si on faisait fi de sa voix caverneuse ? « SAEROS YGGDRASIL, CONSEILLÉ NOIR DE CETTE INFÂME PETITE FIENTE DE PIGEON TÉNÉBREUX, ME SUGGÈRE DE ME RENDRE À SEN'TSURA POUR Y CLAMER CE QUE NOUS LUI AVONS REPRIT DE DROIT ... Mmmh ... JE NE DONNE PAS PLUS D'UNE ANNÉE DE VIE ENCORE A CE VIEUX DÉMON ARTHRITIQUE S'IL NE TROUVE PLUS A SA BOTTE QUE DES INTELLECTUELS DE CANIVEAUX DONT TU SEMBLES PARTAGER L’ESPÈCE, PETIT ELFE. » Amusé... Certainement, quoiqu'il y avait une question plus inquiétante encore, celle qui prédominait sur toutes les autres et qui ne cessaient de marteler l'esprit du Roi-Dragon : est-ce que cet homme le prenait pour un attardé ?Alcide inspira soudain profondément, humant l'air à plein poumon avant qu'il ne soupire : « CE N'EST PAS DE LA PEUR QUE JE SENS... » L'écailleux inclina aussitôt son visage sur le côté, faussement interrogatif, toisant plutôt l'elfe tremblant d'un sombre regard... Il aurait mieux fallu pour lui qu'il se prosterne comme ses soldats avaient eut l'intelligence de le faire, plutôt que de lui laisser penser qu'il se concentrait sur un sort, songeait Alcide. Ce dernier écarta alors doucement les bras, les laissant choir au niveau de sa taille, paume des mains ouvertes en direction du plafond. « NON... C'EST DE LA FOLIE... » Alcide ressentait le feu, comme on ressentait les mouvements de sa propre cage thoracique à chaque respiration. Alcide était Le Feu, n'étant plus que le brasier qui dévorerait l'arrogant qui s'était montré si peu prudent avec le dragon noir. Le corps de Saeros se mit subitement à chauffer d'une façon somme toute désagréable, lui donnant l'impression de suffoquer, d'être enfermé vif dans un four, de fondre sur place tandis le rebord de sa chemise commençait à crépité, à griller comme le tabac calciné d'une pipe. C'était bel et bien là le spectre d'une menace ; car pour sûr, Alcide était prêt à le brûler vif et à le défigurer sans la moindre hésitation. « SOIS RASSURÉ, NOUS NE TE RESSEMBLONS PAS, SAEROS, NI MÊME À CELUI QUE TU NOMMES MAÎTRE. TU REPROCHES A MES DRETH DE RASSEMBLER DES ESCLAVES, MAIS TU SEMBLES OUBLIER QUE TU N'ES RIEN DE PLUS QU'UNE MARIONNETTE ASSUJETTIE AUX LUBIES DE TON SEIGNEUR. VOUS N’ÊTES QUE DES DÉCHETS SANS HONNEUR, QUI TÔT OU TARD FINIRONT UNE LAME DE POIGNARD FIGÉE ENTRE LES CÔTES, ... » Un bref regard vers les soldats du conseillé qui gisaient égorgés sur le sol de l'auberge, et il poursuivit : « ...OU LA GORGE TRANCHÉE PARCE QUE VOUS AURIEZ DÉPLU À VOTRE « SI RESPECTABLE » BOUCHER. DES PLEUTRES TOUT AU PLUS, SUFFISAMMENT COUARDS POUR ENCOURAGER L’ÉGOCENTRISME D'UN ÊTRE DONT LES SEULS PROJETS N'ONT TOUJOURS ÉTÉ CEUX QUE DE VOUS ANÉANTIR. LES FIDÈLES DE ZELPHOS DE TON ESPÈCE, NÉS SUR CETTE TERRE QUI LES A NOURRIT EN SON SEIN, N'ONT JAMAIS FAIT QUE SCIER LA BRANCHE SUR LAQUELLE ILS ÉTAIENT ASSIS. MAIS JE NE T'APPRENDS RIEN ... N'EST-CE PAS, SAEROS ? » Alcide cessa enfin d'user de ses pouvoirs pour faire pression sur le malheureux Saeros, arrivant enfin à la conclusion de sa tirade : « JE N'AI JAMAIS EU QU'UNE PAROLE, ET J’APPRÉCIE TA DIGNE POSTURE. ALORS JE NE LE RÉPÉTERAI PAS ; RANGE TES SORTS ET PLOIE LE GENOU EN GUISE DE RESPECT ENVERS TON HÔTE. ET PAR KAYUN MIR ! NOUS BOIRONS ENSEMBLE AUTOUR DE CETTE TABLE, NOUS TRINQUERONS A TES MALHEURS ET FESTOIERONS NOTRE VICTOIRE SUR ... L'AUBERGE DE TON MAÎTRE hu-hu-hu-hu-hu... » ~ Finit-il par glousser.
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| | Alcide
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| | Dim 23 Mar - 22:48 | | | | La tolérance de Saeros à la douleur n'avait jamais été très élevée. Ainsi, ce ne fut qu’au prix d’un immense effort de volonté qu’il se retint de hurler quand son propre sang commença à bouillir dans ses veines. Quel… quel était donc ce pouvoir ? Les flammes le consumaient de l’intérieur, invisibles mais voraces. Il crispa les mâchoires, refusant de faire le plaisir à Alcide de laisser échapper le moindre gémissement. L’esprit embrumé, il entendait à peine le tirade que lui adressait la créature de cauchemar. Certains mots résonnaient cependant aussi clairement qu’un glas à ses oreilles : « Marionnette », « déchets sans honneur », « boucher ». Il secoua la tête, comme pour chasser un moustique qui serait venu lui vrombir dans les oreilles. Il ne parvint cependant pas à rassembler assez d’énergie pour répondre aux provocations qui fusaient les unes après les autres. « Pleutres », « Scier la branche sur laquelle ils étaient assis », et puis son nom : « Saeros ». Tout à coup, alors qu’il était persuadé que sa tête allait exploser sous le coup de la douleur, le feu qui le consumait disparu. C'était comme si on desserrait d'un seul coup un étau qui lui aurait broyé le cerveau. Il ne put réfréner un soupir de soulagement… « JE N'AI JAMAIS EU QU'UNE PAROLE, ET J’APPRÉCIE TA DIGNE POSTURE. ALORS JE NE LE RÉPÉTERAI PAS ; RANGE TES SORTS ET PLOIE LE GENOU EN GUISE DE RESPECT ENVERS TON HÔTE. ET PAR KAYUN MIR ! NOUS BOIRONS ENSEMBLE AUTOUR DE CETTE TABLE, NOUS TRINQUERONS A TES MALHEURS ET FESTOIERONS NOTRE VICTOIRE SUR ... L'AUBERGE DE TON MAÎTRE hu-hu-hu-hu-hu... »
Saeros ne répondit pas tout de suite. La respiration haletante, il tentait tant bien que mal de conserver une contenance uniforme. Ce ne fut qu'après un long moment de latence qu'il se redressa, essuyant d’un revers de manche la sueur qui perlait sur son front. « Vous aviez raison quand vous m’avez dit que vous ne m’appreniez rien, Alcide. En fait, je ne crois pas que quelqu'un comme vous ait quoi que ce soit à m'apprendre. » Il éclata d'un rire à la fois moqueur et nerveux. Le son était désagréable, dépourvu de joie. Il écorchait les oreilles de ceux qui l'écoutait, conduisant à s'interroger sur la santé mentale de l'être qui pouvait émettre un tel son. « Une marionnette ? Oui, vous avez vu juste. Mais ce que vous ne réalisez peut être pas, c’est que j’ai tout à fait délibérément placé les fils de mon destin entre les mains de mon maitre. Et là où vous vous trompez manifestement, c’est que ce n’est pas par "couardise" que des gens comme moi encouragent et soutiennent le Roi-Dieu. Je ne scie pas la branche sur laquelle je suis assis... je scie votre branche. Je scie la branche des elfes et de l’ensemble des peuples de Terra. Mais je ne scie pas MA branche ! Et c’est la seule branche qui m’importe. Que mes frères périssent ! Que ma planète mère soit réduite en cendres ! Tant que moi, Saeros Yggdrasil, je peux en retirer un quelconque bénéfice, alors peu m’importe. C'est par pur intérêt que j'ai accepté de devenir un pantin. » Il toussa légèrement à cause de la fumée, mais refusa de faire une pause pour reprendre son souffle. « Vous voulez que je m’agenouille ? Que je ploie devant vous ? » Il haussa les épaules en un geste de dérision. « Pourquoi pas ? » Il mît un genou à terre, puis le deuxième. Du sang imbiba le bord de sa cape, mais il n'y prêta pas la moindre attention. « J'ai tué mes soldats pour le geste que je viens d'accomplir. Je les ai tous fait exécuter sans l'ombre d'un remord. Ils m'avaient fait défaut ! Peut être que mon maitre lui aussi me tuerait si il était présent. Cependant, il n'est pas là. C'est vous qui êtes en position de force et la force exige qu'on ploie devant elle. » Un éclair de folie brilla momentanément dans ses yeux. « Qu'est ce que cela vous fait de me voir ainsi à genoux ? De sentir la fumée vous chatouiller les narines alors que les acclamations de vos soldats résonnent autour de vous ? Je ne peux distinguer clairement vos réactions sous ce heaume, mais je parierais que vous aimez ça. Vous êtes exactement comme les autres : un répugnant déchet égocentrique. » Saeros ne le montrait pas, mais la haine secouait son corps par vagues. Jamais il n'oublierait cette humiliation ! « Que me coûte ce geste purement symbolique si il me permet de survivre ne serait-ce qu'une heure de plus ? J'ai fais pire, bien pire... pour bien moins. Je me fiche de l'humiliation et de la souffrance ! Et vous, à présent, qu'allez vous faire, Alcide ? Car n'en doutez pas, si vous me laissez repartir aujourd'hui, alors je vous retrouverai. Et les conditions de notre prochaine rencontre vous seront peut être un peu moins favorables. »
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| | Saeros Yggdrasil
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| | Lun 24 Mar - 5:14 | | | | Le Roi-Dragon ne riait plus, écoutant Saeros répandre le froid de son âme à travers la salle comme s'il avait là extirper ses griffes acérées de ses plaies pour en laisser s'écouler l’hémorragie. Patient, donc, pendant qu'il se vidait, Alcide tendait l'oreille, ou plutôt en gouttait attentivement de ses sens aiguisés toute l'essence. Quant à son visage... Le vrai visage d'Alcide, celui qui était confortablement plonger dans les ténèbres de son heaume à cornes, projetant sur ses yeux l'éclat de lumière qui imprégnait timidement la pièce depuis les deux petites fentes de celui-ci, était un visage inquiet. Comme si ses traits à eux seul articulaient : mets toi à genoux... il suffit que tu te prosterne et il en sera fini de l'humiliation., les sourcils froncés, les paupières plissées, alors que l'elfe éclatait d'un rire fou. « Vous voulez que je m’agenouille ? Que je ploie devant vous ? » Certes, Alcide acquiesça d'un unique mouvement de la tête, c'était exactement ce qu'il voulait, aussi attentif que jamais à ce que l'elfe faisait ou lui disait alors. « Pourquoi pas ? » En silence le dragon noir l'observa poser genoux à terre, désarmé, affaiblit, tel le vermisseau rampant qui pataugeait enfin dans les flaques vermeilles vomies par les corps de ses fiers barbares ou de l'escorte impériale, tous exécutés sommairement par ce grand malade qui sombrait lentement dans la folie. Maintenant le voila sale, encrassé par ses funestes œuvres comme chaque artiste macabre se devait de l'être. « [...] Et vous, à présent, qu'allez vous faire, Alcide ? Car n'en doutez pas, si vous me laissez repartir aujourd'hui, alors je vous retrouverai. Et les conditions de notre prochaine rencontre vous seront peut être un peu moins favo... » Alcide l'interrompit : « BOUCLE-LA, SAEROS YGGDRASIL, ET ÉCOUTE ATTENTIVEMENT CAR NOUS Y SOMMES ENFIN PARVENU. » Alcide fit un pas en avant, son ombre ondulante au gré de la lumière des brasiers extérieurs surplombait le conseillé noir alors que la lame massive de son épée chuintait tout du long de son fourreau. Le Roi-Dragon posa alors bruyamment la pointe de son arme au sol dans un tintement lourd et puissant du métal heurtant la pierre, sa main gantée de sombracier prenant prise sur son pommeau comme on se servirait d'une canne. « VOIS A TRAVERS LES YEUX DE TON ESCORTE, ET PERÇOIS CE QU'ILS ONT VU QUAND TU LEUR DONNA LA MORT POUR TOUTES CES FUTILES RAISONS QUE TU PARTAGES DÉSORMAIS. NE TROUVES-TU PAS TES ACTES SOUDAIN SI DÉRISOIRES ? ONT-ILS SEULEMENT UN SENS ? ... ET QUANT EST-IL ALORS DE TES PAROLES ? TES PENSÉES SONT-ELLES TOUT AUSSI SUPERFLUES ? » Le faux-monarque l'attrapa alors par la gorge, la compressant sous la fermeté de sa poigne, approchant son visage fermé tandis que l'elfe gémissait encore à genoux. « HA-HA-HA... NON. BIEN SUR QUE NON. TON REGARD EST AU MIENS AUSSI VITREUX QUE CELUI D'UN AVEUGLE. JE N'Y VOIS QUE FROIDEUR ET VENGEANCE PERSONNELLE A L’ÉGARD DE CEUX QUI N'Y SONT POUR RIEN DANS TES PETITS MALHEURS DU QUOTIDIEN ... TES YEUX SAEROS ! ENCORE ET TOUJOURS CES YEUX-LA ! » Il reprit ensuite, plus calmement cette fois, Alcide n'étant plus qu'énigme car, d'une voix beaucoup plus faible mais toujours aussi sépulcrale tel un diable qui chuchote, il dit : « Méfie-toi donc de ce que tu crois percevoir, elfe, car en vérité : tu n'y vois rien... » Il émit alors un rire fugace, se redressant pour subitement soulever Saeros avec lui, le trainant par le col de sa chemise à travers la salle de l'auberge pour le balancer brutalement dans le fin fond d'un siège. « TRÊVES DE PLAISANTERIES, MES FRÈRES : CE QUE J'AI PROMIS SERA ... ALORS BUVONS ! FESTOYONS EN L'HONNEUR DE SAEROS YGGDRASIL QUI SAIT MAINTENANT COMMENT SURVIVRE AUX DRETH ! CETTE NUIT EST LA SIENNE ALORS FAITES RÊVER l’ELFE ! » ~ Dit-il à l'attention de la horde barbares, qui tous levèrent les armes par-dessus leur tête en beuglant de joie ou riant aux éclats ! † [Ambiance Musicale] † Car enfin ! Avant de quitter ces terres dévastées ils allaient enfin pouvoir se reposer, ou rire et chanter ! Les Dreth se déversèrent alors dans l'auberge, partant à la conquête de ses réserves et des tonneaux d'hydromel et de vins parfumés, fourmillant en chacune de ses pièces, et des chambres de l'étage sous les yeux terrifiés, ou abasourdit de ses occupants toujours discrets et prosternés à terre, ne sachant plus s'ils pouvaient se relever, fuir, ou bien rester immobile... Chose qu'ils ne pouvaient de toute façon plus envisager puisqu'ils étaient eux-même embarqué dans ce soudain délire, les barbares se les lançant à tour de rôle comme des sac de pommes de terre... Le foyer de cheminée s'alluma soudain comme par enchantement, suivit des mèches des chandeliers et des bougies du lustre s'embrasant qui éclairait maintenant la grande salle. Sans doute Alcide y était pour quelque chose, imprégnant de sa douce chaleur l'endroit, qui en un instant devant si vivant et bondé qu'une chatte n'y retrouverait plus ses petits ! L'ambiance devint de suite guillerette, rendue festive par les mélodies d'instruments de musique et les chants de victoires, les Dreth occupants à présent les lieux dansaient, ou s'étaient installés aux tables de l'auberge pour y conter leurs histoires, ou embrassaient goulument leur aimée en se vautrant sur les cloisons des murs. Alcide lui, sembla plus posé, comme l'orateur quittant humblement la scène après avoir annoncé l'éminence d'un spectacle, ôtant lentement son heaume de son crâne, révélant enfin ses cheveux noirs imprégnés de sueur, ou ses yeux d'ambre clair brûlant de vie et non plus de sévérité. Son rôle était terminé, et large place était ainsi faite à la fête. Ce dragon n'était plus qu'un homme parmi tant autres ; il avait gagné le droit de se reposer, indiquant à ses officiers de préparer les vigilants qui monteraient la garde du soir, puis partit se détendre, s'installant en retrait dans le creux du plus large et du plus confortable fauteuil qui lui avait été réservé. Il enroula ensuite ses bras autour de la taille de deux superbes créatures affriolantes dont la beauté faisait honneur à l'Enclave ~ bonsoir mesdemoiselles ~ et jeta un œil souriant en direction de Saeros qui, quant à lui, fut rejoins par les Dreth. L'un d'eux lui tapa du coude pour lui indiquer une direction vers laquelle observer, car en effet, quelques femmes approchaient tandis qu'elles l'engloutissaient déjà sous les offrandes. Que ce soit à sa table ou ses genoux : du pain, du fromage et de la viande, du vin et des fruits, comme des mangues et des raisins, mais surtout une énooorme cruche d'hydromel posée si brutalement devant lui que son liquide en vacillait maladroitement, laissant quelques éclaboussures de mousse en inonder ses rebords. « HAHAHA Aller Saeros ! Aller ! » « Bois ! Bois ! Bois ! Bois ! » s'exclamaient-ils à l'attention de Saeros, le petit elfe envahit par les Dreth qui frappaient des poings sur la table pour l'encourager à boire cul sec son breuvage. Aucune haine, aucune colère, c'était comme s'il s'agissait de l'un des leurs. On ordonna même aux bardes de jouer de leur musique, de composer une chanson de Gestes pour Saeros qui, une fois improvisée et interprétée en ses termes, n'était pas très élogieuse, mais parlaient cependant sur le ton de l'humour satyrique ; racontant l'histoire d'un elfe impitoyable si seul et solitaire qu'il régnait sur une triste forêt d'arbres sans feuilles dont il avait lui-même scié chaque branche. ♪
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| | Alcide
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| | Mer 2 Avr - 22:31 | | | | Affalé contre le dossier de sa chaise, la tête baissée et les cheveux pendants, Saeros ressemblait de manière tristement frappante à une marionnette dont on aurait tranché les fils. Il porta la main à son cou, effleurant les marques rouges qu’avaient laissées les doigts d’Alcide sur sa peau blanche. L’éclat de folie qui avait un instant animé ses yeux se ternit, laissant place à une inexpressivité qu’on ne retrouvait d’ordinaire que chez les objets ou les animaux. Il était destiné à survivre finalement. Cette réalisation ne lui procura qu’un très vague soulagement, une sensation rapidement éclipsée par cette lassitude écrasante, étouffante, qui était devenue la seule émotion qu’il semblait pouvoir ressentir depuis un certain temps. Vivre était devenu… épuisant. Le magicien se demandait constamment si la mort n’était pas bien plus reposante, paisible et satisfaisante, que cette lutte incessante qu’on appelait « l’existence ». Sa quête de pouvoir était devenue fade, insipide et sans perspectives. Le pouvoir en soi n’était qu’un moyen, pas une fin. Que voulait-il accomplir en obtenant toujours plus de pouvoir ? Il ne recherchait ni la richesse, ni le luxe, ni le bonheur. Le bien-être des autres n’avait aucune importance à ses yeux. En vérité, il n’avait jamais recherché le pouvoir que pour le pouvoir. Cela n’avait pas de sens ! Son existence n’avait pas de sens. Autour de lui, l’atmosphère avait rapidement changée. La tension s’était évanouie comme neige au soleil, laissant place à l’euphorie qui suivait une bataille victorieusement remportée. Il pouvait voir les yeux des Dreths étinceler, animés par l’amour de la puissance et du triomphe. La jubilation d’avoir défié la mort avec succès, encore et encore, affûtait leurs sens. Saeros méprisait souverainement ce genre d’individus. Demain, quand cette pathétique frénésie se serait dissipée, alors peut-être se souviendraient-ils de leurs compagnons tombés aujourd’hui. Les nuits suivantes, les visages de ceux qu’ils avaient massacrés hanteraient inlassablement leurs rêves, ne les laissant pas un seul instant au repos. Puis un autre pillage, une autre nuit de massacre, éloignerait temporairement d’eux ces considérations. Était-ce devant ce genre de personnes qu’il avait été forcé de s’agenouiller ? Pathétique. « HAHAHA Aller Saeros ! Aller ! » « Bois ! Bois ! Bois ! Bois ! » Perdu dans ses pensées, le magicien s’était à peine rendu compte que certains des barbares s’étaient rapprochés de l’endroit où il était assis, porteurs de nourriture et d’une grande quantité d’alcool. Il envisagea un court instant de les repousser, désireux par-dessus tout d’être seul, mais se souvint à temps que sa vie était encore en sursis. Il aurait été malavisé de repousser les aimables offrandes de ses hôtes, surtout quand il avait encore un couteau sous la gorge. Il prit donc un morceau de pain, et commença à le mâcher sans enthousiasme. La nourriture n’avait pas de saveur dans sa bouche, seulement l’âcre arrière-goût de la cendre. Il voulut en rester là, mais les Dreths insistèrent vigoureusement pour qu’il boive sa choppe d’hydromel. Avec encore moins d’enthousiasme que pour la nourriture, Saeros porta le récipient à ses lèvres, ingurgitant une unique gorgée d’alcool. Le breuvage était fort, plus qu’il ne se l’était imaginé, à tel point qu’il faillit recracher. Il toussa à plusieurs reprises, provoquant l’hilarité de la horde massée autour de lui. Piqué au vif par leurs moqueries, l’elfe prit une deuxième lampée sans sourciller, puis une troisième. Une bouffée de chaleur lui monta au visage, associée à une brusque sensation de vertige. Ce n’était ni désagréable, ni particulièrement plaisant : juste inhabituel. Avec moins d’hésitation que la première fois, Saeros leva sa choppe et prit une longue gorgée. Étrangement, il commençait à avoir de plus en plus chaud. Sans doute à cause du brasier qui continuait à consumer les maisons au dehors ? Toujours était-il qu’il sentait le rouge lui monter aux joues, et que des gouttes de sueur commençaient à perler sur sa peau. Il dégrafa la lourde cape noire qu’il portait, ôtant le tissu de ses épaules d’un unique mouvement fluide. A l’arrière de la salle, des musiciens avaient commencé à jouer une musique entraînante qui emplissait peu à peu l’espace. Un grand nombre d’hommes et de femmes s’étaient spontanément mis à danser, ensorcelés par la mélodie. Sans qu’il s’en rende vraiment compte, Saeros commença à osciller la tête en rythme, lui aussi influencé par la musique. Remarquant cela, l’une des danseuses le prit par les mains, l’invitant à rejoindre la piste. De prime abord réticent, le Conseiller fut vaincu par l’obstination de la jeune femme, l’insistance des Dreths, et la douce euphorie qui envahissait ses sens après chaque nouvelle gorgée d’hydromel. Cela faisait bien, bien longtemps que Saeros n’avait pas dansé. On l’avait initié à cet art dans sa jeunesse lointaine, mais il n’avait pas eu l’occasion de pratiquer souvent depuis qu’il était entré au service du Dieu-Roi. Son hésitation première se dissipa rapidement, laissant place à l’émerveillement que lui inspirait la redécouverte de cette pratique qu’il croyait avoir depuis longtemps oubliée. Il accéléra à mesure qu’il gagnait confiance en lui, se fondant progressivement dans la masse des corps qui ondulaient en cadence. --- Quelques minutes plus tard --- La musique guidait les mouvements de Saeros, imposant son rythme au corps frémissant de l’elfe. Il n’était plus maitre de ses gestes, tel le reptile ensorcelé par la flûte d’un charmeur de serpent. Le magicien était devenu l’instrument de la musique elle-même, un réceptacle qui se mouvait par la grâce de la mélodie. C’était à la fois harmonieux et étrange, car on sentait que Saeros n’investissait aucunement sa personnalité dans la danse. Les mouvements avaient beau être fluides, ils étaient ceux d’un automate qui réagissait à une stimulation auditive. Il virevoltait avec frénésie, coulant entre les danseurs sans conserver un partenaire plus de quelques instants. Cela ne lui ressemblait pas, mais il ne parvenait pas à s’arrêter. La musique continuait à jouer alors il continuait à danser. Il continuerait jusqu’à ce que son corps soit trop fatigué pour suivre.
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| | Saeros Yggdrasil
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| | Jeu 3 Avr - 21:08 | | | | Savourant la chaleur des brasiers crépitant encore et pour longtemps au dehors, Alcide était installé comme un pacha vautré dans son trop large trône ; un coude sur l'accoudoir, une femme à ses pieds, une autre blottie dans la couverture de son bras. Un étrange animal, juste un ténébreux dragon, car peut-être valait-il mieux le percevoir de cette façon, imposant et tout en écailles ?
Se prélassant reposé et ronronnant, comme le lion assis fièrement parmi la plèbe, il dégustait sagement les caresses lui étant offertes, glissant sur son visage, peignant du bout de leurs doigts les mèches de ses cheveux noirs, coulant sur ses joues alors qu'il haussait légèrement le menton pour y guider ces ongles délicats qui parcouraient sa peau. C'était à croire qu'on pouvait l'entendre gronder calmement : Mmh oui, juste là... Et rien de plus, pas d'autres égarement si ce n'était celui de la bête quémandant soudain l'attention d'une humaine aux mains cajoleuses d'un frôlement du museau roulant dans son cou, humant les effluves délicates de sa longue chevelure.
« Pardon de te déranger avec mes inquiétudes, Grand Alcide, mais cet elfe est le Conseillé Noir. Comment réagira l'empereur à tes provocations ? Que va-t-on faire maintenant ? »
Alcide eut un regard pour son officier assis non loin sur sa droite, son visage émergeant de la douce crinière, lui offrant là l’extension de ses propres mèches comme s'il portait une moumoute somme toute ridicule...
« Ce que nous faisons chaque nuit, Minwulf. Tenter de conquérir les mo.. »
Ah, mais il fut interrompu par l'apparition de Saeros entrant dans son champ de vision, se mouvant parmi les Dreths comme hypnotisé dans la danse. Cet elfe était une abjection, Alcide n'avait aucun doute à ce sujet car qui peut prétendre conseiller et chuchoter à l'oreille du démon devait être tout aussi noir d'idée que de cœur.
Mais, pourtant, il y avait bien quelque chose de particulier, et on pouvait compter sur les yeux flamboyant d'Alcide pour s'y attarder, en observer la teneur comme un alchimiste agiterait une éprouvette à son regard pour au mieux en juger la substance. Ne sachant vraiment quoi exactement, une chose certaine qui ne s'imbriquait pas correctement dans ce petit personnage aux oreilles pointues. Comme un objet de forme cubique qu'Alcide tenterait vainement de faire entrer dans un cercle... Quelque chose d'illogique, de plus imperceptible cependant, à le voir maintenant élancer dans les festivités.
Alcide se pencha donc légèrement en avant, s'écartant quelque peu de la Dreth assise sur l'un de ses genoux afin qu'il puisse scruter l'elfe.
Oui...
Oui, il y avait quelque chose...
« Qui sait... qui sait le discours qu'il adressera à son maître quand il lui sera rendu. Nos actes font échos dans ce vaste monde ; vous pouvez voler, piller et dévaster, mais nous sommes porteur d'un tout autre message. Ne l'oublie jamais, Minwulf. »
L'officier acquiesçait tandis que le Roi-Dragon prit la main de la jeune femme assise à ses pieds, qui quant à elle s'était servit de sa jambière comme d'un reposoir, afin qu'il puisse l'amener à lui pour susurrer quelques mystères à ses oreilles.
Puis il la libéra ensuite, soudain souriante, comme s'il ouvrait les mains vers le ciel pour lâcher un oiseau messager vers l'ensemble de la salle :
« Va, » dit-il en se posant plus confortablement dans le lobe de son siège.
Ainsi elle partit, se déhanchant au rythme de la danse et des chants, slalomant entre les guerriers pour esquiver avec méthode et nonchalance les bagarres d'ivrognes d'un mouvement de bassin laissant place au corps, ceux-ci se jetant au sol et se ruant de coups.
Puis elle fini enfin par rejoindre l'elfe qui virevoltait et coulait parmi les Dreths, comme évadé de son propre corps, juste un musicien suivant méthodiquement sa partition, démontrant de technique et de doigté, mais sans y mettre de son cœur. Sans prévenir, elle fit glisser ses doigts dans la main de Saeros, toute sourire et attirant son attention, s'imposant en le guidant face à lui puis l'implorant de la suivre comme si le temps pressait.
Il fut guidé à nouveau à travers la salle dansante de sa joyeuse compagnie, le conduisant tout droit à l'écart où se trouvait la table d'Alcide et ses quelques officiers. Lorsqu'elle lui proposa une chaise, le dragon le scruta à nouveau, d'yeux plus rieurs cependant, plissant les paupières :
« Tu ne danses pas : tu joues à cola maya, Saeros. Tu sembles marcher à tâtons, les yeux bandés, tu penses avancer mais tu perds pieds... »
Lui présentant les vivres disposée en désordre sur la table basse d'un regard, il poursuivit : « Viens donc plutôt t'asseoir, et sers-toi. Mange, bois, jouis, fais ce qu'il te plait et raconte moi pourquoi tu sembles si las... Avons-nous manqué d'hospitalité ? De quoi as-tu besoin ? Une femme ? ... Un homme ? » ajoutait-il en haussant un sourcil, se souvenant que les elfes aimaient parfois confondre con comme fion.
« N'es tu pas heureux de pouvoir retrouver ton empereur, sain et sauf ? »
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| | Alcide
Partie IRLCrédit avatar : Top Cow.Double compte : Jawohl.Vitesse de réponse : Lente.
| | Jeu 17 Avr - 18:22 | | | | « N'es-tu pas heureux de pouvoir retrouver ton empereur, sain et sauf ? » La voix d’Alcide lui parvenait de très loin, comme à travers un épais brouillard. Il entendait les paroles qui lui étaient adressées, mais ne les écoutait pas vraiment. Plutôt que d’essayer d’en saisir le sens, il se borna à apprécier les multiples inflexions et nuances que pouvait moduler la voix du Roi. Le ton était aimable, poli, mais recelait une note d’autorité qui vous résonnait aux oreilles comme le carillonnement d’une cloche. Saeros eut un sourire absent. On ne désobéissait pas facilement à ce genre de voix. « Heureux ? Aussi heureux que puisse l’être un jouet destiné à retomber entre les mains d’un enfant capricieux. Ou qu’un marteau sur le point de retrouver son forgeron. Cela n’a pas grande importance, je crois : les objets n’ont pas à avoir de sentiments. » Aucun détail de la scène ne lui échappait, comme si ses sens s’étaient tout à coup affutés. Il nota la noirceur d’encre des cheveux d’Alcide, ainsi que les fines ridules qui plissaient son front. Le Roi était-il soucieux ? Curieux, peut-être. Le magicien baissa le regard, plongeant ses yeux dans les puits d’ambre liquide qu’étaient ceux du Roi. Il soutint cette lumineuse contemplation pendant quelques secondes, mais fut forcé de détourner le regard. Cet éclat l’aveuglait. Miroir de l’âme, les yeux d’Alcide révélaient une personnalité ardente et passionnée, un caractère qui contrastait trop avec le sien pour qu’il n’en soit pas blessé. Le barbare exsudait liberté inconditionnelle, fierté et puissance. Saeros prit plusieurs inspirations profondes, comme s’il avait voulu aspirer tout l’air de la pièce. Alcide lui rappelait cette personne. « Je vous remercie pour votre proposition de tout à l’heure, Majesté, mais je ne désire ni la compagnie d’une femme, ni celle d’un homme Les plaisirs charnels sont vains, éphémères et illusoires. C’est une chose que j’ai appris dans la douleur, et que je ne suis pas près d’oublier. » Il y avait plusieurs chaises à proximité, mais Saeros n’en prit aucune. Il préférait rester debout. « La question n’est pas tant de savoir pourquoi je suis las, Seigneur, mais plutôt de comprendre pourquoi vous ne l’êtes pas. La vacuité de cette existence ne vous saute pas aux yeux ? Rapports de forces perpétuels, égoïsme rampant… cette vie est tordue et malsaine. Moi-même je suis devenu tordu et malsain. Le monde tel qu’il devrait être n’existe pas, et le monde tel qu’il est ne devrait pas exister. J’ai joué le jeu jusqu’à aujourd’hui, mais cette comédie est sur le point de se terminer. Bientôt le rideau tombera sur la scène incroyablement pathétique de ma vie… enfin. » Le magicien poussa un soupir à mi-chemin entre lassitude et soulagement. Peut-être parviendrait-il à trouver dans le néant la paix qu’il n’avait su trouver dans la vie. Saeros était au bout du rouleau, il s’en rendait bien compte. Il avait su s’accommoder de son existence jusqu’à sa rencontre avec cette personne, mais n’y parvenait plus à présent qu’elle n’était plus là. La situation du Conseiller était comparable à celle d’un homme égaré dans une grotte obscure, qui serait parvenu à émerger à l’air libre pour qu’on lui dise finalement qu’il devait retourner dans sa caverne. L’obscurité qui ne l’avait jamais dérangé jusqu’alors était devenue aussi étouffante qu’une chape de plomb. « A présent, Seigneur, pourquoi ne parlerions nous pas de l’avenir ? Nous savons… tous les deux… que je ne suis pas homme à pardonner facilement. Vous vous doutez donc bien que si vous décidez de me laisser partir, je ne risque pas d’oublier les évènements de cette soirée. Je me demande bien, sachant cela, comment vous comptez tenir votre promesse... sans vous mettre terriblement en danger.» Saeros pencha légèrement la tête de côté, observant le Roi comme on observe une créature curieuse. Il était véritablement intrigué, à présent. Comment Alcide comptait-il résoudre ce dilemme, en effet ? Déciderait-il de le tuer, brisant sa parole ? C’est ce que lui-même aurait fait. « Les promesses passées par un représentant de l’empire n’engagent que ceux qui les écoutent. », telle était sa devise. Alcide se révèlerait-il d’un autre bois, où se comporterait-il comme les autres ?
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| | Saeros Yggdrasil
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Vitesse de réponse :
| | Mar 19 Aoû - 10:01 | | | | Le temps était pluvieux, comme d'habitude, de ce côté-ci des Montagnes. Les nuages venant de l'océan ne parvenaient pas à passer l'épaisse chaîne de collines, de pics et de monts, et se déversait sur les cols en contre-bas. L'endroit était habité principalement par des humains, bien que techniquement il soit sous l'autorité des Nains.
Cela faisait plusieurs mois que les rapports affluaient concernant un groupe de pillards barbares qui mettait à sac village après village dans les terres entre Tilamus et Sholat. La population naine vivait principalement sous terre dans cette région, dans quelques exploitations minières isolées reliées aux terres septentrionales par un grand réseau de tunnel. Les événements de la surface ne concernaient donc pas le petit-peuple, d'autant que les bourgades humaines tenaient à leur relative indépendance, jusqu'à présent.
Mais les appels à l'aide s'étaient multipliés. Nombre de bourgmestres en exil venaient trouver refuge à Tilamus, et si ces "Dreths" se contentaient jusqu'à présent d'hameaux isolés, ils n'hésitaient plus à s'en prendre à des cités de plus grande envergure. Ainsi Maltgrad, principale ville humaine dans les monts au sud de Tilamus, avait été pillée et en grande partie brûlée par ces bandits de grands chemins prétendant être une nation. Maltgrad était pourtant protégée par tout un régiment de mercenaires très bien entraînés et équipés, mais ils n'avaient rien pût faire face à, d'après la rumeur, un dragon.
C'est cette dernière allégation qui attira la crainte des Nains. Ils envoyèrent nombre de leurs meilleurs éclaireurs prouver ces dires, et effectivement, revinrent quelques semaines plus tard pour confirmer que les barbares Dreths étaient menés par ce qui ne pouvait qu'être un dragon. Des millénaires de guerre entre les deux races firent que les Nains savaient qu'il n'y avait pas assez de place pour qu'un tel dragon puisse rester dans les Montagnes. Aussi se mobilisèrent-ils rapidement.
Le Conglomérat, bien évidemment, prit par à l'effort de guerre. Il envoya un régiment entier, soit près de cinq-cent hommes, rejoindre la Troisième Armée Naine qui descendait de Tilamus vers le sud-ouest. Le Général Karvark, aux ordres du Conglomérat, prit le commandement de la-dite armée, ayant davantage d'expérience. Menant une force de plusieurs milliers de Nains, il avait confiance en le fait qu'il pourrait repousser les Dreths sans trop de problème. Le Général Gralghast, Représentant de la Montagne, menait lui la Première Armée plein sud, droit vers le cœur des forces ennemies.
Les forces naines de Karvark arrivèrent à la nuit tombée au contact avec l'ennemi, surplombant un petit village qui venait de tomber aux mains des pillards. Jamais les Dreths ne s'étaient aventurés si loin au nord, et si près de Tilamus. Il était temps de leur apprendre une leçon, de les renvoyer au sud, et non sans leur faire subir assez de pertes pour les dissuader de revenir de sitôt. La Première Armée les prendrait de flanc après que la Troisième ait engagé le combat. Non seulement les Nains seraient en supériorité numérique, mais ils auraient aussi l'élément de surprise, et en plus, ils allaient prendre l'ennemi en tenaille. Sans compter que, depuis les hauts pics, ils avaient l'avantage de la hauteur sur les barbares qui avaient fondu sur le village en contre-bas.
Les Nains prirent leur temps pour préparer leurs forces. Tant pis si la population humaine souffrait plus bas, il n'y aurait qu'une seule chance de garder l'élément de surprise. En sacrifiant les vies de ces villageois, Karvark allait certainement sauver des dizaines et des dizaines de Nains. Une fois les balistes en place, et tournées vers le ciel, il attendit. La Première Armée, plus à l'est, se mettait à son tour en position. De telles formations de milliers de Nains étaient lentes, et le temps paraissait passer terriblement lentement, au rythme des hurlements des malheureuses tombées entre les mains des barbares.
Finalement, une Rune de Lumière massive s'éclaira à plusieurs kilomètres à l'est, là-encore au-dessus du village. Bonne nouvelle, les rangers Nains avaient éliminés les patrouilleurs Dreths sans déclencher d'alerte. Ces barbares étaient violents, mais n'avaient que peu de notion de stratégie martiale. Une fois le pillard commencé, peu nombreux étaient ceux à vouloir rester faire le guet plutôt que de s'amuser avec la population civile.
Une première volée de traits de baliste tomba sur les principales concentrations de Dreths, en centre-ville. Ceux-ci, encore en train de festoyer, et pour certains déjà alcoolisés, mirent un moment avant de comprendre ce qui leur arrivait. Pendant ce temps, l'avant-garde de la Troisième Armée, qui avait déjà amorcé sa descente, arriva au contact des Dreths les plus excentrés. Certains furent exécutés avant même qu'ils ne puissent remettre leur pantalon ou récupérer leur arme, et les Nains se dispersèrent dans les rues, portant le combat à chaque ruelle, chaque maison, chaque étage occupé par l'ennemi. A l'est du village aussi, les bruits de combat se répandirent, tandis que des milliers de Nains se jetaient sur le gros de la force barbare.
En temps normal, les fils de la Montagne auraient débuté la bataille par un copieux barrage de baliste, et les régiments seraient restés en bloc compact dans la ville au lieu de se disperser. Mais la présence probable d'un Dragon changeait tout, et il fallait garder l'artillerie dans son rôle anti-aérien, ainsi que ne pas offrir de cible trop tentante -comme un bataillon nain en formation rapprochée peut l'être-.
Lors de l'unique volée d'artillerie qui ouvrit la bataille, plusieurs traits de baliste tombèrent sur le toit de l'auberge, détruisant partiellement l'édifice et tuant plusieurs de ceux à l'intérieur. D'après ce que Karvark pouvait en voir depuis les hauteurs, c'était autour de la-dite auberge que se concentraient le gros des forces ennemies, aussi l'effort offensif se concentrerait en direction de cet endroit. Surveillant de sa position surélevée la bataille, il restait avec ses artilleurs, attendant la première apparition du Dragon pour clouer la bestiole à un pic, à grand coup de baliste...
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| | Alaric
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Non.Vitesse de réponse : Moyen à rapide.
| | Mer 20 Aoû - 9:52 | | | | Son salut vint du ciel. Il se manifesta sous la forme de traits aux proportions grotesques, sortes de flèches titanesques qui vinrent s'abattre sur le village comme la vérole sur le bas-clergé. Elles éventrèrent les murs et les hommes sans distinction, et sans résistance. Ce fut le chaos. Les Dreths se replièrent dans le plus grand désordre, abasourdis par ce retournement de situation. Ils désertèrent l'auberge dans la confusion, laissant Saeros derrière eux. Trop surpris pour faire le moindre mouvement, ce dernier resta obstinément sur place. Une étrange expression se peignit sur les traits de son visage, et un sourire à moitié amusé et à moitié incrédule étira lentement ses lèvres. « Deus ex machina ! », fut la seule chose qu'il trouva à dire alors que la mort s'abattait autour de lui. "Le Dieu issu de la machine" ! Dans les épopées classiques, ce terme désignait une intervention divine qui résolvait providentiellement les problèmes du héros. Le procédé ne suivait pas la logique interne du récit - qui aurait du conduire à la mort et au désastre - et permettait aux personnages valeureux de triompher de l'adversité. Saeros pouffa. Valeureux ? En dépit de tous les héros qui peuplaient cette planète, de toutes les bonnes personnes qui mouraient en vain chaque jour, c'était lui qui avait été choisi par les Dieux ? C'était Saeros Yggdrasil, boucher et monstre de son état, qui était touché par la grâce divine ? Son rire se prolongea encore et encore, jusqu'à ce qu'il ait mal aux côtes et qu'il puisse à peine tenir debout. Quelle ironie ! Quelle ironie tragique ! Le destin n'avait-il donc aucun sens des convenances ? Aucune idée de la signification du mot décence ? Un trait de baliste passa au dessus de sa tête et vint se planter à quelques pieds de l'endroit où il se trouvait. Le carreau ne lui effleura même pas un cheveu. Non. La réponse était sans le moindre doute : " non ". Sans se presser le moins du monde - à mi-chemin entre l'euphorie et la crise de nerfs - Saeros sortit de l'auberge à moitié effondrée et émergea à l'air libre. Les rues étaient emplies de cadavres entremêlés, de soldats qui s'agitaient en tous ssens, et d'un flot torrentiel de sang. Il ne vit pas la moindre trace d'Alcide. Peut être que l'agitation le masquait à ses regards, ou peut être que la créature de cauchemar s'était enfuie, mais cela ne le concernait plus. Le destin de son ex-geôlier était bien la dernière de ses préoccupations, à présent. Maintenant que tout le monde était bien trop occupé à s'entretuer pour faire attention à lui, il devait en profiter pour s'échapper. Saeros ne parvint tout d'abord pas à distinguer les personnes qui s'en prenaient aux Dreths. Bien que la nuit ne soit illuminée par aucune étoile, un éclat surnaturel et aveuglant brouillait son champ de vision. La perception qu'il avait de son environnement se limitait au surgissement d'ombres fugaces, une succession ultra-rapide de fragments incomplets d'un monde qui donnait l'impression d'avoir explosé. Mais le bruit d'un cor finit par résonner dans le lointain. Saeros le reconnu instantanément, et se prit à espérer. Car c'était le bruit d'un cor nain ! L'armée des montagnes venait de faire son apparition. Les Dreths étaient tombés entre les mains de leurs ennemis... La tournure que prenait les événements n'aurait pas pu se révéler plus fortuite, et l'étrange hilarité qui l'avait secoué tout à l'heure menaça de le reprendre. Cependant, avant que le magicien n'ait le temps de faire une nouvelle crise d'hystérie, un guerrier bardé de fer et menaçant s'approcha de sa position, le marteau pointé vers lui. Le magicien réalisa soudain que le soldat le prenait pour un barbare Dreth. Il dégrafa précipitamment sa cape noire pour dévoiler son pourpoint, révélant l'emblème impérial brodé en fils d'argent que dissimulait le tissu. « Je... ami !», balbutia t-il dans les rudiments de langue naine qu'il connaissait. « Je dois parler à votre chef. »
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| | Saeros Yggdrasil
Partie IRLCrédit avatar : Double compte : Vitesse de réponse :
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