All Hail Saline ! C’est le mot d’ordre de Dana qui là n’échappe pas à cette règle nationale et particulièrement des Jansson. Elle est une enfant du pays qui se sent vraiment vivre à travers les siens et elle démontre cela avec une avalanche de gentillesse. Pour être souriante, elle l’est, les offrant généreusement à tout va ainsi que son aide. Elle pourrait en quelque sorte faire de la concurrence à ces bons samaritains aidant leur prochain. Mais elle a ses privilégiés, sa famille. Elle ferait littéralement tout pour eux et ce même si certains ne le lui rendent pas. Un débordement qui se révèle être une faiblesse et qui cache une bonne dose de naïveté l’amenant à pardonner bien facilement (sauf si c’est contre Saline évidemment, allant de la simple critique récoltant un regard mécontent à la grande diffamation ou attaque pouvant faire naître un élan de violence chez la demoiselle). De pair avec donc cette gentillesse et là s’écartant de la robustesse régionale, Dana est une douceur infinie, démarche et geste gracieux, délicatesse naturelle plutôt bienvenue lors de l’administration des soins même si les salinéens sont en général de grands gaillards pouvant supporter un peu de douleur… ce qui amène la jeune femme à moins culpabiliser quand le mal est inévitable. Mais elle aura toujours un mot rassurant, si ce n’est pas plus. C’est que la Jansson est bavarde, et ça peut être plus fort qu’elle par moment. Dîtes lui de se taire et dix minutes après, elle redevient un moulin à paroles. Et si encore elle parlait de choses vraiment intéressantes. Mais non ! Elle peut vous parler de tout et de rien pendant des heures, allant de la dernière fourrure de yack acquise, en passant par le prince, sa grande passion (enfin dans sa tête) et finir par comment Saline devrait servir d’exemple au Monde. Oui, Dana est une femme jusqu’au bout des ongles, jeune et comment dire… au prime abord superficielle. Elle aime ce qui est beau à regarder, fait des bruits étranges devant un chaton ou un chiot qu’elle cajolera des heures mais ne ressent pas le besoin de posséder pourtant… Enfin, si, il y a bien une chose qu’elle voudrait bien posséder… Le prince. Un rêve, un fantasme qui dure depuis longtemps et plus elle prend de l’âge et plus elle peut se montrer audacieuse, stupide et surtout collante envers un cousin côtoyant la famille royale. Au final, Dana fait preuve d’un esprit léger, un peu fou-fou mais derrière se cache un manque de confiance en soi. Elle s’estime toujours inférieure aux autres et ainsi vient l’explication de cette facilité naturelle à faire passer les autres avant elle. Pour protéger et défendre, la demoiselle passe de la larve au papillon, elle oublie ses peurs et devient téméraire et même très inconsciente, prête à prendre des risques énormes et même à se sacrifier un peu trop facilement. Elle n’a pas l’intelligence nécessaire pour compenser ses défaillances et peut soudainement, à la surprise générale, foncer tête baissée. Heureusement, elle a une bonne mémoire, c’est ce qui l’a beaucoup aidé dans son apprentissage de la magie, pour ainsi trouver la base de la logique lui permettant d’évoluer avec son don. Enfin, si elle devait avoir un autre don, c’est celui de la cuisine, à faire ressortir le meilleur du poisson dans les palets. Dommage qu’elle ait un appétit d’oiseau, elle aurait peut-être pu faire autrement un peu de concurrence à ses cousins physiquement.

La vie de Dana aurait pu être un long fleuve tranquille avec juste les petits rebondissements du quotidien. Petite dernière de la famille, elle a reçu de par son âge une attention particulière et davantage encore à cause de son albinisme. Un fait peut-être un peu perturbant les premières semaines pour ses proches mais cela passa fort vite car, après tout, ce monde renferme des étrangetés ô combien bien plus grande. Pourtant, sa mère avait craint que cette différence puisse être à l’origine d’une exclusion sociale mais, loin de là, ceux que ses cheveux blancs et yeux rouges rebutaient se révélèrent et restent plutôt rares. Très vite, la petite fille trouva sa place dans la grande cité de Cadrak. Tout d’abord dans un premier temps accompagnée de sa mère ou de ses deux frères, elle découvrit les joies du marché nordique, de toute cette agitation fière dans les ruelles où se suivaient les maisons aux hauts murs qui, même encore, lui apporte la sensation que rien à l’extérieur de la ville ne pourrait l’atteindre ici. Dana ne fut pas une enfant difficile, sauf pour manger, un véritable calvaire avec son appétit d’oiseau et son père a exigé qu’elle finisse ses assiettes pour pouvoir grandir le plus possible. Après d’innombrables crises de larme, une apparence toujours aussi fragile, ce dernier abandonna. Enfin, il abandonnait toujours, finissant par être amadoué par l’expression malheureuse de sa seule fille et par ses joues roses humides. Sans compter aussi son épouse qui prenait la défense de Dana à chaque fois. Cette dernière savait cependant se faire pardonner, ne rechignant pas à proposer son aide, à apprendre ce que toute future bonne femme au foyer devait savoir et elle débordait déjà très tôt d’affection envers toute sa famille. Elle a développé une spécialité, celle de s’accrocher aux bras ou aux jambes de ses parents, oncles et tantes et surtout de sauter sur le dos de ses frères et cousins, dernière habitude qu’elle a encore actuellement.

Un train de vie agréable dans le meilleur des mondes, les Glaces, jusqu’à ce qu’un phénomène ne vienne peu à peu perturber cette havre de paix. Tout commença par l’apparition d’AT. Agée de 7 ans, Dana ne comprit pas tout de suite ce qui se passait et ses parents veillèrent à la tenir à l’écart de toutes les rumeurs qui arrivèrent jusqu’à leurs oreilles sur ce démon et sa guerre. Une nouveauté pour la fillette qui ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas rester dans la pièce de vie de leur maison quand son oncle et sa tante venaient parler. Combien de fois avait-elle pu montrer son bout de nez en poussant la porte et demander d’un ton inquiet de sa petite voix « Mais quelqu’un est mort ? » avant d’avoir droit à « Va jouer, tu sauras quand tu seras plus grande ». Grande, justement, quand le serait-elle ? Car, à l’âge de 11 ans, Dana aperçut pour la première fois le Prince passer avec son père alors que ces derniers rentraient au château, et là, ce fut la première fois que ses yeux étincelèrent autant et que l’amour la frappa. Déjà elle qui voyait le Roi comme l’image même de l’homme parfait, alors découvrir qu’il existait une image vivante du prince charmant idéal à ses yeux ne lui donna qu’une envie, être enfin grande pour devenir l’élue de sa première obsession. Etrangement, l’albinos réclama plus à sortir et surtout passer toujours par les environs du château, dans l’espoir d’apercevoir à nouveau l’élu de son cœur et elle ne tarissait pas d’éloge sur lui, pouvant en parler des heures à ses amies, et dire qu’elle l’avait juste vu…

Mais voilà, elle ne put laisser libre court à ses premiers émois du début de l’adolescence que sa vie changea du tout au tout lors d’une de ses rares colères, après un étranger saoul passant devant leur porte en critiquant leurs coutumes, sa choppe de l’auberge encore à la main. Alors que la jeune fille de 12 ans passa sous le bras de son père qui était en train de vouloir faire sortir leur grand chien, sa petite voix qui s’élevait avec véhémence fut bien ignorer car la bière de la choppe que Dana attrapa devint glace au point de faire l’étranger lâchait prise. La surprise totale que d’avoir une mage dans la famille qui comptait pourtant de nombreux guerriers. Sûrement une influence du côté maternel, sa mère descendant d’un petit groupe d’une tribu éloignée loyale à Saline. Et c’est vers cette tribu que ses parents se tournèrent, cette dernière comptant un shaman qui s’y connaissait bien en magie, et dans la famille, il était important d’affiner son don, le combat et là dans ce cas la magie. Et il était évident que Dana était surprotégée, cette séparation ne pourrait que lui faire le plus grand bien.

C’est ainsi que Dana fit le voyage avec une caravane de Cardrak qui faisait du commerce avec cette tribu justement spécialisée dans l’élevage de dolyaks. Ce fut tout d’abord un choc pour elle de se retrouver devant cette assemblement en cercle de tentes en fourrure, rien à voir avec les demeures de Cardrak lui paraissant encore plus confortable pour la peine. Toute intimidée, on la présenta aux différentes familles de la tribu et vint en dernier le shaman, Kiergsen et la première impression qu’elle eut de lui fut de le retrouver quelque peu effrayant. Ce dernier avait l’air d’être totalement à l’ouest en plus d’être très âgé et un peu repoussant mais il suffisait qu’un éclair de malice ou un sourire passe sur son visage pour qu’il ait juste l’aspect d’un grand-père jovial, chose que la jeune Jansson découvrit un peu plus tard. Cependant, elle regretta tout d’abord sa famille et son beau prince, surveillant toujours du coin de l’œil Kiergsen s’attendant à le voir venir vers elle en sortant des borborygmes étranges et en dansant pour une raison totalement inconnue. Ce ne fut l’histoire que quelques jours car, d’un bon fond, Dana ne manqua pas de voir que le shaman était juste étrange mais faisait tout pour lui laisser une place dans sa tente et la tribu. La gentillesse et le dévouement de l’albinos fit qu’elle s’intégra facilement, une bonne chose car le début de son apprentissage des secrets de la magie ne fut pas simple. Il y avait des bases sur le contrôle de ce pouvoir mais le reste venait de l’instinct et aussi des affinités de chaque mage. La demoiselle comprit très vite que l’eau était son domaine et grâce au savoir bien important du vieux Kiergsen, elle fit son chemin dans le contrôle de son don. Les années passèrent assez vite, le travail ne manquant pas non plus pour aider à la préparation des fourrures de dolyaks. Avec le passage des caravanes, Dana pouvait avoir des nouvelles de Cardrak où elle retourna au moins trois fois par an quelques jours pour retrouver un peu sa famille.

Les rumeurs sur la guerre d’AT se firent plus nombreuses avec le temps mais la jeune femme ne s’en inquiétait guère, se sentant à l’abri. Du haut de ses 16 ans, elle devenait vraiment ravissante même sous une robe épaisse faite de fourrure mais ne répondit pas aux approches intéressées des jeunes hommes et hommes de la tribu, ne s’imaginant toujours qu’avec le prince. Elle se perfectionnait bien en tant que mage et surtout spécifiquement les soins, ayant déjà acquis toutes les connaissances du shaman en terme de préparation de baumes et autres remèdes, mais aussi avec sa propre magie, elle s’occupait des blessures des hommes chassant ou encore de ceux victimes d’accident avec les dolyaks. Elle se sentait bien plus à l’aise dans ce rôle là que dans l’idée d’attaquer. Un an et quelques mois plus tard, alors que les Glaces se lancèrent officiellement en guerre contre AT, Dana réalisa l’utilité qu’elle pourrait alors avoir mais Kiergsen, qui recevait toujours des nouvelles de la famille Jansson par missive confiées aux caravanes, s’opposa pour l’instant à laisser l’albinos retourner auprès des siens. Et pour la retenir, il décida de lui confier un secret magique puissant, la résurrection. Aucune démonstration possible car le prix à payer est la mort, pas d’entraînement en dehors que de bien manipuler ses propres sorts de soin pour ressentir comment user de sa magie pour amener à une telle « guérison miraculeuse » mais une incantation chantée que Dana trouva, la première fois que le shaman la lui fit entendre, belle et triste. Elle se perfectionna, chantonnant souvent en un murmure cette incantation complexe qu’elle mémorisa, mais elle se languissait de Cardrak, de sa famille qu’elle ne vit pas pendant un an et demi, jusqu’à ce qu’une caravane ne vienne pour lui apporter une missive où ses parents réclamaient son retour. Les combats avaient du se calmer. Dana connut un premier déchirement, ravie de retourner à ses sources mais elle avait tant côtoyé la tribu et tant appris auprès de Kiergsen, qui s’était occupé d’elle comme si elle était sa petite fille, qu’elle regrettait de les laisser derrière elle. Le vieillard la serra dans ses bras avant de la laisser partir, la rassurant d’un « ce n’est qu’un au revoir ». Ô combien Dana aurait aimé le croire, mais durant le voyage, elle ne pouvait retenir une pensée bien réaliste, celle que le vieux shaman ne pouvait être éternel…

Le lendemain de ses 19 ans, Dana rentra enfin définitivement à Cardrak, rien ne semblait avoir changé et elle en était soulagé, juste peut-être des visages plus renfermés et inquiets avec la défaite récente des rebelles dont elle avait eu quelques échos. Elle fut par contre accueillie par des sourires, des larmes et des grandes embrassades chez ses parents qui lui racontèrent les derniers évènements et elle prit la décision alors de se proposer comme guérisseuse pour l’armée. Et quelle surprise que de découvrir que Bjergsen était devenu Huscarl d’Harald. Il allait falloir rendre visite à ses cousins aussi et ça serait intéressant d’en avoir un aussi bien placé…