▲ Accueillant ▲ Intelligent ▲ Stratège ▲ Érudit ▲ Pragmatique ▲ Persuasif ▲ Charismatique ▲ Sérieux ▲ Bienveillant en apparence ▲ Calme ▲ Paternaliste ▲ Courtois ▲ Respectueux ▲ Pondéré
▼ Lunatique ▼ Autoritaire ▼ Élitiste ▼ Sadique ▼ Calculateur ▼ Prédateur ▼ Froid ▼ Égoïste ▼ Orgueilleux ▼ Condescendant ▼ Opportuniste ▼ Solitaire ▼ Exigeant ▼ Sans remords ▼ Acerbe ▼Misanthrope
☼ Aveugle de naissance ☼ Talent d'orateur ☼ Hédoniste ☼ Maître dans le maniement des lames ☼ Faiblesse à la lumière du jour ☼ Vigneron réputé ☼ Mémoire eidétique (Hypermnésie) ☼ Doué d'écholocation ☼ Vampire millénaire ☼ Trafiquant d'êtres humains ☼ Assassin à ses heures ☼ Expert en torture ☼ Forte capacité d'analyse ☼ Excellent menteur et bluffeur ☼ Directeur du centre d'accueil pour non-voyants ☼ Dirigeant d'un club de combat libre clandestin ☼ Trafiquant d'informations ☼ Grand appréciateur de musique classique ☼ Cuisinier raffiné ☼ Parle couramment le langage basique, elfique, et l'ancien mysticien. ☼ Insomniaque
-Lebrecht, apportez nous donc une bouteille de l'année dernière.
Le serviteur s'exécuta prestement, disparaissant rapidement dans l'ombre du maître des lieux, le Duc Von Meyer. Celui-ci s'inclina, laissant passer le nouveau client. Il avait beau être un noble, le client était roi.
-On m'a vivement conseillé votre vin, Duc.
-Le meilleur, Herr Eckehardt.
Ils débouchent sur la salle dédiée aux dégustations. Deux verres sont là, avec une bouteille ouverte, ainsi qu'un homme aux pupilles grises, presque blanches, fort d'une quarantaine d'années, en chemise blanche à jabot. Le Duc toussote, invite le client, Eckehardt, à se saisir d'un verre.
-Et voilà mon fils, Dieter. Bientôt, il prendra ma place. Un vieillard comme moi...
Dieter émet un claquement avec sa langue, et vient soutenir son vieux père. Ce dernier fait un geste de la main, le chasse, agacé. Eckehardt, homme solide, d'une dizaine d'années l'aîné de Dieter, était, à ses habits, aussi noble que les habitants de ce lieu. Il s'occupa lui-même de verser le nectar dans les deux verres, le dos tourné aux deux Von Meyer. Il laisse le Duc en prendre un.
-Le meilleur.
Répète t-il, s'arrêtant de tousser, et inclinant le verre, afin d'admirer les reflets du produit de sa vigne. Il propose à son client de déguster, mais il lui laisse la main. Le vieil homme s'en étonne, mais ne proteste pas, et porte délicatement le verre à ses lèvres. Dieter s'était reculé de quelques pas, les mains dans le dos. En quelques secondes, le Duc titube, et s'écroule. Dieter incline la tête, n'ose plus bouger, et ne sait trop quoi penser. Silencieux, Eckehardt s'approche de lui, laisse le vieillard convulser au sol, répandre sa salive, et puis rendre l'âme. Le client, arrivé à l'improviste, dévoile ses crocs. Dieter émet un autre claquement, trop tard. La main du vampire se referme sur son cou, il le soulève, le plaque au mur.
-Tu as peur de la mort, Dieter Von Meyer ?
Il penche la tête de l'autre côté, porte sa main au visage de l'agresseur, pour en connaître la surface. Il se laisse faire, mais lorgne le cou du nouveau Duc. Pourquoi lui offrirait-il l'immortalité, à lui, cet humain pitoyable et infirme ?
Lentement, très lentement, la lame de Dieter glisse le long de sa manche droite, son bras est relâché, il retient l'anneau avec l'auriculaire, la lame bascule en avant, et fend l'air avec une vivacité étonnante. Le vampire le relâche à temps, et fait un pas en arrière. Ah, voilà pourquoi il va le transformer, tant de potentiel... mais à l'instar de l'ancien Duc, Eckehardt arrivait en fin de vie, et il fallait un... "successeur". Le vignoble des Von Meyer était réputé dans tout Terra, et la proximité avec Sen'tsura faisait de lui le sommelier particulier de la royauté. De fait, il était si facile d'étendre leur influence...
Un autre claquement de langue, Dieter attaque en pointe, mais le vampire est beaucoup trop rapide pour lui, il lui suffit de s'avancer en éviter le tranchant, puis de lui planter ses crocs au cou. Il lui répète sa question, après s'être retiré. Le Duc cligne des yeux, titube à son tour, s'appuie contre le mur derrière lui. La question d'Eckehardt résonne dans sa tête. Il sent le poison mortel se répandre de ses veines, qui l'affaiblit, le tue à petit feu. Le vampire s'approche de lui, lui murmure à l'oreille.
-Transforme chacun de tes semblables... qu'ils changent, ou périssent.
Dieter sentit la vie le quitter. Mais même la mort ne put rien pour lui.
Ses yeux se rouvrirent, il avait tellement soif. D'instinct il émit un claquement de langue, analysa l'environnement, qui n'avait changé en rien. Son père était toujours là, allongé, il rampa jusqu'à lui, mais ne s'arrêta pas. Il se rapprocha de son cou, le massa avec ses mains, faisant apparaître les quelques veines où il restait un peu de sang. Il avait si soif... il y avait du poison, dans ces veines, il le sentait, et s'en détourna. Il n'avait presque plus aucune motricité, Dieter peinait à se déplacer. Cette soif qu'il n'avait jamais senti... de dépit, il glissa jusqu'à la table, tenta de prendre la bouteille, mais elle glissa entre ses doigts et se brisa au sol. Un éclat vint se planter dans son bras, et il se coupa en tentant de l'enlever. Il reconnut immédiatement l'odeur du sang, mais elle disparut tout à coup.
Dieter claqua sa langue, enleva l'éclat de verre, quitte à saigner. Mais il saigna pas. Il toucha la zone où était planté le morceau, quelques secondes plus tôt, mais la plaie s'était déjà refermée. Il était ahuri, mais avait toujours autant soif. C'est à ce moment qu'un valet fit irruption dans la salle, après avoir entendu le verre se briser. Tous avaient l'habitude de soutenir ce pauvre aveugle de Dieter, même s'il détestait cela, et il se jeta pour lui, afin de le soulever. Le jeune Duc fit jouer sa langue sur son palais, très rapidement. Il gémit alors qu'il sentait ses crocs pousser, mais le serviteur prit cela pour un gémissement d'effort et ne prit pas gare à ce qui l'attendait. Lui, la mort le reçut, il était la première victime du Duc vampire, qui le vida entièrement de son sang, sans même penser à le transformer.
Une fois ceci fait, Dieter s'écroula au sol, il n'avait plus soif, mais était exténué. Il haletait péniblement, tentant de se relever, et de s'agripper partout où son écholocation percevait un appui éventuel. Le corps du valet, quant à lui, s'écroula misérablement, tel un pantin désarticulé, pâle, livide. La phrase d'Eckehardt revint soudain dans sa mémoire. Tout lui revenait subitement. La morsure, le poison, le client.
-Transforme chacun de tes semblables... qu'ils changent, ou périssent.
Ses crocs poussaient et se rétractaient sans arrêt, il n'avait jamais senti cette douleur. Il chercha Fatalité sur le sol, mais n'arrivait pas à la trouver. A chaque fois qu'il voulait l’écho-localiser, sa langue se trouait contre ses nouvelles canines effilées, et il sentait son propre sang se répandre à l'intérieur de sa bouche, sans rien pouvoir y faire, quand bien même les plaies se refermaient dans l'instant. Il finit par toucher le couteau du bout des doigts, l'approcha de lui. Il haletait, couché sur le dos, mais finit par refermer sa main droite sur le manche de l'arme. Il lui fallu encore quelques secondes pour la retourner, et lever son bras au dessus de lui. Il ne souhaitait pas vivre ainsi, il le pensa si fort, alla jusqu'à le murmurer pour s'en convaincre lui-même, et abattit la lame sur son plexus.
Une douleur sourde s'abattit sur lui, quand la Fatalité brisa son sternum, et il ne pût empêcher un long râle. L'acier alla jusqu'à perforer son estomac, quand le bras gauche de Dieter s'étala de tout son long sur le marbre, alors que sa main droite restait serrée autour du poignard. Il pensait en avoir terminé. Mais encore une fois, la mort ne pouvait le sauver.
-Frau Amanda ? Où est le Duc ?
La femme de Dieter marchait toujours très vite, malgré sa robe bouffante, noire et rouge, et le corset qui serrait sa taille ne semblait en rien la gêner, obligeant ses suivantes à courir pour rester à côté d'elle. Du même âge que son mari, Kathelina Von Meyer était exceptionnellement courageuse et forte d'esprit. N'importe quelle autre aurait profité de la fortune familiale, et l'aurait dilapidé en laissant ce pauvre aveugle pitoyable dépérir. Mais il n'en était rien, car elle l'aimait sincèrement, et il l'aimait de même. Froide et aussi peu loquace que lui, fonctionnant sur le même système de phrases laconiques, sa langue claquait sur les ordres qu'elle donnait. Toujours digne, la tête haute, elle profitait de son statut pour paraître condescendante, mais elle s'abandonnait avec son époux, se lassant du rôle épuisant qu'elle tenait, et qui ne lui convenait que par obligation.
-Un nouveau client est arrivé aujourd'hui et...
Continuant de marcher à travers le château, faisant résonner ses talons -elle savait ainsi que toujours Dieter pouvait savoir où elle se trouvait-, elle leva la main en un geste autoritaire pour la faire taire.
-Les faits. Factis, modo factis. Rappelez vous.
C'était une phrase qu'elle répétait souvent. "Les faits, seulement les faits.", car elle aimait les gens directs, les longues explications avaient le don de l'ennuyer au point le plus haut.
-Dans le premier salon de dégustation, Madame Von Meyer.
Elle émit un petit souffle de contentement, et réitéra son mouvement de la main, pour cette fois chasser ses servantes, quand elle arriva devant la lourde porte en bois noble. Elle fit claquer son talon, toqua deux fois, rapidement, du bout du majeur, et entra sans plus de sommations.
Peu lui importait le père de Von Meyer, qu'elle n'avait jamais vraiment apprécié, ainsi que le serviteur pour qui Kathelina n'avait qu'une estime limitée. Se jetant auprès de Dieter, elle prit sa main entre la sienne, s'approchant de son visage, et lâchant déjà une larme au dessus de lui. Mais elle avait un pouvoir qui pouvait le sauver. Elle posa sa main sur le côté de son cou, aussi bien pour connaître son état que pour commencer à lui insuffler un peu de magie.
La tête du vampire bascula sur le côté, vers elle.
-Laisse moi... laisse moi partir...
Elle ne savait pas, et refusait de l'abandonner. Ce n'était pas un meurtre, c'était un suicide volontaire. Mais elle ne savait pas... elle ne savait pas... De son autre main, elle enleva Fatalité d'un coup sec avant de la lancer au loin. Elle s'étonna du peu d'énergie qu'elle dû déployer pour refermer la plaie et arrêter l'hémorragie, mais ignora ce détail. Il avait été grandement affaibli par ce coup de poignard, et aurait dû attendre un long moment avant de pouvoir de se relever, mais il était loin de la mort, quand sa femme était arrivée. Elle était juste entrain de l'aider à reprendre des forces, et sans le savoir, elle accélérait sa régénération, et donc, de fait, sa soif de sang.
C'est alors qu'elle compris. En le soignant, fermant les yeux, visualisant le sang qui coulait dans ses veines, elle identifia le venin qu'Eckehardt lui avait inoculé. Elle était intelligente, et compris tout immédiatement. Elle ne chercha pas à fuir devant lui ; elle ne l'avait jamais fait. Il avait de nouveau toutes ses forces, il le savait, elle aussi. Il ne se contrôlait pas encore assez... il ne pourrait pas...
Elle se mit à genoux, penché au dessus de lui. Poussant ses cheveux longs du plat de la main de l'autre côté de sa nuque, elle en laissa une partie à nu. Elle l'embrassa, une dernière fois, passa sa main sur sa joue. Elle resta digne ; lâcha une autre larme, mais conserva son expression neutre. Kathelina vit dans ses yeux le rouge se diffuser, et pervertir le vert émeraude à petit feu. Le contrôle lui était interdit... il émit un claquement avec sa langue, articula quelques mots à travers ses lèvres, emplis de douleur.
-Je t'aime Kathelina...
-Je t'aime Dieter.
Il se releva, tout juste pour être à portée de son cou, il ne contrôlait déjà plus son corps. Les crocs qui avaient poussés lui arrachèrent un gémissement de douleur, bien vite couvert par le cou de son épouse, alors qu'il la vidait de son sang, sans arriver à se contrôler pour seulement la transformer. Ce fut à son tour de lâcher un sanglot, alors même que ses yeux étaient ouverts, et ses crocs plantés.
La phrase d'Eckehardt était revenue. Elle revenait sans cesse, alors qu'il voulait se laisser mourir, allongé là, auprès de trois cadavres, dont celui de sa défunte épouse.
Mais il ne mourrait pas, cela lui était impossible, pas comme ça. Il ne se supportait pas... mais Dieter était encore incapable de penser par lui même. Il était à la fois guidé par sa soif et les paroles de son deuxième père. Mécaniquement, le nouveau Duc se releva. Le père de Dieter avait une autorité indiscutable sur ses employés, et le pouvoir s'était transmis en même temps que le titre.
Cela lui prit une année. Un mois pour faire croire à tous qu'Eckehardt avait tué l'ancien duc, sa propre femme, et un serviteur. Il avait lancé un contrat sur sa tête, même s'il se doutait que l'ancien vampire s'était surement évanoui dans la nature, éteint dans un quelconque endroit sombre et malfamé. Et onze mois pour transformer chaque occupant du château, et les convaincre de rester à son service, pour l'éternité.
Von Meyer avait toujours eu beaucoup de respect pour son père, mais il s'était construit seul. Le vieil homme se reposait sur ses relations, sur les vieilles méthodes. Le château était immense, vaste, tout autant que la parcelle de terre qui lui appartenait. Mais tout cela manquait d'entretien. la moitié de son vignoble n'était pas récolté, et une grande partie de la demeure tombait en ruines. De ses propres mains, il fallut une dizaine d'années supplémentaires pour la rénover. Il revit les plans, refit les aménagements, l'agencement. Le travail l'aidait à oublier. Et le temps n'était plus un problème. Chaque soir, il se retrouvait devant le miroir de sa femme, et même s'il ne pouvait se voir, il claquait avec sa langue, prenait le rasoir du jour et passait soigneusement sur son visage. Il s'arrêta un jour, en pleine partie d'échecs, et se mit à réfléchir. Une réflexion qui le plongea dans une profonde dépression.
Pendant de nombreuses années qu'il finissait par ne plus compter, il s'isola dans la bibliothèque de son château, ne recevant plus ses clients et finissant par oublier la production du vin, pour se plonger dans l'érudition. Au début, des pages étaient désignés à tour de rôle pour lui faire la lecture, alors qu'il pleurait continuellement.
-... c'est alors que Nayris...
Le serviteur n'eut pas le temps de finir. Fatalité venait de s'enfoncer dans sa gorge. Dieter se leva, de l'autre côté de la table, et vint la lui retirer, avant de le décapiter. Tous ses "employés" étaient des vampires, ce qui en faisait par la même occasion des êtres résistants. Mais il était leur père à tous, et savait comment faire. Il voulait le silence. Toutes ces voix... c'en était trop ! Il fit brûler le cadavre, et en appela un autre, pour une tâche toute autre.
Il lui fallut de nombreuses années supplémentaires pour pouvoir mettre au point la méthode qui lui permettrait de lire par lui même. Par le relief, il arrivait à déterminer les lettres, et à force de pratique, il devenait au fur et à mesure capable de lire aussi vite que ces moins que rien de servants. Ce fut une période où, malgré son érudition, Dieter versa dans la violence. Environ deux cent ans après sa transformation en vampire, il fit ouvrir les couloirs sous-terrains du château, et se mit en quêtes de guerriers à mains nues, aux quatre coins de Terra. Ils ramena les plus prometteurs, et les fit combattre tous les soirs, dans ces sous-sols obscurs, une coupe de son vin à la main.
C'était également à cette période que son cépage finit par se faire un nom. Il rendit visite à l'ancien sommelier du château de Sen'tsura. Ce n'était guère plus qu'une mauvaise vignasse, tout juste bonne à servir dans une taverne. Il planta ses crocs dans le cou de l'homme, et le vida de son sang, avant d'avoir un soupir apaisé. Dans une partie du château qui sert de "galerie des horreurs", on peut voir cet homme, conservé soigneusement, empaillé.
Dieter commença à vraiment apprécier sa condition de vampire à l'approche de ses cinq cent printemps, là où il s'était constitué une petit cour digne d'un roi. Dirigeant son domaine d'une main ferme, il aimait voir les gens circuler, et sa clientèle lui fournissait autant d'informations que d'or, en échange de son vin, ou d'autres informations. Même s'il n'avait pas prévu cela à la base, de fait, il devint marchand d'informations, ce qui n'était pas pour lui déplaire, étant donné que cela ajoutait à ses finances. Il s'enfermait dans son travail, allait examiner lui même ses vignes. Les vampires qui s'attelaient à cette tâche se devaient de travailler au soleil, c'était une nécessité... peu importait à Dieter, qui se fichait pas mal qu'ils soient affaiblis, cela les gardait dociles. Il savait qu'ils ne pouvaient pas fuir, qu'on les traiterait comme des monstres.
Mais des sentiments d'une humanité qu'il croyait perdue refirent surface le jour où une petite fille elfe se présenta à la porte du château, et demanda à voir le Duc en personne. Pas plus haute que trois pommes, elle se disait aveugle de naissance, ses parents l'avaient abandonné, mais elle avait voyagé depuis les Glaces en entendant les rumeurs sur le Duc Von Meyer, et sur sa méthode miracle pour les aveugles. Le vampire ne se doutait pas que l'information avait filtré, ni qu'elle aurait pu attirer quelqu'un. Jusqu'à ce moment, il se croyait seul au monde, dans sa condition, et Kathelina eût été la seule qui réussit à lui faire oublier cette impression, maintenant que sa femme n'était plus là, il avait l'impression de devoir accueillir la jeune fille, et lui ouvrit la bibliothèque. Elle se déplaçait laborieusement, chutant parfois. Mais quand elle découvrit les livres qu'il avait traduit, son visage s'illumina comme jamais. Elle les dévora tous avec la même passion que celle de celui qui allait devenir quelques mois plus tard, son père adoptif. Il fallut peu de temps à la petite Marlène -comme l'avait baptisé Dieter- pour se familiariser avec le relief écrit, et encore moins de temps pour apprendre à s'écho-localiser. C'était la méthode la plus simple de se déplacer, pour eux.
Mais Von Meyer n'avait toujours pas révélé à la fillette qu'il n'était pas vraiment un humain, et s'en voulait de lui cacher. Il avait surtout peur qu'elle s'enfuit en courant à l'entente de la nouvelle. Mais il n'eut pas le temps de réfléchir, que de nouvelles personnes, toutes aveugles, se présentèrent au château, venant quérir l'aide du Duc pour leur éducation, contre leur argent, qu'il refusa. Six cent ans après sa transformation, il ouvrait le premier centre d'accueil pour aveugle, et son château commençait à devenir une véritable ville. Si la production et le vente de vin étaient toujours ses activités principales, il se complaisait dans la vente d'informations. Mais il finit par la trouver lassante, et pour se nourrir, ainsi que nourrir toute sa cour, et ses employés, il devait passer par des intermédiaires qui leur fournissait des esclaves, ou toute sorte de "produits" n'ayant aucune valeur pour la société.
L'entreprise de Dieter s'agrandit encore un peu plus, quand à la vente de vin rouge et d'informations, s'ajouta la vente d'esclaves, principalement d'humains. Et les deux dernières activités se conjuguaient à merveille, car on faisait de plus en plus appel à lui, et même si cela demeurait secret aux yeux du paysan lambda, tous savaient que la sommellerie n'était devenue que la partie émergée de l'iceberg. Parfois, on livrait un homme important à Dieter, et on lui demandait de le briser, pour en obtenir des informations, puis de le faire disparaître à sa convenance. Tout dépendait de la qualité, après avoir obtenu les informations en question, et il les obtenait toujours, soit il vidait l'homme de son sang pour l'ajouter dans une de ses cuvée spéciale, soit il le laissait en vie, mais le vendait au premier esclavagiste venu. Il ne connaissait pas son identité, et ne savait pas à quoi servirait les informations qu'il revendait. Dieter avait son propre code qui l'assurait contre les malentendus et les accidents de travail.
Mais à sa fille adoptive, il fut bien vite difficile de tout lui cacher. A la fois sa vraie nature, et ses activités beaucoup moins licites que ce que le vignoble à l'extérieur laissait présager. Sa réaction fut toute aussi différente que celle à laquelle il s'attendait.
-Le trafic d'informations ? J'espère que tu élimines les intermédiaires.
Il resta choqué un moment, du comportement de l'elfe qui s'approchait bientôt de l'âge adulte. Il lui avait toujours dis qu'il était demi-elfe, ce qui le retenait au même âge, mais c'était une explication qui ne la satisfaisait plus. Marlène semblait ravie à l'idée que son père adoptif fasse quelque chose de plus excitant en dehors de la production de son vin, mais il restait à lui révéler encore quelques choses. Il lui ordonna de ne plus bouger, sur un ton inhabituel qui la fit tressaillir.
Contrôler sa soif, et l'apparition de ses canines étaient les premières choses qu'il avait apprit à faire. Dieter laissa pousser ces dernières, et après un claquement de langue, il prit doucement la main de Marlène, pour les porter jusqu'au bout de ses dents de vampire. Elle ne bougea pas, mais il devina qu'elle réprima un frisson. Elle ne l'attendait vraiment pas.
-N'oubliez pas l'Ordre, Duc Von Meyer.
"L'Ordre", étant celui d'Eckehardt, et qu'il avait transmit à toute sa cour, qui apparaissait alors derrière eux, courtisans vicieux, patients, à l'affût de la moindre faiblesse.
-N'oubliez pas l'Ordre. Qu'elle change... ou périsse...
Ils tournèrent autour d'eux deux, répétant cette phrase au lourd passé. Mais seule la voix d'Eckehardt revenait à son esprit.
-
Vater... de quoi parlent-ils ?
Il avait déjà payé suffisamment cher pour cet ordre. Tapant du pied sur le marbre, sa voix lourde résonna, amplifiée par son pouvoir qu'il n'utilisait plus que peu.
-Stoppen Sie !L'ordre fit chanceler les nobles de pacotille qui arrêtèrent bien vite leur petit rituel. Le Duc resta droit, même s'il sentait d'ores et déjà la fatigue l'envahir. Marlène le raccompagna à sa chambre, sans un mot.
-Prends une des bouteilles, là, en bas...
Demanda t-il poliment, alors qu'il empoignait doucement un des verre en cristal qui était sur la table, au milieu de la pièce. Deux claquement de langue, simultanés. Elle approche la bouteille, d'un geste sûr, et verse son contenu, juste assez longtemps. Elle a l'habitude, n'a plus besoin de voir, même si elle n'a pas l'habitude de boire. Elle ne l'a jamais fait, n'apprécie pas trop, au grand damn du Duc, qui porte le verre à ses lèvres. C'est son vin, il sait quelle est sa robe, c'est sa cuvée personnelle, il sait quel goût elle a. C'est là que Marlène, sans bouger, sent qu'il n'y a pas que du vin à l'intérieur de ses bouteilles. Elle n'y avait jamais prêté attention, et pourtant là, Dieter se restaure, en buvant. Sa respiration redevient plus régulière.
Le lendemain, on retrouve un des courtisans, décapité et éviscéré au milieu des vignes. C'est un message à tous les autres. Le Duc ne cède pas, il donne, mais ne reçoit pas d'ordre.
Suite à ces évènements, Marlène s'est éloignée de lui, et ne sort plus que rarement de l'aile des non-voyants, qu'elle dirige officieusement. Elle connait néanmoins le château comme sa poche, et si elle décide d'espionner sans se faire voir, alors on ne la verra pas.
-Que doit-on faire d'elle,
Freiherr ?
La question de son second le frappa. Marchant dans les couloirs, ses pas résonnèrent jusqu'à ce qu'il s'arrête à son entente.
-Pardon ?
-Devons-nous nous occuper d'elle ?
Un claquement de langue, et le Duc se retourne vers lui. La colère monte en lui ; une colère protectrice qui a été longtemps repoussée au fond de lui, sans personne pour l'y attribuer.
-Ne la touchez pas, Alrich. Je me suis occupé de Hans, hier, car il était moins compétent que vous, et le moins compétent en général. Dorénavant, sur la liste, c'est vous le dernier.
Alrich se recule d'un pas, se courbe un peu. Au fond de sa poche, d'où sa main se cache, il titille un stylet effilé. Un claquement de langue. Il est juste à la bonne portée. Il faut frapper maintenant. Dieter se retourne. Maintenant. Maintenant. Il se remet à avancer. Alrich soupire. Non, pas encore. Il n'a pas trouvé le courage, mais plusieurs sont de son avis. Le pouvoir du Duc arrivera bientôt à son terme, ce n'est qu'une question de temps.
Le moment où le Duc dort, c'est là sa seule occasion. Il y a du vent, à l'extérieur. Le tonnerre. La pluie battante. La porte coulisse doucement. Le vampire se retourne, brusqué dans son sommeil ; mais ne se réveille pas. En fond, une légère musique, douce, au piano. Il demande toujours à un musicien de jouer la nuit.
Un auditeur attentif aurait discerné trois paires de pas. Une oreille encore plus attentive aurait su que le premier tenait une arme. Un éclair zèbre le ciel, au dessus du lit, dessine l'ombre du couteau levé, juste une fraction de seconde. L'arme s'abat. Se plante. Un nouvel éclair. L'arme est planté à travers le linceul. Dans le matelas. L'homme relève la tête, stupéfait. Dieter est en face d'eux. Son claquement de langue est couvert par une série rapide d'éclairs. Ils ont juste le temps de voir son visage rompu de mépris et de colère. Son propre poignard se lève, il saute par dessus le lit. Les prochains coups de tonnerre servent juste à voir les gerbes de sang toujours plus nombreuses sur le mur.
Le vampire agrippe Alrich par le cuir chevelu, le ramène à la hauteur de son visage, dans la pénombre.
-Vous me décevez, Alrich. Moi qui ne vous faisais pas confiance. J'étais encore bien en dessous de la vérité.
Le défait explique alors qu'il n'est pas seul, et que Dieter fera bientôt face à une menace plus grande que quelques assassins dans sa chambre. Il lui cracha au visage ; le non-voyant n'eut aucune réaction à part une réponse succincte.
-Quel manque d'éducation.
Un claquement de langue. Il planta ses crocs dans son cou, et en une grande inspiration, le vida entièrement de son sang. Il lâcha également son poignard, se prit à haleter, relâchant le corps inerte qui tomba au sol. Le sang coula de sa lèvre inférieure jusqu'à tomber sur son torse. Dieter était à la fois prit d'une colère incommensurable, et d'une envie de changement déchirante.
Une véritable chasse aux sourcières eut lieu le lendemain, un comble pour un château empli de vampires. Sur son ordre, un vampire sur dix fut décapité, et jeté dans les champs pour y être calciné au soleil, pour servir d'engrais.
-Duc, votre cognac est un des meilleurs que j'ai pu goûter.
-
Sehr gut. Je suis vraiment heureux qu'il vous plaise, il a longuement vieilli dans mes caves.
Les vignes étaient toujours meilleures quand un engrais était de qualité. Maintenant, Dieter Von Meyer approche du demi-millénaire. Il se maintient en forme tous les jours. A bien rempli ses années. Convertir tout son château au vampirisme, un an. Perfectionner son jeu d'échecs, un an. Apprendre toutes les subtilités du langage basique mysticien, deux ans. Se faire érudit, trois ans. Développer une méthode de lecture pour les non-voyants, un an. Ouvrir le centre, un an. Maîtriser l'art des couteaux, et du combat qui en découle, deux ans. Ouvrir un club de combat clandestin, et lui faire gagner un nom, deux ans. Apprendre l'elfique, un an. Se faire une clientèle pour son vignoble, cinq ans. Se faire une clientèle pour ses informations, deux ans. Se faire une clientèle pour le trafic d'êtres humains, six ans. Pour la torture, deux ans. Trente années si longues, et si richement remplies, s'il avait été humain. Vous rendez vous compte de l'ennui que Dieter a pu ressentir pendant ses 470 autres années ? Pendant 169 200 jours ? Ses 4 millions soixante mille huit cent heures ? Il a réussit à compter jusqu'à quatre cent mille six cent trente trois avant de devenir fou. L'ennui.
Temps qu'il faut pour se faire maîtriser par quinze vampires, sept minutes. Temps qu'il faut aux quatre vampires restants pour accrocher un masque au visage de Dieter, huit minutes. Durée du putsch. 9 secondes.
Laisser traîner une plume d'oie est une terrible erreur. Dieter est attaché dans le dos. Le masque toujours sur le visage. Le vampire l'a fait descendre jusque dans ses propres caves, là où il fait son office sur les gens qu'on lui emmène. Il obtient toujours les informations qu'on lui demande. Et maintenant, c'est sur lui qu'on veut travailler.
-Vous ne me connaissez pas, Dieter.
L'emploi de son prénom le révulse immédiatement. Pas à son entente, non. Mais qu'un être aussi insignifiant que lui le prononce.
-Je ne suis qu'un servant, ici. Je m'affaiblis, je me casse l'échine, chaque jour, à récolter votre nectar. Je représente beaucoup de gens, qui n'en peuvent plus, de votre petite tyrannie.
Ledit servant ouvre une petite boîte d'où il tire un coupe-chou. Dieter fulmine ; Il ne laisse personne toucher à son semainier. Encore trois secondes. Le vampire dissident s'approche, le sourire aux lèvres, le rasoir en main. Le Duc aussi, sourit. Cela inquiète l'autre. Une seconde.
Von Meyer saute sur son opposant, le fait basculer au sol, le tient par la gorge. Il ne peut pas mordre, mais la plume qui lui a servit à se détacher, par contre, pénètre dans la carotide comme dans du beurre.
C'est la dernière révolte. Il semble que le courage des dissidents s'arrête là. Deux tentatives. Deux échecs. Tous deux retentissants. Encore une fois, la récolte sera bonne, car l'engrais l'est. Dieter a bien conscience qu'il règne en maître despotique. Il n'y aurait aucune concession. Il rassembla sa petite cour qu'il avertit très clairement, en ces termes.
-Ecoutez-moi attentivement. Nous faisons ici bien plus que produire du vin. Vous le savez. Je n'aurais aucun mal à remplacer des employés. Je n'aurais aucun mal à remplacer chacun d'entre vous. A la prochaine mutinerie, je vous empalerai ; je vous empalerai tous autant que vous êtes, et vous planterai comme des grappes de raisins au milieu de mes champs, après vous avoir ouvert les veines, en vous laissant pourrir au soleil. Vous mettrez des jours à mourir, et les plus faibles qui ne prendraient normalement que quelques heures, alors je les ferai boire du sang, puis leur rouvrirai les veines pour qu'ils gigotent encore un peu au bout du pal. Vous m'avez bien compris ?
Certains s'osèrent à un Oui timide, la plupart se contentant d'hôcher la tête, forçant le Duc à claquer la langue pour le percevoir, ce qui eut le don d'augmenter encore un peu plus sa colère.
-Est-ce que vous m'avez bien compris ?!
Répéta t-il, plus fort. Il pût presque les entendre se mettre au garde à vous, comme de bons petits soldats. Ils répondirent "Oui" d'une seule voix, et il y répondit par un "Bien." satisfait avant de se retirer dans ses quartiers. Maintenir ses vampires faibles était un avantage certain. Ils les nourrissaient comme ses animaux, juste assez pour qu'ils survivent, pas assez pour qu'ils aient la supériorité. Et ils n'avaient pas le choix, ils y étaient condamnés, car ils ne trouveraient pas mieux ailleurs, dans leur condition, et le Duc ferait jouer ses réseaux pour les traquer si jamais ils s'enfuyaient.
Il fallait maintenant trouver une occupation viable pour les années à venir.
-Votre meilleur millésime, Monsieur Von Meyer ?
Dieter reprit très courtoisement, sans une once de mépris, le dignitaire des Glaces en visite dans son château.
-C'est "Duc". Et je dois vous avouer, Monsieur l'Ambassadeur, que l'année 94 est une de mes préférées. Placez donc quelques bouteilles pendant encore une petite dizaine d'années, et vous aurez quelque chose de fabuleux, je vous le garantis.
Nous étions en 110. Le commerce avec les Glaces s'était fait attendre, car les gens les mieux informés connaissaient la véritable nature du Duc, et cela les rendait méfiant. On pouvait aussi noter que les habitants des Glaces n'était pas friands de produits extérieurs. Si les chambellans de Selian et Silena déliaient peu à peu leur commerce, Saline semblait toujours réticente. Dieter ne se déplacerait pas pour eux, et jugea la perte acceptable.
L'arrivée d'Aile Ténébreuse lui était venu, évidemment, presque immédiatement à l'oreille. Cela pouvait être une aubaine comme une catastrophe pour ses affaires. Dieter se doutait que dans l'immédiat, il y aurait pénurie d'esclaves, et peu de demandes, concernant les informations. Mais une fois la situation tassée, tout reviendrait dans l'ordre. Il avait reçu la visite d'un commandant dudit démon, qui avait ouvert un parchemin devant lui, en lui demandant de le lire.
-Général, je vous en prie, je suis aveugle de naissance.
Ce dernier le jeta à terre devant tant d'audace, mais finit par comprendre qu'il s'agissait de la vérité, et agacé, se mit lui-même à lire.
-Par la présente, le Seigneur et notre Maître à tous, Aile Ténébreuse, prend possession de ce territoire. Dans sa grande mansuétude, il vous laisse néanmoins le soin de l'administrer en sa temporaire absence, si vous lui prêtez allégeance, et si vous lui fournissez une dîme de façon régulière. Si vous refusez, le Seigneur et notre Maître à tous, Aile Ténébreuse, déclare solennellement que votre tête sera mise à prix, et qu'il lancera toutes ses armées dans le seul et unique but de vous brûler vif, de vous écarteler, de ronger vos os, et de sucer votre sang.
Dieter eût un petit sourire dissimulé par le col de son manteau ; ça, il connaissait. Le Duc étaient arrogant, mais savait se faire tout petit, pour être à l'abri. Il se jeta aux pieds du général, ou plutôt là où il aurait dû être, car jouant la carte du pauvre aveugle, il tomba à côté, et alors qu'il commençait à supplier, l'officier trouva gratifiant de déplacer sa jambe pour que l'aveugle puisse en effet s'y accrocher.
-Général, je vous en prie, écoutez moi ! Je ne suis pas un combattant, ce n'est qu'une exploitation viticole ! Je suis fidèle à notre Seigneur et Maître à tous, Aile Ténébreuse, et je lui fournirai les meilleures de mes bouteilles au prix le plus bas !
Cela dit, le Général profita de cette position pour lancer son pied dans la mâchoire du vampire.
-Aile Ténébreuse ne paie pas.
Dieter se mit à pleurer des larmes de crocodile, mais continua son plaidoyer.
-C'est la mort du commerce, je dois bien faire quelque chose, je n'aurais plus d'employés, plus rien... Pitié !
Un autre coup de pied. Puis le partisan se retourne, dédaigneux, mais magnanime.
-Voyez cela avec le chambellan.
La porte se referme, et Von Meyer se relève, essuie ses fausses larmes, et époussette sa tenue avec un soupir hautain. Le voici donc hors de danger. La guerre passa très tranquillement pour le vampire qui n'eût qu'à torturer, vendre et échanger à l'occasion. Les ventes repartaient à la hausse, et les récoltes étaient bonnes. Mais la vie de Marlène qui étaient recluse dans le sanctuaire des non-voyants lui faisait l'effet d'une déchirure au coeur, si tant est qu'il puisse encore en avoir un.
Il y songea pendant un moment, mais le travail l'appela de nouveau, avant qu'il puisse agir. C'était une guilde, apparemment, et qui empiétait sur ses plates-bandes ; la Confrérie des Brumes. Il faudrait au choix s'allier, ou la détruire. Sur le trafic d'informations, sa popularité diminuait, et ne lui restait presque que ses fidèles clients, satisfaits de la rapidité et de la fiabilité du Duc.
Néanmoins, il se montrait satisfait de l'évolution de ses autres activités. Le club de combat était toujours aussi populaire. Très secret, et presque complètement fermé, mais auréolé de légende, ce qui seyait parfaitement au vampire. L'aile réservée aux aveugles accueillait régulièrement de nouvelles têtes désespérées par leur condition. Le vin Château Meyer était toujours un des meilleurs de Terra -et aussi un des plus chers, ce qui assurait au Duc un train de vie plus que confortable. Il s'assurait d'ailleurs que les concurrents ne restent jamais trop longtemps dans la course (et particulièrement dans la vie), surtout pas dans ce domaine.
Comme dit plus haut, pourtant, il lui fallait bien meubler ses journées, et pour ce faire, il décida finalement de se mettre à la cuisine, ce qui était excessivement rare pour un noble (comme le fait de se raser seul, et beaucoup d'autres activités que Dieter performait d'ailleurs lui-même), mais il révéla être très bon dans ce qu'il préparait. Il ne cuisinait que pour lui-même, ou pour quelques invités restants pour le dîner. Correction ; Il ne cuisinait que pour lui-même, avec quelques invités qui restaient pour le dîner. Le Duc apprit très vite à sortir des sentiers battus et à s'adapter à ses besoins vampiriques.
Pour finir, la défaite des Rebelles lui parvint aussi rapidement que l'arrivée d'Aile Ténébreuse ; heureusement, dans le cas présent, il n'avait à s'agenouiller devant personne. Quand un informateur vint lui apporter la nouvelle, il préparait un gigot d'...agneau, et ne s'arrêta pas pour autant. Cependant, quand le serviteur s'en alla, il s'autorisa à déverser toutes les émotions que provoquait cette défaite : Il haussa un sourcil, plissa les lèvres. Après avoir calculé les pertes et les profits, il jugea que c'était également négligeable. Dieter penserait juste à ce qu'on lui fasse rapporter -par tous les moyens, légaux ou non-, les bouteilles de l'excellente année 25 qu'il avait vendu à Galaad.
- Citation :
- Il y a les habitués, il y a les indécis ; les gens vont et viennent au rythme des saisons dans le centre d'accueil des non-voyants du Duc Von Meyer. Mais il y a cette jeune femme étrange, depuis peu : il y a quelque chose, à son sujet. Comme si elle n'était pas ce qu'elle prétend être. Pourquoi mentirait-elle ? Que cherche-t-elle en venant ici ? Dieter n'est pas dupe et se rend compte de la supercherie assez vite : à lui de décider de la marche à suivre.