De retour à Sen'Tsura. On aurait presque pu dire que l'atmosphère lui avait manqué, les marchands bruyants, les badauts négligent, les voleurs à la tire, le tous dans un mélange de tension permanente face à l'occupation militaire de la ville... Non, en fait il aurait pu être nostalgique si jamais il n'était pas dans les rue de Sen'Tsura en pleine nuit.

Vivement l'hiver....

La journée, il se calfeutrait dans les souterrains de la ville, ou alors se contentait de s'entourer d'un épais bloque de glace le maintenant au frais jusqu'au soir. Son voyage dans le royaume des morts avait fait grandir ses pouvoirs, et l'avait amener à révéré la main qui les avait façonnés, mais il avait encore un peu de mal avec  la dernière fantaisie de Nayris. Pour la première fois de son existence il se sentait vraiment enfermée dans sa carapace de givre... Néanmoins c'est de la difficulté et de la souffrance que naisse la vrai puissance, il sentait ses pouvoirs sur la glace s'affiner de jour en jour, il ne faudrait qu'un temps avant qu'ils ne franchissent un autre cap.

Soudain, une ombre attira son attention, elle portait la marque de la mort. Un nécromancien? Esenheim s'était un peu rapproché du culte de Nayris depuis son retour, même s'il avait une conception assez différente de la masse des adorateurs de la déesse des morts.
La démarche de l'homme lui rappelait quelque chose... se pourrait-t-il? L'homme se déplaçait telle une ombre, évitant les rencontres avec une fluidité certaine, comme s'il anticipait leur mouvement. Les gens ne semblaient pas le remarquer.

Le démon le suivi discrètement. Il avait lui aussi refait un peu la déco extérieur. D'antan imposant, et taillé pour le combat puissant, il avait nettement réduit, pour une silhouette plus discrète, complètement enveloppée dans son manteau à capuche pour dissimuler sa nature. Il se déplaçait maintenant avec une discrétion certaine. Une sorte de reconversion professionnelle.

Il suivit l'homme jusqu'à une ruelle, ou il s'engagea juste après lui, et le héla.

Et bien, on perd ses manière? On ne dit plus bonjour?

Elyin sorti de chez lui tard, l'absence de travail déréglait son rythme de vie, pour autant qu'il ait reelement retrouvé une vie depuis son retour. Il ne lui restait plus que trois cable, trois ficelles qui agitait la marionnette de Nayris qu'il était devenu. La fuite du bonheur des autres, la recherche du sien dans leur souffrance et Jenifael.
L'inactivité le rongeait, il avait arreté ses missions a la prison et se retrouvait confiné chez lui. Sans son pouvoir il devenait inutile a la milice, se contentant de rares missions administratives...

Sen'stura la nuit était une source inépuisable d'occupations. Toutes sortes d'agressions, de complots, de delits... Le monde noir de la ville qui chuchotait pendant la journée se mettait a hurler la mort et le vice une fois le soleil caché.
Se repaître de l'ambiance nocture était devenu presque une habitude, un rite qui le ressourçait plus encore qu'un repas.

Quand au risque... Elyin était chez lui à Sen, sans porter d'etiquette "membre de la milice de l'ombre", ceux qui faisaient attention a lui sentaient qu'il n'était pas une proie habituelle. Mais la plupart ne lui pretait aucune attention tant il se fondait dans le decors.

Il marchait là où ses pas le menait, savait où il allait sans connaitre son but. Aussi, quand il prit une ruelle a sa droite, il cherchait a s'enfoncer encore plus dans la noirceur du monde, sans savoir comment.

La voix glacé s'imposa a cet instant dans le silence, agitant Elyin d'un long frisson. C'était le souvenir de son premier pas dans l'Empire, c'était le souvenir d'un combat silencieux qui avait entrainé leur mort respectives bien que separées dans le temps et l'espace, mais c'était surtout le souvenir de ce passage dans le lieu le plus noir de Terra.
Il se retourna calmement. Il n'avait rien a craindre. Ce qu'il l'était aujourd'hui, il le devait a cet homme. Pour le pire et le meilleur.

La silouhette n'était pas celle a laquelle il s'attendait mais il n'avait aucun doute sur l'identité de son interlocuteur. Un sourire discret se dessina sur les levres de l'humain, retrouvant dans les mots de son embaucheur ce caractère si particulier qui l'avait mené a s'y attacher d'une façon ou d'une autre, alors que tout les separaient. Aujourd'hui, Elyin n'était plus cet homme doux et compatissant. Sans doute encore plus perdus qu'il ne l'était en se presentant a l'embauche d'Esenheim, mais retenu par Nayris dans un axe macabre.

- Esenheim. Pas perdues, je les ait pretées à une jeune enfant qui semblait en manquer ... cruelement.

- Esenheim. Pas perdues, je les ait pretées à une jeune enfant qui semblait en manquer ... cruelement.

C'est ce qui avait toujours fait qu'Esenheim appréciait Elyin, il avait l'esprit acéré, même s'il ne lui connaissait pas ce sens de la répartie cynique qu'il appréciait au plus haut point.

Il est vrai que dame Nayris n'est pas vraiment connue pour sa bienveillance. Ajouta Esenheim avec un ton peiné. Je dois avouer avoir quelques difficultés à m'adapter au dernier cadeau dont elle m'a fait l'honneur. Même si dans ton cas, avec ton don, tu dois te retrouver prit entre le marteau et l'enclume...

Le démon fit une pause, puis reprit : Que dirait tu d'une petite pause dans un bar? De préférence un coin discret, mal famé, et désert? Comme ça on pourra parler, non pas de bon vieux temps, mais d'avenir, j'ai quelque projets et je dois avouer que je préfèrerais en parler assis. Tu pourras me mettre à jour de ce que j'ai pu manquer.

[HRP : J'ai fait ça court, que j'ai pas envie de forcer le RP en balançant une heure et demi d'action tout seul ^^ Je supposes que tu ne m'en voudra pas.]

[No problème, si t'a besoin de faire bouger El, hésite pas!]

Elyin acquiesça d'un signe de tête. Pas besoin de mot, pas envie de mot inutiles. Il se mit en marche aux cotés d'Esenheim, prenant acte, avec un peu de retard, des changements physique de celui ci. Les limbes vous marquent l'esprit et l'esprit se reflète sur le corps... Lui même avait changé... Pas de taille, pas de traits, pas de corpulence, pas de couleur. Mais sa tenue, son regard, ses gestes, criaient un changement radical.

- Le marteau oui, mais l'enclume a disparue. ça reste flou, où quand comment, je sais pas. Mais il ne me reste plus rien de ce don qui m'a poussé vers la milice...

Et c'était sans doute mieux ainsi. Désormais il ne visait plus une libération quelconque, il n’espérait pas s'en sortir a long terme. Nayris était toujours là, fidèle pour lui rappeler que sa nouvelle vie était celle de l'ombre, de la noirceure..

Il poussa la porte de la première taverne qu'ils croisèrent, correspondant par chance aux attentes d'Esenheim. Ou peut etre aussi parce que ce genre de lieux poussait comme des champignons dans le quartier populaire de la ville.
L'air y était chargé d'une fumée, les conversations étaient étouffés par l'atmosphère lourde et les voix humaines se faisaient rares. Conscient que ce n'était pas le genre de lieu où une jolie serveuse vient aimablement prendre votre commande a table, et plus si affinité, ils passèrent prendre leurs consommations au comptoir avant de s'installer a une table tranquille. Mais près d'une fenetre; une sortie, toujours une sortie accessible, principe de base.

Ainsi son subo... ami avait perdu ses pouvoirs. Après tout il n'était plus tenant du poste, même s'il avait apprit récemment la défection de son ancien lieutenant. Le démon, avant sa mort, aurait bouilli de rage à une telle trahison, maintenant il ne ressentait qu'une rage froide et l'étrange certitude que la mort frapperait avec justesse et violence. Il ne lui manquait plus qu'à trouver comment.

C'est une bien triste nouvelle, ou une bonne, peut-être, après tout tu désirais t'en débarrasser plus que tout. Tu perds à la foi une arme, et une faiblesse. J'ai toujours aimé penser qu'un homme intelligent profitait plus de renforcer ses points forts que de combler ses faiblesses. Mais après tout... ne faut-il pas faire feu de tout bois?

Le démon s'arrêta, sirotant sa consommation, de l'eau avec des glaçon, quelle originalité ma foi...

Comme je t'a l'ai dit, j'ai un projet, enfin plusieurs projets, mais nous y reviendront. J'ai pensé un temps faire de la mort d'autrui mon gagne pain, mais, je ne sais pas si tu l'a entendu, notre ami poilu s'est révélé le plus sombre des traîtres...

J'observai la réaction d'Elyin, puis je repris.

J'ai eus en quelque sorte une illumination, peut-être que mon voyage dans les limbes m'a arraché jusqu'à mes dernières lueurs d'honneurs, ou si, comme je l'ai dis, j'ai fait de transformer faiblesse en force, et force en faiblesse une philosophie, mais j'ai soudain découvert ce qu'il fallait faire. Je ne t'en dirais pas plus ici, mais je compte bien reformer la milice de l'ombre, plus violente et plus fourbe que jamais.

Le démon fit une pause, posant ses coudes sur la table et croisant ses doigts :

J'ai bien sur pensé qu'il me faudrait mon fidèle second à mes côtés, c'est pour quoi j'en viendrais maintenant à toi. Tu m'avoue avoir perdu tes pouvoirs, et potentiellement tout ce qui te liait à la milice d'ailleurs. Je penses que plutôt qu'y voir une perte, il faut voir en quoi cette perte te différencie et te rend plus fort que le reste du monde : Tu connais mieux les sentiments et les émotions que tout homme vivant puisse le prétendre, tu connais l'essence même de ce qui anime l'esprit d'un homme pour en avoir aperçu des millions...

Le démon fit une pause dramatique.

Tu n'ignore sans doute pas mon goût immodéré et ma curiosités pour toutes les formes de magies, allant des plus conventionnelles jusqu'aux plus impies en passant par les plus incongrues. Or, une fois que j'avais isolé ce point qui te rend si unique, la solution m'a paru des plus évidente :

Se mettant soudain à jouer avec l'eau de son verre, il se mit à sculter un ange de glace, qu'il transforma lentement en démon impie, puis d'un revers de main retourna l'eau à son état liquide, et l'absorba dans son corps, donnant l'impression de dissipé une image.

Les illusions. Je ne te force bien sur pas la main, mais telle est la solution à laquelle je suis arrivé. Tu connais le coeur des hommes mieux que quiconque, tu connais l'essence même de ce que sont la peur, la colère, l'espoir, et je suis sur que ton esprit est assez acéré pour être capable d'en jouer. Une illusion peut tromper aussi bien qu'elle peut tuer. Qu'en penses-tu?

Elyin avait connu Esenheim moins bavard mais l'écouta attentivement jusqu'au bout. Parce qu'il en avait toujours été ainsi, et qu'il sentait revenir une ancienne émotion oubliée... Se remettre en chasse, ou du moins reprendre une certaine activité. Mais cette fois jouer le jeu jusqu'au bout, sans s'encombrer de morale ou de bons sentiments. Et mêler l'utile a l’agréable en rependant la douleur autour de lui... Oui, en écoutant Esenheim parler ainsi, en suivant petit à petit le fil des pensées du démon de glace, Elyin souriait tranquillement.

- Il me faudrait... recréer ce lien avec les sentiments, mais différemment? De sorte à ne plus être influencer par ceux des autres mais jouer avec?

Il entama son verre, indifférent a sa composition amère. "Le bonheur est un sentiment dégoûtant. Il pique et est remplit d'amertume" A cet instant, la petit voix a son oreille lui parrut plus complice que menaçante. Pourquoi ne pas profiter des occasions qui s'offraient a lui? Il n'avait plus de vrai but mais suivre le parcours qui se dessinait dans l'empire pour lui redonnerais un peu de sens au temps qu'il y passait.