Ash est un vampire...particulier. Un petit peu maniéré, il aime donner des ordres et surtout qu'on y obéisse. Habitué au luxe, il n'est pas coutumier du monde extérieur et de la réalité de la vie, aussi souffre t-il d'une certaine naïveté et d'un savoir très réduit, ce qui ne l'empêche pas d'être curieux. Toutefois, il souffre d'une patience assez limité et lorsque ses serviteurs, ou ceux qu'il considère comme à son service avec ou sans leur accord, refusent de lui obéir, il a tendance à en venir facilement aux mains.
De plus, il apprécie généralement de faire mal aux autres, lorsqu'ils le méritent selon lui. Selon le cas, ça peut aller très loin, bien "éduqué" par sa famille il ne manque généralement pas d'imagination...
Cependant il est aussi étonnamment gentil et ne cherchera ni à trop abuser de son pouvoir ni à être vraiment cruel, au contraire s'il pense avoir dépassé la limite le vampire changera d'attitude et tentera de réparer ses excès. Bien qu'aimant s'imposer, être au sommet de la hiérarchie et disposer comme bon lui semble de ses servants, il est également très attentionné et prévenant et porte un grand soin à ceux qui en ont besoin...pour peu qu'il se sent concerné.
Absolument perdu dans un monde inconnu, il éprouve une immense curiosité envers cet univers mystérieux qui l'entoure maintenant bien qu'il est particulièrement dérouté du fait que la réalité est bien loin des mondes qu'il découvrait dans ses lectures, cela ne l'empêche pas de s'intéresser à tout malgré qu'il souffre d'une légère tendance à vouloir ranger son environnement, le désordre le perturbe.

Beau-cendré n'est pas né vampire, toutefois il ne connut jamais une autre demeure que le manoir raffiné où il passa toute sa vie.
Peu après sa naissance, ses "parents" aux goûts sanglants le recueillirent. Ne pouvant avoir d'enfants, mais désirant toute de même fonder une famille, voir une lignée, ils commencèrent il y a déjà plusieurs années à adopter des nouveaux-nés pour les éduquer eux-même dès le plus jeune âge, et dès qu'ils furent en mesure de le supporter, les vampiriser pour qu'ils soient vraiment de leur sang... Ash, comme ses "frères" et "sœurs" ne fit pas exception, et fut pris si jeune qu'il ne possède aucun souvenir qu'il aurait été un jour autre chose qu'un vampire.

Son enfance ne fut pas si rude qu'on pourrait le penser suite à un tel procédé, ses parents, souffrant d'un complexe de suffisance et de supériorité flagrant, ainsi que d'un relatif pouvoir par leur noblesse agissaient de façon prétentieuse et distinguée, et tinrent à ce que leur "descendance" puisse se montrer digne d'un bal royal. Son éducation fut stricte, encadrée et minutieuse, on lui enseigna les arts, les sciences, et nombre d'autres matières pour le rendre apte à faire la fierté de sa famille où qu'il se rende, on le fit se tenir droit, manger proprement, jusqu'à parfois certaines exagérations absurdes comme l'importance de tenir sa cuillère de cette façon et pas d'une autre, et parfois pire...
Il n'eut pas l'occasion de quitter le manoir, et ses seuls compagnons durant de très longues années furent les autres membres de sa fratrie, tous plus âgés que lui. Il ne se sentit toutefois pas malheureux, et cette vie de luxe, de manières, et de supériorité ne lui déplût pas, il aimait à ce qu'on lui obéisse et ne manquait pas d'user de son autorité sur les domestiques. Ash se démarqua lentement avec le temps de sa famille par son caractère partagé et surtout par une trop grande bonté, "qui ne sied point à un noble tel que vous" comme lui répétait sa mère entre deux sermons. Contrairement aux siens, il aimait tout autant être impitoyable que délicat, et s'il lui plaisait de s'imposer, de blesser ou d'être cruel, soigner ses gens, s'occuper d'eux et savoir qu'ils se sentent bien lui apportait un grand bien-être. Après tout, lorsqu'on a un animal de compagnie, on aime bien le cajoler non ?

Il grandit ainsi bien longtemps, sans aventure particulière, satisfait de donner des ordres, de suivre ceux de ses parents, et de partager des jeux hélas de plus en plus rares avec ses frères, ses sœurs de sang préférant des activités plus féminines. Mais cette distance que prenait au fil du temps ses frangins pesait peu à peu sur le jeune Beau-cendré, jusqu'à ce qu'un jour ils lui proposent une aventure folle.
On vint le tirer de ses études crépusculaires pour l'entraîner contre les lois parentales hors du manoir, hors du domaine, jusqu'à des lieux inconnus. Ash n'était jamais sorti de la maison, et il commençait à avoir peur, autant qu'à être infiniment excité par le fait d'agir d'une telle façon. Pourtant ses frères ne l'invitaient pas à partager un jeu d'enfant avec lui, déjà âgé de près de quarante hivers, mais bien de passer un seuil et de devenir un homme, un vrai, avec du poil et de la virilité.
L'obsession pour ses termes, et bien d'autres, qu'il leur découvrit ensuite laissa un mauvais arrière-goût dans la gorge du benjamin qui, n'osant pas déplaire à ses aînés, ni ne voulant passer pour un couard ou un enfant, se laissant porter dans des soirées d'ivresses, de débauche, de jeux stupides et d'obscénités durant bien des années...

Lâche, il n'osa jamais décliner fièrement les invitations de ses frères et malgré ses efforts pour s'y soustraire se retrouva de bien nombreuses fois à devoir les accompagner dans leurs orgies immondes. Immondes car malgré tous les plaisirs qu'il pouvait y trouver, aucun ne le satisfit jamais, et ils restèrent à ses yeux tous creux, vides d'intérêt et futiles. Aucune esclave, aucune servante ou prostituée ne trouva jamais la caresse qui fit frissonner son cœur, aucune paire de jambes n'attira jamais son regard lorsqu'il n'était pas poussé pour s'y glisser. Il goûta pourtant à tous les vices, à l'alcool, aux drogues, à la chair des femmes de toutes les façons qui puissent être. Mais pas une seule fois il n'en fut heureux.

Lors de son cent trentième anniversaire, les choses suivirent un nouveau chemin. Alors qu'il était dans sa chambre, attablé dans une lecture qui libérait son esprit quelques minutes, quelques heures, et lui faisait rêver d'un monde qu'il aurait peu à peu aimé découvrir, on toqua à sa porte. Sans attendre son accord, ses deux frères entrèrent traînant une silhouette enveloppée dans un sac, et une fois la porte à nouveau close derrière eux ils poussèrent leur proie devant leur cadet qui ouvrit de grands yeux devant la scène qui le dépassait quelque peu. Retirant le sac, ils dévoilèrent une jeune femme, ballonnée, visiblement terrifiée, les poignets liés dans le dos et sourirent largement. Ils connaissaient ses penchants étranges, et bien que ne les approuvant pas, ils pensèrent lui faire plaisir en lui offrant un jouet-repas pour son anniversaire. Mais Ash dénia leur offre, pourtant généreuse, lorsqu'ils lui firent part de leur souhait de le voir se régaler du sang de son cadeau.
Beau-cendré n'avait jamais mordu le moindre humain, il ne buvait que dans les verres qu'un serviteur entièrement dévoué lui servait lorsqu'il l'exigeait, et bien qu'il sache qu'il s'agissait de sang humain, jamais il n'envisagea ne serait-ce qu'en rêve de croquer quelqu'un pour l'assécher avidement. Malgré tout touché par leur intention, il les remercia et déclina très poliment leur offrande, et leur proposa même, au grand dam de la victime, de la reprendre. Mais les choses ne tournèrent pas comme prévu, l'aîné considéra mal la réponse de son jeune frère et commença à prendre de grands airs, à le traiter de lâche, de faible, de rebut, et vulgaire suceur de verre, ce qui entre eux était une insulte grave.

Prenant la mouche, Ash commença à défendre sa position, mais si le deuxième frère était prêt à l'accepter et à retourner copuler jusqu'au lever du jour, le plus âgé s'emporta violemment et en vint aux mains. Il frappa Beau-cendré, de nombreuses fois, le fracassa contre les murs. Il était immense, aussi épais que deux hommes et plus musclé qu'un ours, et secouait son cadet à travers toute la pièce comme il aurait baladé une plume. Il brisa les meubles, renversa la moindre étagère, et l'écrasa contre le roc avant de lui expliquer ses quatre vérités. Mais même cette violence, la première que subissait Ash, et l'intense peur qui l'étouffait, ne suffit pas à faire plier le "jeune" vampire qui campa sur sa position.
Une erreur peut-être, le colosse sanglant le mordit, et commença à le vider lui de son sang. Il ne tenait pas à le tuer, loin de là, au contraire ! Il fallait qu'il vive ! Mais qu'il vive au bord de la mort, déchiré par la Soif. Et il ne manqua pas son coup. Il laissa choir le corps exsangue de sa pauvre victime à ses pieds, et traîna par sa force redoutable comme un fétus de paille la pauvre femme qu'il avait attrapé personnellement pour l'occasion. Plantant ses crocs dans sa gorge, il n'en but pourtant pas la moindre goutte, mais en placé les plaies odorantes sous le nez affuté d'Ash, qui abandonné à ses instincts les plus primaires, à un inconscience désir de survivre, céda aux pulsions familiales et dévora la pauvre femme.

Plus il buvait son sang, à la saveur exquises, dont la fraîcheur et la beauté sauvage et immaculé lui conférait un goût sans égal, plus il retrouvait lentement ses sens, mais il pouvait s'arrêter. Son corps lui échappait, et il ne put que regarder, impuissant, sa jeune victime succomber lentement à ses propres crocs. Doucement elle cessa de se débattre, puis de gémir, et comme une bougie mourant, s'éteignit lentement dans ses bras, fermant des yeux ruisselant de larmes désespérées une ultime fois, prisonnière des griffes du prétendu vampire "bien". Le seul qui semblait les aimer, le seul qui ne lui aurait jamais fais ça...elle succomba bien avant qu'Ash n'eut finit de se restaurer.
Si leurs géniteurs ne buvaient qu'à la bouteille, c'est car ils jugeaient qu'il y avait plus d'allure à déguster un verre, même de piètre qualité, avec élégance que de planter sauvagement ses dents dans le cou de quelqu'un et d'y boire comme une vulgaire sangsue. Et si Ash n'avait pas cette manie extrême de l'apparence, il considérait en revanche cela comme cruel, sale, abject et immoral. Pour lui, ça en revenait à trahir sa propre nature qu'il jugeait supérieure en s'abaissant à agir comme une bête féroce.

Lorsqu'il eut enfin fini de boire, et qu'il put rejeter le cadavre inerte de la pauvre femme, ses frères l'abandonnèrent en riant d'un éclat dément. Mais l'on ne vit plus le jeune Beau-cendré du mois entier, il resta des semaines entières prostré, tremblant, et n'en sortit que lorsque la faim prenait le pas sur sa volonté. Il s'interrogea sur l'origine du sang dans leurs bouteilles, et se maudit d'être un vampire, il voulait qu'on lui obéisse. Il voulait être un maître entouré de nombreux serviteurs, sur lesquels il aurait droit de vie et de mort. Mais par ce droit, il avait aussi le devoir d'en prendre soin, de les entretenir, de les aimer, et de les protéger. Mais il réalisa que sa nature même allait à l'encontre de ses vœux, et durant de nombreuses années, il erra, hagard, fantôme brisé, sombrant un peu plus à chaque repas. Lorsque ses parents le trouvèrent au bord de la mort, inconscient au pied des escaliers, ils l'enfermèrent deux ans durant et s'efforcèrent de soigner leur pauvre enfant, sans parvenir à guérir ses véritables plaies.
Lorsqu'il eut cent cinquante ans, il jugea qu'il était temps de changer. Il ne fut jamais très courageux, ou osé, ou aventureux. Mais ce jour, il prit sa vie en main, et seulement en la sienne. Il trahit ses frères en conduisant ses parents sur les lieux de leur débauche, et durant la tempête de violence qui fit rage entre les rejetons rebelles et les géniteurs maniaques, Ash retourna au manoir, rassembla le peu de choses qu'il souhaitait garder avec lui, et quitta à jamais ce lieu de malheur, de sang et d'infamie.

Depuis, il erre. Absolument perdu, savant et raffiné mais égaré dans ce monde qu'il n'a jamais réellement vu. Livré à lui-même, il a su à peu près surmonter sa terreur du sang, et sait le boire précautionneusement pour ne causer plus de mal que nécessaire à sa victime tout en pouvant survivre. Hélas, il ne sait que faire, quand, comment ni où. Il est Beau-cendré de Lonkroh, vampire aristocrate à la rue, touriste forcé et paumé.