Faire vite. Ranger. Brûler. Cacher. Non, pas cacher ; Inutile. Emporter. On avait découvert sa correspondance avec Grenaak. Il ne savait pas comment. Interceptée ? Il avait disparu.  Les informations qu'il envoyait à la Rébellion étaient soigneusement dissimulées. Il avait prit toutes les précautions, il n'était pas débutant. Son armure ? Il l'avait déjà laissé à la Meute, il y a un moment. Il lui avait fallut un temps d'adaptation, après deux ans enfermé dedans. Plus d'armure... il se sentait plus vulnérable, mais plus vif, il pouvait utiliser toutes ses capacités de lycan, à leur maximum. Le long manteau qui lui descendait jusqu'aux genoux flottait alors qu'il s'activait dans le bureau, ouvrant et refermant tous les tiroirs pour y trouver tout ce dont il aurait besoin. On toqua à la porte.

-Commandant Dan ? Une nouvelle fois. Il accéléra la manœuvre, et posa un poignard sur son bureau, lame vers la porte. Commandant Dan ? Encore. Plus insistant. Enduit de soufre, il attrape un bâtonnet et  le suspend au dessus du petit âtre de son bureau. L'allumette prend feu immédiatement ; il n'a pas le temps de tout jeter au feu, alors, c'est le feu qui viendra. Il réunit un petit tas de documents, et y dépose le bâtonnet brûlant, il recommence plusieurs fois l'opération, rapidement, pour mettre le feu à toute la pièce, petit à petit. John Dan ? C'était une voix différente, qu'il connaissait bien, et qu'il redoutait encore plus en cet instant. Celle ci continua, devant l'absence de réponse. Allez, défoncez la porte.

Le verrou se brisa sous la force des coups de pied, et deux soldats en armure lourde entrèrent et se placèrent de chaque côté de la porte, en face de John, derrière le bureau.  Le vampire, gérant administratif de la Milice, toujours avec ses lunettes et ses faux airs de vieux monsieur respectable apparu et fit un pas en avant. Il déroula un parchemin, mais ne pris pas la peine de le lire.

-John Dan, pour les faits de haute trahison, espionnage...

John n'écoutait pas, il réfléchissait à toute vitesse, et le vampire remarqua le couteau. Je vous le déconseille fortement, jeune chiot. Le vampire bondit au dessus du bureau pour l'attaquer alors que John avait attrapé le poignard et l'avait lancé pour qu'il vienne se planter entre la plaque d'armure et le casque d'un des deux soldats, qui bascula en arrière, glissant le long du mur.

John repoussa la tête du vampire, qui n'avait plus rien de respectable, tous crocs dehors, et la maintint à distance, s'aidant de son avant-bras, appuyant contre sa gorge. le monstre sortit un couteau en argent de sa ceinture, John put le sentir. Le lycan le fit basculer sur le côté d'un coup de coude, et se releva, le temps de tordre le poignet de son ennemi pour récupérer la lame létale, et l'envoyer dans l'armure du deuxième soldat, qui la reçut tout près de la plaque d'épaule, et vu la quantité de sang qui s'échappa de la blessure, il avait touché l'artère. Il se sentit défaillir, une faiblesse à la cheville ; à terre, le vampire l'avait attrapé, et diffusait ses pouvoirs d'ombre contre lui. John voulut lui écraser le visage d'un coup de talon, mais il disparut soudain dans un nuage obscur, et reparut près d'un des corps, pour récupérer la lame argenté, avant de se téléporter de nouveau près de John, qui dévia son bras armé avec difficulté. Il ne semblait même pas se fatiguer, alors qu'il utilisait ce pouvoir chaque seconde pour surprendre le combattant. John recula jusqu'à se mettre dos à l'âtre, et une fois que le vampire apparut de nouveau, il lui saisit le bras et l'envoya vers le feu ; surprit, il tarda à se téléporter et ses vêtements s'embrasèrent, John prit en main une bûche enflammée et lui frappa violemment la mâchoire.

C'était non seulement le vampire, mais tout le bureau qui commençait à prendre feu. John frappa, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne bouge plus, et le laissa dans le brasier.

Il protégea son manteau du feu, le plaquant contre lui, et sortit prestement. Bientôt, toute la milice serait au courant, si ce n'était pas déjà le cas de toute l'armée. Il se doutait que son portrait été déjà placardé partout dans la ville, et distribué à tous les postes de garde. Sa situation lui rappelait fortement une autre personne... Il se rendit à la salle d'armes de la Milice de l'Ombre, évitant une patrouille qui se dirigeait vers son ancien bureau. Il récupéra son katana, et son arc à poulies, empoignant le carquois de flèches en acier bien rempli. Un soldat entra dans la pièce à son tour, il allait s'écrier quand John lui planta le carreau dans le ventre. Il arriva dans la cour où il s'était entraîné des heures et des heures avec les autres. Et ces "autres", ils l'attendaient, là, tous ceux qu'il avait lui même entraîné au combat au corps à corps.

-Gamins, vous êtes doués, très doués ; Mais tant que je serais dans le métier vous ne serez jamais que seconds !

Il fit un pas en avant, brusque, ils reculèrent, se mirent en garde. Il posa son arc et son carquois, garda son katana rengainé, dans son fourreau, à la ceinture. En demi-cercle autour de lui, une petite dizaine d'humains, en armure légère, ou sans. La colère sur le visage, la frustration d'avoir été trahi.
Le premier s'élança, rapide, un balayage bas, John sauta, verrouilla son cou entre ses deux chevilles et le fit basculer sur le côté, lui brisa les vertèbres. Se relevant en souplesse arrière, il évita un coup de pied, envoya sa jambe en arrière pour casser un genou, et dévia un, puis deux coups de poings rapides qui arrivèrent devant lui. On lui posa la main sur l'épaule, il attrapa le poignet, lança son poing dans le nez, enleva le katana de sa ceinture sans le sortir du fourreau, et le posa sur le bras tendu de son adversaire, tourna autour de lui pour éviter plusieurs autres assauts. Il finit par lui asséner un puissant coup de pied dans le dos pour se débarrasser de cette protection. Encore huit.
Bondissant sous forme lupine sur un combattant, il lui arracha la face d'un coup de crocs, et gronda vers les autres.

-Jamais que seconds ! Tonitrua t-il, en apparence très sûr de lui. Mais bon sang, il ne l'était pas. Il était sur la corde raide, il avait peur, très peur, toute la ville serait bientôt à ses trousses. Il y avait l'adrénaline, mais c'était différent... un sentiment d'urgence...

Il reprit forme humaine, dévia un coup de poing, un autre, un coup de pied de bas, envoya son poing dans un mouvement ascendant et tua l'homme en lui enfonçant le nez dans la boîte crânienne. Les six autres jugèrent qu'il était préférable d'attaquer de concert, mais John ne l'entendait pas de cette oreille quand son pied traça un cercle tout autour de lui, il se mit en garde relâchée, s'inclina pour éviter une attaque. En équilibre sur un pied, il envoya plusieurs coups de pied avec ce seul appui. Deux attaquèrent ; le lycan les laissa approcher jusqu'au contact, les bloqua, dévia leurs bras, ils se gênait mutuellement et enfonça la tête de l'un dans celle de l'autre. Il fallait faire plus vite. Il se relâcha entièrement comme s'il se mettait à fuir, se rapprochant du mur d'enceinte, pour en fait prendre appui dessus, et retomba en lançant un coup de poing dans le visage du plus proche. Il roula pour éviter un coup de pied fauché, atteindre un adversaire plus éloigné, lui saisir le bras, lui tordre et le faire vriller pour qu'il s'écrase au sol.

Tant pis pour les deux derniers, les renforts arrivaient, il escalada sans mal le muret qui le séparait de l'extérieur après avoir ramassé son arc. C'était tellement plus facile sans armure. Il atterrit dans une roulade élégante et mit en route sa mémoire, pour trouver l'itinéraire le plus court pour s'enfuir, empruntant les ruelles étroites, pour éviter les artères principales et les gardes qui le recherchaient déjà. Le Chef de la Milice, un traître ? Au moins pour l'exemple, Aile Ténébreuse enverrait toutes ses forces pour le retrouver, à n'en pas douter. Sauf que cette ville, John la connaissait comme sa poche, presque aussi bien que comment tuer un être humain à mains nues.

Aller faire son rapport à Newen était sa mission du jour. Et pour se faire il devait se rendre à Sen’tsura. Chose que le demi-elfe avait faite. Il déambulait désormais dans les rues sans but précis. Le comte se rendit dans les quartiers nobles pour respirer le bon air des jardins luxueux disséminés un peu partout dans cette zone de la capitale. Newen avait eu l’air satisfaite du rapport, cela changeait…
Enfin bref maintenant le noble se reposait un peu. Il s’assit sur le banc de l’un des jardins et commença à bouquiner le registre des événements récents de son comté. En effet, le demi-elfe, depuis la mort de ses parents, administrait son fief du mieux qu’il le pouvait pour honorer leurs mémoires. Et pour l’instant le bougre ne s’en sortait pas trop mal. La criminalité était élevée en Sahawi mais sur ses terres elle avait chuté de moitié en deux ans. Ce qui n’était pas mal du tout pour le plus jeune noble du pays. S’il venait à mourir, Rigless pouvait être sûr que son voisin, le Duc Jierwald, ne manquerait pas de s’emparer de ses terres pour augmenter son influence sur la nation. Et ça, c’est une chose que notre jeune noble ne pouvait accepter. Les Dragnor et les Jierwald n’avaient jamais pu se voir en peinture de toute façon… Il feuilletait le recueille tranquillement jusqu’à ce qu’un battement d’ailes familier attire son attention.

Lite fendit l’air jusqu’à arriver devant son maître, un parchemin dans sa gueule. Mais le plus important était le sceau d’Ailes Ténébreuse qui ornait la missive. Rigless ne se fit pas prier. Il posa son recueille pour déplier le parchemin et le lire.
Le comte se figea et faillit tomber à la renverse. C’était impossible ! Pas lui ! Mais comment… Il n’en revenait pas. Le commandant John était un traitre ! Cette histoire était invraisemblable. Mais le sceau sur le parchemin témoignait de l’authenticité du document et par conséquent de la gravité de la situation. Lui, simple capitaine, devait intercepter le fugitif à tout prix et l’éliminer. Le problème c’est que le chef de la milice de l’ombre n’était pas une petite pointure. Le tuer ne serait pas chose facile. Le fugitif devait déjà avoir quitté les quartiers de la milice de l’ombre et leur monarque devait être furieux à cette heure. Rigless n’avait pas de temps à perdre. Il quitta le jardin et ce mit en route.

Passer d'une armure lourde, à une tenue légère, c'était un bonheur immense, surtout pour fuir. Il avait passé toute son enfance à courir dans ces ruelles, dans Sen'tsura, pour échapper aux gardes, et ça ne le gênait pas de continuer, maintenant qu'il pouvait en plus échanger quelques coups pour faciliter sa progression. Bondissant en avant, posant ses deux mains sur l'étal d'un marchand, et se projetant au dessus, il roula pour s'amortir, ainsi que pour éviter le coup de taille d'un soldat, se releva et posa le pied sur l'épée d'un deuxième et s'en servit comme appui pour se projeter au dessus de lui, après s'être appuyé sur ses épaules. Sa course recommença, et même s'il serait allé plus vite sous forme lupine, sa forme humaine lui permettait plus de flexibilité. Il bifurqua pour semer temporairement ses poursuivants, mais se fit plaquer contre le mur pendant une seconde le temps qu'il torde le bras au coude.

-Rebelle, fit-il, plaintif, ha, rebelle, rebelle !

John relâcha la pression, mais porta la main à son sabre, caché par le manteau. L'individu leva doucement les mains, et lui expliqua qu'il était là pour l'aider à s'enfuir.

-Je travaille seul.

Le lycan rétorqua sèchement, ne regardant même pas celui qui était sensé l'aider, mais plutôt autour de lui, pour repérer les différentes échappatoires possibles. Le jeune rebelle au bandeau rouge haussa les épaules.

-Comme tu voudras, loup solitaire.

John s'esquiva, grimpant sur un mur, pour une vue d'ensemble. Il vit un garde, au loin, pointer son doigt vers lui. Recommencer à courir ; pas de problèmes. La sortie la plus proche, consistait à passer par le quartier riche, de là, il pourrait peut-être semer les gardes, et sortir de l'enceinte. C'était loin d'être une fuite parfaite, dès lors où l'alarme avait été donnée, mais il aurait pu se faire capturer depuis un moment.
Il franchit le vide entre deux maisons d'un bond agile alors que les soldats couraient, en bas. Un partisan fit irruption sur le toit, devant lui, mais John ne décéléra pas, et le chargea, le poussant du coude, pour le faire tomber en contrebas, et il faillit faire de même s'il n'avait pas sauté à la dernière seconde, et rattrapé une barre où il put se balancer pour prendre de l'élan et franchir de nouveau le gouffre.

Il arrivait à destination, se laissa tomber, roula pour s'amortir. Les badauds le regardaient étrangement, mais le quartier riche était outrageusement insensible aux évènements liés au reste de la ville, se contentant de leurs propres petits ragots élitistes. John posa une main au sol, il sentit le pas de course de ses poursuivants. S'adossant au mur, se recroquevillant et joignant les mains, il implorait les riches et allait jusqu'à s'agripper à leurs vêtements pour mendier de l'argent, jusqu'à ce que les soldats passent devant lui, sans même y prêter gare, sauf le dernier du groupe, qui lui donna un coup de pied dédaigneux -John bascula comme s'il venait d'être mortellement touché et gémit-, lui ordonnant de quitter les lieux avant d'aller rejoindre ses camarades

John se releva rapidement, époussetant son manteau, mais sentit un grand choc au cou. Une flèche venait de s'y ficher. Avec son armure, elle aurait probablement ricoché. Il vit un membre de la Milice de l'Ombre, sur un toit, au loin. Tous les membres connaissaient son visage, pas comme les gardes, et ces archers là étaient de vrais tireurs d'élite. Il l'arracha sous le regard médusé des nobles, heureusement que ce n'était que du fer. Mais avant qu'il ne puisse esquisser de contre-attaque, il vit l'archer se faire égorger par le Rebelle au bandeau rouge, qui le salua rapidement, avant de disparaître. Selon les standards de John, il arriva un peu tard, mais pouvait s'en satisfaire.

Le lycan était nerveux, ce n'était pas de la bonne peur qu'il éprouvait, la pression initiale retombait, tout comme son taux d'adrénaline, lentement. Il porta ses mains devant ses yeux, voyant les doigts s'entre-choquer. Réaction normale... Il se remémora la ville, ses ruelles, et se remit à courir, filant entre les bancs et les buissons du quartier dégoulinant de richesse. John n'y avait passé que peu de temps, se consacrant surtout aux vieux quartiers. C'est au détour d'une rue, alors qu'il prenait le virage le plus serré possible, qu'il heurta Rigless, les deux basculèrent, puis se relevèrent, se faisant face. L'espion n'avait que peu de temps, et remarqua les galons de l'officier, il ne dégaina pas son katana, se contentant de plier les genoux, et de se mettre en garde, sommairement. S'il avait remarqué son grade, il avait aussi remarqué son jeune âge, et pour le moment, il ne devait la vie qu'à cela.

-Tu as le droit à un argument pour essayer de me faire changer d'avis, une prière si tu ne veux pas me faire changer d'avis, ou te retourner, fuir et espérer que je change d'avis. Et vite.

S'il était malin, l'officier tenterait au mieux de gagner du temps, le temps que d'éventuels renforts arrivent pour lui prêter main forte, et déséquilibrer ainsi le rapport de force en la défaveur de John. S'il l'était moins, il tenterait l'assaut en combat singulier. le lycan n'était pas prêt à faire de cadeaux, il risquait sa vie plus que jamais. La vie d'un espion était très peu réjouissante, encore plus les moments qui suivaient sa découverte.

Le demi-elfe était perdu dans ses pensées. Tout en courant, il se remémorait le contenu de la missive. Il n’arrivait toujours pas à croire que le commandant John était un espion rebelle. C’était tout bonnement impossible. Cet homme avait pris part à de nombreuses batailles pour l’empire et maintenant il le trahissait ? Ah moins qu’il ne se soit infiltré depuis longtemps et ais gravis les échelons un par un dans le seul but de les berner. Et c’est ainsi que le comte, perdu dans ses pensées, prit un angle mort à une vitesse ahurissante. Sa course folle se soldat par une collision entre lui et le fugitif. Rigless se remit en position alors que son ennemi en faisait autant. Ils n’avaient toujours pas dégainés leurs armes que l’espion interpella le capitaine :

-Tu as le droit à un argument pour essayer de me faire changer d'avis, une prière si tu ne veux pas me faire changer d'avis, ou te retourner, fuir et espérer que je change d'avis. Et vite.

Le noble n’en revenait pas. Alors c’était donc vrai. Le chef de la milice de l’ombre était bel et bien en cavale. Des menaces ? Rigless avait bien entendu les propos adverses mais n’en avait que faire… Fuir ? Pourquoi faire ? Son objectif était là, devant lui, prêt à être accompli, et lui devrait fuir devant l’adversité ? C’était mal le connaitre. Cependant, il ne l’avait pas attaqué alors qu’il aurait pu le faire dans un moment aussi critique. Le demi-elfe était perplexe, mais surtout il était énervé.

-Je ne compte pas fuir. Contrairement à la plupart de nos chers collègues, j’ai de l’honneur. Je ne tenterais pas de te convaincre. Je me doute bien que ta décision est déjà prise et je ne m’y opposerais pas. La seule alternative que nous ayons c’est de combattre, j’en ai bien peur. Mais avant d’engager le combat contre toi j’aimerais te poser une question.

Devant l’absence de réaction de son ancien allié le comte continua.

-As-tu songé un court instant à tous ceux que tu as formé au sein de la milice ? As-tu ressentit du plaisir en trahissant ceux que tu as côtoyé jusqu’à ce jour ? Plonger ta lame dans leurs chaire t’a-t-elle servit à quelque chose ?

Rigless savait parfaitement qu’il ne répondrait pas. Cependant le noble gagnait du temps au fur et à mesure qu’il débitait ses paroles. Seulement…même si des renforts arrivaient, il doute que cela serve quelque chose. De simples soldats ne pouvaient lutter contre l’espion. Que faire ?

Des bruits de pas pressés raisonnèrent à quelques mètres. Puis, des hommes apparurent. Des soldats de l’empire pour être exact. Le comte redoutait se moment. Comment allait réagir le fugitif maintenant ? Il devait agir et vite.

-Je te propose un marché. Nous allons combattre en combat singulier. Si je gagne, je te tus et emporte ta tête pour notre seigneur.

- Et si c’est moi qui gagne.

Il avait l’air intéressé. C’était déjà ça…

-Si tu gagnes. Tu me tus et peux quitter la capitale sans risquer de te faire attaquer pas les hommes derrières moi. En effet, je me doute bien qu’ils ne sont pas de taille face à toi et je ne peux me résoudre à faire couler le sang inutilement.

Le marché était à l’avantage de son adversaire. De plus Rigless s’avait très bien que seul contre lui, il n’avait aucune chance… Mais il s’en fichait pas mal. Il luterait jusqu’au bout.

Pour toute réponse le fugitif hocha positivement la tête.

-Bien. Alors commençons ! s’écria le capitaine en dégainant son épée noire.

-Je ne compte pas fuir. Contrairement à la plupart de nos chers collègues, j’ai de l’honneur. Je ne tenterais pas de te convaincre. Je me doute bien que ta décision est déjà prise et je ne m’y opposerais pas. La seule alternative que nous ayons c’est de combattre, j’en ai bien peur. Mais avant d’engager le combat contre toi j’aimerais te poser une question.

Il choisissait alors l'option de gagner du temps, c'était tout à son honneur. John aurait dû lui briser les vertèbres quand il était encore à terre ; il était encore pris par de petits frissons dus à l'adrénaline. Il ne prenait pas le temps de répondre, il se concentrait sur sa respiration, la sienne et celle de l'officier en face de lui. Il mémorisait ses mouvements, il regardait comment il bougeait. "J'en ai bien peur" ? Grave erreur que de choisis ces mots là avant un combat, même pour gagner du temps.

-As-tu songé un court instant à tous ceux que tu as formé au sein de la milice ? As-tu ressentit du plaisir en trahissant ceux que tu as côtoyé jusqu’à ce jour ? Plonger ta lame dans leurs chaire t’a-t-elle servit à quelque chose ?

Oui, il gagnait du temps, mais il le connaissait mal. S'il essayait de le faire regretter, c'était une belle erreur. Il n'éprouvait que le regret d'avoir été découvert, et pour pinailler, il n'avait pas eu besoin de lames pour les tuer. Tuer tous ceux qui s'étaient présentés pour lui barrer la route. Les soldats arrivèrent tout autour d'eux, les fenêtres des habitations se refermèrent. Son marché semblait tenir la route, même si John s'en fichait, et n'aimait pas la situation dans laquelle il s'était mise par son inaction. C'était un marché qui était naïvement honnête... le lycan se doutait que s'il gagnait, en tuant Rigless, les autres n'hésiteraient pas pour se jeter sur lui. Et de toute façon, il devait déjà y avoir des barrages qui se mettaient en place, tout autour du quartier, de la ville, même.

-Bien. Alors commençons !

Il dégaina son épée noire, probablement d'obsidienne, et s'avança vers lui. John se mit en garde également, mais sans sortir son arme, il ne voulait pas rendre nerveuse l'assemblée qui s'était formée autour d'eux et qui grognait pour intervenir. En attaquant avec une épée seule, elle se devait d'être imposante, avec une forte allonge. Parfait pour les jambes de John.

Rigless attaqua le premier d'un coup de taille, visant à le couper en deux ; le lycan poussa la lame du pied sur le côté, et l'officier d'AT tourna sur lui même, et continua par un autre coup, descendant et visant cette fois sa clavicule. L'épée était lourde, et il lui était facile d'anticiper pour pouvoir contrer. Il fit un pas en avant, évita la lame et enroula rapidement les deux bras de son adversaire dans le sien, le temps de lui envoyer son genou dans le creux des côtes, avant de se reculer.

Il avait une armure, il faudrait frapper plus fort. Pour John, ce n'était pas un problème, ou du moins, ça n'aurait pas été problème, s'il avait encore son armure. Son pantalon en cuir supporterait peut-être mal les coups très longtemps. Enfin, il supporterait encore moins le tranchant de son épée. Rigless fut obligé de faire un pas en arrière, reprenant son souffle. En garde relâchée, la plus judicieuse face à un ennemi armé, John attaqua le premier, cette fois, évitant encore la lame, et sautant sur son flanc, faisant cogner son poing contre la joue du semi-elfe à pleine puissance. Mais John fut surpris de le voir se trouver juste devant lui, et le tranchant de l'épée noire vint se planter dans son épaule. Le lycan lâcha un "Ah !" surpris, et réagit instinctivement par un coup de pied dirigé directement vers la poitrine du jeune partisan qui dû encore reculer, faisant gicler un peu de sang écarlate quand son épée se retira, même si la plaie se referma derechef. Son manteau était déchiré, maintenant, un manteau tout neuf, génial.

Et en plus, il pouvait se téléporter. Ça non plus, John ne l'avait pas prévu. Il y a peine quelques dizaines de minutes, il avait dû affronter un vampire avec le même pouvoir, et maintenant, il se retrouvait pris au piège. L'officier réitéra sa tactique plusieurs fois, surprenant John jusqu'à ce qu'il comprenne son schéma et ses habitudes.

-Ne répète pas les mêmes tactiques victorieuses, mais adaptes-toi aux circonstances chaque fois particulières.

Son ton arrogant cachait sa nervosité. C'était un conseil à la fois tout à fait vrai tactiquement, et très osé ici, puisqu'il consistait ni plus ni moins à lui faire comprendre que se téléporter souvent avait certes été efficace à un moment, mais...
le jeune officier l'ignora et se téléporta une fois encore, John leva la bras et attrapa la lame, la serrant dans sa main et forçant pour empêcher Rigless de la faire bouger, jusqu'à ce que son sang coule tout le long de l'obsidienne. Le combattant à mains nues tira le partisan vers lui et frappa ses poignets de la tranche de sa main libre pour lui faire lâcher son arme, avant d'envoyer l'intérieur de son pied venir percuter son tibia. John lança son arme plus loin, et poussa son adversaire pour qu'il vienne s'écraser au sol. Il se téléporta encore pour tenter de la récupérer, mais il prévu l'utilisation de son pouvoir et l’accueillit par un coup de pied dans le ventre.

Il se releva vite, toutefois, aidé de ses camarades qui lui donnèrent une nouvelle épée, visiblement en argent, John le sentait d'ici, même sous forme humaine, et un bouclier en bronze. Rigless soufflait très peu, mais c'était un faux calme et il faisait tout pour paraître en pleine forme, alors qu'il ne l'était pas. Cas opposé, John transpirait un peu, mais pouvait assurer pendant encore un moment ; et pourtant, il respirait fort, et faisait tout pour paraître exténué. Comble de l'imprudence, ou de la stratégie, au choix, il alla même jusqu'à baisser la garde. C'est ce moment que Rigless choisit pour attaquer, mais sa lame était maintenant plus courte, et son bouclier réduisant son champ de vision, John releva rapidement les poings, et se jeta en avant, passant tout juste sous l'épée qui traçait un petit sillon rouge sur sa joue droite alors que ses deux jambes quittaient le sol pour venir percuter en même temps le bouclier de son ennemi qui recula et chût aussi, en arrière.

En souplesse arrière, il se releva, faisant reculer Rigless par la même occasion, qui s'était téléporté au plus proche. John fit un pas de côté, puis un autre, dans l'autre sens. Il gardait toujours cette imprévisibilité, cette mobilité qu'il avait perdu avec son armure. Il sauta encore, pour performer le même coup de poing que tout à l'heure. L'officier se protégea, et le bouclier encaissa encore le choc, il recula de plusieurs pas. Ses hommes se firent plus insistants et John sentit qu'ils n'étaient pas loin de la désobéissance. Le jeune demi-elfe fit un signe vers eux, il voulait finir le combat lui-même. Bien, ce combat allait finir, maintenant. Sans lui demander son avis, le lycan prit un bouclier des mains d'un des gardes. Rigless se jeta sur lui dans un cri de rage, John se recroquevilla, plaça sa protection nouvelle au dessus de lui, et son adversaire bascula au dessus de lui alors qu'il se relevait pour achever le mouvement. Il planta le bord de son bouclier dans le sol au niveau de la gorge du partisan, mais il s'était téléporté, à nouveau. John dégaina son katana, et en voulant parer le coup d'estoc qui venait de derrière lui, il désarma Rigless ; l'arme lui échappa des mains quand le katana percuta la lame pour la dévier.

Le capitaine fonça en avant, voulant pousser John violemment d'un coup de bouclier frontal et soudain. Au lieu de résister, il se laissa pousser, mais s'accrocha en haut du bouclier, et quand il perdit tout son élan, il lui balaya les jambes, retenant sa protection et la lui retirant, la lançant au loin. La lame du katana du lycan s'enfonça dans le sable, mais Rigless ne s'était pas téléporté, il avait juste roulé sur le côté, trop fatigué pour tenter d'utiliser son pouvoir. Il se releva, un peu plus loin, tentant une garde sommaire. Par respect, John rengaina son arme, mais fonça sur lui, sa garde balayée par un premier coup de pied circulaire, puis son visage par un deuxième, dans la foulée. Il s'écroula au sol, crachant son sang. Le lycan se mit au dessus de lui, l'officier se débattit, tentant quelques coups de poings maladroits. John lui appuya le menton avec son coude, sa tête s'écrasa dans le sol par la pression, mais la douleur vint ensuite quand il frappa, par petits à-coups avec ce coude. Il sentait que la résistance de Rigless s’amenuisait au fur et à mesure qu'il frappait, et alors qu'il donnait un dernier coup de coude dans sa mâchoire, l'officier ferma les yeux, relâcha ses muscles un quart de seconde avant de reprendre brusquement conscience. "Fais pas ça... fais pas ça..." Implora t-il faiblement, à peine audible. C'était maintenant.

Il attrapa son menton, et mit sa main derrière sa tête. Il retourna, d'un seul mouvement, aussi sec que le bruit des vertèbres du semi-elfe qui se brisèrent. Terminé.
La fin.
John se releva. Les soldats hésitèrent un instant. Il ne lui en fallut pas plus, le jeune rebelle au bandeau rouge le siffla du haut d'un toit proche, qui était pourtant relativement haut. Le lycan attrapa le bouclier au sol et le lança sur les gardes qui formaient un mur infranchissable, jusqu'à ce qu'ils s'écartent pendant un court laps de temps ; John s'infiltra dans la brèche et se jeta contre la paroi de la maison. Non, c'était décidement trop haut ! Il prit appui appui sur un pied, se projeta un peu plus haut, puis l'autre, encore un peu plus, mais c'était insuffisant... jusqu'à ce que sa main fut rattrapée par le rebelle qui gémit sous le poids du lycan.

-Bon sang ! gémit-il alors qu'il remontait John, qui forçait également sur ses jambes pour l'aider, ainsi que sur sa deuxième main quand il put prendre appui. Un peu d'exercice, ça ne te ferait pas de mal, milicien...

-Ex-milicien.

Tint-il à préciser. Les deux hommes s'élancèrent, au dessus des toits, échappant aux gardes jusqu'à arriver à l'enceinte, toujours gardée, encore plus maintenant.

-Ok, loup solitaire, y'a deux solutions, maintenant. Soit on fonce dans le tas, soit on attend le soir, et on se planque.

-Il vaut mieux attendre ce soir, trouver une planque.

John tourna les talons, mais le rebelle soupira, le retenant par la manche.

-Surement pas ! Allez, c'est maintenant, ça deviendra trop dangereux de rester, et ils savent où se trouvent la Meute.

Penser que la Meute pouvait être attaquée alors qu'il n'était pas là... cela changeait tout, c'est vrai. Ils se glissèrent le long du mur, atterrirent en roulade l'un comme l'autre. John avait déjà oublié Rigless, c'était une victime de plus, c'était la guerre. Soit Rigless, soit lui. Un soldat s'avança vers eux.

-Halte là !

La main sur la garde de son épée, ils reconnaissaient les visages, et alerta vite ses compagnons.

-Je veux pas crever ici, John, mais il va falloir jouer serré pour réussir.

-C'est ma spécialité.

Le premier garde reçu un poignard dans le cou, lancé à toute vitesse par le jeune rebelle. A ce jeu là, il semblait aussi très bon. Ils avancèrent vers les portes, il ramassa son arme de jet. John repoussa un autre soldat trop entreprenant, envoyant son coude, puis son genou, par deux fois, avant de lui assener un coup de tête qui l'endormirait suffisamment longtemps. Peu importe s'ils mourraient ou non, du moment que les rebelles pouvaient avancer.

Le jeune homme sortit deux dagues de derrière sa ceinture, il évitait diablement bien les épées qui volaient autour d'eux deux, et ses ripostes précises se faisaient toujours mortelles, se plantant dans les organes vitaux, tranchant les tendons puis les artères. Plus maîtrisé, John blessait tout aussi rapidement, mais s'arranger pour qu'ils ne gênent plus. Ils se rapprochaient de la sortie, il n'y avait presque plus personne, encore une dernière course, si proches... quand soudain, le jeune rebelle tomba à genoux, deux flèches plantées dans le dos. Au loin, un milicien disparut dans l'ombre. Ils étaient si proches... John coupa les flèches avec son katana, mais ne les retira pas. Il le porta dehors, l'assit, sa tête touchant les murs.

-Ok, fais quelque chose pour moi, mec. Dis leur que je me suis bien battu.

Un petit filet de sang coula de sa bouche, alors que sa respiration était entre coupée par des suffocations bruyantes. John releva la tête, ils s'étaient frayés un passage, difficilement, mais c'était toujours l'urgence.

-Tu leur diras toi même, tu raconteras tes petits exploits, d'accord ?

-On est bientôt arrivé ? A la maison ?

-Ouais... ouais, on arrive bientôt, je vais te porter. Tu t'accroches juste encore un peu ; tu peux faire ça ?

-Je peux... je peux. C'est rien... c'est rien...

Sa tête s'inclina sur le côté. John lui ferma les yeux, récupéra son bandeau rouge, et lui mit dans la main, la lui refermant également. Il se releva, prenant un des couteaux du jeune rebelle, et le lança vers un soldat, le loupant de peu, qui s'était aventuré à l'extérieur pour prévenir que le fuyard était là. Maintenant, il fallait courir. Encore.




[A toi de voir si tu veux faire un dernier post ou pas ! RP terminé pour moi.]