Présentation de la Rebellion

Bonjour, l'ami - Non, ne sursautes pas. Ne te retournes pas. Tu ne verrais derrière toi qu'une silhouette perdue dans l'ombre. Est-ce moi ? Non, bien sûr. J'ai bien trop à faire pour pouvoir sortir de ma retraite pour quelqu'un comme toi. Celui que tu pourrais voir, si tu te retournais assez vite, n'est qu'un de mes multiples espions. Mais je parlerai par sa voix, puisque je dirige la Rébellion. Toi qui souhaites nous rejoindre, veux-tu savoir qui je suis ? Soit.
Je suis l'unificateur des peuples, le fléau des démons. Ma parole est la seule guide de milliers - de dizaines de milliers ! - d'habitants de ce monde. Je suis un soldat, au service du Royaume et des peuples de Terra ; n'attends donc pas de moi que je sois patient car de chacune de mes décisions dépend la vie de milliers de personnes. Ne crois pas non plus que je sois impatient, empressé. Je suis général d'armée, consciencieux et réfléchi mais aux décisions rapides, fortes et incontestées. Depuis tout ce temps passé dans l'ombre, l'épée prête à servir, je suis plus méfiant qu'un garde et plus vigilant qu'un veilleur. Maintenant que je me bats contre le démon, je suis à la fois le roi et le juge d'un peuple souterrain, juste mais prompt. Car je n'accepte que la loyauté la plus totale et une confiance sans condition de tous ceux que je dirige.
Tu me crois tyrannique ? Je ne fais que veiller et maintenir la discipline. Veux-tu en être sûr ? Alors, rejoins-nous, tu me jugeras par toi-même, si tu parviens à me voir, bien entendu.
Peut-être seras-tu méritant, peut-être révèleras-tu de grandes capacités face à cette corruption qui occupe notre monde. Tu auras alors ma confiance, tu découvriras peu à peu l'étendue de ma tâche et tu me comprendras.
Car qui peut me juger pour le moment, sinon Ilie ?

Mon histoire n'est connue que partiellement et, si je la conte, ce n'est qu'à quelques rares personnes qui ont toute ma confiance.
Comment croire que l'époque où Terra Mystica n'était qu'une terre sans démons n'est pas si lointaine ? Si ma plus verte jeunesse n'a pas grand intérêt, elle m'a néanmoins conduit à rejoindre les rangs de l'armée de Sen'tsura, cette même armée dont j'ai pris les rênes quelques années plus tard quand j'ai pu prouver ma valeur lors de périodes de troubles nébuleux. C'est cette période de ma vie qui m'apparaît comme la plus calme : les royaumes de monde prospéraient, nos souverains étaient paisibles, j'étais obéis et adulés par mes hommes que je menais sans jamais faillir. Il y a si peu d'années qui se sont écoulées depuis et c'est déjà une lointaine époque pour moi...

Maudit soit Aile Ténébreuse d'avoir amené un si vaste chaos ! Aucun n'a su prédire que la venue de ce Démon allait si vite contaminer le monde. Depuis les terres de feu, nous n'avons pu que peu l'observer avant que ses séides ne paraissent à nos portes. Zelphos... Plus rapide que la peste, cette [i]religion a percé nos contrées, ravagé nos propres croyance, éteint le pouvoir de la famille royale et renversé le pays dans une période de tensions sans précédents. Comment a-t-il pu agir sa vite ? Comment avons-nous pu succomber sans parvenir à nous dresser contre l'ennemi ? Car même l'armée ne pouvait venir assiéger ses propres villes pour en déloger les partisans impies.

J'ai encore le souvenir, si net, de cette année 110 où Aile Ténébreuse en personne vînt en personne devant les murailles de Sen'tsura. Jamais de telles légions n'avaient été vues aussi près du siège du pouvoir. Comment ont-ils fait pour arriver si vite ? Je l'ignore, mais j'ai encore en mémoire la défense désespérée que j'ai organisé, garnissant nos murs de soldats fidèles, faisant faire retraite à la population apeurée. Presque en vain. Car Aile Ténébreuse a capturé nos monarques, les a réduit au cachot, et a assuré son emprise sur le monde. Tout ne lui appartient pas mais son ambition le pousse à continuer.

Pour ma part, mon histoire dans le Royaume s'est terminée lorsque, devant mon roi, je venais le conjurer de fuir afin de continuer à diriger le peuple depuis un lieu plus sûr. Il m'a fait me relever et m'a ordonné de ne pas le défendre lui, mais le monde. Ainsi l'ai-je laissé, au palais, tandis qu'Aile Ténébreuse se frayait un passage jusque là... Rien ne pouvait l'arrêter, j'ai donc fait mon possible et, plus important que tout, j'ai osé toucher à l'Harmonium, ce cristal sacré dont la puissance est inconcevable, car jamais il ne devrait tomber entre les mains de l'ennemi. Puis j'ai fui... Oh, pas loin... je suis toujours là - le cristal en sûreté - à rôder sous les pas d'Aile Ténébreuse, le narguant depuis les ténèbres qu'il ne peut lui même percer. J'ai perdu le contrôle de l'armée du Royaume mais j'en ai fondé une autre ; soldats, brigands, paysans, hommes et femmes de tout horizon se sont unis sous une nouvelle bannière, celle de la Rébellion, et ont oublié les petites querelles. Nous luttons désormais.

Car je suis l'unificateur des peuples, le fléau des démons. Ma capitale est l'ombre et mon Royaume est le masque. La ville est un champ de bataille où mon épée est un poignard. Sous un drapeau de nuit, je mène mes armées dans une lutte souterraine. Mes légions sont composées de régiments d'assassins et de voleurs que jamais l'on n'aperçoit. Mes généraux commandent nos forces sans que le moindre œil puisse les saisir. Au grand jour ou dans les ombres, nous ne paraissons pas et seules restent les traces de notre passage, les restes sanglants des séides du Démon..
Aile Ténébreuse ! Pense-tu pouvoir saisir la force qui œuvre sous tes pieds et dans ton dos ? Je suis cette force. Mon influence silencieuse parcourt les rangs des habitants de ce monde, mon bras invisible mène nos hommes à la bataille, ma parole inaudible est obéie par ceux qui savent l'entendre. Je suis le maître du dessous. L'ombre est ma pensée, et elle s'étend dès que s'éloigne la lanterne du veilleur.
Crois-tu pouvoir me saisir, toi pour qui je suis moins qu'une présence, l'ombre de l'ombre qui s'étend sous tes pas ? Allons, tu ne connais rien de ce qui ronge ce pays, tu ne connais rien de moi. Pas plus que tu ne connaîtra le bras qui te frappera. Mon bras.