Foam. Une destination étrange pour une Elfe et son Familier. Mais peu importait à Alys et Heylë, car ils étaient partis recruter pour la guilde de mercenaires que Voyl, le compagnon d'Alys, avait créé avec son aide. Le nouveau bras droit qu'était Alys avait donc décidé de parcourir le monde, à la recherche de personnes qui correspondaient au profil recherché par la guilde. Heylë, son Familier renard, avait décidé de la suivre. C'est vrai quoi, il n'avait jamais autant voyagé de sa vie, et il en était heureux. Depuis que sa maîtresse lui avait dit de se remettre à chasser tout seul, il s'en donnait à cœur joie, avec tous les lièvres qui passaient à portée. En plus, quand ils s'arrêtaient près d'une rivière, il s'amusait à pêcher le poisson pour Alys en faisant comme frère Ours, avant de faire à sa manière. Parce que frère Ours était beaucoup plus gros, donc plus puissant, que lui pour assommer le poisson.


Depuis trois jours maintenant, ils arpentaient le pays de Montagne, et avaient atterri à Foam. Ils étaient loin de se douter que quelque chose n'allait pas, même si Heylë étaient devenu méfiant presque du jour au lendemain. Une sensation de peur, d'inquiétude ? Il ne saurait le dire, mais sa maîtresse le rassurait toujours. Ils tombèrent sur deux personnes, elles aussi en voyage, et cette fois, Heylë gronda. Il sentait que le vent allait tourner pour eux...

Spoiler:

Heylë continua de gronder en voyant l'un des deux voyageurs, celui qui avait l'air d'être le plus atteint psychologiquement, s'approcher en marmonnant :

M ... Manger ...

Alys fronça les sourcils quand le voyageur lança :

Vous ... je ... je crève la dalle, vous voulez bien que j'vous ... torture !?

Le renard roux se planta devant Alys, toujours en grondant. Bon, d'accord, ce gus l'effrayait, autant qu'il effrayait sa maîtresse, mais il ne le laisserait pas toucher à un seul des cheveux bleus de son amie humanoïde. Et Alys ne permettrait jamais qu'on touche à un seul des poils de roux de son ami à quatre pattes. Le voyageur regarda Heylë :

Toi ... je vais commencer par toi ...

Ok, pensa le renard. Celui-là était vraiment frappadingue. Il resta focalisé sur le canidé un moment, avant de recevoir un caillou de son copain et de lancer à Alys qui n'avait pas bougé :

TOI ! J'SUIS SUR QUE TU VAS PAS ME LAISSER LE BOUFFER !

L'Elfe durcit son regard et répliqua avec calme et froideur :

Non, en effet. Nous n'avions aucune intention de te faire du mal, mais si tu insistes, nous nous battrons.

Heylë regarda le voyageur planter son épée dans le sol et dire, tel un enfant qui boude :

Pourquoi personne ne veut mon bien ! C'est injuste !

Son collègue se frappa le front ; au moins, lui se rendait compte que son pote était complètement fou. Il lui manquait sûrement plus d'un boulon à son cerveau... Alys se mit en position, prête à allumer sa magie de terre. Car il n'était pas question d'utiliser son arc, du moins pour l'instant.

Alys comme Heylë furent surpris par la réponse de leur interlocuteur :

C'est ... C'est vrai ? Tu ne veux pas me tuer ?

Le renard était abasourdi. Ce gus venait de changer de comportement en l'espace de deux secondes. La preuve, il tendit des baies à Heylë en déclarant :

Je m'appelle Vanitas, et lui derrière-moi c'est Kiki ! Ravis de vous rencontrer !

Ledit Kiki sort de sa cachette, l'air peu rassuré. Alys décida de se présenter à son tour, par simple politesse :

Enchantée, je m'appelle Alys. Et voici Heylë, mon Familier.

Heylë renifla les baies et les dédaigna : décidément, ce gars-là n'était pas net. Mais alors pas du tout. Il recula près de sa maîtresse et se remit à gronder. L'Elfe sentait que son renard n'était pas en confiance, et elle ne l'était pas non plus. Aussi garda-t-elle sa magie à portée, en espérant ne pas avoir à l'utiliser.

Les pauvres bougres ne se rendaient pas compte de leurs actions. Il était rare, voire exceptionnel que le gamin leur offrent une occasion de ... comment dire ... ne pas se battre. Étaient-ils fou ? Ou malin ? Car oui, tout cela n'était que comédie ! Je le connais depuis longtemps, et même si sa réaction m'a au début surpris, j'ai très vite compris ce qu'il comptait faire. Oui, son sourire en coin le trahissait ! Sans doute espérait-il que la jeune femme soit prise de compassion pour lui, mais elle restait sur ses gardes, et même si elle eut la décence de se présenter, le comportement du renard acheva le peu de contrôle qu'avait mon maître.



Il avait l'air gentil, enfin ... comme moi quoi ! Il était dommage qu'il risque de perdre la vie juste pour des baies ! Mais il était trop tard, le discret sourire de Vanitas fit place à son sourire carnassier.


Le gamin se releva d'une traite, saisissant dans la foulée de la terre dans sa main, qu'il lança aussitôt au visage de la jeune elfe. Ne prenant pas le temps de regarder si la diversion avait fonctionné, il se saisit de Clavis Vacuum et s'élança à toute vitesse vers la gamine, profitant du fait qu'elle soit désarmée pour lui porter un coup d'épée diagonale. Le garçon ne connaissait pas encore les capacités magiques de l'elfe, mais il était convaincu qu'elle ne pourrait à la fois esquiver et riposter. De plus, le vide se trouvait la jeune femme, aussi il n'existait aucun échappatoire possible !

Vu la tête que tirait Vanitas quand Heylë refusa les baies, le canidé comprit un peu tard que l'affrontement serait inévitable. Leur adversaire marmonna :

Il ... il ne veut pas mes baies ... Il ... il a refu ... refusé mes baies ... IL A REFUSÉ MES BAIES

Alys déglutit : cette fois, il attaquera. La preuve, il lui envoya une poignée de terre dans le visage avant de se jeter sur elle, épée en avant. Elle se protégea le visage d'un bras, et réussit à envoyer son poing dans l'estomac de Vanitas. Heylë, lui, se retrouva derrière le garçon et lui mordit l'arrière-train avant de reculer, en grondant. Il ne le laisserait pas toucher à son amie à deux pattes sans réagir, non mais oh !

Alys recula elle aussi, profitant de la diversion de son renard roux, attrapa son arc et envoya une flèche qui alla se ficher dans l'épaule de son adversaire. Elle rangea ensuite son arc et envoya une décharge de magie dans le sol, qui fit apparaître une faille sous Vanitas avant qu'une liane, s'enroulant autour de ses chevilles, ne l'entraîne assez haut. S'en sortira-t-il ?

Alys espérait au fond d'elle-même que Vanitas ne s'en sortirait pas indemne de cet accrochage imprévu. Mais ça, c'était sans compter sur la nature du garçon. Il n'était pas humain, du moins pas seulement, puisqu'il réussit à retomber sur ses pattes, tel un chat. L'Elfe déglutit : son adversaire n'avait clairement pas envie de rire.

Heylë voulut le remordre, mais Kiki, le collègue de Vanitas - quel nom étrange d'ailleurs, pour un humanoïde - se jeta sur lui pour l'immobiliser. Alys le remarqua, et au moment où elle décida d'aller porter secours à son Familier, Vanitas lui envoya aux pieds une boule de feu obscure qui, en tombant sur le sol, souleva un nuage de poussière qui handicapa l'Elfe un moment, la forçant à mettre un bras devant ses yeux. Quand elle releva la tête, elle vit Vanitas prêt à lui trancher le crâne. Elle voulut esquiver sur le côté droit, mais quelque chose lui faucha les pieds. Alys tomba, mais se rattrapa d'une roulade qui la ramena sur ses pieds. Pour se rendre compte qu'elle aurait mieux fait de rester à terre.

L'Elfe vit une autre boule de feu obscure lui percuter le visage, et poussa un cri de douleur, baissant sa garde. Profitant des quelques secondes durant lesquelles elle fut déstabilisée, Vanitas lui effectua un coup de pied circulaire au visage, dont le contact la fit quelque peu tituber. Alys ouvrit ainsi, bien involontairement, une ouverture sur son dos. Pendant qu'elle reprenait ses esprits, elle sentit qu'il essayait de lui retirer son carquois, mais ne réussit pas à prendre toutes les flèches. Il lui envoya alors un coup de pied dans l'arrière-train, l'éloignant pas mal de lui. Alys se rattrapa sur les mains, se les écorchant un peu.

Maintenant, elle savait qu'elle ne pourrait l'avoir par surprise avec sa magie de terre, surtout que sa dernière utilisation, quelques instants plus tôt, lui avait pris pas mal d'énergie. Et utiliser la dizaine de flèches qui lui restait, il devait s'y attendre également. Elle se releva, cherchant un moyen de répliquer, quand elle vit Heylë s'échapper de l'étreinte de Kiki, lui arrachant un bras au passage, et se ruer à nouveau sur Vanitas, lui tombant dessus par derrière, permettant à son amie à deux pattes d'encocher plusieurs flèches, menaçant Vanitas. La prochaine balle sera peut-être à son avantage, mais Vanitas avait l'air d'avoir plus d'une corde à son arc...

Alys bénit l'arrivée de son renard lorsqu'il bouscula Vanitas avant de lui mordre le bras. Elle tira deux premières flèches vers son adversaire, qu'il évita tout en cherchant à faire lâcher prise au canidé roux. Quand il en eut assez de le secouer pour le faire lâcher, il utilisa la même boule de feu obscure qu'il avait usée avec Alys quelques instants plus tôt. L'Elfe sentit la douleur qui prenait Heylë, mais celui-ci tint bon. Elle visa alors les côtes de son adversaire, mais ce fut Kiki qui prit la flèche en pleine gorge. Vanitas se libéra des crocs d'Heylë, qui repartit, tout noir à présent, vers sa maîtresse.

Malgré le pincement au cœur que cela lui faisait de tuer un être vivant, Alys ne baissa pas son arc. Elle avait mal, Heylë aussi, mais ils ne renonceraient pas. Autant continuer le combat jusqu'au bout. Elle garda Vanitas en joue pendant qu'il prenait le corps de Kiki comme bouclier. Heylë voudrait bien refaire le tour et lui mordre à nouveau le derrière, mais deux fois il lui faisait le coup, une troisième ne marcherait peut-être pas... Et puis bon, cette foutue boule de feu obscure l'avait bien amoché, et lui faisait sincèrement mal. Il se contenta donc de grogner avant de repérer un morceau qui dépassait du bouclier improvisé : la cheville. Il s'écarta donc en faisant un léger signe à sa maîtresse, qui comprit. Détourner l'attention de Vanitas, ça devrait être facile. Elle tira donc sur Vanitas, pendant qu'Heylë se glissait derrière lui pour lui mordre la cheville. Il le mordit allègrement, en espérant qu'Alys continuait à tirer sur Vanitas. Même s'il ignorait ce qu'il allait se passer ensuite.

Pendant qu'il mordillait - oui, mordre vraiment était devenu difficile pour Heylë, à cause de ses brûlures - la cheville de Vanitas, le canidé se rendit compte, alors que sa proie se traînait derrière une grosse racine de la plante qu'Alys avait fait pousser quelques instants plus tôt, que de ses blessures suintait une fumée noire, au point que la vision de son amie à deux pattes était compromise. Il décida donc de la rejoindre, mais Vanitas l'envoya valser contre la plante. Il se releva en grognant, mais en voyant Vanitas, il boitilla jusqu'à Alys.

L'Elfe garda son arc rivé sur l'endroit où Vanitas s'était réfugié. Il ne lui restait qu'une dizaine de flèches, il faudrait qu'elle surveille son arsenal plus sérieusement. Elle encocha une flèche dans la corde de son arc et visa le creux où son adversaire s'était réfugié. Au-dessus d'elle, le ciel s'assombrissait, laissant place à un temps orageux. Le souffle court, elle attendit qu'il montre un peu sa tête pour tirer, avant d'encocher une nouvelle flèche. L'heure finale allait bientôt sonner...

La nuit submergea le lieu du combat aussi rapidement que l'aigle en chasse. Le tonnerre grondait, mais pas d'éclair. Du moins pour l'instant. L'Elfe sentit que le vent tournait, et garda son arc prêt à l'emploi. Car dans cette nuit noire, il lui était impossible de distinguer quoi que ce soit, même pas Heylë qui pourtant se trouvait près d'elle. Le pire dans tout ça, c'était que sa cible s'était fondue dans la nuit, lui rendant la tâche encore plus difficile. Déjà qu'elle avait du mal à le calmer...

Soudain, elle sentit que quelque chose l'oppressait, comme un étau. Un étau de peur. Elle vit devant elle le lieu de sa naissance en proie aux flammes ; ses frères Elfes devenus des torches qui se consumaient devant elle, en se tordant et hurlant de douleur ; ses proches, tous morts, des pires manières possibles qu'elle ne saurait les décrire sans se mettre à trembler, voire à hurler. Un voile passa devant ses yeux, en même temps qu'elle lâchait son arc et la flèche qu'elle avait encochée et qu'elle hurlait, de douleur et de peur. Elle sentit que quelque chose s’agrippait à elle et l'embrasait, la faisant tomber à genoux et hurler :

Pitié ! Faites que cela cesse !

Heylë, qui lui ne subissait pas ce que sa maîtresse vivait, voulut l'aider à revenir sur terre, à quitter ce cauchemar. Mais comment ? A part en la mordant - après tout, les humains se pinçaient bien entre eux quand ils croyaient rêver -, il ne voyait pas... Oh et puis zut, tant pis, il y aurait les marques des dents sur l'avant-bras d'Alys, mais il fallait guérir le mal par le mal. Il mordit donc son amie, qui poussa un long cri avant de tomber à terre, épuisée. L'Elfe ne voyait plus rien, n'entendait plus rien. Elle n'était plus rien d'autre qu'une coquille vide.