ENFANCEJehan est né dans un petit village près de la très mystérieuse cité de Foam. Sa famille a déménagé quelques années plus tard pour s'installer à Arkham, afin de développer leur affaire. Petit dernier d’une famille de riches joaillers, il a toujours mangé à sa faim et a pu bénéficier d’une éducation de qualité.
Son père a fait ses débuts comme bijoutier, en façonnant l’argent et le bronze. Ses créations ont eu rapidement un gros succès et se sont arrachées à prix d’or. Aujourd’hui, les parures sont, pour la plupart, sublimées par des pierres précieuses étincelantes de grande qualité avec une coupe irréprochable et soignée. Il peut se venter d’avoir vendu quelques magnifiques pièces à de très grandes dames de ce monde. Depuis la mort en couches de son épouse à la naissance de Jehan, il s’est réfugié dans le travail, passant des heures et des heures dans son atelier.
L’avenir de ses 3 fils, Léandre, Joshua et Jehan est déjà tout tracé : Léandre, l’aîné, reprendrait les affaires familiales à la mort des parents… Les 2 autres l’aideraient dans sa tâche en travaillant dans la boutique comme tailleurs de pierres précieuses et en négociant les matières premières dans les mines environnantes. Mais malheureusement, Jehan n’avait pas le talent de son père, ni celui de ses frères. Il était beaucoup trop impatient et finissait toujours par bâcler son ouvrage. De nombreux « ratés » attirèrent sur lui les foudres de son père qui décida d’en faire un homme d’armes. S’il ne réussissait pas à produire de bijoux, peut-être réussirait-il à les protéger lors des transports et des transactions.
Jehan adorait la lecture et passait des journées entières plongé dans des livres de conquêtes, de voyages extraordinaires, buvant avidement les exploits de ses ancêtres ou de héros légendaires. Parfois il échappait à la vigilance de son père et réussissait à s’éclipser hors de la maison. Il en profitait pour visiter des grottes, emprunter des sentiers inconnus, grimper aux arbres, escalader des parois rocheuses et même les falaises, explorer de nouveaux territoires tout en s’inventant une vie remplie d’aventures et de gloire, entouré de vaillants compagnons.
Il évitait toutefois de s’approcher de trop près de la cité antique de Foam, on le lui avait formellement interdit, mais sa curiosité fut la plus forte. Un jour où sa famille s’arrêta près de la mystérieuse cité pour négocier avec quelques fournisseurs, il pénétra dans le temple en ruine de Rebena Tera, ce qu’il vit le stupéfia : de grandes parois ornées de milliers de graphes dont le sens lui échappait… et puis plus rien. Il se réveilla à l’entrée du temple avec une grosse bosse derrière le crâne. Il ne sut jamais ce qu’il s’était vraiment passé, mais avait la conviction qu’il avait eu une bonne étoile.
ADOLESCENCEA 13 ans, Jehan avait été envoyé chez messire d’Urbis, un riche seigneur de la Terre pour recevoir un enseignement militaire. Cette idée l’enchantait, il allait enfin pouvoir devenir un héros ! Plusieurs autres jeunes garçons suivirent la même formation, dont Mahreek, qui devint rapidement son meilleur ami. Ils apprirent à monter à cheval, le maniement des armes, le combat au corps à corps et même les bases de la stratégie militaire. Jehan était un très bon élève, sa soif d’apprendre étonnait ses professeurs et il progressait très rapidement.
Quelques années plus tard, Mahreek lui montra une autre facette de lui-même : sa soif de liberté, le besoin de ne pas suivre des règles imposées Tous deux firent de plus en plus régulièrement le mur pour rejoindre la ville à la nuit tombante, commencèrent à boire de l’alcool, à se battre avec des vauriens dans des rues mal famées, à fréquenter les lupanars et autres endroits de débauche. Mais cette nouvelle vie coûtait beaucoup d’argent - argent qu’ils se procuraient en commettant divers délits comme le vol ou les arnaques (plus ou moins bien ficelées). Les filles étaient devenues sa drogue et il ne se lassait pas de leurs caresses.
Un jour, il rencontre LA fille. Elle avait de longs cheveux blonds légèrement ondulés et de grands yeux verts en amande. Elle venait tout juste de fêter ses 16 ans et avait été promise au seigneur d’Urbis, de 35 ans son aîné. Sa beauté avait envouté le jeune homme, il se réjouissait lorsqu’il l’apercevait, ne serait-ce que quelques secondes. Il aurait aimé pouvoir la courtiser, mais cet amour était voué à l’échec : elle était issue d’une famille noble et venait de se marier à un homme à qui il devait sa formation militaire… et qu’il savait cruel envers ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin. Il se contenta donc de quelques paroles échangées au détour d’un couloir ou lorsqu’ils se croisaient dans le jardin, de quelques regards furtifs, de quelques sourires… Il avait la sensation d’étouffer, il en voulait plus…
Quelques mois après leur première rencontre, elle vint le trouver discrètement lors de son tour de garde et lui demanda de l’emmener « loin de ce château, loin de cet homme… », juste pour une heure ou deux… Il n’en revenait pas mais s’empressa de satisfaire la jeune femme, quittant son poste sans même réfléchir. Ils se promenèrent tout simplement le long d’une rivière, au clair de lune. Cette sortie fut la première d’une longue série. Ils se rapprochèrent jusqu’à devenir intimes puis amants. Il attendait avec excitation chacune de ces escapades secrètes, priant pour que le seigneur d’Urbis n’apprenne jamais la vérité. Leur relation était devenue tellement intense qu’il devenait moins attentif lors des cours ou missions ordonnées par le maître d’armes, ne songeant qu’à cette jeune beauté… Cela ne l’empêcha pas de terminer sa formation parmi les meilleurs.
AGE ADULTEJehan aurait pu entrer dans l’armée personnelle du seigneur d’Urbis à la fin de sa formation, mais refusa l’offre pourtant alléchante. Il connaissait les projets politiques du riche seigneur et savait qu’il allait s’engager dans une longue guerre contre de lointains voisins. Il ne supportait l’idée de s’éloigner de la belle - acceptant bien plus vite l’éloignement du mari de celle-ci !
Il recommença à travailler dans la boutique de son père : il s’occupait des négociations houleuses, et, avec un petit groupe d’hommes, de défendre les bijoux contre les bandits de grand chemin. Ce nouveau travail ne l’enchantait guerre mais lui laissait suffisamment de temps pour aller retrouver discrètement son aimée.
Un jour, sa vie bascula. Pour la première fois, la belle ne se rendit pas à leur rendez-vous secret. Elle ne donna aucun signe de vie ce jour là, ni les jours qui suivirent. Inquiet, il pénétra dans le château en espérant avoir le fin mot de cette histoire. Il n’attendit pas longtemps avant d’apercevoir son aimée accompagnée de son mari. Le seigneur d’Urbis le salua chaleureusement et lui demanda de ses nouvelles… Puis lui annonça avec un large sourire la terrible nouvelle : il allait devenir papa pour la toute première fois de sa vie… Jehan félicita le couple avec une effusion un peu surfaite puis se retira après avoir décliné gentiment l’invitation à dîner du seigneur d’Urbis, prétextant un long voyage à effectuer. La belle gardait les yeux baissés, n’osant affronter son regard et ne chercha pas à le retenir. Elle se contenta de chuchoter ces quelques mots : « Ne reviens jamais ». Jehan eut l’impression que son cœur se déchirait. Ces quelques mots firent tomber dans un abîme sans fond. Pendant plusieurs semaines il tenta de récupérer l’élue de son cœur, mais chacune de ses tentatives se brisèrent face à mur de froideur et de dédain.
Comme lorsqu’il était adolescent, il retrouva son ami Mahreek pour se plonger dans ce monde peuplé d’alcool, de filles faciles, de violences et de jeux. Mais cette fois, ce n’était plus pour tester ses limites… mais pour tenter d’oublier sa souffrance. Et puis cette vie devint son quotidien, un monde euphorique où tout lui était permis.
Jehan se souvient bien de l’année de ses 21 ans : il avait décidé avec Mahreek de rejoindre l’armée d’Aile Ténébreuse, ce nouveau souverain noir qui allait changer la face de Terra. Il constituait une armée pour s’imposer en force aux yeux de tous. Jehan et Mahreek faisaient partie des premières recrues. Ils furent chargés de trouver des sympathisants à la cause du démon pour gonfler les rangs de cette nouvelle armée. Leur mission dura 4 ans.
Ensuite, tout alla très vite.
Ils ne s’occupèrent pas de la conquête du ciel, mais participèrent à la prise de pouvoir sur le feu. Ils faisaient partie de la cavalerie. Lorsqu’ils rencontraient de la résistance, ils avaient pour ordre de bruler les maisons, de saccager les villages, de violer les femmes, de massacrer les hommes, de piller les lieux de culte… et c’est ce qu’ils firent avec délectation. Par la peur ou par la force, ils asservissaient ou massacraient les villes et villages qu’ils traversaient. Ils se transformèrent peu à peu en bêtes assoiffées de sang. Dans les premiers temps, Jehan été choqué par la violence et la cruauté de ses acolytes mais l’effet de groupe, la sensation de force, le nouveau pouvoir agirent rapidement sur lui. Il leur ressemblait. Les armées semaient la terreur et la désolation partout où ils passaient. Quelques fois, ils allaient plus loin dans l’atrocité, par jeu, pour faire pire que le voisin, pour impressionner… Ils se mirent à violer les femmes devant leurs maris, tuer des enfants devant leurs parents, émasculer des hommes, profaner des corps de femmes fraichement tuées, torturer des hommes et des femmes pendant des heures, enchaîner des familles au milieu de leur chambre avant d’y mettre le feu… et de nombreuses autres atrocités. Ils abusaient de l’alcool en racontant leurs exploits autour du feu le soir venu... et en riaient. Cette expédition dura un peu plus de 3 ans. Une fois les peuples du feu et de l’eau acquis à leur cause, ils furent chargés de surveiller et faire régner l’ordre dans certaines places fortes.
Sa vie reprenait un court un peu plus calme. Il pouvait enfin se poser et réfléchir… et c’est bien ce qui le tracassait. Les images des atrocités qu’il avait commises tournaient en boucle dans son esprit. Et cette fois, il ne s’en réjouissait plus… revivre incessamment ces instants lui étaient devenus insupportable. Comment avait-il fait pour « basculer » de la sorte, et en si peu de temps ? Les morts qu’il avait occis hantaient ses nuits, comme cette magnifique femme à la chevelure flamboyante qui s’était battue du mieux qu’elle pouvait jusqu’à son dernier souffle. Il avait été étonné par sa force et son courage, mais ne lui avait pourtant laissé aucune chance…
Il effectuait maintenant son travail sans aucune conviction, machinalement. Les jours qui se succédaient le transformaient en un être triste et froid, que rien ne pouvait plus attendrir. Il tua encore quelques rebelles récalcitrants, mais sans jamais y prendre plaisir, juste pour obéir aux ordres. Il devint solitaire, ne souhaitant plus voir personnes hormis dans le cadre de son travail… Quelques femmes faisaient bien sûr exception… mais ne réveillèrent aucuns sentiments, aucune passion.
En 110, il fut réquisitionné dans la cavalerie pour la campagne de la Terre. La mission était la même : tout détruire, faire des ravages partout où ils passent. Même si l'attrait pour la violence et la mort le gagnaient parfois, Jehan était différent maintenant. Souvent, il se battait, mais comme s’il était loin de son corps, il observait. Certains de ses anciens amis étaient devenus de véritables monstres… D’autres devaient l’être depuis le début – leur physique n’offrait que peu de doutes… En fin de journée, les champs de corps déchiquetés ou calcinés lui donnaient la nausée. La solution s’imposa à lui comme une évidence : il devait fuir ! Mais pour aller où? Plusieurs mois après, il déserta…
Il se cacha pendant plusieurs semaines, priant pour que ses anciens camarades ne remettent pas la main sur lui. Il en connaissait la sanction. Il erra de ville en ville, vendant certains de ses trésors de guerre pour subsister, escortait des voyageurs sur les chemins dangereux. En 111, il rentra à Arkham. Les membres restèrent pétrifiés en l’apercevant. Ils avaient appris le choix de carrière de Jehan : il ne faisait plus partie des leurs. En plus, ce n’était pas bon pour le commerce !
Il était seul désormais. Il vécu dans la montagne pendant deux années. Il se lança dans la restauration d’un temple abandonné en l’honneur de Yehadiel. Il se mit à vénérer le dieu en espérant qu’un jour il pourrait lui aussi enfermer son côté noir dans les limbes… Il pouvait réparer ses erreurs du passé en aidant les faibles et les opprimés, cela ne tenait qu’à lui. Mais serait-il capable de s’opposer à ses anciens amis ?
Le retour à la réalité s’avère bien plus difficile que prévu : son côté sombre reprit rapidement le dessus. Selon lui, la gentillesse et la générosité n’ont jamais nourri un homme. Il devait trouver un moyen de subsister. Il n’a connu que la guerre et la destruction, alors comment vivre autrement ?
Il commença par quelques combats de rue dans les bas-fonds de la cité. Il se fit rapidement repérer puis engager par un homme puissant du royaume de la Terre. Sa première mission fut d’empoisonner un petit politicien devenu gênant. Jehan créa lui-même le poison, à base de belladone et de jusquiame noire. (Pendant toutes ces années dans la montagne, Jehan avait eu le temps d’étudier les plantes médicinales, et s’était particulièrement intéressé aux drogues et aux poisons…). Quelques pièces suffirent à corrompre le cuisinier du politicien qui ajouta au potage du politicien une bonne dose du breuvage toxique. Les missions se succédèrent : intimidations, meurtres… et puis proxénétisme : son nouveau « Maître » aimait les femmes… Il se constitua petit à petit un réseau.
Un jour, il entendit parler de la « Confrérie des Brumes ». Ce fut comme une révélation. En faisant ce qu’il avait toujours fait, il pouvait avoir accès à la véritable lumière : la connaissance ! Il se dirigea aussitôt vers les plaines Mystiques...
En un peu plus d’un an, il avait fondé « le Nid aux Hirondelles », un lieu de détente et d’épanchement des sens pour des hommes prêts à y mettre le prix. L’établissement connait actuellement un succès grandissant et rapporte beaucoup d’argent... En arrière boutique, Jehan écoule quelques stocks de contrebande : drogues, poisons et armes.
En 114, la guerre des pro-AT contre les rebelles s’acheva par la défaite de ces derniers. Cette nouvelle aurait du le ravir, car ce régime de la peur est bon pour son commerce et lui permettra d’écouler plus facilement son stock, mais quelque chose en lui refusait le plaisir de cette victoire. Il n’est plus comme
eux…"
- Citation :
- Raconte ton retour à la maison auprès de tes proches -suite à ta désertion de l'armée- et le rejet qu'ils t'opposent alors. Tu insisteras sur ton ressenti des choses et ce que tu décides de faire en conséquence (vivre isolé dans la Montagne...etc).