Raconte la seule et unique fois où une femme a résisté à Anima depuis son arrivée sur Terra Mystica et comment, en conséquence, il l'a pourchassé pour laver son humiliation et parvenir à ses fins.
Les sombres Nuages venus de Foam s'amoncelaient dans le ciel, alourdissant l'atmosphère déjà invivable du marais. Les ombres s'étendaient depuis les moindres recoins, prenant une place de plus en plus importante, rendant la scène de plus en plus inquiétante. Les sons étranges provenant des grincements des arbres et des cris de la faune étaient en partie couverts par le grondement du tonnerre. L'obscurité omniprésente dessinait d'abstraites formes que seule la vive lumière des éclairs déchirant le ciel parvenait à découvrir. Une odeur de putréfaction flottait dans l'air, comme un fond de charnier après la bataille. Humant cette odeur pestilentielle tout en observant le paysage, le puissant seigneur démoniaque pensa « c'est vraiment cool ici ». Reportant son attention sur le dévoreur qu'il tenait dans sa main, il lui arracha la tête d'un coup de dent puis aspira le liquide à l'intérieur de sa carapace, hum... délicieux. Jetant la coquille vide dans une flaque d'eau stagnante le démon reprit son chemin.
Cinq ans, cinq longues années qu'il errait à la surface de ce monde pitoyable et voilà qu'il trouvait enfin un endroit agréable. Soudain l'orage éclata et les flots se déversèrent des cieux, détrempant tout. « Et merde c'est aussi pourri que le reste en fait ». Dégoulinant, il se mit à l'abri comme il put sous un grand arbre mort. Il était en train de chauffer ses membres pour faire s'évaporer l'humidité lorsqu'il ressentit une impression étrange. Sentiment de connaissance, de déjà-vu. Semblable et pourtant différent, mais qu'était-ce donc ? En relevant la tête, Anima vit une chose incroyable. Une démone. Ça ne pouvait être qu'une démone ! Cette odeur et ses petites cornes si caractéristiques... et pourtant elle semblait différente de toutes celles qu'il avait croisées sur Zelphos. Comment pouvait-elle être ici alors qu'il était le seul à avoir franchi la barrière des mondes ? Une idée commença à poindre dans son esprit, il avait entendu quelques rumeurs à propos de démons durant les années passées sur Terra. Des démons créés par une déesse, Nya.. Naéiris quelque chose comme ça. Mais peu lui importait de quel monde elle pouvait être originaire. Il imaginait déjà le plaisir de faire sa « connaissance » sans se rendre compte ô combien leurs points de vues pouvaient être differents sur la question.
Le démon se leva brusquement et se rapprocha d'elle. Sa peau était blafarde là où elle n'était pas recouverte d'écailles, ce qui éveilla chez lui un désir profond, une envie irrésistible de la prendre sur-le-champ. La créature se retourna, sans doute alertée par le bruit, révélant son visage semi-reptilien. Désir physique accentué par ses courbes improbables, la faible luminosité créant des reflets vert-bleutés sur les petites écailles en losange de son visage. Ne pouvant plus se retenir Anima la saisit à la gorge alors que des picotements parcouraient son bas-ventre. Un instant il crut discerner dans les traits de son visage ceux d'Hecate sa sœur bien-aimée, instant que la créature mit à profit pour s'extirper de la prise. Elle se dégagea d'un violent mouvement en arrière, la peau de son cou ayant été rendue visqueuse sous la pluie, cela lui permit de littéralement glisser entre les doigts du démon. Anima serra donc sa main dans le vide alors que la créature s'enfuyait d'une démarche ondulante. Ne réagissant pas sur le coup, il lui laissa le temps de s'échapper. Oh pas volontairement non, seulement parce qu'il avait été troublé de rencontrer une créature semblable à lui dans ce monde. Ce trouble lui avait permis de s'enfuir... impardonnable !
Glissement et ondulation d'un coté, brutalité et fracas de l'autre, la poursuite s'engagea. La démone avançait à une vitesse impressionnante, se faufilant entre les branches et les troncs d'arbres morts, esquivant les bosquets d'épineux, roulant à la limite des points d'eau croupie. A sa suite le démon fonçait en ligne droite sans se préoccuper des obstacles. Éclatant un tronc creux en travers de sa route d'un coup de poing, broyant les branchages sous ses pieds, laissant une trace enflammée sur son passage. Les amas de ronce entraient en combustion au contact de ses membres en fusion, puis s'éteignaient en projetant une grosse fumée sous l'effet de la pluie battante. Au fil des minutes il se rapprochait d'elle, inexorablement. Le moment inévitable arriva au bord d'une sorte de lac. Dans un dernier effort Anima bondit sur la créature, la plaquant au sol. Écrasée par son poids elle s'enfonça dans la terre meuble. Ne refaisant pas la même erreur il l'attrapa par les cheveux. Frappant violemment le sol avec son visage tout en hurlant, il sentit l'excitation renaître, mais sous une autre forme. Il n'était plus question d'assouvir une pulsion sexuelle mais se venger de l'affront subi.
Tu vas comprendre qu'on n'échappe pas à Anima !
La démone fut tirée jusqu'au bord du lac comme une poupée de chiffon. Là, le seigneur démoniaque lui plongea la tête dans l'eau pour qu'elle se réveille. Puis il la projeta contre un grand arbre fendu en deux par la foudre et l'y attachât avec des ronces. Chaque mouvement viendrait mordre cruellement sa chair. Mais il n'allait pas écourter ses souffrances, ah ça non, la nuit ne faisait que commencer et le démon avait tout son temps pour apprécier ses cris et ses pleurs.
Déchirements, multiples, omniprésents, déchirements physiques, déchirements de l'âme, dans son corps, dans son esprit, tout se brise et s'écroule sous la douleur. Déchirant, encore, déchirant sont ses cris quand son corps flanche et que les ronces s'enfoncent. Sa peau n'est plus la sienne, ses sens ne fonctionnent plus. Elle a l'impression d'être expulsée de sa propre chair. La seule chose qui la lie encore au monde physique est la douleur, une douleur qui surpasse tout ce qu'elle n'a jamais ressenti. Durant ce temps une chose s'introduit en elle, cherchant son chemin elle effectue de nombreux va-et-vient, explore différents lieux, s'attardant sur certains. Elle provoque aussi de la douleur comme si les griffes incandescentes lacérant sa peau ne suffisaient pas. Les mains expertes du démon savaient comment faire durer la chose, trouvant les points sensibles. Au matin, ne restait qu'un tas de chair informe au pied de l'arbre alors qu'une âme de plus avait quitté ce monde.
Anima Féral
Partie IRL Crédit avatar : Legend of the cryptid Double compte : Vitesse de réponse : Ca dépand de ta tete