Perdu

Sous le réseau des péchés infernaux,
Voyez cet homme qui, par tout maux,
Arrache à la vie tant d'êtres bons
Au nom d'une patrie sans nom.

Dans l'empire d'un de ces péchés,
Voici que ce déchainé vient détrôner
L'homme aux mille âmes en valeur,
Bien que malgré tout il reste un tueur.

Poussé par d'amplement louables volontés
Ce sublime démon vient, sur sa lame, briser
Tant de rêves et d'espoirs aimé des vivants,
Qui s'envole, tels des pétales dans le vent.

Et sous la puissance d'un Damoclès bestial,
L'être humain se terre avec le Graal
Que vient chercher ce saint dénaturé
Et pour lequel sa conscience fut abandonné.

Même devant des armées ce fou ne s'arrête,
Galopant vers la victoire là où d'autres auraient pertes,
Et plongeant dans les coeurs le froid de sa pensée
Nombres de ses ennemis viennent à se pétrifier.

Cet archange maudit traverse de nouvelles ruines
Quand face à lui arrive encore d'autres vermines.
Et, dans sa rage, ce déchus tue un être dont les sanglots
Lui font prendre conscience de tout les coups en trop.

Ainsi ce coléreux paladin était exorcisé de sa haine
Agenouillé près d'un corps dont l'expression saine
Montre toute la douleur qu'elle ressent face au dément
Qui toujours la rechercha, et la tua, ayant oublié sa vie d'amant.

Les arcs argentés se multiplient sous mes yeux,
Une expiation, nous a-t-on dit des cieux.
Une terre lunaire se défile sous mes pas.
Une nouvelle année s'éveille sous un carnage froid.

Un lys apparaît au milieu du chiendent.
Impossible à arrêter, petit être tremblant.
Fragile blancheur au milieu du vermeil,
Petite lune sous le plomb de l'énorme soleil.

Une course effrénée vers cette timide pâleur.
Une course enragée pour la vaporeuse fleur.
Qui, innocente, dans cette horreur enchaînée,
Ne peut avoir d'autre fin que l'éternité.

L'atteinte du but est proche, la peur dans mes yeux.
Un de ces chiens de métal dont les griffes toucheraient les dieux,
Lentement abaisse ses crocs sur le pâle enfant.
Et vermeil moqueuse de nouveau s'étend.

Le pur lys s'effondre au creux de mes bras.
Ses pétales silencieusement se posent entre mes mains,
Et tandis que le dogue de fer s'affale raide et froid,
Un triste sourire sur tes lèvres me vide, enfant sans lendemain.

Je t'abandonne ici, aux milieux de ces juggernauts infâmes,
Petite demoiselle, je serais ton jumeau, unique carcasse sans âme.
Je t'embrasse une dernière fois, jeune lune silencieuse.
Jamais je n'oublierai la belle, la pure, l'innocente, la sainte fleur nébuleuse.

Lucidité

Une lune de sang surplombe ce monde,
Telle une carcasse mouvante sur les ondes.
Baignant de toute sa lueur morbide l'étrange cité,
Qui se développe sous mes yeux effarés.

Ses immeubles de fer noirs s'étendent vers les cieux,
Touchant presque l'astre rougeoyant des dieux.
Ses habitants livides, tels des morts l'arpentent.
La terrible ville des nuits éternelles devient choquante.

Je marche au milieu de ces cadavres ambulants.
Sur ces chemins de pierre, énormes serpents.
Mouvant au milieu de ces édifices d'opale,
Ces routes sentent la mort tels d'ignobles crotales.

Tandis que je me déplace, entouré d'obsidienne,
Peu à peu ma vue s'habitue à la puissante obscurité,
Et l'horreur qui me prit fut difficile à contrôler.
Ce que je vois maintenant risque de m'annihiler.

Ces monuments suintent l'élixir vital.
La potence vient remplacer l'ancienne pierre tombale.
Et leurs habitants qui n'ont pas moindre valeur,
Sentent à des mètres cette sensation tenace, la peur !

J'arrive ,éprouvé, à la fin des dalles d'érains.
Sortie de la ville, à nouveau voyageur,
J'avance jusqu'à l'objet qui me barre le chemin.
Mon nom, une pierre, la faucheuse rit de bon cœur.

C'est la fin du parcours,
Une lame, m'a rendu le souffle court !

L'âme en paix

Je suis à terre,
Las de résister, maintenu par quelques valeurs, pauvre hère,
Immobile, paralysé, sans pouvoir toucher à cette bataille.
Cette belle, profonde, et pourpre rose de fer, d'où me vient tant de mal .

Une rage sans précédent se fait présente.
Des hommes face à moi s'affalent, amis, proches, parents,
Et il semble qu'à mon instar ils les sentent !
Ces doux moments de notre vie qui finissent par être absents.

Peu à peu, la mémoire me quitte.
Ce rappel de souvenir me devient de plus en plus douloureux,
Pourtant un seul sentiment toujours m'habite,
L'honneur, alors qu'à côté de moi tombent encore d'autres valeureux .

Commence maintenant la perte de mes sens,
Seule la vue subsiste malgré quelques changements, sans conséquences !
Le rouge a disparu, au cadre de mes yeux,
Tel l'ombre mortuaire évanouie de ces combats ennuyeux.

Enfin, je peux me lever.
Tranquillement, au milieu des cadavres, je me mets à déambuler.
Voilà un nouveau qui veut recommencer la sombre sentence,
Et fin d'une autre vie . Quelle différence ?

Une lumière apparaît cinq mètres devant moi,
Une silhouette s'en détache, me tendant les bras.
Comment ne pas résister, à un si bel appel ?
J'avance vers elle, et lui prend la main, frêle .

C'est ... si beau, ... si calme
Et d'une profonde pureté .
Rien à voir, avec le chaos de notre monde !

Jalousie

Rouge.
Ce rouge des roses sublimes du petit matin.
Celui qui tombe sans cesse sur ces calmes villages,
Et qui effleure doucement les paumes de mes mains.

Elle, pleurant face à moi,
Avec ces larmes qui chez n'importe qui provoquerait l'émoi.
Mais qui pour l'instant ne me font pas grand-chose,
Pendant qu'au-dessous de nous des milliers d'âmes reposent.

Elle la sent, cette longue lame qui doucement s'étend,
Au creux de sa poitrine de déesse.
Au milieu de la vie de cette Vénus aux vingt printemps.
Et dont la pâleur se fait happer par l'obscurité épaisse .

Quelle fragile et sublime perle nacrée,
Dont les quelques rougeurs sur sa forme inégalée,
Ne la font que se rendre plus précieuse.
A un tel point magnifique et divine, éternellement merveilleuse.

Si belle, si froide.
Magnifiques enfants d'une vie de peu de printemps,
Effacés par la triste lame de l'hivernal vide.
Douce vierge, jamais ne t'atteindra plus le temps.

Pourquoi encore de telles larmes ?
Alors que tranquillement je laisse glisser mon arme,
Jusqu'à ce que mon poing atteigne ta chair glacée.
Et t'ôte définitivement la vie, belle acharnée.

Perséphone à jamais jalousée,
Arrachée à la vie sans avoir pu rêver,
Je ne puis jamais te pardonner !

Ordre Unique

Une petite voix fluette, doucement, se fait entendre.
Petit élan fragile d'une jeune enfant au cœur tendre.
Appel à l'aide destiné à quelques personnes charitables.
Espoir inutile, car il n'en existe aucun de semblable.

Dix voix viennent s'ajouter à celle du triste enfant,
Mince écho, équilibre évidemment tremblant.
Mais tant de sentiments incarnés dans cette petite voix,
Vaut la peine d'être écouté, ainsi en aurais-je foi.

L'accumulation se fait de plus en plus grande,
La tristesse en émanant est de moins en moins tendre.
La fillette rassurée laisse aller sa voix au loin,
Un appel fragile devient une demande sans fin.

Et cette demande, traversant l'horizon devient chant,
Un chant cristallin lié aux sentiments les moins cléments.
Un chant d'une telle beauté, tel qu'Ondine ne pourrait rivaliser.
Tendre enfant, arrête-toi, je ne saurais te blesser.

Un chœur !
D'une limpidité et d'une grandeur sans valeur.
Une véritable symphonie capable à elle seule de souder l'être humain.
Un joyau d'un incomparable sublime se forme en les moins vils mains.

Le monde, unifié en un seul et grand moment,
Mais même ainsi je ne puis t'aider un seul instant.
Je ne voulais point te faire du mal, mais en continuant tes espoirs,
Tu n'as fait que plonger ton corps dans ces pensées noires.

Tard, drapé, je me tourne vers toi,
Petite figure blême, aux lèvres bleuies par le froid.
J'ai décidé de t'aider, malgré les lois inverses à cet honneur,
Ce chant que tu m'as envoyé, je te le rends, pour effacer tes malheurs.

Bal Terrestre

Assise, seule, aux bordures de la salle de danse,
J'entends l'archer s'élancer en une rapide cadence.
Une nuée de masques apparaissent alors face à moi,
Les drapés se balancent puis s'effacent pas à pas.

Triste danse, silencieuse,
A quatre pas, houleuse.
Bel échange, élan de soie,
Musique véloce, provoque l'émoi.

Les masques s'assombrissent au fur et à mesure,
La plupart commence à suppurer de leurs vilaines éraflures,
Tandis que d'autres tels des démons aux sourires macabres,
Commencent à s'esclaffer du résultat de leurs idées bestiales.

Les couples peu à peu se meurent et se brisent.
Réglés trop rapidement, n'étant qu'à la mort soumis,
La rage m'étreint, tandis que le ténébreux liquide s'écoule.
Un équilibre restreint, désormais sans attaches, s'écroule.

Une affaire de famille, et cinquante innocents.
Les larmes s'écoulent derrière les masques s'affaissant.
Les hommes et les femmes meurent désormais loin de l'autre,
Ne laissant nul place à la pitié, telle est la triste loi qui est vôtre.

Apprenez à ne jamais toucher aux affaires de la mort !
Désormais je me lève et indigné encore,
J'ôte la vie à tous ces ignobles triomphants,
Abominables organisateurs d'une tuerie sans fondements.

Ainsi meurent les voix de l'humanité,
Vies injustement volées,
Ainsi disparaissent les voix des orgueilleux,
L'Ankou leur a octroyé le châtiment des Dieux !

Errance

Une pluie torrentielle s'abat sur mes épaules.
Voilà des années que sous ce don du ciel je rôde.
Voyageant dans des contrées où elle n'aurait pu exister,
Dans d'autres où on s'efforçait de l'oublier.

J'entraperçois au loin la présence de ces êtres,
Ils sont pour moi ma seule famille,
Je ne suis pour eux qu'un ancêtre,
Qui n'apparaît, tranquille, que quelques heures,
Pour retourner, sordide, dans une nuit d'encre sans cœur !

Voilà je vois cet âtre,
Il doit faire bon à l'intérieur, tant mieux,
Car je ne permettrai autre traitement,
Pour ceux qui me considèrent comme un aïeul.

Je suis heureux de les voir grandir,
Mes yeux de grand-père ne voient en eux aucun martyr.
Je les vois évoluer dans cette grande maisonnée,
Et sous cette pluie éternelle je me sens réchauffé.

Ils s'amusent, rient, exigent leurs petits plaisirs de la vie,
Discutant ensemble de leurs petits élans de joie,
Ainsi que de leurs malheurs, plus grands cette fois .

Ils m'attendrissent tous, ces jeunes marmots,
Joyeux de vivre, loin d'être désespérés,
Toujours présents s'il s'agit de s'amuser.

Un fluide invisible se répand sur mes joues.
Et sous cette pluie divine qui tente de me rompre le cou,
Je me détourne de cette sublime maisonnée,
Enfant au cœur de grand-père, je m'enfonce au loin pour oublier !

Adieu

A toi jeune fille qui ce soir,
Tel l'oiseau nocturne qui tôt se réveille,
se retrouve ébahie, à mes pieds, vermeils,
Et trop belle, pour ce dernier au revoir.

Toi, la beauté habillée des rouges coquelicots,
Que j'ai adorée telle l'Ecate sulfureuse,
Et détestée telle la dernière des voleuses,
Je t'offre le désespoir libérateur de l'échafaud.

Sens-tu les affres divins de la douleur ?
Sens-tu le déni progressif que te voue la chaleur ?
Sens-tu ce qui lentement entache ta pâleur ?
Sens-tu l'empire déifique que je veux sur ton cœur ?

Tu es mon unique perle noire,
Mon trésor, ma déesse, mon unique espoir,
Toi, jeune fille, que je veux, et qui est, éternellement mienne,
Je t'enlève à jamais pour que toujours tu me dédies cette haine.

Je te vois te débattre farouchement pour ta vie,
Effort admirable, mais malheureusement inefficace face à tes deux ennemis,
Qui l'un t'emmène et l'autre te regarde, joyeux, disparaître,
Participant à l'ignoble viol de l'intégrité de ton être.

Jeune fille, charmante déesse,
Au nom du plus sadique des amours tu fus tuée.
J'espère que rapidement le paradis t'ouvre ses herses,
Que tu puisse là-bas te reposer, tranquille et apaisée !

A ceux qui ne comprennent l'amour,
Disparaissez enfin, pour toujours.
Et cloîtrez-vous dans vos geôles de haine, de douleur, et de peine !

Charon

Un nectar d'une pure beauté,
Une ambroisie divine aux reflets écarlates,
S'engouffrent jusqu'au fond du fleuve sacré .
L'Achéron rougit sous cette pièce sans entracte .

Ils l'appellent guerre, et c'est leur jeu favori .
Et c'est grâce à elle que vient ici tant de vie .
Cette passerelle funeste en envoie tant par jour,
Que l'on pourrait croire à un superbe calembour .

Vous ne vivez déjà pas vieux, alors pourquoi cette haine ?
Pourquoi tant de tueries, pourquoi cette Géhenne ?
Nourrissons, mères, veuves, vieillard et innocents,
N'ont-ils pas mérité un châtiment plus clément ?

Races humaines, vous me débectez ,
Non contents déjà ainsi de vous exterminer,
Vous voulez aussi vous en prendre à votre terre sacrée,
Qui depuis les temps immémoriaux vous a bercés .

Regardez-vous en face, et quelle différence ?
Ne pouvez-vous donc pas éviter une même sentence ?
Ne pouvez-vous donc pas arrêter tant de peine ?
Fuir, s'en aller, et rejoindre ceux qui encore vous aiment !

Vous ne pouvez, sotte espèce !
On ne vous a pas appris à réfléchir par vous-même.
Et c'est pourquoi encore, sur ce radeau miteux,
Je dois chercher les nouveaux descendus des cieux.

Enfants, femmes, vingts morts sur les bras.
Et enfin je me décide à repartir sur la houle,
Avec tous ces innocents délaissés à bord,
Tandis que mes larmes coulent !

Illusions

RIEN !
La personne qui me parlait vient de disparaître,
Laissant à sa place un long chemin .
Autour de moi un étrange lieu vient de naître .

Je me retourne et en ma face blême,
Le chemin se présente à moi, exactement pareil .
Et j'avance depuis des heures sans aucun problème,
Par terre n'a changé qu'une seule dalle, et la fatigue m'offre sommeil .

Désormais la dalle est unique sur un chemin de fer .
Et tandis que je me lève d'un difficile réveil,
Un être étrange se met à danser devant moi,
Habillé de sombres corneilles, apparues de ses doigts .

Le lieu qui m'entoure est parfaitement onirique .
Des cristaux de glace opales recouvrent les murs .
Et l'être de rêve devient tristement statique,
Pour disparaître avec les corneilles, en reste de la sciure .

Et maintenant les cristaux s'effondrent sur ma tête .
Terrifié je ferme les yeux ne voulant voir cette sentence funeste,
Mais une énorme chaleur instantanément me couvre,
Et le terrible désert défile sous mes yeux qui se rouvrent.

Des jours sous le sableux enfer,
Et je tombe définitivement sous la chaleur du plomb solaire .
Englouti par le noir, je me fais avaler par ce goudron macabre .
Le paradis m'ouvre ses portes, un lutin me parle, en face d'un arbre .

Un chemin, une chambre glaciale, un désert interminable ...
Illusion suprême et fatale !

Crocs nocturnes

Un être, dans la nuit sombre,
D'une pâleur à l'inverse aux ténèbres de ce monde,
Et dont l'élégance fait jalouser l'astre lunaire,
Marche illégalement sur la surface de la terre.

Un prédateur à l'affût qui se déplace sous les rayons.
Homme déchu dont tout le monde tait le nom.
Figure des peurs humaines et animales,
Cherche sa proie sous la roche ancestrale.

Elle vit une ombre dans un coin.
Apeurée elle ne put bouger durant un moment infini,
Brisée par l'apparition du Vénus masculin,
Dont elle ne put détacher le regard, hypnotisée par ce messie.

Par de mouvements félins, le survivant atteint le lit,
Où se trouve couchée la femme dont il a envie.
Cette dame qui s'était relevée, atteinte par le charme,
De l'être mort-vivant aux perçantes armes.

Il l'a prise, d'une main derrière le dos, de l'autre caressant sa joue,
Approchant tendrement ses fines lèvres du tendre cou,
Et après un baiser fugace planta ses crocs dans la chair,
Retirant l'ambroisie vitale au corps frêle, un Nirvana en Enfer.

Il disparut dans l'ombre, laissant le corps exsangue,
Et se retrancha dans l'ébène avant que l'Aube pointe.
Le Nosferatu passa alors, sur ses dents rougies, sa langue,
Pensant au vermeil élixir qui lui offre sur ce monde une empreinte.

L'être immortel s'endort.
Pour qu'une nuit encore
Il puisse s'élever, et chasser un autre corps.

L'immortel

Que de peines, de haines, de larmes et de fureurs,
Traversant mes yeux durant ces millénaires de labeurs.
Des vies gâchées, brûlées dans de fallacieuses traîtrises,
Pour permettre aux puissances d'augmenter la mise.

Je ne vois que carnages et outrages à la surface de ce monde,
De cette terre fourbe qui fut anciennement féconde,
Mais qui désormais est comparable aux déserts arides et brûlants,
C'est devenu un lieu déchu, en dehors de tout rang !

De l'acier, du béton, du bois coupé et de la peur,
Maintiennent dans un équilibre précaire les abris de votre torpeur.
Et les cris terrestres s'en échappant sont dans mon cœur une tranchée,
Dont les souffrances extirpées sont une sentence inexpliquée !

Je suis l'unique voyageur aux milieu de ces carcasses grises,
Penchées et chancelantes tels des tours de Pise,
Qui s'effondrent peu à peu, lentement, dans la pénombre,
S'effaçant dans la mer telle la terminaison d'une onde .

J'ai vu tant de fois cette rage bestiale faire œuvre,
Et tel le châtiment du diable, ou l'étreinte d'une couleuvre,
S'enrouler autour de notre pensée, s'y faisant une place reine,
Pour finalement supplanter nos sentiments, n'y laissant qu'haine !

C'est dans le déni que j'ai enfin compris ,
Que le monde était fou, et que j'en étais le seul sorti.
Le corps immergé, mais calfeutré face à ces élans barbares,
Contre lesquels je dus résister et n'eus plus à les revoir.

J'atteins la fin de mon tortueux chemin,
Et face au monument de mon recueil je joins les mains,
Priant silencieusement pour les âmes blessées,
Face à cette mer rouge et brillante que j'eus préféré oublier !

Mort maladive

Je suis une vomissure, les restes d'un rejet violent,
D'un dieu malade et empesté d'un quelconque mal,
Dont reste autour de moi de puissants relents,
Faisant de moi un porteur de cette malédiction virale.

Une abomination mortuaire, une horreur infectieuse.
Je représente une gangrène, une peste odieuse,
Une maladie à l'âme, terrible, et avilissante,
Dont je reste le plus bel exemple, une créature errante.

Les pires terreurs humaines sont face à moi, douceurs,
Moi, l'ignominie qui déchirerait goulûment votre cœur.
Virus dévorant corps et âmes dans la plus grande haine possible,
Non, peurs et tristesses ne sont rien face à ma terrible idylle.

Je suis une carcasse de déchets marchant sur terre,
L'être blasphématoire qui cache sa personne sous de pâles sagesses,
La douleur, personnifiée en une entité rongeant même la pierre,
Et qui, en toute couverture, porte une chape de terreurs épaisses.

Je ne suis, ni ombre, ni sensations, ni sentiments,
Vous ne pouvez, à mon instar, espérer que je disparaisse violemment,
Car je suis et resterai un refus humain, poursuivant un but égal.
Une annihilation, complète, idéale, totale !

Je suis une putréfaction profonde, un immondice noirâtre,
Réfugié dans un lieu purulent et suintant d'une douleur infâme,
Comme me baignant au milieu d'une eau profonde et saumâtre .
Je reste une haine divine, punition dont vous garderez toujours le blâme.

Je pourris du plus profond de mon être.
Et en tant qu'émissaire de cette pourriture, je ne souhaite renaître !