Ashae ouvrit les yeux. Le soleil descendait à l'horizon, elle le voyait par sa fenêtre. Elle avait fini sa sieste. Pas une sieste réparatrice. Plutôt préparatrice. Elle comptait faire une nuit blanche. Le tour des tavernes, courir sur les toits, se rafraîchir sous la lune. Rien que d'y penser, elle frissonnait d’excitation. Elle ouvrit son placard et scruta son arsenal. Elle sortit son bâton à double lames. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas utilisé. Plus qu'un bâton, il s'agissait en fait de deux dagues liées l'une à l'autre. On pouvait les séparer pour se battre avec une lame à chaque main. L'arme fétiche de la jeune femme. Elle enfila aussi des gants, sur lesquels étaient fixés les fourreaux de petites dagues dont la lame faisait une douzaine de centimètres. Elle glissa des aiguilles et des étoiles de lancer dans sa ceinture. Les premières étaient liées à des fils, ce qui pouvait s'avérer très pratique pour attirer un corps vers elle ou grimper à des endroits rocailleux. Deux autres dagues dans les fourreaux qui étaient dans les doublures de son pantalon en cuir. Et un poignard un peu plus bas. Elle était prête à partir.

Elle regarda ses gants. Elle eut soudain une brillante idée. A la place de fourreau, il faudrait mettre des petites arbalètes, qui se déclenchent d'un mouvement spécial du poignet. La métamorphe se dit qu'elle devrait faire part de la suggestion à son inventeur de frère lors de leur prochaine conversation. Mais pas tout de suite. Elle avait du travail. Elle enfila une cape noire, qui cachait son corps, sa trousse en cuir remplie de flacons et ses armes. Puis elle ouvrit la fenêtre, respira l'air frais du soir, et se glissa sur le toit. Elle referma délicatement la fenêtre, laissant juste un créneau pour pouvoir passer un doigt dans la jointure et la rouvrir quand elle viendrait. Elle partit d'un pas léger, courant de toit en toit.

Ashae se posta sur une cheminée pour regarder le soleil se coucher au loin. Accroupie, là, elle se sentait invincible. Delkhar, son faucon, vint la rejoindre. Il se posa sur son épaule. Immobiles, les deux amis regardaient le soleil au loin. La soirée pouvait commencer.

La métamorphe jeta un regard sur le Chien qui dort, la taverne et repaire des Voëlkara. Il y avait beaucoup de gens ce soir-là là-bas. Que se passait-il? La jeune femme décida d'y retourner pour en apprendre plus. Elle partirait plus tard explorer Sent'sura. Elle redescendit donc de son toit et fit demi-tour. Elle entra par la porte dans la taverne, non sans avoir remonté sa capuche sur sa tête. Ce qui n'empêcha pas, Tarkas, le tavernier, de la reconnaître, ce qui le fit sursauter. Elle lui fit un sourire carnassier en s'approchant.

- Ca va Tarkas, je te laisse tranquille ce soir. Amène moi une bière s'il te plaît.
- Tout de suite.

La jeune femme s'accouda au bar. Il y avait vraiment de l'agitation. A une table, deux hommes faisaient un bras de fer. Le ton montait. Les paris aussi.  Elle observa en silence. S'il n'y avait rien à apprendre ici, elle partirait bientôt. Elle n'avait pas prévu de voir les hommes démontrer leur virilité ce soir-là. Elle avait d'autres plans...

La nuit tombait. Le soleil, fier de son travail, partait se coucher, il reviendrait demain... Kaho aussi aurait bien aimer dormir. Depuis combien de temps n'avait-il pas prit du temps pour se reposer? Depuis combien de temps son lit était fait, impeccable, sans un plis. Les draps devaient être froids... mais qu'importe, il aurait été capable de s'endormir a même le sol. Mais les plans n'étaient pas prêts, les soldats avaient besoin de préparation, l'expédition était encore au stade des préparatifs, et lui, il était au milieu de ce bordel sans nom. On lui avait donné une carte et des dizaines de rapports des éclaireurs, des espions et des sentinelles. Lire, calculer, probabiliser, il devait sans cesse revoir ses plans pour limiter les risques. Une terre inconnue... des adversaires inconnus... ca faisait beaucoup trop d'inconnues dans l'équation pour un homme soucieux des statistiques comme lui. Au bout d'un moment il se rassit sur son fauteuil, quittant des yeux l'immense carte dépliée sur son bureau, parsemées d'épingles, de notes et de petits soldats en bronze. Le général se massa lentement le front, fermant ses yeux d'un rouge intense en soupirant doucement avant de les rouvrir.

Quelqu'un venait de frapper a sa porte. Le démon émit un grognement rauque avant d'autoriser la personne a entrer. Un soldat. Il fit un salut militaire dans les règles, Kaho resta immobile. Il était d'une humeur massacrante, n'importe qui pouvait le voir, et pourtant il avait cette extraordinaire capacité a garder son calme quelque soit la situation. Alors que beaucoup de ses pairs entrent dans des colères noires et égorge a tout va, Kaho mettait un point d'honneur a ne pas considérer ses hommes comme un défouloir. L'honneur.... voila encore une valeur qui se perdait dans les rangs. Il était loin le temps de Zelphos, loin le temps où l'armée démoniaque était encore guidée par des valeurs et des commandements! Ici il n'y avait plus que la conquête qui importait, et peu importe son prix.

"Mon Général! Vous m'avez demandé de votre prévenir quand...."

"Je sais."

Coupa-t-il en se levant. Une longue chevelure grise qui tombe en cascade sur ses épaules, une tunique sombre brodée d'argent, une cape d'un noir de jaie, des bottes de la meilleures facture. Le Général avait du charisme a en revendre, a défaut d'avoir un sens de l'humour inexistant. Il attrapa sa ceinture et l'attacha autour de sa taille, vérifiant la présence de son épée Thunder Sword dans son fourreau. Il jeta un coup d'oeil au soldat qui n'était pas partit et le regardait avec émerveillement.

"La fille est là? "

"Non mon Général.... La patrouille est en route, elle ne devrait pas tarder a arriver. La salle du Conseil a été préparée."

"Très bien... Quand la patrouille arrivera dis leur de l'emmener la bas directement. Va me chercher Victo... dis lui de me rejoindre le plus vite possible."

"Bien mon Général!"

Un nouveau salut militaire auquel Kaho répond cette fois, et voila le soldat partit. Le Général reste un moment seul, observe l'épée accrochée au mur dont la garde est gravée de multiples têtes démoniaques. Et puis soudain ... des voix.... comme un murmure.. emplissent la pièce. Elles sont sournoises, sinueuses, sifflantes comme une langue de serpent. Elles sont nombreuses, les rendant incompréhensible. Kaho soupire et quitte finalement son bureau pour se rendre a la salle du Conseil. La Tour des Armées est vaste et se sépare en plusieurs ailes, séparant ainsi les appartements des généraux des quartiers des simples soldats. La salle du Conseil était a l'étage, au quatrième, au bout d'un long couloir dont les murs étaient couverts de tentures a la gloire de Zelphos et d'Aile Ténébreuse. Des sentinelles étaient placées devant la lourde porte en bois sculptée qui donnait sur la grande salle circulaire du Conseil. Une grande table ronde en pierre brute se tenait en son centre, des sièges et des flambeaux. Aucune fenêtres ici... pour un minimum de risques de fuites des conversations et des décisions qui y seront prises. Kaho s'installe au siège le plus éloigné de la porte et attends....


****************
Dans les rues de la ville, une patrouille est en marche. Ils ne sont pas nombreux... ils n'ont pas besoin de l'être. Deux hommes, deux capitaines, deux fers de lance. Ils ont une mission et ils ne veulent pas décevoir Zelphos, ni Oblivion... ni Azrael...
La taverne est facilement repérable, ils savent que normalement leur cible va être ici. C'est ce que confirment les espions de l'empire. L'un des deux hommes entrent, habillé le plus simplement du monde il pourrait se fondre dans la masse. Musclé, il a une posture qui trahie néanmoins sa position de capitaine. Droit et fier!
Son regard embrase la salle un moment avant de repérer une silouhette au bar, encapuchonnée. Il hésite, il inspecte... avant d'estimer qu'il s'agit de sa cible. Il vint se poser au bar a côté de la demoiselle qu'il ne regarde pas directement.

"Demoiselle.... le Seigneur Oblivion vous fait mander. A Voelkara, il assure richesse... si vous daignez me suivre...Je vous attendrais dehors."

Il se redresse et regarde la jeune fille un instant.

"Gardez a l'esprit qu'un empire peut apporter beaucoup de chose a une petite guilde.... Une renommée.... ou une éradication...."

Il n'en dit pas plus, fait demi tour et ressort. Il attends avec son compagnon dehors qu'un ombre veuille bien les rejoindre.

Le combat faisait rage entre les deux hommes. C'était un bras de fer très intense. Ils suaient tous deux à grosses gouttes, mais aucun des deux ne semblait vouloir laisser son adversaire prendre le dessus. Autour d'eux, d'autres hommes criaient, insultaient, encourageaient. Ashae laissa échapper un léger soupir. Quels imbéciles. Elle but une gorgée de sa bière, puis passa discrètement sa langue sur sa lèvre supérieure pour en faire disparaître la mousse. Elle s'ennuyait. Elle n'allait pas tarder à partir.

La porte de la taverne s'ouvrit sur deux hommes habillés simplement. Un peu trop, pensa Ashae. Leur démarche les trahissait. Ils n'étaient pas habitués à se trouver dans ce genre d'endroit, encore moins dans ce genre d’accoutrement. Ils restèrent devant l'entrée pendant quelques secondes. L'un des deux hommes jetait de petits regards discrets dans la salle, à la recherche de quelqu'un. Ashae recula d'un pas pour s'adosser contre le comptoir, afin de sentir son bâton à double lames dans son dos, s'assurer qu'il était bien là. Dans sa main gauche elle tenait sa choppe, mais sa main droite sous sa cape glissa vers l'une de ses dagues, prête à passer à l'action. Elle resta impassible, son visage tourné vers les deux hommes qui faisaient leur bras de fer. Mais ses yeux, qui étaient cachés par la capuche, regardaient deux autres hommes. Celui qui cherchait la regardait maintenant. Elle raffermit sa prise sur sa dague et la fit quelque peu glisser de son fourreau.

Ashae but une nouvelle gorgée de bière, tandis que l'un de deux hommes s'approcha d'elle. Il s'accouda au bar juste à côté d'elle. La métamorphe attendit qu'il fasse un mouvement, ou dise une parole. Mais elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle entendit. Elle dissimula sa surprise quand elle apprit qu'elle était appelée par le Général des forces d'Aile Ténébreuse par un discret raclement de gorge. Il assurait richesse à Voëlkara? Mais pour cela elle devait le suivre. Le discours était simple. L'homme se redressa alors et la regarda enfin directement. Ashae accrocha son regard dans ses yeux, mais son visage ne trahissait aucune émotion. Il lui exprima tout simplement que l'empire pouvait apporter beaucoup de choses à Voëlkara, mais aussi la supprimer de la carte. Voilà pourquoi elle n'aimait pas les gens de pouvoir. Ils se sentaient toujours obligés de ponctuer une demande ou une proposition de menaces pour obtenir ce qu'ils voulaient.

L'homme fit demi-tour et s'éloigna. La métamorphe lâcha sa dague, qu'elle avait tenu dans sa main pendant tout l'échange. Après un signe discret à son compagnon, ils sortirent dehors. Un coup d'oeil rapide par la fenêtre apprit à Ashae qu'ils étaient immobiles dans la rue, tournés vers l'entrée de la taverne. Ils n'avaient même pas eu la délicatesse de l'inviter à une bière! Quels bougres, ces soldats... Car ils en étaient très certainement. Un général ne mandait pas des paysans, en temps normal. Et puis leur démarche qui avait étonné la jeune femme, droite et fière, était courante des soldats qui paradaient en armure. Elle sourit. Sa soirée s'annonçait intéressante. Même sans les menaces qui pesaient désormais sur la guilde, la jeune femme se serait rendue au rendez-vous, ne serait-ce que par curiosité. Et puis on n'était pas mandé par le Général Oblivion tous les jours! Mais il savait se faire attendre, et Ashae décida de terminer sa choppe avant de partir. L'Hermine but encore quelques gorgées de sa bière, tranquillement, puis se tourna vers le comptoir. Tarkas se tourna vers elle.

- Vous avez besoin de quelque chose mademoiselle?
- Papier, plume et encre.

Le tavernier s'éloigna à petit pas et prit le nécessaire sur une étagère. Il était courant que les Voëlkara se laissent des messages, il avait donc ce qu'il fallait à portée de main. Ashae écrivit un mot rapide à l'intention de son frère: "Général Oblivion demande à me voir. Je ne sais pas quand je rentre. Je te tiens au courant avec Delkhar si besoin."

- Tarkas, tu donneras ça à Baarl quand tu le verras.

Le gros homme acquiesça en rangeant le parchemin et la regarda s'éloigner avec un sourire satisfait. Un grand cri fut soudain poussé à la table du bras de fer. L'un des deux hommes avait plié. Ashae passa en les ignorant, elle avait d'autres préoccupations. Elle poussa la porte. En l'apercevant, les deux hommes se mirent en route. Elle les suivit en silence. La ronde des questions dans sa tête commencèrent alors. Pourquoi elle? Pourquoi pas Baarl? Elle était intermédiaire, elle prenait souvent des contrats, ou faisait la liaison entre la guilde et le commanditaire, mais en général ceux-ci préféraient s'adresser directement au Loup, ils n'aimaient pas avoir affaire à une femme. Le Général voulait certainement avoir contact avec Voëlkara pour leur proposer un contrat, au vu des paroles des soldats, qui avait promis richesse à la guilde. Quand on était un homme aussi important, n'était-il pas plus logique de s'adresser directement au chef?

Malgré ces questions, Ashae se sentait flattée, importante. Et puis la curiosité était très forte. A quoi ressemblait donc ce général? C'était un démon, pour sûr. Mais le genre avec les cornes, les ailes de chauve-souris et tout le fatras, ou plutôt un humanoïde? A combien s’élèverait le contrat? L'empire était riche, les prix pouvaient monter haut. Plus que ce que la guilde n'avait jamais gagné jusqu'à présent. La métamorphe jeta un regard vers le ciel. Elle vit Delkhar voler dans la lumière de la nuit au-dessus d'elle. Son faucon veillait au grain. Mais les soldats n'avaient pas l'air de lui vouloir de mal, ils devaient juste la conduire devant leur chef. Ils marchaient à bonne allure en direction des quartiers riches, là où se trouvaient les nobles et les hauts placés. Ashae vit alors s'élever devant la Tour des Armées. Elle eut un petit sourire. Elle était déjà rentrée dans cette tour, mais jamais sous son apparence normale. Elle avait dû pour cela feinter et prendre la place des gardes. C'était risqué, surtout que si elle se faisait prendre elle n'était pas bien loin de ceux qui la puniraient, mais les informations qu'on pouvait y obtenir étaient en général très intéressantes.

Voëlkara n'avait pas pris part dans aucun des deux camps qui se faisaient la guerre et n'avait pas l'intention de le faire. Le but était justement de servir d'appui à tout le monde. La guilde n'en avait que faire de la guerre, à part si elle lui apportait ce qu'elle recherchait: la richesse et la renommée. Exactement ce qui avait évoqué par le soldat dans la taverne. Ashae fut amenée au sommet de la Tour. Les gardes les laissaient passer en silence. Puis ses deux guides s'arrêtèrent devant une porte massive en bois. L'homme qui s'était adressé à elle dans la taverne lui parla de nouveau.

- Vous allez entrer dans la Salle du Conseil. Le Seigneur Oblivion vous attend.

Les portes s'ouvrirent et la jeune femme fit quelques pas à l'intérieur. Elle était dans une salle circulaire, éclairée par des bougies, car il n'y avait aucune fenêtre. Delkhar ne pourrait pas voir ce qui se passait à l'intérieur... Une grande table ronde en bois occupait la majeure partie de la salle. A l'autre bout de la table, un homme aux longs cheveux gris était assis. En face de lui, un autre homme, brun et musclé, le regardait. Ils semblaient l'attendre. Avec un petit sourire mystérieux sur les lèvres, Ashae entreprit de se présenter.

- Bonjour messieurs. Ashae Alokin, Intermédiaire de la guilde Voëlkara, pour vous servir. A qui donc ai-je affaire? Pourrais-je savoir pourquoi on m'a amenée dans cet endroit si bien gardé en pleine nuit dans le but de ne rencontrer que deux hommes... ou démons?

Son dernier mot fut provoqué par la vision des yeux rouges de l'homme aux cheveux argentés, qu'elle n'avait pas remarqué au premier abord. Il était fort bien habillé et respirait le charisme même. Ashae devina qu'il s'agissait du général Kaho Oblivion. Mais qui donc était l'autre homme dans ce cas-là? Elle fit quelques pas vers la table et appuya son genou contre une chaise à l'opposé des deux hommes. Autant garder un peu de distance pour l'instant, tant qu'elle ne savait pas ce qu'ils lui voulaient exactement. Après tout, il pouvait s'agir de n'importe quoi. D'un coup Ashae eut des idées morbides dans la tête, et des explications plausibles de la raison pour laquelle elle avait été mandée et pas son frère... Elle préféra les balayer pour l'instant, mais elle restait méfiante. Elle était contente d'être bien armée.

Le silence de la salle était apaisant, réconfortant. Kaho aimait le silence... pour ne pas dire qu'il l'adorait. C'était un véritable luxe d'avoir un moment de calme dans un endroit pareil. Les entrainements des soldats faisait du bruit a réveiller un mort, et a la nuit tomber, quand tout le monde dormait, Kaho ne pouvait pas s’empêcher d'entendre le pas lourd des sentinelles en tour de garde. Cette impression constante d'être continuellement dans un brouhaha militaire... c'était l'histoire de sa vie. Ici, pas un son ne filtrait a travers la pierre épaisse, pas un mot ne passait a travers la lourde porte de bois. Pas de fenêtres, pas de lumière vive, Kaho était presque entouré par les ombres, et il aimait ca.

Peu de temps de répit malheureusement car la porte s'ouvrit pour laisser entrer Victo. Kaho resta assis et se contenta de lui adresser un signe de la tête impérieux et lent en guise de salutation. Le soldat ne tarda pas a s'installer rapidement, évitant a Kaho tout un tas de dialogues cérémonieux et pseudos avenants. Il resta toutefois de marbre. Si Victo avait cette faculté d'adaptation instantanée et ce ton léger, Kaho n'avait malheureusement pas le plaisir de pouvoir en faire de même. Éduqué dans les règles de l'art d'être un bon soldat, un bon capitaine et un bon général, descendant d'une longue lignée de commandement qui n'avait plus a faire ses preuves, héritant du grade de Général de père en fils, Kaho n'avait malheureusement pas eu accès aux cours d'humour, de sarcasme ou de je m'en foutiste. D'un certain côté, il enviait Victo de pouvoir être.. comme il ne le serait jamais.

"Content de vous voir également Victo...."

Fit-il en lui adressant un regard avant de glisser vers les pieds qui souillaient la table de pierre pour finalement regarder la porte.

"Sachez néanmoins.... que c'est sur cette table que nombreux traités ont été établis, que beaucoup de sang impur de nos ennemis y fut versé, il me semble même me rappeler que la cervelle d'un des conseillers d'Azrael y a dégouliné mollement quand sa tête a percutée le bord.... Je pense de ce fait que le Seigneur y est très attaché... et n'aimerais surement pas qu'on y pose les pieds..."

Fit-le plus calmement possible. C'était assez cocasse de voir deux hommes tels que Victo et Kaho réunis dans la même pièce avec des caractère aussi diamétralement opposés et pourtant capables de s'entendre. Kaho n'ayant pas de concept d'amitié, il ne pouvait apprécier Victo pour autre chose que pour son talent de combattant. Néanmoins, s'il n'avait pas eu a porté le poids de nom "Oblivion" sur ses épaules, peut être que Kaho serait devenus un homme comme l'était devenu le soldat. Mais le sort en avait décidé autrement. Kaho poussa un léger soupire, sa posture droite et fière trahissait son grade et ses nombreuses années passées au sein de l'armée. Tel une statue sans vie, il restait parfaitement immobile les yeux rivés sur la lourde porte de bois.

"Nous allons recevoir une invitée... une membre de la guilde de Voelkara. Tachons de faire bonne figure... Azrael n'apprécie pas qu'on puisse avoir recours a de la vermine Terranne pour nos projets militaire, néanmoins, j'ai pu lui faire prendre conscience de l'opportunité que pouvait représenter l’interaction d'une guilde extérieure dans nos plans contre les rebelles. Nous n'avons qu'une seule chance: celle ci! Le Seigneur ne manquera pas l'occasion de nous briser en cas d'échec... ce qui serait, tu t'en doute, fort déplaisant. Mais nous avons besoin d'employer une force neutre pour ne pas diviser les nôtres... Les risques sont réels mais les perspectives de victoires sont suffisamment satisfaisants pour qu'on se permette cet écart."

Il jeta un regard en coin a Victo, posant sur le soldat sont regard rouge qui s’assombrit légèrement pour tendre vers le pourpre.

"Et ta présence est nécessaire pour prouver a Azrael que tu es capable d'assurer une tache importante. Si nous réussissons... il ne s'opposera pas a ton ascension au grade de Général Célèste. Tu es un bon soldat Victo... maintenant il faut lui montrer que tu es également un bon stratège et un bon meneur d'hommes."

Il reporta son regard vers la porte.

"Alors ne me fait pas faux bond....Et deviens celui que tu dois être dorénavant!"

La porte s'ouvrit et une jeune femme entra sous escorte de deux gardes qui finirent par quitter les lieux en refermant la lourde porte. Ashae Alokin.. la soeur de celui qui dirige a guilde si les informations de Kaho sont exactes. Si le démon n'avait pas voulu faire appel au chef directement... c'est parce que les meneurs se fit toujours mieux aux avis de leur bras droit pour prendre une décision. Si Kaho parvenait a convaincre la jeune fille, elle appuierait la décision de son chef, et nul doute que son appui avait bien plus de valeur en tant de soeur. Il se leva pour l'arriver de la jeune fille, non pas comme signe d'infériorité mais parce qu'il était coutume de faire preuve d'un minimum de courtoisie en présence d'une dame, aussi peu féminine soit-elle. Il se garda bien de s'approcher toutes fois. Il avait demandé a ce que la jeune fille ne soit pas fouiller, pour ne pas se sentir "prisonnière" et pour la rassurer dans un environnement hostile qui n'était pas le sien. Il était toujours plus réconfortant de sentir ses armes avec soit, quand on avait fait de celles-ci des membres de sa propre famille.

"Dame Alokin, c'est un plaisir de faire votre rencontre. Asseyez vous je vous prie, mettez vous a l'aise sans crainte."

A son tour il se rassit sans quitter la jeune fille des yeux.

"Général Kaho Oblivion, gérant et haut commandeur des armées terrestres de l'Empire de sa Seigneurie Aile Ténébreuse. C'est moi qui vous ai fait mander... Et voici mon Second, Sieur Victo, promis au haut commandement des armées du Ciel."

Il désigna Victo d'un geste de la main.

"J'apprécie grandement que vous ayez accepté l'invitation, et je vous prie de bien vouloir excuser le côté spartiate de notre rencontre. Vous êtes difficile a attraper, Dame Alokin... nombres de mes espions se sont fait distancer."

Fit-il avant de garder le silence quelques instants.

"Comme vous avez pu vous en rendre compte... nous ne vous avons pas dépouiller de vos armes, et sachez que vous n'en aurait pourtant pas l'usage en ce lieu. Cependant... gardez a l'esprit que si nos intentions ne sont pas hostiles, nous répondrons a la violence par la violence.... et plusieurs centaines de soldats entrainés et dévoués a l'Empire vous sépare de la sortie... Tachons de rendre cette rencontre le plus agréable possible, et qu'elle se passe sous les meilleures hospices."

Fit-il avant de se rapprocher de la table, posant les coudes sur celle ci avant de joindre les mains devant son visage.

"Avez vous une idée de pourquoi vous êtes ici, Dame Alokin?"

Ashae fut satisfaite de voir qu'elle ne s'était pas trompée sur l'identité de l'homme aux cheveux d'argent. Kaho, n-ième général Oblivion, qui l'invitait à s'assoir avec lui à la table du conseil d'Aile Ténébreuse. Enfin, lui, et un autre soldat qu'Ashae ne connaissait pas. Son nom par contre lui sembla familier. C'était celui d'un gladiateur dont les amateurs de paris parlaient souvent dans les tavernes où Ashae récoltait des informations. Ainsi un gladiateur allait devenir général? Il devait avoir montré de grands talents en tant que soldat, pensa la jeune femme. En tout cas elle apprécia qu'il lui sourie. Dans un environnement tel que celui dans lequel elle se trouvait, c'était du luxe. Elle s'assit donc en face des deux hommes, tel qu'il lui avait été proposé. Au moins maintenant se trouvait-elle au même niveau qu'eux.

Le sourire de la jeune femme s'intensifia lorsque le général lui fit comprendre qu'elle avait réussi à semer ses espions. On ne domptait pas facilement l'Hermine. La suite du discours n'étonna pas le moins du monde Ashae. Elle avait déjà tenu compte de ceci. Elle avait renoncé à fausser son identité lorsqu'elle s'était présentée, pour plusieurs raisons: cela aurait été une perte de temps, ces gens-là savaient qui elle était, de plus elle ne voulait pas froisser ses "hôtes" si bien protégés... et en dernier lieu elle respectait le fait qu'ils lui aient laissé ses armes. Sans elles, la jeune femme se sentait nue. Elle avait bien vu les gardes en arrivant, elle savait qu'elle ne pourrait échapper facilement de cet endroit. Et puis l'absence de fenêtres dans cette salle empêchait toute sortie par les toits. La métamorphe avait déjà calculé tout ceci. Mais elle préféra ne rien dire. Elle aussi voulait rendre la rencontre "agréable". Tout du moins, productive.

La question du général finit d'agrandir le sourire de l'espionne. Elle commençait à bien aimer ce jeu. Et il semblait pour l'instant sans risques. Les deux hommes ne démontraient pas lui vouloir de mal. Ils avaient donc intérêt à la garder en vie et à discuter avec elle.

- A vrai dire, général, je n'ai pas une idée, j'en ai plusieurs. Certaines un peu farfelues, d'autres plus sérieuses et plausibles, bien qu'un peu étonnantes. J'ai décidé d'écarter au début de cette conversation la possibilité que je sois ici pour contenter quelques instincts ou fantasmes que vous puissiez avoir l'un ou l'autre. Car dans ce cas, à moins d'avoir vraiment des fantasmes bien étranges, vous ne m'auriez pas laissé mes armes. Ou alors à vos risques et périls. Je ne dis pas que vous ne soyez pas dangereux, j'ai tout de même affaire à un grand soldat et un gladiateur de renommée... Vous pourriez certainement me maîtriser sans difficultés, surtout si vous vous faites aider par la centaine, et j'utilise là un chiffre bien petit, de soldats qui se trouvent dans ces locaux. Mais vu que vous m'avez fait espionner, vous savez que j'ai plus d'un tour dans mon sac. J'ai donc effacé cette éventualité, et les plus saugrenues, qui ressemblent toutes en partie à celle-ci.

La jeune femme marqua une pause. Son sourire ne la quittait pas. Elle avait conscience de s'adresser à deux généraux, et que l'ironie ne l'aidait peut-être pas. Mais tout comme ils la testaient, elle voulait savoir si elle avait le droit de pousser un peu le bouchon. Faire preuve de cran lui semblait être un atout dans cette conversation, qui allait sûrement se révéler d'une grande importante pour sa guilde.

- Je dois donc garder les hypothèses les plus plausibles. Le soldat qui est venu me chercher à la taverne m'a bien fait comprendre que cette réunion avait pour sujet ma guilde, Voëlkara. Cela élimine tous les services que personnellement j'aurais pu vous apporter, et me permet de ne garder que scénarios impliquant mes compagnons de Voëlkara. De deux choses l'une. Soit nous avons accepté et mené à bien un contrat qui ne vous a pas plu car il touchait quelqu'un de votre entourage, et dans ce cas-là je suis ici car vous voulez appliquer une sentence à la guilde. Etant un intermédiaire plus calme que mon frère, vous comptez sur mon sang-froid pour comprendre quelles sont les clauses de cette punition. Il pourrait bien s'agir d'un travail que vous voulez nous faire faire pour compenser la perte que vous avez subi, ou d'une punition plus drastique, une menace lourde pesant sur la guilde, sa dissolution, voire même une mise à mort publique si nous avons vraiment été trop loin!

Ashae savait pertinemment qu'encore aucun contrat les impliquant dans la guerre n'avait été accepté. Ils n'avaient été contactés ni par les rebelles, ni par les démons. Jusqu'à maintenant. Mais il était encore possible qu'ils aient lésé quelqu'un de proche du gouvernement et que l'armée ait décidé de les punir de ce geste. Néanmoins, elle penchait plus pour la deuxième des deux possibilités, celle qu'elle s'apprêtait à énoncer.

- Soit vous avez un contrat à nous proposer, un travail qui nécessite que ce soient des inconnus, neutres qui plus est, pour ne pas vous faire accuser trop rapidement, qui l'exécutent. Un travail qui viserait donc certainement les rebelles de Galaad. Ou l'un des rares peuples non encore soumis au démon suprême, Aile Ténébreuse, tel que le peuple de l'Eau de Miraï ou l'un des royaumes des Glaces... Je ne peux deviner la nature de ce contrat, par contre. Nous sommes assez polyvalents, je ne peux donc savoir quel secteur de nos possibilités à nous vous intéresse.

Ashae s'arrêta pour regarder la réaction du général. Souriant toujours, elle lui demanda:

- Alors, Sieur Oblivion, quel est votre verdict? Suis-je dans le vrai?

Kaho restait impassible... il ne pouvait faire que ca. Il avait quelque lacunes concernant les émotions les plus rudimentaires. Son éducation s'étant principalement basée sur l'art du combat, du commandement et autres enseignements lié a la noblesse de son lignage... dont l'humour, les jeux d'alcools et les virée dans les maisons de passes ne faisaient malheureusement pas partie. Kaho est donc considéré pour la plupart des gens de basse naissance comme un homme un peu trop sérieux qui ne goute pas suffisamment aux petits plaisirs de la vie. Mais n'ayant pas conscience de ces soit disant plaisirs de la vie, inutile de vous dire que ca ne manquait absolument pas au Général dans sa vie de tout les jours. Bien au contraire, il avait déjà suffisamment de travail comme ca pour devoir en plus inclure du "bons temps" dans son agenda.

Et c'est également pour ca qu'il ne se sentait jamais vraiment a l'aise avec tout ce qui pouvait sortir du cadre de son emploi de Général. Ainsi donc, quand la jeune fille partie dans ses hypothèses farfelues de sa venue en ce lieu, Kaho ne put s'empêcher de hausser un sourcil. Allons bon... depuis quand est-ce qu'on enlève des jeunes femmes pour abuser d'elle au milieu d'une salle de réunion. Des fantasmes? Des instinct? La maitriser? Au fur et a mesure qu'elle parlait, Kaho s’imagina un vrai petit théâtre mental qui n'avait rien de chaste et de pur. Il finit par rougir légèrement, comme a chaque fois qu'on abordait ce genre de sujet, et détourna légèrement le regard avant de se reprendre en chassant les idées vulgaires de son esprit. Etrangement, le visage de Seïra c'était imposé de lui même dans sa tête... a croire qu'elle était lié a tout les vices dont il pouvait être victime.

Il toussa légèrement en la laissant continuer, l'écoutant attentivement. Elle était intelligente, elle avait envisager toutes les possibilités sur les raisons de sa présence ici. Et elle avait finalement choisi la plus logique. Kaho hocha donc légèrement la tête en se reculant dans le fond de son siège, croisant les jambes et les bras sur son torse sans quitter la jeune femme des yeux. Son regard rubis restait désespérément stoïque, toute trace de la gène précédente ayant complètement disparue a présent.

"C'est effectivement la raison de votre venue ici.... croyez bien que nous n'avons aucunement l'intention de vous faire du mal ou de vous toucher... "

Fit-il avant de se racler un peu la gorge avant de reprendre.

"Comme vous avez du vous en rendre compte ces derniers temps, des choses étranges sont en train de se produire dans le monde. Un peu partout dans Terra, la population doit faire face a une nouvelle sorte d'ennemi, inconnue et destructrice, qui rase tout sur son passage... Nous avons cherché la source de ce nouveau mal et il s'avère qu'il nous mènera prochaine au fin fond de l'océan noir.. de là nous éradiquerons la source néfaste et il se pourrait bien que nous trouvions sur place bien plus qu'un ennemi a combattre... Pour nous facilité la tache, nous devons barrer la route aux rebelles, les ralentir, profiter de cette occasion unique pour les détruire... tout en gardant notre objectif en vue. Impossible pour moi de diviser mes forces, j'aurais besoin de chacun de mes hommes pour assurer la protection du groupe et mener a bien la mission qui est la notre."

Fit-il d'un ton calme mais résolu.

"C'est pour cela que nous avons pensé a Voelkara.... Votre guilde, bien que jeune, a fait ses preuves en très peu de temps, faisant gage de son efficacité et de son professionnalisme. Nous vous avons suffisamment observé de loin pour savoir que vous n'avez pas de partie pris dans cette guerre qu'est la notre. Vous n'aurez donc aucuns cas de conscience a accepter mon offre: détruire les rebelles au cour de l'expédition ou au mieux les ralentir!"

Il jeta un coup d'oeil a Victo avant de regarder de nouveau la jeune fille.

"Votre prix... sera le notre. Votre renommé au sein de Sen'tsuna sera sans égale, votre réputation dépassera les frontières de l'Empire.... Voelkara deviendra la guilde la plus prestigieuse de Terra, la plus riche et.. la plus crainte. Le travail ne manquera pas, les contrats se feront nombreux, et les récompenses plus alléchantes. Voila ce que vous offre l'Empire... mais la mission devra être un succès. Sachez que le Seigneur Aile Ténébreuse ne supporte ni l'échec, ni les traitres... mais qu'il a toujours su récompenser a leur juste valeur ceux qui savent se montrer utile."

Il s'accouda sur la table de pierre et garda le silence un moment.

"Cela vous convient-il?"

Le général Oblivion confirma à Ashae qu'elle était bien là pour la raison pour laquelle elle le pensait. Son commentaire montra à la jeune femme que sa première théorie l'avait mis mal à l'aise. A côté, le gladiateur en riait. Elle se dit que c'était parfait. Ces deux-là ne l'oublieraient pas, et n'oublieraient donc pas sa guilde. S'ils réussissaient le contrat pour lequel elle était là, ils auraient certainement du travail assez régulièrement. La métamorphe écouta alors le général, qui avait des informations très intéressantes à lui fournir, au sujet des monstres et du nouveau continent qui étaient apparus sur Terra. Voëlkara avait été contactée par la Confrérie des Brumes quelques jours auparavant pour se rendre sur Adhès, le nouveau continent, afin de protéger la guilde qui était la principale source d'information de Terra. Mais cela n'empêchait pas les mercenaires de prendre un autre contrat, tant qu'il ne venait pas déranger le premier. Après tout, le leitmotiv de la guilde était de toujours mener un contrat à bout.

Le petit sourire d'Ashae réapparut lorsque le général Oblivion commença à vanter les mérites de la jeune guilde, et ne disparut plus par la suite, lorsqu'il énuméra les récompenses que Voëlkara pouvait obtenir, aussi bien en réputation qu'en richesses diverses. Victo le gladiateur en rajouta une couche derrière, tentant de l'appâter en parlant de sa propre renommée et ce que cela apporterait en plus à la guilde. Le sourire d'Ashae ne la quittait pas. Ces hommes étaient des beaux parleurs. Et comme ils avaient beaucoup à offrir, ils parlaient encore mieux. Voyant qu'ils attendaient une réponse, la jeune femme reprit la parole.

- Tout d'abord vous devez savoir que nous avons nous-même une expédition de prévue à Adhès, le nouveau continent, et un contrat avec une autre guilde que nous devons protéger des dangers qu'abrite cet endroit. Evidemment, le contrat que vous me proposez ne devrait pas entraver le premier, donc je peux l'accepter au nom de ma guilde.

Avant qu'ils ne puissent réagir, la jeune femme leva sa main d'un geste ferme. Son sourire perdit en intensité, sans pour autant disparaître complètement.

- Néanmoins, je tiens à mettre au clair un point. Le fait que nous acceptions ce contrat ne nous met pas à la botte de votre patron. Ce sera un contrat, signé par les deux parties, vous nous reverserez la récompense si vous trouvez le travail bien fait, et voilà. Je ne dis pas que vous ne pourrez plus affaire à nous. Juste que jamais nous ne serons votre exclusivité. Notre renommée va évidemment devenir sans égale. Mais pas en tant que main noire d'Aile Ténébreuse. Nous sommes indépendants. Et si un jour un contrat est pris dans l'autre sens, il ne relèvera pas de la trahison. L'argent est de l'argent, quel qu’en soit le propriétaire original, il finit toujours dans la poche de Voëlkara. Ne pensez pas que parce que nous signons aujourd'hui un contrat Voëlkara va devenir votre joujou. De même, Sieur Victo, nous n'accepterons pas dans nos rangs d'espions qui se révèlent être vos soldats. Vous dites pouvoir nous assurer de nouveaux adhérents. Je vous crois. Mais tout comme Voëlkara ne prend pas parti dans la guerre, nous en attendons de même de nos membres.

Ashae fit une pause pour être sûre que ses paroles étaient bien digérées, puis reprit d'un ton plus léger.

- Détruire les rebelles, ou les ralentir. Cela fait deux actions bien différentes. Donc deux contrats avec des sommes différentes. Tenez vous à voir les têtes des cibles, ou devons-nous les ramener vivants? Il y a-t-il des cibles à privilégier? Des gens qui pourraient vous gêner plus que les autres?

Enfin. Ils allaient rentrer dans le vif du sujet. Une lueur d'excitation brillait dans les yeux d'Ashae. Elle adorait ce jeu. Et n'avait cesse d'y jouer. Tout en souriant, elle jeta un coup d'oeil au-dit Victo, qui semblait beaucoup plus relâché que le général Oblivion. Elle intensifia légèrement son sourire en le regardant fixement pendant quelques secondes, puis son regard revint sur le général, attendant sa réponse.