Je me demande parfois si c'est mon sang d'élémentale qui me joue des tours, ou, si c'est seulement mon caractère. Quoique... J'avais connu les terres de naissance de Sulnida et j'avais dit que j'y reviendrai. Pourquoi ? Parce que je suis curieuse et un peu tête brûlée sur les bords, car un froid prolongée provoquerait ma mort. Normal ? Oui pour une humaine mais plus complexe pour une fille comme moi. Ne nous éloignons pas du sujet.

J'aimerai m'essayer à la confection d'un nouvel antidote mais je ne sais pas quelle utilisation je lui donnerai encore. Par un riche marchand de soierie, de mon retour des plaines de Terre, j'avais entendu parler d'une certaine fleur pourtant rare. La Dionée d'Argent. Elle attire les insectes, mais pas que. Quoiqu'il en soit c'est la troisième fois que je prends le bateau et il va falloir que je m'y habitue si cela continuer.

J’ai toujours la même appréhension mais moins le besoin de me défendre contre les pirates. Le capitaine du bâtiment naval était à ma grande surprise, une femme. Je lui avais fait plaisir en acceptant un duel particulier. Cela consistait à danser afin de voir si ses hommes perdaient facilement leur concentration. Un beau duel entre Tsomo la Capitaine qui donnait des ordres et moi qui dansait au rythme des vagues. Les pirates ne savaient plus où donner de la tête et les deux seules femmes que nous étions finirent par rire aux éclats. Quant à mon familier, Yuu, il était resté dans la cabine de la meneuse qui me promit de le laisser libre d’agir.

Le bateau s’était amarré à Silena, et je devais traverser à pieds. Je n’avais pas ma tenue sombre de pisse-culotte mais uniquement celle de danseuse. Mais aux vues des grands vents froids et gelés, un épais manteau doublé de fausse hermine me couvrait du cou aux pieds. Vu que je détester avoir la tête couverte, et pour avoir le moins froid possible, j’avais laissé mes longs cheveux noirs corbeaux libres de tout mouvement. C’est-à-dire : détachés.

Je n’avais pas oublié de garder mes dagues et mes aiguilles, puisqu’elles étaient dissimulées dans ma besace sous mon unique tenue de danse de secours, parmi également, de mes quatre fioles d’antidote et autant de poison. Oui ma besace est légère. Traverser Silena en touriste ? Pas de problème car je veux vraiment atteindre la Toundra. Un enfant m’indiqua la route.

Enfin cette grande étendue de glace. Je ne me rends pas compte du temps qui passe. C’est l’exact opposé des plaines de Sahawi. Chez moi toute flore est incandescente sans pour autant brûler, ici, cette rare flore se pare d’une sorte flamme iridescente bleue pâle, fantomatique. Je sens ma peau se sécher petit à petit sans pour autant me gêner, me faire mal. Ah ! Enfin cette rare dionée d’argent, que je m’agenouille non pas de respect mais de petite joie de la trouver. Je ne sais pas combien de temps je resterai sur la toundra. Mais les Glaces, bien qu’elles ne soient pas faites pour moi sont comme un appel. Mais… ce doit être la fatigue car finalement ce n’est pas la fleur que je recherche mais une qui y ressemble.

Lorsque tout-à-coup, j’ai une sensation étrange. Non je ne suis pas seule, quelqu’un vient d’arriver. J’attends de voir s’il se rapproche pendant que, discrètement, je mets la main droite dans mon dos prête à sortir ma dague. Au cas où.

Je me redresse lentement tout en ôtant la main de mon dos et voilà que la présence que j'avais ressentie se présente à moi. Taliss dit-il ? Ah. Qu'aussitôt un des rares cours du mage qui me revient en mémoire :

"Les élémentals sont, ni plus ni moins, l'évolution des humains. Ils y a des siècles de cela, après une catastrophe naturelle, un humain fusionna avec un des éléments qui régie le monde. Ils sont capables de se ressentir les uns les autres. La seule distinction que nous pouvons faire entre les humains et les élémentals, se trouvent à être un tatouage sur la main, qui prend ainsi la forme de l'élément concerné. Chaque tatouage est différent pour chaque personne. Aucun n'a le même..."

Mais alors pourquoi le mien est différent puisque quatre flammes rejoignent un cercle ? Pourquoi l'ai-je dans le dos ? Je me dois de lui répondre. Autant lui retourner une révérence à mon tour, à la fois souple et agile. Mon interlocuteur serait donc un élémental... des glaces ?

Bien le bonjour Taliss. On me prénomme Nee'lhan. réponds-je simplement.

Un vent des plus frais encore fait un bref passage, et je ne peux m'empêcher de fermer un bref instant les yeux afin d'éviter qu'une larme de feu ne perle ma joue et trahisse mon origine. Pour le moment, rien ne peut me trahir à part peut-être le teint légèrement hâlé de mon épiderme. J'aime laisser planer un peu le mystère mais il a l'air d'être plus..sage, enfin, de s'y connaître plus que moi. Ma méfiance reste intacte, sans pour autant la laisser paraître. En ces contrées qui me sont inconnues, je me sens comme une rose de feu prête à brûler certaines de ses défenses pour survivre. Quoi de plus naturel ? Qui ne dit pas que je suis en territoire ennemi ? Non pas un ennemi de sang mais de... croyance. Encore faut-il une fois de plus que ce soit cela.

Pour que cet homme, ce dénommé Taliss agisse de la sorte envers moi, c'est qu'il doit probablement être habitué à obéir. Ou est-ce simplement le fait qu'il agisse devant une femme ? Moi, trop me poser de question ? Non. Juste que je suis un brin curieuse. J'aime savoir à qui j'ai à faire. Mais comment sait-il que je suis une élémentale ? Serait-ce donc bien ce que m'avait appris le mage ? Soit.

J'apprécie tout de même sa prestance. Il a un port altier, un regard froid qui peut vous leurrer. Sa voix est assez agréable et j'aime son franc parler. Ah ! Si chacun pouvait faire pareil, il y aurait moins d'assassins, ou plus, justement, selon les caractères.

Effectivement. Je suis une élémentale. Croyez-moi que je suis toute autant heureuse que vous car je suis également à la recherche d'autres des nôtres. Par chez moi, il n'y a qu'un élémental toutes les sept générations. Et curieusement je suis la dernière. Enfin par chez moi. Le reste après, je ne sais pas. ne puis-je m'empêcher de l'informer un peu sur moi.

Je n'aime pas trop parler en général. Mais je suis si heureuse de rencontrer un des "miens." Bonheur de courte durée s'étiolant comme une rose ayant pris un trop grand coup de chaud. La sphère de glace tournoyant dans sa main ne peut que me faire comprendre sa nature. Je perds un peu le sourire. Alors nous serions ennemis ? Quel dommage !

Je suis venue en vos terres afin de me procurer des dionées d'argent, pour confectionner des antidotes. La Toundra m'a été renseignée comme étant le meilleur endroit. dis-je.

Dans un sens quel délice de renseigner au compte-goutte. Sinon d'où serait l'intérêt de tout dévoiler d'un coup ? Ne perdrions pas rapidement le goût d'apprendre l'un de l'autre ? Suis-je dans mon état normal ? Oui. Je ne me pensais pas ainsi devant un élémental.

Veuillez me pardonnez mais l'Hiver Eternel... Vous êtes si... âgé que cela ? m'enquis-je faisant presque exprès de ne pas dévoiler la nature de mon sang.

Vous devez me prendre alors pour un nourrisson ou un jeune enfant. Car je n'ai... qu'un quart de siècle d'existence. dis-je en regardant la sphère se briser au sol dans un son harmonieux qui me fait fermer les yeux afin qu'elle pénètre mon âme.

Oh Grand Sage Uruloki... Si tu pouvais ressentir la même chose que moi, peut-être que tu te sentirais mieux. Tu m'as dit de partir afin d'accomplir le but que je m'étais fixée pendant que je te soignais.
Une profonde respiration de sérénité et je regarde de nouveau Taliss.

Ces fleurs, j'en suis consciente, sont si rares. Je n'en ai besoin que de quatre. deux pour plusieurs essais et deux pour confectionner les antidotes adéquates car on dit d'elles que leur essence est très concentrée et reste efficace même légèrement diluée. me permets-je de lui expliquer.

Bien que la voix de mon interlocuteur est froide, il y a tout de même un brin de respect et non agressive. Non sa voix n'est pas pour autant soporifique. Loin de là. Je ne sais pas ce qu'il fait depuis ses longues années d'existence mais il doit s'y exécuter avec calme. A moins que ce ne soit qu'une apparence. Je vois son regard chercher probablement ladite fleur. Pour ne pas le gêner dans sa vision, je me place tranquillement à ses côtés afin de le laisser agir comme bon lui semble.
Et voilà la question que j'espérais oublier. La nature de mon élément. Si je lui dis, que va-t-il se passer par la suite ? Nous avons tous deux le même but. Rechercher l'éventuelle existence des êtres comme nous.

Je serre légèrement la mâchoire et recule en même temps. Dans un geste souple et gracieux, je laisse tomber mon manteau au sol, dévoilant ma tenue de danseuse puis lui tourne le dos quelques secondes peut-être pour qu'il puisse observer le tatouage qui prend tout mon dos. Celui ci ressemble à quatre flammes avec en leur centre une épée dont la garde est vers le bas. Bien sûr il est hors de question d'abîmer la faune et même s'il n'y a pas d'ombre, je peux néanmoins provoquer mon enveloppe d'hybride en faisant apparaître des langues de feu follet sur mes avant-bras. Oui, je fuis son regard dès le premier instant mais trouve le courage au fond de moi de relever la tête pour le regarder avec respect.

Vous pouvez désormais me détestez, même si vous ne me connaissez pas.lui dis-je d'une voix chaude mais non emprunte de colère.

-Pourquoi devrais-je vous détester ? Juste pour le fait que vous êtes mon contraire ? Je ne crois pas à ces luttes enfantines d’éléments contraires. Nous faisons tous deux partie de la même race et donc juste par ce fait le respect s'impose. En tout cas c'est mon avis.

Pendant qu'il me disait cela, je me baissais afin de reprendre mon épais manteau, sans précipitations par politesse. A temps car le froid me gagnait peu à peu. Non pas que cela me dérange mais je ne voudrai pas non plus restée figée.

Je n'ai pas pour habitude qu'on fasse avec ou que l'on m'apprécie lorsque l'on connaît ma véritable nature. réponds-je sincèrement.

Non il n'est pas question de moi chez les Pros d'Aile Ténébreuse, mais uniquement de moi dans mon entier. Une sorte de repos bien mérité.
Mon interlocuteur paraît bien s'y connaître dans sa flore. Naturellement ! Donc la fleur que j'ai vu n'était donc pas une dionée d'argent. Soit ! Sa proposition de me les montrer est plus que la bienvenue.

J'ai toujours du respect envers quiconque et peu importe qui j'ai face à moi. dis-je alors que je remarque seulement que ses doigts sont de glace.

Je me place à ses côtés afin d'avoir la même vue panoramique que lui en marchant. Oserai-je lui demander ? Oui.

Veuillez me pardonner ma curiosité, mais vos doigts de glace sont... sous votre enveloppe intermédiaire ? Enfin je veux dire... Etes-vous tout le temps ainsi ? dis-je en parvenant à le regarder droit dans les yeux cette fois-ci.

Il est agréable de se promener en même temps sur la toundra. Bien qu'à force on doit peut-être se brûler les yeux dans cette blancheur scintillante. Cela d'ailleurs, me picote un peu, tant et si bien qu'une petite larme de feu me perle paresseusement la joue droite. Je ne fais rien pour la retenir, préférant rester attentive à ce que Taliss m'explique ou me présente.

Ce son cristallin me résonne toujours dans les oreilles. Non pas qu'il soit encore présent, mais simplement car j'aime ce doux son aigu mais non agressif. Quelle musique pure, que je ferme de nouveau les yeux. Juste trois petites secondes, histoire de l'enregistrer quelque part dans ma mémoire pour longtemps.

L'honorable Taliss n'a donc point peur de vivre sous sa forme hybride. Néanmoins je suis curieuse de savoir pourquoi il n' pas autant peur que moi. Son travail ? L'habitude ? Celles des natifs de Glace ? Seraient-ils moins impressionnables que ceux du Feu ? Par impressionnables, j'entends pas forcément le mot "naïfs", peut-être plus le mot "habitués". Ce qui ma foi, serait plus convenable. Beaucoup des miens, s'ils étaient encore dans la tribu, prendraient cela pour une malédiction, diraient que ce sont les dieux qui se jouent de nous, que sais-je encore. D'ailleurs, ma tribu ne me manque pas. Petit sourire en coin en y repensant.

Mon regard se pose de nouveau sur les mains de mon "confrère". Ecarquillement des yeux car le reflet vient également m'aveugler l'espace d'un instant. Aveugler ?! Que dis-je ? Non juste m'éblouir. Je recule d'un pas ou deux. J'aurai pu avoir envie de plaisanter, mais le regard sage de cet homme me force tout de même un peu au respect. Puis, un peu plus loin, une magnifique dionée d'argent qui avait l'air d'être encore fragile.

Non, par respect, Taliss, je ne cueillerai pas celle-ci. dis-je pas même déçue. En revanche, celle qui est plus loin, oui. continue-je avec calme.

Oui, une magnifique fleur prometteuse pour mes essais, que naturellement je testerai sur moi dès mon retour. Avec délicatesse je viens la cueillir pour la glisser dans une fiole afin de la remettre dans ma poche.
Je me sens bien, apaisée malgré le froid qui, étrangement se transforme en douce fraîcheur. Machinalement, je passe la main sous mon manteau pour voir si ce n'est pas mon tatouage qui me joue des tours. Apparemment, non.

Un léger sifflement se fait entendre. Un cri qui me fait sourire voir rire en douceur. Et voici un magnifique bébé paon blanc vient en notre direction. Tiens donc, je croyais qu'il devait rester à sa place ?!

Voici Yuu, mon familier. lui présente-je attendant les réaction.

Voyant Yuu arriver, je ne peux m'empêcher de sourire de le voir atterrir sur la terre gelée. Le voir reprendre son envol pour se poser sur mon épaule, se secouer les pattes l'une après l'autre, pousser un petit cri plaintif.

Ainsi donc, mon confrère est un garde du corps. Mais ne m'en a-t-il pas parlé avant ? Je ne sais plus. Bon, il répond à la question que je lui ai posé, et alors ? Je me dois de lui répondre par la même occasion, après tout. Non seulement je ne mens pas mais c'est un confrère de surcroît. Sans avoir soupiré, je lui fais face pour lui parler le plus naturellement du monde.

Ô confrère de race, vous protégez une personne, et il m'arrive de temps à autre de faire la même chose quand celle-ci a besoin de moi. Néanmoins, je suis native d'une tribu qui exige de mon métier la plus entière des discrétions. J'use beaucoup d'énergie à me contenir sous forme humaine. commence-je à lui expliquer.

Ô diable les mensonges! Qu'ai-je à perdre après tout ? Autant être honnête après tout.

Je suis issue d'un clan d'assassins. Le meilleur de tout Sahawi. Aujourd'hui disparu. Je ne fais pas que danser et le fait de choisir entre les deux m'est difficile. Donc plus je me passe de la forme hybride, mieux c'est. Mais plus énergique quand cette forme prend le dessus. lui explique-je les inconvénients de mes choix par obligation.

J'ai vraiment envie de passer un peu de temps avec lui en tout bien tout honneur afin d'en apprendre plus, de mieux comprendre les pourquoi des comment je suis ainsi. Seulement si je ne l'ennuie pas.

Je grattouille la tête de Yuu tout en regardant Taliss. Quoi ? Le choix ? Mais l'ai-je réellement eu un jour le choix ? Pas celui de choisir sous quelle nature mais celui de la généralité. Je n'agis généralement que par la logique puisque je n'ai pas de supérieur. Enfin pas tout à fait encore. Sa réflexion quelque peu philosophique me fait énormément réfléchir. Ma forme humaine fait que je suis plus rapide, néanmoins je me fatigue beaucoup plus vite. L'hybride fait que je reste un peu rapide, mais plus vicieuse dans les coups que je porte. Comme si la malice malsaine prend le dessus. Quant à ma forme originelle, je touche à peine le sol de mes pieds, plus lente, non pas que je brûle tout sur mon passage, mais c'est comme si je ne réfléchis pas à mes cibles et celle qui parfois à besoin que je la protège. Mynerva. Cela fait un moment d'ailleurs qu'elle n'a pas besoin de mes services.

Le choix... murmure-je.

Je ne peux m'empêcher d'écouter attentivement les propos de mon confrère mais je vois bien que quelque chose ne va pas. Comme si le fait de parler avec une autre élémentale lui ravive des douleurs cachées au fin fond de l'esprit et du coeur. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de tenter de le faire sourire.

Et si nous faisions en sorte que CE temps revienne ! Nous pourrions si nous nous en donnons la peine ! sors-je en mettant mes poings sur les hanches.

Ce geste d'ailleurs fait que mon familier s'envole vers l'élémental de glace, puis tourne au-dessus de sa tête, sans l'agresser pour autant. Cependant, je suis une idiote. Oui, il n'y a pas à dire. Une belle idiote ! Je pensais le faire sourire légèrement avec ma réflexion qui pourtant est sincère. Au lieu de cela, il en a une larme. Et moi, cela me fait drôle à l'intérieur. C'est comme si sa larme n'a non pas touché le sol mais mon coeur.

Je suis... dé... so... lée Taliss. dis-je avec sincérité.

Pourquoi je me relâche ainsi ? Pourquoi ce qu'il me dit me paraît plus cohérent ? Plus fluide ? Moi qui suis toujours méfiante, sur mes gardes, à ne jamais croire le premier venu. C'est à mon tour d'en avoir une perle salée de feu qui me glisse lentement sur la joue pour tomber sur le sol gelé de la Toundra.

Si l'on me permet de rester un peu, j'aimerai bien passer quelques jours à visiter les lieux. m'enquis-je avec envie.

Ma venue en Terre de Glace, sur la Toundra, à la recherche de la dionée d'argent pour un essai de nouveau contre-poison, lui procure une joie immense !

Vous m'en voyez ravie mais sachez que tout le plaisir est pour moi car même si je recherche d'autres confrères depuis que je sais ce que je suis. J'étais loin de me douter que j'y arriverai un jour.

Vivre autant d'années, de siècles seul, doit être une chose ennuyeuse à la longue. Bien que seul, il est possible d'agir selon son bon vouloir mais également de vite devenir fou. A moins que je m'induise en erreur.

-Bien sur qu'on vous le permet. Je suis assez bien placé et donc entouré pour pouvoir vous defendre si qui conque vous ennui sur ces terres de glaces.

C'est un véritable honneur que de vous avoir à mes côtés le temps de ma présence. continue-je pendant que nous marchons un peu.

Le temps se rafraîchit un peu plus et je me serre les bras autour de moi. Que le soleil décline un peu, ou qu'un nuage passe devant l'astre diurne me fait moins mal aux yeux car la glace brille moins. Mais j'ai tellement de questions qui se bousculent d'un coup dans la tête. Sûr qu'il doit me prendre pour une enfant.

Taliss... J'ai une question qui peut paraître dénuée de sens mais qui ne l'est pas le moins du monde pour moi. Est-ce que nos familiers peuvent communiquer entre eux si jamais son maître rencontre une difficulté ?

Et voilà ! Je m'en doutais. Je ne peux pas m'empêcher de me comporter comme une bête curieuse au point que je le regarde en lui posant la question. Pourtant... cela m'étonnerait que je revienne de sitôt en ces terres après mon départ, néanmoins je préfère prévoir.

A moins que... à moins que vous ne puissiez entendre ou comprendre ce que Yuu essaie de vous faire entendre.

J'ai à peine le temps de finir ma phrase, que mon familier, restant toujours sous sa forme de paon blanc, cherche à se poser sur l'avant-bras de mon confrère afin de frotter sa tête plumée sur son torse. Je suis surprise car c'est la première fois qu'il agit ainsi et je reste sur mes gardes de peur qu'il se mette à l'attaquer. Bien que vu son âge, mon compagnon de route l'aurait déjà attaqué. Mais le fait que je me sente libre de mes mouvements auprès de mon interlocuteur peut également aider.

Effectivement je n'ai qu'un hoquet d'étonnement en entendant mentalement que mon bébé phénix essaie de faire comprendre à l'élémentale de glace que je ne suis qu'une jeune femme avec de grandes barrières qui n'a soif que d'une justice patiente. Mais je dois de me retenir de ne pas réagir pour ne pas mettre Taliss sur la voie.

Finalement, de voir Yuu se comporter ainsi envers mon confrère, me fait mettre le dos de la main droite devant mes lèvres afin de retenir un doux, chaud et petit éclat de rire. Même un être de glace pure est capable de chaleur. Durant quelques secondes, je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il fait en portant sa main à l'oreille. Un drôle de pressentiment s'étend en moi comme un voile de panique. Je m'interroge sur ce geste d'une main tendue avec élégance. Quoi ? Sa boucle d'oreille ???

Ta...Taliss ! dis-je en reculant, commençant à pâlir. Je ne peux accepter cela.

A peine finis-je ma phrase que j'en tombe sur mon fessier. J'en ai le souffle coupé, le coeur qui s'arrête après avoir fait un énorme bond dans la poitrine. Je n'ai pas l'habitude que l'on m'offre quoique ce soit car nous autres sahawiens estimons déjà que la vie est un cadeau et que nous devons la chérir. Bien que la mienne n'a pas tant d'importance que cela. Ce n'est que lorsque je reprends le contrôle de mon souffle et que mon coeur s'apaise que je me relève sans appuis puis m'époussette.
Sans me départir de son regard, je m'enlève un des quatre bracelets. Celui que je choisis est aussi fin que la longueur de mon pisiforme, du métal symbolisant l'astre diurne et chaud, l'or. Dessus, est gravé une flamme apparaissant presque en filigrane.

Alors je vous offre de bon coeur et sans mauvaise intention le second bracelet de feue ma mère, qui était spécialisée sur les phénix. explique-je en tendant la main gauche, paume ouverte.

Je voudrai lui offrir quelque chose de plus important, bien que ce bijou familial a une très grande valeur pour moi.

Le fait de pouvoir communiquer avec lui sans en abuser est si rare, que je tairais cette entrevue à quiconque. Je me dois de ne pas le mettre en danger, ignorant son camps. Si jamais nos camps respectifs sont ennemis, il n'en reste pas moins mon confrère. Un frère de race. Une chance pour moi, une partie de mes rêves accomplie.

Sachez que j'en prendrai le plus grand soin. réponds-je en lui tournant le dos, afin de mettre le flocon d'oreille en sécurité, et à l'abri des regards pour le moment.

A peine finis-je de placer le flocon d'oreille en liue sûr et à l'abri des regards que je me rends compte que nous sommes pas seuls. S'il y avait que cela. Je suis en plein territoire de glace et la nuit arrive. Il me faut me concentrer plus fortement que d'habitude pour éviter de prendre ma forme originelle. C'est sans précipitations que je me place non loin de mon confrère afin de lui laisser le champ libre d'agir. Je ne suis qu'une "invitée" et ne peux me permettre d'agir. Je me rends compte que mon frère de race doit toucher un peu de son élément pour agir. A moins que ce ne soit que le début de ses capacités. Que je n'aime pas le voir soupirer tant et si bien que je pose brièvement ma main sur son épaule.

-Apparemment, ils veulent notre peau, ou plutôt notre corps mort et gisant au sol. Nous allons devoir nous défendre.

Inspirant profondément, je me détache les cheveux en prenant mes aiguilles. la première, non enduite de poison, je la lance dans l'oeil de celui qui fait face à Taliss, la seconde enduite de curare qui a pour effet simplement de paralyser la plupart des muscles, destinée à mon adversaire direct de face. Quant à la troisième j'utilise l'aiguille enduite de digitale pourpre sur l'homme trapu, un peu plus loin derrière. Sa corpulence aidant, on ne pourra pas déceler que son coeur s'est accéléré à cause du poison. L'avant-dernière aiguille, je ne sais pas si cela agira car enduite de ciguë. Pourquoi ? Premièrement j'ignore si ce sont des êtres de Glace ou d'eau. Secondement, la ciguë provoque dans l'heure qui suit des troubles digestifs, des vertiges et céphalées, une diminution de la force musculaire, et enfin une paralysie ascendante. Mais vu que je fabrique mes propres dosages, il se peut qu'à cela s'ajoute des convulsions pouvant entraîner la mort.
Enfin, le dernière, enduite de lathyrus, l'aiguille se fichant dans la cuisse, provoque uniquement une paralysie des membres inférieurs, visant au hasard un des fauteurs de troubles.

Un petit défoulement ?

C'est une sorte de cadeau que je fais à l'élémental de glace. A peine ai-je le temps de siffler que mon familier prend de la hauteur et use de son enveloppe de phénix afin de redescendre en pic pour frôler et brûler le dos de nos assaillants. Juste de quoi les faire hurler sous la douleur et la surprise mais ne permettant pas de brûler cette chair à vif et de s'étendre.

Ce n'est qu'en cet instant de diversion que je choisis pour courir vers les cibles afin de leur tailler les chevilles avec deux de mes dagues, qui pour une fois, ne sont enduites en rien. Pour se faire, c'est à la dernière seconde que je me laisse tomber sur le fessier avec agilité pour glisser entre deux d'entre eux. Pas le temps d'attendre quoique ce soit. Puis, je me relève dans leur dos, ne voyant pas ce que prépare ce cher Taliss.

Le climat se refroidit d'un coup, un léger vent siffle et j'ose user de mon ouïe. Oui Taliss est entrain d'user de son élément. A peine ai-je le temps d'y penser que les cris de nos assaillants me font me lever la tête, croyant que Yuu m'avait désobéit. Il n'en est rien et c'est tant mieux. Néanmoins cette chape de glace m'inquiète un peu. Je sais que mon confrère ne m'attaque pas, j'en profite donc pour regarder ses techniques. Je ne l'égalerai pas et je ne le cherche pas non plus. A chacun ses méthodes. Bien que je puisse en profiter pour parfaire les miennes. Moi et toujours cette soif de savoir, de bien faire, d'avoir sans cesse envie de m'améliorer. Je sais qu'un jour cela me portera préjudice.

Mon sang de feu, par mes précédentes actions chauffe au point de me départir de mon épais manteau que je laisse choir au sol. Par réflexe, je passe rapidement le bout des doigts de ma main gauche dans le dos. A mon grand déplaisir, mon tatouage racial est entrain de se boursoufler. Vu comme cela est parti, il est déjà entrain de changer de couleur. Par Uruloki ! Non pas maintenant ! La température monte graduellement et je sens des gouttes d'eau fraîche me tomber dessus. Dire que je venais d'oublier ce bouclier ! Les premiers instants m'empêchent de bouger. Je sais pertinemment que l'élémental de glace ne m'a pas opposé ce bouclier dans l'intention de me blesser mais bien au contraire.

Ah ! Enfin, je peux me mouvoir. Je tente de prendre ma forme hybride rapidement pour tenter de prendre un homme pour bougie et de l'enflammer en tendant mon index mais je n'obtiens que des flammèches. Tout se passe bien lors d'un pas ou deux, mais au troisième... Au troisième là est tout le problème. J'ai les jambes qui tremblent comme si elles deviennent du coton ou des marshmallows grillés. Quant au quatrième pas que je fais, termine par me faire choir au sol. Adieu ma fierté et ma dignité si Taliss me voit ainsi. Et merde ! Le voilà qu'il revient vers moi alors qu'aucun de nos assaillants n'est indemne.

Je... vais bien. Merci. dis-je tentant de me relever plusieurs fois.

Il ne manquait plus que cela. Maintenant je grelotte de froid mais souris légèrement à la catastrophe qui a failli se produire.

Grâce à vous...