- Haa… ha… ha…

Ma respiration était saccadée et quelque peu bruyante. Phénomène qui n’avait rien de surprenant puisque j’étais à bout de souffle. Je courais encore et encore. Non pas que je ne voulais pas m’arrêter, mais je ne le pouvais pas. Si jamais je cessais de courir, ne serait-ce que quelques minutes, je savais que je perdrais mon avance et que mes poursuivants finiraient par me rattraper. Car oui, j’étais poursuivie et telle était la raison de ma fuite. Bien que mes jambes me demandaient d’arrêter, je refusais de les écouter et tentais même d’accélérer davantage mon rythme. Je passais dans diverses rues, tournant tantôt à gauche, tantôt à droite, dans le but de les semer. De semer ces pro-AT qui cherchaient à me capturer.

Je tournais la tête, regardant derrière moi. Personne. Néanmoins, cela m’étonnait grandement qu’ils aient abandonné. Effectivement, en tendant l’oreille je pus entendre des pas précipités qui étaient sur mes traces. Me cacher ? Oui, il fallait que j’essaye pendant que j’avais gardé mon avance. Cela me permettrait de me reposer. Aussi, je regardais autour de moi tandis que je courais. Les rues étaient plutôt étroites et il n’y avait pas grande place où se dissimuler. Ou alors, entrer dans un établissement… C’est à ce moment que je vis tout un tas de caisses entreposées les unes auprès des autres. Pourquoi pas après tout ? J’entrepris donc d’ouvrir l’une des caisses qui, heureusement pour moi, n’était pas très bien fermée. Il y avait plusieurs tissus à l’intérieur. Probablement était-ce un arrivage pour un couturier. Je me glissais donc en son sein, assez large visiblement, et m’assis, repliant mes jambes contre moi. Puis, je me servis de l’un des tissus que je disposais sur moi, afin de me dissimuler. Mon cœur battait toujours de cet effort que je venais de fournir et j’essayais de calmer ma respiration.

J’en profitais pour me rappeler la façon dont je m’étais encore attirée des ennuis. Pour une fois, oui vous avez bien entendu, pour une fois, ce n’était pas de ma faute. Je n’avais rien fait. Et justement, je trouvais ça dur à croire. Alors que je suis tranquille et que je ne cherche pas les problèmes de quelque manière qu’il soit, ce sont les problèmes qui viennent à moi ! N’étant assignée à aucune mission, je me promenais. Et là, je vois un groupe d’hommes qui me montrent du doigt en chuchotant. Quoi, ils avaient un problème avec moi ? Eh bien, de toute évidence oui. Pourtant je ne les connaissais pas. Je les fixais tandis qu’ils me dévisageaient également. Non, il n’y avait pas à dire. Je ne les avais jamais vus. A moins que…  Ah, mais si ! L’un d’entre eux… Celui qui avait parlé aux autres en me désignant… c’était un pro-AT ! Je l’avais déjà aperçu. Il était sous les ordres d’un ennemi que j’avais déjà affronté par le passé… et qui était encore en vie aujourd’hui. Il m’avait probablement reconnu en tant que rebelle car si moi je savais que lui ainsi que son supérieur était du camp  de l’oiseau de malheur, eux savaient que je faisais partie de la Rebellion. Il n’en fallu pas plus. Je tournais les talons et m’en allais, ayant juste eu le temps d’entendre.

- Ne la laissez pas s’échapper ! Prévenez les autres !

Les autres ? Parce qu’en plus, ils n’étaient pas seuls ? Bon sang, je n’avais pas envie de me battre aujourd’hui surtout qu’il y avait d’autres personnes aux alentours et que je voulais éviter qu’il y ait des blessés. Mais si en plus, il y avait des renforts… Même si j’étais forte, il y avait des limites et j’avais appris depuis le temps, plus ou moins on va dire, à ne plus faire de choses stupides et risquer inutilement ma vie. De plus, en m’éloignant je constatais qu’ils étaient un nombre assez important. D’autres arrivaient. Pourquoi tant d’ennemis et si proches ?! Etaient-ils en mission ?! Peu importe la raison, je me retrouvais rapidement contrainte à fuir. Voilà comment avait commencé tout ça. Eh oui ! Vous voulez ne plus pouvoir vous promener en paix ? Faites comme moi et faites-vous remarquer chez les ennemis à tout bout de champs. Vous verrez le résultat ! Encore heureux pour ma fourrure de Kitsune, ce n’étaient pas des hauts-gradés pour le moment. J’en avais déjà rencontré et combattu. Et pour le moment, je n’en avais pas envie. On verrait demain, mais pas aujourd’hui.

- Je t’ai trouvé.

Cette voix me fit sortir brutalement de mes pensées et retourner à la réalité. Le tissu qui me recouvrait était au sol et je faisais face à un ennemi. Une image s’imposa à mon esprit. Celle de ce jour… Non, pas question ! Agissant au quart de tour, je me levais subitement, lui assénant ainsi un coup de tête dans la mâchoire. Puis, je sortis de ma cachette. Il y avait des ennemis des deux côtés de la rue, me bloquant par la même le passage. Je mis quelques secondes à réfléchir à une échappatoire. Pas à gauche. Pas à droite. En haut ! Sans perdre une seconde de plus, je sautais mon pied prenant appui sur l’épaule de l’homme à qui je venais de donner un coup et qui basculais vers l’arrière. Après quoi, j’exécutais un deuxième bond tout de suite, en mettant le plus de force possible dans mes jambes. Je tendis les mains et gagnais ensuite le rebord d’une fenêtre. Je me hissais et continuant à grimper, j’avais en tête de gagner le toit en m’aidant des pierres du mur, rugueuse comme appui. Celles-ci m’écorchèrent les mains au passage, mais j’avais atteint mon but et étais désormais hors de portée de mes poursuivants, à plusieurs mètres du sol. Cependant, je les voyais entrer de force dans le bâtiment, sûrement dans le but de gagner les étages…

- Tss ! Ils sont persistants ! Mais vous verrez… On ne capture pas une Kistune aussi facilement !

Aussi, je pris mon élan et sautais sur le toit voisin. Puis je recommençais. Encore une fois. A mon avis, ils avaient dû me perdre de vue. Cela me donnait un peu de temps et je poursuivis mes petites acrobaties. Mais voilà. Mon dernier saut n’avait pas eu assez de puissance et j’avais tout juste réussit à m’agripper au bord, du bout des doigts. J’essayais de remonter mais je ne réussis qu’à perdre un peu plus d’équilibre et soudain… mes doigts lâchèrent prises. Je chutais dans le vide à quelques mètres sans pouvoir me raccrocher à quelque chose. J’eus la chance d’avoir atterri dans une rue commerçante et plus particulièrement sur un étalage disposé sur une table en bois à l’extérieur. Je m’en excusais pour le commerçant, mais je devrais également le remercier car j’atterris en plein dessus dans un grand fracas. Bien qu’il y eu mieux, cela avait amorti mon atterrissage. J’avais les yeux fermés et essayais de les ouvrir doucement, étourdie par la chute.

[HRP : ceci est la première intervention surprise d'un des PNJ principaux. Pour toute réclamation, veuillez contacter Albar]

C'est donc cela, une chasse à courre?"

Le Roi Démon se tenait devant la jeune kitsune, souriant à pleine dent d'un sourire plus terrifiant que n'importe quel visage déformé par la rage. Il était en visite surprise à Faestelia, voulant s'informer de ses propres yeux de ce qui se passait vraiment dans la nation du feu. Il avait bien sûr ses espions, mais ils pouvaient être trompés, dupés, corrompus. Pas lui. Et le feu était une nation grande et riche, qui gardait une certaine liberté, et c'est bien connu : rien n'est plus dangereux que la liberté.

Accompagné de son escorte, le Ri Démon avait avancé très vite, le voyage n'avait duré qu'une petite semaine, durant laquelle ils croisèrent quelques tribus indigènes. Toutes eurent le bon sens de s'incliner devant eux, tout comme les animaux qui s'écartent quand le berger passe parmi le troupeau. Enfin, pas toutes. L'une d'elle se rebella. Apparemment les démons avaient foulé un sol sacré, que ces primitifs eux même ne pouvaient arpenter car c'était la terre de leurs dieux. Fervent adepte des religions et toujours prêt à rendre service aux petites gens, le Roi Démon s'était alors fait un plaisir de leur fournir une sépulture dans la terre même de leurs dieux.

En vérité ça ne l'avait pas véritablement amusé. Écraser une résistance était intéressant, briser des espoirs, de hommes, des esprits, c'était ça la seule chose encore qui lui faisait éprouver quelque chose. Pouvoir enfoncer un être plus bas que terre était un délice, mais ici... Ce n'était qu'une tribu de primitifs quelconques qui avaient pris la mouche parce qu'on avait marché sur la pelouse interdite, tout comme ils l'auraient fait vis à vis de n'importe qui d'autre. Ma foi, ils ne le feront plus de toute façon. Le pays du feu avait gagné un nouveau brasier.

Il était arrivé à Faestelia il y a tout juste une demie heure, dissimulant sa présence avec une facilité déconcertante. Certains indices perlaient pourtant, et nombres des gens du feu qu'il croisa se demandèrent d'où venait ce froid glacial qui se répandait dans leurs veines, cette sensation de désespoir poignant leur coeur, et cette subtile terreur griffant leurs âmes.

L'on médisait beaucoup sur lui, oh que oui. Il l'entendait, pas une seule rue sans que l'on entende une bribe de conversation de la part de quelqu'un qui voulait faire un grand coup d'éclat mais dont il ne fallait surtout parler à personne. La nation du feu, elle qui se croyait toujours libre, était sans doute la plus pathétique et ridicule des visions qui soit. Une nation disparate au possible sans véritable chef et à peine civilisée qui se prétendaient supérieurs aux autres car ils étaient plus libre. La liberté est le refuge des imbéciles et des perdants, tandis que les forts, eux, savent que l'ordre est la chose qu'il faut.

Son attention finit par être attirée par sans doute la plus libre de toute. Une jeune créature qui fuyait allègrement ses démons, les ridiculisant clairement. Enfin quelque chose d'original, enfin quelqu'un qui se battait plutôt que de simplement se laisser exterminer. C'est ainsi qu'il avait suivi lui aussi la Kitsune, et qu'après sa chute, il s'était matérialisé devant elle, sous forme de cette fumée noir trop épaisse pour être naturelle qui le caractérisait, prenant par la suite sa véritable apparence. La température chuta doucement, suffisamment pour que la jeune fille s'en rende compte. Mais le Démon était d'humeur calme, aussi ne gela-t-il pas.

Allait-il la tuer? Il hésitait encore... Il se contenta de l'attraper d'une poigne ferme par le menton pour l'amener à lui.

"Encore une qui lutte pour survivre, alors qu'il serait tellement plus simple de vivre sans faire de vagues. Vous autres, rebelles, êtes un exemple pour moi : vous me poussez à ne pas faire dans la facilité moi non plus. Par exemple, ici, je pourrais serrer juste un peu plus fort, et c'en serait fini de ta mâchoire. Je pourrais aussi juste te maintenir ici et attendre que mes hommes arrivent, puis je partirais, les laissant faire de toi ce qu'ils entendent..."

Oui, il avait pris sa décision. Il approcha alors le visage de la jeune fille très près du sien, à tel point qu'elle sentait très certainement son souffle à la foi glacé et brulant, lui disant d'une voix sifflante :

"Cours petit renard, cours"

Il la lâcha alors et se tourna vers ses troupes, qui revenaient, tandis que la fille s'enfuyait. Il leur dit alors d'un ton neutre :

"Tuez la"

Faestelia était vraiment une cité gigantesque… Malheureusement pour Rigless c’était en ce lieu que lui et sa troupe devait faire halte pour s’informer de la présence de rebelles. Pour l’instant rien d’anormal et aucun rebelle en vue. Il faisait le tour des commerces depuis quelque heures, et, je vous l’accorde, cela n’avait rien de passionnant. Il était vêtu de son uniforme mais ne portait cependant pas d’armure car cela le gênait dans ses mouvements. Le soleil était déjà haut dans le ciel quand un de ses officiers déboula devant lui à une vitesse impressionnante.

-Mon capitaine !

Décidemment sa journée ne pouvait pas être aussi mauvaise qu’elle avait commencé…

-Eh bien parle qu’attends-tu, ordonna Rigless d’un ton qu’il aurait voulu moins impérial.

-Nous avons repérés une rebelle dans une rue du quartier Ouest. Nous l’avons déjà prise en chasse mais elle résiste aussi je viens solliciter votre aide.

Enfin un peu d’action, encore dix minutes de plus à arpenter cette rue et il serait devenu fou.

-Je me mets en chasse immédiatement. Donne l’ordre à nos hommes de surveillé les entrées et sorties de la zone de commerce. Avez-vous une description à donner de cette rebelle ?

-Heu… non je ne l’ai pas encore aperçut de mes propres yeux et aucuns de mes camarades ne m’ont donnés d’informations précises.

-Entendu, et bien en route ! Continu dans cette rue je prends la rue adjacente !

L’homme s’évapora aussi vite qu’il était apparu, quand à Rigless il prit, comme il l’avait annoncé, la rue adjacente qui menait à la place principale. Il arpenta la rue comme il le faisait à son habitude et changea de direction pour s’engager dans une petite ruelle. En effet si la rebelle était poursuivie elle voudrait forcément quitter la zone ou bien s’y cacher. Et pour cela, elle avait tout intérêt à s’engager dans une de ces petites ruelles qui sont légions dans le quartier. Il continua son ascension pendant une trentaine de minutes, puis, commença à douter de son raisonnement.

-Me serais-je trompé. Si elle n’emprunte pas les ruelles quels autres moyens a-t-elle pour s’enfuir ?

Il réfléchit quelques secondes puis ses yeux se dirigèrent vers le ciel.

-A moins qu’elle ne soit bien plus maligne que ce que je ne pensais.

Sans voulant de ne pas avoir été plus prudent il quitta les ruelles et grimpa souplement sur un toit à l’aide de caisses qui trainaient par là. Une fois sur le toit il scruta les autres habitations cherchant désespérément une trace de vie sur les toitures…en vain. Rigless prit son élan et s’élança de toits en toits. A quelques pâtés de maison il renonça et descendit dans une nouvelle ruelle. Le pro-AT rejoignit un de ses hommes qui patrouillait au coin de la rue celui-ci avait le teint si pale qu’on aurait pu le confondre avec un spectre.

-Que ce passe-t-il, l’interrogeât Rigless, te sens-tu mal ?

-Non…ça va… c’est juste qu’IL impressionne toujours…

Le capitaine ne comprenait pas. Mais de qui parlait son officier ?

-Mais de qui parles-tu ?

-Mais de Ailes Ténébreuse évidemment ! Il est apparu sur la place public dans un nuage de fumé opaque je vous raconte même pas la peur de la foule ! Il a attrapé la rebelle par le col et lui a parlé, bien sûr nous ne savons pas ce qu’il lui a dit mais je ne cherche même pas à le savoir ! Ensuite après lui avoir parlé il la relâché et ordonna qu’on l’exécute ! Et…

-STOP ! ordonna Rigless, pas tout en même temps ! Tu me dis que notre seigneur est ici en ce moment même ?

-C’est ce que je me tue à vous expliquer !

Notre héro n’avait pas spécialement peur de ses supérieurs mais là on parlait d’Ailes Ténébreuses, ce n’était pas n’importe qui !
Dans la matinée il avait annoncé que sa journée ne pouvait pas empirer. Eh bien il c’était trompé sur toute la ligne…

Il n’y avait rien de plus divertissant pour moi qu’un contrat à exécuter en pleine journée dans une ville surpeuplée, où la chaleur est abondante - ainsi que les troupes de l’Aile Ténébreuse ! Il est vrai que j’avais, ces temps-ci, de plus en plus de mal à me faire discret dans Faestelia, à cause de la présence de nombreux gardes aux portes et à l’intérieur même de la cité… Partout ! Ces hommes étaient partout ! Que pouvaient-ils bien surveiller dans ce genre d’endroit ? Les cactus, la roche ? C’était un désert, peut être le moins caractéristique de Feu, mais un désert tout de même ! Seule l’ombre permettait de survivre convenablement ici, celle-ci apportant fraîcheur et humidité à la population locale… Ce n’est d’ailleurs pas si désagréable de vivre ici, tant que nous n’avons pas affaire à des tempêtes de sable ou des invasions de scorpions…

Mais bref, cela m’importait peu : je ne comptais pas rester ici éternellement. Une cible, une personne, un contrat. Quelque part ici, se trouvait la raison de ma venue sur ces terres arides. Dissimulée parmi la populace, il s’agissait d’une femme d’environ 40ans, très bien conservée, dirigeante d’un groupe de Commerçants d’armes malhonnêtes qui avaient eu l’audace de ne pas répondre aux attentes d’un client de grand prestige. Après avoir empoché une très grosse somme d’argent, elle et son groupe s’étaient enfui dans un lieu ou personne n’aurait eu l’idée d’aller les chercher… Personne sauf moi ! Bon, je ne vous cache pas avoir acheté de nombreuses informations à l’aide de mon statut, mais j’avais fais la plus grande partie du travail en déduisant de tout les renseignements fournis, le lieu de repli de cette marchande d’arme…

Ce qui nous amène à cette situation : moi, au beau milieu d’une Agora, dos à un groupe de Soldats en armures, préoccupés par la disparition d’un voleur ou de je ne sais quel fauteur de troubles… J’avais pour habitude de ne jamais me laisser distraire lors d’une mission, mais quelques détails à propos de l’individu recherché avaient capté mon attention.

« Eh, vous là bas ! »

Quel idiot. J’avais réussi à attirer l’attention à force d’insister du regard sur le groupe derrière moi. Que faire ? M’enfuir comme un idiot ? Combattre ? Les assommer ? Leur cracher au visage ? Non, en y repensant, je n’avais encore rien fait, rien à me reprocher ! Pourquoi paniquer ? Oui, simplement leur répondre, parler normalement, ne pas s’inquiéter.

« Ouais, quoi ? »

L’un des hommes - un grand barbu au visage fripé – ne pu retenir un sourire en remarquant mon étrange calme. Il déposa, comme pour me démasquer, une main sur mon épaule afin de me faire tourner légèrement, puis attendit que ses camarades le rejoigne pour me questionner…

« On cherche un voyou, ou plutôt une voyou. Pas très grande, fine, cheveux bruns. On pense que c’est une Changeforme, ou bien une race en lien avec un renard. Encore une batarde qui se la joue Rebelle, on t’apprends rien ? »

‘Batard’, n’est-ce pas ? C’était amusant comme appellation, venant de la part d’un humain soumis à un Démon. J’aurais pu, à cet instant, l’humilier devant ses compères mais, me soupçonnant déjà, il ne m’aurait jamais laissé partir sans avoir vérifié que je n’étais pas moi aussi un criminel en fuite.

« Evitons de parler de ces Rebelles. Ils me mènent la vie dure. Ma famille, non loin de Sen’Tsura, à vu sa ferme totalement pillée et brulée par ces vermines. Et ca se la joue sauveurs. »

De même que ses compagnons, l’individu esquissa un nouveau sourire, à la fois compatissant et un brin moqueur.

« Je l’ai vue passer par là, il y a environ 5 minutes. Vous la rattraperez rapidement. »

Et voilà, le tour était joué ! Ces abrutis me firent signe de la tête en guise de remerciement, puis se bousculèrent à la poursuite d’un fantôme, puisque je les avais emmenés – vous l’aurez comprit – sur une fausse piste. S’il s’agissait réellement de la personne à laquelle je pensais, elle était dans de mauvais draps et je me devais de l’aider… Je me dissimulais donc discrètement à l’ombre d’une ruelle, et me mit à la recherche de la dite « Criminelle ».

[HRP: Silvius n'étant pas là en ce moment, je post donc la réponse comme je l'avais dis pour ne pas bloquer le RP. S'il le souhaite, il pourra toujours s'incruster par la suite.]

Je remuais encore un peu étourdie de cette chute. Mais, je dus tenter de retrouver mes esprits le plus rapidement possible. Quelque chose me stressait. L'instinct peut-être, mais en tout cas, j'avais l'impression que j'aurais mieux fait de ne pas me trouver ici. Alors, peut-être n'était-ce que mon imagination qui me donna cette sensation, mais je crus que la température avait diminuée. Soudain, je sentis une poigne emprisonner mon menton avec fermeté me forçant à reprendre contact avec ce qui m'entourait. Et pour être honnête... j'aurais préféré rester encore un peu dans le brouillard. Car la vision que j'avais devant moi, me remplit d'horreur. J'eus des frissons et ce n'était pas réellement dû à la température, mais à cause de l'être qui se trouvait face à moi.

Aile Ténébreuse. Il n'avait pas besoin de décliner son identité que déjà il était connu. Il fallait dire qu'il était difficile de ne pas le connaître. Mais ce qui était plus étrange était ce qu'il faisait devant moi. En fait, je me demandais comment il pouvait être devant moi. Pourquoi ? Comment cela pouvait-il être ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Des questions, des émotions se bousculaient en moi dans un désordre sans nom, tandis que je ne pouvais faire qu'écouter bêtement ses paroles et essayer d'utiliser mon cerveau afin de mettre un sens sur les mots qui étaient prononcés. Tandis qu'il rapprochait son visage du mieux, son souffle glacé venant rencontrer mon visage, j'eus de nouveau frisson.

Il finit finalement par me libérer ce qui me surpris. Courir hein ? Fuir ? Oui, je voulais fuir... Je n'avais jamais ressenti ça. Je m'étais dis que le jour où je me trouverais face à lui, je l'affronterais. Que je n'aurais plus peur comme ce jour où j'ai simplement été impuissante. Et pourtant, tout mon corps tremblait de peur... J'étais effrayé. Le simple fait qu'il se soit trouvé en face de moi, qu'il aurait pu me tuer aussi simplement que cela... A peine m'avait-il libérée que je tournais les talons et m'enfuie, courant aussi vite que je pus. Je sentais les larmes monter à mes yeux... Pourquoi il fallait que je fuis ? Pauvre petite... Finalement, je n'avais pas du tout progressé depuis le temps... Toujours aussi faible. Toujours aussi incapable de faire quoi que ce soit. C'est vraiment ce que je voulais ? Bien sûr que non. Je n'étais pas obligée de l'écouter. Je n'étais pas obligé de fuir. C'était à moi de décider de ce que je voulais faire. Il pouvait être la personne la plus dangereuse de ces contrées que je refusais de lui laisser le dernier mot.

Je m'étais déjà éloignée de la place où se trouvait mon ennemi et je tournais à l'angle d'une rue, essoufflée. Toutefois, je ne cessais pas ma course. Je tournais encore. Je sentais mon coeur battre de plus en plus fort. C'était stupide peut-être. Tant pis. Ce n'était pas la première. Ce ne serait pas la dernière. Mais il fallait que je le fasse. Je regagnais par un autre chemin, l'endroit où j'étais un peu plus tôt. Il était toujours là. J'étais à plusieurs mètres de lui mais lui faisait face. Mes jambes et tout mon corps, mon cerveau aussi me disaient de repartir le plus vite possible. Mais je me montrais sourde à ces protestations. J'avais la bouche sèche mais je levais les yeux vers le Démon et le regardais dans les yeux avant de prendre la parole.

- Vous voyez... vivre sans faire vague... très peu pour moi. Ce n'est pas amusant. Alors, si ça vous arrange tant mieux pour vous. Mais dans ce cas, j'espère que vous aimez aussi beaucoup la défaite parce que...

Je pris une profonde inspiration et criais.

- LA REBELLION VAINCRA !!!

Sur ce, je lui tirais la langue et repartis en courant car j'avais alerté ses hommes qui se trouvaient à proximité et qui n'attendaient que de pouvoir m'attraper. Qu'il trouve ça puérile ? Je m'en fichais un peu. Je me sentais mieux. Certes, j'aurais eu encore beaucoup de choses à dire mais c'est les quelques mots qui m'étaient venu à l'esprit pour le moment. De plus, alors que je m'enfuyais je me demandais toujours pourquoi il m'avait laissé fuir. Il essayait de ne pas faire dans la facilité ? Il voulait peut-être un peu de spectacle ? Eh bien, il allait en avoir !

Je regardais derrière moi. La course poursuite avait repris. Je déambulais dans les rues passant par-ci par-là. Puis, je les entraînais dans des rues plus étroites à l'instar de ce que j'avais fais plus tôt. Cependant, je ne me cacherais pas cette fois. Je sortis mes trois dagues et me retournais avant de changer de direction et de revenir vers eux. Le fait d'être dans un espace plus restreint les empêchaient de tous m'attaquer en même temps. Pour ma part, je tranchais la gorge du premier ennemi à l'aide d'une dague et plongeais une seconde dans le torse d'un autre, près du coeur. Il tituba en arrière tandis que je retirais la lame. Quelques autres en avaient profité pour avancer et l'un d'eux avait réussi à m'érafler l'épaule de son arme. Je reculais et eus un rire. Puis, je faisais apparaître une flamme de ma main libre, me servant de l'autre pour tenir les dagues, prête à attaquer. Qu'ils venaient. Ils étaient plusieurs mais de mon côté, j'avais de quoi en accueillir quelques uns.

Je m'adressais à la flamme dans ma tête, lui faisant savoir ce que j'attendais d'elle. Une habitude que j'avais de communiquer avec ma magie. Puis, je donnais davantage de force à la flamme, la nourrissant de mon énergie magique. Le feu gagna de plus en plus en force et il commençait à faire de plus en plus chaud. Les flammes qui s'agrandissaient, vinrent gagner le sol et avancèrent vers les ennemis. Certains tentèrent d'avancer tout de même, mais subirent des brûlures. Trois d'entres eux périrent consumés par l'élément. Puis, le brasier commença à s'éteindre ne laissant que de légères langues de feu sur les vêtements des adversaires. Je repris mon souffle. Mais ce n'était là qu'un avertissement. S'ils voulaient continuer, libre à eux. Mais ils savaient que leur adversaire ne se laisserait pas faire aussi facilement. Toutefois, ils ne tardèrent pas à avancer. Tous. Ce qui m'étonna tout de même je dois l'avouer. Ou alors ils me sous-estimaient complètement. Ou ils étaient courageux... voire inconscients.

- Mais c'est que vous êtes vraiment têtus ma parole... Vous ne lâcherez pas prise n'est-ce pas ? Très bien. Je vous attends !

Ils étaient tout de même un certain nombre et je n'étais pas sûre de remporter la victoire. Seule contre eux tous, ça n'allait pas être simple. Mais il ne m'auront pas comme ça. Aussi longtemps que je serais encore en état de me battre, je le ferais. Et je défie quiconque d'essayer de m'amener jusqu'à cet état. Ce n'est pas encore arrivé à ce point, jusqu'à maintenant. Enfin, en effet, jusqu'à maintenant...

« La rébellion vaincra ? ». Plus aucun doute… Oui, j’en étais persuadé ! Il s’agissait bien de la personne que j’imaginais. Et elle était toute proche, dans un rayon de 200 mètres par rapport à ma position actuelle ! Un cercle de 400 mètres… Pas facile d’y retrouver quelqu’un… Fort heureusement - et malgré les problèmes que cela allait engendrer - j’aperçu un grand regroupement d’une vingtaine de soldats se diriger dans une direction bien définie, d’un pas rapide et pourtant, parfaitement synchronisés. Armés jusqu’aux dents, réfugiés dans des armures de plaques impénétrables et arborant les couleurs de l’armée d’AT, ces démons semblaient vouloir en découdre avec le gêneur, ou plutôt la gêneuse qui avait osé les affronter sur leur territoire ! Et pour ne pas arranger la chose, Kalia décida de faire son apparition derrière moi, à l’instant précis ou je me retrouvais seul au milieu de la place publique, ce qui eut l’effet d’attirer les regards dans notre direction…

« S’ilteplaît… Ne fais pas trop de bêtises… »

« Ne t’inquiètes pas mon Chou, je ne vais pas gâcher votre rendez-vous romantique… »

« Ce n’est pas un rendez-vo… Tss, je laisse tomber. »

Sans ordres, elle se dirigea vers l’attroupement et bouscula la colonne, faisant chuter deux soldats grâce à sa force… La réaction de leurs compagnons ne se fit pas attendre. Ils se mirent à la poursuite de la succube, qui allait leur en faire voir de toutes les couleurs. Je ne comptais pas assister au spectacle : j’avais une amie à retrouver, et je n’avais pas envie de tomber sur un corps sans vie lorsque j’effectuerais ma prestation… C’est donc en courant aux limites que mon corps me le permettait que je me dirigeais vers l’endroit ou semblait s’être « réfugiée » la Kistune. Afin d’y arriver le plus rapidement possible, je pris appuie sur un établit dressé au pied d’une maisonnette, avant de me projeter dans les airs et d’attraper le panneau d’un auberge qui me permit d’accéder aux toits de la ville. La vue y était fantastique, mais je n’étais pas vraiment là pour ca… Elle était là, quelque part dans ces ruelles. Au fil de mon avancement, je sentais ma température monter, et ce n’était du que au temps de ce foutu pays ! Non, il y avait quelque chose qui brûlait dans les environs, et ce n’était pas qu’un signe de sa présence. Je l’avais repérée, ainsi qu’une dizaine de Soldats dont pas moins de la moitié au sol. Si elle avait réussi à en terrasser « si peu », vaincre la seconde moitié n’aurait sans doute pas été très difficile. Oui, si seulement d’autres hommes en armures n’avaient pas fait irruption derrière elle, chargeant la jeune femme dans l’espoir de l’embrocher et remporter des félicitations de leur maître – ou simplement des moqueries.

« C’est l’moment d’intervenir… »

J’avais préalablement repéré ce qui allait me permettre de rejoindre Leyna en gardant un minimum de chances de survies : des barils de bière entassés et retenus par de simples cordages abîmés, qui semblaient déjà bien assez rongés par les rats. Sautant sur la boisson, je n’eu qu’à tirer sur l’un des nœuds pour le faire céder, et… Et rien ne se passa. Non, j’avais parlé trop vite. Il se passa quelque chose, mais rien de ce que j’avais prévu. Tout les regards se dirigèrent vers moi, avant que tous s’interrompent dans un silence inquiétant…

« Qui t’es, toi ? »

Je n’avais plus l’envie de me présenter à présent… A vrai dire, j’étais trop honteux pour le faire… Je me contentais de sauter à terre dans l’espoir de prendre la fuite avec la renarde, mais j’oubliais rapidement qu’un des cordage s’était emmêlé dans mes pieds, provoquant pour de bon – cette fois-ci – la chute des tonneaux. La troupe recula en arrière, et ce n’est qu’après que le tas se soit stabilisé, que certains tentèrent de l’escalader, les tentatives se soldant par des échecs à cause de l’instabilité de l’ensemble. Je tournais donc la tête vers Leyna après m’être relevé, sourire aux lèvres…

« Bonjour, charmante demoiselle. »

Les voyant s'avancer encore et je fronçais les sourcils en reculant un peu afin de garder plus ou moins la même distance. Toutefois, le prochain assaut ne tarderait pas car je venais de surfait, d'entendre derrière moi, d'autres bruits de pas rapides et de cliquetis d'armures. Merveilleux. Je m'apprêtais à bondir sur mes cibles tel un prédateur lorsque je les vis tourner la tête vers les toits du bâtiment adjacent. Remarquez, je levais moi aussi les yeux dans la même direction. Surprise. Etonnée. Voilà ce que j'étais à ce moment-là. Par les barils ? Non. Mais plutôt par la personne qui se tenait dessus. Ce visage... Je le connaissais. Et je ne m'attendais vraiment pas à le retrouver ici. Le nouvel arrivant sauta au sol mais entraîna avec lui les barils, tandis que lui se retrouvait au sol. Autour, les gardes se débattaient, se plaquaient au mur essayant d'éviter ou essayaient de les escalader mais bref... ils avaient l'air de s'amuser. Quant à moi, je n'avais pas quitté le jeune homme des yeux. Je le regardais se lever et se tourner vers moi en m'adressant un sourire, qui aura sûrement déjà fait fondre des coeurs.

- Bonjour, charmante demoiselle.

- Bonjour Léandre. Ca faisait longtemps. Et... très belle entrée au passage. Toujours aussi acrobate.

Je lui retournais son sourire, amusée. Léandre était quelqu'un que j'appréciais beaucoup. L'une des personnes que je pouvais considérer comme un véritable ami. Je pouvais dire que j'étais plus proche de lui que certains rebelles. Mais je ne m'attendais vraiment pas à le retrouver et surtout pas dans ces conditions. Sa présence avait quelque chose de relaxant quelque part. Même dans une situation plutôt tendue, comme un combat, on a l'impression qu'il ne se prend pas la tête. Preuve de cette arrivée originale. D'ailleurs, j'en aurais presque oublié que nous étions entourés de pro-AT quand la voix de l'un d'entre eux me ramena à la réalité.

- Ce n'est pas bientôt fini oui ?! Vous croyez vraiment que c'est le moment pour ce genre de scène ! Vous semblez oublier un petit quelque chose !

Les ennemis avaient enfin retrouvés leurs esprits. L'effet inattendu qu'avait provoqué l'arrivée de Léandre et sa petite mise en scène, volontaire ou non, s'était dissipé. Ceux qui étaient tombés au sol se relevaient et les rangs se reformaient petit à petit. Qu'ils aillent voir Nayris ! J'étais contente de revoir un ami et voilà que je ne pouvais même plus discuter tranquillement. Oui ce n'était ni le lieu, ni le moment. Et alors ?! Ils mériteraient que je m'occupes de leur cas ! Mais l'endroit devenait plutôt restreint pour se battre. Il y avait également Léandre et on pouvait se gêner mutuellement. Sans compter qu'il y avait eut de nouveau arrivant et que si on ne sortait pas avant qu'ils reprennent leur formation, nous nous retrouverions encerclés. Sans perdre un instant, j'attrapais Léandre par le poignet et me mit subitement à courir, l'entraînant à ma suite.

- Viens on s'en va !

Je profitais de leur surprise pour m'enfoncer dans les rangs ennemis, les bousculant sans ménagement au passage, tout en veillant à ce qu'il n'y en ait pas un qui se ressaisisse à temps et nous attaque. Heureusement, aucun n'y pensa et je parais les quelque tentatives en les frappant tandis que je me frayais un chemin. Enfin, nous réussissions à sortir. Léandre était toujours là. Quelque part, vu que je le retenais encore par le poignet, le contraire aurait été difficile. Toutefois, je ne le lâchais pas maintenant car déjà, ils s'étaient tournés dans notre direction, prêts à nous poursuivre. Je continuais donc à courir, obligeant le mercenaire à me suivre. Jettant un regard vers lui, je demandais.

- Tu ne connaîtrais pas un endroit où aller par hasard ?!