Valiane
Je me nomme Valiane. Valiane D’Arador. Je suis une conteuse. Jour après jour, je chevauche les brumes, j’escalade les nuages, je survole les tempêtes et je descends des volcans…Pour que chaque soir, au coin d’une cheminée, je puisse vous conter une de mes histoires. J’aime l’aventure, le frisson. Je n’aime pas rester immobile, stationner dans un même lieu plus de trois jours. Je ne suis pas une plante. Je ne m’enracine pas. Je ne suis pas un animal, on ne m’attache pas.
La vie, je la mords à pleine dents ! Je suis une fille du vent, je vais là où bon me semble. Je ris, je pleure, je chante, je danse…et je critique ! Ma langue, je m’en sers aussi bien pour raconter de belles histoires que pour dire ce que je pense. Je suis une grande gueule, insouciante et y irréfléchie. Quand quelque chose ne me plaît pas, je le dis. Et tant pis pour les conséquences ! Une vie de silence, de terreur et de peur de la mort ne vaut pas la peine d’être vécue. Il faut s’exprimer, communiquer, montrer aux autres que la vie c’est aujourd’hui, c’est maintenant. Et tant pis si cela doit passer par un fouttage du gueule du pagne de l’Aile Ténébreuse en sa présence. J’aime le risque. Et la mort, je l’ai vue de trop près pour en avoir encore peur.
Oooooh, comprenez-moi bien : je ne suis pas une de ses folles dingue qui ignore la mort et la provoque juste parce qu’ils se croient imbattables. Je suis faillible. Et je suis très loin d’être la meilleurs des combattantes. J’en ai pleinement conscience. Mais je veux aussi vivre. Vivre debout, plutôt que mourir à genoux. Je suis une contesse. Il est de mon devoir de vivres des histoires extraordinaires. C’est ma vie. Et tant pis si j’en crève. Au moins, moi, j’aurais bien ris.
Je n’ai que 20ans merde ! J’ai le droit d’être insouciante, imprudente et à moitié dérangée. Je suis quelqu’un qui ose tout, des défis les plus extraordinaires aux paris d’ivrognes les plus stupides. Je suis une sale dévergondée qui s’assume et le vis très bien merci. Je suis toujours première à dire oui, à faire l’imbécile pour que l’on me remarque. J’aime la vie…
…et j’aime l’amour ! Car oui, je le dis, j’aime l’amour j’aime les hommes, j’aime les femmes, j’aime le sexe. La nature nous a fait don de deux outils merveilleux, pourquoi devoir cacher les apprécier ? Tout plaisir est bon à prendre, que ce soit devant une table bien garnie ou dans les bras d’un bellâtre au lit.

Alastor
Moi, Je me nomme Alastor Premier du nom, grand exécuteur des hautes œuvres du monarque infernal. Je suis froid, cruel, calculateur. Je suis un seigneur, un loup parmi les moutons.
Mais soyons claire : je ne suis que le fruit de l’imagination de ma créatrice. Je suis sa part démoniaque comme elle m’appelle. Je suis la force obscure de son âme, qu’elle cherche à cacher, oublier. Faire comme si je n’avais jamais existé, comme si je n’étais qu’une illusion.
Mais l’illusion, c’est la Valiane qui se présente à vous tous les jours. Comme une simple…mortelle. Comme si elle n’avait rien de plus ou de moins que vous, misérable observateur. Elle est pourtant une chose qu’elle se refuse à admettre : une démone. Et moi, je suis la manifestation de cette réalité. Une sorte dédoublement de la personnalité, fait de manière volontaire.
Chaque jour, elle et moi s’affrontons, nous disputons. Valiane est une démone. Elle n’a PAS à sauver un oisillon sur le bord de la route. Elle n’a PAS à aider un ivrogne qui agonise dans un égout. Elle est un être puissant, d’une race légendaire, et d’une lignée mémorable.
Lorsque son attitude dépasse l’acceptable, je me fâche, je m’emporte…je l’emporte. La Valiane que vous connaissez devient froide, cassante et violente. Tel un loup-garou lors d’une nuit de pleine lune, l’animal s’éveil en elle, et laisse échapper sa haine et sa puissance.
Dans l’ombre. J’attends. J’attends qu’elle s’accepte, telle qu’elle est. Qu’elle se révèle au grand jour, s’assume et prenne ses responsabilités. Elle pourra alors prendre place au coté du Seigneur Infernal. Lui obéir, le servir avec honneur et fidélité, avec force et sagesse. Tout est question de temps.

Il était une fois une petite fille, heureuse et pleinement épanouie. Elle était la fille d’un conteur et d’une dame de passage, qui s’étaient rencontré au détour d’un sentier. Durant toute son enfance, elle fut bercée par des magiciens extraordinaires, des dragons effrayants, des princesses apeurées et des preux chevaliers. Elle vivait dans un perpétuel conte de fée, rencontrant des trolls, des lutins et des gnomes au détour de chaque chemin.

Sa mère disparut rapidement, dans des conditions mystérieuses, sans qu’elle ne sache encore aujourd’hui ce qu’il s’était réellement passé. Son père lui conta mille et une explications, de l’enlèvement des Bardeurs (dangereux brigands voleurs d’âmes) au voyage extraordinaires à travers les étoiles. L’enfant savait en son fort intérieur qu’il n’en était rien, que sa mère l’avait juste lâchement abandonnée pour des raisons qu’elle ignorait. Mais elle aimait écouter les histoires de son père, le regarder imaginer chaque nuit une nouvelle histoire. Qu’importe pourquoi elle était partie. Son père, lui, était là.
Les années passèrent, Valiane grandissait dans une insouciance d’enfant. Elle voyageait à travers tout le continent, faisait mille et une rencontres, traversant mille et unes aventures. Le monde était pour elle comme un immense parc d’aventures. Son père était le héros, le chevalier que tout le monde applaudissait. Il sortait toujours vainqueurs, ne craignait rien ni personne. Ce qu’elle apprit bien plus tard, était que son père était un réel chevalier. Ou, plus exactement, un mercenaire repentit. Elle n’en savait pas beaucoup plus, et n’avait pas cherché à l'interroger. Comme à l’accoutumée, il lui aurait répondu par une histoire merveilleuses, pleine de dragons et de princesses en détresses.

Un jour, ce qu’aujourd’hui nous savons tous, arriva. L’Aile Ténébreuse. Son père fit tout pour la protéger, lui cacher les horreurs qui se produisait. Mais elle n’était pas aveugle. Sans cesse les gens qu’il rencontrait leur contaient les évènements épouvantables qui se déroulait au loin. Son père tenta de lui dissimuler ses doutes et ses craintes. Il avait le désir ardent de se battre, d’aller sur le front, de prendre parti, et de combattre jusqu’à ce que mort s’en suive. Comme avant. Mais aujourd’hui, il était père, et ne pouvait succomber à ses désirs. Il se devait de tourner le dos au combat, et de veiller sur sa fille.
Et c’est ce qu’il fit. Valiane ne reconnaissait plus l’homme qu’elle avait aimé. Il s’était refermé, était devenu plus solitaire, plus méfiant. La guerre le rendait sombre. Il se mit en devoir d’enseigner les rudiments du combat à sa fille. Leurs longues soirées au coin du feu, où il lui racontait des histoires fantastiques, furent replacées par des séances d’entrainement, intenses et douloureuses. Mais l’enfant ne se plaignait pas. Elle était toujours avec son père. Elle n’avait que huit ans.

À nouveau, les années filèrent aussi vite que le vent. Nous retrouvons Valiane, dix ans plus tard. Elle était une jeune femme, fière et courageuse, téméraire et persévérante. Son père avait vieillit, mais la flemme brillait toujours dans ses yeux. Ensemble, il formait un duo atypique, qui parcourrait de long en large le continent. Un père et sa fille, reconnus dans de nombreux villages. Un conteur et une conteuse, qui ne craignaient de franchir des zones de combat sensibles, pour apporter du bonheur aux gens. Ils s’en sortaient toujours indemne, semblaient insensible aux conflits.

Un matin, toutefois, les choses dérapèrent. Une milice de l’Aile Ténébreuse. Valiane ne comprit pas tout, il était question d’une zones interdite, d’un lieu inaccessible à la population qu’elle et son père venaient de franchir. Les choses dérapèrent, bien plus vite qu’elles n’auraient du. Un des soldats, plus nerveux que les autres, dégaina brusquement son arme, et la planta dans le ventre du père de Valiane, avant-même qu’il ne puisse réagir. Prit de panique, il hurla à sa fille de s’éloigner, en l’appelant par son prénom.
C’est alors qu’un autre soldat, dissimulé sous un casque, s’interposa avec vivacité entre l’homme et l’attaquant. Une violente dispute éclata, dans une langue que la jeune fille ne comprenait pas. Finalement, tous dégainèrent leurs armes, et un combat terrible débuta entre son père, le soldat casqué, et le reste de la milice. Valiane ne comprenait pas ce qu’il se passait. Abasourdie, elle vit son père se battre comme jamais il ne s’était battu, dans un duo parfait avec son allier. Les lames s’entrechoquaient, le sang coulait à flot, et les râles de souffrance ne parvenaient à couvrir les cris de douleurs.
Lorsqu’enfin les choses se terminèrent, l’enfant vit son père allongé, soutenu par l’étranger. Il soufrait, sa blessure au ventre signait abondamment. Sans un bruit, le soldat souleva son père sur ses épaules. Commença alors une longue marche silencieuse, Valiane suivant de près l’individu. Elle tenta bien de l’interroger, mais celui-ci resta aussi muet qu’une tombe. Les heures passèrent, avant qu’ils ne trouvèrent enfin le premier village. Sous les ordres du soldat, les villageois soignèrent son père au mieux, l’installant dans une chambre d’ami. Les heures s’écoulèrent lentement. Valiane pleurait au pied du lit de son père. Elle craignait le pire.
Silencieusement, la nuit s’installa. L’enfant veillait toujours sur son père, le regard perdu. C’est alors que la porte s’ouvrit dans un murmure, laissant entrer une silhouette que l’enfant reconnu. Le soldat casqué. Sans un mot, il tâta le pouls du malade, avant de se retourner vers la jeune fille. D’un geste assuré, il ôta son casque, dévoilant une longue chevelure rougeoyante, et des yeux couleur de feu. Une femme. Une femme qui se présenta sous le nom d’Ayeria. Le même nom que sa mère.

Ce que cette mère et sa fille se racontèrent ce soir là ne regarde personne d’autre qu’elles. La nuit fut longue, très longues. Au matin, Valiane se réveilla douloureusement. Elle s’était endormie sur le lit de son père. Ayeria avait disparu, et son père n’était plus. La colère et la douleur grimpa en elle, la faisant hurler de toute ses forces, de toute sa rage. Ce n’était que plus tard qu’elle découvrit Méphistophélès. C'éatait un argor, une sorte de gros chat noir, plus fidèle qu'un chien et plus agile qu'une gazelle. Il était accompagné d’une lettre de ses parents, ainsi que du bâton de son paternel.
Ce que contenait cette lettre ? Un mot d’adieu, ou d’au revoir plutôt. Des prières pour leur enfant. Et surtout, des mises en garde. Leur fille était une demi-démone, elle devrait apprendre à vivre avec. C’était son histoire. Elle ne devrait pas chercher à les rejoindre, l’un ou l’autre. Sa vie était celle d’une conteuse, ni plus ni moins. Et l’argor serait pour elle un merveilleux compagnon.
Ce qui se produisit ensuite, encore aujourd’hui Valiane ne le comprenait pas. Une colère noire, effrayante. Plus sombre que la plus sombre des obscurités. Un sentiment d’abandon, d’injustice et de colère. Un villageois tenta de la calmer, de la raisonner. Elle ne s’énerva d’autant plus fort…au point de la tuer. Sa vision était troublé, ses sens perturbée, sa raison évaproée. Le monde qu’elle connaissait n’était plus. Pourquoi ?
Elle commit plusieurs autres meurtres, aussi insensés qu'absurde, avant de s’enfuir à dos de cheval. L’enfant galopa à bride abattue, fuyant les horreurs qu’elle venait de commettre. Elle ne comprenait plus rien. Elle ne se comprenait même plus elle-même. Elle avait peur. Peur de tout. Peur d’elle-même. Mais avant tout, il lui fallait rejoindre l’Aile Ténébreuse. Il lui fallait retrouver sa mère. Il lui fallait comprendre qui elle était. Elle avait l’impression de n’être qu’un monstre, sa place était parmi eux.