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Je sais que j'aurais mit le temps (au point que je retrouve plus ma fiche de préz' sur le forum ><) Mais je l'aurais finalement fait ! X)
Le soleil brillait au-dessus des plaines mystiques, dominant fièrement un ciel d'un bleu éclatant dépourvu du moindre nuage, et ses rayons ardents auraient transformé la terre en une véritable fournaise si un vent miséricordieux ne l'avait balayé de son agréable fraîcheur. Agitées par cette bise légère, les cultures environnantes semblaient chanter une chanson secrète, en réponse à celle qui émanait de la forêt de Drayame, tandis que la poussière des routes dansait au rythme de cette musique mystérieuse.
A l'écart de ces chemins nimbés d'or, sur la pente légère d'une intrépide petite dune, allongé sur le confortable matelas d'une herbe encore drue et verte, un homme profitait tranquillement de la douceur estivale. Les pieds nus, les bras croisés derrière la tête, les yeux clos, le Loup Noir somnolait, souriant lorsque le vent venait lui offrir une caresse rafraîchissante, apportant mille et un parfum à ses narines, et jouait avec sa crinière d'obsidienne avant de continuer sa course en passant au-dessus des deux lames posées aux côtés du dormeur du val. Tout était tranquille …
«
Par le caleçon usé de Nhieling ! Reculez vauriens ! »
Zorro bondit sur ses pieds et chercha de son regard d'émeraude d'où provenait ce cri d'alarme. Il ne lui fallut qu'un instant pour apercevoir à quelques dizaine de mètres de là une charrette dans laquelle se tenait un homme dans la quarantaine entouré d'une bande de coupe-jarrets faméliques de la pire espèce : celle des sans foi ni loi ni honneur, prêt à tout pour une poignée d'ailes de bronze, y comprit à s'entre-tuer et à s'en prendre au plus démunis.
Sans réfléchir le sang-mêlé s'élança au secours de l'infortuné. Pieds nus. Alors qu'il parvenait à hauteur de la charrette, il poussa un grand cri sauvage pour attirer l'attention des malandrins sur lui. Son idée fonctionna parfaitement.. Le premier brigand ne comprit que bien plus tard pourquoi il s'était réveillé allongé dans la poussière, la mâchoire et le crâne douloureux, alors que son dernier souvenir était d'avoir tourné la tête pour localiser la provenance d'un hurlement sauvage.
Les autres furent moins faciles à mettre hors-combat. A peine le premier scélérat avait-il touché terre qu'un second se ruait sur le mercenaire, brandissant une rudimentaire mais néanmoins efficace massue de bois durci. Zorro se baissa au dernier moment, esquivant l'attaque qui rebondit sur les plaques dorsales de son armure. Profitant de l'élan de son adversaire, il se releva en le faisant rouler par dessus son épaule et lui déboîta le genou d'un violent coup de pied, avant de le désarmer et de servir du gourdin pour dévier la lame qui fonçait vers sa tête.
Délaissant ce troisième adversaire, Ubiqius bondit vers un quatrième vandale et le percuta de tout son poids, l'épaule en avant. Ils roulèrent tout deux à terre, le mercenaire au-dessus, juste au pied d'un cinquième voyou qui vit l'occasion rêvée de se débarrasser de cet empêcheur de détrousser en rond. Il leva haut son arme dans l'intention de fracasser le crâne de l'impudent … et se plia en deux, le souffle coupé par le coup qu'il venait de recevoir dans une partie particulièrement sensible de son anatomie. Profitant de ce court instant de distraction, Zorro sonna son matelas humain d'un magistral coup de tête qui lui explosa le nez et l'arcade dans un jaillissement écarlate.
«
Derrière vous ! »
Se relevant d'une volte aérienne, il bloqua in-extrémiste l'attaque sournoise de la troisième canaille, lui immobilisant le poignet d'une étreinte de fer. Un coup dans le bas ventre plia le traître en deux avant qu'un coup de genou entre les deux yeux ne le fasse basculer en arrière et rejoindre son camarade au pays des songes. L'hybride se retourna, le regard flamboyant, pour faire face à son dernier adversaire, celui dont la descendance n'existerait probablement pas. Ce dernier jeta un regard apeuré autour de lui avant de détaler plus vite qu'un chiot courant après une balle, une main protégeant ses … propres balles.
Le regardant partir, Zorro se détendit et s'approcha de l'homme qu'il avait aidé.
«
Holà, pas trop de mal j'esp... »
Le sifflement d'une lame le coupa net alors qu'il évitait d'extrême justesse le coup qui lui était destiné et qui, au lieu de lui percer le cœur, ne fit que lui entailler le bras. Face à lui se tenait maintenant le quatrième brigand, la figure ensanglantée et les traits déformés par un rictus de haine. Dans sa main se trouvait la hallebarde qu'il était sans doute aller ramasser sur le corps inerte de son premier complice.
«
Meurt bâtard ! »
Fendant l'air de son large fer, il transperça le mercenaire de part en part. Le frôla. Le rata lamentablement. Alors que le brigand levait sa lame, Zorro s'était décalé d'un pas, laissant passer l'arme mortelle le long de son corps, aussi inoffensive qu'un souffle de rêve. Puis, posant sa main sur celle de son adversaire, il l'avait désarmé avec agilité avant de le frapper durement à la tempe avec le manche de l'arme. Un bruit sourd, étonnement creux, et le vaurien s'effondrait, hors combat pour un bon bout de temps. Ubiqius s'éclaircit la gorge.
«
Humr. Je disais donc : pas trop de mal j'espère ?-
… Non, non, merci ça va. Grâce à vous, vous êtes arrivés à temps. Mais votre bras ?-
Oh ça ? Une simple égratignure. Son jouet n'a fait que m'effleurer. Regardez par vous même. »
Sur le bras de l'hybride ne subsistait en effet qu'une mince estafilade. Estafilade qui surprit beaucoup l'humble marchand. Il aurait pourtant juré avoir vu la hallebarde pénétrer profondément les chaires de son sauveur et le sang gicler … Il éluda la question d'un mouvement d'épaule.
«
En attendant je suis votre débiteur. Je ne possède pas grand chose, mais si je puis vous offrir le gîte et le couvert pour cette nuit, cela sera avec grand plaisir, foi de Marc Foulque !-Hum, je ne suis pas vraiment pressé, alors ce sera avec joie. Juste le temps de récupérer quelques effets personnels. Au passage, on m'appelle Zorro. Zorro Wolfen. »
Quelques heures plus tard, ils arrivèrent en vu d'un petit village paysan comme il y en avait des dizaines au travers des plaines mystiques. Guidée avec habileté par son propriétaire, la petite charrette se faufila entre les rues sinueuses du village jusqu'à une maisonnette à sa périphérie.
«
Ha maison, sucrée maison ! Qu'il est bon de rentrer chez soi ! Et je vous le dois mon ami. Mais entrez, entrez donc. »
Descendant du véhicule Zorro suivit son hôte et franchit le seuil du domicile. L'intérieur, petit mais coquet, s'avérait être particulièrement confortable. Contre un des murs de la pièce se dressait une cheminée, éteinte au vue de la chaleur estivale. Disposés devant elle, quelques fauteuils moelleux, tournant le dos aux fenêtres qui illuminaient la pièce d'une douce lumière dorée. Sur le mur face à l'entrée des portes devaient sans doute donner sur les chambres et d'autres pièces annexes. Enfin, au centre de la pièce se dressait une grande table ronde au tour de laquelle était attablé une femme et un jeune garçon.
«
Zorro, je vous présente ma petite famille. Voici Maximilien, mon garçon, et Léandra, ma femme. Maximilien, Léandra, je vous présente mon sauveur, Zorro Wolfen. Sans lui je ne serais sans doute pas revenu !-Hum, n'en faites pas trop quand même, ce n'était qu'une poignée de brigands, répliqua le mercenaire, gêné.
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Il n'empêche. Léandra, nous avons un invité ce soir. Si tu veux bien mettre un couvert de plus à table. »
Pour la première fois depuis bien longtemps le mercenaire passa une excellente soirée. Marc s'avérait être un hôte aussi généreux que volubile et Léandra une femme tout aussi généreuse avec un caractère bien affirmé. Quant à Maximilien c'était un jeune garçon de quelques années curieux de tout et aussi bavard que son père. La soirée se passa tranquillement, parsemée d'agréables conversations interrompues parfois par les intervention du jeune louveteau. Ce n'est que bien plus tard, alors que Maximilien était allé se coucher et que Léandra avait souhaité la bonne nuit aux deux hommes que la conversations prit un tour plus sérieux. Marc et Zorro était confortablement installé devant le feu, un verre de vin à la main, lorsque le mercenaire revint sur un point qui l'avait chiffonné depuis l'attaque.
«
Ces brigands … Ce n'était pas normal … Dites moi Marc, aurais-je tort en affirmant que vous et les villages voisins ont depuis peu eût plus d'ennuis que d'habitudes avec des vauriens de la sorte ?-
Hum, non en effet. Depuis quelques semaines déjà ils se font de plus en plus entreprenant, de plus en plus nombreux. Mais le pire c'est qu'ils sont de plus en plus organisés. Mais comment avez-vous deviné ?- Leur équipement. Pour la plupart ils étaient trop bien équipés pour de simples voleurs de grand chemin. Une hallebarde par exemple, ce n'est pas à la portée de n'importe quel voyou. … Avec-vous entendu parler d'un nouveau venu, d'un chef de bandit ? Ou mieux avez-vous une idée d'où pourrait être leur repère ? Ou la garde en a-telle une idée ?-
Vous vous doutez bien que non. J'ai juste entendu parler d'un certain Gaht l'Impatient. Une brute qui, à ce que l'on raconte, laisse toujours trois secondes à ses victimes pour fuir. Mais ne termine jamais son décompte. Quant à la garde … Il y a longtemps déjà que plus personne ne s'occupe de nous … »
Suite à cela Zorro demeura silencieux un long moment.
Le lendemain le trouva sur la route, marchant d'un bon pas vers le lieu de l'embuscade. De l'affrontement, il ne restait nulle trace, le vent et la poussière s'étant alliés pour les faire disparaître à un œil non avertit. Mais l’œil de l'hybride était un œil averti. Après quelques instants de recherche, il trouva ce qu'il cherchait : un piste. Une piste qui, il l'espérait, le mènerait jusqu'au repère des brigands. Demeurant courbé, il la suivit de longues heures durant, la perdant parfois, mais la retrouvant toujours, aussi tenace qu'un loup qui aurait repéré une proie, déterminé à mettre fin à ces attaques.
Cette résolution lui été venue dans la nuit, alors qu'il rêvassait, les yeux perdus dans les flammes de la cheminée et dans leurs ombres mouvantes. Marc, sa famille, et tout les villageois qu'il avait croisé étaient des gens simples et honnêtes, généreux en dépit des taxes qui les écrasaient et de l'oppression. Ces brigandages risquaient de les détruire. Et puisque la garde ne faisait pas son boulot, il s'en chargerait.
Au bout d'une longue marche, la piste s'effaça tout à fait, entrant dans une forêt. Le mercenaire laissa échapper un grognement avant qu'un sourire n'apparaisse sur son visage. Là, à une centaine de mètres de lui, à peine visible entre les étroites futaies, se dressait une solide palissade de bois. Les choses intéressantes allaient bientôt commencer …
Bien des heures plus tard, alors que le soleil se couchait, deux silhouettes sombres marchaient d'un pas lent vers le centre du village où Marc Foulque tentait désespérément de convaincre le maire d'organiser une expédition pour partir à la recherche de Zorro. Alors que les ombres se rapprochaient, le brave marchand reconnue l'une d'elle.
«
C'est lui ! Mais qui est l'autre ?-
C'est Gaht ! Gath l'Impatient ! Je le reconnais, c'est le même que sur l'avis de recherche ! »
Sourire aux lèvres, Zorro conduisait Gaht, désarmé et attaché, jusqu'à l'endroit où il serait jugé pour ses crimes. Il était épuisé et blessé, dans son corps comme dans son âme, mais en dépit du sang versé il était heureux. Car il savait que plus jamais ces braves gens n'auraient à souffrir des attaques de Gaht et de ses hommes.
Soutenu par Marc qui avait un sourire qui lui faisait trois fois le tour du visage, il regardait Gaht se faire emmener vers la prison du village tandis que les villageois transmettaient et fêtaient joyeusement l'évènement.
«
T'en fait pas mon gars. Tu vas pouvoir te reposer maintenant. Et merci pour tout »
Le sourire de Zorro s'élargit imperceptiblement alors qu'il regardait les yeux francs de l'homme qui venait de parler. Non, le repos n'était pas pour tout de suite. Mais il y avait plus important. Grâce à ces hommes, après toutes les horreurs perpétrées par l'arrivée d'Aile Ténébreuse, il avait retrouvé une raison de se battre.
Une raison de vivre.